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 [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn

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MessageSujet: [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn   [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn I_icon_minitimeDim 4 Oct 2009 - 22:01

[Privé, Dyarque]

Le palais pourpre dressait fièrement ses tours au cœur de la chambre magmatique. Le parfum acre de stupre et de chair brûlée n’atteignait pas les feux d’un tourment de l’âme, où Teiweon Danath’Korr apposait son sceau du haut de sa majesté. Le souffle D'Âme marchait d’un pas gracieux, sentant ses voiles voleter intensément au bruissement des cordes du vent. Les bracelets tintaient une mélodie fine, à laquelle Les Grâces se cambraient avec sensualité, dévoilant les affres d’un féminité a peine voilée sous la bave crapuleuse des mâles en rut. Droite et souveraine, la posture impériale de  Lil' sil'iluuth Qu'Essan imposait sa loi, et laissait la peur avide des soumis  enlaidir leurs traits. La dame pulpeuse s’éclipsait lentement à leur regard, tandis que deux serpents de feu rampaient aux chevilles de Grâces, sortant leurs langues fourchues.

Pourtant, fébrile, les maux de Fae’Lisshyn s’intensifiaient au son des tambours de guerre. L’âme fragmentée gémissait le passé, et l’Affre de l’âme en un lien ignoble et terne, dégoûtant dans son être profond. Dyarque l’orgueilleux se balançait sur le filament de rêve éperdu des sept cieux. Au-delà de l’océan de rêves immense, la magie cambrait sa poitrine, et la réalité se disloquait en un vaste néant. Le cœur de Fae’Lisshyn accélérait son battement. L’obscurité couvrait les sens, et seul ses yeux luisaient dans la vaste pénombre, éclairant son corps de bronze pourpre. Les battements intenses reprenaient sous les murmures de la haute prêtresse. Elle fermait les yeux, accentuant la concentration vacillante. Une tempête s’élevait autour d’elle, gémissant le feu, crachant le froid en une même quinte de toux.

Doucement, l’incantation reprenait, intensifiant le murmure. Répété sans cesse, il semblait prendre une tournure de rituel convoquant les âmes des défunts dans un glaive sacré. Le glaive s’élevait, et fondait la réalité de l’obscurité, découvrant la clairière du bois sombre, tout les avait lié. D’étranges fleurs noires sortaient du sol, écloses, au cœur rouge et sanglant. Les vents se teintaient de leur coloris, abandonnant les éléments fendus vers le ciel, et dépeignant le visage de la mort. Les voiles pourpres de Fae’Lisshyn s’envolaient plus haut, dévoilant la douceur d’une peau lisse et luisante. Un soleil noir trônait dans les cieux.

Lentement, les esprits des défunts se convoquaient, appelant les morts sous le soleil de verre. Les cadavres fendaient le sol, et l’herbe mourrait sous une main mortifère. Une épaule sombre sortait de terre, et éveillait le cimetière d’une guerre ancestrale. Là, trônait le crâne de son père. Les yeux de Fae’Lisshyn s’ouvraient soudainement. La tempête s’apaisait, tandis qu’un calme lourd tombait sur ses épaules. Relevée, elle ne se retournait pas, elle savait.

Des filaments tissés de rêves laissaient les deux serpents enflammés courir le long des fourrés, se désagrégeant peu à peu. La mort appelait, et elle devait lui répondre. Ils s’élevaient lentement, formant un crâne de braise, et éclatait sans le moindre soupire sous les pas d’un être nouveau. La puissance magique défaillait, et le monde alentour se disloquait. Sensuelle, Fae’Lisshyn laissait apparaitre sur son visage impérial une expression rêveuse, insondable. Ses yeux lumineux fixaient le noir des bois, tandis qu’une lune d’argent illuminait le soleil noir, et la clairière douce.

« - Dyarque... »

Le souffle long semblait presque susurré, et pourtant parfaitement audible. Apte à jugé son ennemi, partenaire de folie, les yeux de Fae’Lisshyn se plissaient. Droite, la magie virevoltait à mi-mot autour d’elle, et retombait lourdement en éclaires noirs aux pieds de l’elfe.
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MessageSujet: Re: [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn   [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn I_icon_minitimeLun 5 Oct 2009 - 16:44

« Le jour se levait à peine quand, pour la première fois, je prenais conscience de ce qui serait par la suite ma triste réalité. J’étais sorti fiévreux d’un sommeil troublé par la scène vécue la veille, mais il ne m’avait fallut que quelques secondes pour comprendre que quelque chose avait changé, et à peine une de plus pour comprendre de quoi il s’agissait. J’étais devenu sourd. Les douces et belles mélodes de « ma » Forêt ne parvenaient plus à mes oreilles, aussi ne voyais-je aucune autre explication. L’espace de quelques instants hors du temps, je découvris ce qu’était la vraie terreur, pure et dépourvue de tout artifice. Et puis un cri, mon propre cri, vint me détromper. Me déchirant mes tympans, il me prouva mon erreur. Depuis, la tristesse qui m’enlace est comme un baume à mon cœur, et je n’ai que rarement connu la peur. L’accident d’Elya est l’un des rares épisodes où je ressentis la froide griffe de l’horreur agripper mon âme… Mais ce n’est pas le seul. Certaines nuits sont plus cruelles que d’autres, et tous les visages n’inspirent pas les mêmes sensations… »

***


Le décor cauchemardesque s’offrait à son regard dur. Les fleurs aussi noires que l’âme de celle qui était responsable de sa présence s’agitaient doucement autour de lui, bercées par le vent immatériel des songes. Par delà les altérations oniriques, il reconnaissait le lieu entre milles, car en ces lieux hors d’atteinte avait vu le jour un de ses fardeaux les plus lourds à porter. Le soleil, baignant les lieux de sa noire clarté, ne réchauffait en rien une ambiance des plus morbides. Mais il ne toucha à rien, animé par l’espoir que s’il se contentait d’ignorer ce qu’elle lui imposait, il pourrait retrouver ses propres songes. Fermant les yeux, il tenta d’ignorer la mort qui l’entourait désormais complètement… Jusqu’à ce qu’elle brise le silence, comme à chaque fois. L’entendre prononcer son prénom ainsi, avec autant de légèreté, aurait pu lui arracher une grimace, mais il se contenta d’opposer aux yeux incandescents de la drow un visage hivernal.

Il ignorait, ou tentait d’ignorer, tous les détails qu’elle lui offrait, volontairement ou non. Car, déjà, son esprit s’attaquait aux chimères de la drow… Autour de lui, le rêve se tordait. Autour de lui, les fleurs sanguines, vouées aux ténèbres, reculaient. Autour de lui, une jumelle de sa chère et tendre Anaëh naissait, luttant contre l’emprise de la Religieuse pour gagner son droit de vie.

« Fae'Lisshyn. »

La voix était claire, le ton sans émotion. Les bras croisés, entouré par un Royaume Végétal naissant et tout aussi muet que dans sa réalité, il la jaugeait sans rien laisser paraître. Ni l’un ni l’autre ne savait pourquoi ils se trouvaient réunis, à peine pouvait-il influencer sur le cours des événements, s’opposant sans vraiment le pouvoir dans une lutte d’influence inutile. Tout n’était plus qu’illusions autour d’eux.

« Pourquoi tes songes t-ont-ils ramené ici ? »

Sans vraiment y penser, il luttait pour étendre son influence sur leur folie commune. Parce que le paysage que lui proposait la drow n’était que désolation et douleurs, que peines superflues et mort cruelles. Bientôt, il ne pourrait plus, il le savait bien. Il s’exposait même à une riposte, mais il commençait à être coutumier de ces prisons oniriques… Une magie étonnante, qui l’étonnait autant qu’elle le dégoutait. Se savoir aussi intimement lié à une drow lui déplaisait fortement… Même s’il se trouvait que cela concerne à la plus puissante manieuse des arcanes qu’il n’ait jamais rencontré.

Certaines nuits étaient plus cruelles que d’autres, et tous les visages n’inspiraient pas les mêmes sensations… Il espérait juste que ce rêve là ne serait pas le pire.
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MessageSujet: Re: [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn   [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn I_icon_minitimeMar 6 Oct 2009 - 17:35

Dyarque le puissant lui faisait face. Sa haute majesté froide contrastait avec l’impérialisme sensuel de Fae’Lisshyn. Les deux âmes se confrontaient, tortueuses, dans les rêves alanguis de la folie meurtrière. Partout autour d’eux, le chaos se faisait, en un tableau aux taches colorés et suintant le sang, miroir même de la guerre des esprits. La volonté de Fae’Lisshyn rayonnait sous la Lune d’argent, éclairant sa peau en mille reflets d’or. L’aura de Lil' sil'iluuth Qu'Essan s’intensifiait, tendis que les mains du néant se volatilisait sur la peau de Dyarque.

Dyarque le machiavélique trônait, meurtrier. Le regard de Baragh’, vide, contemplait son maître de vie, a genoux, sortant du sol. La gente elfique était inférieur de nature, quoi que le duc de Lanthaloran relevait d’une magie hors du commun. Les yeux insondable de Fae’Lisshyn jetaient avec sensualité une férocité ardente, animant encore son cœur de brasier en un vaste être d’étoupe. Ses doigts jouaient avec l’air, l’embrasaient d’une lueur incandescente, s’intensifiant au rythme de ses hanches. La magie palpable voguait entre eux, évoquant encore cette mort propice qui les avait lié, tant de siècles au paravent.

Dyarque le tumultueux habitait ses songes, raisonnait en écho brisés dans le creux de son âme. Eclat de verre tranchant, il s’immisçait au creux de son être, déchirant un à un les cris qui la rattachait tant à l’éducation de fer. Pourtant voguant dans ses bras de prison, elle usait de cette force qu’il avait laissée en elle, soumettant la vivacité du monde à sa propre puissance. Fusionnés, l’intensité de leur lien accroissait la puissance magique, et implosait dans l’air, contractant les forces obscures inconnues de ce peuple sage et à la philosophie passive. Amorphe déclin subit pour ces êtres dont le but était éventré dans son fœtus. Avorté, il mourrait sans bruit…

La soie voletait dans un long bruissement. L’écho se propageait, plus intense, raisonnant dans leurs tympans. Presque siamois, la douleur de l’un se communiquait à l’autre, tant que le dégoût et l’amertume du miroir ironique qui se dressait devant eux. Le corps de Fae’Lisshyn s’était mouvée avec une grâce incontesté, courbant la peau, arquant la contorsion dans une sensualité des plus évocatrice. La luxure même rôdait autour de la douceur du corps, tandis qu’un souffle s’épandait sur sa peau teintée, luisante. La lumière inondait Dyarque, et quelques centimètres de répulsion intense les séparait des à présent.

« - Chathen dos mylthar ! »
" - Que les flammes te dévorent ! "

La main de Fae’Lisshyn s’était tendue, tandis qu’un fragment d’âme enflammé avait trouvé le sol de sa foret vierge. Son murmure avait trouvé l’écho d’une voix pourtant forte, chantante, planant au dessus de la scène semblable à un aigle royal. L’impérialisme de Fae’Lisshyn se lisait à même ses yeux, s’entendait au grain de sa voix. Estimé et inferieur, Dyarque partageait dans ses yeux l’amusement et le dégoût. Les yeux luisant se posaient sur lui, tandis que les flammes goûtaient en une cascade de braise sur les efforts bientôt vains de Dyarque.

Le bras tendu de la princesse se repliait doucement, et ses doigts se mouvaient dans l’air, près de sa joue, sans l’atteindre. Le dos creusé de Fae’Lisshyn offrait cette posture sensuelle et grandiose, souveraine et magistrale, face à la froideur impalpable de Dyarque. Sa voix s’élevait en un long murmure délicat, presque embrasé. Claire pourtant, elle chantait avec détachement, comme si le rêve ne l’affectait pas.

« - Les songes s'égarent vers le brasier de la mort, et l'océan flamboie sous le sang qui couvre tes mains... contemple le. Vois ce qui nous lie encore, Dyarque, avec quel dégoût la terre rejette tes douces atrocités... L'aube est encore trop loin, le soleil s'est éteint, et ton âme se donne déjà aux baisers de Teiweon.»

Elle murmurait au creux de son oreille, certaine. La pulpe de ses lèvres teintait l’air d’un brasier constant. L’illusion perdurait, incessante.
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MessageSujet: Re: [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn   [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn I_icon_minitimeSam 10 Oct 2009 - 20:26

« Je me souviens encore, par delà les siècles me séparant de ce triste événement, la tumulte de la guerre. Je n'avais jamais pris part à une bataille contre les drows et je ne refis jamais la même erreur. Lâche ? Je le suis surement un peu, je ne peux dire le contraire. Mon corps, fidèle représentation de mon âme, tremble à l'idée de la rencontrer de nouveau en chair et en os. Nos rencontres oniriques me sont déjà assez pénibles, rappels continuels de mon impuissance à lui nuire... Je ne peux imaginer ce qui se passerait si je devais l'affronter en un réel face à face. Dans le meilleur des cas, nous nous jaugerions en silence... Mais si des armées nous accompagnaient, le pire serait à craindre. Victimes de nos magies respectives, nous nous protègerions malgré nous, tour à tour. Je pense qu'il s'agit de la seule certitude que nous avons en commun : mieux vaut pour nous que nos chemins ne se croisent plus jamais. »

* * *


Comme à chaque fois qu'il se retrouvait face à face avec ce qui ressemblait le plus à son ennemi la plus "intime", Dyarque était encore plus renfermé qu'à son ordinaire. Son visage austère ne laissait rien paraître, mais ses yeux eux étaient d'une glace qui ne pouvait laisser indifférent. On le jugeait parfois trop dur parmi les siens, mais jamais ils n'avaient eut le droit à ces yeux qu'il ne réservait qu'à la Prêtresse des Âmes. Malheureusement, cela ne semblait pas avoir d'effet sur la principale concernée, qui se contentait de l'observer avec ses yeux incandescents. Quand le hasard de ses réflexions le ramenait à ses rêves partagés, il ne pouvait que frissonner à l'idée de la puissance de la drow. Une puissance qu'il ne connaissait que trop bien pour avoir du s'y mesurer jadis... Il avait beau désormais se savoir immunisé, il n'en restait pas moins craintif... et, contre son gré, admiratif. Son esprit cartésien ne pouvait que s'interroger sur ses limites. Quel serait le visage de Fae'Lisshyn si par hasard elle parvenait à contrôler pleinement ses pouvoirs ? Cela, il ne voulait pas le savoir.

Devant lui, imperturbable dans la mort, un crâne l'observait. Il n'avait pas besoin de faire d'effort pour savoir qui en était le possesseur. Il avait fini par apprendre qui il avait tué, ce fameux jour, et s'il n'avait jamais ressenti une once de remord, il ne pouvait que s'imaginer sa vie s'il ne l'avait pas fait. Peut-être, alors, n'y aurait-il jamais eu de lien... Peut-être sa vie aurait-elle était plus paisible. Il n'était pas elfe à se laisser aller au désespoir, laissant sa volonté de fer le protéger de la plus part des découragements. Avait-il perdu son lien si unique et précieux avec Anaëh qu'il se jetait corps et âme dans l'étude ardue des arts magiques. Avait-il failli perdre sa fille qu'il avait fait son maximum pour la protéger d'elle-même. Mais il ne pouvait nier que sa relation, unique en son genre, avec Fae'Lisshyn était un poids dont il se serait bien passé.

Autour de lui croissaient les plantes qui formaient son sanctuaire. Arbres, herbes folles, champignons, fleurs... Comme à chacune de leurs rencontres, il luttait pour maintenir, voir étendre son influence sur le Royaume onirique qu'ils partageaient. Une lutte ardue dont il ressortait invariablement épuisé le lendemain matin. Il aurait pu abandonner, se laisser aller et évoluer dans un royaume qu'elle aurait préparé pour lui. Après tout, elle ne pouvait rien contre lui. Mais il s'agissait là d'une forme de renoncement, et renoncer ne faisait pas parti des habitudes de l'elfe. Bien entendu, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'elle s'oppose à lui, et c'est pourquoi il ne fut pas surpris de voir le feu s'envoler de ses mains pour réduire à néant ses efforts.

« C'est inutile. »

Il ne bougea pas, n'opposa pas sa volonté à la sienne... Pour un observateur extérieur, il se livrait au courroux de la drow, sans même lutter. Les flammes chimériques léchèrent sa douce forêt immatérielle, l'enflammant sans surprise. Autour de lui flambait l'Oeuvre de son esprit, mais il ne réagissait pas, se contentant de supporter sans ciller le regard de Fae'Lisshyn... Imperturbable. Car lui ne ressentait rien. Les flammes l'évitaient comme elles auraient éviter l'eau, et ce n'était pas parce que son regard était de glace. Elle était proche, désormais... Mais si loin de pouvoir quelque chose contre lui. Il ne fit même pas mine de paraître troubler par cette proximité... Après tout, il n'y avait rien dans le physique de la drow qui pouvait l'attirer, et son âme pervertie par les bas-fond du Puy le dégoutait. La voix chantante de la religieuse ne le fit pas plus réagir que ses précédentes tentatives, et déjà sous leurs pieds renaissaient ce qui venaient d'être brûlé.

« La guerre apporte son lot d'atrocités. J'ai perpétué les miennes sans regrets. »

Statue de chair au milieu de ce décor tout droit sorti des enfers, il attendait simplement que le rêve le libère. Il savait que cela prendrait du temps, et qu'il souffrirait de chaque seconde passée en ces lieux, mais il n'avait aucune envie de se laisser abattre. Doucement, la nature grouillait au pied de la tentatrice, des lianes quittaient le sol, s'enroulant autour d'elle sans pour autant la toucher. Une tentative qu'il savait aussi inutile qu'essentielle. A l'image, peut-être, de la lutte qui opposait leurs peuples.
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MessageSujet: Re: [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn   [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn I_icon_minitimeMar 3 Nov 2009 - 10:31

Fae’Lisshyn contemplait la froideur de l’intime ennemi qui se tenait, fier, devant elle. L’impérialisme de la sombre laissait émaner de cette douce folie, et le contraste scintillant des deux royautés opposées glissait, de l’un à l’autre, sans vaciller. L’écho de la braise autour d’eux gémissait la langueur du temps, et dépeignait cet éternel tableau d’origine, liant l’âme à l’autre. Le dégoût profond se mêlait au vomissement du feu, qui, ardent, dévorait les parcelles de terres luxuriantes et verdoyantes qui s’épandaient autour de l’elfe.

Dans le brasier d’éclat dévastateur, dansait l’âpre féminité enchanteresse de la sombre Quortek d’Serf, vice grandiose et imminent des rêves alanguis, lorsque les cauchemars se fondaient dans un tourbillon de saveurs éperdues. Plus qu’un dégoût intime, c’était une véritable passion de la haine et du mépris qui était louée entre eux, tandis qu’intérieurement, Fae’Lisshyn savourait sa prétendue supériorité d’emporter Dyarque des ces ressentiments noirs. Les pas de danse de la princesse pourpre se jouaient de la grâce du feu, tourbillonnante, et son corps aux formes exquises se mariait à cette séduction naturelle et permanent, glissant sur Dyarque comme un gémissement passionnel insupportable.

L'illusion s’identifiait, s’immisçant dans la chair sous la renaissance de la nature à leurs pieds, qui, pourtant, feignait d’éviter soigneusement Fae’Lisshyn. L’impériale contemplait le royaume onirique s’échafauder. Souveraine, elle le partageait avec l’indigne roi de ses songes, et du cœur même de son dégoût. Comme liés d’amour, cette faiblesse entachait le sulfure de ses sens, et l’aimer aurait été dégradant pour le pauvre impuissant. La Reine fantasmagorique se mariait à l’hégémonie du Roi illusoire, en un rêve de toute splendeur, et quoi qu’insupportable dans cette réalité virtuelle et magique. Soumis aux lois de l’entité, ils semblaient puissants et démunis dans le grand échiquier des dieux. L’affrontement symbolique n’était pas en reste.

Les yeux de Fae’Lisshyn se mariaient au regard de Dyarque, subtile mélange lumineux de l’extase et du paradis, quoi que froids dans leurs essence, seulement teinté de la vitre de l’impérialisme et de la dignité. Ses sens se martelaient dans la forge de lave, tandis que le feu semblait couver en elle le bonheur suprême de la torture de l’âme. Froid, elle le savait vacillant. Elle ne connaissait que trop bien ses failles, tandis qu’il savait où résidaient les siennes. Et la perversité des dieux résidait dans l’inaction digne et majestueuse des deux souverains, éperdus d’un instant de songe, pris dans le verre onirique des temps perdus.

Les courbes de Fae’Lisshyn cambrant son corps en un charme lancinant, et doux, pourvu d’une sensualité teintant l’air d’étincelles embrasées. Ses hanches se mouvaient, lentement, en un basculement répété. La pointe ample de sa poitrine délicieuse aux sombres caressait presque le corps du souverain, laissant une marque brulante d’indignité derrière elle. Son sourire animait ses lèvres pulpeuses de folie instantanée, et, loin du corps, elle tendait à vis l’âme même du duc digne. Ses yeux plongés dans les siens dessinaient une intensité subtile, et perditive. La passion se mélangeait à la haine. Entre eux, une répulsion semblait presque émaner, et pourtant, les corps se devaient du résister. La chair de sa bouche effleurait celle de Dyarque, en un soulèvement doux, tandis que les bourrasques intenses soulevaient les voiles de la princesse, et laissaient l’air caresser les intimes fermetés de son corps.

Sa voix chantante narguait, dessinant le péché sur les lèvres de Dyarque. Près, si près, qu’elles s’effleuraient au moindre mot. Son regard ne le quittait pas sous la musicalité percante de sa voix.

« - Contemple la mort en face, fou... »

Sa main s’élevait, déterrant le cadavre lévitant dans les airs, tandis que ses lèvres osaient caresser celles de Dyarque, avant de s’en effacer doucement. Elle souriait, apportant le squelette dépecé devant les yeux du meurtrier, le confondant en accusé.
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MessageSujet: Re: [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn   [Entre-deux] L'éloge funèbre | Dyarque & Fae'Lisshyn I_icon_minitimeMar 3 Nov 2009 - 19:20

« Mille ans et plus se sont écoulés depuis mon premier cri, et j’ai recommencé bien des fois depuis. Pourtant, siècles après siècles, épreuves après épreuves, les occasions se sont faites plus rares. Mon cœur s’est durci, à l’image de mon regard, et mon visage s’est figé dans le froid et la mélancolie. La jeunesse de mon Peuple me juge appartenant à un autre âge, chose étonnante quand on sait que le Temps ne devrait pas avoir de prise sur nos vies éternelles. Mais la vérité est qu’éternel n’est pas immortel. Les ans glissent sur nos visages sans les marquer, mais nos âmes sont en proies à leurs tourments. Derrière moi s’étirent mes pas, à l’infini, et l’idée qu’il m’en reste peut-être plus à faire m’est inaccessible. Les siècles à venir verront ma fin, et avec elle mes derniers cris. Et je sais, sans l’ombre d’un doute, qui en sera la mère. »

* * *


C’était un véritable cauchemar… Sous ses yeux s’étalaient les visions funestes, mort et macabre s’alliaient contre lui, sans qu’il ne puisse rien y faire. Il n’était pas le bienvenu, en ce songe qui n’était pas le sien, et qu’il ne veuille que le quitter ne changeait rien. L’univers dans lequel il était prisonnier était celui de la Sombre, il le sentait à chaque fois qu’il laissait son esprit le toucher dans le but de le modifier. Ce n’était pas la première torture qu’elle lui imposait, et ce ne serait surement pas la dernière… Chaque rencontre onirique était une nouvelle lutte, chaque lutte cachait ses nouveaux enjeux. Quelques fois, il avait su faire sien ce qui ne lui appartenait pas, plier un rêve qui n’était pas le sien à sa volonté. Plus souvent, il avait pu se protéger de ses machiavélismes, quand le statu quo était leur seule gain. Mais, parfois… Parfois, il n’y avait rien à faire. Pour une étrange raison, ce soir là, il ne lutterait pas. Qu’elle garde son rêve, s’y complaise et s’y perde. Qu’elle se vautre tout entière dans cette dévotion morbide, lui ne voyait que la souillure du passé.

Elle l’avait ramené là où tout avait commencé, là où le destin s’était noué et les avait liés, et elle jouait avec lui, désormais. Alors qu’il abandonnait son contrôle éphémère, elle faisait s’écrouler les dernières frontières qui les séparaient. Il ferma les yeux. Il avait depuis longtemps dépassé le stade où on s’apitoie sur son sort. Il avait assez vécu pour savoir que se laisser aller ainsi était aussi inutile qu’indigne. Toujours, il avait avancé en se jouant des épreuves qu’on lui imposait, en faisant fi des fardeaux qu’on avait lâchés sur ses épaules. Mais… Même le plus solides des chênes finissait déraciner par un vent violent.

« Ne me laisseras-tu jamais en paix ? »

Un simple murmure qui n’attendait aucune réponse, mainte fois murmuré. Elle s’acharnait sur sa peau, la visitant avec ses lèvres, l’effleurait avec son corps. Elle tentait, à travers les voiles du songe, de prendre ce qui ne lui appartenait pas. Sa chair, son sang appartenaient à son aimée… Et pourtant, il ne fit pas un geste pour l’en empêcher. Car il n’était pas réellement là. C’était la seule chose qui l’empêchait de devenir fou, de se jeter corps et âme contre l’emprise perverse qu’il sentait tout autour de lui. Elle ne pouvait rien lui faire, et la repousser était entrer dans son jeu. Tout son être se rebellait contre ses attouchements, qu’il sentait comme s’il était bien réveillé. Mais que pouvait-il faire ? Il était faible. Physiquement, ses bras lui faisaient défaut depuis bien des années déjà. Et, même en ayant jamais tenté l’expérience, il doutait de pouvoir lui faire mal, peu importe le moyen utilisé. Sa magie l’avait abandonné, complice cruelle de son infortune, et il redoutait de voir son corps ne plus lui obéir.

Malgré lui, il ouvrit les yeux quand elle le lui demanda. Il savait que la contemplation ne lui apporterait rien, mais il sentit tout de même la lumière parvenir de nouveau à ses iris. Et il était là, sans surprise. Ce n’était pas la première fois qu’il le voyait, pas la première fois qu’un tel spectacle lui était imposé… Pas la dernière fois non plus, il le savait. Mais une fois de trop tout de même. L’espace d’un instant, la haine prit le pas sur tout le reste. L’espace d’une seconde, il n’y eut plus de décors infernales, plus de Fae’Lisshyn, plus rien que lui et le crâne honni. L’instant suivant, il était seul. Et le rêve s’imposa à lui, plus fort que jamais.

Le cadavre n’avait plus de crâne.

L’esprit est une chose subtile, complexe, soumise à des lois que tous ignorent. Se voir confronter à la raison de ses tourments n’est jamais une chose agréable, et ça l’est encore moins que les tourments en question se jouent de vous. Il avait laissé parler la haine, si forte qu’elle avait supplanté le dégoût. Il respectait la Haute Prêtresse des Âmes, comme la Puissance qu’elle était. Mais tout le respect du monde était impuissant face aux sentiments les plus primaires, face à la rage grondant au creux du ventre. Il resta quelques secondes à contempler, comme elle le lui avait si bien suggéré. Puis il planta son regard dans celui de sa Sœur de Magie.

« C’est inutile. »

Un simple détail, jeté à la face de son ennemie. Jamais sa voix ne le trahissait. Ses yeux s’était fait haine une seconde, son visage aussi, mais sa voix, elle, traversait les épreuves sans jamais s’altérer. Il n’y en avait qu’une pour la réchauffer, et elle était loin, bien trop loin, tout en étant si proche. Peut-être avait-elle ses bras enlacés autour de son cou, peut-être ses cheveux recouvraient partiellement son visage… Mais il ne sentait que les touchers pervers, bien loin des tendres caresses. La nuit serait longue, il le savait. La lutte serait dure, il en était persuadé. Le réveil serait pénible, il le craignait.
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