Première nuit et déjà loin de chez soi.

Quatre jours. Maintenant trois. C'était le temps qu'avait estimé Randal avant d'arriver à la capitale. Il avançait à bonne allure au milieu des plaines, toujours dans la même direction. «Ne quitte jamais le chemin et tu arriveras à Diantra.» C'est ce que le forgeron lui avait dit et les quelques panneaux le rassurait dans sa trajectoire en indiquant effectivement la ville par le chemin qu'il suivait.
Il avait quitté son village à l'aube et cela faisait déjà un moment qu'il marchait. Le soleil était déjà à l'ouest et dans quelques heures la seule source de lumière serait la lune. À ce moment là, Randal se permettra une halte pour la nuit.

La nuit était tombée et Randal marchait encore. Il avait quitté le chemin pour trouver un endroit où faire halte, mais il n'avait pas encore trouvé son bonheur. La fatigue et la faim se firent sentir et son ventre émit un léger gargouillement. Tant pis, il ne pouvait pas continuer à errer ainsi, cela serait s'épuiser inutilement.
Il décida alors de rejoindre un petit bosquet, à une centaine de mètres du chemin. Ce n'était pas autant à l'abri qu'il l'aurait souhaité mais c'est ce qui restait le plus convenable dans les environs. Il dispersa quelques brindilles sur le sol ainsi que tout ce qu'il pouvait trouver de facilement combustible.
Il se saisit alors des premières pierres qui lui vinrent sous la main et les tapa grossièrement l'une contre l'autre. Rien.
Randal fronça les sourcils et recommença la manipulation à plusieurs reprises. Le jeune homme se pensait capable d'allumer un feu sans jamais avoir essayé auparavant et cela lui porta préjudice aujourd'hui.

*Bon sang !* songea t-il.

Sans pour autant perdre son calme, le jeune homme répéta l'opération encore et encore sans jamais réussir à faire prendre le feu, bien qu'arrivant quelque fois à obtenir quelques étincelles.
Bien longtemps après, il jugea que c'était inutile. D'autant plus que la faim l'accablait et cela le rendait plutôt faible. Il se saisit alors de sa gourde, dont il but quelques gorgées et mangea un peu du fromage qu'il avait minutieusement emballé au fond de sa sacoche. Il eut préféré de la bonne viande cuite, mais visiblement ce ne serait pas au menu ce soir.
D'autant plus qu'il ne s'imaginait absolument pas dormir sans feu à ses cotés.
Randal devrait probablement rebrousser le chemin...

*Non, non, non ! Je veux être un soldat, je ne peux pas renoncer !*

Il se resaisit de ses pierres et recommença encore et encore, le bruit des chocs résonnant quelque peu autour dans la plaine.

Nydë aimait bien Sybrondil. En fait, elle aimait bien tout ce qui n'était pas Diantra. Après avoir passé les quarante dernières années de sa vie dans la capitale, un peu de voyage lui faisait du bien et c'est pourquoi elle se promenait de baronnie en baronnie pour trouver du travail. Dans sa jeunesse, elle dansait toujours dans l'auberge de sa mère, un établissement respectable ou plusieurs voyageurs passaient souvent. Seulement, depuis le décès de cette dernière, la jeune femme devenue propriétaire de la bâtisse l'avait revendue à un quelconque architecte qui désirait y faire quelques aménagements. Nydë s'en fichait, la seule chose qu'elle désirait était de se débarasser de l'auberge qui lui rappelait trop de souvenirs qu'elle ne désirait pas revoir faire surface.

La danseuse avait donc passé une brève semaine dans une taverne des environs ou tout s'était déroulé comme à l'habitude, sans grand soucis. Nydë avait la fâcheuse habitude de passer d'établissement en établissement car elle craignait de trop s'attacher aux gens et de les voir mourir eux aussi, en raison de leur trop courte durée de vie. Elle en avait assez de survivre à tout le monde.

C'est donc armée de son sac de voyage que la jeune femme marchait en direction de Diantra. L'air de printemps était doux malgré la noirceur qui commençait à s'installer et Nydë n'était vêtue que d'une simple robe à corsage bleue marine.

Elle avait quitté la baronnie depuis environ une journée et savait qu'il lui faudrait au minimum deux autres jours avant de rejoindre la capitale. La jeune femme marchait à un rythme rapide mais léger. Comme à son habitude, elle avait décidé de continuer sa route durant quelques heures puis de trouver un coin ou dormir vers l'aube car elle craignait de camper seule si près d'une route passante en pleine nuit.

Perdue dans ses pensée, Nydë réfléchissait à quel prochain quartier de Diantra elle pourrait opter pour danser cette semaine lorsqu'un hululement de chouette retentit dans l'obscurité, la faisant sursauter. Le chemin était quelque peu accidenté par endroits et la jeune femme entendit le bruit de craquement produit par les articulations de sa cheville droite avant d'en ressentir la douleur fulgurante ainsi que le haut-de-coeur qui s'ensuivaient. Elle parvint néanmoins à garder l'équilibre et à ne pas tomber au sol avant de tenter de continuer à marcher sur sa cheville blessée. Nydë poussa un gémissement de douleur lorsqu'elle s'appuya de tout son poid sur son pied et décida de trouver un endroit à l'abri pour s'arrêter un instant.

Ce n'est qu'à ce moment précis qu'elle prit conscience du léger cliquetis qui faisait écho dans la plaine et un léger frisson lui parcourut l'échine. Ce n'était bien évidemment pas un bruit animal et cela la terrifiait. Résignée, la demi-elfe s'avança en boitant vers le son qui semblait provenir d'un peu plus loin. De toute manière, elle n'avait pas d'autre option envisageables que de demander de l'aide.

"Est-ce qu'il y a quelqu'un par ici ?"

Aucune réponse. Elle haussa le ton pour mieux se faire entendre, une pointe d'agacement dans la voix.

"Quelqu'un pourrait-il m'aider ?"

Malgré qu'elle soit demi-elfe et que ses racines elfiques transparaissaient davantage que ses racines humaines, Nydë n'avait hélas pas hérité du don de nyctalopie de son père et elle ne parvint qu'à percevoir une forme vague accroupie près du sol. Elle se tint donc en recul, prête à s'enfuir du mieux qu'elle le pourrait si cette rencontre s'avérait malencontreuse.

Randal avait le sentiment qu'il s'était écoulé une éternité depuis qu'il était ici à essayer de faire prendre ce foutu feu. Pourtant, il continuait inlassablement, persuadé qu'il finirait par produire suffisamment d'étincelles.
Il ne se souciait absolument pas du bruit qu'il pouvait faire lorsque les pierres s'entrechoquèrent. À vrai dire, les chances de rencontrer quelqu'un ici étaient probablement nulles.

"Est-ce qu'il y a quelqu'un par ici ?"

Il s'arrêta un moment et fronça les sourcils. Une voix ? Impossible. Son esprit devait probablement lui jouer un tour alors il recommençait à taper les pierres l'une contre l'autre. Pourtant, à peine eut-il recommencé que de nouveau :

"Quelqu'un pourrait-il m'aider ?"

La voix d'une femme.

*Je ne suis décidément pas fou tout de même !* songea t-il en se relevant.

Il scruta un moment l'horizon avant d'apercevoir une silhouette se déplacer laborieusement en sa direction. Il s'approcha alors de manière un peu imprudente, d'un pas assuré, sans se soucier du danger que pourrait représenter cette personne.
Une fois assez proche de la demoiselle, il put la dévisager un court instant. C'était une elfe, comme dans les contes ! C'était la première fois que Randal en rencontrait une (car il n'avait pour ainsi dire, jamais quitté son village).
Il secoua la tête se rappelant que c'était avant tout une femme et elle semblait avoir du mal à marcher. Il devait se montrer courtois et hospitalier.

«Bonsoir Ma Dame. N'ayez crainte, je ne suis qu'un voyageur désireux de rejoindre la capitale. Je m'appelle Randal Eden.» Il lui tendit doucement sa main, l'invitant à prendre appui contre lui.
«Permettez moi de vous aider. J'ai établi un camp pour la nuit derrière moi, bien que j'éprouve quelques difficultés à allumer un feu. Je pourrai peut-être essayer de me rendre utile pour votre blessure.»

Nulle menace ne semblait émaner de ce jeune homme. Au contraire, il était plutôt docile et rassurant. Il attendait juste qu'elle accepte ou refuse son aide, avant de l'aider à rejoindre son "abri".

Lorsque l'étranger s'avança rapidement vers elle, Nydë recula quelque peu en boitillant, une expression craintive sur le visage. A bien y penser, la plus grande majorité d'étrangers masculins que la demi-elfe avait rencontrés ne lui voulaient pas de bien. On était en territoire humain et les humains étaient des créatures à l'esprit souvent torturé, partagés entre le bien et le mal.

Bref, lorsque ce dernier s'arrêta à une distance raisonnable. Nydë l'observa plus attentivement, ses muscles se décrispant au fur et à mesure qu'elle dévisageait l'étranger. Il lui inspirait confiance, ce qui pour la jeune femme, était plutôt rare, elle qui avait l'habitude de repousser les gens.

«Bonsoir Ma Dame. N'ayez crainte, je ne suis qu'un voyageur désireux de rejoindre la capitale. Je m'appelle Randal Eden.»

Elle continua de l'observer un instant, hésitante puis prit appui sur le bras du dénommé Randal un peu plus rassurée.

«Permettez moi de vous aider. J'ai établi un camp pour la nuit derrière moi, bien que j'éprouve quelques difficultés à allumer un feu. Je pourrai peut-être essayer de me rendre utile pour votre blessure.»

"Je m'apelle Nydë Lor'Eathyr."

Généralement les humains avaient quelques difficultés à prononcer son nom ou tout simplement de s'en souvenir alors ils lui donnaient divers surnoms ou abrégeaient tout simplement son prénom. D'ailleurs, son interlocuteur ne semblait pas avoir beaucoup voyagé et c'en était à se demander s'il avait déjà été dans la capitale.

La demi-elfe suivit donc son interlocuteur vers son "abri" et arqua subtilement un sourcil, se gardant de tout commentaire. Elle s'assit lentement au sol, s'appuyant sur le bras de l'humain puis poussa un soupir de découragement: Qu'allait-elle faire maintenant ? Si ce n'était pas qu'une simple foulure, devrait-elle arrêter de danser ? Comment gagnerai-elle sa vie ? Et puis, si jamais l'humain acceptait qu'elle continue la route avec lui, elle ne voulait pas être un fardeau...

Nydë tendit donc gracieusement sa jambe droite devant elle, non sans réprimer une grimace de douleur. Ce jeune humain qui semblait n'être jamais sorti de chez lui s'y connaissait-il en blessures de ce genre ? Le doute s'emparant d'elle, elle décida de se changer les idées.

"Vous désirez donc vous rendre à Diantra ?"

Elle aurait pu évidemment lui parler d'elle mais la jeune femme ne le faisait que lorsqu'on lui demandait de le faire et honnêtement, elle était désireuse d'en apprendre plus sur l'étranger.

Si Randal avait bien vu qu'elle était craintive, il n'en montra rien et garda tout son naturel. Après tout, il était tout à fait normal d'être méfiante à cette heure là quand un inconnu vous abordait, même si c'était pour vous venir en aide. Au fur et à mesure, elle sembla se détendre un peu plus et accepta son épaule.
Il avança précautionneusement et à pas lents, de manière à ne pas blesser la jeune fille. Il ne voulait pas aggraver sa blessure.

"Je m'apelle Nydë Lor'Eathyr."

Ces paroles lui rappelèrent qu'il était aux cotés d'une femme dont les origines étaient bien lointaines en comparaison aux siennes. Pourtant ce territoire lui était probablement autant inconnu pour lui que pour elle; quoiqu'elle en savait peut-être plus que lui si elle était habituée à voyager. Que pouvait-elle faire d'ailleurs ici si loin de ses contrées ? Cette question, il la posera plus tard quand ils seront installés autour d'un feu. Et encore, seulement si il était capable de l'allumer...

«Enchanté Dame Nydë Lor'Eathyr.»

On ne peut pas dire que la prononciation était excellente, mais cela aurait pu être bien pire.

«Pardonnez moi si je ne le prononce pas très bien, mais c'est la première fois que j'entends un prénom à consonance étrangère.»

Avec quelques rougeurs aux joues, il admetta même : «À vrai dire, c'est la première fois que je rencontre une elfe. Tout ceux dont j'ai entendu parler était dans des contes de ménestrel.»

Randal ignorait encore l'existence des demi-elfes.
Finalement, ils arrivèrent enfin à l'abri et Randal aida Nydë à s'installer près de là où aurait du se trouver un feu.

«Vous avez faim ou soif ? Je vous aurai volontiers proposé un peu de viande mais je n'arrive pas du tout à faire prendre ce feu.»

Randal l'observa lorsqu'elle tendit sa jambe afin de mieux l'observer. Il supposa qu'elle devait sûrement s'être foulée la cheville ou s'être blessée au pied.

«Si vous voulez, je peux vous arracher une branche suffisamment épaisse pour faire office de canne.» proposa t-il avec un sourire bienveillant.

Il se réinstalla alors avec les deux pierres qu'il avait laissé plus tôt, et reprit à les taper l'une contre l'autre afin de produire des étincelles. Pour quelqu'un qui s'y connaissait, il était évident que le jeune homme n'avait pas choisi les bonnes pierres et que les coups n'étaient pas assez secs.

"Vous désirez donc vous rendre à Diantra ?"

«En effet ! J'ai un rêve à accomplir : je veux m'engager dans l'armée royale !»

On pouvait clairement lire de la fierté dans les yeux du jeune homme lorsqu'il prononçait ces paroles.
Sans arrêter de frapper les pierres les unes contre les autres, il lui retourna la question.

«Et vous Dame Lor'Eathyr ? Que faites-vous donc si... si loin de chez vous ? Et comment vous êtes vous blessée ? Quelqu'un vous a t-il attaquée ?»

Il fronça les sourcils l'air un peu plus grave, prêt à l'éventualité qu'un bandit pouvait rôder dans les parages.

Kurik voyageait en direction de... Où il se dirigeait encore ? Il ne savait plus. Tant pis, il irait là où les routes le guideraient. Il marchait sur les routes depuis plusieurs jours, se couchant à la belle étoile, réfléchissant à quelques contrats à accomplir, mais rien ne lui venait aux oreilles. S'il continuait à rien faire, il risquait de se retrouver bien bas. Trop bas !

Il était sur les routes depuis... il ne savait pas non plus ! Quel honte ! Quel jour on était alors ? Il ne s'en souvenait plus. Il marchait comme toujours sans but, ne regardant pas vraiment le paysage.

Puis, un cri se fit entendre. Une demande d'aide. Devait-il aller au secours de la personne ? Il hésitait. Qu'est-ce que cela lui rapporterait ? Pourtant, il décida d'aller voir, pas d'aider. Voir !

Une femme, une elfe à première vue, s'était blessée. Il resta caché. Un homme vint peu de temps après et l'emmena vers son camp de fortune. Kurik avait décidé de les suivre et écouta leur conversation jusqu'à ce qu'il en ai marre.

Les amoureux, on dirait que vous avez besoin d'un peu d'aide. Il regarda le début de feu et s'adressa au jeune homme. Bon, je m'occupe de ça, ce serait vite fait, toi occupes toi de la blessure de la jeune fille. Elle a la cheville cassée.

Kurik s'approcha du feu et quelques coups plus tard, commença à s'énerver. Bon de Dieu, c'est quoi ces maudites pierres ?! Il les jeta au loin. Petit, tu devrais mieux choisir tes pierres la prochaine fois et conserves les bien. Il sortit ses propres pierres et fit un feu en deux, trois coups. Bon, voilà.

Il s'assit au feu, et commença à chauffer la viande qu'il avait acheté dernièrement en ville. Puis quand il les sentit assez cuites, il les proposa. Allez, tenez ! C'est mes dernières rations de viande. Il se tourna vers les jeunes gens, qui voyaient pour la première fois son oeil. Faites pas ses regards ! Bon, où vous dirigez-vous ? Je peux vous y conduire avec plus de sécurité. Evidemment, ce ne serait pas totalement gratuit.

(HRP :

Ordre de passage donc :

-Nydë
-Randal
-Kurik.)

Nydë écouta avec un intérêt mêlé d'amusement le flot incessant de paroles de Randal. N'étant pas très loquace elle-même, son interlocuteur lui, semblait apte à meubler une conversation avec le minimum d'informations que la demie-elfe lui fournissait. Lorsqu'il eût terminé sa tirade et semblait avoir épuisé le flot de questions qui lui passaient par la tête, Nydë prit un moment à remettre de l'ordre dans son esprit, décidée à répondre à ses interrogations.

" Non merci, je n'ai ni soif ni faim. "

A vrai dire, la jeune femme était plutôt habituée à jeûner et elle n'avait pour l'instant besoin de rien. De plus, elle se serait sentie gênée d'user de l'hospitalité de l'humain. Elle continua donc, un vague sourire étirant ses lèvres.

"Oh, je ne suis pas une elfe ! Ni une humaine, d'ailleurs. Mon père étant un elfe et ma mère une humaine, je présume que cela fait de moi une demie-elfe..."

Elle l'observa encore un moment tenter de faire prendre le feu avec amusement. Elle-même n'était pas très douée pour survivre en forêt, mais se doutait bien qu'il n'y arriverait pas ainsi. Néanmoins, elle continua donc sur sa lancée :

"Ne vous en faites pas pour moi, j'ai réussi à me blesser toute seule. Aucun rôdeur ou bandit ne traîne dans les environs, à ce que je sache. Quant à l'armée royale, je..."

C'est à cet instant qu'un inconnu décida de débarquer de derrière un buisson, faisant sursauter Nydë. Apparement, elle s'était trompée.

Les amoureux, on dirait que vous avez besoin d'un peu d'aide. Bon, je m'occupe de ça, ce serait vite fait, toi occupes toi de la blessure de la jeune fille. Elle a la cheville cassée.

Offusquée, la demie-elfe jeta à l'homme un regard courroucé.

"Premièrement, nous ne... Enfin... Je n'ai pas la cheville cassée du tout !"

Elle l'observa se débrouiller avec le feu, l'air boudeur jusqu'à ce qu'il leur propose sa viande. Nydë ayant rapidement décidé qu'elle n'appréciait que très peu le personnage fronça les sourcils, un air de dégoût sur le visage.

"Je ne mange pas de viande, voyons !"

La demie-elfe poussa un soupir résigné. Elle s'était abstenue d'en faire part à Randal puisqu'il n'avait toujours pas réussi à faire de feu et parce que pour un simple humain n'était jamais sorti de son village, il était normal qu'il l'ignore.

Lorsque Nydë refusa sa proposition, il haussa simplement les épaules, bien qu'estimant qu'il serait plus sage qu'elle mange un peu. Néanmoins, il n'appartenait qu'à elle de savoir quand est-ce qu'elle aurait besoin de se nourrir.
Lorsqu'elle lui révéla qu'elle était de sang mêlée, Randal fit des yeux tout ronds. Pas de peur, mais d'étonnement. Visiblement il n'en croyait pas ses oreilles.

«Vous êtes mi-elfe... mi-humaine ? C'est vraiment possible ? Ouah, je ne pensais pas... C'est fabuleux !» Puis estimant s'être emporté un peu, des rougeurs lui montèrent aux joues, il s'excusa. «Pardonnez moi, enfermé dans ma campagne, je n'ai pas appris grand chose du monde extérieur. Je ne voudrai pas être insultant.»

"Ne vous en faites pas pour moi, j'ai réussi à me blesser toute seule. Aucun rôdeur ou bandit ne traîne dans les environs, à ce que je sache. Quant à l'armée royale, je..."

Il se détendit quelque peu, mais cela ne dura qu'un instant lorsqu'un individu surgit brusquement de l'ombre. Pendant un instant, l'idée qu'elle lui avait mentit pour ne pas l'inquiéter lui traversa l'esprit. Mais l'homme ne semblait visiblement pas dangereux.

Les amoureux, on dirait que vous avez besoin d'un peu d'aide. Bon, je m'occupe de ça, ce serait vite fait, toi occupes toi de la blessure de la jeune fille. Elle a la cheville cassée.

Très spontané comme arrivée. Randal fronça simplement les sourcils et hocha la tête. L'homme était un peu plus âgé que lui, d'une dizaine d'année probablement. Le bandeau qu'il portait sur l'oeil lui rappela le forgeron de son village, mais l'individu n'appréciait apparemment pas qu'on le regarde. Il détourna donc les yeux.
Lorsqu'il prononça le terme "amoureux", curieusement, cela suscita un rire chez le jeune homme loin d'être blessé ou bien de se sentir visé.

«Oh amoureux ? En si peu de temps, je ne pense pas ! Ou alors, Arcam fait bien des miracles !» À nouveau un petit rire, visiblement amusé contrairement à Nydë.

Lorsqu'il fit la remarque concernant la qualité de ses pierres et qu'il alluma le feu en quelques secondes seulement, Randal eut l'air admiratif.

«Surprenant ! Pourriez-vous me montrer comment vous avez fait ?»

Décidément, ce jeune homme était vraiment très curieux.
Randal s'apprêtait à l'arrêter lorsqu'il commença à faire chauffer sa propre viande, étant donné qu'il en avait lui même mais il avait été trop rapide.
Tant pis, il lui passerait quelque unes de ses rations si cela était nécessaire.

«Merci, c'est très aimable à vous. Si vous désirez, il me reste un peu de fromage.»

Lorsque Nydë refusa de manger la viande, il eut l'air compréhensif.

Faites pas ses regards ! Bon, où vous dirigez-vous ? Je peux vous y conduire avec plus de sécurité. Evidemment, ce ne serait pas totalement gratuit.

Randal fronça les sourcils. Offrir son aide contre de l'argent ? Il ne l'avait jamais envisagé et puis c'était contre ses valeurs.

«C'est gentil de proposer Sire. Néanmoins, je pense être capable d'assurer ma propre sécurité jusqu'à Diantra. D'autant plus que je ne roule pas sur l'or !»

Il esquissa simplement un sourire et inclina la tête poliment en guise de remerciement. Et puis, si il n'était pas capable de se protéger lui même jusqu'à Diantra, alors il ne serait probablement pas digne d'être Chevalier. Mais cette pensée, il l'a garda pour lui.
Il tourna la tête vers Nydë, interrogateur.

«En revanche, je ne sais pas pour mon amie. Peut-être préfère t-elle une escorte ?» Elle ne semblait pas particulièrement apprécier le mercenaire, mais Randal préférait demander au cas où. Surtout avec sa jambe blessée, elle ne pouvait peut-être pas faire confiance à un paysan pour assurer sa sécurité.

Kurik sentit tout de suite que la jeune fille ne l'appréciait guère, de toute façon, il n'aimait pas se faire aimé. Elle refusa assez durement sa nature, ce qui lui fit plaisir, car son ventre grognait tellement il avait faim. Il mangea son morceau.

-Jeune homme, il faut connaître les pierres, certaines permettent d'allumer, d'autres ne se laissent pas faire. Pour quelles raisons, vas-tu me demander ? Il rigola. Je n'en sais rien, et je ne m'intéresse pas trop aux pierres. Tiens, prends les miennes, j'en trouverai d'autres. Il s'adressa ensuite à la jeune demi-elfe. Vous souhaitez un fruit ? Un légume ? Je les ai acheté il y a peu, ils ne sont pas empoisonnés, si c'est ce que vous craignez.

Le jeune homme déclina son offre, il s'en doutait, et demanda à la jeune fille, il savait qu'elle refuserait, elle ne l'aimait pas. Pourquoi ? Il ne savait pas ! En fait, il s'en fichait un peu. Puis il remarqua le fourreau du jeune homme.

Ah, un combattant ! Et si mon ouïe ne m'a pas trompé aspirant Chevalier. Je suis moi-même un combattant. Il dégaina son arme. Allons faisons quelques coups ! Je veux voir ce que vous valez ! Il se déplaça un peu pour voir l'elfe. J'espère que cela ne vous dérange pas que je vous prenne votre...... compagnon de route, puisque vous n'êtes pas amoureux ! Il lui fit un clin d'oeil. Puis il se tourna de nouveau vers le jeune homme. Allez, vas-y, n'hésite pas sur les coups.

Kurik salua son adversaire et se mit en garde.

Nydë tenta bien que mal de réprimer son élan de bouderie, prenant quelques minutes pour bien observer le visiteur impromptu. Par pur instinct, son cache-oeil n'inspirait pas confiance à la Demie-Elfe mais elle savait bien que l'étranger ne devait pas être si mauvais sinon il en aurait probablement déjà fini avec eux.

«En revanche, je ne sais pas pour mon amie. Peut-être préfère t-elle une escorte ?»

Nydë haussa un sourcil, s'efforçant du mieux qu'elle le pouvait de paraître moins associale.

" C'est gentil, mais je suis tout à fait capable de me débrouiller."

A vrai dire, assise là au sol avec sa cheville blessée et la mine frustrée d'une enfant de cinq ans, la jeune femme avait plus l'air comique et pathétique qu'apte à se débrouiller seule. De plus, ce que les deux humains ne savaient pas c'était que Nydë était atteinte de narcolepsie légère. Il lui arrivait donc souvent de s'endormir n'importe comment, n'importe ou et surtout, dans n'importe quelle situation. Heureusement pour elle, elle ne s'était pas endormie sans le vouloir depuis environ trois jours, lorsqu'elle parlait avec le gérant de la taverne pour qu'il augmente son salaire. Ce n'était pas très vendeur, une danseuse qui risquait de tomber de sommeil en pleine danse...

La jeune femme laissa donc l'étranger et Randal discuter quelque peu.

"Vous souhaitez un fruit ? Un légume ? Je les ai acheté il y a peu, ils ne sont pas empoisonnés, si c'est ce que vous craignez."

Elle haussa imperceptiblement un sourcil. C'était bien aimable de sa part, mais décidément, Nydë ne comprenait pas pourquoi tout le monde souhaitait tout le temps la voir se nourrir. Elle s'apprêtait à lui répondre lorsqu'une tout autre question franchit ses lèvres.

"Pourrions-nous connaître votre nom ? Si ce n'est pas trop indiscret, bien sûr..."

La demie-elfe tenta de ramener ses genoux vers elle, ce qui eût pour cause de réveiller la douleur de sa cheville qui se fit plus insistante. Elle n'en laissa néanmoins rien paraître, si ce n'est qu'elle abandonna sa tentative de changement de position.

"J'espère que cela ne vous dérange pas que je vous prenne votre...... compagnon de route, puisque vous n'êtes pas amoureux !"

Nydë fit la sourde oreille aux remarques de l'homme, décidée à tenter de l'apprécier.

Randal inclina à nouveau la tête dans un signe de remerciement lorsque l'homme lui offrit ses pierres.

«Merci beaucoup ! J'en prendrai grand soin.»

Il posa ses pierres dans sa sacoche et en profita alors pour mordre dans la viande cuite qu'avait préparé l'homme. Randal se régala.
Le jeune homme observa la mine un peu boudeuse de la jeune elfe, ce qui le fit sourire. Il l'accompagnerait probablement jusqu'à Diantra malgré son affirmation d'être capable de se débrouiller seule. Randal ne pouvait pas se permettre de la laisser prendre le chemin seule avec sa cheville blessée.

"Pourrions-nous connaître votre nom ? Si ce
n'est pas trop indiscret, bien sûr..."

En effet, c'était une bonne question. Cet homme était arrivé subitement, sans même prendre le temps de se présenter. Il savait juste que c'était un mercenaire.
C'est alors qu'il le provoqua en "duel". Randal fronça les sourcils. À cette heure-ci et avec la fatigue du voyage ? Alors qu'il s'apprêtait à décliner le défi, il se souvint qu'un Chevalier devait être prêt à se battre en toute circonstances. Cela ferait un bon entraînement après tout.

«D'accord, essayons. Mais je ne peux pas vous promettre d'être un excellent adversaire.» D'autant plus que le jeune homme allait se servir de cette épée pour la première fois, lui qui avait l'habitude de se servir seulement d'un bout de bois.

Il tira alors la lame de son fourreau et il fut étonné par le poids : il était sûr qu'elle était plus lourde qu'un vulgaire morceau de bois mais pourtant il s'attendait à bien plus lourd. Le forgeron avait extrêmement bien équilibré l'épée.
Tout comme on lui avait enseigné, il se mit d'abord en posture de combat : une jambe légèrement en retrait et l'arme tenue de ses deux mains face à lui. Une fois que l'homme fut prêt à se battre, il s'exclama avec un sourire amical :

«Allons-y !»

En quelques pas, il arriva vers l'individu et asséna un coup droit dans la lame de son adversaire au niveau de la garde afin de le désarmer.
Il était clair que le jeune homme ne cherchait pas à blesser son adversaire, mais juste à se débarrasser de son arme.
Il pouvait se permettre de ne pas retenir ses coups, mais seulement si il ne cherchait pas à blesser l'homme. Autrement, il n'en aurait pas été capable puisqu'il n'y avait aucune raison de se battre sérieusement.

On ne peut néanmoins pas dire que Randal manquait de base. Même si ses frappes manquaient de précision et que la tenue de son arme était encore imparfaite, il tenait une très posture propice à l'esquive en cas de riposte.
Vraisemblablement, la seule ouverture pour le moment était de le désarmer également.

"Pourrions-nous connaître votre nom ? Si ce
n'est pas trop indiscret, bien sûr..."

Kurik sourit, il pensait qu'on oublierait son nom. La jeune elfe était maline.

Mon nom c'est Godfroi, et mon prénom Kurik. Voulez-vous savoir quelque chose d'autre ?..... Non bien sûr, vous ne voulez rien d'autre.

La jeune elfe ne l'appréciait guère, si elle avait pu l'envoyer loin, il le savait, elle l'aurait fait. Le jeune homme accepta le défi qu'il venait de lancer. Un entraînement tout ce qu'il y a de plus banal.

«D'accord, essayons. Mais je ne peux pas vous promettre d'être un excellent adversaire.»

-Ne t'inquète pas, je ne cherche pas l'exellence. Je veux voir comment tu te bats et en même temps m'entraîner un peu, je serai rouillé si cela continue.

Le jeune homme essaya de le désarmer en donnant plusieurs coups au niveau de la garde de Kurik. Il en sourit. "On lui a enseigné de bonne base."
Kurik ne ripostait pas vraiment, il attendait, jaugeait le jeune homme en face de lui, testait les parades de celui-ci avec quelques coups d'estoc et de taille mais rien de bien compliqué.

-Pas mal ! Tiens mieux ton épée, tu dois faire un avec elle, c'est un allongement de ton bras. dit Kurik tout en continuant de donner quelques coups. Maintenant, essayes de me blesser, montre ta force. Mais fais attention, tu risques de t'ouvrir si tu ne te tiens pas bien.

Kurik regardait le jeune homme en face de lui, un aspirant Chevalier, s'il n'était pas pris, Kurik se poserait des questions sur la qualité des Chevaliers. Tandis qu'il combattait et parait les coups, il parla en direction de l'elfe.

Je ne veux pas vous blesser, mais vous débrouillez, avec votre jambe, cela me semble.... compliqué. Je ne vous donne pas 2 jours dans l'état où vous êtes.

Les combats n'ayant jamais été de son domaine, Nydë n'observa que durant quelques secondes les deux hommes d'un regard neutre. Elle n'avait pour l'instant aucune opinion politique alors pour elle, le maniement de l'épée et toutes ces choses que les hommes en majorité semblaient apprécier ne réprésentaient rien.

"Mon nom c'est Godfroi, et mon prénom Kurik. Voulez-vous savoir quelque chose d'autre ?..... Non bien sûr, vous ne voulez rien d'autre."

La demie-elfe lui sourit aimablement, bien que son sourire paraisse légèrement forcé, tentant d'ignorer la pique.

"Enchanté, Kurik Godfroi."

Son sac de voyage était situé à moins d'un mètre d'elle et Nydë n'eut qu'à tendre le bras pour l'attrapper. Rapidement, elle en sortit un calepin de taille moyenne ainsi qu'un morceau de fusain enroulé dans du tissus et se mit à dessiner à la lumière du feu de bois, face aux deux combattants. Contrairement à ce qu'elle semblait en train de dessiner, l'esquisse ne représentait pas les deux jeunes gens mais bien la silhouette des arbres se découpant sur le ciel qui était d'une clareté étonnante.

"Je ne veux pas vous blesser, mais vous débrouillez, avec votre jambe, cela me semble.... compliqué. Je ne vous donne pas 2 jours dans l'état où vous êtes."

Nydë redressa la tête, jetant un rapide regard à son interlocuteur avant de revenir à son esquisse.

"Je vous remercie de vous en soucier, mais je pense pouvoir y survivre."

La jeune femme avait beau être têtue, après avoir réfléchi quelques instants aux paroles du mercenaire, elle commença subtilement à effectuer de lents moulinets à sa cheville.

Il lui était souvent arrivé de se blesser en dansant, mais rien de grave jusque là. De simples petites foulures de temps en temps faisaient partie de sa vie quotidienne. Néanmoins, le doute persisterait jusqu'au lendemain, ou elle arriverait surement à discerner la douleur caractéristique d'une foulure ou sinon d'une fracture...

Décidant de se changer les idées, elle reprit la parole sans quitter son calepin des yeux.

" D'ou venez-vous tous les deux ? "

Elle se doutait bien que Randal venait d'une quelconque baronnie environnante mais ne savait pas laquelle, quant à Kurik, elle n'en avait pas la moindre idée. D'ailleurs, le cache-oeil de ce dernier l'intriguait quelque peu mais ne désirait pas lui en faire part, jugeant cela trop indiscret.

Kurik s'occupait simplement de parer toutes les attaques du jeune homme. Celui ci s'assurait de prendre bien en compte les conseils de son aîné en hochant la tête tout en les appliquant. Il reserra un peu plus sa prise sur la garde sans cesser de porter des coups à son adversaire, en restant extrêmement mobile autour de lui.
Quoiqu'il puisse penser du fait qu'un Chevalier devait être prêt à se battre en toutes circonstances, le poids de l'arme commençait à se faire sentir et ses muscles à fatiguer. Il souffla un instant en portant quelques coups supplémentaires mais la faiblesse devenait perceptible.

Maintenant, essayes de me blesser, montre ta force. Mais fais attention, tu risques de t'ouvrir si tu ne te tiens pas bien.

«Je regrette mais je ne peux pas.»

Randal fit quelques pas en retrait. Il souffla un instant et rangea son épée avant de se masser le bras.

«Même si je doute être capable de vous toucher Sire Godfroi, je ne veux pas prendre de risque. Et pour être honnête, je n'ai jamais manipulé une arme de ce poids. Mes muscles commencent à fatiguer.»

Tout au long du combat, le jeune homme était plongé dans sa concentration et n'avait pas bien fais attention à ce qui l'entourait, contrairement au mercenaire qui pouvait aisément se battre et parler en même temps.

«Au fait, j'étais tellement pris par le combat que je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Randal Eden.»

Il s'installa de nouveau en face au feu aux cotés de Nydë pour finir de déguster sa viande. Cette dernière demanda d'où ils venaient.

«Pour ma part, à même pas une journée d'ici. Dans un petit village de la baronnie de Sybrondil. Je travaillais au champ avec mon père jusqu'à aujourd'hui.»

Il sourit légèrement un peu songeur. Sa famille lui manquerait, c'était certain. Mais il était persuadé qu'il reviendrait les voir une fois devenu un grand Chevalier.

«Au fait Dame Lor'Eathyr, vous ne m'avez pas dis ce que vous faites par ici ? Vous voulez vous rendre à Diantra vous aussi ?»

Les jeunes personnes étaient bien sympathiques, elles parlaient sans gêne, même avec un inconnu comme lui. Il sourit. Le jeune homme, épuisé, décida de s'arrêter, ce que comprit parfaitement Kurik.Il alla vers celui-ci et lui tapa un l'épaule pour le féliciter.

-Continue à t'entraîner et tu deviendras bientôt meilleur que moi. Fais attention tout de même, tu te fatigues vite, tu dois pouvoir tenir durant des heures.

La jeune elfe quant à elle, avait décidé de dessiner quelque chose. Puis elle leur demanda d'où ils venaient. Il sourit, le jeune homme répondit avant lui. Un village de Sybrondil, intérressant !

-Je viens de partout et de nul part. Il regarda vers le ciel. Pfouah, une question des plus normales qui m'angoissent. Il rigola et se gratta la nuque. Je viens d'Erac, de la ville même. Mes parents sont.... morts, ils étaient bijoutiers, leurs bijoux étaient convoités.... Il laissa planer la suite, pas besoin de raconter les détails. Ils avaient compris. Je me suis vengé, leurs assassins sont eux aussi morts. Depuis, je tue et loue mes services pour survivre et c'est ainsi que j'ai reçu ma balafre. Il retira le bandeau qui lui couvrait l'oeil droit. Un mage qu'on voulait mort !

Le jeune homme posa plusieurs questions à l'elfe. Il était curieux, Kurik aussi, mais il ne voulait pas insister.

-Randal, vous voulez devenir Chevalier, c'est ça ? Qui vous a mis une si belle idée en tête ? Puis il se tourna vers la dénommée Nydë. Et vous, .... Nydë, c'est bien ça ? Excusez si je démolis votre nom. La prononciation elfique n'est pas mon fort. Vous faites quoi dans la vie ? Je sais que je jeune Randal est paysan et qui veut devenir Chevalier, mais vous, vous n'êtes pas avare en détail sur vous. Puis il se mit à l'aise, prit une pomme dans son sac, et commença à la croquer. Vraiment appétissante cette pomme ! dit-il la bouche pleine.

Nydë laissa échapper un baillement, le regard rivé sur son dessin, l'air concentré. Non pas qu'elle n'écoutait pas, mais alors que le dénommé Kurik parlait un peu plus de lui, la demie-elfe éprouvait un étrange sentiment qu'elle ne connaissait que trop bien. Après tout, elle avait cinquante-sept ans et semblait en avoir dix-neuf, elle était auprès de deux humains tous deux plus jeunes qu'elle. C'était la raison pour laquelle elle ne tissait généralement pas de liens durables avec les gens.

Nydë abandonna son dessin et fixa Kurik.

"Je suis désolée pour vous."

Elle semblait plutôt sincère, mais on pouvait lire sur son visage une certaine distance. De plus, elle se doutait bien que ce dernier s'en ficherait probablement.

«Pour ma part, à même pas une journée d'ici. Dans un petit village de la baronnie de Sybrondil. Je travaillais au champ avec mon père jusqu'à aujourd'hui.»

La jeune femme tourna la tête vers Randal.

"Sybrondil, vraiment ? C'est intéressant..."

Elle venait justement de passer dans la baronnie pour danser dans une taverne environnante.

«Au fait Dame Lor'Eathyr, vous ne m'avez pas dis ce que vous faites par ici ? Vous voulez vous rendre à Diantra vous aussi ?»

Elle esquissa un sourire, se limitant au strict minimum.

"J'étais de passage à Sybrondil et je retourne à Diantra, oui."

"Et vous, .... Nydë, c'est bien ça ? Excusez si je démolis votre nom. La prononciation elfique n'est pas mon fort. Vous faites quoi dans la vie ? Je sais que je jeune Randal est paysan et qui veut devenir Chevalier, mais vous, vous n'êtes pas avare en détail sur vous."

Cette fois-ci, la demi-elfe sourit vraiment, réprimant un rire à la prononciation de son prénom. Elle arracha la page de son calepin et la jeta au feu, peu satisfaite du résultat.

"Ca se prononce "Nydée"."

Elle s'étira quelque peu puis poursuivit.

" Je suis danseuse et artiste à mes temps perdus." Elle secoua le calepin. " Je suis née à Diantra il y a cinquante-sept ans et je vagabonde de taverne en auberge pour gagner ma vie."

Nydë fixa son regard sur le feu, le regard vague en raison de la fatigue qui commençait à la gagner.

-Continue à t'entraîner et tu deviendras bientôt meilleur que moi. Fais attention tout de même, tu te fatigues vite, tu dois pouvoir tenir durant des heures.

«Meilleur que vous ? Oh, je pense qu'il me reste encore un bout de chemin à parcourir avant d'en être capable.»

Il esquissa un sourire, reconnaissant du compliment.

Le mercenaire avait un passé plutôt douloureux. Contrairement à l'elfe qui semblait habituée à ce genre d'histoires, Randal était plutôt attristé pour l'homme.

«Ca a du être une période très difficile.»

Il soupira doucement. Qu'aurait-il fait lui si on avait assassiné ses parents ? Aurait-il cherché à se venger lui aussi ? Il fut tiré de ses pensées par Kurik.

-Randal, vous voulez devenir Chevalier, c'est ça ? Qui vous a mis une si belle idée en tête ?

«Oh personne vous savez. Enfin pas directement je veux dire. C'est un peu idiot, mais c'est à force d'entendre les ménestrels conter de si belles histoires sur leur Chevalier et leur bravoure que l'envie m'en a pris.» Il sourit un peu gêné, s'attendant probablement à des moqueries. «Mais bon, je reste tout de même réaliste. J'ai conscience que la réalité est loin de tout ces personnages héroïques. C'est leurs valeurs et leur morale qui m'ont soutenu à prendre cette décision disons.»

Puis Nydë apporta sa réponse à son tour. Elle était danseuse, artiste et semblait connaître Sybrondil. Elle aussi était voyageuse. Décidément, Randal ne savait absolument rien du monde. Il avait tellement hâte de voyager !
Il avait envie de lui demander de faire une démonstration de ses talents mais avec sa cheville et la nuit tombée, elle avait très probablement autre chose à faire que de danser.

«C'est vraiment super comme train de vie ! Moi aussi j'aimerai pouvoir voyager autant. Si vous vous rendez à Diantra vous aussi, nous pouvons y aller ensemble. Cela sera moins dangereux que de voyager seul et un peu moins ennuyeux.»

Puis il tourna son regard vers Kurik.

«Si vous aussi vous voulez venir à Diantra, nous n'avons qu'à faire le chemin ensemble.»

Puis tour à tour, il regarda l'homme et la demi-elfe.

«Enfin si vous le voulez, bien entendu ! Je propose juste.»

Il se frotta la nuque un peu gêné de demander de telles choses. À vrai dire oui, qu'est-ce que deux habitués du voyages iraient s'encombrer d'un paysan alors qu'ils pourraient aller bien plus vite sans le traîner derrière eux.
Puis finalement, le jeune homme réprima un bâillement. La fatigue se faisait sentir de plus en plus, et il ignorait combien d'heure il pouvait rester avant l'aube. Sans aucun doute qu'il ne tarderait pas à dormir. Il voulait arriver le plus vite possible à Diantra et il ne pouvait pas se permettre de se lever trop tard alors que le voyage était déjà assez long comme ça.

Le regard rivé sur les flammes dansantes, la demie-elfe n'avait pas à proprement parler l'esprit ailleurs mais elle n'était présente en cet instant que physiquement. Laissant ses pensées vagabonder dans le néant, Nydë pouvait s'estimer heureuse d'être une de ces personnes capables de ne réfléchir à rien sur demande. Bien qu'elle trouvait l'histoire du mercenaire plutôt triste, elle se doutait bien qu'il avait dû en faire son deuil pour en parler ainsi à des étrangers, et ne désirait peut-être pas de marques de sympathies.

Lorsque Randal se mit à parler de ses ambitions la jeune femme sortit de sa catatonie et tourna la tête vers cer dernier, l'air interessé. Elle ne savait pas si elle partageait son point de vue, la guerre ne représentant rien pour elle, mais ses intentions semblaient louables.

" J'espère dans ce cas que vous soyez fait chevalier, si c'est ce que vous désirez vraiment. "

Il était vaguement reconnaissable dans sa voix une pointe de doute quant à sa réelle opinion à ce sujet, mais elle semblait penser que l'humain ne s'en aperçevrait pas. C'était une idée quelque peu suicidaire après tout...

«Si vous aussi vous voulez venir à Diantra, nous n'avons qu'à faire le chemin ensemble. Enfin si vous le voulez, bien entendu ! Je propose juste.»

Nydë arqua subtilement un sourcil dans la pénombre, l'air inquiet et cela parut dans son ton de voix.

"Je ne sais pas. Je ne voudrai pas être un fardeau avec ma cheville..."

Elle se mordilla un instant la lèvre inférieure, - vieille habitude qu'elle tentait tant bien que mal d'abandonner - et attrapa sa cape de voyage qu'elle passa sur ses épaules.

" Enfin, nous verrons bien demain. Pour l'instant, je pense que le sommeil serait de mise."

Comme pour illustrer ses propos, la jeune femme s'allongea sur le sol frais, de profil, le regard rivé sur le feu.

" J'espère dans ce cas que vous soyez fait chevalier, si c'est ce que vous désirez vraiment. "

Randal hocha doucement la tête, toujours cette lueur de fierté brillant dans son regard.

«Je n'envisage même pas d'autre carrière pour tout vous dire.»

En effet, le jeune homme n'y avait jamais réfléchi. Il croyait au destin et il n'y avait pas d'autre voie pour lui : il devait devenir chevalier. L'idée même qu'il pouvait échouer ne lui traversait pas l'esprit. Il réussirait.
Nydë avait peur de les ralentir du fait de sa cheville. Randal secoua doucement la tête avec un sourire.

«Ne vous en faites pas et de toute façon, je ne pense pas qu'il soit très sage de reprendre la route avec une blessure sans personne pour vous porter assistance. Et puis, peut-être que votre cheville se portera mieux demain.»

" Enfin, nous verrons bien demain. Pour l'instant, je pense que le sommeil serait de mise."

Elle n'avait pas tort. D'ailleurs, ces quelques paroles lui arrachèrent un bâillement.

«Oui, vous avez raison. Je suis exténué en plus.»

Le jeune homme se servit de son sac en guise d'oreiller, prenant tout de même soin de ne pas écraser ses rations. Il détacha le fourreau de sa ceinture qu'il posa à ses cotés, à portée de main : on n'était jamais trop prudent.

«Passez une bonne nuit.»

Le silence régna alors sur les plaines. Une légère brise soufflait de temps à autre et bien qu'il ne fasse pas très chaud, la température restait supportable. Randal ne s'assoupit pas immédiatement. Pendant un long moment, il contempla la lune, plongé dans ses pensées. Il se voyait déjà Chevalier, brave et courageux.
C'est avec un léger sourire sur les lèvres que le jeune homme finit finalement par s'endormir.

Kurik avait décidé de partir, il ne voulait pas accompagner les jeunes gens, il en avait assez. La jeune elfe ne l'appréciait pas et voyagé dans de telles conditions ne lui plaisaient guère. Il avait décidé, rien ne le détournerait.

Dés que les deux autres personnes s'étaient endormis, il se leva, les genoux et les jambes lui arrachèrent une grimace, il était resté trop longtemps assis. Enfin, il avait décidé de reprendre la route.

Voyager... Tel était sa vie, son destin, son but... N'y avait-il rien d'autre à faire ? Que faire ? Il ne savait pas où se diriger mais il devait se diriger quelque part. Où ? Le voyage lui semblait un peu long, mais il avait pris cette décision, continuer seul, comme à son habitude, les jeunes personnes n'avaient rien à lui offrir, alors à quoi bon ?

Il avait repris la route depuis une heure quand il se retourna vers le campement lointain des jeunes personnes.

-Bonne chance, les p'tits, vous en aurez besoin.

Et il partit pour de bon.... Où ? Seuls ses pieds pouvaient le savoir, peut-être les routes mais comment savoir !

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