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 Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]

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Dun Eyr
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MessageSujet: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 10:16

Dun Eyr n'aimait pas cela.
Pas du tout, même...

Voici que s'étendaient à perte de vue les Terres Stériles, plaines vides de tout, avec du néant pour seul horizon. Quelques arbres morts et calcinés par les parasites gisaient entre les crevassas du sol, craquant comme des os lorsque soufflait un vent charrié de l'Est.
Dun Eyr huma la terre, et cela avait une horrible odeur. Un sol froid, déjà mort, et pas même rongé par les rats. Aucune pierre là-dessous, à peine quelques gravats gelés, et pas l'ombre d'un tunnel ou d'un terrier de lapin.
Le cœur du Nain se resserra sourdement. C'était bien la première fois que ses yeux se posaient sur une terre aussi morte, aussi déchue. Rodmin le Bâtisseur lui-même n'aurait su excaver la moindre arcade, la moindre voûte, sous ces plaques de croûte terrestre en lambeaux desséchés.
Le Haut-Prêtre frissonna, et promena son regard alentour. Une forme de poussière grisâtre, lourde de fatigue, planait mollement sur ces terres, jamais dissipée par la faiblesse des vents, et tout s'enténébrait d'une chape de pénombre sourde. Une armée en campagne aurait pu l'encercler dans ce désert sans fin que Dun Eyr ne l'aurait pas même remarquée.

Comment se pouvait-il donc que Lirgan le Céleste fût venu jusqu'à ces contrées dévastées ? Quelle folie avait pu s'emparer de l'esprit du Ciseleur pour le traîner jusqu'aux Terres Stériles ?
Dun Eyr avança de quelques pas encore, les yeux rivés sur le Soleil fade qui, sur ce sol pris par la mort, dardait avec peine quelques rayons mourants. Si donc Lirgan avait poussé sa marche jusqu'ici, il devait bien s'y trouver une raison impérieuse... et le Haut-Prêtre découvrirait bien laquelle.
S'accroupissant, Dun Eyr posa ses bras courts sur ses genoux repliés, et laissa la maigreur de la brise lui effleurer la barbe. Celle-ci papillonnait au moindre souffle, comme en alerte, tourbillonnant dans le silence froid de ce monde perdu.

Alors, les yeux fixés sur l'abîme stérile de ces lieux, le Nain se laissa aller à songer, et à attendre.


Dernière édition par Dun Eyr le Mar 7 Déc 2010 - 23:34, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeLun 5 Juil 2010 - 2:34

Ce n’était pas le décor vague de cette plaine infinie qui attira l’attention fatiguée du disciple du dieu sculpteur, ni même la contemplation vaine d’une lune obscurcie par une poignée de nuages à l’aspect anormal, famélique et étonnamment noir. Non. Ce fut la créature que vomirent les lambeaux des cumulus, la créature, ardente comme le feu, qui se dégagea de la robe mortuaire d’un astre blanchâtre et pâle pour aller s’enfoncer dans l’horizon torturé des plaines stériles. Le grand être rougeâtre, sous la forme d’un phénix immense, entamait son vol avec grâce et lenteur, minuscule lueur criarde dans cet environnement si sombre, tache de lumière brillante engoncée dans ce voile noir.

Peut-être était-ce cela, cette force impérieuse qui avait poussé le haut-prêtre si loin de ses montagnes du nord. Ce grand aigle d’énergie, perçant la noirceur d’une nuit sinistre, volant vers la destination de son périple. Comme hypnotisé, le nain se releva et se dirigea vers ce rêve fait oiseau. Il délaissa le tronc rachitique qui servait de trône à son auguste séant pour donner la chasse à cet animal légendaire. Suivant le chemin du phénix qu’il contemplait, les yeux tournés vers la nuit, il le vit disparaître derrière une côte molle qu’il franchit en trébuchant quelque fois, ralenti par un terrain traîtreux et rendu dangereux par la luminosité faiblarde. Une fois au sommet de cette dernière, il put observer l’oiseau foncer vers un curieux tertre et, au sommet de cet amas pierreux si unique dans cet environnement dénué de bonne rocaille, s’embraser dans un hurlement que l’on n’entend qu’au cœur d’une fournaise. Quel tertre insolite ! D’une taille considérable, il était, autre spécificité, entouré d’un cercle de flammes qui éclairait cet étrangement encaissement dans lequel il était sis.

Plus le nain s’approchait, plus il distinguait des silhouettes autour du mur de feu, errant autour de lui avec une lenteur indolente ou gesticulant au plus près des flammes. Du phénix, il n’y avait plus aucune trace, comme s’il était mort pour se redonner la vie quelques temps plus tard, sur ce tertre fait nid. Ou peut-être avait-il rejoint l’intérieur de l’étrange antre, dont on voyait une lumière jaunâtre sortir des interstices de l’amas de pierres.
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeJeu 8 Juil 2010 - 7:56

Au troisième jour des errances de feu
Vint s'embraser Mogar aux mordantes nuées
Sur l'étincelle des bleues rêveries.
Au troisième jour des errances d'ombre,
Vint Lirgan, Lirgan Trouble-Larme, sur les braises
S'écarteler de la hache du Fou.
Au troisième jour des rêveries de songe,
Vint des cieux blonds l'ombrageuse colère
D'une Météorite...



Le Nain contait le Lai des Jours Anciens, et la beauté interrompit le Nain.

Sombrant depuis la voûte céleste empanachée de pourpre, une terrifiante masse de braises et de cendres rouges chutait vers le sol, poing replié des démons, pour aller s'écraser dans le sein de la terre. Et c'était là une terrifiante collusion des plus embrumées des clartés : partout, l'air jaillissant se mêlait à la flamme des splendeurs, et la terre tressaillit dans les abysses du temps pour l'effondrement de cette furie.
La Météorite.

Un instant, et Dun Eyr fut sur ses pieds, la barbe au vent, la passion au cœur, bondissant comme le plus agile des bouquetins de Nord sur l'inégale déchirure du sol. La terre avait beau se craqueler, se fêler et s'éventrer sous ses pas, jamais le Nain ne faillit à bondir, à jaillir vers le tertre à la roche de feu.
La montagne aux pierres équarries dressait sa haute flamme sur cette terre désolée, et il n'était que le brouillard fumeux de ces contrées pour en avoir jusqu'alors dérobé la vue à Dun Eyr. Mais quelque cercle de feu ravissait l'assise du tertre aux yeux du Nain, et de ses fiers bras venait lécher le visage de l'intrus. Les plus illustres Généraux du Bastion eussent donné mille de leurs Hommes pour un tel rempart aux contreforts embrasés, tant la muraille semblait infranchissable aux courtes jambes du Nain à l'œil fébrile.

Il eût été des jours où, méditant sur les flammes et leurs dévorantes tentacules, Dun Eyr aurait plongé en ses propres abysses pour concentrer l'énergie des Dieux. Sous le souffle de Briessa ou les lourds pavois de Rodmin, les bottes du Nain auraient traversé les flammes dans la caresse d'une nuit d'été. Mais à ce jour, le tertre déversait sur les cieux embrunis des langues brûlantes de souffre brumeux, entaillant les cieux sans âme d'une balafre de sombre forge par panaches tempétueux de fumées vomies. Et il y avait l'appel, ce voile brûlant de la terre, et d'entre les mémoires du Nain revenait le Lai des Jours Anciens...


Au troisième jour des errances de sang,
Vint s'effondrer le couperet sangle-haine
De Mogar Braise-Paume sur Lirgan aux longs espoirs.



D'un élan de passion, les bottes ferrées raclèrent le sol de terre crevassée, soulevant dans les airs la rude silhouette de Dun Eyr. Vaines incartades que les flammes élevées, lorsque la robe vint à claquer par-dessus leurs emprises pourpres. A peine la tunique du Nain fut-elle roussie aux entournures, mais déjà le voilà bondissant, dévoré d'envie, qui se précipite au rebord craquelé du tertre de feu.

Alors, entaillant les fumées ocres de ses yeux lunaires, Dun Eyr plongea dans l'antre du météore un regard embrasé.
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeVen 9 Juil 2010 - 2:34

Spoiler:

Voilà notre Nain qui s’enfonçait dans les tréfonds de la terre. Mené par un chant vieillot, prophétie de bardes affamés, il s’enfonça dans l’antre, sous le regard blanc des sauvages qui jonchaient les alentours du mur de flammes. A peine roussi par l’épreuve, le courageux émissaire de la petite-race découvrit dans l’obscurité du tertre un trou sans fond d’où luisait un air rougeâtre et brûlant, digne fils d’une fournaise divine. Descendant deux par deux des marches grossièrement taillées dans la roche, il dévorait la pente hasardeuse avec l’allant d’un jeune homme, n’offrant pas un seul coup d’œil aux gravures de roches qui se dessinaient sur les murs inégaux de ce long escalier. Et pourtant, ces volées d’escaliers, ces séries de dessins mordant la roche sauvage, une race avait dû les concevoir et les former.

Quelle antique civilisation, à présent morte, avait pu découvrir cet effleurement de feu liquide qui coulait au fond de ce puits ? Ce peuple éteint avait donc creusé jusqu’à la source de chaleur qui commençait à faire suer à grosses gouttes notre entreprenant petit héros, marqué la pierre de leur histoire, comme les nains ont pu le faire. Et plus Dun Eyr s’approchait de l’inferno souterrain, plus les traces de cette race était visibles. Cà des colonnes ruinées, là des autels basculés et des coffres en miettes. La course vers les flammes continuait, le souffle chaud se faisait mordant. Et tout à coup, des silhouettes partagées entre l’ombre de la grotte et la lumière du feu se dessinaient. Entourant une créature massive, les hommes que Dun Eyr avait remarqué tout en haut, à l’entrée du tertre, le toisaient de leurs yeux sans pupille ni iris, observant de leur regard blanc le petit intrus. La grande créature, quant à elle penchée au dessus de la source de la souffle infernal, n’esquissa pas le moindre mouvement. D’ailleurs, était-ce une créature ou une statue ? Peut-être un golem d’acier mort depuis des siècles, recouvert d’un fer rouge et d’une figure aussi grotesque et que terrible. Pourtant, après une minute d’un silence pesant, ce gros machin se mut lentement, lourdement pour se tourner vers l’invité. Alors, dans un nain antique et grossier, le masque rouge laissa résonner un timbre grave qui dit.

« Bienvenue à toi, Mon enfant. »
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeDim 5 Déc 2010 - 22:40

De sombres roches, de brûlantes laves, et les lourdes effluves du magma crachotant. Là où tous se seraient cru damnés, Dun Eyr se sentait comme en son foyer. Etait-il grands dieux possible que là, à quelques jets de hache de ces belles cavernes en feu, les Terres Stériles étendissent leur minable craquelure de désert frigorifié par les astres ? Quelque sortilège avait dû lui être lancé par un petit mage, songea un instant le Nain, car on aurait ici juré de revoir Kirgan et ses rugissantes galeries ; après un éreintant voyage au travers de toutes ces terres sans belle pierre, le Haut-Prêtre souriait à larges dents à ces fiers minéraux de la bonne terre.
Et puis, sur les colosses tombèrent ses yeux. Grandes figures mâchées par le feu et l’ombre, leurs silhouettes burinées jaillissaient hors de le rocaille comme des stalagmites de rude basalte. D’en haut, ils avaient semblé de petits maraudeurs de tombes, quelques croquants poisseux en quête d’un demi-éclat de pierraille ; mais d’ici, c’étaient d’antiques statues, des cyclopes de granitique minerai qui faisaient tournoyer de lourds marteaux entre leurs mains de feu. Et ils bougeaient, parfois ils oscillaient, comme murmurants. Pas des Nains, et certes pas des Hommes ; la fournaise embrasait par trop l’air pour que la race de la Boue se tînt encore là.
Mais lui, le titanesque, qu’était-ce ? Des les forges de la Sixième Profondeur, aux fourneaux d’où les bâtisseurs extraient des herses de citadelle, se trouvent de pareils géants d’airain, qui martèlent lourdement l’acier sous la commande des artisans Nains ; mais il leur faut cordes et poulies, et chaînes de métal, pour manœuvrer le démesuré automate. Or, pour celui-ci, rien de tout cela ; nul filin nulle attache, et seul il se mouvait, majestueusement, pour darder sur le très petit Nain les regards de sa carcasse charpentée. Et voici qu’il l’appelait Mon enfant.

Qu’un de ces imbéciles d’Hommes croit entrapercevoir l’esquisse d’un petit fétiche briller sur un lac, et il ira tout joyeusement se noyer derrière sa chimère ; souvent d’ailleurs, il sourira béatement lorsque l’eau glacée lui broiera le cœur.
Mais l’empressement n’est pas dans la nature des Nains – et quand bien même c’eût été Mogar lui-même qui se serait dressé sur le chemin, que tout bon Fils de la Montagne aurait joué de la hache sur la Divine Cuirasse pour s’assurer que ce n’était pas un tour-malin de petit enchanteur. Les dieux des Nains savent la méfiance de leur Petit Peuple.
Que tous ces autels brisés, toutes ces forges éteintes aient été bâties par une antique race revenue des noires légendes, tout ce vaste théâtre aurait à le prouver à l’esprit du Haut-Prêtre ; et c’est sans l’ombre d’une hésitation que celui-ci s’empara de sa lourde arbalète enchantée, pour élever vers l’une de ces statues le carreau runique toujours encoché.
Une large bouffée crépita hors de la lave, mais Dun Eyr n’y prêta pas un regard ; il épaula, et tira.
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeDim 5 Déc 2010 - 23:58

L’effet fut immédiat. Le carreau voleta gaiment vers sa proie et vint s’enfoncer avec fracas dans l’armure rougeâtre puis la peau noirâtre de l’apprenti dieu. Happé par la douleur, ce dernier tomba à genou, et hurla. Non pas un hurlement humain, ou une souffrance naturelle. Les cris s’accompagnèrent d’une déflagration étourdissante. Et après les éclairs qu’avaient fait naître le carreau contre l’acier magique du sorcier noirelfique, ce fut au tour des flammes de rejoindre l’ensemble pyrotechnique mise en œuvre pour ce pantomime gâché. Baoht, le trait mordant son épaule, se mit à luire. Son armure scintilla, dégagea une lumière rouge aveuglante avant de s’embraser littéralement.

La pénombre de la grotte en prit un coup, et à la lueur chiche de la marre de lave qui auréolait le lieu d’une atmosphère lourde et mystique se substitua la luminescence d’un soleil mourant. Tout semblait brûler dans cette caverne. Les flammes qui attaquaient le faux dieu commençaient à se répandre aux alentours, dévorant le chemin de pierre, progressant avec une rapidité contrenature. Les sbires de Baoht, agités par cette attaque inopinée du petit homme, se lancèrent bientôt à sa poursuite. Certains dégainèrent des cimeterres aussi exotiques que mortels tandis que d’autres faisaient naître à l’aide d’un sabir inconnu des feux dans leurs paumes. Les brasiers furent innombrables, plurent sur le nain, le pourchassèrent maladroitement. Les colonnes s’animèrent soudainement, accompagnées par leur cortège d’ombres fugaces et torturées.

Et pendant que la grotte prenait vie pour protéger son seigneur, ce dernier, agenouillé et crachant des gerbes d’un sang enflammé, continuait à brûler. Cela faisait des années qu’il n’avait pas été blessé. Personne ne faisait ça à un Himrelth, pas même un nain ! Surmontant sa douleur, il finit par se relever de toute sa hauteur pour contempler son contempteur et, dans un cri de colère surnaturelle, maudit l’aventureux petit nain. [b]« Sois damné, naugrim, je te ferai payer cet affront, sois-en sûr ! »[b] rugit-il dans ce nain antique et chantant qu’il parlait. Cette aimable déclaration fut suivie par une sorte de conflagration mystique, un écho divin qui parut faire trembler la grotte toute entière. Une vague de rages envahit les couloirs et les gouffres, s’enfonça dans les trous et les salles de cette ancienne cité troglodyte. Elle semblait palpable, et les serviteurs de Baoht, conquis par cette chaleur malsaine qui avait projeté le cri de leur maître, s’animèrent d’autant plus. Ils criaient à leur tour, insultaient le nain et couraient à sa rencontre avec une hargne décuplée.

L’esprit même de la grotte semblait être réveillée par la haine du vieux sorcier drow, car on put sentir les murs frissonner et entendre la lave bouillir, croître, s’élever.
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeLun 6 Déc 2010 - 1:07

Si Dun Eyr n’avait pas été aussi prêt d’être rôti par tout un volcan ravageur, peut-être aurait-il pu se souvenir du nom de cet obscur sage Nain qui avait énoncé : Il y a un temps pour chaque tâche : une heure pour le bière, une autre heure pour la hache, une dernière pour les Dieux. Et visiblement, ce brave philosophe de Nain n’avait jamais quitté la pénombre de sa grotte, il aurait alors revu en profondeur sa sentence. Car il est également un temps pour détaler à toutes guibolles, comme une chèvre poursuivie par les ardeurs d’un Troll.
Sans demander son reste, le Nain fit volte-face et s’en fut à prestes enjambées, alors que le brasier sur ses talons foudroyait les airs avec la puissance d’un petit soleil ; quelques rocs embrasés sifflaient en tous sens, et la pierre volait en éclats brûlés sous ses bottes bondissantes. Voilà notre majestueux Haut-Prêtre sous la montagne, seigneur de gravité et baron de sagesse, qui clopine à tire-d’aile dans les cavernes embrasées. Bien sûr, les fiers Nains n’ont jamais peur – Dun Eyr était tout simplement terrorisé.
Les Nains sont petits, c’est un fait ; et Dun Eyr est, parmi ses semblables, de loin l’un des plus ramassés. Qui plus est, il est comme tout le Petit Peuple un rude coureur, ardu à distancer sur la terre. Malgré tout cela, et malgré la chance habituelle de ce Haut-Prêtre plutôt aventureux, les lois du hasard laissent tout de même peu d’espoir à un Nain poursuivi par douze artilleurs fous qu’il en réchappe indemne et à peine roussi aux entournures. Et cette folle débandade n’y coupa guère, puisque dix pas n’avaient pas été parcourus qu’un large roc en fusion, sifflant comme un météore, vint s’écraser sur le dos du Nain et projeta le petit être contre la rocaille du sol. Tournebouler douze mètres durant sur la poussière volcanique eut pour effet bénéfique d’éteindre l’incendie naissant qui venait lécher la cape et les robes de Dun Eyr, mais le Nain accumula tant de poussière dans ses yeux qu’il ne vit plus rien – il ne put donc voir la lourde masse d’un des guerriers qui lui impactait le poitrail, mais l’atroce douleur dans ses côtes suffit amplement à lui faire comprendre la situation. Le Haut-Prêtre roula sur lui-même, pour mieux subir un vaste choc dans son dos déjà roussi par les flammes. Et alors, il comprit.
Il comprit que ce terrible automate de basalte, entouré de sa légion de sbires fous, n’était pas un simple plaisantin doté de quelques tours de magicien ; il comprit que cette grotte de volcan n’était pas une petite anfractuosité née de l’érosion, mais l’œuvre de bien plus grandes créatures émanées des profondeurs du temps jadis ; et il comprit que ce terrible conquérant qui déchaînait sur lui ses soldats n’était pas un simple pillard engoncé dans une lourde armure, et que sa destinée souriait aux étoiles. Et il comprit que décocher son carreau avait bien été la plus regrettable des bravades, car on ne fait pas feu de tout bois sur les dieux – et Mogar l’Ombrageux n’apprécie pas que l’on écorche sa Cuirasse.
Les flammes et les guerriers, les bretteurs et le volcan ; quel imbécile de Nain avait pu être Dun Eyr, pour oser défier un Divin revenu en son temple de basalte. Tout son magot d’or et de joyaux ne suffirait jamais à faire réparation d’un tel affront aux Célestes.

Lorsque les lourdes pognes de granit firent main-basse sur Dun Eyr, il ne se débattit pas un instant ; même, il tendit ses propres bras, comme pour s’accrocher aux ravisseurs qui le ramenaient au cœur de la montagne, et c’est à genoux qu’il rampa sur le sol de poussière quand les servants l’eurent recraché aux pieds du Terrible Guerrier.
Il s’inclina plus bas que se serait abaissé le plus servile des Sombres et, la face collée à la poudre noire du sol, murmura :

- Oh, Resplendissant Mogar, Toi qui commande au Feu et à la Lame, daigne accepter le repentir de ton très-humble serviteur.

S’il en réchappait vivant, Dun Eyr se promit de… – les belles promesses attendraient, déjà lui fallait-il endurer la fureur d’un Dieu.
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeLun 6 Déc 2010 - 22:17

Le problème des arbalètes, c’était qu’il fallait les recharger. Et ça, ça prenait du temps. Trop de temps lorsqu’on était pourchassé par une demi-douzaine de fanatiques aux yeux vides (littéralement) et aux cimeterres aiguisés. Pas d’autre option pour le nain que de prendre les jambes à son cou et tenter d’atteindre la sortie. Lequel se jeta dans une course effrénée, poursuivi par les flammèches, les sbires et les ombres de l’antre. Paniqué par ce coup de théâtre carnavalesque, il essayait tant bien que mal de progresser dans cette crypte où un baroque endiablé avait pris la place du conventionnel clair-obscur qui convenait dans ces lieux troubles à l’ambiance vireuse. Certes, la petite créature était dotée d’un fabuleux sens de la survie, comme le démontrait ses jambes, mais à force d’esquiver les incantations et autres boules de feu des Zurthans enragés, il perdit de sa vitesse et fut arrêté net par un éboulis qui bloqua son passage vers l’unique échappatoire que ses pattes avaient pu lui offrir.

Saisi, traîné, le nain, vaincu, avait perdu de sa superbe. Lorsque Baoht vit ses hommes ramener ce gibier de choix, il exulta malgré sa douleur et à mesure que la silhouette du prisonnier se rapprochait de lui, un fin sourire s’élargissait sous le masque grotesque du vieil elfe noir. La souffrance qui l’élançait, combinée à ce spectacle, ne faisait que décupler la rage sauvage qui sourdait du vieux sorcier, résonnant dans une lente violente dans le crâne de ses créatures et dans les recoins du volcan. Savourant cette vue, Baoht apprécia comme on apprécie un bon vin le petit nain ramper devant lui après que ses gorilles l’aient jeté sur la roche noircie par les flammes qui, quelques instants plus tôt, avaient envahi les environs comme si c’eût été un incendie des plaines. Le brasier continuait à vivre, bien sûr. Tout comme la colère de Baoht, les flammes n’avaient pas disparu et continuaient à évoluer sur toute l’armure rougeâtre du seigneur drow. Fait étrange, elles n’avaient plus leur couleur normale, mais elles éclairaient la scène d’une lumière bleuâtre, offrant à la scène un aspect étrange, quasiment irréelle.

Contemplant patiemment ce nain qui pliait l’échine devant lui, le haut prêtre du dieu sorcier finit par rompre le lourd silence qui s’était établi et, plongeant sa main gantée de fer dans la plaie, brisa le carreau dans un geste brusque et un cri de douleur à faire réveiller les morts. Soufflant avec lenteur, le faux dieu empoigna le carreau brisé, qui se consuma comme une brindille, jeta les cendres sur Dun Eyr et répondit d’une voix rauque à la requête de ce dernier.
« Non. »
Sans plus attendre, il ordonna quelque chose dans le sabir de ses sbires, qui commencèrent à s’égayer tandis que, de nouveau, le volcan sembla s’agiter, s’animer. Faisant trembler l’escalier creusé sur lequel il se trouvait, la mare de lave se mouvait, poussée par une force supérieure. Lentement, les ombres s’éveillaient à nouveau, bringuebalées par la lumière de la lave, qui évoluait, tout en bas. C’est alors que Dun Eyr, une fois qu’il eut relevé le chef, put admirer, au milieu du gouffre, un léviathan de lave gigantesque le toisant, un immense monstre né dans le feu liquide qui béait d’un air mauvais devant lui.
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeMar 7 Déc 2010 - 0:01

Bien que bafoué, humilié, traîné dans la poussière, forcé à ramper, enterré sous la honte, roussi jusqu’au poil, un Nain demeure un Nain – c’est-à-dire un être colérique et volontiers brutal, à tendance alcoolique, et pour qui la gloire immortelle relève d’une forme de folie embellie par les mots d’un conteur borgne. Et l’on a beau être en présence d’un Céleste-Dieu-du-Petit-Peuple-Réincarné-sur-Terre-et-passablement-Mécontent, les courbettes poussiéreuses ont un temps. Et Messire Mogar allait découvrir de quel bois se chauffait un Haut-Prêtre sur la Montagne, par la Barbe du Grand Barbu et la Hache du Grand Hacheur !
Tout cela, c’est ce que Dun Eyr se disait en son for intérieur, avant. Avant quoi ? Oh, avant qu’une montagne de lave n’ait résolu de lui faire ressentir ce qu’éprouve le Gobelin lorsqu’un cuisiner légionnaire prépare avec amour pour sa troupe un Gobelin-rôti.
Evidemment, qu’une admirable demi-tonne de magma ait décidé de transformer le Nain en roche volcanique provoquait une révision rapide des plans de ce dernier. La question n’était plus temps de savoir s’il allait s’enfuir en courant, mais s’il résisterait à hurler des cris de terreur ce faisant, ou non.
Malheureusement, quelque grande que fût la cavité où tous ils se tenaient, des armures démoniaques au titan de magma, en passant par le Nain terrorisé et son tortionnaire de Dieu du Feu, une cyclopéenne masse de lave ne peut jaillir vers le ciel-de-pierre sans que celui-ci commence à roussir aux encoignures ; et lorsque l’instrument de destruction embrasée vient lécher la roche de ses mâchoires déployées comme des bataillons entiers de Génies de braise, il est à craindre que la pierraille, toute solide qu’elle fût, ne commence à ployer. Et tandis même que le Nain béait sur l’horrible monstre revenu des temps jadis, ces quelques secondes abasourdies suffirent à la terrifiante étuve pour lézarder aux éclats la roche, et faire voler de ci de là d’immenses pans de magmatique paroi ; certains éperons de basalte vinrent s’effondrer sur le monstre, qui parut en rire ; un autre broya l’une des armures, ce qui n’arracha pas un sourire aux autres servants ; mais le gros de la caverne trouva sa fin juste derrière le Nain hébété, et vint s’ébouler à quelques pas de sa capeline fumante – ce qui, en plus de noyer le malheureux Haut-Prêtre sous une carapace de poussière fumante, lui coupa toute retraite.
Et, malgré le vacarme d’ouragan des craquements répercutés contre les roches, Dun Eyr s’entendit distinctement déglutir. Son gosier desséché fit un sonore gulps.

Il paraît que les Drows, mais aussi les Fils de la Boue, engloutissent chaque année des sommes abasourdissantes pour faire progresser leurs recherches quasi-nulles à ce jour dans une discipline fort méconnue, celle de la psychologie naine. Car il serait bien singulier de percer les secrets des esprits du Petit Peuple, qui peut en un instant faire volte-face d’une humeur à son contraire, passant d’une seconde l’autre de la plus élevée des bravoures à la plus ignoble des ambitions fratricides. Certains spécialistes, même, prétendent qu’à certaines heures de la journée, et lorsque la Lune entre en sa neuvième révolution, les Nains pourraient se désintéresser de leur houblonneux breuvage.
Si jamais ces recherches pouvaient progresser ne fût-ce que d’un pas, peut-être sauraient-elles percer pourquoi, dans cette calamiteuse situation, là où tous les Hommes auraient rejoint leur Dieu par panique affolée et rupture cardiaque, Dun Eyr se redressa soudain et, se détournant des rochers effondrés pour faire face au Grand Mogarinou de pacotille, il trouva la salive suffisante pour cracher de défi sur le sol.
Son arbalète avait depuis longtemps perdu son carreau, et la cire de ses tablettes avait fondu sous la chaleur ; aussi Dun Eyr retroussa-t-il les manches sur ses bras d’excavateur de cobalt, et leva en garde ses deux poings. Les servants pouvaient bien être taillés dans la plus basaltique des roches, il n’est pas de pierraille que les coups de Nains ne puissent faire éclater – il n’y a que des Nains qui retiennent leurs frappes.
Onze armures. Un Nain. Ce serait à n’en pas douter un grand moment de pugilat nanique.

Qu’un seul Nain tente de rosser onze invocations d’airain, cela serait passablement ardu – il aurait fallu trois Nains pour ce combat.
Qu’un rude Nain, même le plus combattif des combattants, aille jouer de la torgnole face à un démon de flammes incarnées, cela alimenterait pour quatorze générations les légendes contées dans les tavernes de Kirgan.
Mais qu’un bon Nain, d’une pogne ferme et brutale, s’en vienne cueillir une de ces armures vengeresses pour venir rabaisser la superbe du Mogar de pacotille par un fantastique épaulé-jeté en plein visage, cela pourrait bien entrer dans les mythes du Petit Peuple. Mourir avec bravoure, c’est une bonne chose pour un Nain.
L’impact de l’armure tournoyante sur la stature du Sorcier produisit un formidable craquement, et un bien long écho.
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Baoht Dal'Serakh'Ahn
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeMar 7 Déc 2010 - 0:59

Encerclé par les sbires du faux dieu, notre cyclothymique de nain décida, cette fois-ci, de faire face, debout, fier et droit. Suant à grosses gouttes, haletant sous l’effet de la chaleur que dégageait la fournaise faite ver méphitique, il se dressait, seul contre tous, seul contre tous, comme un nain devait le faire. Acculé par une meute de Zurthan en furie, il n’hésita cependant pas à rendre la monnaie de leur pièce à ces sicaires de bas étage et, sans attendre que l’un d’entre eux ne le tranchât d’un coup de sabre bien placé, il se mit à distribuer les pains comme le fit, autrefois, ce prophète. Certes la comparaison est mauvaise, puisque ce dernier, on le sait, finit par recevoir le crucifiement que l’on offre à chaque homme acculé, et elle est autrement plus mauvaise que ce fier représentant de la Petite Race, malgré le désespoir qu’inspirait cette situation infernale à n’importe quel être doté d’intelligence, n’allait pas recevoir la sanction que lui réservaient ces sauvages qui lui servaient d’ennemi. Car Dun Eyr était bien au-delà de l’intelligence, vertu très surfaite comme on le sait, puisqu’il avait l’entêtement aveugle qui caractérisait bien sa race.

Sans trop subsumer, on pouvait affirmer qu’à ce moment même, Dun Eyr offrait l’image que méritaient ses farouches parents, celle d’un guerrier plongé au milieu du chaos, enfoncé dans le pire des combats, enlisé dans une boue où l’on pouvait subodorer la fragrance âcre de la défaite. Mais l’instinct nain, se réveillant dans les pires situations, aveuglait le haut prêtre sur l’issue funèbre de son sort, et ce dernier faisait fi de cette réalité bien futile pour offrir à son peuple et à ses dieux ce qu’il pensait être sa dernière lutte. Aussi, plein de panache, il commença à faire parler ses poings noueux, frappant sans répit les humains comme on apprenait aux nains à le faire. C’est-à-dire qu’il cinglait ses derniers au niveau de leur entrejambe, ce qui avait un effet aussi douloureux que systématique. Les portent-sabres de Baoht tombaient au sol comme happés par un diasyrme ravageur ou une libation un peu trop prolongée, c’est-à-dire sur le champ et en ressentant une atroce souffrance parcourir leur corps tremblotant.

Hélas, les techniques ancestrales du peuple nain ne purent avoir raison du nombre, et à chaque noix brisée il semblait en venir deux nouvelles ! Baoht, observant non loin ce spectacle mêlant bravoure et bassesse dans un style parfait, ne put s’empêcher d’exulter. Et tandis que le malheureux sculpteur ploya sous le nombre, le sorcier partit d’un rire démoniaque et accompagné de la danse de ses flammes revigorées par ce fou rire malsain. Cependant, le drow, jugeant un peu trop vite l’issue de ce combat, méjugea les ressources infinies de l’ingéniosité naine. Se croyant hors d’atteinte, il riait tout son soûl, savourant sa victoire un peu tout, jusqu’à ce que Dun Eyr, dans un effort surhumain (sic), fit valdinguer l’un des serviteurs du sorcier noir directement sur ce dernier. Baoht, déséquilibré, fut emporté par le corps de son sbire fait projectile de fortune et recula précipitamment sous le choc.

En deux pas à reculons, les pieds de Baoht ne sentirent plus que le vide sous eux et le pyromant chut de tout son poid dans le gouffre abyssal de cette grotte maudite, rejoignant son serpent de feu en hurlant sa rage dans un seul mot concentrée : « Damnatioooooooooooooon ! »
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MessageSujet: Re: Sur une terre aussi froide... [PV : Baoht] [Terminé]   Sur une terre aussi froide... [PV :  Baoht] [Terminé] I_icon_minitimeMar 7 Déc 2010 - 23:32

L’on a beau avoir envoyé par le fond un Sorcier démoniaque, rejeté dans les ombres une incarnation du neuvième siècle, et ravagé onze sbires de basalte à la force de la pogne, il est des jours où l’on se sent frustré, et à bon droit. Ainsi donc, avoir effondré à demi un volcan et fait trembler toute la Surface Stérile pour longtemps, tout ceci pourrait prendre fin par un magicien-menteur qui culbute au bord d’un gouffre ? Pas la moindre joute verbale, pas le moindre quolibet pour accompagner sa chute sans remontée. Un simple pas qui trébuche, et le tout qui tombe, avec imbécillité ; cela fait simplement boum. Positivement désespérant.
A Dun Eyr passablement brûlé et entouré de fumerolles crépitantes, se posait un cruel dilemme : ce n’était pas tant sa barbe, sa belle barbe d’argent qui roussissait allègrement, ni même ses robes blanc-comme-ivoire qui s’étaient balafrées de grosse suie, mais une toute autre querelle qui accaparait l’esprit du Nain : que conter de toute cette aventure dans les tavernes ? Assurément, pourfendre un Sombre Evocateur est propre à vous conférer une petite once de gloriole – mais triompher en silence, après s’être prosterné dans la poussière, c’était là une cuisante humiliation. Les légendes ne se font pas sans cocasse anecdote.
Les armures démantibulées, la savane de l’étuve, les rocs qui ricochaient comme des grêlons de poids sur le sol craquelé, tout cela n’arracha pas même un regard au Nain. Trois heures, trois longues heures durant, et plus encore s’il l’avait fallu, il trépigna et pesta dans son petit caveau magmatique, envoyant sur la pierre les talonnades de ses bottes. Par Lirgan le Façonneur-de-Rêves, le Haut-Prêtre n’allait tout de même pas conter à ses frères assemblés qu’il avait rossé une tripotée d’armures crasseuse à grands renforts de paluches, tandis même que leur Seigneur-et-Maitre s’empêtrait les petons dans sa chtonienne capeline ? Du gouffre au volcan et du volcan au gouffre, Dun Eyr déambula en bien plus que cent pas, mais plutôt deux ou trois milliers. Trouva-t-il, ne trouva-t-il pas son embellissement propre à le faire entrer de plein droit dans le panthéon des contes de taverne ? Seules les mineurs cirrhosés de Kirgan le sauraient, lorsque quelques mois de voyage auraient ramené le Nanique aventurier en sa Cité. Toujours est-il que, après de longues méditations, le Haut-Prêtre raya de vieilles runes forgées sur sa chair, et s’en disparut au sein de la bonne roche encore fumante.

Déjà une autre épreuve attendait le rejeton du Petit Peuple – l’Océan.
Si jamais vous en touchez mot au vieux briscard de Nain qu’est Dun Eyr, il pâlira à l’évocation de ce grand tonneau d’eau à ciel ouvert, et vous obtiendrez pour tout commentaire : gulps.
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