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 Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]

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MessageSujet: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeJeu 7 Avr 2011 - 19:19

Le vent sifflait à travers les mâts dressés des navires guerriers. Le zef froid et iodé secouait les voiles s'échappant à l'emprise des cordes nouées aux vergues. Un grain dru s'abattait sur les silhouettes déjà emmitouflées des badauds et marins se hâtant vers les tavernes du port. Loin de l'effervescence des grands jours, l'ambiance se posait : avenante pour la rapine, sévère pour les trainards en goguette que les malandrins attentifs auraient tôt fait de dépouiller de leurs quelques richesses pour les plus malins, de leur vie pour les moins coopératifs. Fort heureusement, le port de Diantra, dominé par la Capitainerie de la Marine Royale, offrait une sécurité relative bienvenue. Les marauds rares et sournois agissaient avec finesse dans l'ombre. Entre les bâtiments blottis les uns contre les autres, ils appâtaient le chaland avec les charmes d'une demoiselle peu farouche ou à l'aide de promesses de grandeurs et richesses alléchantes. Il suffisait de marcher d'un pas décidé vers les endroits peuplés pour s'éviter les déconvenues fâcheuses.

La pluie, une plaie. Elle s'infiltrait, vicieuse, entre les mailles étroites de la mante sombre, doublant par la même occasion le poids de l'étoffe de laine et lin mêlée. Et glaciale avec ça ! Par les Cinq, que n'aurait-elle pas donné pour une bonne flambée et un alcool puissant qui réchauffe le corps ! Pourtant au lieu de s'enfiler dans la première taverne rencontrée, Fjama continuait son chemin, indifférente aux sollicitations des catins et autres marchands douteux. Bien que cela lui déplaise, il fallait avouer que sa taille, le flou donné par la cape autour de sa silhouette, le col haut et le capuchon bas sur le visage lui donnait des allures d'échalas de sexe indéfini. S'enfonçant encore plus loin dans le quartier, près des chantiers navals, elle avisa une enseigne "La Sirène Joyeuse". Tsah, encore une fois, les propriétaires ne s'étaient pas foulés à trouver un nom pour leur établissement. Ceci dit, Fjama avait enfin trouvé sa destination. Et quel but pourri ! Fjama le qualifierait "de taverne de dixième zone". Ah, c'était propre et bien tenu, mais rien qu'à entendre les bruits projetées dans la rue, la clientèle ne rassemblaient sans doute qu'un large spectre de ce que la populace pouvaient compter de plus incivilisés et malsains.

D'une grande inspiration, elle rassembla son courage. Poussant la porte de l'auberge, elle se débarrassa bien vite de son manteau en frissonnant. Vêtue sobrement d'un pantalon en lin ample - presque une jupe - , d'un plastron en cuir et de sa chemise en soie rouge à manches amples, les cheveux noués dans une tresse, elle n'avait, pour une fois, pas le physique de son emploi. Et non, pas question de danser ce soir, elle venait écouter. Oh évidemment, aux formes agréables, quelques regards flatteurs s'attardèrent sur sa venue, mais l'attraction du soir montait sur scène et captiva rapidement l'attention. La métisse prit place à une table près de l'âtre et braqua son regard sur la petite estrade. Armée de son luth, une jeune fille timide s'installait face à l'assemblée, majoritairement masculine comme souvent.

La mignonne petite barde avec ses joues rouges, ses cheveux bruns cascadant sur ses frêles épaules, s'offrait en pâture à la meute avinée. Lentement, les premières notes s'égrainaient cristallines dans le tumulte de rires et des chansons paillardes. Incongrue, la voix douce s'élevait, ode à l'océan. Tantôt gaie récitant les victoires de quelques navires de la place, elle déclenchait des vivats de la part des équipages cités. Tantôt triste, elle pleurait les âmes offertes en tribut à Tyra. La poésie se mêlait à une maitrise exquise du jeu des doigts fins sur les cordes. Hélas, soyons honnête, peu importait à la plèbe l'art. Ce qu'elle désirait, c'était la farce, la luxure. Aussi après un instant bouche bée devant le spectacle onirique, un galant homme s'érigea vaillant défenseur du bon goût masculin :

- Allez ! On s'en fout ! Parle-nous un peu plus de tes charmes, gamine ! Allez ! On se secoue les miches les filles ! Z'êtes bonnes qu'à ça !

Une main claqua sur un fessier rebondi qui passait par là. La serveuse déstabilisée glissa. Le plateau s'envola. Les consommations valdinguèrent. Le liquide ambré se déversa sur le futal d'un convive qui à son tour se leva. D'un bras ferme, la blonde hôtesse fut capturée et attirée contre le mouillé. Un sourire jauni, le ton courroucé proclama :

- Même pas capable de tenir un plateau ! J'espère que t'es plus douée pour éponger !

A sa table, Fjama poussa un soupir. Eh v'là que ça recommençait. Elle les avait pourtant tenu à l'œil cette équipe-là. Beuglant et sifflant comme des porcins à chaque ravitaillement, la gente masculine dans toute son ivre splendeur, assurée de son bon droit, de sa suprématie sur le sexe "faible" étalait sa stupidité crasse. Les clients respectueux tentèrent bien de calmer la situation, mais à coup de mandales, ils furent réduit au silence. Peu désireux de se mêler à une bagarre, la taverne se vida brusquement. La tablée de marins machistes et libidineux fière de sa prestation entonna de nouveaux chants grossiers. En position de force, un malappris tâtonnait sur la serveuse emprisonnée, dévoilant quelques uns des ses appâts. Devant la situation dérapant de plus en plus, le tavernier, tant bien que mal, faisait appel à leur bon sens, encouragé par un membre de leur clan appelant à la retenue. Malheureusement, les paroles tombèrent dans l'oubli procuré par l'ingurgitation massive de vin bon marché et l'excitation de l'interdit. Et puis après tout, c'était qu'une bonne femme ! Toutes des catins, sauf maman!

Alors que la sang-mêlée s'apprêtait à venir en aide à la victime des sévices, quelqu'un la prit de cours.
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Kassandra
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeJeu 7 Avr 2011 - 21:54

    Un préjugé vieux comme le monde contait que chaque dépendance engendre un manque indispensable au renouvellement du désir, perpétuel et infernal, de retrouver la satisfaction et de s’y abandonner de guerre lasse. Ainsi, chaque homme avait sa faiblesse et y retournait pour ne pas perdre plus pied qu’il ne le faisait déjà. Pour autant, vivre pleinement le manque n’était pas chose aisée, et l’irritation était un symptôme qui trahissait bien des êtres, comme nous le comprendrons rapidement.

    Dans le port de Diantra, c’était jour de fête pour les taudis puant l’alcool, et mauvais moment pour les entretiens en extérieur. Un temps poisseux pour un tel échange, ca n’était pas permis, et pourtant, il était d’une nécessité urgente. Au loin, sous les traits discontinus d’une pluie diluvienne, la chevelure rousse bouclait d’humidité, le regard se plissant d’agacement devant l’air penaud du maigrichon. Le ton montait déjà depuis une dizaine de minutes, tandis que l’étrange couple que formaient les deux passants n’interloquait pas grand monde, les quais étant vidés de ce côté des bâtiments où quelques sordides pubs s’alignaient, les toitures bancales maudissant les murs peu glorieux d’abriter pareille atmosphère au sein d’un endroit pourtant si reluisant qu’était censé être Diantra.

    « Tu te fiches de moi ? Il y en a pour une semaine maximum, on ne refera pas escale avant. C’est pas assez, alors j’estime que le prix ... »

    « J’y peux rien, c’est l’prix, et si ca t’va pas, hé ben essaye d’en trouver ailleurs, mais t’arriveras pas, pour sûr, qu’c’est plus les stocks de la s’maine dernière ! »

    Bougonne, la rouquine foudroya d’un regard digne de la tempête qui se préparait sûrement au large au vu du temps qui enveloppait mollement la capitale miradelphienne son interlocuteur, lui arrachant la petite bourse de cuir de main, et lui en tendant une autre beaucoup plus alourdie sans réel contentement, bien au contraire ; l’amer pli qui se dessinait sur les lèvres pulpeuses était le témoin d’une colère bien mal contenue.

    « Putain. Ce que tu peux me gonfler. Allez, va-t’en. »

    Soupe à la grimace pour l’enfant aux cheveux de feu qui s’éloigna à grands pas, rajustant d’un geste aussi sec qu’empressé son corset. Les pans de la chemise immaculée fouettaient l’air, et les bottes martelaient avec une mauvaise humeur certaine les lattes de bois qui couinaient de souffrir un peu plus. Il fallait les comprendre, le sol avait du tellement endurer d’épreuves ces derniers temps ... Les marins grassouillets, les éclats de vomissures, de bouteille et de sang tuméfié des bagarres de la veille ...

    La colère de la rouquine, qui avait en sainte horreur les chenapans qui se jouaient d’elle pour se remplir les poches, lui donna soif, et son palet claqua dans un grognement peu avenant ; ses yeux avisant au loin l’enseigne rouillée de la Sirène Joyeuse. Décidément, Diantra ne manquait pas d’originalité dans le baptême de ses bordels à marins, et au moins à Meca l’écriteau aurait-il été joyeusement pollué de diverses fautes et ajouts de quolibets soigneusement enluminés. Mais difficile de faire l’exigeante ; ils avaient accosté avec l’Onirique à un endroit où il fallait être plus que prudente, et hors de question de s’aventurer dans des petites auberges à minets proprettes et surveillées. Kassandra savait filer droit et surtout, s’adapter au milieu sans trop couiner ; faire la difficile n’avait jamais été une de ses priorités pendant son éducation, et même sa petite escale serramiroise ne l’avait pas élevé aux plaisirs nobliaux du bon vin et de la délicate odeur du linge de maison propre.

    Poussant la porte de l’échoppe qui contait les merveilles de la naïade mi-femme mi-poisson, quelle ne fut pas la surprise de Kassandra de remarquer que les clients s’agitaient déjà énormément pour ... Prendre la porte. Par un tel déluge, c’était bien peu agréable, la chevelure humide, les manches retroussées et le pantalon détrempé par l’ondée en témoignaient pour la jeune pirate, qui ne se formalisa pourtant pas, se contentant de prendre la direction du comptoir pour demander une bouteille de rhum – bon marché, de préférence, elle n’avait pas la tête à déguster un mets délicat, seule l’ivresse comptait peut-être encore assez par rapport au flacon -.

    Quelques tintements de verres plus tard, on lui apportait l’objet de convoitise, et la demoiselle s’apprêtait à parachever l’idyllique vision d’un endroit de déchéance complet, quand les rudimentaires traits d’esprits quasiment aboyés par quelque badaud non loin d’elle la firent se retourner. Qui pouvait ainsi « gueuler », c’était le mot, pour aussi peu de choses ?

    Le spectacle s’afficha à ses yeux mauves méprisants, considérant rapidement le tableau d’un battement de cils. Le mâle ne changerait jamais, et surtout pas le vieux matelot pervers, c’était une valeur atemporelle dans le monde maritime. Et il n’y avait bien que ça pour la dégoûter plus que le rhum un lendemain de beuverie ; une pelletée de pauvres gus sévèrement imbibés prêts à se rincer les mains sur une pauvrette incapable de faire autre chose qu’acquiescer en espérant que tout se finisse sans encombres, et au plus vite.

    S’avançant vers la bande des fautifs sans sourciller, la rouquine claqua la bouteille contre le bois de la table, les rires retombant pour se muer en silence ... Suivi d’une paire de sifflets et de ricanements tout aussi porcins que les mots qui suivirent l’apparition fort bien fournie aux yeux plissés par la gourmandise mal placée de ces messieurs les gentlemen.

    « Eh ben quoi, t’fais la mijaurée ? T’veux v’nir prendre la place de ta copine, c’est ca ? Fais pas la timide, allez ! Montre nous c’que ... »

    La lame fusa du fourreau, venant écharper le cou gras et quasi-inexistant du premier qui avait parlé, une joue mal rasée barrée d’une grossière couture, et les poings aussi compacts et massifs que la carrure qui lui était assortie.

    « La ferme, gros tas. Le jour où une minette aura envie de te montrer ses miches n’est pas prêt d’arriver, alors toi et tes copains vous allez gentiment laisser tranquille la dame, d’accord ? Je crois qu’elle est à deux doigts de te vomir dessus tellement que tu la répugnes. »

    Le baraqué s’était soudainement retrouvé refroidi. A la tablée, ses camarades ne disaient plus mot, mais maintenaient entre leurs pattes d’animaux la prise sur la captive qui regardait avec angoisse la tension enfler dans la pièce aux effluves de tabac froid. Soudainement, le colosse se redressa, envoyant valser la chaise et repoussant de la main le sabre qui vint lui trancher méchamment l’avant-bras.

    « Tu vas le regretter, sale chienne, c’est moi qui t’le dis.. Balder, Finz, qu’est-ce que vous en dites les gars, une p’tite rouquine en plus pour l’quatre heures ? »


    Les deux fixèrent avec attention l’échange ... Avant de se lever, dégainant paisiblement leurs poignards pour prendre la direction de la demoiselle.

    Voilà qui s’annonçait mal, et pourtant, il n’y avait pas de quoi s’en faire ! Elle était seule devant une semi douzaine de cochons prêts à se servir à pleines mains pour un peu de chair fraîche, qu’elle soit consentante, soûle, ou non, et personne pour la défendre. Sans même chercher à comprendre si une quelconque main secourable pourrait venir à son aide, la pirate renifla de dégoût, entamant les hostilités en envoyant un coup de pied dans le tabouret bancal qui avait jusque là réussi à soutenir la masse d’imbécillité du grasseyant personnage, le siège valsant dans les jambes du dénommé Finz qui trébucha et s’écroula lamentablement, l’alcool ayant suffisamment agi pour le ralentir à un moment.

    Ce qui n’empêchait pas les autres d’avancer, l’un des deux décochant un coup de poignard qui manqua de peu la cuisse de la rouquine, éraflant le pantalon tandis que la proie se reculait dans un bond. Les sifflets hilares d’ivresse des trois autres macaques commencèrent à rythmer la Sirène, qui aurait mieux fait de retentir à cet instant pour Kassandra.

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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeLun 11 Avr 2011 - 19:32

Coupée dans son élan, Fjama observa un instant une rouquine qui posait bruyamment sa bouteille sur la table des joyeux drilles. Vaguement incrédule, elle esquissa un sourire amusé lorsque l'épée jaillit hors de son fourreau et effilocha la gorge grasse d'un de ces charmants messieurs.

- La ferme, gros tas. Le jour où une minette aura envie de te montrer ses miches n’est pas prêt d’arriver, alors toi et tes copains vous allez gentiment laisser tranquille la dame, d’accord ? Je crois qu’elle est à deux doigts de te vomir dessus tellement que tu la répugnes.

Ah ! Enfin une demoiselle avec un peu plus de vocabulaire - soutenu, cela va sans dire - que "à l'aide, sauvez-moi". Et qui plus est, très douée pour s'attirer une montagne d'ennui. Le mont en question, grassouillet et aviné, fit voleter une chaise qui brisa le silence pesant en craquement boisé de mauvais aloi.

- Tu vas le regretter, sale chienne, c’est moi qui t’le dis.. Balder, Finz, qu’est-ce que vous en dites les gars, une p’tite rouquine en plus pour l’quatre heures ?

Phrase ô combien alléchante qui tenta deux de ses collègues. L'éclat métallique dans leur main dérangea profondément la demie. A cet instant précis, le passage lent des couleurs sur le nouveau tableau se figea dans l'esprit de Fjama. Saisissant son pinceau fétiche, elle badigeonna avec application les poignées des poignards. Concentrée sur l'énergie à déployer, la métisse délaissa quelques temps l'action. Au lieu de créer des flammes comme à son habitude, elle cherchait à réchauffer le métal pour le rendre intouchable aux belligérants mâles.

Redressée à moitié, Fjama fixait la scène. Les yeux plissées, une main levée oscillait légèrement dans l'air. L'exercice compliqué l'absorbait complétement. Il s'agissait de centraliser sa magie sur un point fixe sans provoquer l'explosion qui mènerait à une flamme. Il fallait qu'elle évite de cramer une taverne, même crasseuse à Diantra, histoire de pas avoir à prendre les jambes à son cou. Fjama manipula longuement le flux pour le façonner à sa guise, jusqu'à l'effet escompté. Alors que le cuir de Kassandra était entaillé, les deux hommes lâchèrent brusquement leurs armes. En secouant la main - réflexe humain mais peu efficace en cas de brûlure -, ils beuglèrent à l'unisson :

- Sorcière !

Oups ! Fjama avait plutôt parié sur une fuite à cause de la trouille, pas vraiment les mettre encore plus en rogne... Bon, au moins, ils étaient désarmés ! Rapidement, la danseuse quitta son poste d'observation pour se jeter dans la bataille. Vive et pour dégager le chemin, elle plaça un coup du plat du pied derrière le genou de Feryn - un des deux désarmés - et rejoignit la pirate. Elle tira sa propre dague et la serra plusieurs fois au creux de sa main pour affermir sa prise. Un sourire en coin, elle héla Kassandra à ses cotés.

- Un coup de main ?

Goguenarde, son regard restait néanmoins fixé sur les mâles assaillants. Sans prendre le temps de plus réfléchir, la première vague fondit sur les deux rousses flamboyantes.
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeMar 12 Avr 2011 - 22:22

    Alors qu’ils continuaient d’avancer, Kassandra songea que bizarrement, ces derniers temps, la tendance aux chamailleries de comptoir avait fortement grimpé, et qu’elle prenait aussi facilement place dans une forge que dans un établissement pour soûlards désoeuvrés de bas étage. Pestant contre une table qui vint buter contre son dos, signalant avec bienveillance qu’elle se retrouvait coincée, la pirate recula en jetant un rapide coup d’œil derrière elle, pivotant pour éviter l’estoc d’une épée maniée un peu trop lourdement, butin sûrement encore difficilement maîtrisé et dont l’efficacité se retrouvait altérée par le nombre de litres de rhum ingurgité.

    L’espace infime de quelques secondes, la rouquine songea à filer en quatrième vitesse comme elle était venue. Face à six gaillards pareils, elle doutait de pouvoir en abattre le sixième. Pourtant, l’embellie salvatrice prit la forme d’un concert de grognements embaumant l’éthanol, et d’une pluie d’armes qui chutèrent, rejoignant la crasse d’un sol qui n’avait pas vu la couleur d’une eau claire et propre depuis bien trop longtemps.

    « Sorcière ! »

    Originale façon de l’insulter et de se défiler devant une demoiselle qui n’avait pourtant rien fait ... Perplexe, la rouquine ne chercha pas à comprendre et profita de cet étonnement général pour attaquer les deux idiots envoyés par le gras tripoteur, la lame du sabre venant à l’encontre de leurs torses. Touché-coulé pour l’un qui encaissa le coup non sans geindre dans un flot d’insultes richement variées, alors que son collègue tentait de reprendre un poignard encore fumant, s’y brûlant les doigts plus qu’autre chose, tout penaud dans sa vaine tentative nimbée d’un trouble éthylique. Continuant en alternat les coups, le plus faiblard des six reculait, tandis que ses compères se levèrent tour à tour, empoignant lames et poignards, l’imposant porc menant la tête du groupuscule que la rouquine avait mis autant en appétit qu’en colère.

    « Un coup de main ? »

    Un coup d’œil à son côté, et son sourcil s’arqua sous une surprise étonnamment positive. En lieu et place d’adversaire supplémentaire était apparue la peut-être responsable de cet étrange manège qui avait eu précédemment lieu pour notre bande de mâles avides. La créature à la peau caramel et aux cheveux flamboyants ne se ferait pas prier ; Kassandra n’allait guère se plaindre d’une aide féminine, et puis plus on était de folles, plus on riait ! Renvoyant le reflet d’un sourire mordant, la demoiselle esquissa un signe du chef en direction des balourds qui reprenaient déjà l’assaut, assénant quelques paroles bien chaleureuses comme « Vont crever celles-là ! » ou « Viens par ici ma jolie, que j’te montre c’que c’est qu’un homme ! ».

    « Ca sera pas de refus. Mais par contre, on va éviter ... » La lame d’une première épée s’abattit entre elles,, les obligeant à se reculer l’une de l’autre par réflexe vivace. « ... De les perdre de vue, être beurré les rend apparemment un peu plus lourds ! »

    Une table cassée plus tard, leurs sens de la mobilité et de l’esquive fut rudement mis à l’épreuve, les coups pleuvaient autant qu’ils rataient leurs cibles ou se trompaient de camp. Ce qui allait peut-être d’ailleurs jouer en leur avantage, car frapper le voisin attisait la colère imbibée de bière d’un pirate ; et il n’était jamais bon pour la fraternité d’un groupe de laisser mûrir la fureur d’un pareil animal. Aussi Kassandra ne cessa t-elle de tournoyer, bondir, reculer, veillant à toujours garder le dos, partie vulnérable quand on se retrouvait face à six poids pas vraiment plumes, dans la direction de l’illustre inconnue qui venait la secourir. Si elle avait déjà un peu de mal à suivre et à éviter les attaques pour renvoyer la balle à ses adversaires par quelques estocs et tailles bien placées, la rouquine ne pouvait pour autant pas se permettre d’accorder une réelle attention à sa coéquipière improvisée, souhaitant simplement qu’elle soit aussi résistante et douée que possible pour éviter de perdre un membre dans l’agitation ambiante.

    Dans le remue-ménage occasionné par la lutte – qui faisait rage, croyez-le bien ! -, la pauvrette autrefois aux prises des mâles en rut avait pu ainsi s’échapper avec intelligence, jugeant l’instant bon pour se rhabiller le plus correctement possible avec ses loques et chercher à s’enfuir. Sauf qu’elle n’aurait pas dû chercher à prouver l’once de courage qui l’habitait peut-être en tentant d’assommer avec un pied de tabouret le plus imposant des six malotrus ; ce dernier se retourna brusquement, empoignant la donzelle qui couina comme un rongeur pris dans une tapette à rats et l’envoya avec autant de douceur qu’un boucher sur le bois usé de la table, où verres et cadavres de bouteilles volèrent joyeusement pour accueillir le corps maigrelet de la victime.

    « T’as voulu faire quoi là, hein ?! »

    Au loin, les gémissements qui tentaient d’implorer l’imprudente de l’épargner alertèrent la pirate, qui pourtant ne pouvait pas décemment s’en sortir : elles étaient au centre, totalement coincées et les deux rouquines n’avaient aucun intérêt à se désolidariser pour aller tenter d’abattre le mastodonte de perversion derrière la barrière humaine que formait ses affreux collègues. Entre deux coups de sabre dont un qui rebondit avec violence sur une lame d’épée pour la repousser, la rouquine marmonna discrètement à sa compère.

    « Ce qu’il nous faudrait, là, c’est un autre tour de magie, tu vois le genre ? »

    Et à voix plus haute, de lancer à la cantonade.

    « J’ai comme l’impression que votre copain veut prendre une longueur d’avance sur vous, les gars. »

    L’inadvertance d’un mousse qui détourna la tête par curiosité lui valut un agréable estoc dans le ventre.
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Fjama
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeMer 13 Avr 2011 - 17:49

Ola ! Pas le temps de papoter deux secondes et se présenter que chargèrent les bœufs. Malpolis ! Malappris ! On ne dérangeait pas les dames ainsi ! Fort heureusement, les belles alliaient agilité et rapidité à leur verbe flamboyant. La ruée esquivée, un enchainement de pirouettes le mena à nouveau dos à dos. Le bal débuta.

Suivant la chorégraphie imposée, Fjama se contenta les premiers temps d'échapper aux lames avides par des cabrioles et entrechats. Un pas à gauche, un à droite, la ronde se piquait de torgnoles et coups de dague pour creuser une zone de sécurité entre les artistes et leur public masculin. Forts mécontents de leur prestation, ceux-ci s'évertuèrent à casser le rythme, briser l'harmonie du duo. Profitant de l'agitation, la serveuse se libéra. Hélas, une tentative d'assommer le taureau la rappela à son bon souvenir. Désireux d'enfin porter l'estocade à sa chétive proie, le colosse l'allongea brutalement sur la table. L'aide des demoiselles se trouvait bloquée par les quatre gaillards toujours sur leurs pieds. De justesse, la danseuse esquiva un coup placé judicieusement par un cerbère. La coupure peu épaisse sur son épaule suffit malgré tout à déclencher chez l'artiste une jolie montée de colère.

- Ce qu’il nous faudrait, là, c’est un autre tour de magie, tu vois le genre ?

Fjama acquiesça. Tant pis pour la demi-mesure !

- J’ai comme l’impression que votre copain veut prendre une longueur d’avance sur vous, les gars.


Une ouverture ! Fondant en avant, la dague de la métisse chercha le flanc du plus proche assaillant et perça avec précision. D'une main placée dans son dos, elle ralentit sa chute, le temps d'une brève étreinte. Libérant enfin le flot de sa colère habituellement réprimée à grand renfort d'auto-mutilation, le vêtement du pauvre mousse ne tarda pas à s'enflammer. Repoussé, la couenne puante du marin rejoint le reste de son équipage. Temporairement paniqués, les sieurs cessèrent leurs attaques.

Les cris détournèrent l'attention du chef. Écarquillant les yeux sur le ménage fait par la gente féminine, il relâche sa vigilance sur la blondinette. Appliquant à la lettre les conseils données à toutes les jeunes filles - "Si un gars t'emmerde, tu lui mets un coup de genou dans les parties et tu te barre fissa"-, la servante se débina rapidement sans commettre une seconde fois la même bévue. Plié en deux, implorant les dieux, le colosse ne put, cette fois-ci, la retenir.

Malheureusement pour les deux rousses, leur situation s'envenimait. Remis de leurs émotions, plus enragés que jamais, les deux survivants repartaient à l'assaut. Plus question de s'amuser avec la chair fraiche des jeunes femmes à présent, l'idée fixe comportait une seule donnée : Tuer. Dégrisés par les corps de leurs alliés, leurs gestes moins désordonnés nécessitaient plus de concentration afin d'être parés. Se rapprochant rapidement de Kassandra, Fjama lui souffla.

- Occupe-toi du gros avant qu'il ne reprenne ses esprits ! Je me charge de ceux-ci !

Le sourire sadique, elle salua ses adversaires d'une la révérence moqueuse. De diverses insultes fortement imagées et très négativement connotées quant leurs aptitudes sexuelles ou au combat, elle les railla. Quitte à utiliser à nouveau de la magie, autant le faire correctement d'une bonne flambée ! Aussi, après s'être assurée d'avoir construit une trame suffisante de hargne chez ses opposants, elle fila en direction de l'âtre. Autant utiliser le feu déjà existant, sa manipulation lui coûtera déjà une sérieuse gueule de bois, sans s'amuser à former encore elle-même les flammes. Sur ses talons, les deux matelots délaissèrent Kassandra. Leur idée apparente était d'enfin joindre leurs efforts pour venir à bout de leurs proies. Titillés par les insultes, Fjama avait décroché l'insigne privilège de succomber en premier à leurs ardeurs meurtrières. La pirate avait le champs libre pour s'occuper du mastodonte !
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeVen 15 Avr 2011 - 20:36

    Aussi rapidement que s’il eut été fait de bois et de charbon, le feu dévora la chemise à semi souillée du matelot, qui, dans un hurlement d’horreur et de rage, s’effondra au sol, roulant pour éteindre vainement le début d’incendie qui lui rongeait la peau, les chaires, et bientôt l’os, l’odeur écoeurante montant aux narines des combattants pour qui ces effluves suffirent à leur fournir quelques haut-le-cœur qui jouèrent en faveur des deux femmes, Kassandra respirant par la bouche pour éviter d’inhaler l’infection qui se répandait à grands craquement et flambements. Encourageant sa consoeur à faire de même, la pirate ne put cependant s’étendre davantage, virevoltant à nouveau dans la valse prenante de la bagarre qui se remettait en piste.

    Soit, la moitié des effectifs avait été soigneusement rendue hors d’état de nuire. Restaient pourtant les plus hargneux, et les moins troublés, ceux sur qui l’alcool avait eu tant d’emprise pendant les années passées à sombrer dans l’ivresse qu’ils en avaient acquis une force brillante de savoir se battre même éméché. La rouquine chassa d’un coup d’estoc supplémentaire un des deux pirates restant face à eux, toujours en lice pour se faire abattre d’un coup de sabre, quand la rouquine voisine lui marmonna qu’elle pouvait assurer un duo sans faute. Un court échange de regards lui confirma qu’elle pouvait en effet laisser l’étrangère s’occuper de ces deux cas sans trop de problèmes ; le tout était qu’elle-même devait pouvoir s’assurer d’éliminer l’imposant personnage qui l’attendait d’un pied si ferme que déjà il avait pris la direction de la rouquine d’un pas lourd et déterminé, brandissant sa courte épée d’un air aussi servile que lubrique. A défaut d’avoir la mignonne blondinette qui avait engourdi ce qui faisait de lui un mâle plus ou moins affirmé, il pourrait se rassasier d’une rouquine délicieuse ... Du moins le croyait-il bêtement.

    Alors qu’il s’approchait, conquérant, tentant de calculer comme il le pouvait avec lourdeur l’instant où il fondrait grassement sur la tendre chair pour la faire sienne sans préavis, ce fut la rouquine qui courut en direction du large ventre, le perçant d’un coup de sabre. Sabre pourtant bien vite bloqué par le mouvement brusque du mâle qui la fit reculer vivement. Coup sur coup, elle ne lui laissa aucun répit, aucune peine épargnée, s’acharnant à le faire reculer, à l’attaquer sans même penser à se protéger, ne lui donnant aucun moyen de répliquer, seulement de contrer comme il le pouvait.

    A la façon du chat qui cherche à mener par le bout du nez le chien, le faisant courir après une balle qu’il n’atteindrait jamais, Kassandra faisait rapidement tourner en bourrique le mâle, ce qu’il finit par saisir, exprimant sa colère qui grondait crescendo par une pluie d’insultes, ses gros pieds reculant malgré eux vers la direction d’une table qu’il n’avait pas encore vue, et sur laquelle il trébucha brusquement, perdant tout équilibre et protection, prêt à tomber. Saisissant l’occasion inespérée, la rouquine leva haut et fort sa lame afin de la planter généreusement dans le corps pour le transpercer comme il se devait ... Mais un sévère croche-pied inattendu de la part de son opposant la fit choir à terre, un peu plus loin, sans trop de douleur, ses mains ayant amorti le choc. Il n’était pas à terre, bien au contraire, et le voilà qui ricanait, lui promettant mille sévices qui ne donnaient guère envie. Pestant en se relevant le plus rapidement possible, elle se ressaisit à pleines mains de sa lame fétiche, attendant d’un pied confiant que l’homme répugnant daigne enfin se lancer. La respiration comparable à celle d’un bœuf en rage, les yeux fulminants d’éclairs et les joues rougies par l’alcool et la fureur, l’armoire à glace se rua sur la rouquine pour lui donner un sévère et mortel coup d’épée qu’elle esquiva avec élégance, le poussant d’un mouvement sec du plat du sabre sur le crâne.

    Le geste permit au moins à Kassandra de voir son ennemi sonné se prendre cette fois-ci les pieds et s’effondrer dans un fracas de bois et de lattes brisées. S’avançant à grandes enjambées en empoignant au sol l’épée abandonnée sous le contrecoup de la chute, la mousse domina de sa hauteur le tas au sol qui peinait à se relever. Plantant avec vigueur le talon haut et pointu de sa botte dans le dos du bonhomme, ce qui lui arracha un glorieux « Traînée ! » endolori, la rouquine lui accorda un sourire féroce avant d’empoigner l’épée ennemie et de poignarder sans autre forme de procès son propriétaire, lui crachant au passage un « Bonne nuit mon gros » de bonne augure.

    Pas le temps de s’attarder pourtant ; l’aubergiste, paniqué, constatait maintenant les dégâts et semblait plus inquiet à l’idée de laisser les deux damoiselles finir leur travail que par l’éventuelle fornication massive qu’auraient pu entamer à même la table la troupe à moitié décédée de matelots alcoolisés. Ignorant pour l’instant les réactions de l’employeur – non sans craindre qu’il puisse chercher à prévenir les autorités, ce qui pourtant ne serait pas très intelligent au vu de la douteuse légalité du commerce -, la rouquine chercha du regard Fjama, qui devait normalement être aux prises avec ses deux autres camarades ...

    De la main gauche elle délogea l’épée ensanglantée d’un mouvement brusque, abandonnant le cadavre, une goulée d’air s’infiltrant malgré elle dans son nez, lui arrachant une toux dégoûtée. Mais le dégoût fut d’autant plus prononcé en notant que si heureusement pour eux, il ne subsistait plus aucun ennemi digne de ce nom et vivant, leur mort n’avait pas été plus propre qu’eux-même de toute leur vie. Ainsi finissaient-ils comme ils avaient commencé. Reniflant de dédain, la rouquine défia du regard les dégâts causés par leur joyeuse entourloupe ... Et reposa ses yeux sur la rousse, un étrange sourire aux lèvres.

    « Je crois qu’on ferait mieux de s’en aller. Le tenancier est parti, ce n’est pas bon signe, il ne pourra pas servir grand chose. Cela dit ... »

    En quelques pas, elle s’avança jusqu’au comptoir où demeuraient les liqueurs et autres fioles à contenances évocatrices, s’emparant d’une bouteille de rhum neuve parmi les caisses.

    « Il me doit au moins ça, la mienne a été sacrifiée. On partage le butin ? »
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeVen 15 Avr 2011 - 22:51

Tellement habituée à l'odeur de chair calcinée, Fjama ne ralentit pas le rythme. Aucunement gênée, elle enchaina les passes d'armes sans même prêter réellement garde aux senteurs carbonisées. Le duo féminin disloquée, la danseuse prenait soin d'offrir sur dos à l'âtre et gardait soigneusement ses assaillants dans sa ligne de mire. Feignant d'être débordée, elle baissa brusquement son arme et hissa le drapeau blanc. Reprenant sa respiration lentement, elle se fendit de quelques poses lascives, puis susurra, presque haletante.

- Grâce....

Elle papillonna des cils, puis tira négligemment sur le lacet de son corsage, dévoilant l'arrondi tentateur de sa généreuse poitrine.

- Soyez gentils... j'ai toujours rêvé d'une nuit torride avec deux hommes virils...


Elle laissa sa phrase en suspens. D'un pas méfiant, déjà s'approchait le plus libidineux, un peu de bave aux lèvres. Le second, pas complétement imbécile, fronça les sourcils et tenta d'agripper son collègue pour arrêter sa progression. Hors de portée, ce dernier n'avait plus qu'à tendre la main pour s'emparer de sa proie. Afin d'avertir son camarade de la supercherie et du danger, le moins crétin cria :

- Recule du con ! c'est une r...

Hélas, sa réflexion arrivait avec un temps de retard. Soudainement, la métisse ramena ses mains devant elle. Le répit avait suffi à l'artiste pour tisser sa trame d'énergie. Aussi à l'ordre impérieux, les flammes se soumirent à ses désirs. Le feu gagna en ampleur et se précipita à la suite des bras. Ceux-ci se séparèrent pour encercler le trio d'un voile rougeoyant. Leste, le non-dupe se précipita sur la sorcière. Sa lame fendit l'air en lieu et place des flancs visés. Malheureusement pour lui, Fjama rivalisa de vitesse et souplesse pour se plier en deux, basculant sur le sol. Des jambes, elle balaya les pieds de son opposant. Le marin, épaule en premier, se fracassa au sol. Un craquement sinistre déchira le concerto de crépitement.

D'une ruade du bassin, Fjama se retrouva juste à temps sur ses pieds pour esquiver l'attaque du second d'un pas chassé. Ses mains se tordirent en arabesque. Suivant l'ordre, les flammes singèrent le mouvement fondant sur les deux partenaires. La tignasse pouilleuse de l'homme à terre devint torche. Le nouveau hurlement de douleur signala à la flambée vorace, le début de son repas. Tétanisé, le porcin restant écarquilla les yeux sur son allié se démenant pour éteindre l'avancée des langues brûlantes. Terrorisé, il lâcha ses armes et perdit sa dernière dignité en souillant ses braies. Avouons tout de même que face au regard sanglant de l'artiste et son sourire malsain, le courage s'évanouissait facilement. Sans pitié, la métisse le planta, de bas en haut, avec précision juste sous ses côtes. Avec douceur, elle lui murmura.

- Tu as vu ? Je n'ai pas menti : Tu n'auras jamais connu passion si ardente.


Avec un rire léger, elle imprima une rotation à son poignet. La dague s'enfonça d'avantage, vrillant les chairs. Un soubresaut parcourut l'échine du marin. Puis, sa vie s'acheva. Une fois la lame récupérée, elle le repoussa vers son compagnon avec fracas. Soupirant, Fjama frotta ses tempes. Le prix pour la dépense magique s'avérerait salé. Pourtant, il lui restait une dernière tâche à accomplir : Éteindre le début d'incendie.

La tension magique relâchée, l'âtre avait repris son crépitement normal. Les flammes mâchouillaient avec indifférence leurs bûches. Malgré tout subsistait sur le plancher et les cadavres quelques flammèches joyeuses. Allumer et éteindre ses bûchers tenait du b.a-ba pour Fjama. Aussi, elle se déplaça de foyer en foyer, y plongea la main et déchargea patiemment en leur sein, une petite étincelle de son flux pour résorber l'appétit de son élément jusqu'à le faire disparaitre.

Éreintée, elle roula des épaules, massant sa nuque. Comme escompté , a rouquine avait abattu son adversaire. Complice, Fjama lui adressa un demi-sourire, encore tendue de la bataille.

- Je crois qu’on ferait mieux de s’en aller. Le tenancier est parti, ce n’est pas bon signe, il ne pourra pas servir grand chose. Cela dit ...


- Ah oui... effectivement...

- Il me doit au moins ça, la mienne a été sacrifiée. On partage le butin ?

- Yak. Prends-m'en deux... je regarde rapidement si ces messieurs avaient quelques possessions intéressantes.


Joignant le geste à la parole, les corps furent prestement libérés de leurs bourses. Tandis qu'elle s'affairait, elle demanda.

- Une idée où aller ? Qu'on puisse partager sans nouvelles et fâcheuses altercations... je suis vidée, j'ai besoin de picoler pour récupérer

Elle sourit en rassemblant les quelques pièces dans la plus grande escarcelle.

- Filons.


Elle prit le temps de récupérer sa cape et de la passer sur ses épaules avant de pousser la porte de l'auberge. Un fin crachin mordit les plaies des demoiselles de son froid pénétrant. Il lava également les rigoles sanglantes maculant leur peau, calmant les dernières ardeurs belliqueuses des belles. Sur les talons de Kassandra, Fjama marchait rapidement. Une fuite au pas de course aurait attiré l'attention. Peu à peu, elles s'éloignèrent du lieu de leurs méfaits, sans être directement inquiété. Derrière elles résonnaient déjà des pas pressés.
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeDim 17 Avr 2011 - 22:04

    « Il y a un autre endroit, bien moins crasseux qu’ici. Un homme d’excellent goût m’y a conduit il y a peu. »

    Empoignant un second fac-similé de rhum qu’elle couva du bras gauche avec un sourire en coin, la rouquine enjamba les corps qui se vidaient progressivement de l’hémoglobine restante, rejoignant sa camarade tandis qu’elles quittaient prestement sans un regard par-dessus leur épaule, poussant les portes de la Sirène Joyeuse pour s’en éloigner sans plus de cérémonie.

    Leurs pas rapides et vifs les menèrent dans d’autres dédales, des docks plus étroits, pour finalement aboutir à un quai plus large, dans le prolongement de ce labyrinthe en bord de mer où les couinements des planches de bois formaient une drôle de musique grinçante. Le froid et la pluie fouettaient les corps féminins de plus en plus doucement, lavant les traces et les preuves des crimes passés, tandis qu’au loin l’ombre d’une bâtisse qui se confondait avec aisance dans le paysage. A la différence de l’échoppe minable qu’elles venaient tout juste de souiller, les deux rouquines s’apprêtaient à pénétrer dans un univers autrement plus accueillant et moins susceptible d’abriter un danger ou un risque de conflit ultérieur. Et pourtant, d’aspect extérieur, le bâtiment devant lequel elles se tenaient ne donnait guère l’impression de regorger d’intérêt particulier. S’arrêtant sur le perron face à la large façade aussi uniforme que banale, la pirate toqua trois fois à la porte. C’était un pan de bois comme tous les autres, mais sa particularité résidait dans la présence d’une large serrure et d’une trappe à hauteur des yeux. Trappe qui s’ouvrit quelques secondes plus tard, laissant filtrer une voix aussi grave que caressante, et comme un son étouffé et persistant, trop lointain et ouaté pour clairement comprendre ce qui se passait au-delà de cette drôle d’entrée.

    « Oui ? »

    A voix tout aussi basse, la rouquine marmonna clairement une phrase, distincte à l’ouïe des yeux sombres que l’on voyait derrière la trappe, inquisiteurs et patients mais intransigeants.

    « Dans la tornade des canonades, vainqueurs rentreront au port, tous ceux qui navigueront à bord. »

    Les mots résonnaient à s'y méprendre, pour celui qui savait, à un de ces chants pirates qu'on ne connaît que lorsqu'on les a entendu au moins une fois sorti de la bouche d'un gaillard hurlant à la mort ses paroles chères à son coeur. Mais s'ils ne furent pas familiers à l'inconnue, ils eurent le mérite de faire disparaître soudainement les yeux noirs qui étaient apparus. Le clapet de bois se referma sèchement pour laisser ensuite la serrure geindre dans un claquement métallique, la porte s’ouvrant finalement pour aspirer dans son ouverture béante les deux silhouettes, Kassandra faisant signe à l’étrangère de se dépêcher. Une fois la porte refermée, l’homme à la peau aussi brune que celle qui l’accompagnait – car il s’agissait en effet d’un jeune homme fort bien bâti au visage buriné – les fit traverser le petit corridor plongé dans la pénombre, poussant ensuite une seconde porte sur laquelle les deux damoiselles débouchèrent dans une large salle éclairée et bruyante à souhait.

    Parmi les rires et les chants criés à plein poumons, les troupes ça et là chantaient, buvaient jusqu’à plus soif et fumaient la pipe, jouant tantôt aux cartes, tantôt à d’autres variantes où les pièces venaient s’empiler, formant des colonnes de pièces en équilibre précaire. Les tables étaient toutes éclairées par des chandeliers de mauvaise facture greffés aux murs simples et sans tentative de parodie d’enluminure ratée. L’ambiance sentait le tabac, le rhum et l’iode, et tout au fond, le large comptoir de bois brut était sévèrement occupé par les piliers, discutant entre leurs moustaches grisonnantes et plus ou moins fournies des prochains amarrages. Pourtant, rien n’avait l’air malsain, et si les trois quarts de la clientèle n’était sûrement pas aussi blanche que la brebis moyenne, il n’y avait pourtant aucune agressivité patente ni relief d’une bagarre en approche. Sûrement l’endroit était-il strictement surveillé, et les quelques mastodontes qui guettaient cachés dans l’ombre assuraient une sécurité et une dissuasion efficaces.

    Avec un sourire, Kassandra accorda son bras à la rouquine métisse, lui montrant d’un signe de tête une des rares tables libres encore non occupées.

    « Si Madame veut bien me suivre ? »

    Elles rejoignirent d’un pas allègre la tablée qui les attendait, la mousse déposant leur gain de la journée tandis qu’elle se laissait tomber sur la chaise sans autre forme de procès, se saisissant du premier flacon d’ivresse pour le déboucher d’un coup de dent. Avec malice, elle posa enfin son regard sur son interlocutrice, l’observant de long en large.

    « Alors alors alors … A qui dois-je ce sauvetage particulièrement flamboyant ? »

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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeLun 18 Avr 2011 - 20:15

Leu départ était arrivé juste au bon moment. Dix minutes plus tard et la brume jetait son voile sur le port. Annoncée par les vieux marins depuis quelques jours, elle s'abattait implacable. Épaisse comme de la purée de pois, on y voyait goutte à trois pas devant soi. Le brouillard glacial se faisait héraut de l'hiver rude à venir. Avec soulagement, Fjama pénétra à la suite de Kassandra au sein du tripot clandestin. En grelottant, elle retira sa cape trempée. Supportant mal le froid, il fallut à la danseuse la chaleur de la grand pièce pour cesser de claquer des dents.

Jeux, chants, rires, boissons, voilà de quoi taire le mal de crâne et la fatigue saisissant ses membres petit à petit. Au bras présentée par la rouquine, elle frôla le sol d'une révérence moqueuse et posa sa main sur la chemise humide de Kassandra.

- Allons-y ma bonne amie.


La démarche altière, elles s'installèrent à la table libre ne réclamant que leur auguste présence. Avec un soupir d'aise, la métisse se laissa choir sur son siège et bascula un instant la tête en arrière.

- Alors alors alors … A qui dois-je ce sauvetage particulièrement flamboyant ?

- Mmh, flamboyant ? Il manquait un peu spectacle grandiloquent et les comédiens masculins étaient d'un ridicule. Leur jeu de jambe gourd n'aurait jamais connu l'acceptation d'un public avisé. Ne parlons même pas de leurs répliques vides de sens. Avouons que notre participation sur une scène aussi miteuse a sauvé le public d'un mortel ennui.

Un rire léger. Pudiquement, une main arabesque recouvrit les dents-perles, pointant presque cruellement entre les lèvres ourlées. Reprenant correctement place, elle posa l'escarcelle sur la table et l'ouvrit sans autre forme de procès pour procéder à la division des maigres biens des marins victimes de la féminine vindicte. Entre deux piles de menues monnaies, Fjama planta son regard dans celui de la pirate.

- Je me nomme Fjama, artiste de l'Éphémère, pour votre service, gente dame. Lorsque vous serez en danger, appelez et j'accourrai pour vous sauver. Avec qui ai-je eu l'insigne honneur de partager une danse endiablée ?

La mirobolante somme de deux souverains en menues monnaies fut séparée. La première fut poussée vers Kassandra, la seconde disparue rapidement entre les replis de la tenue de la danseuse. "Y a pas de petit profit" comme disait l'autre. Celui-ci payerait la chambre et le bain brûlant dans un établissement de qualité respectable. Un brin songeuse, elle imagina avec délice baigner son corps dans le liquide mousseux, puis se lover dans les draps propres et doux pour deux jours de paresse idyllique. Revenant à son interlocutrice, les yeux d'ambre caressèrent sa silhouette pour se fixer sur les améthystes.

- Pour la prochaine représentation, nous devrions trouver quelques nouvelles piques à lancer à nos partenaire de jeu et peaufiner notre chorégraphie.... En attendant...

Elle tendit la main.

- Je veux bien ma part de ce rhum ignoble.

Un nouveau sourire sur ses traits, le regard pétillait de malice.

- Quitte à avoir mal à la tête, autant savoir pourquoi, non ?

Joignant le geste à la parole, elle déboucha de la même manière si délicate le flacon et gratifia son gosier d'une large gorgée. Après une brève grimace de dégoût, elle considéra la bouteille avec sérieux.

- Il écorche bien le palais celui-ci. Evitons de demander avec quoi l'honnête tavernier l'a coupé.
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeLun 18 Avr 2011 - 23:02

    « J’ai toujours été très bon public, je n’aurais retenu que les flammes, ca m’a bluffé. »

    Kassandra le confessait avec malice. Pourtant elle n’était pas plus magicienne que ses deux « pères », et elle devait l’avouer, elle avait rarement cotôyé des mages, sauf dans un lit, et ca n’avait rien de magique dans ce sens-là, l’activité ne consistant pas vraiment à montrer ses prouesses en matière de surnaturel. Non, la rouquine avait été souvent préparée et confrontée à la violence des coups et du verbe, mais trop peu à la magie. Ainsi les dons, peut-être faibles par rapport à la puissance d’entités aussi rares qu’impressionnantes, de la danseuse l’épataient quelque peu, même si on était loin de la bouche béate d’admiration et des yeux brillants.

    Avec un sourire, la jeune femme soutint le regard de la dite Fjama, occupée à trier son butin et à le compter de ses doigts fins, tandis qu’elle répondait à son expectative.

    « Kassandra. Danseuse du dimanche mais ravie d’avoir pu échanger ces jolis pas de deux avec vous, ma chère. Je n’en dirais pas autant des gredins de tout à l’heure, mais bon, on ne choisit pas toujours ses adversaires. »

    Singeant quelque peu le noble verbe qu’elle avait entendu et fréquenté – un peu malgré elle, et sans s’en vanter, loin de là -, la pirate porta le goulot de la bouteille à ses lèvres écarlates, délestant le contenant d’un peu de son contenu piquant, se râclant la gorge presque après avec l’ombre d’une grimace.

    « Il est loin d’être à la hauteur de notre mérite ! Enfin, on ne peut pas dire qu’il soit plus infâme que la clientèle à qui il était servi. »

    Reportant comme pour endormir son propre palet à la saveur douteuse de l’alcool – tant qu’il faisait effet, le reste importait peu, elle n’était pas de ces gourmets éthyliques – le bout de la bouteille à ses lèvres, la rouquine engloutit encore un peu de rhum, pendant que sa main libre récupérait l’agréablement surprenant dû sonnant et trébuchant. Elle était pirate avant d’être femme, et si la solidarité au sein du sexe faible avait une prépondérance, partager les fouilles des poches de ces messieurs ne se refusait guère. Surtout pour deux souverains.

    Reposant un instant le flacon bientôt responsable de ses vertiges, la douce extirpa son habituelle boite dorée fétiche, l’ouvrant pour en sortir un petit rouleau brun qu’elle coinça sa bouche carminée, rangeant le reste là où il était précédemment caché, alors qu’une seconde plus tard elle se pencha vers le chandelier trônant sur la table pour y allumer l’étrange cigarillo, tirant une longue taffe qu’elle recracha par ces quelques mots pleins de curiosité à l’égard de la délicieuse étrangère aux traits atypiques. Du regard elle la jaugea, sans haine ni reproche, étrangement sereine et complice devant une femme qui aurait pu être sa rivale en d’autres circonstances bien plus austères.

    « Vous êtes danseuse, mh … Vous devez en attirer, des balourds et des convoitises. Ma foi, vous venez de loin ? Du sud peut-être ? Votre teint de peau va faire jaser la petite bourgeoise en tout cas, c’est moi qui vous le dis. »

    La blancheur immaculée était si bien considérée dans les hautes sphères, les maux du soleil étant réservés à l’élite boueuse qui trimait, sous la pluie, le vent, ou les coups douloureux de l’astre solaire, peu importe le temps. Ce qui démarquait physiquement plus que tout la population bien nantie du continent des autres était cette absence d’exposition, cette farouche volonté de ne pas succomber à l’altération colorée du soleil, comme si le bronzage eut été marque de honte et de pauvreté décadente de l’âme. Mais s’il était vrai que l’obscurité de la carnation pouvait faire penser à ces maudits drows, race honnie par l’humain de base, les hommes noirs n’en étaient pas mieux vus, considérés souvent par les plus bêtes comme trop foncés pour être honnêtes. Une bien sournoise pensée trop souvent banalisée.

    Quant à elle ? Kassandra s’en fichait bien. Sa consoeur avait un physique suffisamment agréable à l’œil et des talents bien trop intéressants pour ne pas mériter une place à sa table et un petit interrogatoire ingénu. En échange de quoi elle se portait même volontaire pour échanger quelques tuyaux ! La créature n’était pas difficile, ou plutôt, n’avait pas besoin d’un tel critère pour faire le tri entre les abrutis et le reste.

    Recrachant une autre bouffée de fumée, la pirate alterna par une petite goulée d’alcool, sentant avec une faiblesse bienheureuse les vapeurs la délasser. Comme il était si proche, le bon temps des mauvaises habitudes …
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeMar 19 Avr 2011 - 21:07

Sans véritablement s'en rendre compte, elle se balançait sur son tabouret. Le poids passait d'avant en arrière comme le début d'une danse ou d'une berceuse. Elle nota le nom, hocha la tête et sourit aux remarques de la pirate.

Lentement, la tension accumulée lors de l'affrontement se relâchait dans ses épaules. Au fur et à mesure de l'ingurgitation régulière du rhum de piètre qualité, les nœuds nerveux se démêlaient le long de sa nuque. Il restait encore cette migraine lancinante battant à ses tempes. La musique, les chants et la tranquillité de l'endroit contribuaient à la détente. Mais pour la tête, un seul remède efficace : l'alcool.

- J'attire en effet. Généralement ce que le monde produit de pire en matières des créatures mâles et gorgées d'orgueil, clamant à qui veut l'entendre leur glorieuse virilité. Mais bon, comme le mauvais vin, on apprend à les tenir éloigner si on veut s'éviter les nausées.

Ah ça, les pervers et les obsédés, elle en avait vu défiler ! Combien en avait-elle calmé d'ailleurs à coup de pied ? Combien étaient revenu à la chasse pour se venger ou "montrer c'qu'c'est qu'un vrai gars" ? S'en débarrasser avait exigé des méthodes de plus en plus violentes et expéditives. Alors pour prévenir, elle avait généreusement mis au point une technique appelée "on ne touche pas" à grands coups de mains brûlées et de nez cassés. Heureusement, avec le temps, elle avait développé une aptitude quasi divine à esquiver tout ce qui désirait la toucher. Bien moins dangereuse pour sa propre survie, elle nécessitait nettement moins de fuites en catastrophe.

- Je viens des côtes oui, assez loin d'ici... d'Ithri'Vaan en fait.

L'artiste haussa une épaule. Pas besoin de mentir sur sa provenance, il y avait des gens à la peau foncée là-bas. Le flou artistique omettrait de préciser qu'elle tenait le teint de son cher papa. Très naturellement, elle la tutoya ensuite.

- Oh ! T'sais le teint... Généralement les bourgeois sont bien trop occupés à tenter de savoir comment arriver à le caresser et leurs dames trop pressées de mettre de la distance entre moi et leurs époux.

Amusée, elle eut un rire bref. Ce foutu teint. Ce signal hurlait à qui savait entendre son ascendance. Longtemps d'ailleurs, elle avait cherché à le camoufler ou trouver un moyen pour en changer la couleur. Jusqu'à en croire un dire d'une vieille femme. Selon ses conseils, elle avait acheté des citrons à grands frais sous prétexte " que ça éclaircit l'teint ma bonne dame". Elle se baigna même dans leur jus pendant des heures. Fichu bobard de bonne femme ! Non seulement la tonalité n'avait pas bougé d'une gamme, mais elle avait senti la tarte au citron pendant une bonne semaine !

Soudainement, les pieds du tabouret claquèrent sur le plancher. Quelques regards intrigués s'étaient retournés vers leur tablée. A la vue d'une main agrippant une bouteille pour la délester d'une partie de son contenu, ils avait repris le chemin de leur propre consommation. Quand bien même les lèvres goûtant à l'épais goulot s'ourlaient joliment, même si les corps bien tournés des rouquines attiraient le regard, cela ne restait en fait de compte que deux demoiselles picolant ensemble. Peut-être que de leur imagination ce soir sortiraient quelques fantasmes mettant en scène les flamboyantes rousses fortement imbibées, mais cela ne nous regarde pas. Finalement calmée, Fjama demanda curieuse.

- Et toi ? Tu viens d'où ? Vu ton arme, tes vêtements, je dirais qu'au lieu de parcourir les chemins terreux, tu sillonnes plutôt les routes maritimes ! Comment t'en es venu à ça ?


Dernière édition par Fjama le Ven 22 Avr 2011 - 7:29, édité 1 fois (Raison : ortho)
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeJeu 21 Avr 2011 - 21:05

    « Ithri’Vaan ? Jamais été … Pourtant il en circule, des bruits. A croire que contrairement à ce qu’on y dit, certains en réchappent. »

    Elle esquissa un sourire de malice, songeant à tout ce que ses oreilles avaient pu percevoir, volontairement ou non, au sujet de cette contrée aussi éloignée géographiquement que brumeuse dans ses pensées. Peuplée de races diverses, la région s’étendait le long de la mer et abritait autant de secrets que de murmures pernicieux à son sujet. L’on disait que le fantôme de la présence drow flottait au dessus des populations, spectre à la fois menaçant mais invisible. Ce qui ne laissait présager rien de bon quant à la vie en elle-même que l’on pouvait y avoir.

    Et pourtant la demoiselle se tenait devant elle, forte, endurcie sûrement par ce qu’elle avait pu subir ou voir là-bas. La « Fjama » en question n’avait guère d’apparence le caractère ou l’aura d’une personne qui agissait de manière faible et passive. C’était sans doute une femme de poigne, avec sa ruse et ses manières, son moral ambitieux et certainement déterminé. Comment deviner si ces traits-là étaient la conséquence ou la cause de ses origines, la pirate le définirait tôt ou tard, elle avait tout le temps, semblait-il, pour pouvoir mieux discerner la personnalité de l’incendiaire personnage.

    Humectant ses lèvres, la question de son interlocutrice la plongea dans un silence léger, le temps de faire le point sur ce qu’elle pouvait dire et éliminer de ses paroles. Le moindre propos légèrement trop précis pouvait mettre à découvert des choses qui n’avaient pas à l’être, car après tout, aussi sympathique, avenante et criminelle pouvait être la danseuse, on n’était pas à l’abri d’une vipère cherchant à fouiller dans les méandres des nombreux gens malhonnêtes qui séjournaient dans la taverne.

    Dans un soupir faussement nostalgique, la mousse concéda un avant-propos un peu court et vague.

    « Longue histoire, en effet. »

    En suspens, la drogue s’épandait dans l’air, vaste nuage qui se disloquait dans les hauteurs enfumées de l’échoppe, vrillant dans les narines des malheureux voisins de tablées. D’un clin d’œil taquin, la rouquine se pencha légèrement vers sa camarade, comme sur la confidence.

    « A vrai dire je ne sais pas si c’est très malin de t‘en parler aussi facilement en temps normal, mais je pense que cette entrevue se finira avec un sévère mal de crâne et quelques trous noirs, alors je peux prendre ce risque. Vivons dangereusement ! »

    Elle vida d’une rasade supplémentaire la bouteille de rhum, la claquant à son tour, ce qui éveilla de nouveaux quelques regards chaleureux, parfois un peu trop d’ailleurs, et s’installa plus confortablement contre sa chaise, qu’elle inclina un peu pour se sentir plus à son aise.

    « Tu as déjà fréquenté des pirates ? Ce sont de drôles de gens. Pas très recommandables, violents, aigris, cupides, portés sur la boisson et les plaisirs plus ou moins artificiels … Mais on dit souvent d’eux que les plus passionnés – et les meilleurs - sont ceux fascinés par Eris. Il y en a même qui te diront qu’ils préfèreraient crever plutôt que de ne pas pouvoir aller en mer ! Enfin, de toute manière … Ils savent tous qu’un jour, la Mer reprend ce qu’elle a donné. »

    Les notes dans la voix s’égrenèrent tantôt avec douceur et amusement, sincérité et tromperie, pour s’achever dans une ombre de chuchotement. Après tout, elle-même savait déjà que si elle ne mourrait pas de ses propres excès, elle finirait emportée par les remous de l’océan. Elle n’avait pas vraiment peur de ca ; sans avoir le temps ou l’envie d’y penser, tout ce que le reste pouvait lui offrir dans la vie de pirate lui convenait trop pour l’inquiéter de sa future mort.

    Décidée à réjouir un peu plus sa compère par un discours moins énigmatique et plus évasif, Kassandra montra d’un hochement de tête le joueur de cithare assis deux tables plus loin, qui décida à lancer les premières notes d’un air apparemment entraînant, poussant déjà quelques dodelinements de tête et de rythme du pied.

    « Tu sais ce qui manque ici ? Un peu de distraction supplémentaire. Peut-être qu’une petite danse pour réchauffer l’atmosphère, ca leur plairait ? Et puis … Je n’ai pas pu profiter du spectacle, moi. »

    Elle rit, comme une enfant délicieusement ingénue. Oh, après tout, le doute pouvait subsister, elle aimait cultiver la malice et le sous-entendu. Et, à plus forte raison, la rouquine l’intriguait. Des danseuses, il y en avait une profusion incommodante dans chaque ville, et la capitale en exsudait particulièrement, autant qu’elle raffolait de ces petites aguicheuses professionnelles. Pourtant, mère Talent ne s’était pas penchée sur le berceau de chacune, et rares étaient celles dont la grâce et la sensualité étaient réellement dignes de ces charmeuses de vent.

    Tirant une nouvelle latte du fin rouleau de tabac coupé, la rouquine siffla dans l’air quelque crachat de fumée, étendant ses jambes jusqu’à ce que ses pieds aillent s’appuyer à même le bois vieilli de la table qui accueillait leurs consommations.
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeLun 25 Avr 2011 - 15:12

- Mh. Bien. A la condition que tu me racontes ensuite comment est Meca ! Marché conclus ? Parfait !

Sans véritablement attendre de réponse, Fjama se dirigea vers le tenancier de l'établissement clandestin. Âprement, elle négocia une danse contre le ravitaillement liquide pour elle et sa compère. Un bon rhum cette fois-ci ! Puis, elle échangea quelques mots avec les musiciens. Un accord trouvé, elle se planta immobile au milieu des tablées.

Plusieurs coups de tambours secs zébrèrent le tumulte des discussions. Le luth entonna une lente mélopée. Clapotis calmes, les hanches remuaient de haut en bas, vagues lentes. Paresseusement, les mains s'élevaient vers le plafond comme autant de rayons de soleil sur un océan tiède et placide. Emprisonné dans son cuir sombre, le torse souple serpentait au gré d'un faible courant.

Lentement, la mélodie enfla, s'accéléra, devint tempête. De concert, la danseuse s'anima. D'abord, les hanches tanguèrent dangereusement. Les poignets se tordaient brusquement à chaque éclair éclatant des percussions. Les doigts coulaient ensuite lentement comme autant de rafales de pluies. Les talons martelaient le plancher de pas rapides comme le roulis sous le navire "Fjama". Le bois craquait, torturé par la cadence enlevée. Ballottée par les flots, elle tourbillonnait inlassable. Elle se brisait sous l'assaut des bourrasques imaginaires. Puis, les jambes s'élèvent de plus en plus haut, lames de fond. Avec violence, les reins se cambraient, se creusaient. Le dos se faisait rond, tenant bon dans l'ouragan.

Après une ruée en avant, elle se plia, puis se tendit tout entière. Elle sombra sous la ligne des tables, les épaules touchant le sol. Les mains naufragées suppliaient d'arabesques qu'on leur viennent en aide. Comme tirer hors de l'eau, Fjama jaillit. Fermement campée sur ses jambes, sa valse reprit plus lente dans la tourmente s'apaisant.

Le tour de danse prit des allures plus suaves, sans doute plus communes pour plaire à ses messieurs. Les courbes sensuelles oscillaient. Sous le tissu rubis et ébène, les aguichants appâts s'offraient sans se dévoiler. La démarche chaloupée, elle parcourut la pièce dans un chuintement d'étoffes. Les muscles déliés roulaient, se tortillaient pour mettre en valeur le corps en poses langoureuses. L'écarlate frôlait parfois un convive séduisant, titillait un instant ses sens d'une caresse sans jamais permettre le contact. Sur un baiser à un musicien, la musique s'éteint.

Les doigts glissèrent un instant sur le menton, perdus dans la barbe rugueuse, jusqu'à ce qu'elle fasse volte-face pour retourner vers le comptoir et emporter le breuvage gagné. Elle se fendit d'une révérence bien basse pour son public, puis l'oublia parfaitement. Une bouteille claqua devant Kassandra. Assise, ses pieds trouvèrent le rebord de la table, position confortable mais o combien peu séduisante. Le flacon prestement débouchée s'éleva en toast silencieux avant que l'alcool savoureux coule dans un gosier desséché par l'effort.

- Alors, à ton tour !

Elle sourit taquine à la rouquine et tendit la main vers la roulée.

- Je peux ?

Elle se servit. D'une main approchée, elle embrasa à nouveau le mégot et tira quelques longues lattes. Les discussions allaient à nouveau bon train. Les bardes avaient repris les chants marins affectionnés des convives. Lentement, ils entonnèrent le traditionnel :

Vin qui pétille, Femme gentille,
Sous tes baisers brûlants d'amour,
Plaisirs, Batailles, Vive la Canaille !
Je bois, je chante et je tue tour à tour.


Fjama éclata soudainement de rire. Les paroles lui plaisaient sans bien savoir pourquoi. Elle agita la main, chassant le parallèle saugrenu entre leur soirée et les deux dernières phrases du refrain. Elle redonna son bien fumant à sa propriétaire, la dévisageant en l'attente de sa réponse.
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeMer 27 Avr 2011 - 20:47

    Elle se leva, délicate et agile, son corps répondant sans plus attendre à la demande convoitée. Et comme prévu, la danseuse lança la musique, les tambours se faisant les maîtres de la mélodie, guidant les premiers pas de la voltige gracieuse qu’esquissaient les courbes et les arabesques dans l’air.

    Un sourire, une note. Les yeux se tournaient vers la créature à la peau brune qui dansait, se mouvait comme un serpent fluide et inattrapable ; à l’image de l’eau qu’on cherchait à capturer entre des doigts maladroits, la saltimbanque tournoyait, ondulait, ondoyait sans jamais laisser la distraction ou l’ennui prendre le dessus, chaque geste était une invitation lascive à l’homme qui y voyait volontiers une œillade, chaque femme jalousait secrètement la joliesse et la maîtrise de l’art savant, et même les musiciens se laissaient emballer dans ce duel qui suspendait le temps dans la taverne.

    Et quand le corps se décida à être plus suggestif, l’audience ressentit tour à tour chaleur et enthousiasme, frustration et satisfaction, tandis que la danse s’achevait dans un paroxysme d’élégance. Retournant à leur tablée avec la récompense dûment méritée pour sa double victoire, la métisse se vit applaudie par une Kassandra aussi rassasiée que détendue. Les vapeurs de l’alcool fort nouvellement apporté se mêlèrent à ceux du rouleau de « tabac » qui fila entre les doigts tannés, la bouche aspirant à son tour un peu de paradis avant de le rendre à sa propriétaire.

    « Bravo. »

    D’un sourire entendu, la rouquine replia ses jambes, tapotant le mégot de l’index avant de balayer d’un regard large l’assistance, les chants marins reprenant leur concert de fond tandis que les discussions se remettaient en marche – bien que sûrement l’on discutait peut-être un peu aussi de la performance de l’étrangère et de la présence flamboyante des deux dames -.

    Laissant parler naturellement sa mémoire, les trésors de ses souvenirs et ses propres sensations avec plus d’aisance et de relâchement qu’en période de sobriété, la rouquine finit par concéder ses réponses tant recherchées par Fjama.

    « Tu vois cet endroit ? Ecoute juste le bruit. Ne regarde rien. Sens, hume, tends l’oreille, et multiplie tout ça par dix. »

    Avec un sourire pas peu fier, la rouquine tira une latte profonde avant de cracher tel un dragon la fumée épicée, avant de reprendre, ayant laissé le temps suffisant à Fjama pour clore les paupières si elle voulait le faire.

    « C’est comme ca dans les rues, et c’est comme ça dans les nombreuses tavernes, échoppes et autres bouges qui remplissent la côte. L’agitation, la vie, tout ça palpite sans jamais s’arrêter. Le port abrite des énergumènes loin des mignons suderons, c’est sûr, il vaut mieux être armée en permanence. C’est comme ne jamais tourner le dos à qui que ce soit, c’est quelque chose qui ne se conçoit pas. Meca ne dort jamais, et si c’est le cas, c’est qu’elle fait très bien semblant. Evidemment, une telle agitation entraîne autant de débauche que d’incidents … Mais c’est la vie qu’on y mène, c’est comme ca que les gosses sont forgés et c’est dans cet univers qui, certes, ne berce pas les chiards dans de la dentelle de soie sauvage, mais a le mérite d’être aussi dur que la réalité, que j’ai grandi. Je ne peux pas m’en plaindre, au moins n’ai-je jamais eu à subir la gifle qu’on se prend quand on voit comment les choses se passent en vrai. »

    Dans le vague, le myosotis se teinta d’une nostalgie brumeuse. Songeant à Rhamyr, la rouquine se demanda ce qu’il en était du vieillard. Sûrement mort. Peut-être fêtait-on ses obsèques dans l’inondation de rhum la plus totale, en criant qu’il était un brave qu’on avait abandonné, en chantant les bons souvenirs des temps où il avait foulé les mers, et peut-être aussi en déplorant à plus ou moins forte grossièretés la disparition de sa fille. Môme ingrate qui n’était même plus là pour voir ça.

    Ou alors peut-être était-il aussi attablé, les traits encore plus ravagés que dans ses souvenirs, la main soutenant tout juste le contenant pour engloutir le contenu. Avait-elle vraiment envie de le savoir, ou bien même d’y repenser ? La pirate déboucha sa bouteille avec satisfaction, abandonnant l’ancienne de mauvais goût pour purifier ses lèvres du délicieux élixir.

    « Donc je récapitule … Danseuse, magicienne, et plus qu’apte au combat. Ca ne serait pas une vague couverture de mercenariat ? Qui plus est, en provenance d’un endroit aussi chargé de mystère qu’Ithri’Vaan. Tu ne m’as d’ailleurs pas parlé de ton coin à toi. A ton tour ! »

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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeJeu 28 Avr 2011 - 19:27

- Mmh... Si Meca est la vie dans sa chaleur tourbillonnante... L'Ithri'Vaan... c'est la vie dans toute sa violence, laide et crasse.

Elle bascula la tête en arrière un instant avant de replonger son regard rubis et miel dans le paysage myosotis de son vis à vis.

- Tu as le choix entre deux univers différents.

Elle redressa deux doigts, puis en baissa un.

- Naelis : Une cité en ruine peuplés de malades et de mourants. Régulièrement, les sombres la ponctionnent de ses forces vives et saines. Les rares bouffées de joie sont étouffées dans les bûchers élevés à la gloire d'un dieu drow quelconque. Pleurs et cris remplacent les rires et les chants. Dans les rares instants de quiétude, c'est une lutte pour la survie.

Neutre, elle se contentait d'une description simple.

- La cité a dû être belle et pleines de rêves autrefois. A présent, c'est simplement des ruines. On croirait plus ses habitants dans l'antichambre du royaume de Tyra que réellement en vie. Ceux qui y vivent ne pensent qu'à s'enfuir sans en avoir jamais le courage. Il n'y a que les étrangers pour se rebeller contre l'oppression. Généralement, ils finissent sur un bûcher s'ils ont de la chance, sinon en esclave au Puy.

Une pensée pour le Walfen et un bref éclat de rire. Ils avaient eu chaud aux fesses cette fois-ci. Cependant, à cause de sa pirouette, elle ne pourrait pas remettre les pieds dans sa région natale avant des années. Elle dressa un second doigt.

- Puis, tu as Thaar. Je pense que tu peux reprendre ta description de Méca en ajoutant un détail notable : La ville est la succursale des sombres, une sorte de Puy d'Elda bis où l'on maintient une façade de neutralité. Profusion de bordel, de marchands d'esclaves, il ne fait pas bon trainer dans ses rues. Les assassinats sont courants. Personne ne s'émeut vraiment de la vue de cadavres ou d'enfants laissés à l'abandon. Peut-être que l'impression de vie vient du fait que cela soit une cité portuaire, j'en sais rien. Je suis née là-bas. J'ai grandi dans ses rues. J'ai appris à composer avec. A me cacher quand il le fallait, à me battre quand je le devais. Aussi étrange que cela puisse te paraitre, j'aime cette ville autant que je la hais. Ses brusques éclats de liberté triomphantes, ses petites victoires sur le quotidien, ses bandes chiards crasseux hurlant de rire à travers les rues. Pour cette raison, je pense que je me sentirais à l'aise à Meca.. même si je dois avoir autant le pied marin qu'un cul de jatte.

Un nouvel éclat de rire. Elle n'éprouvait pas de honte de n'avoir jamais naviguer. A dire vrai, l'eau vive l'inquiétait et la rebutait légèrement. Peut-être une crainte irraisonnée de s'éteindre, difficile à certifier. Malgré cela, elle adorait passer des heures à ne rien faire dans une baignoire d'eau bouillante. Soudainement, elle esquissa un sourire féroce.

- Je ne suis pas mercenaire. Cela ne m'intéresse pas de risquer ma vie pour de l'or ou pour les autres. Je tue uniquement quand on attaque mes intérêts. Quant à la magie, je peux pas vraiment t'en parler plus, y a trop de sang dans mon alcool pour être précise. Je manipule le feu, comme t'as pu le constater. C'est mon élément, il correspond parfaitement à mon tempérament ou peut-être est-ce mon tempérament qui s'est formé pour mieux épouser mes dons...

Fjama haussa une épaule. Elle s'appuya à nouveau sur sa chaise correctement, vidant lentement mais sûrement sa bouteille. Vaguement éméchée, elle détailla du regard Kassandra.

- T'as envie d'apprendre à danser ? C'est soit ça, soit tu m'apprends une chanson pirate ! Ou alors je te torture encore un peu de questions ?

Elle tapota machinalement sur la table.

- Encore une question et après, le défi de la danse ou du chant ! Quand as-tu pris la mer pour la première fois et pourquoi ?
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeLun 9 Mai 2011 - 20:47

    « Je vois. »

    Sa phrase, aussi anodine que rhétorique, n’était pourtant qu’un mensonge léger. Kassandra n’avait jamais été réellement confrontée aux drows à la différence de Fjama. Ou plutôt, pas à ceux du « type continental ». Toute sa jeunesse passée sur l’île de sa plus ou moins paisible enfance n’avait été bercée qu’au rythme des bastonnades sans grand lendemain et ce peu importe la race. Il n’y avait pas matière à s’inquiéter d’un oppresseur caché tel un marionnettiste, prêt à fondre sur vous, sur ce lopin de terre où seule régnait l’allègre loi du plus fort. Et plus honnêtement, elle n’avait jamais rencontré ces cas de figure où la menace a un visage aussi sombre que les intentions qui en découlent. L’asservissement, la soumission pure et dure, la violence éloignée des stupides querelles de taverne, la douleur des famines, voilà des choses qui n’avaient pas été son quotidien, et ce quand bien même jamais son géniteur adoptif n’avait roulé sur l’or. Ils étaient pirates, mais leur vie leur assurait une condition bien moins misérable que celle de tous ces gueux qui souffraient en silence, au loin, trop loin de la Grande Miradelphia et de sa pédante bourgeoisie pour alerter qui que ce soit.

    Aussi la jeune femme ne fit qu’hocher la tête, pensive. Comment une humaine comme elle pouvait-elle s’en être sortie ? Elle n’était pas une petite créature doucette et fragile pleurant l’amour et la joie de vivre. C’était bien une de ces femmes habitées par bien des motivations qui la rendaient aussi déterminée que redoutable. Elle avait du caractère et du talent, c’était indéniable, et c’en était d’autant plus épatant qu’elle avait vécu à Thaar. En aurait-il été de même pour elle ? La rouquine n’aurait su le dire. Et ne voulait l’imaginer ; Meca se suffisait tant à elle-même que le reste n’était pas enviable ni même seulement envisageable.

    « N’en sois pas si sûre. Tu serais surprise du nombre d’infirmes qui sont plus à l’aise à l’eau qu’à terre, tiens ! Et puis après tout, Meca compte aussi une bonne quantité de charlatans qui racontent à qui veut l’entendre des péripéties aussi déroutantes qu’irréelles vu qu’ils n’ont jamais mis un orteil dans un bateau. »

    Une goulée de rhum et une taffe plus tard, les vapeurs tournoyaient doucement dans l’esprit agréablement emmitouflé par la chaleur des excès. Le petit jeu des questions de la danseuse ne semblaient pas déranger la pirate autant qu’à son habitude, où ce genre de dialogues la rendait plus muette qu’une carpe quand on s’approchait un peu trop du domaine personnel. Pour autant, cela ne l’empêchait guère de se prêter à d’autres futilités, et la malice refit surface tandis qu’elle dodelina de la tête, acceptant le marché.

    « Soit, soit. Tu m’apprendras l’art de la danse, alors. Je suis encore trop sobre pour pousser la chansonnette. »

    Un rire plus tard, elle reposait la bouteille de rhum fraîchement débouchée sur la table brute, regardant avec malice son interlocutrice, impatiente de prendre sa première leçon – qu’elle fut en public ou non -. Son regard se perdant dans la réflexion des moments passés et de la lourdeur des sens qu’ils portaient en leur sein, ses cils s’abattirent un instant avant que la rouquine ne réponde avec un ton un brin nostalgique.

    « Je crois que je devais avoir douze, peut-être treize ans, la première fois que je suis grimpée sur un pont ... Mon père n’aimait pas trop l’idée à cette époque, ou plutôt, son équipage ne voulait pas d’une gosse, et encore moins d’une fillette ! Mais j’avais insisté, je voulais vraiment savoir ce que ca faisait, et aucune gamine n’aime qu’on lui refuse ce qu’elle exige, alors ... »

    D’un geste de la main cynique, elle balaya l’air, avant de reprendre, un brin amusée.

    « Bizarrement, ça a été à la fois le pire et le meilleur souvenir de toutes les fois où j’ai pu prendre le large. J’ai mis un long moment avant d’y revenir ... Et je crois que ca serait dur de devoir passer le reste de ma courte vie sur le continent. »

    Elle sourit à nouveau. Dansaient devant elle, dans l’imaginaire des souvenirs, la silhouette de Rhamyr, perché à son poste, le regard à l’affût, ne cessant d’interpeller une petite gamine aux boucles rousses qui s’agitait en tous sens, dévorant d’un regard fasciné et tordu d’angoisse les roulis d’Eris et son impétueux élan.

    Chassant ses rêveries par un souffle de fumée embaumante, Kassandra leva le menton et s’enquit à se redresser avec une impatience d’enfant toute alléchée par les perspectives qu’on lui avait murmurées en secret.

    « Alors, cette leçon de danse ? »
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeSam 14 Mai 2011 - 9:49

- Mmh bien, je crois que la réponse vaut le premier cours !

Elle se redressa à son tour, s’étira nonchalamment.

- Tiens-toi droite, le menton dressé, fière.

Elle s’approcha de Kassandra, vérifia que le dos soit bien droit en tournant autour d’elle dans un claquement d’étoffes et d’entrechocs des babioles métalliques à sa ceinture. Elle appuya légèrement au milieu du dos de la rouquine, replaça ses épaules et hocha finalement la tête.

- Moui, il faut que tu te tiennes droite mais naturelle. Là, on dirait vaguement que je t’ai enfoncé un balai dans le fondement… Moins crispée, droite ne veut pas dire coincée, courbe ne veut pas dire détendue… Enfin bref pour commencer, il vaut mieux une position neutre, cela te permettra d’enchainer les mouvements comme tu le souhaites. Bon, le corset est une hérésie t’empêchant de te mouvoir librement, mais je vais éviter de te déshabiller ici.

Une moue taquine s’étala sur ses lèvres.

- Ferme les yeux à présent. La première chose à apprendre, ce n’est pas les gestes que tu peux entraîner et inventer à ton gré, mais à ressentir la musique. Chaque mélodie raconte une histoire, avec ou sans paroles. Pour danser, tu dois devenir un élément de celle-ci. Le mieux quand tu auras plus l’habitude, c’est de laisser divaguer ton imagination en tissant tes propres contes avec ce que tu entends. Ensuite, à toi de conjuguer ce que tu ressens avec ce que tu entends et à le partager via tes gestes. Peu importe si cela te semble ridicule.

A son tour, elle ferma les yeux. Parfaitement immobile et silencieuse, le temps de créer sa trame sur un air inconnu et assez peu adapté à la danse. Elle isola les différents instruments, la voix pour mieux l’oublier.

- Une fois que tu sais où tu désires te rendre, ouvres les yeux. Je vais te donner quelques bases.


En face de Kassandra, Fjama déjà plongeait son regard dans le sien. Avec un sourire en coin, elle continua ses explications.

- Tu dois décomposer tes mouvements, comprendre ce que fait ton corps pour perfectionner chaque geste. Il ne suffit pas de secouer les fesses pour donner l’impression que tu es une bonne danseuse. Bien que, entre nous, c’est ce que font la plupart des danseuses suffisamment bien pourvue par la nature pour faire baver un public masculin. Au lieu d’agiter, tu dois chasser le bas gauche de ton bassin pour remonter le haut droit jusqu’à le ressortir vers l’extérieur, puis c’est l’inverse. Savoir le faire lentement te permettra d’aller de plus en plus vite pour suivre les rythmes parfois effrénés des tambours.


De l’index, elle pointa à la rousse ses hanches qui bougeaient selon l’indication, très lentement pour lui permettre de bien saisir le mouvement. Puis, elle accéléra peu à peu avec facilité. Du menton, elle lui indiqua qu’elle lui cédait le tour. Plusieurs fois, elle secoua la tête et posa ses mains sur les hanches de Kass’ pour corriger le mouvement. Finalement satisfaite, elle reprit.

- Les bras maintenant : Tout doit être lié, arrondi. Dans la plupart des cas, les gens considéreront toujours que des gestes sensuels feront une bonne danse, même si c’est du grand n’importe quoi. Jamais d’incisif pour une débutante, toujours rond, doux. Quand tu bouges, même si tu trompes, tu dois enchainer comme si tu savais où tu allais, sans précipitation ou angles bizarres. Au lieu de lever le bras normalement, tu l’étires, le tord légèrement. Tes doigts doivent être soit tendus à l’extrême, soit légèrement recourbés, jamais de poings fermés.

A l’explication, elle joignit le geste et les différentes variations. Parfois, elle torsadait le poignet, levait les deux bras en même temps depuis différents angles d’attaque.

- Pour les pieds et les jambes : Même règle qu’avant, même si tu trompes, tu dois faire croire à ton public que c’est parfaitement normal, que tu sais où tu désires te rendre. Par contre, contrairement aux mains, évite les fanfreluches et arrondis. Dans la majeure partie des cas, évite trop de pirouettes également. Quand on n’a pas l’habitude, la tête tourne vite… et pour peu que tu aies un peu bu, le résultat peut être catastrophique.

Elle rit légèrement.

- Un dernier point important : Le haut du corps sert généralement à représenter la mélodie alors que le bas est là pour le rythme. Pour raconter ton histoire, il est important de t'en souvenir.

Fjama hocha la tête pour elle-même. Elle avait résumé l'essentiel, il ne restait plus qu'à voir si son "élève" avait saisi les informations.

- En combinant ces « règles », tu pourras paraître bonne danseuse devant n’importe qui. Sauf devant les saltimbanques qui connaissent également la ritournelle. Ceci dit, si un jour tu as besoin de quelques deniers, avec ton physique bien tourné, cela te permettra de te faire engager dans une taverne pour y danser. A toi de me montrer si tu as compris maintenant, je suivrais ta chorégraphie !
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeDim 29 Mai 2011 - 20:17

    Sereinement, la rouquine se redressa. Parmi la foule, le mouvement n’alerta personne ; c’était le genre de tavernes où tout le monde ne cessait de s’agiter, de se dresser pour crier ou rire à la cantonade avant de se rasseoir, ou héler la serveuse et lui courir après.

    Sous les gestes ordonnés et précis de son éphémère professeur, la rouquine s’arqua jusqu’à tenir un port droit, peut-être un peu trop, que la main de la flamboyante correctrice se chargea de rectifier. Elle administrait ses conseils avec expérience et confiance, ses paroles n’étant pas si nébuleuses que ce que l’art de la danse aurait pu inspirer à d’autres. C’était à la façon dont on parlait de son art que le charlatan se trahissait, et il semblait maintenant indubitable pour Kassandra que Fjama savait de quoi elle parlait ; en cela il n’y avait rien de plus enrichissant et de plus exaltant que d’apprendre aux côtés d’une passionnée.

    A son commentaire sur sa tenue, la pirate eut un haussement d’épaules amusé.

    « Oh, pas de pudeur entre nous, voyons. »

    Reprenant son sérieux, la rouquine ferma les paupières, s’abandonnant à ce que son ouïe lui laissait subtilement saisir. S’emparer des sons et de l’ambiance de l’endroit ne fut pas une affaire délicate, habituée au climat de l’échoppe et connaissant la mélodie des comptoirs comme un rituel longtemps pratiqué, elle fut pourtant surprise de devoir y chercher une inspiration. Ou plutôt, y ressentir quelque chose d’assez fort pour lui donner envie de remuer le fessier, ce qui soit dit en passant n’était pas aussi aisé qu’on l’imaginait. Occultant les conversations et le brouhaha qui lui paraissaient polluants, son oreille capta les premières notes lointaines d’un instrument dans la pièce, suivies bientôt par l’écho aléatoire de pas, de verres s'entrechoquant, tintinnabulant, créant un rythme étrange mais qui pourtant s’entremêlaient assez harmonieusement. Elle parvenait lentement à capter ce qui, en dépit de toute chose, pouvait constituer un semblant de « trame ».

    Ses pupilles se dilatèrent à la lumière retrouvée, et se penchèrent alors sur les mouvements qu’exécuta brièvement Fjama afin de lui inculquer quelques premiers bons gestes. Comprendre son corps, hein ? C’était dans ses cordes. Jouer de l’évocation et de la suggestion par sa féminité n’était pas difficile ; le tout était de maîtriser et de doser pour ne pas tomber dans le vulgaire et faire office de potiche. La danse alliait la séduction à la façon poétique et lascive de savoir suggérer tout en musique, sans mot dire, sans toucher, sans même parfois voir

    »Eh bien, voyons ce que je vaux en tant que saltimbanque ! »

    Les derniers mots de la maîtresse à la disciple moururent sur ses lèvres, laissant alors le champ libre à l’apprentie qui fit signe aux musiciens précédemment interpellés de se remettre à jouer de manière plus appuyée. Il lui fallait un son un peu plus démonstratif, et ce qui s’égrena des cordes pincées lui arracha un sourire de satisfaction tandis que ses iris se voilèrent à la concentration des mouvements que les notes lui souffleraient.

    La mélodie était enivrante, aussi la rouquine sentit le naturel se faciliter et s’insinuer en elle avec plus d’habileté que précédemment. Lentement, son bassin suivait le mouvement lent dicté par le rythme des percussions, ses bras se hérissant avec douceur et fragilité, jusqu’à ce que ses mains se joignent au zénith improvisé du plafond, statue en plein éveil dont les hanches s’agitaient, souples et mutines, sous le nez des premiers buveurs à la curiosité excitée.

    Etait-ce l’alcool ? Etait-ce la fumée, ou même l’atmosphère confinée de la pièce ? Passés les premières ébauches corporelles fructueuses de la préface physique, la pirate semblait s’être embarquée dans la musique entièrement, prise au jeu, et les regards qui avaient convergé vers la silhouette mouvante ne l’effrayaient pas plus qu’à son habitude, au contraire. Soutenant par ci le regard d’un jeune minet trop propre sur lui pour être honnête, le voilà qui croyait peut-être, sûrement même, qu’elle ne dansait que pour son simple plaisir, les courbes de ses hanches ondoyant avec la sensualité d’un venimeux reptile : mais une fraction de seconde plus tard, c’était toute l’assistance qu’elle embrasait par là de ses iris violines, ses bras se déployant en courbes, dessinant dans l’air avec mesure des volutes et des arabesques, alors que le rythme qui animait sa taille s’éteignait pour guider ses pas, tournoyant gracilement, paisiblement, suave et patiente.

    Ses yeux d’instinct s’étaient voilés alors qu’elle laissait à nouveau la mélodie s’emparer de ses sens et fluidifier les dessins de ses mains dans l’air, de ses pieds au sol, de ses reins caressant l’air. Si une débutante comme elle avait réussi le tour de force d’attirer l’attention aiguisée d’une partie du public, nul doute que Fjama, qu’elle invita subtilement d’un regard coulé en sa direction – un regard qui laissa bien des mâles soupirer, rêveurs -, saurait ravir les sceptiques. Les musiciens, eux, toujours attablés et séduits par les deux demoiselles qui avaient décidé en cette journée d’offrir leurs talents artistiques aux yeux et à l’inspiration de leurs instruments, savouraient la présence des muses.
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MessageSujet: Re: Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra]   Les demoiselles s'en mêlent ! [Kassandra] I_icon_minitimeMar 31 Mai 2011 - 21:32

Satisfaite, Fjama souriait. L’éphémère élève suivait les consignes à la perfection, se laissant guider par la mélodie pour en devenir l’instrument. Surveillant uniquement les premières minutes, l’abandon de Kassandra à la musique réveilla rapidement l’appétit de Fjama pour la danse. Elle se joignit naturellement à la flamboyante rousse pour souligner ses pas et ses gestes. Elle se fit le pendant rapide et enjoué à la sensualité réveillée de la pirate. De pirouettes en jetées, de frôlements calculés d’une main de sa compagne de jeu, d’une saccade de bassins conjoints, la danse se développa tumultueuse et s’éteignit sur les vivats d’un public ravi et d’un patron tout aussi réjoui par les boissons supplémentaires consommées dans l’ambiance survoltée.

Tellement qu’il offrit aux deux demoiselles suffisamment de rhum pour passer le temps jusqu’au petit matin et oublier leurs noms. Bouteilles mises rapidement à profit pour augmenter encore un peu plus l’ivresse et la gaieté de la soirée, les discussions entre les deux rouquines passèrent à des sphères beaucoup plus privées et complètement libérées. Premiers baisers, premiers cadavres, premières cuites, premier homme, tout y passa en long en large et en détails. Régulièrement, des éclats de rires un peu trop perchés ponctuaient telles ou telles phrases.

Stupéfiant ! Habituellement, l’une comme l’autre n’était pas le genre de femmes à se laisser aller à des confidences dites féminines. Et pourtant, l’alcool coulait à flot et les mots suivaient le même chemin. Finalement, quelques heures avant l’aurore, la pluie cessa. Attrapant chacune les dernières bouteilles offertes, elles congédièrent deux jeunes hommes un peu trop avenants pour être totalement honnêtes. Puis, les jeunes femmes quittèrent l’établissement avec pour but farfelu d’ « aller dire aux nobles qu’ils sont que des connards comme les autres ».

Bras dessus-dessous, elles arpentèrent les rues de Diantra chantant, ou plutôt braillant, les airs les plus idiots ou grossiers entendus. Quelques pots de chambre jetés, une gamelle dans le caniveau plus tard, elles arrivèrent dans les quartiers les plus cossus. Sur une idée tout aussi stupide que les autres, elles cherchèrent à se faufiler discrètement dans le dédale de petites ruelles. Enfin, pour la discrétion, le concept différaient grandement entre l’état ivre et sobre. Chaque deux mètres, l’une d’elles posait un index sur ses lèvres et produisait un gros « Chuuuuut » avant de pouffer de rire comme une rombière troussée dans la paille. Elles brisèrent au passage quelques pots de fleurs laissés là en décoration, mais finalement, la destination était atteinte.

Après un échange assez bref, principalement constitué de « Il faut pas » « Mais oui, c’est marrant », l’une d’elle cria à la face d’un château endormi. Difficile de dire exactement ce qu’elle hurla tant le flot était noyé sous les propos d’ivrogne et son langage incompréhensible pour qui ne partageait pas le même vin. Un garde, alerté par le tapage, s’approcha rapidement de la source en fuite. Il soupira en voyant les deux silhouettes courir et s’étaler quelques mètres plus loin sur une marche. Las, il agita la main dans l’air et pesta en regagnant son poste. Tsah ! La relève s’en occuperait si elles revenaient.

Hilares, les demoiselles gagnèrent alors la chambrette louée par Fjama. Sans oublier de se perdre au moins une dizaine de fois en chemin. Dès que les têtes touchèrent les oreillers, elles sombrèrent dans le sommeil éthylique sans rêve.

Tard dans l’après-midi, Fjama se réveilla la bouche pâteuse à moitié avachie sur une Kassandra à moitié déshabillée. Malmenant une joue, elle mira sa compagne tâchant de se remémorer des derniers échanges de la nuit riche en bêtises. Par les Cinq ! Quelle gueule de bois et quel trou de mémoire ! Tirant la langue, elle ramasse un broc trainant sur la table pour tenter de calmer la soif qui lui vrillait les tripes. Rapidement, elle recracha par terre le contenu. Du rhum ! Tsah… Voilà venir la nausée. Vacillante, elle arpenta un moment la pièce à la recherche de ses propres vêtements. Kassandra ne tarda pas à s’éveiller à son tour. Elle avisa la pièce d’un regard brumeux avant de porter le regard sur Fjama qui préparait déjà des tisanes d’herbe. Soigneusement, elles évitèrent l’une comme l’autre d’aborder la fin de soirée. Si l’une d’elles savaient exactement pourquoi elles avaient terminé dépouillées de quelques vêtements, elle garda soigneusement le secret. Malgré tout, il fut temps de se séparer. Promesse fut échangée de se retrouver deux mois plus tard à Méca, pour faire le point sur les objectifs personnels avoués et repasser une soirée où les demoiselles s’en mêlent.
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