L'impasse du Guérisseur

Danaé était une des guérisseuses de Daranovar. On faisait souvent appelle à son aide en lui rendant visite, ou venant simplement la chercher dans sa petite maisonnée. L’automne était pluvieux depuis plusieurs jours.

Rien n’allait pour les petits elfes qui venaient de naitre. Elle avait confectionné plusieurs remèdes et c’était la première fois qu’elle ne dormait pas tellement on la réclamait. Elle se demandait comment sa mère faisait. Courir dans tous les sens. Elle ne devait pas avoir dormi depuis plusieurs jours. Même fermer l’œil de la journée lui était impossible.

Son dernier patient avait été un jeune garçon qui s’était blessé dans une mauvaise chute. Les enfants étaient intrépides. N’importe quel jeu pouvait les blesser, même si leurs parents tenaient tant à eux. Le pauvre enfant se tordait de douleur et douce comme, la rose, elle posa sa main sur son front.

Du calme, petit elfe.

La jeune guérisseuse apposa ses mains contre la cheville et soigna le pauvre enfant… Elle l’avait endormi, pour lui faire reprendre de l’énergie.

Tout ira mieux demain.

Merci Danaé.

De rien, il dormira peut être un peu plus longtemps, mais son corps a demandé beaucoup de force pour la douleur qu'il endurait.

La jeune guérisseuse repartie. En marchant, elle entendit le tonnerre gronder. Valait mieux repartir par le sentier. Courant d’un pas mal assuré, elle finit, par glisser sur le sol glissant, dévalant la pente et heurtant de plein fouet un arbre.

Elle ouvrit les yeux faiblement, ses yeux était embrouillés. Elle voyait peu. Son corps l'envoyait doucement vers un repos.

C’était la première fois qu’Iözynn se rendait au duché de Daranovar. Il avait mis un terme à la longue pause qu’il s’était accordée lorsqu’il avait eu un appel venant de la cité elfique. Sans attendre, il avait rassemblé les quelques objets qu’il trimballait en tout temps avec lui lorsqu’il voyageait et était parti. Le temps assez pluvieux, mais cela ne dérangeait pas le guérisseur, et il respirait à pleins poumons l’air fraîche et humide et le doux parfums des plantes de la forêt.

On avait appelé le mage dans une petite maison isolée des autres habitations. La personne qui y résidait s’était fait une vilaine entorse au pied, et elle ne pouvait plus se déplacer comme elle le ferait auparavant. Le thaumaturge guérit rapidement son mal, et quitta la demeure de son patient. Il avait fait tout ce chemin pour quelque chose de bien ridicule ! De plus, il y existait indéniablement d’autres guérisseurs à Daranovar qui auraient pu s’en occuper…

Une pluie drue s’était mise à tomber à l’extérieur. De sombres nuages obstruaient le soleil, au-dessus de lui. Le petit sentier qu’Iözynn empruntait était couvert d’une fine pellicule d’eau, qui risquait de lui faire perdre le pied à tous moments. La plupart des gens qu’il croisait se hâtaient de trouver un abri pour se couvrir, mais cela ne dérangeait pas le mage de se faire mouiller. Soudain, un éclair zébra le ciel dans un flash aveuglant, et le tonnerre gronda fortement, faisant vibrer l’air.

Le thaumaturge pressa le pas. Il était dangereux de voyager dans la forêt en temps d’orage. Le chemin était en pente. Devant lui, dans l’obscurité qui s’épaississait, une jeune femme à la chevelure blonde courait. Tout à coup, elle fit un faux pas et trébucha, tombant tête première contre le tronc d’un arbre. Elle s’affala de tout son long au sol. Une plaie s’était mise à saigner sur son front. Iözynn se précipita à ses côtés, faisant attention de ne pas lui-même se blesser comme elle l’avait fait. La blessure de la fille était assez sérieuse. Il fallait qu’on la soigne au plus vite avant que son estafilade ne s’infecte. Heureusement que sa route avait croisé celle du guérisseur.

Le mage la prit dans ses bras et l’amena sous le couvert imperméable que formaient les branches d’un baliveau. Il la posa délicatement au sol. Il commença par éponger la liquide vermeil qui s’échappait de sa contusion avec un petit linge qu’il trouva dans la besace attachée à sa ceinture. Puis, il appliqua une substance désinfectante et cicatrisante. La plaie était trop large pour être raccommodée avec des points de suture. Pour finir sa guérison, le thaumaturge appliqua une main sur son front et lui envoya de l’énergie.

S’assoyant à côté de la jeune femme, Iözynn l’observa attentivement. Elle était dotée d’une grande beauté. Ses traits étaient fins et son nez était pointu. Ses longs cheveux dorés étaient lisses et paraissaient doux, bien que le guérisseur ne s’osa pas à les toucher. Il fut alors prit d’un curieux sentiment. C’était le même qu’il avait éprouvé après qu’il eût vu son ancienne amie après de longues années. Il secoua la tête. Il ne fallait pas qu’il se croit amoureux de toutes les patientes du sexe opposé qu’il soignait.

La blessée remua un peu. Elle écarquilla lentement les yeux. Elle semblait complètement déboussolée. Le mage lui demanda à voix basse :

-Es-tu correcte ? Tu as fais une vilaine chute, tout à l’heure. Te sens-tu bien ? Ta tête est-elle douloureuse ?

C’étaient là des questions qu’il fallait impérativement poser à tous les gens que les guérisseurs soignaient, à moins qu’ils ne le déduisissent.

La jeune elfe avait été habitué d’emprunter ce sentier . Le dévaler aussi. Elle avait connaissance de ce chemin, alors qu’elle était qu’une enfant. Elle était peu obéissante et cela lui avait couté un bras cassé que sa mère avait vite remit en place. Ce moment ressurgissait mais sans l’avoir vraiment voulu.

Elle finit par ouvrir les yeux quelques minutes plus tard. Que faisait-elle allongée ainsi? Et qui était cette personne qui semblait la regarder. Elle plissa les yeux tentant de s’offrir une meilleure vision, mais rien à y faire. Sa chute avait surement posé ce problème temporairement. Et sa tête? Elle avait l’impression qu’elle allait exploser si elle ne faisait rien.

Ma tête est lourde et … et ma vision est floue.

Elle marqua une pause avant de se relever, mais d’aussitôt se rallonger face à la douleur. Mauvaise chute?

Le sentier était composé de moitié de pierre et elle venait de confier ses douleurs alors qu’elle-même était guérisseuse.

Qui … qui êtes-vous ?

Cette boix ne lui était pas familière et même le visage ne lui disait rien. Elle se tortilla de douleur en voulant de nouveau se rassoir et elle posa sa main instinctivement sur son flanc ensanglanté.

J’aurais besoin de votre aide pour me rendre chez moi. Ma maison n’est pas loin, elle est en bas de la côte.

Elle n’avait pas envie de soigner cette plaie profonde dans cette forêt. Même si sa question demeurait comme elle avait pu se créer une telle blessure.

Habituellement, elle faisait très attention et prenait toutes les précautions, beau temps comme mauvais temps. Elle savait une chose c’est que son empressement à vouloir économiser du temps lui avait donné certaine conséquence. Elle se demandait si son manque de sommeil, bien qu'il est peu chez les elfes,n'avait pas de conséquence aussi sur son état

La prochaine fois, elle ferait attention. La plaie qu’elle s’était causée devait être refermée, mais pas dans cet endroit.

La jeune femme souffla :

-Ma tête est lourde et … et ma vision est floue.

Cela n’augurait rien de bon pour Iözynn. La blessée lui demanda :

-Qui … qui êtes-vous ?

Le mage se présenta de la manière qu’il faisait toujours lorsqu’on lui demandait qui il était :

-Je Iözynn Yfenn, guérisseur, et apprenti du défunt maître Nagayth.

La fille essaya de s’asseoir, mais ses gestes semblaient douloureux, et elle se recoucha. Elle posa alors la main sur son flanc gauche. Il était ensanglanté ! Le thaumaturge ne l’avait même pas vu ! La blessure de la jeune femme était décidemment plus grave qui ne l’avait cru. Cette dernière dit alors :

-J’aurais besoin de votre aide pour me rendre chez moi. Ma maison n’est pas loin, elle est en bas de la côte.

Iözynn acquiesça. Il la prit de nouveau dans ses bras et, regagnant la route gadoueuse, il descendit la pente. En bas se trouvait une petite demeure. Le guérisseur y pénétra. Il posa la blessée sur un lit qu’il trouva.

-Écoutez, dit-il, je ne m’attendais pas à faire cela aujourd’hui, mais si vous voulez, je peux vous soigner.

Il ignorait bien sûr qu’il était en présence d’une autre mage de la même caste que lui.

Danaé ferma les yeux, lorsqu’elle fut dans les bras du guérisseur. Elle avait connu peu de guérisseur, mise à part l’homme qui lui avait enseigné et sa propre mère qui était guérisseuse.

Quand celle-ci mourut après la mort de son père, elle avait repris les affaires dans la région. Les elfes requérant des soins, ne pouvaient pas toujours se les procurer par eux-mêmes. Danaé avait les dons et les utilisaient.

Rares sont les elfes, qui sont d’une maladresse comme la mienne. J’aurais du faire attention.

Lorsqu’il lui lança qu’il ne s’attendait pas à la trouver elle eut un rire. Elle était connue dans la région. Elle était le soigneur officiel du duché elfique. Le jeune elfe ne devait pas le savoir, mais elle le préférait ainsi. Habituellement on savait ou la trouver, mais la ce n’était pas pareil.

Ironiquement, vous soignez une guérisseuse. Comme ma mère l’a été avant moi et ma grand-mère.

Retirant une plainte de douleur, elle se rallongea se mordant les lèvres.

Mon nom est Danaé Minélen.

Vous trouverez tout dans l’armoire, si vous en avez de besoin.

Danaé avait appris très jeune les remèdes à bases de plantes.

Elle était une experte. Elle pouvait guérir, mais tuer aussi. Sa connaissance allait même aux poisons. Car sa formation première était d’abord les plantes. Mais lorsque sa mère avait remarqué les dons que sa grand-mère avait, elle avait fait appel a un imminent maitre qui avait disparut mystérieusement.

Elle n’avait pas poussé plus loin ses recherches, car son père était mort, entre les mains drows. La petite elfe avait donc continué le travail, celui de prendre soin des elfes du duché. Du moins, du mieux qu’elle le pouvait, mais la c’était elle qui était en mauvaise état.

Iözynn fut très surpris d’apprendre qu’il soignait lui-même une guérisseuse. Mais il se remit vite de ses émotions. La jeune femme lui dit qu’elle s’appelait Danaé, puis lui dit qu’il pourrait trouver les choses dont il avait besoin dans une armoire qui se trouvait dans un coin de la pièce.

-C’est correct, fit le mage, je transporte ce que j’ai besoin sur moi.

Puis, alors qu’il commençait à soigner sa blessure, il demanda :

-Donc vous êtes guérisseuse… Je n’avais jamais entendu parlé de vous. C’est un peu normal, car c’est la première fois que je visite ce duché. Mais je connais presque tous les gens qui pratiquent le même métier que moi aux alentours d’où j’habite – c'est-à-dire Alëandir, la capitale elfique. Et vous, avez-vous déjà eu vent que moi ? Ma réputation est assez grande, et encore plus était celle de mon maître Nagayth, qui a malencontreusement sombré dans le trépas il y a quelques années. Avez-vous déjà entendu parler de lui ?

Après avoir désinfecté la plaie de la fille, il en approcha sa main et transféra une petite quantité d’énergie. La blessure se cicatrisa lentement.

-Vous le savez probablement, mais il vous faudra rester immobile un certain temps pour que votre mal guérisse complètement. Vous ne pourrez pas aller guérir les gens avant… je dirais… au moins une semaine.

Il resta silencieux un moment. Puis, il reprit la parole :

-En attendant, je peux vous tenir compagnie, si vous le souhaitez. Il faut dire que je m’ennuie un peu seul – mais pas plus qu’il faut – et de toute façon, les routes dans le coin vont demeurer impraticables durant un certain temps. Sinon, il faudra que je me trouve une auberge. Votre hospitalité m’accommoderait. Nous pourrions échanger sur le métier de guérisseur, partager des découvertes que nous avons faites. Mais bon, je nous oblige à rien. Je dors souvent à l’extérieur, sous un simple manteau de mousse.

Iözynn espérait en fait que Danaé accepte son offre, car il n’avait pas beaucoup d’argent sur lui et il ne lui serait pas très agréable de passer la nuit à l’extérieur en ce temps pluvieux.

La jeune guérisseuse sourit. Que la vie pouvait se jouer un jeu. Elle, soignée par un de ses compatriotes.

C’est normal que vous ne connaissiez pas mon nom, il n’est pas très connu. Principalement je m’occupe que de ses petits villages. Rien d’autre. Ma mère était une plus grande guérisseuse, mais elle est malheureusement décédée à ce jour. Je ne saurais dire si ce nom a déjà effleuré ses esprits.

La jeune femme resta allongée.

J’ai beaucoup à apprendre encore. Il s’est révélé que j’avais le don de ma mère.

Elle ne pouvait pas se permettre de rester aussi longtemps allongée. Elle devait prendre soin des jeunes elfes. Elle ne pouvait pas non plus contrevenir à un diagnostic qu’elle aurait émis. Elle savait amplement que cet accident était du à une grande fatigue.

Elle s’amusa en écoutant le jeune elfe. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas eu de la compagnie depuis quelques temps. Du moins depuis que sa mère était morte, ainsi que son père.

Il me ferait grand plaisir que vous restiez. Ce temps vous rendrait malade, comme les enfants elfes les plus fragiles. Il pleut depuis plusieurs jours, vous ne sauriez à l’abri et il y a longtemps que je n’ai pu deviser avec quelqu’un.

Elle eut un sourire ravie. Elle allait avoir de la compagnie.

Je vous offre mon hospitalité. Ce sera mieux qu’un endroit humide. Signe que l’automne va bientôt laisser sa place à l’hiver, les journées sont plus fraiche. Vous pourrez prendre la chambre à l’étage. Cela sera encore plus confortable qu’une chambre d’auberge. Quoique la seule que je connaisse est loin.

Elle marqua une pause.

Parler moi de vous.

Et voila, il ne pourrait pas échapper à sa curiosité démesuré.

Au grand bonheur d’Iözynn, Danaé accepta de lui offrir son hospitalité. Elle lui dit qu’il pourrait prendre la chambre qui se trouvait à l’étage.

-Merci beaucoup, fit le guérisseur, mais un simple tapis m’aurait suffi, ajouta-t-il en esquissant un sourire.

La jeune femme lui demanda alors de parler de lui. Il se prit donc un petit banc qu’il avait trouvé non loin du lit sur lequel la guérisseuse était couché et s’y assit. Cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas questionné sur son histoire personnelle. En fait, il se demandait si on lui avait déjà posé la question !

Le mage prit quelque temps avant d’entamer son récit. Il raconta à sa patiente ses origines que son défunt maître lui avait révélées. Il parla ensuite de ses tournées avec lui chez des gens blessés, et décrit sa première rencontre avec Glinaina, puis sa deuxième. Il expliqua comment il avait rencontré Gwenlinanel puis ensuite le peloton nain et son commandant, qui l’énervait au plus haut point. Vint ensuite le moment où il parla de la petite fée Lyne, et enfin du Rôdeur qu’il avait croisé à Alëandir, jusqu’à ce qu’il arrivât au moment présent.

Lorsqu’il eut terminé, il s’était écoulé près d’une heure. Le tonnerre grondait encore à l’extérieur, mais il s’éloignait lentement. Le thaumaturge ne pouvait dire s’il faisait jour ou nuit.

-Maintenant, fit-il, c’est à votre… enfin, ton tour – car je crois qu’on peut se tutoyer maintenant, si je suis pour rester ici quelques jours – c’est ton tour de parler de toi, si tu veux bien et si tu en as la force, car tu as reçu un dur coup à la tête et peut-être des esprits ne sont pas encore clairs. Alors ?

Vous êtes mon invité. J’en ai si peux. Je suis la seule enfant comme la plupart des enfants elfes. Et mes parents et grands-parents sont morts

Danaé écouta attentivement le jeune guérisseur. Il avait été un apprenti, elle n’avait appris que de sa mère. Mais elle faisait largement plus.

Ma mère et ma grand-mère étaient les guérisseuses du village et mon père était un brillant archer. Il est mort pendant la prise du fort, contre les drows.

Après ma mère est morte de chagrin et j’ai commencé à officier à sa place. Elle était rarement maladroite comme moi, mais elle disait toujours que je serais une bonne guérisseuse. Elle est morte il y a peu de temps. J’ai repris la relève, même si mes pouvoirs ne sont pas parfaits.

Elle avait étudiée les remèdes et les poisons. Elle était instruite ainsi.

Ces derniers temps, la pluie ne cesse de tomber. Les enfants sont vulnérables et j’ai cru pouvoir user mes dons comme je le voulais. Ma mère avait une grande capacité que je n’ai pas. J’ai étudié avec un maitre dont je ne connais point le nom.

Le maitre qui avait instruit la petite elfe était quelque peu bizarre. Il avait comme philosophie que l’on pouvait trouver le remède que de ce qui nous arrivait pas. Elle avait du faire face à des situations pénibles, mais elle avait appris.

Je suis plus douée dans les remèdes et les poisons. Cela fait un peu peur, je sais.

Je connais les plus mortels, ceux qui peuvent paralyser et pleins d’autres. Donc en plus d’être guérisseuse, je me instruite et je suis devenue herboriste.

Danaé lui raconta un peu de son histoire personnelle. Iözynn l’écouta sans dire un mot. Il fut tout d’abord surpris lorsqu’il apprit qu’elle savait fabriquer des poisons, mais elle avait l’air si inoffensive qu’il se dit qu’elle ne s’en servirait jamais contre lui. Le guérisseur se montrerait toutefois suspect lorsque la jeune femme lui présenterait un verre d’eau ou encore de la nourriture.

-Je connais les plus mortels, ceux qui peuvent paralyser et pleins d’autres. Donc en plus d’être guérisseuse, je me instruite et je suis devenue herboriste, conclut-elle.

Le mage s’y connaissait aussi en herboristerie, mais très peu dans les poisons. La fille paraissait être meilleure que lui en la confection de potions.

-Durant mon séjour ici, fit le thaumaturge, même s’il ne doit être que de quelques jours, nous auront sûrement l’occasion d’échanger là-dessus. Peut-être m’apprendras-tu des choses, et moi je t’en apprendrai. Je ne connais que quelques poisons, et je ne m’en sers que pour contrer certaines infections, mais très rarement. En fait, je me demande : pourquoi et comment as-tu appris à créer des poisons ? Car c’est la première fois que j’entends dire qu’un maître dans l’art de guérir savait manier les poisons. Est-ce seulement pour la connaissance, ou bien… eh bien, tu t’en sers des fois ?

Iözynn ne voulait pas se montrer impoli, mais il avait tout de même le droit de savoir. Mais il doutait fort qu’il se trouvât en présence d’une assassin.

Il ne faut pas me craindre. J’utilise rarement ce don et j’en confectionne rarement.

Elle voulait rire de la situation, mais elle ne le pouvait pas.

Mon maitre était parfois tordu, dans son esprit. Il avait comme philosophie que pour trouver le mal d’une personne, il fallait connaitre la cause. Il m’a alors appris que chaque remède qui annulait les effets des poisons était un ingrédient qui le constituait. J’en ai peu confectionné.

Il serait mal vu si la jeune Danaé gardait un livre sur ses connaissances et celle de son maitre. Elle avait caché le livre lors de son retour dans sa ville natale. Elle n’avait pas ré ouvert le bouquin depuis. Cependant, elle ne voulait pas l’utiliser. Elle avait peur des répercussions.

J’ai fait un poison une fois seulement. Ce n’Est pas vraiment moi qui l’ai fait. Quand mon père est mort au fort, ma mère s’en est voulu terriblement, et elle a trouvé le livre que m’avait offert mon maitre. Elle l’a confectionné et elle est morte.

Danae baissa la tête.. Depuis ce jour, elle faisait attention pour que personne ne viennent le consulter.

Il est tard, vous devriez vous reposer. Vous pourriez me remplacer demain, parfois des gens viennent ici, pour que je les soigne, mais j’ai peine à bouger mon bras. Il me faudra un acolyte. Du moins, si vous acceptez.

La jeune elfe ne quitterait pas ce lit, pour la nuit, mais elle avait besoin de repos.

Iözynn, même s’il en doutait fort, fut content d’apprendre que Danaé ne s’était servie de poisons qu’en de très rares occasions, et ce, pour ce qui semblait être de bonnes raisons. De toute façon, par la suite, il oublia tout ça…

La jeune femme finit par lui dire :

-Il est tard, vous devriez vous reposer. Vous pourriez me remplacer demain, parfois des gens viennent ici, pour que je les soigne, mais j’ai peine à bouger mon bras. Il me faudra un acolyte. Du moins, si vous acceptez.

-J’accepte avec plaisir, fit le guérisseur. Aider les gens me fait toujours plaisir. C’est quand même mon métier. Bon, je vais me coucher. Ça ne paraît pas vraiment avec les nuages opaques qui obstruent le ciel, mais il commence à se faire tard. Bonne nuit ! Si tu as besoin de quoi que ce soit, demande-le moi. Ah oui : n’oublie pas, tu peux me tutoyer.

Le mage grimpa à l’étage, puis entra dans la chambre que sa patiente lui avait prêtée. C’était beaucoup trop pour lui. Il décida finalement qu’il dormirait sur le petit tapis qui couvrait le sol de la pièce. Le lendemain, il se réveilla un peu avant l’aube, put-il constater en voyant l’astre solaire qui se levait par un petit éclairci dans le ciel. Il pleuvait encore, bien que moins fortement que la veille.

Lorsque le thaumaturge descendit les escaliers menant à l’étage inférieur, il trouva Danaé endormie. Il ne la dérangea pas et décida qu’il allait prendre une petite marche à l’extérieur. Lorsqu’il sortit dehors, il pleuvait à fines gouttes, mais cela ne le dérangeait pas plus qu’il fallait, car l’air était chargé d’humidité, et l’eau qui s’écoulait des nuages était rafraîchissante. De toute façon, le faîte des arbres formait un couvert imperméable au-dessus du chemin qu’Iözynn empruntait – chemin où sa patiente était tombée et s’était blessée, voilà pourquoi le guérisseur resta prudent.

Par chance, la route était un peu moins mouillée que la veille, et il ne croisait que quelques flaques d’eau, qu’il traversait d’une grande enjambée. Des rigoles d’eau ruisselaient le long des roches lisses et des racines noueuses des baliveaux qui bordaient le sentier. Le guérisseur respira à plein poumon. Il avait toujours aimé ce contact matinal avec la nature.

Il revint à la demeure de sa patiente environ une heure plus tard, après avoir exploré un peu la région. Il était ragaillardi. La jeune femme était réveillée.

On cogna alors à la porte.

-Est-ce que j’ouvre ? demanda le mage, car il ignorait si Danaé se jugeait présentable, les cheveux encore quelque peu décoiffés de la nuit qu’elle avait passée.

L’elfe s’endormit en peu de temps. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas dormi pour reprendre ses forces. Son dos lui faisait terriblement mal. Elle avait oublié que mémé un guérisseur pouvait avoir mal. Si elle dormit, elle ne dormit pas beaucoup. La douleur avait été atténuée, mais elle restait quand même.

La jeune elfe rêva de temps paisible, ou les enfants n’étaient pas malade. Elle resta quelques temps allongé et regarda le guérisseur lorsqu’il rentra dans la maison.

Lorsque l’on cogna la jeune guérisseuse maugréa mais elle savait qu’elle devait répondre. Elle tarda un peu et lissa ses cheveux avant d’entendre deux petites voix.

Danaé! Danaé!

Les enfants? Que pouvaient-ils faire à cette heure? Surtout à cette température maussade.

Elle ne comprenait rien.

On sait que tu es là !

Ouvre la porte.

Les enfants, pourquoi vous êtes loi de la maison?

On jouait dans l’arbre et les branches étaient encore humides. Hélène est tombée

Encore! Qu,ai-je dit la dernière fois. Cessez de la faire monter dans un arbre. Elle n’est pas aussi habile que vous deux.

La jeune femme s’approcha du petit demi-elfe blond et lui caressa la joue.

Tout va bien ma belle. Ce sont que de vilaines écorchures. À l’avenir vous évitez de faire des bêtises vous trois.

Elle vint pour appliquer ses mains, mais se ravisa.

Danaé?

Tu pourrais le faire pour moi? Je ne crois pas être capable.

La porte fut ouverte, et des petits enfants se mirent à courir vers Danaé. Celle-ci voulut guérir l’une d’elle qui semblait s’être blessée, mais elle se baissa les mains. Elle se tourna vers Iözynn :

-Tu pourrais le faire pour moi? Je ne crois pas être capable.

Le guérisseur acquiesça. Il s’avança et appliqua doucement ses mains sur les blessures de la jeune fille. Ses blessures furent bientôt soignées. Les enfants quittèrent finalement là maison.

-C’est comme ça à tous les jours ? demanda le mage. Si oui, ce ne doit pas être de tout repos.

Il esquissa un sourire.

-Bon, as-tu faim ? Qu’aimerais-tu manger ? Ça me ferait plaisir de te servir.

Pendant qu’elle mangeait, il lui dit :

-Je crois que je pourrai prendre la route demain ou après-demain, si le temps continue à se calmer.

Puis, lorsqu’elle eut terminé, il demanda :

-Comment te sens-tu ?

[Désolé, j'étais pas trop inspiré. ^^]

Danaé aimait les enfants. Les trois gamins étaient un peu casse-cou. Et ils étaient rarement blessés comparé à leur amie.

Ils sont les seuls qui viennent ici. Ils viennent parfois aux deux jours. Pour des écorchures, des petites blessures de rien. Il est très difficile de ne pas les aimer. Ils sont adorables, malgré leur entêtement à faire des bêtises. Mais ce ne sont que des gamins.

La jeune femme prit place alors que l’elfe lui faisait un repas

Jeune enfant, je me promenais avec ma mère dans le village. Nous pouvions y passer des heures entières. Lorsque nous rentions à la maison, mon père m’amenait avec lui et on s’entrainait à l’arc. Je n’avais pas son donc, je visais très mal et arrivait rarement à mes cibles. Habituellement je pars tôt le matin et les habitants sont toujours au courant de ma présence.

Elle avala sa bouchée et regarda l’elfe.

Certaine fois, la nuit on vient me chercher s’il le faut, mais rarement. Tous ce fait le jour, et le soir c’est plus souvent des urgences ou lorsqu’une jeune mère met son enfant au monde. Et c’est la seule fois, ou je vois toute l’ampleur de ce que nous faisons. Soigner les être qui nous sont proches.

Danaé regarda par la petite fenêtre le temps moins sombre. Elle comprenait pourquoi les enfants étaient venus jusqu’à elle. Danaé ne supportait pas la souffrance, du moins pas celle des autre.

Mieux, grâce toi et je t’en remercie. Je serais surement en mauvais état si tu n’avais pas été sur mon chemin.

Elle avait évité le sujet du départ du guérisseur. Elle avait eu de la compagnie, comme elle en avait rarement. Il lui manquerait.

As-tu déjà perdu un patient? Je veux dire, il y a-t-il une fois ou un être à trouver la mort, alors que tu lui prodiguais les soins?

Question peu banal, pour un guérisseur. Mais Danaé avait eu la mauvaise expérience. Un enfant nouvellement né. Qu’elle avait vu naitre sous ses yeux et qui deux jours plus tard, quittait sa mère plein de désespoir.

Elle avait été troublée qu’un si petit être soit rappelé par les dieux. Elle avait eu de la peine pour la mère et en avait toujours. Elle savait comment les enfants elfes étaient si précieux.

Danaé semblait correcte. Elle remercia Iözynn de lui être venu en aide lorsqu’elle était tombée et s’était blessée.

-Ce n’est rien, fit le guérisseur, comme il avait l'habitude de dire lorsqu’on le remerciait ou le complimentait, modeste qu’il était.

Et comme s’il avait lu dans les pensées de la jeune femme, il rajouta :

-Au moins, nous aurons tous les deux eu de la compagnie pendant quelque temps… même si tu ne sembles pas en manquer, avec ces enfants.

Il esquissa un demi-sourire.

-Je suis quelqu’un de plutôt solitaire, même si je viens en aide aux gens. Ça ne m’aurait pas dérangé de poursuivre mon périple sur la route si nos chemins ne se seraient pas croisés. Aussi difficile fût le cheminement, je m’aurais certainement débrouillé.

La guérisseuse lui demanda alors :

-As-tu déjà perdu un patient? Je veux dire, il y a-t-il une fois ou un être à trouver la mort, alors que tu lui prodiguais les soins?

Le mage baissa le regard.

-C’est certain. Quel thaumaturge n’a jamais vu l’un de ses patients connaître un pareil sort ? Un jour, j’étais venu soigner un jeune homme dont une flèche s’était fichée dans l’épaule droite. Je ne craignais pas pour la vie de ce garçon. J’aurais dû me montrer plus prudent. La pointe du projectile avait été enduite de poison. Je n’ai pas eu le temps de faire avaler au jeune homme un remède qu’il s’était éteint.

Iözynn demeura un moment silencieux, avant de dire :

-Je ne me le suis jamais pardonné. Depuis, je fais toujours attention lorsque je guéris quelqu’un et je ne prends aucun mal à la légère. Mais ce n’est rien comparé à quand… à quand j’ai vu mon maître Nagayth mourir devant mes yeux.

Une longue absence de paroles échangées s’insinua entre le guérisseur et Danaé. Malaisé, le mage se décida à le rompre.

-Et toi ? Autre le décès de… ta mère, as-tu connu la mort chez un patient ?

Elle ne put s'empêcher de sourire. Les enfants, elle les adorait même s,ils avaient des idées superflues. Elle était très attachée à ces trois là.

Ils viennent souvent et cela me fait toujours plaisir. Ils m'apportent le sourire et je les vois souvent avant que leur parents les réclament pour le coucher. Ils passent des heures et cela me fait rire. Ils m'apportent des fleurs presque chaque jour.

Elle comprenait aussi. Elle n'avait pas eu vraiment le temps de se faire des amis. Elle avait toujours eu quelques choses d'épeurants en connaissant les poisons.

Je comprends. Nous le sommes tous parfois.

Sa mère avait utilisé ses poisons pour mourir. Elle ne s'était jamais pardonné cela et encore moi sa premiere mauvaise guérison.

Une fois et c'est pourquoi je prends soin de ses trois gamins, comme je le peux. Il ya quelques années une mère a mis son enfant au monde. Il était chétif et elle est devenue malade. Je n'ai pu rien faire. Je les ai veiller les deux croyants que les remèdes administrés feraient effets. Malheureusement non. La déesse de la mort les a ravi avant que je ne puis m'excuser d'avoir lamentablement échouer.

J'ai eu beaucoup de mal par la suite à guérir les enfants. C'est avec la supplication de l'un des trois que j'ai sauvé le plus jeune d'une très mauvaise chute.

Elle soupira.

Parfois le visage du bambin me hante. Il n'avait pas ouvert les yeux qu'il souffrait déjà

Danaé sourit.

-Ils viennent souvent et cela me fait toujours plaisir. Ils m'apportent le sourire et je les vois souvent avant que leurs parents les réclament pour le coucher. Ils passent des heures et cela me fait rire. Ils m'apportent des fleurs presque chaque jour.

Suite aux autres paroles de Iözynn, elle dit :

-Je comprends. Nous le sommes tous parfois.

Puis ensuite :

-Une fois et c'est pourquoi je prends soin de ses trois gamins, comme je le peux. Il y a quelques années une mère a mis son enfant au monde. Il était chétif et elle est devenue malade. Je n'ai pu rien faire. Je les ai veillé les deux croyants que les remèdes administrés feraient effets. Malheureusement non. La déesse de la mort les a ravi avant que je ne puis m'excuser d'avoir lamentablement échouer. J'ai eu beaucoup de mal par la suite à guérir les enfants. C'est avec la supplication de l'un des trois que j'ai sauvé le plus jeune d'une très mauvaise chute.

Elle laissa échapper un soupir.

-Parfois le visage du bambin me hante. Il n'avait pas ouvert les yeux qu'il souffrait déjà.

Le guérisseur était triste pour elle. C’était bien pire de voir un enfant mourir – enfant qui aurait pu accomplir de grandes choses dans le futur – que de voir quelqu’un qui avait souvent vu le trépas – le jeune homme que le mage avait soigné et qui était décédé par la suite était un guerrier, il avait déjà tué bon nombre de gens – subir le même sort.

Le thaumaturge demanda :

-Toi, guéris-tu toutes les personnes qui réclament tes soins ? J’ai déjà eu affaire à des pirates. L’un d’eux était terriblement mal au point. J’ai cependant réussi à le tirer des griffes de la mort même si tout semblait perdu pour lui. Il faisait presque pitié à voir – si des pirates peuvent faire pitié. Mais je me disais : «cet homme tue des gens, c’est un assassin, alors pourquoi ne le laisserais-je pas mourir ?» Mais j’ai fini par le soigner. Ses compagnons semblaient vraiment s’inquiéter à son sujet.

La jeune danaé savait ce que sa faisait de perdre un patient. Elle était habituée a toujours réussisr la tâche qu'on lui demandait.

Nous ne sommes pas leur bourreaux. Même s'ils éxécutent des gens qui sommes nous pour juger d'eux. Pôur mon maitre rien n'était compliqué.

Il fallait offrir les soins à l'homme qui le demandait, peu importe son passé, son histoire ou ses actes.

Une pirate n'était pas toujours le meilleur patient. Il fallait avoir un bon sens de la répartie. Elle était peu bien placé pour ca. Elle se fâchait souvent

Nous sommes là pour eux. Nous avons tous fait une chose impardonnable, mais les dieux sont les seuls juges.

Elle marqua une pause et demanda:

Il a survit?

Danae se doutait que oui. Elle avait confiance en ses talents. Ne l'avait-il pas aidé?

Les guérisseurs doivent laisser leur coeur parler. Ils sont la survit de leur patients.

Leurs dons étaient limités. Danaé n'y arrivait pas toujours. Le maite le savait lorsqu'il s'était défait d'elle. Elle apprendrait comme tout guérisseur le ferait.

Vous avez été mon ange gardien cette fois.

Danaé répondit :

- Nous ne sommes pas leur bourreau. Même s'ils exécutent des gens qui sommes-nous pour juger d'eux ? Pour mon maître rien n'était compliqué. Il fallait offrir les soins à l'homme qui le demandait, peu importe son passé, son histoire ou ses actes.

Puis, elle poursuivit :

- Nous sommes là pour eux. Nous avons tous fait une chose impardonnable, mais les dieux sont les seuls juges.

Elle laissa un court silence planer, avant de demander :

- Il a survécu ?

Iözynn opina du chef en guise de réponse. Il était plutôt rare qu’il ne réussît pas à guérir complètement quelqu’un. De toute façon, quand c’était le cas, il laissait la relève à des mages de sa caste plus expérimentés que lui, bien qu’il dût parfois cherche loin pour en trouver. Dans la plupart des cas dans lesquels il était dans l’incapacité de soigner entièrement quelqu’un, de la magie obscure était en cause.

La jeune femme dit :

- Les guérisseurs doivent laisser leur cœur parler. Ils sont la survie de leurs patients.

Le thaumaturge approuva. Il était parfaitement d’accord avec les paroles de son interlocutrice.

- Vous avez été mon ange gardien cette fois.

- Je n’ai fait que mon travail, répondit précipitamment Iözynn.

Il leva la tête en direction de son hôte.

- Tu m’as tout de même hébergé chez toi. Je te remercie encore pour ton hospitalité.

Il jeta un regard par la fenêtre de l’habitation. Il pleuvait encore à petites gouttes, mais les nuages se dispersaient lentement. Il pourrait partir plus vite qu’il ne l’aurait cru. Il reporta son attention sur Danaé.

- Je vais certainement partir ce soir, finalement, déclara-t-il.

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