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 Mon coeur saigne pour de vrai [terminé]

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Yog
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Yog


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MessageSujet: Mon coeur saigne pour de vrai [terminé]   Mon coeur saigne pour de vrai [terminé] I_icon_minitimeDim 30 Aoû 2009 - 22:28

[Bon, vu que je branle rien avec ce personnage, je cède la place :mrgreen: ]


Ô vertige !
De ces steppes béantes




Qui gagne Yog avec une si ardente véhémence. Le drow au parfum musqué et à la peau fuligineuse contemple l'immémorial foyer des nomades, et songe à cette vie qu'il passe à les chasser. Du berger ou de son chasseur, qui est le plus vain ? Le Senger, aussi gradé et talentueux qu'il pouvait l'être, n'avait jamais su qu'étriller des éleveurs de moutons et fendre le crâne à un pâtre remonté. Abandonnées au vent mauvais, ses mèches éparses s'animèrent comme des tentacules, dévoilant la choucroute grumeleuse qui lui biffait à la fois le frontal et le pariétal, comme on les agence dans les ouvrages de biologie (Priapraste mentionne cela dans son chapitre des « Êtres dotés d'âmes et de Vertèbres à la fois », p. 245)

Le hennissement lointain d'un cheval, le sifflement d'un lézard, le silence lancinant du soleil. Les bergers étaient là, mal apprêtés et pourvus de bien misérables coterels, comme à leur habitude. Les uns disposaient de glaives en piteux état et les autres d'engins semblables à des fauchards, mais aux formes étranges et à la finesse discutable. Ils étaient nombreux, mais faibles, pour encadrer un troupeau de yak exhalant une rafraîchissante odeur de fumier et, dissimulés derrière les voiles pudiques jetés sur les chariots de la caravane, les corps d'albâtres aux chairs frémissantes et tendres de leurs femmes et de leurs enfants ; futurs gitons, odalisques et encas du Puy.

Comme un singe leste des tropicalités du levant, un reître cendré vint aux côtés de Yog. Il était crampé comme ça sur ses jambes arquées, une brigandine couvrant une chemise aux manches indubitablement délitées ; le ladre avait un chapel cabossé pour couvrir son crâne, et une katzbalger pour assurer sa survie. Il n'en fallait pas plus pour affronter un homme muni seulement de peaux et de couardise. Aucun des deux drows ne parla d'abord, ni aucun des dix qu'il y avait derrière eux. Puis Yog poussa une sorte de hululement éraillé -moult insupportable- en dehors de sa gorge. Alors en un instant la situation jusqu'alors paisible tourna au cauchemar. Les croupes vigoureuses et suintantes des montures drows s'animèrent :des reptiles infectes aux yeux dégoulinant de cruauté et de sang avec, dessus, des bipèdes aux yeux dégoulinant de cruauté et de sang.

Le ciel sembla s'embraser en un instant, et aussi se festonner de gerbes incarnates de sang humain. Aucune onomatopée, aussi imprononçable soit-elle, ne suffirait à retranscrire l'horreur du carnage. Ni aucune description. Il y eut seulement une tête décollée qui alla choir dans un coin, un homme littéralement coupé en deux, en commençant par le bas. Des bêtes de somme furent mordues cruellement et laissées à l'agonie. Cela dura quelque seconde et continua plus terriblement encore. Un pouilleux armé d'une hachette douteuse chargea d'un air décidé Yog. Celui-ci se fendit habilement et transperça l'infâme avec chic.

Un autre, plus virulent. Le bougre eut la gorge tranchée et éructa en de pathétiques convulsions, les paupières papillonnant bêtement, comme pour amener plus d'air vers la bouche ; la mort était un triste spectacle, et Yog eut la soudaine envie de déféquer dans la bouche de ceux qui l'élevaient au rang d'Art (étant lui-même un être sensible). Il laissa là où il les avaient pris ces fantasmes stercoraires. Et ! Il ne s'attendait pas à ce qui suivait : une esquisse de pertuisane dans son cœur noir et flétri. La lame farfouilla, tourna, s'enfonça. Les chairs s'étiraient puis cédaient avec force gargouillements. Le drow fit successivement passer son regard de la plaie affreuse à son auteur, et ainsi de suite. Il aurait bien voulu le tuer dans un dernier soupir, dans la gloire, mais cela fut techniquement impossible. Yog mourut, avec un soupçon d'infortune et un zeste de déconcentration, et il fut le seul elfe à mourir ce jour-là. On laissa son corps aux charognards, en compagnie de ceux des yaks et des zurthans.
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