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 Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan

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Dun Eyr
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Dun Eyr


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MessageSujet: Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan   Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan I_icon_minitimeVen 16 Avr 2010 - 0:10

Nom/Prénom : Dun Eyr.

Âge : 141 années.

Sexe : Masculin.

Race : Nain.

Particularité : Atteint d’une passion pour la pierre parfois jugée un peu trop dévorante, il arrive que Dun Eyr entre dans de longues transes frénétiques où il se livre à des jours entiers de sculpture, rejetant alors toute nourriture ou boisson (le simple fait que lui, un Nain de souche pure, refuse une bonne chopine mousseuse, témoigne de l’intensité vibrante de la transe !). Si ce sont incontestablement des pièces maîtresses qui jaillissent sous les coups répétés de son ciseau, ces états mystiques laissent son corps éreinté, et sa gorge assoiffée. Certains prétendent qu’une trop longue transe l’amènerait à mourir, par amour de la sculpture… Mais à ce jour, son cœur continue de battre, et ses mains de tailler.

Alignement : Neutre Bon.

Métier : Haut Prêtre de Lirgan.

Classe d'arme : A distance & Magie.

Équipement : Dun Eyr parcourt le monde, drapé de tuniques aux couleurs sombres, souvent proches des teintes de la roche. Quelques fils obscurs, brodés en revers sur les drapés, confèrent un reflet mouvant aux tissus qui le couvrent, faisant danser un véritable ballet de chatoiements sombres et bleutés, recréant les irisations des plus noires des pierres de taille. De lourdes bottes, de vraies bottes naines, dépassent sous l’ourlet de sa robe ; héritées d’une lignée de tailleurs de pierre, elles rappellent que, sous l’apparat de ses robes, Dun Eyr est avant tout un Nain dans l’âme, un solide grimpeur de montagnes. Une courte cape, ocre sur le haut, et usée par le frottement des pierres, complète cette silhouette singulière. Lorsqu’il est occupé à la taille de la roche, Dun Eyr rabat cette capeline sur son visage, le faisant disparaître sous un rideau d’ombre, plus propice à percevoir les murmures du Maître Lirgan.

Mais que serait Dun Eyr sans sa courte arbalète, que l’on nomme parfois « Crache-Airain » ? Cette arme – ou plutôt, cette œuvre – fut taillée par Dun Eyr lui-même (cf. Histoire), dans la plus pure des roches naines des contrées Est ; la pierre de taille en est si parfaite que, entre les doigts agiles de Dun Eyr, elle devient souple. Comment se peut-il que la roche puisse se plier comme le feraient les bois d’une arbalète de facture classique ? C’est là un grand prodige. Peut-être Dun Eyr l’ignore-t-il également. La clef de son mystère se trouve probablement cachée parmi les innombrables runes qui parcourent son bâti. Dessinant d’éternelles arabesques sur la pierre polie, ces signes furent gravés par Dun Eyr au fil de son ciseau. Leurs tracés sont variables, et laissent deviner leur fonction : de longues lignes aériennes, rejointes en bouquets de fuseaux, forment probablement les Runes de Légèreté, qui permettent au porteur de manier cette lourde masse de pierre – rendue alors aussi légère qu’une plume de colibri – tandis que de courtes lignes, raides et ramassées, élargies à leur base, laissent à penser que ce sont là des Runes de Force. Quant à la charge, Dun Eyr ne porte aucun carquois : un unique carreau, fusiforme et orné, court le long de l’encoche de l’arme. Les runes qui le cisèlent forment des éclairs amassés et des nuées ravageuses. Si Dun Eyr n’a jamais décoché ce carreau, la forte tension de la corde rappelle qu’il est toujours prêt à jaillir – et sa pointe d’airain enchanté témoigne, si besoin en était, de la puissance colossale que cracherait une telle arme.
Enfin, sous les replis de sa bedaine d’authentique Nain des montagnes, une cordelette rouge le ceint délicatement, supportant à gauche deux étuis ramassés. Dans ces fontes rebondies se trouvent les outils légendaires de Dun Eyr, un court marteau trapu, cerclé de basalte, et un long ciseau de tailleur, gravé d’une unique rune bleutée. Il va sans dire que de tels outils d’exception se révèlent bien trop précieux pour être maniés dans une quelconque bataille.

De par son rang de Haut Prêtre, Dun Eyr officie dans le Temple Ciselé de Lirgan. Ce chef-d’œuvre de l’art nain est taillé dans le cœur vivant du roc, au plus profond des galeries de Kirgan. Si ce sont des mineurs et des adeptes de Rodmin qui ont grossièrement excavé les fondations du temple, et en ont dessiné l’armature, Dun Eyr l’a poli, orné, gravé, selon les enseignements séculaires de Maître Lirgan. Le sanctuaire est composé d’une unique et vaste salle de pierre, creusée en cheminée sur plusieurs étages de galeries. Là où les mineurs n’ont taillé qu’une grande tour creuse soutenue par un escalier brut, Dun Eyr a minutieusement ciselé les moindres détails et encornures du lieu, faisant jaillir de la roche des arabesques de pierre, des volutes de granit, des danses de marbre rouge. Le tout projette une image saisissante, grande tour flamboyante, doublée d’une escalier d’orfèvre s’élevant en enfilade, courant le long des parois en une unique coulée sertie, pour atteindre le saint des saints, au plus haut de la formation. Là, une titanesques masse d’airain parsemée de fumerolles d’or blanc, comme un nappage de neige au sein des roches, oscille sourdement, magnifique gouttelette perlant à la pointe d’un unique piton rocheux, effilé et luisant, taillé comme la plus fine et délicate des stalactites. L’énigme de la sustentation irréelle de cette masse terrifiante, simplement ancrée dans cette flèche de roche pure, n’est probablement connue que de Lirgan lui-même…

Description physique : Pour à peine 141 années écoulées, Dun Eyr, du haut de son petit mètre trente-trois, présente déjà une face vieillissante. Les années passées au plus profond des mines, dans les chaleurs des galeries du cœur de la montagne, ont buriné son visage doux, et y ont labouré quelques larges rides. Une barbe grisonnante lui souligne le visage, mangeant ses tempes brunies, et vient chatouiller la courte pointe de son nez aquilin, recourbé comme un bec de faucon. Cependant, nichées profondément dans les chairs couturées de son visage de mineur, deux pupilles sombres veillent, dévorant les reflets de la lumière, accoutumées à l’obscur monde des excavateurs. Dans les replis de ce faciès gris et fermé, l’unique lueur provient d’un court anneau d’or, passé au lobe de son oreille droite, et qui danse au moindre hochement de tête.

Description mentale : La réputation naine n’est plus à faire : râleurs, inflexibles et imbibés, les Nains sont d’ores et déjà passés dans les légendes pour leur caractère unique, et héréditaire. C’est pour cette raison que Dun Eyr est toujours demeuré à l’écart du reste des Nains, et parfois rejeté hors des cavernes des cités de pierre. Pour beaucoup, c’est un calculateur froid et puissant, réputé pour sa réserve et son silence – bien qu’il ait partagé plus d’une fois les joies de la bière dans les rumeurs des tavernes, comme tout bon Nain.
Dun Eyr est en fait lent à la colère. Calme comme l’eau qui dort, il est de ceux qui savent ignorer le brouhaha futile du monde grouillant, pour mieux se concentrer sur l’art méticuleux de la sculpture. Néanmoins, lorsque sa fureur entre en crue, Dun Eyr n’hésitera pas un instant à jeter maillet et burin pour se précipiter sur son ennemi et asséner une tempête de poings sur son crâne cabossé. Certaines légendes urbaines courent dans les cavernes du Nord, relatant les colères mémorables qui le parcoururent (bien que les victimes n’aient souvent plus assez de dents pour conter cela elles-mêmes).
Le caractère de Dun Eyr se révèle au grand jour lorsqu’il manie ses ciseaux de sculpteur. Méditatif et muet, il patiente longuement devant la masse inerte de la roche, humant simplement le vent souterrain qui court sur les pores graniteux. Puis, d’un coup, le torrent se réveille, et le Nain bondit dans une transe terrible, véritable ouragan passionné qui taille à tout-va le roc inflexible, entouré d’un nuage de poussière tournoyante. Et, lorsque l’orage se dissipe, il ne demeure plus que le visage inflexible de Dun Eyr, replongé dans son silence contemplatif.
Certains traits particuliers des Nains lui collent cependant à l’âme. Epouvantablement rancunier, Dun Eyr est d’une intransigeance d’acier quant aux questions d’honneur. Quelques auberges du continent en ont d’ailleurs fait les frais, et des rixes endiablées ont valu à Dun Eyr une interdiction à vie dans certains comptoirs des régions du Sud… En cela, Dun Eyr est définitivement un vrai Nain !


Histoire :

I. L’Aube.

Ce sont les galeries rouges d’Almia qui ont vu naître le jeune Dun Eyr, il y a de cela 131 ans, au milieu des lueurs carbonifères de la
pierre ocre. Mais ces mêmes galeries ne l’entendirent pas pousser son premier cri. L’air d’étuve était déjà saturé des braillements de son frère jumeau, Dun Thor, né un instant plus tôt, et qui couvrait le martèlement lointain des excavations par son hurlement interminable.
La belle Naine Kreyda, fille de Marlkor de Kirgan, ne survécut pas à cette double naissance. Certains diront qu’elle mourut du hurlement déchirant de Dun Thor, mais nul ne sait. Cependant, après ce drame, Dun Thor et Dun Eyr ne firent pas la joie de leur père, Bynkarnd ; tout au plus furent-ils une maigre consolation pour la perte brutale de sa tendre épouse, emportée dès sa soixante-septième année.
Bynkarnd fut inconsolable. Ses pommettes enjouées et rouges se firent tombantes et grises, sa panse fondit, ses yeux se mouillèrent. Bien plus âgé que sa compagne, il était alors déjà entré dans la deux-cent-seizième de ses longues années. C’était encore jeune, pour un fier Nain des roches du Nivor comme lui, mais c’était déjà trop pour un cœur seul. Toutefois, le vieux Bynkarnd endura en silence son tourment, et tâcha de faire de ses fils de véritables Nains, solides et fiers. Aux abords de l’enfance de ses fils, dès leur huitième année, il les initia à son métier de bâtisseur.

Bynknard était réputé, dans les galeries supérieures d’Almia, pour son œil de maître et son tracé de génie. Peu d’architectes ou de bâtisseurs l’égalaient quant à l’esquisse d’une courbe ou l’agencement d’une architecture. Rudes mais robustes, ses constructions perdaient en élégance ce qu’elles gagnaient dix fois en solidité. Il voyait grand, droit, et carré. Un vrai architecte Nain.
S’il avait un certain talent à tracer des plans et des schémas, Bynknard préférait le plus souvent les déléguer à Grimlon, son fidèle assistant – un Nain trapu et large, culminant à peine un mètre et un quart du sol – tandis que lui, en maître d’œuvre accompli, n’hésitait pas un instant à empoigner la pioche pour rejoindre les manœuvres au fond des tunnels en formation. Et puis, alors qu’il faisait pleuvoir les entailles contre la roche revêche, il oubliait – pour un instant seulement – le visage de sa belle Kreyda.
Quant à ses fils, ils portaient tout deux une courte pioche d’apprenti, à la pointe de fer, et récupéraient les restes des pierres de taille pour s’y exercer. Ils sculptaient alors ces petits copaux de granit rude, et les assemblaient en courtes structures éphémères, dans la tempête des bruits de pioches et de burin.

Très tôt, une différence se fit jour entre les deux frères.
Dun Thor, qui dépassait déjà son frère de quelques grands centimètres, possédait un regard de braise, d’un rouge dévorant, et nourri d’un feu d’ambitions tenaillantes. Ses coups de pioche étaient puissants, vifs et brutaux, brisant souvent les petites pierres sous le choc du tranchoir ; ses mains agençaient à toute vitesse des structures vastes et fières, recréant à l’échelle des bâtisses trapues, couronnées de frontons audacieux. Le tout était brut, inélégant et sombre, mais parfaitement agencé, et déjà solide. Le brasier de son regard redoublait d’intensité lorsque Dun Thor abattait un large coup du plat de sa pioche, violemment, contre ses structures tout juste achevées ; jamais elles ne se fissuraient, et jamais elles ne tombaient.
Avec la régularité d’un ensorcelé, sitôt que son bâti tenait sur ses fondations, l’aîné le délaissait, amassait de nouvelles pierres, et recommençait tout à côté une autre structure – toujours plus large, toujours plus robuste, inébranlable.

Et lorsque Bynknard émergeait des tréfonds de sa mine, hagard et harassé, le front envahi d’une marée de sueur moite, s’accordant un bref répit pour reprendre des forces dans une grande chopine, avant de replonger à l’œuvre, il regardait avec tendresse et fierté les maquettes de pierre de son premier fils. Souvent, le vieux Bynknard, claironnant à la cantonade, demandait un ban en l’honneur de son jeune Dun Thor, qui recevait avec orgueil l’acclamation des mineurs alentour.

Dun Eyr, lui, était l’inverse de son frère. Tout aussi passionné que son jumeau, il plongeait cependant un regard sombre et appliqué sur la pierraille qu’on lui offrait, fouillant au milieu de l’amas des cailloux quelconques pour en extraire d’oblongues pierres égarées, qui taillait alors avec grand soin. Sa pioche s’abattait bien moins souvent sur la roche, et ses coups étaient mesurés et précis ; il polissait du tranchant, promenait son pouce pour écarter la poussière de roche, observait d’un œil de lynx, recommençait. Ses créations ne ressemblaient au début à rien de connu : des formes mystérieuses, des corps interminables, des mystères de pierre. Rapidement, des figurines émergèrent de ses mains : des mineurs, tout d’abord, puis des architectes, des bâtisseurs, des forgerons. Il tailla également la silhouette des messagers qui passaient parfois brièvement entre les portefaix, ou encore Gladoin le Gros, le cantinier qui passait distribuer leur ration de viande et de bière aux mineur éreintés. En quelques temps, ce fut toute la mine qui se retrouva dans ses créations effilées. Mais lorsque Dun Thor taillait dix ou douze structures dans une seule journée, Dun Eyr n’avait parfois pas même le temps d’achever une seule de ses pièces. En quelques mois, les carrières se trouvèrent encombrées des innombrables constructions du premier – qui finissaient souvent broyées sous les pieds des Nains, et ce sans remord aucun, puisque Dun Thor lui-même désossait ses anciennes créations pour en former ses nouvelles structures – tandis qu’une simple dalle de pierre suffisait à accueillir l’ensemble des créations du second.
Bynknard prit bien vite l’habitude de jeter à Dun Eyr un rapide regard, un petit sourire vite effacé, avant de retourner aux fondations de ses bâtisses.
Dun Eyr ne levait même plus les yeux pour accueillir cela.
Muet et fermé, il œuvrait en silence.

Ainsi passèrent les années d’enfance…


II. Le choc.

C’était dans leur dix-septième année. Dun Thor était devenu un grand Nain, sortant de terre à plus d’un mètre et demi, maniant de ses larges mains une large pioche contre de larges roches. Plus en retrait, Dun Eyr – que son frère dominait d’une tête – s’éloignait de plus en plus souvent des mines et de leur tempête d’acier, pour trouver refuge dans de plus calmes lieux. L’assistant Grimlon – qui était passé Maître-Architecte – devenait alors son asile, calme et silencieux qu’il était, affairé à ses plans. Dun Eyr n’aimait rien plus que de voir les tracés jaillir sous la plume sûre de son seul compagnon.

C’était dans leur dix-septième année, et Bynknard mourut. Il partit un matin au fond d’une galerie réputée ardue – et il ne remonta que porté par les bras de ses braves mineurs. Le cœur, dit-on. Il ne mourut même pas en fier fils des montagnes, broyé sous un rocher, avalé par les gouffres. Il cessa juste de respirer. Sans raison.

Dun Thor pleura, tempêta, hurla. Dun Eyr demeura silencieux.
Bynknard était mort, et c’était tout. Ils étaient orphelins.

C’était dans leur dix-septième année.


III. L’ascension.

Après le trépas du vieux Bynknard, les deux frères de sang se plongèrent plus que jamais dans leurs œuvres. Autour d’eux, on s’inquiétait ; eux, ils n’entendaient même plus.

Dun Thor, malgré son jeune âge, devint un artisan renommé dans toutes les galeries d’Almia, des plus larges aux plus dévoyées. Dès sa majorité officielle, en sa vingt-huitième année, il fut élevé au rang de Bâtisseur, reprenant officiellement l’affaire de son père. Néanmoins, une nuée de conseillers devaient constamment l’entourer : l’un s’occupait de ses finances, un autre prenait note des commandes, un troisième avait la charge de la masse des mineurs et foreurs qui travaillaient aux côtés du maître ; mais les plus nombreux étaient les architectes, qui avaient pour mission de tracer les plans de ses œuvres. Grimlon compta un temps parmi ceux-là, mais il abandonna bien vite. Courageux et endurant, originaire des plus anciennes familles du Nord, cet excellent Architecte ne pouvait cependant suivre les cadences infernales imposées par le Maître, Dun Thor.
Ce dernier était quasiment devenu invisible. Il disparaissait au fond des tunnels d’excavation, perçant entre les roches rebelles d’immenses ouvertures, dégageant d’une masse inerte de larges salles, de colossales colonnades, des volées de marches trapues. Sa voix terrible tonnait souvent, claquant comme un fouet sur les ouvriers, les pressant, les forçant à tailler plus vite. Dès l’achèvement du chantier, Dun Thor disparaissait. Une autre galerie l’attendait. C’était alors le ballet des conseillers et huissiers pour percevoir les dus.
Dun Thor était irascible, colérique, souvent orgueilleux. Il payait grassement ses ouvriers, mais ce n’était pas là la raison de leur foisonnement autour de lui. Dun Thor était le meilleur. Dans les sous-sols d’Almia, peu d’architectes jouissaient d’une telle réputation.

Dun Eyr, lui, était silencieux. Une courte enseigne battait dans les vents souterrains de la cité, dans les profondeurs supérieures, annonçant l’échoppe de « Maître Grimlon & Maître Dun Eyr, Architectes ». Ils étaient une force complémentaire. Comme un nègre passerait derrière un petit écrivain, Grimlon traçait des plans habiles et robustes de bâtisses solides et agréables, non sans une certaine finesse ; mais c’était Dun Eyr qui possédait ce génie qui avait su faire la renommée de leur commerce : là où se dessinaient des escaliers, Dun Eyr formait un croisement aérien de serpents de basalte ; sous sa plume, les couloirs devenaient des tunnels flamboyants, les sols se couvraient d’arabesques fascinantes, les murs se courbaient en flammes de marbre, les plafonds perlaient de pierres semi-précieuses qui tissaient un entrelacs cosmique de lumière.
Dun Eyr n’était pas le meilleur. Ses œuvres étaient souvent coûteuses, et parfois jugées excentriques. Cela n’importait pas. Dun Eyr créait ; pleinement, totalement, infiniment, il créait. Tout était là.


Puis, un jour, il arriva. Il se fit connaître sous le nom de Kholmen. Un nom étrange, pour un être étrange. C’était un banni, un éternel paria ; un mélange.
Sous le masque d’un visage impassible, nul ne pouvait trouver sa véritable nature. Trop petit pour être Humain, trop grand pour être Nain, il avait une courte barbe bleutée, qui ne cachait qu’imparfaitement ses oreilles légèrement aiguisées en fuseau. Il se fit appeler Seigneur ; nul ne sut jamais de quoi il était Seigneur.

Il voulait se faire bâtir un manoir. Dans les montagnes, quelque part… Nul ne savait vraiment où. Et, pour ce faire, il avait besoin des meilleurs artisans.

Les Nains sont fort réticents, et suspicieux, surtout devant de tels étrangers drapés de mystères tus. La chatoiement des pièces d’or fléchit quelque peu la méfiance naine, mais ne sut en venir à bout. On le trouvait trop étrange. Trop grand. Trop silencieux.
Il voulait les meilleurs artisans, mais aucun n’était prêt à se risquer dans pareille équipée. Et d’abord, dans quelle montagne allait-il ? Et n’était-il pas un peu mage, avec ses grands habits couleur de nuit ?
Des murmures s’élevèrent. Il y avait quand même un joli magot. Mais il y avait des risques. Quelques voix nommèrent Dun Thor. C’était un très bon Bâtisseur. D’autres nommèrent Dun Eyr. Lui aussi, c’était un grand maître de la pierre. Et aucun des deux n’avait peur de partir. Ici ou ailleurs, chez les Nains ou les Humains, montagne ou océan, tout ce qu’ils voulaient, c’était œuvrer, et créer.

L’étranger sourit doucement, et s’éloigna vers les galeries des chalands.

Le lendemain, il s’en fut. Les deux jumeaux le suivaient, portant simplement leurs outils de taille ; sa lourde pioche d’acier pour Dun Thor, son maillet et son ciseau des roches pour Dun Eyr. Comment les avait-il convaincu ? On murmura encore. Il avait dit à l’un qu’il voulait quelque chose de grand. Il avait dit à l’autre qu’il voulait quelque chose de beau.
Ils partirent. Maître Grimlon poursuivit seul, et maintint un commerce honorable, bien qu’il eût perdu en style, dit-on. D’autres Bâtisseurs vinrent, les mineurs repartirent au travail. On oublia en fait bien vite les deux frères.

Ils avaient maintenant quarante-sept ans tous les deux. En mineurs invétérés qu’ils étaient, ils n’avaient jamais pris la peine de remonter des profondeurs d’Almia, pour voir à quoi ressemblait la surface de ce monde. Quarante-sept ans dans la poussière de roche marquent sensiblement les corps, surtout les yeux. Lorsqu’ils émergèrent du tunnel de surface, la lumière se déversa à grands flots laiteux entre leurs paupières surprises ; à peine entrevirent-ils, au loin, le miroitement du Nivor, puis les assauts de la lumière terrassèrent leurs prunelles obscurcies.
Ils marchèrent beaucoup, dormirent peu, ne virent rien. Lorsque le Soleil déclinait, et que s’amorçait la course lunaire, leurs yeux
recouvraient une certaine acuité, et pouvaient distinguer les plaines rocailleuses de leur voyage. Ils cheminaient un peu dans le crépuscule, parfois, savourant l’air nocturne, et ses titillements inconnus jusqu’alors. Puis, lorsque la Lune s’élevait par-dessus les nuages, l’étranger s’arrêtait, et ils s’endormaient.
L’étranger… ils n’apprirent rien de plus sur lui durant ce périple. Il parlait peu, marchait en silence, et vite ; souvent, ses longues jambes le forçaient à attendre les Nains dépassés, qui devaient avancer à l’aveugle, se fiant à leur dextérité de montagnards pour ne pas trébucher sur les cailloux acérés du sol sec. Ils allèrent ainsi Sud-Est, puis, le lendemain, tournèrent au Sud.
Le deuxième jour, leurs yeux purent commencer à défier la blême clarté du jour resplendissant. Ils devaient boire beaucoup pour endurer une marche sous l’ardeur du zénith flamboyant ; mais l’étranger, à tout moment, savait faire jaillir des replis de sa cape une gourde d’eau fraîche.
Apparemment, ses racines Naines étaient éteintes, car il semblait ne rien boire d’autre que de l’eau de source…
Le troisième jour, les montagnes se rapprochèrent, le chemin se fit plus pentu, et plus hérissé encore de rochers traîtres. Rien ne fit ralentir l’étranger – mais le pied sûr des Nains leur permettait de bondir à flanc de montagne sans l’ombre d’une hésitation.
Au soir du troisième jour, l’étranger s’arrêta soudain, se retourna vers les Nains, et déclara simplement :
- Nous sommes arrivés.

La lumière faiblissante du Soleil mourant permettait encore de voir clair – et les yeux nains savaient de toute façon percer le voile de la nuit – mais ni Dun Thor ni Dun Eyr ne surent dire où ils étaient arrivés, ou bien à quoi. Devant eux se dressait une montagne, un peu petite et affaissée à gauche, levant ses deux pics inégaux vers les nuages. Elle déployait une large base écrasée, qui s’effilait vite dans les hauteurs du ciel, lui conférant une étrange silhouette artificielle. Alentour, d’autres montagnes l’entouraient, plus ou moins renfoncées, de sorte que rien ne distinguait celle-ci de ses semblables – sauf les deux pics vertigineux qui coiffaient son sommet.
Dun Thor osa prendre la parole :
- Qu’est-ce que c’est ? grogna-t-il.
Sa voix n’était plus habituée à parler, et s’était transformée en un murmure rocailleux.
L’étranger sourit.
- Mon manoir, répondit-il simplement, avant d’ajouter : lorsque vous l’aurez taillé.
Il n’en fallut pas plus pour les deux artisans. Ils allaient devoir creuser cette montagne pour l’étranger. Leurs quatre yeux l’examinèrent rapidement, jetant un regard aguerri sur le matériau. C’était grand, et pouvait devenir beau.
L’étranger s’assit en tailleur, un inaltérable sourire aux lèvres, et murmura :
- Bon courage, Maîtres Nains.

Dun Thor partit aussitôt à l’assaut de la roche, malgré le crépuscule naissant. Il ne vint s’effondrer sur sa paillasse que deux longues heures plus tard, ayant déjà entamé le flanc droit du rocher.
Dun Eyr, lui, se coucha face à la montagne, plongeant dans un état de veille somnolente ; derrière ses yeux à demi-clos passaient des projets et des plans échafaudés à toute vitesse, qui s’emmêlaient dans l’écheveau de ses rêves nocturnes, et s’évanouissaient dans les replis de l’oubli.
Le lendemain matin, dans les faisceaux de l’aurore, les deux Nains étaient à pied d’œuvre, l’un taillant, l’autre traçant au ciseau des repères dans la roche. L’unique bruit alentour était le murmure lointain des oiseaux que colportait le vent de midi.


IV. Crépuscule.

Les deux frères n’avaient jamais œuvré ensemble au même projet. Ils se donnèrent un temps l’illusion de ne rien changer, de travailler comme toujours ils l’avaient fait, chacun de leur côté. Mais les masques tombèrent bien vite.
Dun Thor était fier, incommensurablement fier. Il entreprit de travailler à une cadence proprement intenable, taillant la pierre comme jamais il ne l’avait fait, bondissant sans cesse jusqu’à l’étranger pour vider des gourdes d’eau glacée au fond de son gosier desséché. La sueur ruisselait sur son front tendu, et les manches de sa cotte étaient détrempées à force d’essuyer de telles marées.
Ses efforts payaient. Et chaque soir, lorsque s’effondraient les rayons du soleil, Dun Thor éprouvait une joie délectable à contempler l’étendue de son ouvrage, à côté des quelques tracés que son frère avait ébauchés. Dun Eyr tenta de demeurer impassible. Au début, il parvint à se maîtriser, maintenant le monde de silence et de retenue appliquée qui l’a vu bâtir ses grandes fresques de pierre. Mais l’orgueil de son frère obscurcissait ses esprits, enténébrait ses idées, brouillaient ses lumières. La fureur avait commencé à percer en son cœur.

Au quatrième jour d’œuvre, quelques pans de mus épars avaient jailli de terre, et brisaient l’irrégulier contour de la montagne par des tracés rigides et rectilignes. Dun Thor travaillait à une vitesse phénoménale, sous l’œil énigmatique de l’étranger. Celui-ci ne semblait pas gêné le moins du monde de demeurer assis sur le sol aride depuis quatre nuits. Il se contentait de demeurer là, fournissant des gourdes d’eau lorsque la soif venait, quelques fèves sombres et fort nourrissantes lorsque la faim surgissait, et souriant, souriant perpétuellement. Tous les jours, lorsque le Soleil retombait du zénith, l’étranger s’éloignait de la montagne, et disparaissait derrière les
collines proches, vers l’Ouest. Peut-être allait-il chasser – bien qu’ils ne virent que peu de gibier sur ces terres de montagnes – ou se livrait-il à des rites mystérieux. Mais ainsi, les gourdes et les fèves ne venaient jamais à manquer. De toute façon, les Nains ne se préoccupaient pas de lui.

Devant l’avancée prodigieuse de Dun Thor, Dun Eyr s’abandonna au ressentiment, furieux de croiser sans cesse le regard plein de morgue de son orgueilleux frère. Grimpant avec agilité au moins haut des deux pics – qui s’élevait toutefois à bonne hauteur, comme une interminable rapière effroyablement aiguisée – il entreprit de le tailler. Il y mit plus que son talent ou bien son art : Dun Eyr y déversa toute sa fougue, sa colère et son orgueil, creusant dans la roche des motifs inhabituels. Alors qu’il était coutumier d’arabesques enchanteresses et de courbes harmonieuses, c’étaient là de terribles éclairs, des vagues déchirées, des dentelures d’acier qui jaillissaient sous la colère de son ciseau. Il œuvra toute la journée et, alors que les premiers rayons du soir projetaient leurs ombres rougies sur le monde, ce n’était plus un pic qui s’élevait vers les cieux, mais un promontoire sculpté, une effroyable stalagmite couturée de symboles barbares et brutaux. Toute la haine de Dun Eyr s’était déversée sous les coups de son maillet, au fil de son ciseau.
Et ce soir-là, ce fut lui, Dun Eyr, qui lança un regard d’orgueil brûlant à son jumeau de sang.

Au matin, le Soleil naissait à peine que Dun Thor était déjà affairé à briser la roche sous la force de sa rancœur. Son frère avait prouvé sa valeur sur le premier pic ; l’autre, le plus grand, revenait de droit à Dun Thor.
Il n’hésita pas un instant, et bondit jusqu’à la naissance de cette terrible lame fichée en travers des nuages, qui se poursuivait bien
plus haut dans le ciel que son semblable. Même pour un pied de Nain, le terrain était ardu, et le pari risqué. Mais Dun Thor était au-delà de la notion de danger : il avait été blessé au plus profond de lui-même, et entendait réparer l’affront. Qui était le vrai bâtisseur, qui était le véritable héritier de Bynknard ? N’était-ce donc pas lui, Dun Thor, le premier des deux fils ?
Ce jour-là, Dun Eyr ne tailla pas. Assis en tailleur, à côté de l’étranger, il observait son frère Dun Thor. Un sourire de défi collait à ses lèvres, et son cœur cognait violemment dans ses entrailles. Même l’étranger avait quitté son sourire mutin, et suivait avec passion les mouvements endiablés du Bâtisseur. Ce jour-là, il ne se leva pas après midi. Ce jour-là, il fixa sans relâche Dun Thor.

Le mineur était fou. Aveuglé par sa rage, il taillait à tout rompre, balançant avec une force terrifiante sa pioche contre l’aiguille de roche, ses bras parcourus de terribles tremblements à chaque impact, tout son corps vacillant au-dessus du vide, prêt à sombrer. Ses deux pieds, fichés dans des encoches hâtives, se dérobèrent plus d’une fois sous lui, glissèrent, et manquèrent de le précipiter dans le vide escarpé. Dun Thor s’accrochait alors à sa pioche, profondément encastrée dans les failles de la pierre, et repartait aussitôt au combat. Pas une seule fois il ne descendit chercher la moindre goutte d’eau, malgré les cataractes de sueur qui ruisselaient de son corps cramoisi.

Avec le déclin du Soleil, dans le dernier quart du jour, les forces de Dun Thor faiblirent, conjointement aux fureurs de Dun Eyr. Ils se mirent soudain à douter ; une fois, une exclamation de terreur franchit même les lèvres serrées de Dun Eyr, lorsque son frère manqua de se rompre le cou une fois encore. Mais leur fierté les tenait, les corsetait à leur rigueur hiératique. Ils n’étaient plus que peur et remords, mais caparaçonnés d’orgueil et d’inflexible superbe.

Lorsque le crépuscule étendit ses tentacules au travers du ciel, le plus haut pic s’élevait en une savante tourelle crénelée, ciselée à la pioche comme l’eût fait le plus grand Maître Bâtisseur, et parcourue de vaguelettes serpentines qui conféraient à la pierre l’apparence d’une douce étoffe. Mais le sommet, périlleux et lointain, demeurait à peine ébauché, encore incertain. Dun Thor le dévorait d’un regard embrasé.
Dun Eyr aurait voulu se lever, bondir, se précipiter, et crier à son frère de ne pas y aller, que ce n’était pas la peine, que tout était oublié, pardonné, qu’après tout ils étaient frères, et même jumeaux. Mais les lambeaux de se fierté le retinrent dans les griffes du silence.

Dun Thor se coula jusqu’au sommet, portant sa pioche entre ses dents, et entreprit d’y façonner la roche d’une main mal assurée, manquant d’aller se fracasser sur les rochers au moindre mouvement. Une brise vespérale s’était levée, et soufflait insidieusement ses remous sournois contre le pic.
Dun Eyr avait maintenant peur.

Et puis, inévitablement, le pied de Dun Thor oscilla, dérapa, glissa vers l’abîme ; inévitablement, ses bras battirent l’air en vain, ses ongles griffèrent la roche polie par les vents, ses yeux se dilatèrent d’horreur ; inévitablement, sous son poids, tout son corps entreprit, lentement, de chuter vers le néant meurtrier.
Le temps gela dans son Sablier. Dun Thor mit des siècles à tomber, évoluant comme une étoile dans l’abîme de la nuit naissante, sa pioche lançant des reflets de constellation audacieuse. Le cri terrible de Dun Eyr – un unique cri, rauque et brûlant – ne lui parvint pas avant quelques millénaires. La voix de son frère tenta de le supporter, de le soulever, de l’arracher à la froide promesse ; mais le corps de Dun Thor passa au travers de la voix, encore surpris de se voir tomber, et réalisant pour la première fois combien les étoiles étaient belles.
Un craquement résonna, et la nuit recouvrit tout.


V. Nuit & Ombres.

Dun Eyr avait quarante-sept ans et il n’était plus rien. Toute vie avait quitté son corps amaigri, ses yeux fatigués n’étaient plus qu’un océan de ténèbres entremêlées. Il ne cessait de voir chuter le corps de son frère, et se mit à chuter lui-même.

Les langues en firent un compte, puis un mythe. Parfois, contait-on, une silhouette chenue se présentait aux portes des cités, traversait la nuit dans des effluves de mauvais alcool, et plongeait dans la chaleur bouillonnante des plus sombres gargotes. Les ports grouillaient de rumeurs à son compte, les marins en devisaient la nuit, sur le ponton de leur navire, et les taverniers répétaient ce que les capitaines avait ouï dire.

Un Nain, disait-on. Mais avec du sang de Drow, probablement, ajoutait-on aussitôt.
Un pauvre hère, pour certain, une âme gorgée d’alcool.
Un tueur infâme, pour d’autres, une crapule sans morale.
Un démon, pour les troisièmes, une bête de sorcellerie.

Durant plus de soixante longues années, la légende enfla, gonfla, se tuméfia.

Il était le Nain-sans-nom, l’Eternel Errant, l’Oublié, le Naufragé…


VI. Renaissance.

Ce fut à Meca qu’il le retrouva. Là, dans les volutes putrides d’une taverne dévoyée, il le reconnut. A grande peine, cependant. L’alcool avait ravagé son visage, le vin coupé d’eau de mer avait embrumé ses paupières tombantes. A à peine plus de cent ans, il semblait accuser deux siècles chargés dans ses chairs ravagées. Mais nul doute, c’était bien lui, Dun Eyr, le Maître Ciseleur d’antan.

Il se tailla un chemin jusqu’à la table de Dun Eyr l’ivrogne, Dun Eyr l’oublié, Dun Eyr le déchu. Il prit une chaise au dossier fendu, la tira vers le bougre somnolent, et s’assit. De vrai, cette épave empestait.
Toutefois, il avait fait un grand voyage, un long périple depuis ses chères montagnes naines. Il avait passé par Kilgar, Lante et mille
autres lieux, aussi supporterait-il bien quelques odeurs nauséabondes pour ce soir.
- Dun Eyr ? s’enquit-il.
L’être grogna, se répandit un peu plus encore sur la table croulante.
- Maitre Dun Eyr ? reprit le visiteur.
L’apostrophe « Maître » arracha un rire gargouillant à l’ivrogne. Depuis combien de temps ne l’avait-on pas nommé « Maître » ? D’ailleurs, l’avait-on jamais nommé « Maître » ?
Rassemblant ses forces imbibées, Dun Eyr souleva une paupière tremblotante, la referma ; il secoua vaguement sa tignasse hirsute, souleva l’autre paupière, écarquilla la pupille, la referma.
- Qui… toi es ? grogna-t-il d’une voix gutturale et râpeuse, dans des effluves nauséeuses.
Le visiteur sourit doucement, et se pencha pour répondre à mi-voix.
- C’est moi, Maître Dun Eyr. Grimlon. Grimlon d’Almia.

Cette nuit-là, le port mal famé de Meca résonna des gargouillements d’un Nain qui vomissait. Il vomissait soixante-sept années d’alcool torve, de tord-boyaux frelaté, de houblon moisissant.
Et, à ses côtés, un peu désemparé, un vieil ami, Maître Grimlon, lui tapotait gentiment dans le dos.
Cela allait s’améliorer, maintenant. Maître Dun Eyr était retrouvé.


VII. La Fournaise.

Grimlon et Dun Eyr ne retournèrent plus à Almia. Les sombres mémoires de Dun Thor y planaient encore, dans les galeries profondes, dans le fracas des pioches rebondies.
Le Nain mena son ami retrouvé à Kirgan, au plus profond des galeries souterraines, dans les tunnels oubliés. C’était le repaire des fous et des maniaques, des Nains à l’esprit distordu, et qui ne vivaient que pour creuser d’avantage la roche. Il y avait là, également, quelques forges poussiéreuses, que les maîtres armuriers avaient oubliées. A peine quelques patrouilleurs venaient-ils encore ici, mais la Garde ne se déplaçait que rarement ; de toute façon, nul ennemi ne pourrait venir de là, et les galeries mal étançonnées auraient eu raison du moindre intrus.

Aussi Dun Eyr fut-il surpris de trouver là, auprès d’une forge rallumée, un petit cercle de Nains roussis par la chaleur, qui s’activaient sur les fourneaux à airain. La chasse au rat ne leur suffisait probablement pas pour survivre, et certains devaient tremper dans quelques réseaux de contrebande de bétail. Dun Eyr n’y songea pas même un instant. Une lourde rune avait attiré son regard ravivé, dessinant les boucles élégantes d’un grand « L ».
- Lirgan, murmura Dun Eyr, abasourdi.
- Il paraît, sourit Grimlon en retour, il paraît qu’il aurait façonné le métal et la pierre ici-même, sur cette forge. C’est peut-être faux, mais cela n’importe pas. Nous sommes tous ici pour Lirgan, pour son art.
Et il ajouta :
- Et tu as bien mérité d’être des nôtres.

Les décennies suivantes furent enfiévrées pour Dun Eyr. Tout comme son vieux compagnon Grimlon, il prit la robe des Prêtres de Lirgan, et obtint rapidement les honneurs du Temple. De ses mains calleuses jaillirent des bijoux, des frontispices, des colonnes et des pierreries, couplant le doigté de l’orfèvre à la force de l’excavateur.
Le décès du Haut-Prêtre Kuln Khar, après deux cents quatre-vingt-dix-sept années d’une vie de dévotion totale à Lirgan, ne fut pas accueilli avec tristesse, car tous savaient que, dans les brumes de l’au-delà, Kuln Khar forgeait désormais aux côtés du Grand Maître Lirgan lui-même.
Chacun des prêtres fut appelé à façonner un chef-d’œuvre, pour prouver de sa valeur dans la communauté de Lirgan. Aucun ne surpassa en génie Dun Eyr le Ciseleur qui, courbé sur sa pierre, prostré dans les rêveries parfumées d’une transe louvoyante, fit jaillir de la rugueuse roche une prouesse hors-normes, une courte arbalète et son carreau, parcourus de runes fines ou nébuleuses. Ce joyau de balistique et de sculpture, robuste comme le granit et souple comme l’érable, propulsa le jeune Dun Eyr, à l’aube de sa cent-trentième-neuvième année, à la fonction respectée de Haut-Prêtre de Lirgan, à la suite de Kuln Khar.

Bien que réservé et mesuré, Dun Eyr ne se montra pas inactif. Il poussa la confrérie à l’édification d’un nouveau Temple pour Lirgan, situé au plus profonds des galeries inférieures – Temple qu’il réalisa lui-même en grande partie.

Dans les ultimes galeries de Kirgan, Dun Eyr veille, menant le culte de Lirgan avec volonté et tempérance, et perpétuant l’œuvre du Maître dans les jours nouveaux…



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MessageSujet: Re: Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan   Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan I_icon_minitimeLun 19 Avr 2010 - 8:35

Que dire? ...

Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan Tampon13
Like a Star @ heaven Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur !
Like a Star @ heaven Inventaire ~ Pour suivre ton évolution {obligatoire}.
Et enfin, si tu as des question, n'hésites surtout pas à demander de l'aide à un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
Like a Star @ heaven Lois des Nains ~ Pour montrer ton allégeance (ou pas) au Roi
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MessageSujet: Re: Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan   Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan I_icon_minitimeLun 19 Avr 2010 - 18:17

Wahou... Que d'honneurs !

Merci beaucoup Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan Fresse
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MessageSujet: Re: Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan   Dun Eyr - Haut Prêtre de Lirgan I_icon_minitime

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