Une Gardienne au palais

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MessageSujet: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeSam 27 Juin 2009 - 10:47

[-> Don d'une Gardienne]

- "Au palais."

La réponse était tombée, laconique, alors que le page me demandait où nous nous rendions. Il portait son précieux fardeau avec déférence et sans se plaindre. La Gardienne ne devait pas être bien lourde, mais la distance faisait que la résistance du jeune homme s'amoidrissait et que son fardeau s'alourdissait. Néanmoins, je ne lui proposai pas d'aide, je doutais fortement qu'il l'accepta. Parce que nul autre que lui ne pouvait la toucher sûrement.

Laurëa me devancait en trottinant silencieusement, nous ouvrant la voie. J'avais remarqué le regard du page sur elle, mélange d'admiration et d'émerveillement. Naturellement. Laurëa était une louve magnifique avec son pelage blanc. Et il n'y avait plus guère d'elfes qui se promenaient avec de tels animaux sauvages. Malheureusement, nous devenions un peu trop comme les humains, nous coupant de plus en plus de nos valeurs et notre passé. Nous devenions plus moderne et raisonnions de manière moins... elfique. Bonne ou mauvaise chose, je n'aurais su le dire exactement. Kyria ne nous abandonnait pas, malgré la direction que nous prenions, était-ce pour autant un signe d'encouragement? Avait-elle comprit que son peuple immuable devait pourtant évoluer et s'adapter pour garder sa place? Les hommes étaient sans conteste, le peuple ayant le plus d'avenir. Ils n'étaient pas les plus forts, pas les plus beaux, pas les plus résistants, ni le plus vils, mais ils mélangeaient un peu tout cela et s'adaptaient surtout très vite. Sans compter leur extraordinaire fertilité...

Je ne parlais pas au jeune page, me contentant de le guider. J'avais acquis de la maturité à la lumière des derniers évènements et j'étais définitivement un adulte, alors que je me sentais encore adolescent il y a un an à peine. Mais le chagrin et les épreuves endurcissent les êtres.

Le palais se profila alors devant nous, somptueux. Un vrai joyau de l'architecture elfique. Il y avaient bien des styles d'architectures différents, mais le palais en était l'apothéose. Tout était immaculé, tout en arabesques et verdures. Des serviteurs silencieux allaient et venaient et l'activité augmentait au fur et à mesure que nous approchions. J'avais le droit à des signes de têtes déférents, mais nullement protocolaires. Si certains manifestèrent de la surprise en voyant la jeune femme inconsciente, personne n'en montra rien. Les elfes n'étaient pas très expressifs ou curieux normalement.

Je guidais alors mes deux invités dans le palais, jusqu'à une chambre. Il y avait bien quelques gardes, naturellement, mais nous étions loin du formalisme humain. Ici, les serviteurs n'étaient pas traités comme des esclaves sans considération. Ils étaient à notre service de leur libre arbitre et étaient traités comme des citoyens libres.

Un lit tronait au milieu de la chambre aux portes fenêtres ouvertes sur les jardins. Les fins voilages blancs voletaient au rythme de la douce brise estivale.

- "Déposez là sur le lit, elle ne sera pas dérangée en ces lieux. Je vais faire mander boisson et nourriture, je suppose que cela ne peut que lui être bénéfique."

Je fis demi tour, ouvrant la porte de nouveau pour héler un serviteur et lui demander de nous ramener quelque chose à boire et à manger, avant de refermer la porte doucement. Laurëa s'était faufilée par la porte fenêtre et allongée au soleil.

- "Savez-vous combien de temps elle va rester inconsciente?"

Je supposais qu'il devait le savoir, puisqu'il était à son service et qu'elle avait déjà fait cela auparavant... Enfin, c'était du moins ce que je croyais.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeDim 28 Juin 2009 - 20:02

Le palais… De quoi surprendre, ravir et inquiéter Thyräel. Il suivait comme il le pouvait l’elfe à la peau brune, ignorant les protestations de plus en plus violentes de ses bras. Kÿria, comme il aurait aimer pouvoir jouir d’une pause, ne serait-ce que de quelques secondes, afin de laisser souffler quelques instants ses muscles endoloris. Le jeune elfe n’était ni un guerrier, ni un athlète, et le seul effort physique auquel il était habitué était la marche paisible qu’imposait Myrhyarmen, et les affaires qu’elle lui demandait de porter ne pesait pratiquement rien. Pour ne plus penser aux tiraillements qu’il ressentait dans tout les avant-bras, il se perdit dans la contemplation de la louve au pelage neigeux. Les rêves d’enfants sont les plus beaux, et s’il n’en était plus vraiment un, il était tout de même loin d’être un adulte. S’imaginer fraternisant avec un tel animal l’aida à supporter le reste du voyage. Si bien que ce fut un étrange mélange de surprise et de soulagement qui l’envahit quand il posa son regard sur le palais royal.

On lui avait conté bien des merveilles au sujet du Palais des Rois, mais il était bien loin de se douter qu’elles étaient si proches de la réalité. Il regrettait presque de ne pas avoir occupé les journées qui avaient précédé la naissance de l’Estel pour se perdre dans sa contemplation. Une erreur qu’il n’était pas prête de refaire, et il rattrapait déjà le temps perdu, laissant errant son regard enfantin et émerveillé sur les arabesques enchanteresses et improbables qui couraient sur les murs immaculés. A cette vue, il se sentit à la fois fier et admiratif de son peuple. Dans son esprit largement influencée par sa mentor, il n’y avait d’autre peuple digne que celui des elfes, et il en avait la preuve sous les yeux. On disait les Nains habiles architectes, mais leur talent se limitait au travail de la pierre. On assurait les Humains grands colonisateurs, mais Thyräel n’avait jamais entendu quelqu’un parler de leurs monuments en bien. Et les drows… A quoi bon en parler ? Il ne prêta aucune attention aux serviteurs qui pouvaient se trouver dans les couloirs qu’il traversa, non par arrogance, mais parce qu’il ne voulait manquer aucun détail. L’espace d’un instant, il espéra que Myrhyarmen mettrait du temps avant d’être totalement remise, car il savait que dès que ce serait chose faite, il reprendrait les routes à ses côtés. Quand, sur invitation de son guide, il pénétra dans la chambre qu’on mettait à leur disposition, il dut bien reconnaître que l’intérieur était aussi beau que l’extérieur. Empêchant ses yeux de glisser sur la pièce, il tourna son regard vers l’elfe à la peau brune.

« Je vous remercie, vraiment, pour ce que vous faites pour la Gardienne. »

Il hocha ensuite la tête, et exécuta l’ordre qu’il reçut. Très respectueux de la hiérarchie de par sa nature elfique, Thyräel était en plus un enfant qui n’avait jamais réellement réfléchis par lui-même. Privé des conseils de la Gardienne, il se rattrapait sur le premier qui dégageait assez de charisme pour ça. L’elfe à la peau brune était largement dans le lot. Sa question, par contre, le mit mal à l’aise. Le savait-il ? Non, malheureusement, si elle était une excellente préceptrice religieuse, Myrhyarmen ne l’avait jamais enseigné la moindre bride de connaissance sur la magie. Il avait ravalé ses questions, contraint sa curiosité au silence… Pour un sujet aussi sensible, il se doutait bien qu’elle ne parlerait que quand elle le voudrait. Aussi ne put-il que secouer négativement la tête.

« Pour être tout à fait honnête, je ne l’ai jamais vu dans cet état là. Elle a toujours su user intelligemment des dons de Kÿria… Les occasions sont plus rares que l’on pourrait le croire lorsque l’on vagabonde, et je l’ai rarement vu plus qu’essoufflée à cause de sa magie… » Une petite pause, durant laquelle il pensa à la suite de son explication. La vérité, c’était qu’il était incapable de donner une durée… « Elle n’avait jamais fait une telle chose auparavant. C’était tous simplement incroyable. »

Et dans ces derniers mots transpirait une part de l’admiration sans borne qu’il pouvait éprouver pour Myrhyarmen.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeDim 5 Juil 2009 - 19:03

Je ne pus m'empêcher de remarquer à quel point le garçon semblait fasciné par ce qu'il découvrait. Il ne parvenait pas à dissimuler son émerveillement, que ce soit par l'architecture, par Laurëa ou par la chambre. Il y avait quelque chose de naïf dans son comportement, alors même qu'il vivait avec une Gardienne, sans doute l'un des plus grands mystères mystiques de Miradelphia. Ce contraste était stupéfiant. Il avait l'air d'un enfant et par bien des côtés, il l'était, comme cette joie enfantine devant de telles merveilles. Pour ma part, il me semblait que je ne sois plus en mesure de m'émerveiller devant quoique ce soit... Je me pensais déjà désabusé par la vie, alors que j'étais très jeune...

Je me morignais intérieurement. C'était ridicule de penser ainsi. Je m'étais émerveillé devant la beauté de Révérie sortie des eaux et j'étais toujours sous son charme, ne cessant de la découvrir et la redécouvrir jour après jour... et nuit après nuit. De même, mes fils étaient une source constante de joie. Mais ils étaient ma famille, mon âme et mon coeur. Les pierres, la forêt, tout cela me laissait désormais indifférent. Oui, je devais être blasé.

La voix du jeune homme me parvint, afin de me remercier. Mon regard s'attarda sur la Gardienne qui semblait si fragile, mais nantie d'un pouvoir incommensurable. C'était amusant de constater comme la puissance magique semblait se mesurer à l'aune de la faiblesse. Plus un mage était puissant, moins il était resistant physiquement. L'esprit prévalait sur le corps. Mais une Gardienne n'était pas une magicienne. C'était la deuxième que je croisais. La première avait été la Gardienne d'Arcamenel, il y a plus d'un an de cela. J'avais entendu dire qu'elle avait disparu, sans doute morte, puisqu'un autre avait pris sa place. Aerandir, le Hait prêtre qui nous avait uni Rév et moi... Cela m'avait fait sourire.

- "De rien, je serais un bien piètre fils de Kyria si je ne prenais pas soin de sa voix."

Le garçon semblait des plus docile. Je lui demandais alors combien de temps il pensait que durerait le coma de la Gardienne et sa question m'arracha un haussement de sourcil surpris. Il ne savait pas, elle n'avait jamais fait ça auparavant. Bon, et bien, il ne restait plus qu'à attendre.

- "Je vois..."

Un serviteur frappa à la porte et ramena de quoi manger et boire sur une petite table ronde. Je lui fis signe de nous laisser et m'approchai de la table.

- "Il y en a largement pour trois..."

C'était une invitation à ce qu'il vienne s'asseoir et manger quelque chose. Puis, une idée me frappa.

- "J'en ai oublié l'essentiel : je m'appelle Dragan Tiril."

Je souris au jeune garçon et demandai alors :

- "Cela fait longtemps que tu accompagnes la Gardienne?"
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeDim 5 Juil 2009 - 22:34

Aux premières paroles de Dragan, Thyräel hocha simplement la tête. En effet, quel Fils de Kÿria se détournerait de la Gardienne, réceptacle de la volonté de la Déesse Mère ? Pour lui, il s’agissait du bon sens même, et la foule qui s’était agglutinée autour de lui alors qu’il la portait avec eu une réaction qu’il comprenait parfaitement… Elle avait juste était trop « agressive », ce qui l’avait légèrement effrayé. Il observa la réaction de l’elfe, le haussement de sourcil étonné dont il les gratifia, lui et le corps inanimé de Myrhyarmen. Thyräel aurait bien voulu lui fournir une réponse plus satisfaisante, mais c’était au-delà de ses connaissances. Il tenta de se justifier, légèrement gêné.

« Mon enseignement dans ce domaine n’a pas encore débuté… J’imagine que Myrhyarmen ne me juge pas encore prêt. » Il se rendit compte qu’il affichait alors peut-être un peu trop ouvertement sa déception et son impatience de remédier à cet état de fait. Il tenta alors de reprendre une voix plus neutre. « Pour autant, elle est forte et possède le soutien de la Déesse… Je ne peux croire qu’elle reste inanimée longtemps. »

On frappa alors à la porte, et l’attention du jeune adolescent se porta sur le serviteur qui entra et, plus particulièrement, sur les victuailles qu’il apportait. Voir autant de bonne chose à portée de main lui rappela qu’il n’avait rien mangé depuis le petit matin. Myrhyarmen était partie avant le midi méditée dans l’Harmalaica et il l’avait accompagné, sautant par la même occasion le deuxième repas de la journée. Il ressentit donc une petite pointe d’envie quand l’elfe à la peau mate s’approcha de la table sur laquelle furent entreposés les mets, et sentit un élan de gratitude l’étreindre quand il l’invita implicitement à en profiter. Délaissant le chevet de la Gardienne, il s’approcha et observa avec attention ce qu’on lui proposait, avant de s’intéresser de nouveau à Dragan, car tel était son prénom.

« Je m’appelle Thyräel, je suis honoré de faire votre rencontre. »

Il y avait quelque chose qui l’intriguait, c’était que ce nom ne lui était pas totalement inconnu. Il lui semblait bien l’avoir déjà entendu, peut-être dans une des conversations qu’il avait pu surprendre plus ou moins malgré lui dans les rues d’Alëandir. Et puis, il y avait le nom de famille aussi… Itril… Il retint une grimace, alors qu’il n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qu’il cherchait, surtout qu’il se doutait qu’il était quelqu’un d’important. Après tout… Il n’y avait qu’à voir la façon dont avaient réagi les autres sylvains à son approche.

« J’ai l’impression que ma rencontre avec Myrhyarmen remonte à une petite éternité… Pour tout dire, je ne me souviens plus vraiment de ma vie sans elle. La seule chose dont je suis pratiquement sur, c’est que je suis né dans l’Epine d’Or, car c’est là bas qu’elle m’a trouvé. »

Un instant, il se fit pensif, légèrement nostalgique à l’idée de son enfance perdue dans les limbes de sa mémoire. Il n’avait plus aucune idée de la façon dont il s’était retrouvé à dormir sous cet arbre, mais il ne s’en plaignait pas. Car sans ça, il ne serait jamais devenu le disciple de la Gardienne. Il ne put pourtant pas s’empêcher d’ajouter, pensif, une petite phrase qui aurait pu faire croire au contraire.

« C’est étrange… de ne pas se souvenir. »

Dans son dos, une conscience flottait, oscillant en permanence entre une conscience comateuse et une inconscience rêveuse. Plongée dans l’obscurité, privée de parole, elle se contentait d’attendre que les choses passent, immobile, ignorante quant au lieu dans lequel elle se trouvait. Parfois, une brise légère lui ramenait les douces sonorités d’une conversation qu’elle ne comprenait pas tout à fait. Elle ne nota que deux choses. La première fut les regrets qu'exprima Thyräel quand à son manque de formation magique. La deuxième se résuma à un nom : « Tiril ». Une ancienne famille, puissante et respectée, sans aucune ombre au tableau de leur Histoire. Du moins était-ce le cas jusqu’à récemment… Jusqu’à un certain mariage.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeLun 6 Juil 2009 - 10:01

Je n'étais pas un fervent croyant... Je gardais mes distances avec les Dieux, croyais en leur existence et les respectais, mais sans les honorer à outrance. J'étais méfiant vis à vis des divinités, tout simplement. Pourtant, j'étais elfe et je n'avais pu rester insensible à la Gardienne de Kyria et sa Déesse. je n'avais pu la laisser en proie à une foule inquiète. Mais c'était davantage la détresse du garçon qui m'avait décidé, bien que je me garde bien de le dire.

Je souris devant l'air gêné du garçon alors qu'il se justifiait sans que je ne demande quoique ce soit. Oui, peut-être ne le jugeait-elle pas prêt, ou peut-être n'avait-il pas le talent nécessaire. J'étais passé par là et force était de constater que je n'étais vraiment pas doué pour la magie, contrairement à Anàrion et Illydril... Penser à eux me fit mal et je fermai les yeux un instant, avant de les rouvrir et d'afficher un masque impassible. Pourtant, les souvenirs me revenaient avec vivacité... je n'avais pas de prédispositions à la magie, contrairement à mes amis, mais j'avais suivi l'enseignement théorique pourtant, me faisans souvent houspiller par Beren.

Beren, Anàrion, Illydril...

Toute mon enfance s'était envolée avec cette guerre.

- "Non en effet, la Déesse ne la laissera pas dans cet état longtemps... Il me semble que Myrhyarmen n'est pas Gardienne depuis très longtemps, peut-être peut-on y voir là un manque d'habitude à se voir ainsi investie par Kyria et a déployer sa puissance."

Ce n'était qu'une théorie, je n'étais pas forçément le plus à même de parler de cela, aussi n'ajoutais-je rien concernant ce domaine. Un serviteur entra alors et apporta de quoi manger et je remarquais avec amusement le regard du jeune garçon. Je l'invitais donc à venir manger quelque chose, en me présentant. Il fit de même.

- "Enchanté de même Thyräel."

Je fronçai alors les sourcils tandis qu'il m'avouait ne plus se rappeler depuis quand il était avec la Gardienne, ses souvenirs sans elle semblant effacés. Il était né sur les terres de Rima-Marcil, c'était tout ce qu'il savait. Je trouvais cela étrange... Etait-ce naturel, ou bien était-ce la volonté de Kyria de lui faire tout oublier, sauf son attachement à sa Gardienne? Je jetai un regard à l'adolescent alors qu'il murmurait qu'il était étrange de ne pas se souvenir. Très étrange même et sans doute frustrant.

- "Pourquoi parlais-tu à la place de la Gardienne toute à l'heure?"

Cette question m'avait interpellé dés le début. Je savais les Gardiens aveugles et j'en déduisais que Thyräel était son guide, chose des plus logique. Mais pourquoi la voix de la Gardienne n'était-elle jamais parvenue à nos oreilles? Fierté de sa part qui ne nous jugeait pas digne de l'entendre? Ou bien y avait-il une expliquation moins offensante?
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeLun 6 Juil 2009 - 21:24

La réaction de Dragan surprit Thyräel au plus haut point. Qu’avait-il dit, pour qu’il ressente le besoin de fermer les yeux ? Si l’elfe avait apprit une chose les rares fois où il avait côtoyé ses semblables, c’était bien qu’on se coupait du sens que l’on utilisait le plus uniquement dans l’espoir de fuir la réalité du monde. Quelle réalité horrifiait donc l’elfe à la peau mate, quels mots utilisés par Dragan était la cause de cette soudaine réminiscence ? Et par quelle force parvenait-il à faire comme si de rien était ? Instinctivement, l’adolescent le plaça dans la catégorie des Elfes qui plaçaient le devoir au dessus du reste. Myrhyarmen ne semblait jamais se laisser influencer par ses émotions, ou tout du moins ne laissait personne se rendre compte que ce pouvait être le cas.

« Peut-être… Elle s’est réveillée un matin, aveugle, vers la fin de l’été. » Il se fit pensif, comme s’il repensait à certains événements passés. La rencontre avec Anima, par exemple, et l’étrange comportement des lierres. « Je pense que vous avez raison… Elle est sans doute toujours en train de découvrir ce que Kÿria lui a offert. »

Derrière eux, le corps jusqu’alors immobile s’anima légèrement, comme lutant contre cette léthargie qui l’entravait. Perçant les nuages brumeux de son inconscience, les paroles échangées la ramenaient à l’instant présent. On doutait d’elle, de ses capacités. Cette simple constatation n’était pas pour lui plaire, mais la faiblesse qui l’étreignait ne lui laissait que peu de possibilité de réponse. Se redressant lentement, très lentement, sans le moindre bruit si ce n’est le doux et très léger bruit de l’étoffe que l’on froisse, elle tenta de se concentrer plus nettement sur ce qui se disait. Forcer la croissance d’un arbre de la graine jusqu’à l’âge adulte, sans aucun soutien, était un exploit dans lequel elle ne se lancerait pas de nouveau de ci-tôt.

Thyräel, quant à lui, observait pensivement la table et les victuailles. Oui, il ne se souvenait plus de son enfance, et en ignorait les raisons. Il s’était longtemps interrogé, et en avait conclu que ce qui s’était produit pour qu’il se retrouve seul à errer dans une forêt était la cause de son amnésie. Et, une fois cette conclusion tirée, il n’avait plus eu envie de creuser d’avantage. Il était bien, avec Myrhyarmen, et cette vérité lui suffisait. Penser à la Gardienne lui fit entâmer un mouvement afin de vérifier qu’elle dormait toujours, mais Dragan l’interpella juste avant, si bien qu’il stoppa son mouvement sur le visage impassible de l’elfe. A sa question, il répondit le plus naturellement du monde, comme si cela n’avait aucune importance.

« Myrhyarmen est née muette. »

La Voix de la Déesse, muette. C’en était presque comique, tant le paradoxe était immense. Et pourtant, une raison existait, simple, claire et limpide. Une raison que Thyräel connaissait, et qu’il avait acceptée. Il guetta la réaction de Dragan, curieux, sans rien laisser paraître. Il était certain d’avoir le droit à des questions, mais il n’y répondrait que si la principale concernée l’y autorisait. Figée dans l’instant, elle aussi attendait la suite des événements. Ses bras graciles posés sur des genoux en tailleur, elle tendait l’oreille. Faible, comme un nouveau né à peine sorti de la matrice maternelle, elle attendait.

« T’étonneras tu, toi aussi ? Douteras-tu de mon choix ? »

Le sourire malicieux, immatériel et invisible de la Déesse s’étira aux coins des lèvres que nul ne voyait.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMar 7 Juil 2009 - 10:14

Ainsi donc, la Gardienne avait été investie à la fin de l'été... La précédente était donc morte à cette période-là. Je me demandais quelle sensations l'on pouvait éprouver à se réveiller un matin aveugle et investi d'une puissance incommensurable, sans rien avoir demandé... les gardiens parlaient aux dieux... Avoir sans cesse une présence divine en soi devait être dérangeant... j'aurais détesté cela. Comme de perdre la vue alors qu'il y avait tant de beautés à voir. D'horreur aussi, l'un n'allait pas sans l'autre. Mais il était dommage de vivre en cité elfique et de ne pas pouvoir en admirer la beauté. Je trouvais cela cruel. Et je me demandais aussi pourquoi priver les Gardiens de la vue... Quel en était l'avantage ou l'inconvénient? Quelle en était la symbolique? La vue contre les pouvoirs d'un dieu ou d'une déesse?

- "Si elle n'est Gardienne que depuis quelques semaines, cela me semble tout à fait logique."

Il fallait sûrement des années pour découvrir son plein potentiel... Surtout quand les pouvoirs ne venaient pas de nous mais d'un dieux, ou, en l'occurrence, d'une déesse. Notre déesse. Je demandai alors à Thyräel pourquoi la Gardienne ne parlait pas à ses disciples et sa réponse me laissa pantois. Cela se traduisit par une lueur dans mon regard, une lueur d'étonnement naïf. Muette? Aveugle ET muette? Je tournai alors la tête vers la Gardienne inanimée et me figeai en remarquant qu'elle était assise et nous regardait. Enfin, avait tourné la tête dans notre direction. Un instant, je me demandais pourquoi Kyria avait jeté son dévolu sur une muette... la rendant ainsi aveugle et la coupant du monde pour n'être que son interlocutrice privilégiée. Et là, j'eus sans doute un semblant de réponse : Myrhyarmen dépendant du bon vouloir de la Déesse, ne pouvait discuter qu'avec elle et ne voir que par elle.

Cruelle Kyria...

Quoiqu'il en soit, on ne remettait pas en cause les décisions des dieux.

- "Vous portez un sacré fardeau à la mesure de l'honneur qui vous a été fait."

Il y avait toujours une contrepartie à un immense pouvoir. Toujours.

- "Vous sentez-vous mieux? Désirez-vous manger quelque chose?"

Elle était muette, mais un simple hochement de tête suffirait. Je n'avais pas la goujaterie de parler de la Gardienne à Thyräel sans m'adresser directement à elle.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMer 8 Juil 2009 - 18:55

La leur surprise qui s’alluma dans le regard de Dragan n’étonna pas Thyräl, loin de là. Il se demanda même s’il n’avait pas eu une réaction similaire, quoi que surement bien plus expressive. Après tout, Myrhyarmen était censée être la Voix de Kÿria… L’unique lien entre la Déesse et son Peuple, détentrice de sa Volonté. Comment pouvait-elle alors assumer son rôle en étant muette ? Jusqu’à il y a peu, l’adolescent n’aurait pas été étonné de voir un des siens accuser sa mentor d’être une usurpatrice… Depuis la naissance de l’Estel, il doutait que cela se produirait un jour. L’éclat surnaturel qui animait désormais le feuillage du saule était une preuve suffisante à ses yeux, même pour le plus obtus. Il accompagna le mouvement de l’elfe à la peau mate quand ce dernier entreprit d’observer la Gardienne, comme la vision de son corps endormi pouvait répondre à ses interrogations, et se figea en même temps que lui. Assise en tailleur, Myrhyarmen les « fixait » de ses yeux aveugles, impassible. Depuis combien de temps était-elle réveillée ? Le silence s’installa pendant quelques secondes, et elle hocha très légèrement la tête, comprenant qu’ils l’avaient remarquée. Thyräel se mordit la lèvre inférieure, comme s’il avait été pris en faute. Il sentit naître en lui un élan de reconnaissance pour son aîné quand ce dernier prit la parole.

La Gardienne inclina légèrement la tête devant ce qu’elle considéra comme un salut. Ses doigts s’agitèrent en un retour silencieux, alors qu’elle esquissait un geste plusieurs fois millénaire, reconnu par tout un peuple, dernier vestige disait-on d’une époque où la parole n’existait pas encore… Une époque qui n’en était peut-être pas une, une époque dont elle-même faisait peut-être écho… Affaiblie, les sens engourdis, elle tentait de deviner où elle se trouvait… Les sons qui flottaient dans l’air n’étaient pas ceux de l’Harmalaica, ni même d’une forêt. Elle n’entendait pas le chant des arbres, les soupirs de l’herbe, la plainte langoureuse des esprits protecteurs… Juste le morne tintement des roches taillées. Alëandir. En elle s’élevait une mélopée qui ne trouvait aucun écho. Elle soupira.

« Anäeh t’appelle, n’est-ce pas ?
Je me sens étrangère, prisonnière à ces murs qui font la fierté des miens… »


Allait-elle bien, avait-elle faim ? Ses lèvres s’étirèrent lentement en un sourire amusé. A quelle question était-elle censée répondre en premier ? Elle se contenta d’un simple hochement de tête, laissant Dragan la joie de l’interpréter. Elle allait aussi bien qu’on pouvait s’y attendre après ce qu’elle avait réalisé quelque temps plus tôt, et la faim la tenaillait… Mais ce n’était rien contre cette envie de retourner sous le couvert des arbres, de se fondre dans l’étreinte de leurs branches.

« La sève de l’Estel est ton sang, et ton sang est la sève de l’Estel. Tu as donné de toi pour qu’il naisse, et il s’est donné à toi pour que tu survives…
Je ne comprends pas… »


Elle tapa doucement dans ses mains, puis entama le doux bal des signes, enchaînant ses paroles muettes avec grâce et légèreté. Ce langage était une partie d’elle-même, la façon qu’elle avait lentement développée pour lutter contre son handicap. Avec un léger décalage, Thyräel traduisait, délivrant à Dragan le message de Myrhyarmen.

« Myrhyarmen demande à quel membre de la noble famille Tiril elle a l’honneur de s’adresser. »

Il avait beau connaître la réponse, il n’y répondrait pas. Il n’était qu’un interprète dans le dialogue qui venait de s’engager.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMer 8 Juil 2009 - 21:13

Je m'inclinais légèrement devant la Gardienne alors qu'elle me saluait de même. Elle ne pouvait bien sûr pas me voir, mais qu'importe, je marquais ainsi le respect que j'éprouvais à son égard. Je souris alors que ses doigts marquaient un salut silencieux ancestral, qui serait bientôt oublié de tous. nous perdions nos traditions, bien que beaucoup luttent contre cela. Mais nous perdions lentement notre essence, étant les pâles reflets de ce que nous avions été et ne serions plus jamais.

Je lui posais alors deux questions et me flagellais mentalement pour ma bêtise quand je la vis sourire et acquiescer. Cela devait l'amuser que je pose deux questions auxquelles elle ne pouvait répondre que par des hochements de tête. Là, il fut positif. J'en déduisis donc qu'elle allait bien et que oui, elle avait faim.

Je m'approchais alors d'elle pour lui proposer de l'accompagner quand je me figeai, la voyant frapper dans ses mains et commencer un ballet hypnotisant et compliqué. je fronçai les sourcils, regardant le jeune garçon qui se concentrait et finit par me traduire ses paroles. Je la regardai vivement, surprit qu'elle sache que j'étais un Tiril. Elle avait du nous entendre... Je me demandais pourquoi elle demandait. Ma voix était masculine et il n'y avait qu'un membre masculin dans cette famille à ce que je sache.

- "Dragan Tiril ma Dame. Actuel marquis d'Ardamir."

Je ne savais pas trop ce qu'elle-même savait des familles régnantes. Je lui avais dit cela sans arrogance, juste comme un fait. Tout comme ma voix avait été plus proche d'elle que précédemment alors que je m'étais rapproché pour l'aider à se relever et la conduire jusqu'à la table. Je tendis la main vers elle, avant de me rappeler que c'était inutile puisqu'elle ne voyait pas.

- "Si vous l'autorisez, laissez-moi vous conduire jusqu'à la table où vous trouverez de quoi vous sustenter."

Puis, je repris, un peu hésitant :

- "A moins que vous ne préfériez manger ici, si vous vous sentez encore un peu faible?"

Je m'adressais à elle avec respect, mais comme à n'importe qui, oubliant ses deux handicaps. Je me doutais que la Gardienne de Kyria s'agacerait qu'on la traite avec pitié ou condescendance. Mais peut-être avais-je tort?
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeJeu 9 Juil 2009 - 19:16

Myrhyarmen pencha doucement la tête sur le côté, comme pour mieux entendre. Mais entendre quoi ? Dragan, ou autre chose ? Quelques mèches de cheveux passèrent devant sa tête et vinrent couvrir son regard aveugle mais elle ne sembla pas s’être rendue compte. Quand leur hôte répondit à sa question, elle se rendit compte qu’il s’était approché d’elle, et elle pivota doucement la tête en sa direction. C’était un geste inutile, mais pourtant tellement ancré en elle qu’elle le faisait sans réfléchir, même alors que ses yeux ne voyaient plus. Sauf que, alors qu’elle pensait fixer désormais son torse, elle sentait que tout était… différent. Encore une fois, ses mains s’activèrent, et encore une fois Thyräel traduisit, ne prenant plus la peine de préciser qui parlait. La chose était désormais évidente.

« Merci de nous prêter ton toit, Dragan Tiril. »

Etait-elle trop faible pour se lever et rejoindre une table, dans une pièce qu’elle ne connaissait pas et qui ne chantait pas ? Elle répondit à la question de Dragan par un hochement de tête négatif, ne voulant pour le moment pas bouger. Depuis son réveil, Myrhyarmen semblait… ailleurs. Elle écoutait ce que les deux elfes qui l’observaient pouvaient dire, mais pas seulement. Peu à peu, depuis son investissement, elle avait fini par discerner la douce musique de son environnement. Des petits sons chargés de sens pour qui savait les écouter. Mais depuis son réveil, elle n’entendait plus rien. Née muette, devenue aveugle, elle craignait désormais de sombrer dans la surdité.

« Ce monde ne chante plus pour toi car il n’est plus le tien.
… Plus le mien ?
Tu as entendu la symphonie des arbres… »


Ces paroles firent écho aux souvenirs de la Gardienne, et elle se remémora l’assourdissante mélopée de l’Estel, alors qu’il sortait de terre. Elle avait senti tout son être vibrer au rythme de son fils, de son frère. Elle avait ressenti l’Harmalaica jusqu’au tréfonds de son âme, avec une sensibilité qu’elle ne se savait pas posséder… Tout le contraire de ce qu’elle vivait alors. Avec un temps de retard, elle répondit tout de même à la question de Dragan de manière plus poussée.

« Je préfère éviter de bouger. »

Rien, juste le silence… Ses bras retombèrent sur ses jambes, ses yeux se fermèrent et elle ne bougea plus. Elle soupira, lentement, profondément. La vérité, c’était qu’elle avait peur. Peur de ce qu’elle découvrait… Ou plutôt, peur de ce qu’elle ne trouvait pas.

« Ne pleures pas ce que tu as perdu, réjouis toi pour ce que tu as gagné.
Et qu’ai-je gagné… ?
La symphonie des arbres… »


Les sourcils fins de la Gardienne s’incurvèrent en un léger froncement irrité, l’espace d’une seconde. Puis son visage reprit l’impassibilité qu’il affichait depuis son réveil. Elle n’avait plus qu’une envie, manger jusqu’à faire taire la faim qui la tourmentait pour sombrer de nouveau dans un sommeil réparateur. Peut-être alors que tout ceci ne révélerait être qu’un mauvais rêve…
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 16:39

Mon regard était rivé sur les mains de la Gardienne alors qu'elles volaient une fois de plus dans les airs en décrivant des arabesques compliquées, formant un langage, qui hélas, méchappait. Je tournai alors la tête vers le jeune valet qui me fit la traduction. Je ne pus m'empêcher de rire à la réponse de la Gardienne, un rire léger et mélodieux, absolument dépourvu de moquerie ou d'ironie.

- "Je vous en prie, c'est naturel, bien que ce palais ne soit pas ma demeure et ne le sera jamais. Mon coeur est en Ardamir, ma Dame, au milieu de la forêt, au sein des grands arbres. Alëandir manque d'âme, même si j'y ai passé une grande partie de ma vie."

J'étais né dans la cité forestière. Certes, Aradamir n'avait pas la majesté d'Alëandir ou Eteniril, mais elle était beaucoup plus naturelle... Vestige d'un temps où les elfes ne construisaient pas comme les hommes... Ils avaient façonné la nature, sans réellement la contraindre, mais plutôt en s'adaptant, baptisant les demeures dans les arbres, plus près des cimes et du ciel. La cité était veille, très vieille... Et j'y était profondément attaché. Je passais énormément de temps dans la Cité Eternelle, mais ce n'était pas chez moi. Je n'aimais rien tant que de rentrer à Ardamir.

Je demandais alors à la Gardienne si elle voulait manger et si elle pouvait se lever et elle secoua négativement la tête. Bon... Je me déplaçai alors jusqu'à la table et me saisit du plateau, avant de revenir près de la Gardienne et de le poser devant elle, tout en m'asseyant sur le lit, une jambe repliée sous moi, à distance respectable de la Gardienne.

- "Voici quelques fruits et de l'eau, Dame."

J'observais la Gardienne, en particulier son visage... j'avais la vague impression qu'elle était mal à l'aise, ou que quelque chose la dérangeait. Elle fronça les sourcils brièvement, mais retrouva rapidement son masque impassible, me faisant sourire. Laurëa en profita pour revenir dans la pièce, s'approchant du jeune serviteur de la Gardienne, le reniflant, avant de fourrer sa truffe dans sa main, en quête d'une caresse. Je levais les yeux au ciel... Elle se comportait comme un chien, pas comme un loup et cela n'avait de cesse de me chagriner.

- "On dirait qu'elle t'aime bien."

Je regardai de nouveau la Gardienne et soufflait :

- "Est-ce que ça va? Vous m'avez l'air distrait... ou ailleurs..."
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 20:17

Seule une légère incurvation de la ligne de ses sourcils répondit au rire de Dragan. Peut-être qu’à un autre moment se serait-elle vexée, mais pour l’heure elle ne « voyait » qu’une chose : la bonne humeur de son hôte ne l’aidait pas dans la quête de sa « Symphonie des Arbres ». C’était comme si elle cherchait un très léger bruit et que tous ceux qui étaient à côté d’elle parlait dans un brouhaha infernal, et si elle n’était pas indisposée, elle commençait à sentir l’agacement la gagner. Cependant, elle était invitée, et son ancienne éducation lui soufflait la patience. Elle avait été elfe avant d’être Gardienne, et savait se comporter parmi ses semblables.

Elle n’eut aucun moyen de savoir si sa faiblesse amusait ou étonnait l’héritier des Tiril, et ne s’en souciait pas réellement. Elle sentit le matelas se déformer légèrement quand il posa le plateau puis s’assit à son tour, et comme précédemment elle le chercha inconsciemment du « regard ». D’un geste machinal, elle repoussa la mèche de cheveux qui lui tombait sur le nez, la calant derrière une de ses oreilles, puis tâtonna quelques instants pour trouver le plateau. Il ne lui fallut pas longtemps pour se décider, prélevant une pomme dans les fruits laissés à sa disposition. La chair tendre et le jus légèrement acide lui firent du bien, mais elle se rappela la plus élémentaire des politesses juste avant d’en prélever une seconde bouchée. Stoppant son geste, elle enchaîna les signes de remerciement, de façon assez approximative et peut-être un peu « drôle » au vu de la pomme dans l’une de ses mains. Esquissant un sourire devant ce spectacle, Thyräel ne laissa pourtant rien paraître quand il traduisit. La Gardienne avait beau être ailleurs, il ne doutait pas qu’elle lui pardonnerait facilement de s’être amusé d’elle.

« Merci pour tout, Dragan Itril. »

Il sentit au même moment quelque chose de chaud et d’humide entrer en contact avec sa main, main qu’il retira vivement avant de se rendre compte qu’il s’agissait de la louve du Marquis. Il hésita à lui caresser doucement le pelage entre les oreilles, et finit par se décider quand Dragan prit la parole. Il était le maître de la louve après tout, et devait bien la connaître. Un sourire enfantin fleurit sur son visage alors qu’il sentait ses doigts se mêler aux poils doux de l’animal, et s’il n’avait pas du servir d’intermédiaire entre les deux adultes, possible qu’il serait tombé en enfance le temps de quelques instants. Il souffla seulement, avec une admiration non feinte, quelques mots à l’adresse de sa nouvelle « amie ».

« Tu es magnifique… »

Myrhyarmen, quant à elle, secoua doucement la tête quand elle entendit la remarque de Dragan. Elle semblait ailleurs ? C’était faux, en quelque sorte. Elle était bien là, mais cherchait quelque chose… quelque chose qui ne se trouvait ni dans la pomme qu’elle touchait, ni dans la voix de Thyräel ou Dragan. Elle était à la recherche de la Symphonie des Arbres. Posant doucement sa pomme, elle recommença ce qui semblait tant fasciner son hôte.

« Disons que j’ai l’impression d’être plongée dans un monde de silence. »

Pas très explicite, elle s’en rendait bien compte, mais elle n’avait pas non plus envie de l’être. Elle était la Gardienne, la Voix - muette peut-être, mais tout de même - de Kÿria et il était temps qu’on commence à peser ses paroles avec attention. Reprenant sa pomme, elle en préleva un nouveau morceau.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 16:22

Je trouvais la Gardienne... Déconcertante. Peu bavarde. Oui, je sais, elle était muette, cela n'aidait pas, mais même son attitude semblait silencieuse. Elle était... sauvage? Oui, c'était un terme qui me semblait bien lui correspondre... Mais n'était-ce pas naturel pour une gardienne de la déesse de la nature? Je me demandais si elle ne ressemblait pas davantage aux druides qu'aux prêtres au final. Elle devait préféré la forêt et la vie animale à la vie parmi ses compatriotes... Cela me semblait logique pour quelqu'un d'imprégné par Kyria.

Je lui ramenai un plateau et elle taonna à la recherche de quelque chose à manger. Je n'osais l'aider, ne sachant si elle verrait cela d'un bon oeil ou comme une insulte. Certaines personnes handicapées détestaient qu'on les considère comme tels et préféraient se débrouiller et être consiédérés comme n'importe qui.

Myrhyarmen étant la Voix de Kyria l'orgueilleuse, j'était prêt à parier qu'elle faisait partie de ceux qui souhaitaient se débrouiller.

Jusqu'à que point un dieu inflençait-il la personnalité de son gardien? Bonne question et je n'en savais fichtre rien. Pourtant, je devais être l'un des rares elfes à avoir parlé à trois gardiens... D'abord la première Gardienne d'Arcamenel, puis, son remplâçant qui n'était que Haut Prêtre à l'époque et enfine la Gardienne de Kyria. Hasard? Peut-être, mais avec les dieux, on ne savait jamais...

Elle s'interrompit après sa première bouchée pour faire de nouveaux signe,s un peu maladroits. En même temps, avec une pomme dans la main, cela devait être difficile. Thyräel traduisit et je souris.

- "De rien, mais les remerciements auraient pu attendre que vous ayez terminé ma Dame."

Je tournais vivement la tête vers le jeune garçon quand Laurëa se fit un devoir de lui témoigner son affection. j'encourageais le garçon à la caresser et retins un sourire amusé en voyant son visage s'illuminer comme celui d'un enfant. Je me fis la réflexion qu'il faudrait que je permette à ce gamin de l'être l'espace de quelques instants, avec Laurëa. Suivre la Gardienne devait être une sacrée responsabilité qui laissait peu de temps à l'amusement. Il flatta la louve qui donna un coup de langue, comme comprenant les paroles du jeune homme.

- "Ne la flatte pas trop, elle va être infernale après."

Ce qui n'était pas totalement faux, mais laurëa décida de m'ignorer cette fois. Je reportai alors mon attention sur la Gardienne, qui me semblait ailleurs et la réponse qu'elle me fit me plongea dans la perplexité.

- "Et que cherchez-vous à entendre?"
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 18:07

Myrhyarmen, sauvage ? En quelque sorte, elle l’était, oui. Ni druide ni prêtresse, Porteuse de la parole de Kÿria, Gardienne de son Œuvre en intégralité et non uniquement de la partie végétale, elle ne pouvait désormais plus être associée à l’un ou l’autre des Ordres. Elle n’était pas « la Nature », elle faisait parti de ce tout crée par la Déesse. Elle se plaisait à penser qu’elle retournait aux origines de son Peuple, qu’elle tendait lentement à devenir un des Elfes originels, vierge de toute influence autre que celle de sa « Mère ». Mais au fond, était-ce le cas ? Il n’y avait aucune certitude, et si l’Aînée des Dieux ne l’avait jamais détrompée, elle ne lui avait pas non affirmé que c’était le cas. La seule chose certaine était qu’elle changeait, et de plus en plus vite. Jamais elle n’aurait cru se sentir aussi… inadaptée dans une ville elfique, et pourtant elle devait bien se rendre à l’évidence. Elle avait toujours aimé voyager, c’était un fait. Elle avait pendant plus de cent ans parcouru Anaëh en long, en large et en travers, mais elle avait toujours eu comme but de rejoindre une ville afin d’y officier. Devenir Gardienne n’avait pas immédiatement changé la donne. La preuve, sa première action avait été de ralliée la capitale, afin d’y faire naître l’Estel…

Thyraël, de son côté, n’avait pas les mêmes préoccupations. Voir la louve lui rendre ses attentions, comme une amie, lui faisait un drôle d’effet. Il allait continuer, avec la ferme intention de lui gratter doucement ses oreilles et leurs alentours, quand la voix de Dragan le figea sur place. Il rougit légèrement, et s’il ne put se résoudre à séparer sa main de la fourrure chaude et accueillante de Laurëa, il bafouilla quelques excuses.

« Je suis désolé… Je ne savais pas. J’avais cru que… » Il se rendit alors compte qu’il gratouiller inconsciemment la concernée et retira sa main, à regret. Résolu à se faire oublier, il se concentra sur Myrhyarmen.

Manger lui faisait du bien. Elle pouvait en effet se concentrer sur cette tâche simple et oublier qu’elle « n’entendait plus ». Elle ne suivit pas le court échange qui eut lieu entre leur hôte et son disciple. Elle avait cru sa que sa réponse contenterait le jeune noble, mais apparemment il était de ces elfes qui aimaient comprendre. Mais pouvait-elle lui en vouloir, après tout ? Malgré ses défauts, et surtout son handicap, elle s’était toujours considérée comme étant très bonne pédagogue. Peut-être, alors…

« Tu ne peux empêcher ton Peuple d’emprunter les Voies qui les éloignent de moi.
Mais je peux peut-être en sauver au moins un… »


Seul le silence lui répondit, encore. Myrhyarmen prit cela comme un acquiescement. Kÿria n’avait pas l’habitude de laisser planer le doute en cas de refus, aussi en déduisit-elle qu’elle lui laissait le choix. Reposant une pomme à moitié mangée, elle entama le bal des signes.

« Avez vous ressenti ou entendu quelque chose de spécial, juste après que j’eus béni l’Estel ? »

Dragan ne le savait pas encore, mais cette question était un début de réponse. Pour la simple et bonne raison que, sans cet événement en particulier, tout cela n’aurait pas lieu d’être. C’était l’Estel qui l’avait ouverte à la Symphonie des Arbres, et c’était donc par lui que devrait commencer toutes explications.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMar 4 Aoû 2009 - 9:34

- "Je plaisantais Thyräel."

Je n'avais pas voulu plonger le gamin dans la confusion en lui disant cela. Mais il semblerait qu'il ai prit mon trait d'humour au premier degrès. Je soupirais. C'était quand même une bien étrange rencontre... Que ce soit la Gardienne ou son valet. Je ne pouvais appréhender la nature exacte de leur relation et je ne savais si elle était maître-serviteur, professeur-élève, ou quelque chose de plus intime et moins formel. Aucun des deux ne trahissait rien. Et cela ne me regardait pas, n'est-ce pas?

Cependant, la Gardienne faisait bien des mystères et je détestais rester dans le flou. Je l'avais emmenée à l'abris, je sentais qu'elle était comme dans un autre monde, peut-être en conversation avec la Déesse, mais je n'ibtenais que des réponses obscures qui ne m'avançaient en rien. Alors je m'enhardis. J'étais décidé à comprendre, quitte à l'agacer. Tant qu'elle ne me rabrouerait pas clairement, je continuerais, jusqu'à obtenir satisfaction. Et je ne raisonnais pas ainsi parce que j'étais noble ou je ne sais quelle autre ânnerie, mais parce que c'était dans mon caractère.

Et finalement, la voix de Thyraël ma parvint de nouveau, me posant une question qui me plongea dans la méditation. Si j'avais senti quelque chose lors de la bénédiction de l'Estel? Oui... C'était diffus, mais c'était un sentiment qu'on ne pouvait ignorer, une sorte de vibration dans mon âme, un... appel? Appel faible, mais vibrant.

- "Oui. Je ne saurais l'expliquer avec exactitude, mais j'ai sentis quelque chose vibrer en moi... comme si... mon coeur battait au rythme de l'arbre. Un arbre plus vivant que ceux que j'ai jamais croisé. C'était une sensation étrange et comme je vous l'ai dis, je crains de ne pas avoir les mots pour l'exprimer."

Je haussais les épaules, un peu désabusé par mon manque de vocabulaire pour décrire cet évènement quand les mots me venaient si facilement d'habitude. Mais je n'étais pas en contact avec un courtisan ou un politicien. J'étais en contact avec la représentante de Kyrïa, pour qui toutes ces futilités étaient bien dérisoires. J'étais en contact avec les racines mêmes de notre peuple, ses fondements et je craignais de ne pas être du tout à la hauteur...
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeMar 4 Aoû 2009 - 15:15

Pauvre Thyräel. Sa mentor avait un caractère bien à elle, et il était difficile pour son disciple d’affirmer le sien. Volontairement ou non, elle ne l’aidait pas à grandir, bien au contraire. Le pauvre adolescent manquait clairement de confiance en lui, et c’était clairement visible alors qu’il hésitait à reprendre ses attentions envers la louve. Même après l’affirmation de Dragan, il n’était pas certain de le pouvoir. Mais il en avait tellement envie qu’il ne put s’empêcher de laisser ses doigts courir sur la fourrure de l’animal… aussi discrètement que possible. Il était amusant de se dire qu’il était, en quelque sorte, le Gardien de Myrhyarmen. Le seul qui pouvait entendre sa voix, celui qui était chargé de la transmettre… Un parallèle certes amusant, mais peut-être pas si éloigné de la réalité qu’on pouvait le croire.

Quand à l’aveugle… la réponse de Dragan la ravit autant qu’elle la surprit. Elle avait espéré qu’il réponde par l’affirmative, mais sans réellement y croire. Après tout, comme l’avait dit Kÿria, son peuple empruntait des voies qui l’éloignaient lentement d’elle. Elle n’aurait pas été surprise de l’entendre s’excuser. Mais apparemment, peut-être s’était-elle faite pessimiste avant l’heure, peut-être tout n’était-il pas encore perdu. Ou peut-être avait-elle sous-estimé l’importance du phénomène… Dans tout les cas, un sourire s’épanouit sur son visage, très léger, avant qu’elle ne reprenne son sérieux. Elle avait toujours une explication à mener, et même si le fait que son hôte soit plus réceptif que bien des siens allait aider, elle doutait qu’il allait tout de même lui poser une foule de questions plus improbables les unes que les autres. Il en allait souvent ainsi avec les élèves doués. Ses gestes reprirent, plus lentement que précédemment, et pour cause, la complexité du sujet rendait le langage des signes quelque peu… inadapté. Elle-même avait à peine découvert ce qu’elle tentait désormais de montrer à un autre. Et ses difficultés à l’exprimer se retrouvèrent dans la traduction de Thyräel.

« Ce que vous n’avez fait qu’effleurer… Je l’ai… vécu. Peut-être parce que je suis la Gardienne… Ou parce que j’étais alors… liée avec l’Estel. »

Elle marqua une pause, se rendant compte qu’il ne devait pas être simple pour Dragan de la suivre. Elle fronça légèrement les sourcils, alors qu’elle regrettait de ne pouvoir faire avec lui ce qu’il faisait depuis des années à Thyräel. Elle demanda ensuite à son disciple de s’approcher, ce qu’il fit sans rechigner… déçu peut-être de se séparer de sa nouvelle amie si vite. Quand il fut au bord du lit, il tendit légèrement la main.

« Je suis là, Myrhyarmen. »

Alors qu’elle levait la main, il la prit doucement dans la sienne. Comme il s’y attendait, sa « voix » résonna dans sa tête. Une sensation familière… Il ne s’expliquait toujours pas le phénomène mais s’en réjouissait souvent en secret. Car il n’était pas dupe, sans cette particularité, jamais elle ne l’aurait gardé avec lui.

« Toujours est-il que…
- Toujours est-il qu’avant de m’évanouir, j’ai entendu l’Estel chanter sa naissance et sa venue, et j’ai entendu l’Harmalaica tout entier lui répondre. Tout n’était plus que Symphonie… Tu l’as entendue aussi, peut-être parce que l’Estel reste un Don destiné aux Elfes. Tous ne l’ont peut-être pas perçu avec la même intensité, par contre. Mais peut-être pourras-tu l’entendre à nouveau, maintenant que la Symphonie des Arbres a trouvé le chemin de ton cœur. »

Il était normal, après tout, qu’un tel événement marque le peuple Sylvain. Kÿria n’offrait rien gratuitement. Son don n’était peut-être qu’un moyen de leur rappeler ce qu’ils avaient perdu.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeJeu 6 Aoû 2009 - 16:39

Tout en parlant, en évoquant ce que j'avais ressenti, je sondais le visage inexpressif de la Gardienne, comme un enfant en quête d'approbation de la part d'un professeur. Combien de fois avais-je agi ainsi avec Beren ou un Maître d'Armes? Une multitude, même si j'avais été un sacré cancre avec Beren dés que je l'avais pu. Elève peu doué dans l'art des arcanes, j'étais facilement disspié devant les cours interminables, mais j'avais pourtant bien retenu ses leçons sur l'Histoire de notre Race. Et quand j'avais pu briller et lui montrer que je pouvais valoir Illydril ou Anàrion, je l'avais fait.

Quoiqu'il en soit, Myrhyarmen semblait attendre quelque chose de moi en me posant cette question et j'y répondis du mieux que je pus, découvrant que j'avais finalement bien fait au bref sourire qui s'épanouit sur son visage. Un bon point pour moi apparemment... Peut-être ne lui semblerais-je pas totalement inintéressant... Etrangement, son jugement me semblait capital... Peut-être parce qu'elle était en communication avec Kyrïa... Notre mère à tous et comme tous les enfants, je ne voulais pas la déçevoir de trop.

Je fronçais les sourcils alors que Thyraël traduisait laborieusement. Ce que j'avais sentis vaguement, elle l'avait vécu. Je méditais sur ces paroles, pensif. Si réellement, elle avait vécu cela de manière plus poussée et intime alors la puissance et le chant de l'Arbre avait du exploser dans sa tête, son coeur et son âme... Du moins était-ce ainsi que je voyais les choses.

Elle fit approcher son valet qui se positionna près d'elle, jusqu'à la toucher et là, les gestes devinrent totalement superflus. J'étais soufflé de voir qu'ils communiquaient par la pensée... Comment expliquer autrement qu'elle ai abandonné le langage des signes et qu'il parlait en son nom? C'était stupéfiant. Elle confirma alors mes doutes et je hochais la tête gravement. Aurais-je été un privilégié? D'après elle, peu d'entre nous l'auraient senti ainsi, mais je n'avais rien de différent des autres, sinon que j'étais lié à une louve et que j'avais grandi dans une cité qui était surement de celles qui se rapprochaient le plus de notre mode de vie d'il y a des millénaires... un dernier vestige de temps révolus. j'avais aussi passé pas mal de temps à vadrouiller en forêt entre deux devoirs citadins, mais quand même...

- "Le Chant des Arbres..."

L'Estel, l'Harmalaica... Entendre les arbres vibrer et chanter, en totale communion avec eux. Quelque chose que nous avions perdu, apparemment.

- "Kyrïa désapprouverait-elle notre mode de vie de maintenant pour nous faire découvrir quelque chose que nous avons oublié il y a des siècles? Outre un espoir, l'Estel n'a-t-il pas un autre but?"

C'était troublant. Vieille et jeune génération s'affrontaient quant à la conduite à tenir pour mener notre Peuple et voilà que notre Déesse se rappelait à notre bon souvenir et venait insérer une nouvelle donnée dans une équation déjà bien compliquée. Cela ne cessait de me plonger dans la plus grande perpléxité...
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeJeu 6 Aoû 2009 - 20:02

Les réactions de Dragan l’amusaient. Indubitablement, il possédait un esprit curieux, allié à l’intelligence de poser les bonnes questions. Et, surtout, il avait la force de caractère suffisante pour les formuler. Beaucoup se seraient surement arrêtés à sa première réponse, auraient médité sur chacun de ses mots et en auraient surement tiré plus ou moins proche de la réalité. Et si ceux là faisaient surement des élèves plus respectueux, il n’en restait pas moins qu’il était plus intéressant pour un professeur de se retrouver confronter à la curiosité bavarde qu’au respect muet. Seulement, la Gardienne n’aurait pas pensé devoir transmettre son savoir à l’un des siens juste après son réveil. Myrhyarmen sentait toujours la fatigue, bien présente, embrouiller son idée et ralentir son corps. Doucement, elle tâtonna là où elle se rappelait avoir posé sa pomme, et la retrouva rapidement. Elle en profita, pendant que son élève prenait le temps de peser ce qu’elle venait de dire et, bien entendu, de formuler de nouvelles questions.

Et quelles questions ! Dragan ne faisait rien de moins que de l’interroger sur les desseins de la Déesse au sujet de leur Peuple. L’Estel… La Fils et le Frère de la Gardienne, l’Arbre qu’elle avait tiré de terre et béni, et qui en échange l’avait ouverte aux merveilles des siens. Elle voulait entendre de nouveau cette douce mélodie, à peine découverte et déjà perdue, se laisser bercer par ce chant d’une autre époque. Chose qui semblait impossible tant qu’elle serait coincée dans le Palais d’Alëandir. Elle avait été fière, comme n’importe quel elfe de son peuple, de cette merveille qu’était la Demeure des Rois, mais alors qu’elle ne pouvait plus la voir, elle ne lui trouvait plus aucun intérêt.

« Les Voix de la Déesse ne sont pas à livrer entre toutes les mains. »

Le visage neutre de Myrhyarmen n’indiquait rien quant à son opinion sur le sujet. Que Dragan se sente ou ne se sente pas rabroué lui importait peu. Il s’aventurait sur un terrain qui ne le concernait pas, du moins, pas pour le moment. Pas alors que la fatigue l’assaillait. Plus tard, peut-être, prendrait-elle le temps de répondre à sa question. Comme si de rien était, elle continuait à manger sa pomme.

« Pour ce qui est de l’Estel… Il dévoilera ses secrets avec le temps. Toute fois, si je puis me permettre un conseil… Quand tout aura échoué et que la mort viendra pour prendre ceux qui te sont chers, livre-les lui, et il les protégera là où tu as échoué. »

Elle lâcha ensuite la main de son disciple, qui tourna un regard surpris vers elle. Elle esquissa quelques gestes, et il hocha la tête, avant de reporter son attention sur Dragan, légèrement gêné.

« Myrhyarmen souhaiterai se reposer, désormais. Elle dit que si vous avez encore des questions, elle se fera une joie d’y répondre demain. Et elle vous remercie encore pour votre accueil. »

Nonchalamment, elle déposa sur le plateau le trognon de sa pomme, avant d’explorer le plateau du bout de ses doigts. Rapidement, elle trouva ce qu’elle cherchait. Un verre, et déjà rempli d’eau à ce qu’elle supposa quand elle tenta de le soulever. Esquissant un sourire appréciateur, elle le porta à ses lèvres et en bu une bonne gorgée, avant de tourner la tête vers son hôte. Un simple hochement de tête, comme pour lui dire au revoir. Elle fit aussi quelques gestes à l’adresse de Thyräel, qui se précipité vers le lit et se saisit du plateau. Finalement, elle n’allait pas en profiter, la fatigue et les questions de Dragan ayant eu raison d’elle.
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeSam 26 Sep 2009 - 11:13

Je ne bronchai ps alors que la Gardienne me rabrouait gentiment, mais fermement. Je gardai un silence respectueux, mais curieux, espérant que ses paroles n'étaient pas un non définitif, mais une mise en garde. Je savais que les desseins de la déesse ne pouvaient être transmis à n'importe qui... Et valais-je mieux qu'un autre pour oser prétendre connaitre les rouages de son oeuvre? Non, sans doute pas. Mais j'espérais que Myhyarmen me ferait ce grand honneur. Cependant, j'en fus pour mes frais alors qu'elle gardait le silence et mangeait sa pomme, indifférente à mon impatience et mon sentiment de frustration grandissant.

Enfin, elle rompit le silence et pour me livrer un secret qui me laissa muet de surprise. Avais-je bien comprit ses paroles? Cet arbre avait-il le pouvoir de guérir ceux que les blessures ou le poison allaient emporter? La Déesse avait-elle fait ce cadeau au peuple immortel que la maladie ne pouvait déjà tuer?

- "Merci pour ce conseil."

j'avais répondu avec déférence. J'observai un instant le manège entre la Gardienne et son page, avant que celui-ci ne me signifie que l'entretien était clos pour le moment, de part la fatigue de la Gardienne. Je hochai la tête, avant de commenter d'une voix basse et grave :

- "Naturellement. Pardonnez ma curiosité qui me fait oublier que vous êtes épuisée."

Je me levai alors souplement, reprenant :

- "Merci du temps que vous m'avez accordé."

Je m'éloignai un peu et reprit à l'adresse de Thyrael :

- "Souhaites-tu dormir dans cette chambre ou que je t'en fasse préparer une autre?"
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MessageSujet: Re: Une Gardienne au palais   Une Gardienne au palais I_icon_minitimeDim 27 Sep 2009 - 13:34

L’entretien touchait à sa fin. Et, il fallait bien l’avouer, Myrhyarmen n’allait pas s’en plaindre. Elle sentait son lit sous elle comme une invitation au sommeil et à l’oubli, et elle n’avait désormais qu’une envie c’était y répondre avec ferveur et dévotion. Un léger mal de tête naissait doucement entre ses deux oreilles, et rien ne lui ferait plus plaisir que de le tuer dans l’œuf en laissant sa tête doucement reposer sur l’oreiller. Ce qu’elle fit quand elle se rendit compte qu’il s’était éloigné. Il ne lui fallut que quelques minutes pour sombrer de nouveau dans un sommeil réparateur et nécessaire. A peine hocha-t-elle vaguement la tête pour le saluer.

Thyräel observa le noble s’approcher de lui, lançant une ou deux fois un regard inquiet sur la Gardienne. Elle semblait déjà être retombée dans un profond sommeil alors qu’elle venait à peine de se rallonger. Il se demanda combien de temps il leur faudrait pour reprendre la route. Car il ne se faisait pas d’illusion, cela viendrait. Myrhyarmen ne semblait pas capable de rester plus de quelques semaines au même endroit. Elle était toujours prise d’une étrange frénésie qui la poussait à s’aventurer sur les sentiers. Même sa cécité n’avait su la clouer au sol plus d’un mois. Il croisa le regard de Dragan et inclina légèrement la tête.

« Merci pour ce que vous avez fait… »

Il hésita ensuite à la question du noble, incertain quant à la conduite à tenir. Myrhyarmen voudrait peut-être être seule, ou peut-être pas… Lui n’avait de toute façon aucune envie de l’abandonner aussi secoua-t-il négativement la tête.

« Je… Je préfère rester ici… Elle aura peut-être besoin de moi quand elle se réveillera… »

Il tourna son regard vers le corps étendu et paisible, et esquissa un sourire entre l’adoration et… l’amour ? Peut-être, mais pas celle d’un amant. Plutôt celle d’un fils pour d’une mère qu’il aime plus que tout et veut protéger contre le reste du monde… Même si, au fond, il sait qu’il en est incapable.



[Terminé pour moi... Merci pour ce RP <3]
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