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 Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo]

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MessageSujet: Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo]   Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo] I_icon_minitimeDim 19 Mar 2017 - 14:41

Pharembourg, Grand Temple de Néera, 9e année du XIe Cycle, Verimios

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Le sanctuaire de Sainte Nedelya était illuminé par la lumière de l’astre solaire qui filtrait au travers des nombreux vitraux situés du côté sud de la petite chapelle. Sainte Nédélya était la sainte patronne des malades. Elle s’était illustrée au VIIe Cycle pour son savoir et ses dons pour soigner les maladies les plus graves. Sa renommée était telle que le clergé de Néera l’avait canonisée et en avait fait la sainte patronne veillant sur les malades. On racontait que durant sa jeunesse, ses pouvoirs de guérison étaient tels que sa simple présence parvenait à soulager les pires des afflictions. Sa dévotion et son sens du devoir était aujourd’hui un exemple pour les prêtresses de Néera, si bien que des chapelles avaient été érigées un peu partout dans la Péninsule et pas seulement en Pharembourg. Il n’était pas rare que les prêtres adressent leurs prières à Néera et à Sainte Nédélya dans le même temps, notamment lorsqu’ils sont à la recherche des de miracles guérisseurs.

A Pharembourg, le sanctuaire de Sainte Nédélya était l’un des 10 sanctuaires présents dans le grand temple de Néera. Ce sanctuaire de pierre, dominé par la statue de Néera et flanquée d’une petite sculpture représentant la Sainte pansant les plaies des blessés de la Ve guerre du Linceul Moucheté, accueillait l’infirmerie du grand temple de Néera en Pharembourg. Relativement spartiate mais bien illuminé par les rayons du soleil et surtout propre, le sanctuaire disposait de nombreux lits pour les malades et les blessés, qui pouvaient être soignés sous le regard de la Bienveillante.

Frère Amaury, le prêtre chargé des onguents et des cataplasmes, fit entrer Lucrétia dans le sanctuaire et lui montra les patients. Le petit homme au sourire fané s’approcha de l’un des malades que le grand-prêtre avait signalé et changea rapidement la compresse imbibée d’eau qui rafraichissait le front de l’homme alité.

« Sœur Lucrétia. Voici Germain. Il est cordonnier dans le Ventre. On nous l’a amené il y a maintenant une bonne semaine avec les trois autres.

-Quels sont les symptômes Frère Amaury ?

-Douleurs abdominales, difficultés respiratoires, cloques jaunâtres sous les aisselles, fièvre délirante, … Tous ces pauvres hères sont stables depuis quelques jours, mais ils sont encore trop faibles pour pouvoir se déplacer, encore moins parler.

-Une idée de ce qui a pu se passer ?

-Je pense qu’il s’agit de quelque chose d’ingéré. Les douleurs abdominales et les réactions ne trompent pas. Ces pauvres gens ont dans le ventre quelque chose de particulièrement nocif. Normalement, nous n’y aurions pas prêté plus d’attention que ça, mais comme vous pouvez le voir ma sœur, les cloques jaunâtres sont particulièrement inquiétantes.

-Peut être le grain des boulangers…L’eau d’un puits ?

-Je pencherai pour l’hypothèse d’un puits infecté. Mais le Ventre compte des dizaines et des dizaines de puits. S’il s’agissait d’un puits régulièrement utilisé, nous aurions dû avoir des centaines de cadavres sur les bras.

-Donc, un puits, peu utilisé, proche de la boutique d’un cordonnier ? C’est léger…

-C’est cela même…Je doute que cela soit suffisant, mais vous devriez vous rendre au domicile du pauvre Germain dans le Ventre. Vous trouverez peut être la source de ces empoisonnements..."

------------

Le Ventre de Pharembourg se développait sur la partie nord-ouest de la ville, à cheval entre les nouveaux faubourgs les docks, sur un ancien coteau. Il s’agissait d’un des premiers quartiers bâtis lors des premiers âges de Pharembourg. Le manque de contrôle et l’effervescence de la ville avait permis la création d’un faubourg chaotique et construit inlassablement sur lui-même, à la manière d’un patchwork qui se développait à la verticale, créant une imbrication étrange de styles architecturaux, d’escaliers et de passerelles branlantes. Il n’était d’ailleurs pas rare que le promeneur égaré ne sache plus à quel niveau par rapport à la mer il était. Le Ventre était une véritable cour des miracles et était réputé pour y accueillir de nombreux marchés informels où l’on pouvait trouver à peu près tout et n’importe quoi. La plupart des nouveaux arrivants ne vivaient pas dans le Ventre, mais finissaient par y travailler, le quartier étant une véritable fourmilière. La stratification continue du quartier sur lui-même avait permis la superposition heureuse des ateliers, des entrepôts et des commerces, créant les conditions idéale pour y développer une activité plus ou moins honnête. Le Ventre était quasiment désert la nuit, les rares habitants restant à l’intérieur des habitations situées dans les étages les plus hauts. La vie au sol ne vibrait que la journée et les nuits étaient calmes…peut-être même trop, ce qui rendait le quartier dangereux. A l’image d’un véritable estomac, le Ventre aspirait les êtres et les matières durant la journée, pour mieux les digérer la nuit, si bien que de petites bandes armées de couteaux sévissaient la nuit pour nettoyer le Ventre de ses « parasites ». Le Guet de Pharembourg laissait faire les scélérats, toute poursuite dans les niveaux diaboliquement complexes du Ventre relevant du suicide.

Le soleil (loué soit-il !) n’était pas encore à son zénith quand Lucrétia pénétra dans le Ventre, depuis les hauts-quartiers de Pharembourg, par la rue des Cotonniers, dont la plaque signalétique disparaissait progressivement sous le lierre. Les rues étaient alors noires de monde et les escaliers aux garde-fous graisseux semblaient de véritables pièges pour ceux qui n’étaient pas rompus à leur pratique. Lucrétia, serrant fermement sa sacoche contre ses hanches descendit prudemment les rampes et les escaliers vers les bas-fonds du ventre, où se trouvait l’atelier de cordonnier de Germain. Le Ventre s’était organisé au fil du temps comme une chaine de production efficace. Non loin des cordonniers se trouvaient les tanneries malodorantes qui jouxtaient les quartiers des docks. Il n’était pas donc pas bien difficile de trouver la cordonnerie de Germain…il suffisait de suivre l’odeur.

Après une bonne heure à se perdre dans le dédale vertical de ruelles et de passerelles, Lucrétia finit par trouver l’atelier de Germain, avec sa devanture fermée et sa porte brisée. Les malandrins n’avaient pas attendu longtemps pour piller son atelier. Lucrétia soupira et répéta quelques vers de Néera sur le Choix avant d’entrer.

L’atelier n’était pas bien grand, mais on sentait parfaitement l’odeur du cuir sur les établis. Ce qui n’avait pas été volé était encore éparpillé par terre. Lucrétia prit le soin d’ouvrir les volets, afin de faire entrer un peu de lumière pour y voir plus clair. Il s’avéra très vite qu’il n’y avait rien d’anormal dans l’atelier en lui-même à part le saccage des voleurs. Mais la jeune prêtresse savait pertinemment que ce n’était pas les traces d’une agression qu’elle cherchait. Non, tous les indices dont elle disposait menaient à une ingestion de toxines via de l’eau de la nourriture.

Après avoir patiemment fouillé l’atelier à la recherche d’un éventuel indice, elle s’affaira à fouiner du côté de l’habitation de Germain. La porte, située après l’arrière-boutique, n’était pas fermée et donnait sur une arrière-cour pas spécialement bien éclairée et agréable…En plus, cela sentait l’urine... La loge de Germain, située au fond de cette cour sordide, se résumait à une paillasse pour la cuisine, une vieille marmite en fonte dans une cheminée improvisée et d’une petite chambrette où la paille servait de matelas. Une vitre salie par le temps permettait d’illuminer le tout. Sur la paillasse trônait les restes d’un repas, qui avaient pourri avant d’avoir pu être avalé. Sous la paillasse, des seaux, remplis d’eau. Lucrétia se pencha et tira l’un des seaux remplis d’eau pour l’examiner.


« Néera m’en soit témoin…qu'est-ce que c'est…? »

Le seau rempli d’eau était plein de minuscules larves qui clapotaient mollement à la surface. L’eau en elle-même dégageait une odeur malsaine, que la jeune prêtresse assimila à de la pourriture. Quelque chose d’empoisonné contaminait cette eau. Lorsqu’elle tira les autres seaux de dessous la paillasse, même constat. De petites larves venaient d’éclore, cherchant à se nourrir dans les miasmes de l’eau corrompue.

Lucrétia tira de sa sacoche un carnet et nota au crayon de bois scrupuleusement ce qu’elle voyait. Il n’y avait pas de doute, les larves venaient à peine d’éclore. L’eau qui stagnait dans les seaux devait avoir l’air pure au moment où Germain l’avait obtenue. Cela signifiait qu’un des puits du Ventre était contaminé, ce qui expliquait que d’autres personnes soient atteintes. Les vers et l’odeur de l’eau ne trompait pas. Ces pauvres gens en avaient bu et étaient tombés malades juste après…Rapidement, elle préleva dans une fiole un peu d’eau croupie avec les larves.

Elle sortit rapidement de l’atelier de cordonnerie pour remettre de l’ordre dans ses pensées. L’un des puits du ventre était contaminé et connaissant un peu le réseau d’eau dans toute la ville, il était fort possible que cette contamination s’étende à plusieurs autres puits si jamais elle n’était pas endiguée…Mais comment trouver le bon puits dans un dédale aussi tentaculaire ?
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MessageSujet: Re: Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo]   Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo] I_icon_minitimeJeu 23 Mar 2017 - 14:39

Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo] 593558mendiant
Fabio

Fabio partageait le triste destin des vétérans éclopés. Il avait été de toutes les campagnes et de toutes les batailles. La vie était alors rude, mais pleine d’éclat et de flamboiements. Il avait bu les meilleurs vins de la Péninsule, fait danser les plus belles catins de Diantra, mangé à la table de seigneurs dont il venait de prendre le manoir à la pointe de l’épée. Fabio était certain qu'il avait des rejetons parmi toutes les villes d'Ydril à Serramire. Et puis un jour, cette satanée flèche qui lui perça le genou, fracassant son articulation. Boiteux, il n’était plus d’aucune utilité pour le capitaine de sa compagnie, qui lui donna congé. Une rencontre malheureuse avec des malandrins le laissa borgne.

Né dans le Ventre, il ne vit pas d’autres alternatives que de retourner dans ce dédale putride où, au moins, il avait quelques connaissances. Mais untel était parti, un autre était mort. Ayant épuisé son maigre avoir, Fabio dut se résoudre à vivre de la charité publique. Avec sa sébile et sa béquille, le vétéran quête pour un peu de pain, ou du mauvais vin. Il dort sous les escaliers et dans les renfoncements puants du quartier, marmonnant sur sa fortune passée.

En cette belle journée d’automne, Fabio mendiait dans une venelle offrant un rare rayon de soleil, qui se faufilait entre les toits et les escaliers pour tomber sur son visage crasseux et ses guenilles. Le mendiant lampait dans une cruche un peu de vin qui tournait au vinaigre. Il empestait la vinasse chaude et l’urine froide. Sa sébile était désespérément vide. Mais rien n’échappait à son œil, celui encore valide, surtout pas cette jolie donzelle qui sortait de chez Germain le cordonnier. Pauvre Germain, il avait été pris de malemort la semaine précédente ! Fabio jaugea la visiteuse. De sa démarche à sa mise, on sentait qu’elle n’était pas en territoire connu. Il la héla d'une voix rocailleuse :

« - Bonne dame, la charité pour un pauvre homme ! »

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MessageSujet: Re: Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo]   Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo] I_icon_minitimeMar 28 Mar 2017 - 11:42

Lucrétia sursauta. Dans sa recherche des causes du mal qui rongeait le cordonnier, elle avait complètement occulté ce qui n’entrait pas dans son champ de recherche. Son regard se dirigea vers le pauvre hère qui joignait ses mains, paumes ouvertes vers le ciel, implorant la charité de ses congénères.

La prêtresse n’avait pas le cœur à laisser ce pauvre homme sans réponse et sa gentillesse naturelle prit le pas sur sa mission. Lucrétia savait qu’il était de son devoir d’aider tous les êtres humains, même ceux qui avaient perdu la possibilité du Choix. Elle se remémora ainsi les enseignements de Néera et des grands-prêtres : aider les plus démunis à réacquérir une position stable dans la société et ne laisser personne de côté. Au vu de ses haillons, de son barda maculé de boue et de sa béquille, le pauvre homme avait vécu deux des pires maux de ce monde : la misère et la guerre. L’idéaliste fouilla dans sa maigre bourse et déposa 5 écus dans les mains crouteuses du mendiant.


« Saint homme, voici quelques écus pour quelques repas chauds et un toit pour la nuit. »

Prise de compassion, Lucrétia s’accroupit et posa son havresac sur le sol. N’attendant pas de réaction particulière de l’homme, elle porta ses mains sur le torchon crasseux qui cachait l’œil crevé du pauvre hère. Elle eut un pincement au cœur quand elle vit la vilaine blessure qui lui barrait la joue droite. Celle-ci suintait de pus et risquait à nouveau de s’infecter, malgré la cicatrice encore vive. Le pauvre homme n’avait vraiment pas eu de chance, le médecin ou le camelot qui l’avait rafistolé était un véritable boucher…

« Ne bougez pas… »

La jeune prêtresse tira de la sacoche un petit pot d’onguent. Il s’agissait d’une préparation qu’elle gardait toujours sur elle, capable de prévenir l’infection des blessures. Cela soulagerait le mendiant de bien des tracas à l’avenir…mais cela ne ramènerait jamais son œil. Lentement, elle appliqua l’onguent sur la blessure purulente, nettoyant le pus et la crasse qui risquait d’accueillir des maux bien plus atroces.

Connaissant bien ses gammes, l’opération ne dura pas plus de 30 secondes. Son œuvre finie, elle déposa le pot dans les mains de l’homme et sortit de son sac un bandage lui permettant de remplacer le torchon crasseux qui lui servait à cacher son œil crevé.


« Voilà…votre blessure ne risque plus de s’infecter. Il faudra repasser de cet onguent sur votre cicatrice pendant quelques jours et vous ne souffrirez plus à cet endroit. Veillez à ce que ce bandage soit toujours propre, lavez-le à l’eau claire… »

Lucrétia se pinça les lèvres…Peut être que...

« A propos d’eau claire saint homme…je cherche un puits dans les environs de chez Germain. Un puits, peu utilisé, assez discret...cela vous dit-il quelque chose ? Germain est probablement tombé malade à cause de cette eau et je dois inspecter les alentours. Pourriez-vous m’aider ?  
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MessageSujet: Re: Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo]   Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo] I_icon_minitimeMar 28 Mar 2017 - 14:38

Le mendiant se confondit en remerciement et fourra rapidement les écus dans une poche nouée à sa bedaine. Puis Fabio se laissa soigner sans broncher. Légèrement éméché, il était surpris par les prévenances de la prêtresse. Il scruta avec intérêt le pot d’onguent qu’elle lui remit. Peut-être pourrait-il l’échanger contre quelques flacons de vin ? Sa fortune semblait faite pour la journée. Mais la bienveillante le questionna sur Germain. Fabio se renfrogna, il n’aimait pas causer des autres habitants du Ventre. Un truc à vous causer plus d’ennuis que de bonheur, à se retrouver cloué à une porte. Mais les écus sonnants et trébuchants de la jeune femme appelaient une dérogation. Le miséreux s’offrit une rasade de pinard avant de lever un doigt sentencieux :

« - De l’eau ? Pouah ! Elle ne fait que pourrir le poumon et vous donne la fièvre quarte. Le vin ne trahit pas lui.»

Il se gratta pensivement la tête :

« - Un puit isolé ? Faut voir avec les porteurs d’eau. Viennent tous des Mont-Corbeaux, allez savoir pourquoi. Gare à ceux qui puisent sans leur autorisation ! Une pègre oui…Un coup à se faire estourbir au détour d’un escalier. »

Fabio désigna le bout de la ruelle :

« - Quand ils ne triment pas, ils picolent au cabaret à deux escaliers d’ici, Le Tambour Cassé. Mais c’t’un lieu de perdition, j’vous recommande pas d’y aller bonne dame. »
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MessageSujet: Re: Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo]   Le Ventre malade de Pharembourg [Cosimo] I_icon_minitimeDim 2 Avr 2017 - 17:33

Le Tambour Cassé était un cabaret crasseux qui se tenait brinquebalant dans une grosse bâtisse à pans de bois se trouvant entre deux rues dont l’une était située à 6 mètres au-dessus de l’autre. Le cabaret était logé à cette interface incertaine entre la rue haute des Fibules et la rue basse du Gourmandin, lui permettant de surplomber crânement une partie des toits du Ventre. Il parait que cela lui donnait du charme et l’allure d’un établissement de bonne tenue. Enfin…dans le Ventre, la bonne tenue était une expression inconnue. La vue surplombante du Tambour Cassé, personne ne l’avait véritablement vue puisque d’une part, le rythme des constructions avait été si rapide aux alentours que la vue avait été obstruée par de nouveaux bâtiments, et d’autre part, parce que personne n’avait jamais nettoyé les vitres graisseuses, huileuses et noircies du cabaret.

L’établissement, si on pouvait encore appeler ça comme ça, était tenu par Grommi le Baveux, un nain ayant échoué à Scylla après une vie d’aventures. Le pauvre nain avait attrapé une vilaine maladie à peine installé à Pharembourg, qui lui avait passablement affecté la caboche, si bien qu’un filet de bave coulait maintenant de manière permanente sur sa barbe poussiéreuse. Il restait, malgré son état grabataire, le maître officiel des lieux, mais celle qui dirigeait le bord…le cabaret ! c’était la Mère Bouillon.

La Mère Bouillon était l’une des pires araignées du Ventre. Après une vie passée à changer de maquereau, la Mère Bouillon avait terminé, comme bien des pauvres âmes, comme chauffeuse de salle au Tambour Cassé. Trop vieille et ayant chopé de vieilles fistules, elle dirigeait maintenant l’endroit d’une main de maître, profitant de la sénilité du Baveux, à peine capable de se lever de son fauteuil au coin du feu, pour mener ses petites affaires. Elle aurait tué le nain depuis longtemps, mais la compassion l’en empêchait. Compassion…ce mot était étrange pour la Mère Bouillon, qui avait plutôt l’habitude de régler les soucis en présentant ces mêmes soucis au Grand Jean, un spécialiste des salutations musclées. Et des salutations, il adorait en présenter à ceux qui s’amusaient à toucher les petits papillons de la Mère Bouillon sans avoir versé l’obole.

Lucrétia avait entendu parler du Tambour Cassé pendant son noviciat à Pharembourg, mais ne s’y était jamais risquée. Après tout, elle n’avait aucune raison de s’y rendre. Mais si les mots du clochard étaient justes, c’est là qu’elle pourrait trouver les fameux porteurs d’eau. Confiante dans sa mission et insouciante du danger qui aurait pu la guetter, elle remonta la rue des Fibules pour trouver la porte de bois vermoulue du cabaret, gardée par un homme à la mine patibulaire, vêtu d’une chemise de lin trop étroite pour lui et de braies rapiécées.

Le Grand Jean laissa passer la pauvre prêtresse inconsciente : peut-être une nouvelle fille pour la Mère Bouillon, qui sait ? Lorsque Lucrétia entra dans le cabaret, l’odeur de la sueur, du tabac des pipes, du gras des plats et de la suie était telle qu’elle formait un épais nuage qui cachait presque les solives du plafond. Quelques personnes trainaient dans le cabaret, mais les filles étaient au repos. Au loin, Lucrétia aperçut un vieux nain enveloppé dans une couverture près d’une cheminée, un filet de bave perlant sur sa bave.

La jeune prêtresse avait à peine posé le pied dans ce bouge qu’elle était déjà dévisagée. A vrai dire, elle était la plus étrange personne dans cette salle. Sa belle robe bleue de prêtresse jurait totalement avec l’ambiance du Tambour Cassé. Son regard se promena dans le reste de la salle et elle ne reconnut pas instantanément les trois porteurs d’eau qui sirotaient une cervoise coupée avec de l’eau. Les porteurs d’eau étaient identifiables par leurs chapeaux à longs bords de cuir, qui leur permettait de rester au sec les jours de pluie pendant le service.

Lucrétia s’approcha du groupe attablé, bien décidée à obtenir les informations dont elle avait besoin. Elle toisa un homme entre deux âges, la barbe mal rasée, ayant un tatouage représentant le blason de la compagnie des Pognes (une ancienne compagnie de tire-laines dont les principaux membres avaient été exécutés après le Voile).


« Excusez-moi messieurs. Je viens vous quérir car je me retrouve face à un problème de taille. Je suis à la recherche d’un puits isolé, non loin de la rue des Tanneurs. Un de mes patients y a bu de l’eau contaminé par des larves et se retrouve aujourd’hui alité au temple de la Bienveillante. Auriez-vous récemment puisé dans un puits de ce genre ? »

Lucrétia savait que ce genre d’informations n’était pas gratuit et elle savait pertinemment que la situation pouvait dégénérer si jamais les soudards se révélaient plus tentés par la bonne chair d’une prêtresse que par l’or. Mais elle comptait surtout sur le garde devant l’entrée et sur le regard attentif de la mère-maquerelle qui l’espionnait depuis qu’elle était entrée.
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