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 Oësgardie en eaux troubles

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Baudoin
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MessageSujet: Oësgardie en eaux troubles   Oësgardie en eaux troubles I_icon_minitimeVen 4 Sep 2009 - 15:30

L'Oësgardie, en ces temps troublées, est mécontente. La montée de la violence, inexorable, ainsi que celle du prix du topinambour sont intolérables. Accablée par le sort, l'Oësgardie gronde, l'Oësgardie geint et se convulse. La bave lui vient aux lèvres. Dépouillé de tous ses tubercules et de ses fils partis à la guerre, le peuple s'agite avec la complicité de la Guilde des Merciers, qui n'en peut plus de prêter au baron. « Le baron n'est pas solvable » disaient les un « il l'est », répliquaient les autres. Les antagonismes atteignirent leur acmé lors de la XXVIIème bataille des Trois Moulins, en fait une rixe de rue autour des trois plus grands moulins de Dormmel. Des merciers entourés de spadassins avaient agressé virulemment Heinrich de Porporie et sa coterie (« ALLEZ VOUS PAYER ? »Avaient hurlé les hommes de main des marchands). Personne ne mourut, sauf la relative non-violence ambiante.

Etiennes Mare-sel (maître incontesté et tout-puissant de la Guilde des Merciers) fit se soulever la ville et ferma les portes à la noblesse. Même, il fit pendre le prévôt par les pieds. « Cela m'est insupportable » déclara en substance monsieur de Porporie au sortir de son conseil de guerre. Conseil lors duquel on avait aussi définit les ressources exactes de la baronnie en matières d'engins de siège, et qui permit de constater l'effective explosion du coût du topinambour. On tint aussi beaucoup de promesses à un délégué du peuple. Dès lors, il y avait deux types d'hommes dans le septentrion : ceux de la Guilde des Merciers, et ceux de Heinrich de Porporie. D'abord ce ne fut pas une guerre ouverte, seulement une succession de hâbleries et d'algarades sans conséquences. Et puis peu à peu, on en vint au duel d'épée puis d'arbalète.

« Haro sur les maquignons ! » fut bientôt le leitmotiv des citadins d'Oësgard et Hasseroi. « Haro sur l'harpagon ! » celui de Dormmel et, plus modérément toutefois, d'Amblère. En campagne, les hobereaux préféraient souvent le camp des premiers, car après tous ils étaient nobles et ceux d'Etiennes Mare-sel de pingres bourgeois. La paysannerie seule resta éloignée de la querelle pour être entraînée dans une autre : les pâtres des Hortles, contents de n'être plus chassés par les meutes des grands seigneurs, décidèrent de quitter les rigueurs de leu hiver montagnard pour s'installer en plaine. Cela aurait put se faire sans heurt, jusqu'à ce qu'une jacquerie étripe quelques uns des leurs. Le tocsin de la vengeance bergère sonnait dans l'Hasseroyale.

Il ne fallut pas attendre plus longtemps pour voir des bandes de reîtres Oësgardiens errer parmi les chemins et vallons enneigés de la région. Ils tuaient, violaient et pillaient tout ce qu'ils pouvaient trouver avant d'étriper leurs adversaires. Le prix du topinambour prit irrémédiablement son essor. Celui des cercueils ne fut pas en reste, aussi trouva-t-on de plus en plus de charniers improvisés dans la campagne nordique ; et des arbres à pendus aussi. On en trouva un nombre notable au lendemain de la XXVIIIème bataille des Trois Moulins qui déchira mauvaisement la région de Nebelheim. La malemort frappait indifféremment méchants et honnêtes gens, l'oësgardie sombrait, et le prix du topinambour s'élevait toujours plus haut dans les céruléens éthers.

Le quinzième Verimios 2647 (d'après le calendrier Oësgardien, dont l'an 0 est marqué par la légendaire première bataille des Trois Moulins) , l'Oësgardie atteint le point de non-retour. Un fort contingent de spadassins à la solde des merciers voient, trônant au dos d'une rivière glacée et exposé au vent malfaisant, un campement minuscule de forces loyalistes. Ils le prirent d'assaut et commirent là une grave erreur ! Les ladres avaient avec eux les terribles armes magiques du baron Baudoin : des fûts d'une dizaine d'empans de long expirant de dévastatrices boules de feu. En un instant, la troupe mercière s'embrasa et périt mollement. Un local nous rapporte que cela sentit le cochon grillé à des lieues à la ronde et pendant des jours. L'horreur n'avait plus de limites, la civilisation reculait devant les ignominies de la sorcellerie. Et le prix du topinambour ne cessait de progresser.

Le dix-neuvième Verimios 2647, un tavernier de Dormmel ose mettre en doute le bienfondé de telles belliquosités « le bon baron au loin ne pouvant plus compter sur nous, qu'adviendra-t-il de sa Cécité ? » disait-il avec pertinence. L'infortuné fut noyé dans l'un de ses fûts et sa cave personnelle pillée. Un très bon solimmhr et quelques Hautvalois de la cuvée 2578 égayèrent les conciles Merciers pendant quelques jours. Et le prix du topinambour ne cesse d'augmenter.

Les expéditions punitives ne tardèrent pas ! Le pogrom d'Andelheim à l'encontre de la bourgeoisie resta gravé dans les mémoires comme l'un des plus sanglants de l'histoire, plus même que ceux faits, jadis, contre la bête Serramiroise. L'Oësgardie croulait sous les cadavres et le prix du topinambour l'écrasait.

Les milices de Dormmel et d'Oësgard se rencontrent aux alentours de Leuthen. Cinq mille morts en UNE heure. La méchanceté humaine a soif de sang, le doux manteau du général hiver en est tout tâché. Et tandis que l'hémoglobine coule, le prix du topinambour croît !

Mais retournons à nos nomades bergers. Leur mouvement avait pris de l'ampleur, et sous la tendre houlette de leur chef Att'ylä, ils dévastaient l'hasseroyale. On les appela bientôt les empileurs de têtes, architectes funestes amateurs de pyramides de crânes et de corps. Des monceaux livides, exsangues de cadavres les suivaient, ainsi qu'une terre stérilisée pour les décennies à venir. Cela fit étrangement revivre le spectre drow dans les esprits, et l'on craignit bientôt plus Att'ylä le saleur de champs que Etiennes Mare-sel le tueur de nobles. Ce-dernier même d'ailleurs était inquiété par les pâtres des montagnes, on lui faisait des témoignages fantastiques à leur propos, l'un d'eux les décrivit même comme des drows de deux cent livres qui, a cinq, submergeaient des armées entières. « Les flèches ricochent sur leur peau noire, les haches les contusionnent à peine et nos piques ne sont qu'aiguillons de moustiques pour eux ! ». Et le prix du topinambour court toujours.

Dans cet inextricable chaos, seule la foi peut maintenir debout l'homme censé. C'est en tout cas ce que pontifiait Innocent Ier, maître du diocèse de Haurse-Porc. Suivant benoîtement le précepte de ce tendre apophtegme, le peuple d'Oësgardie connut un regain de dévotion peu banal. Les marchands de relique prospéraient un peu partout, les prosélytes couraient les rues, l'on brûlait les hérésiarques et embrasait des étoiles à cinq branches partout dans la baronnie. Les armées marchaient avec à leur tête de précieux tabernacle, renfermant au hasard des choses le pied-bot de Sainte-Berthe, les métatarses de Baudouin le baron lépreux, le suaire de Volka, les mouchoirs de Néera à l'instabilité psychologique proverbiale qui avait imbibé plus d'étoffes que le sang des apôtres, et bien d'autres colifichets arrachés aux temples. Et tandis que l'on érigeait de nouvelles idoles, le prix du topinambour s'exhaussait, inlassable.

Oësgard, si civilisée, avait chut indolemment dans l'obscurantisme, le fanatisme, la misère et l'anarchie en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. La fille du nord était décharnée alors que le général Hiver s'apprêtait à lui infliger son plus sévère soufflet, que le drow l'assaillirait et que le roy voudrait se venger. Les batailles se succédaient toujours avec plus de mort et de cruauté, des chapelets de villages s'enflammaient peu à peu pour ne laisser que cendres et désespérance. Les bêtes sauvages sortaient de leurs forêts pour aller chasser l'Homme et les cités sombraient sous la terre noire. Et alors qu'Oësgardie mourrait, le prix du topinambour, lui, atteignait son apogée.

En apprenant cela, le baron serait fort marri.
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