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 « Je suis Eris » | Gabriel

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeVen 22 Juil 2011 - 14:50

    « Pourquoi, melethril ? » murmura doucement Katalina, s'attirant le regard d'Eldas Ruch, le capitaine de la Flèche. Le bougre ne la quittait plus, veillant sur elle comme s'il eut s'agit de sa mère mourante. Une question lui chatouilla la langue, mais il la retint. Ses précédentes tentatives s'étaient heurtées à un silence qu'il ne se sentait pas capable d'affronter une nouvelle fois. Reportant ses yeux aciers sur la ligne d'horizon, il se remémora ce premier jour d'hiver, quand elle était venue à lui avec la ferme intention d'embarquer sur son navire. Un rictus nerveux tordit ses lèvres quand il se souvint de la façon dont il l'avait envoyée promener, arguant que lui vivant, la Flèche ne quitterait jamais le port avec une dame à bord. Elle lui avait opposé toute l'intensité de son regard mort et lui avait demandé s'il était réellement certain de vouloir en arriver là. Eris pouvait bien le prendre en pitié si elle le voulait, mais il avait eu peur, assez en tout cas pour expliquer la présence de la jeune femme sur son pont, à quelques mètres de son gouvernail. Quand il lui avait demandé, quelques jours plus tard, pourquoi elle l'avait choisi lui, elle l'avait à nouveau fixé sans le voir. « Qui penses-tu être, pirate, pour avoir été choisi ? » l'avait-elle questionné ; il n'avait plus osé l'interroger après ça, même pour lui demander si elle avait besoin de quelque chose, et le sommeil l'avait fui pendant quelques jours : pirate, il l'avait été, dans ce qui lui semblait être une autre vie, mais personne ne le savait. Savait-elle, ou avait-elle voulu l'insulter ? Il n'en savait rien, mais il avait passé son temps à prier Eris qu'elle tînt sa langue.
    Eldas avait craint, au début, la réaction de l'équipage. Pas qu'il s'agît de mauvais gars, la plupart aurait sans doute pu rencontrer Néera durant le Voile sans craindre d'être foudroyés. Mais au large, loin des tavernes et des bordels, il était assez dur de savoir comment réagirait un homme à la vue du corps d'une femme. Fort heureusement, ils étaient aussi impressionné que lui et se tenaient à carreau ; Eldas leur aurait demandé pourquoi qu'ils auraient été sans doute incapable de répondre. « Quand arriverons-nous ?
    - Demain, 'dame. Au p'tit matin. »
Il hésita, maudissant cette femme qui lui donnait l'impression d'être un gosse pris en faute. « Meca est pas sûr, 'savez. On peut à peine mouiller l'ancre, d'puis les troub' d'Ydril.
    - Qui sait ? Peut-être suis-je ici pour changer cela. »

    Malgré lui, Eldas se crispa et raffermit sa prise sur le gouvernail, persuadé désormais de ne pas naviguer vers mais
avec le danger.

******
    Était-ce cela, d'être mort ? Katalina s'était déjà rendue par trois fois dans le Royaume de Tyra, à chaque fois elle avait pu côtoyer des âmes et se rendre compte de leur apathie, elle s'était réjouit d'être vivante, de ressentir, d'
aimer... Mais c'était fin, désormais, et elle aurait désiré mourir, à l'instar des elfes d'Anaëh que le chagrin enterrait. Même Katialyne ne l'apaisait pas, aussi avait-elle préféré la laisser derrière elle, au bon soin de Théodore. Elle avait tourné le dos à tout ce qui la ramenait à son passé, sans prévenir personne et sans réfléchir aux conséquences de son abandon, tant elle se moquait pour l'heure de ce qui pouvait lui arriver. Elle avait voyagé, allant de villes en bourgades, sans savoir à quoi cela pouvait bien la mener. Qu'importait la destination, désormais qu'elle marchait seul. Qu'importait le chemin, ses pieds pouvaient bien fouler la terre jusqu'à trouver la mer et s'y enfoncer s'ils le voulaient, elle les suivrait sans résister.
    Plutôt que le littoral, ils l'avaient menée en Alonna, jusqu'au pied de la forteresse qui avait fait face aux drows et avait résisté. Le lieu résonnait encore des affrontements, et elle avait trouvé, au hasard de ses errances, la marque de
son passage. Un lambeau de magie, qu'un rien détruirait, mais qui pourtant avait survécu assez de lunes pour témoigner. À la douleur de Katalina s'était ajoutée la haine si ambigüe de Tyra. Submergée, la Gardienne avait tenté de faire barrage, un temps, avant de rendre les armes. Dès lors, elle avait eu un but, et qu'il ne fût pas le sien n'avait aucune espèce d'importance. Elle s'était vu vivre pour un homme, elle s'opposerait à un autre.

******
    « Terre ! » entendit-on crier sur
la Flèche. Une heure plus tard, on rendait une petite visite à Eldas et son équipage fraichement débarqué. Rien qui ressemblât à une milice, en réalité, Meca n'avait rien de tel. Quoiqu'affaiblie, son cœur battait toujours au rythme des pirates qui y vivaient, et ces derniers n'avaient pas peur d'accueillir eux-même leurs visiteurs indésirables. L'un d'eux attira bien vite le regard d'Eldas, qui serra des dents et le poing. Voilà bien un fantôme qu'il ne pensait pas revoir. Ce fut lui qui prit la parole le premier. « Eh bien, eh bien, se moqua-t-il, un chiot perdu dans la tanière des loups.
    - La ferme, Craft »
, le rabroua sèchement Eldas, le regard mauvais.
Surpris, le dénommé Craft marqua un temps d'arrêt. Il était grand, trop grand, tant qu'on aurait pu lui donner sept pieds sans penser exagérer. Il n'avait rien de la brute épaisse, cependant, son regard brillait même d'une certaine intelligence, sinon d'une intelligence certaine. La main droite fourrée dans sa poche, il caressait de la gauche le pommeau de sa rapière. Les gars qui lui suivaient, une bonne vingtaine au moins, avaient tout, cependant, du chien enragé et les gars d'Eldas n'aurait, en temps normal, pas eu la moindre chance.
    « Ruch ? » Craft éclata de rire, incrédule. « Tudieu, Ruch, ici ? J'tais sûr qu'Eris t'avais r'pris.
    - J'suis une offrande coriace. T'aurais dû m'tuer, pour êt'sûr.
    - D'quoi il parle, cap'tain ?
Interrogea l'homme à la droite de Craft. Vous l'connaissez ? C'pas un chiot d'Sa Bâtardise ? »
    Sans se soucier de la « discussion » qui s'engageait, Katalina descendit sur le quais, s'attirant par la même occasion regards et attentions, avant de se frayer un chemin jusqu'à Craft. « Menez moi à Gabriel. » Et d'ajouter, comme il ne réagissait pas. « Ne me forcez pas à le chercher par mes propres moyens, capitaine. »


HRP : À toi de voir, tu peux avoir été attiré par le bazar provoqué par l'arrivé d'un bateau étranger à Meca ou bien décrire ou tu te trouves, que je vienne te chercher lors de mon prochain post... ou autre chose, même !


Dernière édition par Katalina le Sam 23 Juil 2011 - 20:34, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeVen 22 Juil 2011 - 20:48

La Flèche mouillait sur le port. L'hiver s'était installé et Méca s'était plus ou moins endormie. Naviguer dans les eaux traîtresses d'Eris était dangereux quand l'hiver étendait son joug. Même les pirates faisaient attention. Les navires marchands étaient moins nombreux. Mais malgré sa léthargie, Méca restait un repère de pirates et de forbans, de voleurs, d'assassins et de violeurs, sans foi ni loi. Et personne n'accostait sur l'île impunément. Mieux valait être prudent.

Il se trouvait dans une taverne, à boire de la mauvaise bière, une fille de joie assise sur les genoux. Il pouvait bien la taquiner, la caresser, il ne la posséderait pas. Pourquoi payer pour une demoiselle de petite vertu, qui, de toutes façons, n'arriverait pas à la cheville de Sirya? Mais la demie elfe était d'une humeur massacrante et envoyait proprement chier Gabriel dés qu'il cherchait à l'approcher. Souvent, il arrivait à l'embobiner suffisamment pour qu'elle oublie sa mauvaise humeur et se consume de désir pour lui. Ça marchait 9 fois sur 10. pas de chance, aujourd'hui, c'était le dixième qui ne la faisait pas craquer.

Frustré, mais drapé dans sa fierté, il avait décidé de prendre le large et passer ses nerfs dans la taverne. A boire, à peloter la charmante rouquine sur ses genoux qui ne se gênait pas pour lui rendre la pareille. Il était bien là, oubliant presque la mauvaise humeur de Sirya et son ennui mortel. Jusqu'à ce qu'un marin fasse irruption dans la taverne et file droit sur lui en lui disant qu'une dame voulait le voir. Gabriel haussa un sourcil narquois. Une dame? Il n'y avait pas de dames ici, que des putes et des filles faciles.

Il vit alors apparaître Craft suivi de... Son sourire mourut aussi vite sur ses lèvres. Katalina... Katalina Noblegriffon. Mais qu'est-ce qu'elle fichait là? Elle n'était pas censée vivre d'amour et d'eau fraîche dans la demeure familiale? Il savait qu'avec son père, ce n'était plus l'amour aveugle. L'ouragan Gabriel avait fait des ravages. Même s'il n'avait fait que livrer la vérité. Un peu crûment, de façon brutale, en la séquestrant... il y avait mieux, c'est sûr. Il se leva, virant la rouquine en même temps et s'approcha de la petite troupe.

- "Alors Craft, on joue les guides touristiques?"

Gabriel était arrogant, cela ne changerait pas. Il savait très bien se battre et on le savait dangereux de par son sang sombre. Et plus fort qu'il ne le laissait paraître, même s'il n'était pas particulièrement fluet. Il s'approcha alors de Katalina, s'emparant avec délicatesse de sa main, pour la porter à ses lèvres.

- "Ma chère Katalina, je ne pensais pas te revoir de sitôt, surtout dans cet endroit."

Son cher Gardien était-il dans les parages? Il n'avait pas très envie de se frotter à lui de nouveau. La dernière fois lui avait suffi et il sentait la peur lui nouer les entrailles, un sentiment qu'il détestait par dessus tout et qu'il dissimulait soigneusement. On disait qu'elle aussi avait été choisie par un dieu... une déesse plutôt. Tyra, rien que ça. Et en l'observant, il découvrit en effet que son regard avait changé, il était... Aveugle... Il frissonna. Katalina était-elle vraiment le réceptacle de la déesse de la mort? Dans ce cas, sa présence ici ne lui disait rien qui vaille.

- "Que dirais-tu de discuter... En privé. Tu n'es pas là pour le simple plaisir de me voir, surtout au vu de la façon dont nous nous sommes quittés la dernière fois..."

Il utilisait un ton badin, mais il était anxieux. Qui ne le serait pas à sa place?
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeSam 23 Juil 2011 - 22:04

    On dit que Craft avait ri, dans un premier temps, à la demande autoritaire de la jeune femme. On ajoute aussi qu'il ne rit pas très longtemps. Certains récits affirment qu'il tombât à genoux, d'autres qu'il tombât amoureux ; on se gaussa d'ailleurs longuement à ce sujet. Dans tous les cas, Katalina put jouir de ses services de guide. La Gardienne n'avait jamais eu l'occasion de poser le pied sur Meca, elle put ainsi découvrir l'ambiance bien particulière des lieux. L'odeur lui piquait les narines, mélange de crasse, de sueur et d'autres fragrances dont elle ne voulait pas vérifier la provenance. Le sol n'était qu'en partie pavé, sa robe trempait parfois dans ce qui semblait être de l'eau croupie, si ce n'était son pied qui y sombrait malencontreusement. Être aveugle avait ses désavantages. Loin de se laisser troubler, Katalina restait concentrée sur la raison de sa venue. Avec la disparition d'Aerandir et, l'avait-elle appris peu après son départ, la mort de Noah, Gabriel et Kassandra devenaient sa seule famille encore vivante... Cela ne l'enchantait pas, l'un comme l'autre avaient clairement démontré le peu d'affection qu'ils pouvaient lui porter. Gabriel n'était intéressé que par sa vengeance et Kassandra... Qui savait ce que désirait Kassandra ? Pas apprendre à connaître sa sœur, en tout cas, son départ sans au revoir le démontrait d'une façon assez flagrante.
    « Dans cet'taverne », marmonna Craft avec humeur. À la vue du sourire légèrement moqueur de la Gardienne, il se renfrogna encore un peu plus. « Quoi ?
    - Après vous, capitaine. »

    Le concerné serra des dents et foudroya l'impudente du regard, avant de donner un grand coup de pied dans la porte. « Tim, Duck, en premier. Trouvez moi c'bâtard. » Avec impatience, il invita Katalina à entrer. « 'près vous. »
    La première chose qui assaillit la Serramiroise fut la chaleur. Vinrent ensuite, dans l'ordre, l'odeur et le bruit. Véritable agression pour les sens, la taverne dans laquelle on l'avait emmené n'en demeurait pas moins... accueillante. La musique, quoique largement dominée par le brouhaha des discussions parfois mouvementées, donnait envie de danser et si la majorité des propos s'encrassaient de vulgarités parfois surprenantes, au moins étaient-ils prononcés presque tous sur le ton de la plaisanterie. Marquant une légère pause, Katalina s'ouvrit pleinement à la Voix des Morts, à la recherche de son oncle. Il lui fallut quelques secondes pour le trouver, mais elle savait déjà où aller avant que Craft ne lui demandât de le suivre. Le temps de se frayer un chemin entre les pirates à moitié ivres et elle faisait face à l'hybride.
    À peine eut-il ouvert la bouche qu'elle voulut le gifler. Elle se retint, cependant, le pirate ne se laisserait sans doute pas faire et elle n'avait aucune envie d'une confrontation, pas avec la faune d'une taverne de Meca pour spectatrice. « Je ne peux plus te voir », lâcha-t-elle avec calme, avant de se tourner vers Craft. « Merci, capitaine, vous pouvez nous laisser. » Hésitant entre le soulagement de pouvoir enfin s'éloigner de Katalina et la honte que lui inspirait un tel congédiement, Craft lança un regard noir à Gabriel, comme s'il était le responsable de toute cette mascarade, avant de s'en aller avec la dignité qui lui restait, appelant à lui ses hommes. Lui laissant quelques secondes pour s'éloigner, Katalina garda le silence, se contentant de planter son regard mort dans les yeux du sang-mêlé. Un petit tour qu'elle avait rapidement appris à maîtriser et qui en mettait plus d'un, sinon tous, mal à l'aise.
    « Je vois que tu as gardé ce don de placer le passé entre nous », remarqua la Gardienne avec une certaine froideur. « Ne t'inquiète pas, Gabriel, je ne te veux aucun mal. » Et, pour prouver de sa bonne foi, elle tendit le bras, attendant qu'il l'éloignât de la tumulte. « Un peu d'air frais nous fera le plus grand bien. »
    Elle poussa un léger soupir quand ils furent sortis, accueillant le recul de la Voix des Morts avec soulagement. D'abord silencieuse, elle se contenta de marcher aux côtés de l'homme qui était, envers et contre tout, son oncle. Elle ne le connaissait pas, ne savait rien de lui sinon ce qu'elle avait pu apprendre de son discours et des explications de son père. Elle le savait violent et arrogant, aussi, tout comme elle n'ignorait rien du sang drow qui courait dans ses veines. Mais qu'importait, son sang était avant tout celui des Noblegriffon, malgré les tentatives de son frère d'effacer cette réalité. Finalement, elle retira un des trois colliers qu'elle portait, caressant la chevalière qu'il lui avait donné dans cette cave d'Erac et qu'il n'avait pas pu récupérer par la suite. Le métal était froid sous ses doigts, alors qu'elle examinait une à une les plumes du griffon. « C'est à toi, je crois », affirma-t-elle avant de le lui donner, attrapant sa main avec douceur pour le forcer à s'en saisir. « Ne la perds plus, Gabriel Noblegriffon. »
    Leurs pas les avaient conduit jusqu'au port. S'arrêtant, elle huma l'odeur de la mer, fermant un instant les yeux et profitant de la tranquillité relative des lieux. Avec surprise, elle se rendit compte qu'elle se sentait bien, sur cette île hors de ce qui avait été son monde, entourée des océans de sa Déesse et bercée par une foi bien plus profonde et vivace, quoique différente, envers Tyra. C'en était presque enivrant.
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeLun 25 Juil 2011 - 18:27

Au moins, n'y allait-elle pas par 4 chemins. Elle lui avoua tout de go ne plus pouvoir le voir. Il l'avait bien remarqué et il avait entendu les bruits qui couraient sur elle... Katalina Noblegriffon avait été choisie par la Déesse de la mort pour être son incarnation terrestre. Elle avait perdu la vue, mais avait gagné en puissance, c'était certain. Son compagnon était le Gardien d'Arcamenel, elle était la Gardienne de Tyra... Tout allait bien, aucune raison d'avoir peur n'est-ce pas? Ce n'était pas comme si deux incarnations de dieux avaient des raisons de lui en vouloir.

- "Alors les rumeurs à ton sujet sont exactes."

Elle était bien une Gardienne. Il en avait douté, prenant toujours les rumeurs avec des pincettes. Pour une fois, elles étaient réelles et à peine enflées. Elle congédia Craft comme un vulgaire valet. Si bien qu'il jeta un regard assassin à l'hybride qui s'en fichait royalement et ne fit que lui adresser un petit sourire moqueur aux lèvres. Congédié comme un moins que rien par une dame... Voilà qui n'était pas commun à Méca. Les femmes qu'on respectait n'étaient pas légion sur cette île et dans ce milieu en général. Sirya se faisait respecter, parce qu'elle avait la langue acérée et savait très bien se servir de sa dague. Craft s'en alla et Gabriel soutint le regard aveugle de Katalina, non sans se faire la réflexion qu'elle donnait l'impression de lire au fond de l'âme. Il se retint de se dandiner de malaise. Sirya avait un peu le même genre de regard, sauf qu'elle, elle aurait pu geler un volcan. Il ne s'était jamais laissé impressionner pour autant.

Il haussa un sourcil à sa réflexion sur son don. Don de placer le passé entre eux. Surtout un moyen de tester la jeune femme et de savoir à quoi s'attendre avec elle. Pouvait-elle faire fi du passé aussi facilement? Il aurait adoré cela, ça l'aurait rassuré quant aux velléités de vengeance de la jeune femme. Et pour le moment, il ne savait toujours pas sur quel pied danser. Jusqu'à ce qu'elle lui assure qu'elle ne lui voulait aucun mal. A moitié convaincu, il s'abstint de tout commentaire, lui proposant de continuer cette conversation loin des oreilles indiscrètes. Elle lui tendit naturellement le bras, s'attendant à ce qu'il s'en empare et la guide. Elle était aveugle, il devait s'en souvenir. Alors il lui offrit son bras, galamment, et de façon tout à fait déplacée dans ce décor de forbans. Mais il avait été élevé avec les bonnes manières et ne les avait jamais oublié.

Il entraina alors la jeune femme dehors, prêt du port, loin de l'agitation des tavernes. Il ne rompit pas le silence. C'était elle qui était venue, elle qui voulait lui parler. A elle de prendre l'initiative. Finalement, elle ralentit le pas et chercha quelque chose accroché à son cou, avant de s'emparer de la chevalière de l'hybride. Il la regarda, muet, alors qu'elle s'emparait de sa main et y déposait son bien. Mais ce qui le fit tressaillir, en plus de la solennité du geste, fut bien sûr, de l'entendre proférer son nom en entier, un nom qu'il n'avait jamais arboré. Il referma les doigts sur cette chevalière, avant de l'enfiler, la regardant, pensif. Elle semblait sereine.

- "Voilà des mots étranges que je n'ai entendu qu'une seule fois, quand mon père m'a reconnu comme son fils. C'était il y a bien longtemps."

Il s'approcha d'elle, se mettant à ses côtés et regardant l'océan, avant de demander :

- "Qu'es-tu venue chercher à Méca?"

Lui, il l'avait compris. Mais la question était plus subtile qu'il n'y paraissait. La vengeance? Une famille? De l'aide? Il n'en avait aucune idée et il était curieux. Qu'elle l'ai appelé Noblegriffon n'était pas anodin.
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeLun 25 Juil 2011 - 23:39

    Qu'était-elle venue chercher ? Katalina eut envie de rire, à l'écoute de cette question. Elle eut envie de se tourner vers cet homme qui était son oncle mais qui ne la connaissait pas. Elle eut envie de hurler qu'il n'était qu'un idiot, un monstre, arrogant et égoïste ; elle eut envie de le précipiter à la mer et de l'y noyer, d'effacer cet élan d'idiotie qui l'avait poussée à Meca ; elle eut envie de tout cela, et de bien d'autres choses peu avouables. Pourtant, elle resta immobile et impassible, véritable statue de chair et de sang, sur ce port qu'elle ne pouvait et ne pourrait jamais voir, à tenter de trouver une réponse cohérente à une simple interrogation. « Ton frère est mort », annonça-t-elle plutôt à la place. Noah Noblegriffon s'en était allé, vaincu par la chute des températures de ce début d'hiver. « J'ai pensé que tu voudrais le savoir, murmura-t-elle avec une douceur qui la trahissait. Aerandir aussi a disparu, mais je n'ai aucun corps sur lequel pleurer. »
    Elle laissa le silence s'installer, préférant ne pas continuer sous peine de s'effondrer. Elle préférait mourir que de se couvrir de honte de la sorte ; inonder les draps de sa fille avait déjà été assez dur. Imaginer son regard d'enfant, plein d'incompréhension et de détresse, avait manqué la rendre folle. Si le pirate possédait une once d'intelligence, il comprendrait que sa nièce avait besoin de temps, et que parler maintenant ruinerait toutes ses chances d'en savoir plus. Relevant la tête, elle chercha la lune de ses yeux morts, comme s'il lui avait suffit de le vouloir pour que se déchire le voile de ténèbres qui la retenait prisonnière, loin du véritable juge arbitre. « Peux-tu imaginer ma douleur, quand je me suis rendu compte que la présence de ma fille m'était devenue insupportable ? » demanda-t-elle, et sa voix trembla.
    Il était le témoin de sa déchéance, pas parce qu'elle l'aimait, pas parce qu'elle ressentait la moindre affection pour lui, simplement parce qu'il était de son sang et qu'à la dérive, elle en revenait à sa première valeur : les Noblegriffon. Elle le haïssait d'autant plus qu'il n'en avait que le nom, tout comme elle haïssait son père pour en être, de fait, l'unique responsable. L'idée qu'il la vît ainsi désemparée achevait de la tourmenter et comme à chaque fois qu'elle était sur le point de sombrer, Katalina puisa la force qui lui manquait dans les larmes qu'elle se refusait de verser. Quand elle reprit la parole, sa voix ne frémit pas.
    « Où est Kassandra ? » demanda la Gardienne sans rien trahir de ses sentiments à l'égard de sa demi-sœur. « J'ai un cadeau pour elle. »
    S'entendre demander la rouquine lui fit un drôle d'effet et la replongea dans ses précédentes interrogations. Venait-elle à la recherche d'une famille, si tant était que ce mot avait encore un sens dans son cas, ou voulait-elle affronter de vieux démons ? Morbide, elle caressa l'idée d'engloutir et Meca et sa peine sous les eaux... Une catastrophe à sa portée, en théorie. Fermant les yeux, elle se détourna de la jetée, esquissant malgré elle un sourire cynique : elle était autant capable de noyer une ville entière que d'oublier Aerandir. « Que voudrais-tu entendre, Gabriel ? Que je suis venu pour toi, rongée par la culpabilité ? Que tu ne méritais pas le sort que t'ont réservé Noah et Aerandir, et que je suis venue pour tout arranger ? » Au début, elle était restée calme, mais le ton tournait à la moquerie. « Si tu étais simplement venu à moi, avec cette chevalière, je t'aurais écouté. »
    Elle le lui avait déjà dit, dans cette cave eracienne dont il s'était fait le geôlier, mais pouvoir le répéter à l'air libre avait comme un goût de rédemption. C'était peut-être cela qu'elle était venue chercher... La rédemption, pour des crimes qui n'étaient pas les siens.
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeMar 26 Juil 2011 - 11:09

Ton frère est mort...

Ces mots résonnèrent un moment dans l'esprit du pirate. Noah était mort. Ce frère qu'il avait tant aimé et tant haï ensuite, qui avait voulu le tuer et qu'il avait cherché à retrouver pour lui rendre la monnaie de sa pièce s'en était finalement allé. Il oscillait entre le soulagement et... le regret. Regret de ne pas avoir été jusqu'au bout. De ne pas s'être présenté à lui, lui montrant quel homme il était devenu alors que le fier Seigneur Noblegriffon était désormais un vieillard rabougri. Le revoir, juste une fois. Plus de 26 ans s'étaient écoulées. Sa vengeance était enfin assouvie, pas de la manière dont il l'avait imaginé.

- "Ah... Le temps a finalement fait son œuvre..."

Que dire de plus? Katalina devait être affectée par la mort de son père, même si la découverte de l'existence de Gabriel et Kassandra avaient du entamer sérieusement sa confiance en son géniteur, ébranlant tout ce qu'elle pensait vrai et acquis. Un véritable ouragan dans sa petite vie tranquille. Mais sa vie ne l'était plus, tranquille. Pas en étant la compagne d'un Gardien, en étant Gardienne elle-même. Quid de la jeune marchande à l'ambition dévorante. Ses intérêts avaient changé. Ses buts aussi. Oui, elle avait pensé juste, il voulait le savoir, mais faire tout ce chemin simplement pour annoncer le décès de Noah... Alors que c'était l'hiver, qu'ils ne s'étaient pas quittés dans les meilleurs termes...

La suite commença à lui donner une piste quant à sa présence ici. Aerandir avait disparu. Son compagnon l'avait quitté. Parti, ou mort. Sauf qu'il n'y avait pas de cadavre. Qu'elle n'avait aucune certitude quant à son sort. Ainsi en allait la vie, les hommes quittaient les femmes... Ou les femmes quittaient les hommes. Comme Sirya. Sirya qui s'était lassée de lui. Il avait prit le parti d'en rire, mais depuis... Elle tenait bon et ne revenait pas vers lui. Katalina lui parla de sa détresse concernant sa fille, incapable qu'elle était de l'élever seule. C'était trop douloureux. Alors non, non, il n'imaginait pas ce que cela pouvait bien faire de s'apercevoir que la présence de sa fille était insupportable. Gabriel n'éprouvait plus ce genre d'amour depuis presque trois décennies. Plus d'attachement. Pourtant, il fut frappé de plein fouet par la détresse de sa nièce, par sa fragilité. Il ne savait que dire, que faire, mal à l'aise de recevoir ces confidences qu'on cachait généralement à un prédateur de son espèce. Devant la détresse nue, il était désemparé.

- "Je suis désolé."

D'apprendre tous ces malheurs qui la frappaient, de son chagrin. Il avait détesté Noah, mais il n'avait rien contre Katalina. Il avait adoré sa mère. Douce, gentille, compréhensive... Il se rappelait bien du bébé qu'avait été la jeune femme qui se tenait devant lui aujourd'hui, tenu avec amour dans les bras de sa mère, sous le regard d'un jeune garçon au sang mêlé de trois races.

Quand elle reprit la parole, sa voix était plus assurée. Et sa question le surprit. Kassandra? Elle cherchait après sa demie-soeur, après avoir cherché après son oncle? Pour lui annoncer la mort de Noah également? Pour essayer de rassembler les bâtards de la noble famille?

- "Elle est à Méca, aux dernières nouvelles."

Il hésita, avant de lâcher, un brin ironique :

- "Tu te mets en quêtes des bâtards de la famille?"

A sa connaissance, ils n'étaient que deux... Mais il pouvait bien y en avoir plus, étant donné le peu d'estime qu'il avait pour sa famille désormais. Elle lui posa alors plusieurs questions et il secoua négativement la tête, bien qu'elle ne puisse pas le voir.

- "Je n'ai pas besoin de ton absolution, ni de ta pitié. Je ne suis pas à plaindre. La vie, et ton père, ont décidé que je n'appartenais pas à la noblesse, que j'étais destiné à autre chose. Je l'ai accepté."

Et encore une fois, elle lui fit remarquer qu'il n'aurait pas du utiliser la violence contre elle, que le dialogue aurait suffit. Peut-être... Il ne connaissait rien d'autre et il s'était trompé.

- "J'ai fais une erreur de jugement."

Attention, Gabriel reconnaissait un tort... C'était tellement rare... Et Katalina ne savait pas combien cet aveu lui coûtait.

- "Mais ta présence ici m'intrigue néanmoins. Tu n'as pas fait tout ce chemin, en personne, pour m'annoncer la mort de ton père. Tu es la dernière Noblegriffon légitime... Ton compagnon a disparu... Qu'est-ce qui te retient sur la Péninsule? Personne, pas même ta fille... Es-tu venue chercher l'apaisement de l'âme ici? Tues-tu le temps en espérant que ce que tu ressens va changer et que tu pourras rentrer t'occuper de ta fille bientôt? Quand je te vois, je ne vois plus la marchande renommée et reconnue que tu étais. Trop de choses ont changé, trop de bouleversements dans ta vie. Survenus, sans doute, trop rapidement."

Elle errait... Elle ne devait même pas savoir elle même quel but donner à sa vie trop chamboulée. Il n'était peut-être pas sage de parler si franchement à une femme liée à la déesse de la mort, mais tant pis. Il n'attendait pas de réponses à ses questions, ce n'était que son analyse de sa nièce, qui avait bien changé.
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeMar 26 Juil 2011 - 21:21

    « A qui crois-tu parler, Gabriel ? » demanda Katalina avec un soupçon de colère dans la voix. « Que crois-tu savoir ? »
    Si le pirate semblait faire des efforts, sa nièce était bien partie pour ne rien cacher de son ressentiment. Le pauvre avait sans doute voulu bien faire, mais il y avait des choses qu’elle n’était pas prête à entendre, et surtout pas de sa bouche à lui. L’entendre spéculer sur le départ d’Aerandir, par exemple, ne faisait que lui rappeler ce qu’elle savait déjà : le Gardien n’était pas mort, seulement parti. Où et pourquoi étaient des questions qui la rongeaient. Elle avait imaginé tous les scénarii, mais tous aboutissaient à la même conclusion. Qu’il s’agît de la volonté d’Arcam, et il était hors d’atteinte ; qu’il s’agît de sa volonté propre et elle n’était pas certaine de vouloir le retrouver à jour, trop effrayée par ce qu’elle pourrait découvrir.
    « Que penses-tu connaître de la femme que j’étais ? Que penses-tu savoir de la femme que je suis aujourd’hui ? » Sa voix était clairement accusatrice, désormais. Elle était restée silencieuse trop longtemps et maintenant qu’elle cédait, Gabriel devait faire face au raz-de-marée. « Ne fais pas comme si tu me comprenais, pirate. N’essaie même pas. » La rage qu’elle ressentait, elle la connaissait bien. C’était cette colère qui l’avait aidée, cette haine qui lui avait fait tenir tête à Nhilantar et à Gabriel, quand ces derniers s’étaient arrogé le droit de l’enfermer. A chaque fois, elle avait été un soutien, une amie, une arme même ; mais cette fois, les choses étaient différentes. Il n’y avait pas de coupable, sinon le destin, pas de cible désignée. Juste son oncle qui, cette fois, n’avait rien à se reprocher. Il était bien parti pour payer quand même. « Je suis venue pour toi, pour Kassandra, parce que vous êtes de mon sang, de ce sang que vous haïssez tant que j’en ai la nausée, parce que ma fille a le droit de connaître sa tante et son grand-oncle. Je n’ai pas traversé Eris pour le plaisir de t’entendre philosopher sur ma vie. »
    Au début, l'océan continuait son roulis, indifférent, mais à mesure que le ton de Katalina virait à la franche hostilité, le ressac s'était lentement adapté. La Gardienne prononçait-elle un mot chargé de mépris, une vague plus grosse que les autres naissait. Évoquait-elle Eris, la mer voûtait son dos comme si elle cherchait à se soulever. Laissait-elle le silence retomber, l'eau s'enroulait autour d'elle-même et grimpait au ciel, jusqu'à dépasser la Gardienne qui, loin de se rendre compte des conséquences de sa colère, fulminait de plus belle. Comme sculptée par une main invisible, la masse aquatique prenait lentement mais sûrement une forme pour le moins inquiétante. L'onde hérissait d'écailles et une gueule jaillissait du bouillon infernal. Surplombant Katalina de plus de trois mètres, le monstre dévoilait une série de crocs translucides. S'il l'avait pu, le
wagyl aurait sans doute rugit. À la place, il resta où il était, presque immobile, dardant ses yeux aquatiques sur Gabriel. S'il était impressionnant, le wagyl ne restait pas moins une créature bien connue de Meca ; redoutée, mais révérée aussi, comme étant un fils d'Eris. Et ils n'apparaissaient, affirmait-on sur l'île, qu'en présence de leur Mère.
    «
Le monde pourrait s'effondrer, le soleil choir et le ciel s'enflammer, eux resteront à tes côtés, à jamais. »
    Autour d'eux, on commençait à s'agiter. Certains crièrent et s'enfuirent, mais plus nombreux furent ceux qui ne firent que reculer de quelques pas, ne pouvant s'empêcher de regarder l'invocation et la femme qui se tenait devant elle. On murmurait, on pointait du doigt, on s'exclamait, on louait un retour qu'on n'attendait plus. Katalina, tremblante, tâchait de rester stoïque, se concentrant sur Gabriel et uniquement Gabriel. « Alors,
mon oncle, peux-tu analyser cela ? »

HRP : Description du wagyl
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeMer 27 Juil 2011 - 14:51

    Un peu plus loin, l'agitation vombrissait elle aussi, contagieuse, s'infiltrant dans les bouges les plus miteux et les maisonnées les plus insalubres, tirant hors de chez eDerux les pirates et les voyous que la curiosité et la peur poussaient à l'imprudence.

    « Un Wagyl ! Monstrueux ! D'au moins ... Pouah ! » Il élargit ses bras jusqu'à une distance qui se voulait sûrement faramineuse et impressionnante, tandis que sa voix grave portait jusqu'à atteindre toutes les oreilles possibles de la taverne. « Faut qu'vous v'niez voir ça ! »

    Eris était de retour. C'était ce qui se clamait, et les murmures qui suivirent l'entrée bruyante du marin les firent tous hausser les sourcils, certains hésitant à se risquer au dehors, alors que d'autres déjà avaient abandonné consommations et vestes bien garnies aux éventuels voleurs bien cachés pour approcher de plus près la vérité colportée. Un rictus amer peignit les lèvres carmines de la rouquine accoudée au comptoir, qui se détourna du deuxième verre consciencieusement rempli par l'aubergiste pour prendre la direction de la porte sans un mot. Et dire qu'elle l'avait à peine entamée ... Mais le rhum et ses délices pouvaient bien attendre. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait admirer l'oeuvre aquatique du Divin.

    Et à vrai dire, tout ce mystique l'intriguait. Depuis quand les Serpents de Mer faisaient-ils surface à même la côté de l'île mécane ? Des hydres de mer, des monstres ravageant les bateaux et engloutissant les navires et leurs équipages au complet sans plus de remords pour satisfaire les faims mortelles de la belle Eris, oui, il y en avait toujours eu pour les conter dans la lueur glauque des bougies, mais tout cela se passait au large tumultueux de l'océan qui faisait leur fierté, à tous. Jamais au grand jamais on n'avait pu observer quoi que ce soit d'aussi improbable sur les rivages. Etait-ce là le message de mauvaise augure destiné à effrayer Meca ? La Déesse était capable de leur jouer bien des tours, mais celui-ci lui paraissait différent des autres, pour une raison qui lui échappait.

    La porte franchie dans un tintement de cloche, Kassandra arqua un sourcil face à l'agitation du vent qui soufflait sa chevelure avec une colère nouvelle, avant de sourire un peu plus, pressant le pas dans les ruelles déjà vidées pour atteindre le port, lieu du phénomène de foire. Ses bottes martelaient avec impatience et précipitation le chemin, son sabre battant contre sa cuisse au rythme de ce qui devint rapidement une course, jusqu'à atteindre les allées les plus larges, et à déboucher sur le port, et sur l'immensité d'eau qui s'étendait sous ses yeux ébahis et fascinés.

    Le monstre, car il s'agissait réellement d'un monstre, était entièrement et uniquement constitué des vagues déferlantes de la mer. On ne pouvait y croire du premier regard, mais la pirate eut beau ciller plusieurs fois, rien n'y fit, ce qui se déroulait devant elle n'était pas une vue de l'esprit ou un jeu futile de son imagination débordante. La gueule béante du Wagyl perlait d'une fureur translucide, et ses longues écailles battaient les remous avec une paresse menaçante. Le plus surprenant demeurait le regard de l'animal divin, qui sondait la troupe de pirates et de badauds effrayés avec le flegme du prédateur qui ne sait pas encore quelle proie croquer en premier.

    Son coeur battait avec force, et comme stimulée par l'adrénaline et l'excitation du moment, la rouquine chercha à se frayer un chemin parmi la foule pour aller jusqu'aux premiers "rangs" où seuls les plus téméraires, les plus roublards, les plus expérimentés - et aussi les plus idiots - s'étaient installés pour héler la bête ou chanter ses louanges. Au début, aucune résistance ne lui fut clairement opposée, les trouillards et les jeunots se partageant l'arrière-scène avec une angoisse propre au minet qui ne savait pas se retenir bien longtemps de se faire dessus face à une telle légende mairtime. Les ennuis vinrent quand de plus vieux loups de mer sentirent le corps féminin se bousculer entre eux pour passer, quelques grognements étant vite remplacés par des mises en garde, jusqu'à plusieurs refus sévères de la part de capitaines mineurs - des petits merdeux trop contents de pouvoir se vanter d'y être, mais qui n'accepteraient jamais qu'une femme, une cuisinière, là était sa place ! assiste à un tel spectacle.

    « Pas pour les gamines, ça ! Allez, va voir ailleurs ! »

    « Grand-père, tu ferais mieux de rentrer chez toi plutôt que de rester ici, ce genre de bêtes là, ca aime la viande filandreuse. » Rétorqua t-elle, à la fois goguenarde et vexée d'être ainsi bloquée par une simple frontière humaine de quelques hommes à la testostérone un peu trop expansive.

    Le commentaire fut accueilli par quelques menues insultes que la rouquine balaya d'un regard mauvais, avant de se reculer, disparaissant de leur vue ... Elle allait tenter une autre approche. S'écartant vers la droite, où les mousses faisaient moins attention et semblaient plus captivés par la bête que par la mise en danger d'autrui, la rouquine se faufila comme une souris - certes, avec un peu moins de discrétion - et s'extirpa enfin de la foule compacte et serrée, se retrouvant propulsée à des mètres devant, en compagnie des premiers qui avaient aperçu le Wagyl, et qui avaient eux, déjà dégainé, tentant peut-être de chasser l'animal et la menace qu'il représentait.

    Derrière elle, quelques protestations fusèrent, mais personne n'osait aller la chercher. Après tout, il valait mieux qu'elle y passe plutôt qu'eux !
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeLun 1 Aoû 2011 - 23:32

Oups...

Apparemment, devenir Gardienne avait donné des ailes à la jeune femme, car elle se mit en colère presque aussitôt, n'acceptant pas du tout les remarques de Gabriel. Il ne faisait que la confronter à la réalité, mais Katalina ne semblait pas prête à l'entendre... Mais que Tari emporte toutes ces maudites femelles! Il avait déjà bien assez à faire avec cette peste de Sirya qui l'avait congédié comme n'importe qui, comme si elle était vraiment lassée de lui! Mensonges que cela, c'était juste sa putain de fierté qui la poussait à se la jouer lassée. Et voilà que Katalina se jouait arrogante elle aussi. Était-il condamné à ne rencontrer sur des garces? Il avait failli éprouvé de la compassion pour sa nièce à l'annonce de son malheur. Faillit, il ne fallait pas déconner. Mais là, toute compassion s'envola. Malgré lui, il leva les mains devant lui en guise d'apaisement, mais évidemment, elle ne pouvait pas le voir. D'ailleurs, il ne prit même pas la peine de répondre. Il ne savait pas grand chose de la femme qu'elle était, ni de celle qu'elle était devenue effectivement.

Il remarqua que le mer derrière elle qui s'agitait de plus en plus, qui se mit à bouillonner et là, il ressentit un soupçon de peur. Katalina était la Gardienne de Tari, Déesse de la mort, mais aussi de l'océan. Eris... En théorie, elle pouvait maîtriser ces éléments, mais il était du genre à avoir du mal à croire sans voir.

Gagné.

Quand un monstre marin émergea soudainement, il recula d'un pas, ébahi. Un Wagyl... Célèbre et légendaire, et là, il se tenait au dessus de sa nièce et le regardait. Il y avait de quoi être impressionné. Et il résista presque à l'envie de s'agenouiller devant cette apparition. C'était sa nièce et elle contrôlait un monstre. Et elle n'en avait peut-être même pas conscience. En revanche, ils attiraient les badauds et le pirate entendit distinctement les cris, de peur ou de stupéfaction, les gémissements, les prières... Bref, tout un panel de réactions.

Il frissonna en entendant une drôle de voix sortir de la bouche de sa nièce. Là, il n'était pas certain d'avoir encore à faire à Katalina... La Déesse était-elle vraiment présente? Mais enfin, tout ceci n'était-il pas un peu exagéré?

- "Tu as vraiment la nausée de nous voir détester ce sang? De cette famille qui n'a jamais voulu de nous? Qui nous a fait disparaître pour préserver sa pureté et son honneur? De quel droit peux-tu juger cela Katalina, toi l'enfant légitime et aimée?"

Ce n'était sans doute pas la meilleure chose à faire que de rebondir là dessus. Mais tant pis. Il n'avait jamais eu la langue dans sa poche. Il avait répondu calmement, maîtrisant une peur bien légitime. Il y avait de plus en plus d'agitation derrière lui et il tourna la tête, apercevant soudain Kassandra qui émergeait de la foule, bien reconnaissable à sa chevelure rousse.

- "Kassie... Viens donc te joindre à notre charmante réunion familiale..."

Il se retourna vers Katalina.

- "Tu as un peu trop le goût de la mise en scène... Le Wagyl est-il vraiment nécessaire? Dois-tu forcément attirer l'attention sur toi et jouer sur les superstitions des pirates?"

Parce que là, niveau discrétion... C'était raté. Et il avait presque l'impression que cette petite démonstration n'était pas que pour lui... Mais bien pour la populace, pour qu'ils la respectent... Et du coup, il s'interrogeait sur ses réelles motivations.
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeMar 2 Aoû 2011 - 13:15

    Trois jours après son retour de la Dross, Théodore avait trouvé Katalina, recroquevillée sous une table. Au bord des larmes, elle tremblait, totalement ignorante du monde qui l’entourait. Quand il s’était approché, comme il aurait approché un animal blessé qu’un mouvement trop brusque aurait affolé, elle avait tourné la tête vers lui et avait souri. « Pourquoi ? » avait-elle soufflé, la voix brisée. Impuissant, l’Intendant s’était contenté de secouer la tête, franchir la distance qui les séparait et l’aider à se relever. Elle lui avait paru si fragile, si proche du gouffre qu’un peu plus près aurait signifié tomber et jamais il n’aurait pu l’imaginer plus mal. Force était de constater que le destin savait se jouer de l’imagination mortelle. Derrière elle, le Wagyl demeurait impassible, monstre silencieux que rien ne semblait pouvoir atteindre et surtout pas les armes dérisoires des pirates toujours plus nombreux. Il n’était ni la marque d’un orgueil démesuré, ni la manifestation d’un narcissisme démagogue. Il était l’écho d’une douleur, la réponse à un mal être et un bien faible gardien face au mal qui la rongeait. Un poison qui se nommait colère et qu’un rien attisait. Une gangrène qu’on ne pouvait amputer et avec laquelle il fallait apprendre à vivre.
    Kassandra était là. Kassandra aux cheveux de feu, que Katalina avait appris à apprécier… à aimer, même. Son départ avait été une blessure de plus. Elle avait cru devoir haïr son père pour cela. Désormais, il était mort, Aerandir était parti et elle était une brindille à la dérive que les vagues massacraient. Elle voulait son silence, désormais. Elle n’était pas venue pour se faire vengeance, mais les événements parlaient d’eux-mêmes : elle n’était pas aussi forte qu’elle l’avait imaginé. Le pardon qu’elle pensait lui avoir accordé n’avait été qu’un mensonge supplémentaire et elle faisait face, désormais, à l’homme qui l’avait droguée, enfermée et qui avait pris un malsain plaisir à faire voler en éclats ce qu’elle tenait pour acquis. Un pirate, un meurtrier, un violeur sans doute. Valait-il vraiment mieux que son père ? Valait-il mieux que Nhilantar ?
    Alors que résonnait dans l’esprit tourmenté de la Gardienne le nom de son ancien bourreau, le Wagyl se redressa, avant de fondre impitoyablement sur Gabriel et Kassandra.

    Quand ils se réveillèrent, ils n’étaient plus au port de Meca. Trempés de la tête aux pieds, ils purent à loisir se repasser l’improbable scène qui avait lieu et se réjouir d’avoir survécu aux mâchoires terribles du monstre marin. Ils avaient sans doute cru mourir, non pas broyés par les dents infernales mais noyés dans la masse sombre qui le composait.
    « Je suis désolée. » La voix de Katalina, facilement reconnaissable, leur apprirent qu’ils n’étaient pas seuls. Malheureusement, ils n’avaient aucun moyen de savoir où elle était précisément : l’obscurité régnait en maîtresse absolue sur ce qui devait être une grotte sous-marine et les propos de la Gardienne semblaient venir de partout à la fois. Ils pouvaient entendre l’eau en contrebas, agitée par les remous marins. « Evitez de trop bouger, vous risqueriez de tomber. »
    Sèche, contrairement à ses compagnons d’infortune, Katalina était assise à même le sol, à moins d’une dizaine de mètres d’eux. Les bras passés autour de ses jambes qu’elle avait ramenées contre elle. La colère semblait être passée, ne restait plus qu’un immense sentiment de lassitude et une terrible fatigue. Comme si les avoir attirés tous les trois dans cette caverne l’avait épuisée. Durant le temps qu’avait duré leur inconscience, elle avait eu tout le temps de prendre la pleine mesure de ce qu’elle avait fait et de ce qu’elle avait dit.
    « Dire que j’étais venue pour… » commença-t-elle, sans parvenir à finir sa phrase. « Nous n’avons jamais vraiment parlé, n’est-ce pas ? »
    Elle avait pu avoir plusieurs discussions avec Kassandra, mais aucune avec Gabriel et jamais ils ne s’étaient retrouvés tous les trois au même endroit pour simplement parler. Redevenant silencieuse, la Gardienne fouilla dans sa robe et y dénicha une chevalière qu’elle serra à s’en meurtrir la paume. Un filet d’eau glissa paresseusement vers elle, s’enroula autour de son bras ; lui arrachant au passage un frisson, comme à chaque fois où elle était en contact avec l’élément liquide. Avec lenteur, elle déplia ses doigts, laissant l’eau s’en emparer et disparaître avec. Quelques secondes plus tard, sa rouquine de demi-sœur recevait son présent.
    « Elle est à ton nom… En quelques sortes, c’est la reconnaissance que tu n’as jamais reçu. »
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeJeu 4 Aoû 2011 - 0:08

    Loin d’avoir constaté les présences familiales non loin d’eux, le regard violine de la pirate était bien trop passionné par la vue imposante de la créature aquatique pour s’en détacher aussi facilement. Ce fut pourtant lorsque le timbre grave de Gabriel résonna à ses oreilles pour l’interpeller elle, qu’elle se détourna, à la fois étonnée et irritée.

    « Tiens, un revenant ! »

    Et à l’ironie succéda la perplexité.

    « De quoi tu me parles Gabriel, il y a un Wagyl devant ton nez et toi tu… »

    La dernière fois qu’elle l’avait vu, leur rencontre avait été le signe funeste de révélations à la fois dérangeantes et inattendues. Leurs relations, qui jusque là avaient été bien éloignées des sentiers communs et corrects qu’un oncle et sa nièce étaient censés emprunter, s’en étaient retrouvées d’autant plus refroidies que l’éloignement respectif de leurs équipages et les déboires – dont elle ignorait une majeure partie ! – du Second ne les avaient pas aidés à se soutenir dans l’adversité que représentait Noah. Aussi la rouquine masquait un certain enthousiasme, extrêmement bien dissimulé sous la couche de surprise qui passa dans ses prunelles lorsque Kassandra constata qui accompagnait ce cher Gabe.

    « Katalina ?! »

    Que faisait-elle ici ? Sur Meca ? L’étonnement était de taille, mais il était d’autant plus incroyable de voir sa sœur, aveugle et changée – car c’était le mot adéquat pour la décrire -, leur faire face sans s’inquiéter ni sourciller malgré la panique qu’elle pouvait sûrement percevoir autour d’elle. L’agitation, palpable, ne froissait aucun de ses traits.

    La colère, ou plutôt l’expression glacée qui s’était peinte sur le visage de sa demi-sœur ne la rassurait qu’à moitié. Etait-elle venue jusqu’ici pour lui faire part de son amertume d’avoir ainsi fui Serramire en pleine nuit ? De lui avoir causé du tort et de l’inquiétude ? Kassandra n’avait jamais eu le don mirifique d’assumer les responsabilités et d’affronter le problème massif qu’était sa famille. Et là, voir Gabriel et Katalina face à elle lui donnait subitement beaucoup moins envie d’engager une « réunion familiale charmante ».

    Et les propos de son oncle ne l’aidaient en rien à éclaircir cette histoire qui n’avait ni queue ni tête. Comment ça, « mise en scène » ? En quoi la présence du monstre mythique avait-elle un lien avec sa sœur ? Couvrant les cris des hommes et les éclats des flots enragés par sa voix, la pirate leva les bras en signe d’incompréhension agacée.

    « Qu’est-ce que vous foutez ici tous les deux ?! J’ai rien à te dire Gabe, et honnêtement … je n’ai rien à dire à aucun d’entre vous ! »

    La fin de ses paroles fut engloutie dans un fracas sans nom.

    Ce fut le moment que choisit le Wagyl pour s’abattre sur ses proies. De l’eau. Rien que de l’eau. La mer à l’état brut, dans son déchaînement le plus pur et le plus féroce. Le néant les avait saisis et ne les relâcha que dans un état second.

    Lorsqu’elle ouvrit les yeux, la sensation d’un froid mordant fut la première chose qui l’empoigna par les cotes. Grognant ensuite en sentant la moiteur désagréable qui collait à ses vêtements comme une seconde peau, la pirate fut alertée par les mots lointains de sa sœur, échos troublants qui confessaient leur pardon à demi-mot, dans l’obscurité indicible d’un lieu inconnu. Ses mains tâtèrent la roche poisseuse après avoir vérifié qu’elle avait toujours son sabre sur elle, tandis que ses oreilles cernaient les vibrations de l’eau battant les roches en contrebas …

    « Où on est ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

    Sa voix se fit aussi douce que les échardes rocheuses contre lesquelles les vagues s’affalaient sous eux. Comme une enfant, Kassandra respecta le conseil de la Gardienne au pied de la lettre : elle s’agita un peu trop, et manqua de glisser, se rasseyant alors aussi sec, abandonnant l’idée de se redresser.

    Quel tour leur jouait Katalina ? Elle avait donc un lien avec tout ça ? Avec ce délire, avec cerre histoire qui lui échappait totalement ? Eux trois, dans cette grotte, c’était sa faute ? Le Wagyl paresseusement né sur les berges, c’était sa faute ? A quoi tout cela rimait-il ? Ce gestes, ces pensées, ces non-dits, cette rage ; était-ce tout simplement elle qui avait ordonné à l’animal légendaire de les attaquer ?

    Un frisson parcourut son échine. Le froid, sans doute.

    Une langue d’eau vint cueillir sa main, l’effleurant pour mieux la parer d’une étrange chevalière. A la faible adaptation de ses yeux, elle sembla y distinguer un sceau bien particulier, celui de sa famille. Un rictus écorcha ses lèvres alors que la rouquine redressa le menton, serrant les poings sans pour autant bouger, comme contenant son envie subite de s’emporter dans une colère due à l’illogisme croissant des évènements.

    « T’as fait tout ce chemin pour m’offrir ca ? C’est gentil, mais pour le reste, je ne comprends toujours rien. »

    Et ca ne changera rien aux faits du passé, songea t-elle dans le plus grand secret de sa pensée amère.
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MessageSujet: Re: « Je suis Eris » | Gabriel   « Je suis Eris » | Gabriel I_icon_minitimeJeu 18 Aoû 2011 - 19:22

Le pirate se contenta d'un petit sourire en coin horripilant quand Kassandra le remarqua et lui fit remarquer qu'il avait été longtemps absent. Avant qu'il n'indique Katalina du menton quand la rouquine lui demanda de quoi il parlait alors qu'il y avait un Wagyl sous son nez. Merci, il l'avait bien remarqué le Wagyl, avec sa gueule énorme, qui trônait derrière la Gardienne, silencieux, menaçant. Invoqué par elle, excusez-moi du peu. Il était tiraillé entre une crainte toute naturelle à la vue de ce fils d'Eris et donc du lien de sa nièce avec la Déesse et de la fascination. Ainsi qu'un cynisme fermement ancré devant une telle débauche de pouvoirs. Était-ce dans l'intention de se faire remarquer, de lui faire peur, ou totalement inconscient, il n'en avait aucune idée. Il ne connaissait pas suffisamment bien la jeune femme pour se permettre de présumer réellement de ses actes.

Cela dit, la situation était presque cocasse. Voilà tous les Noblegriffon connus et survivants rassemblés sur une île pirate, sous l'œil impassible d'une créature monstrueuse. Comme c'était mignon... Il n'avait pas revu Kassandra depuis des mois, mais la révélation de leur lien de parenté alors qu'ils avaient été amants l'avait quelque peu perturbé. Il était un pirate certes, mais de là à accepter facilement d'avoir couché avec la fille, même bâtarde, de son frère, il y avait un pas. Et c'était sans doute la même chose de son côté.

Kassandra sembla enfin remarquer sa sœur. Quel charmant tableau, quelles belles retrouvailles, jamais encore ils ne s'étaient retrouvés tous les trois. Et maintenant? Qu'allait-il se passer maintenant? Gabriel eut sans doute la parole de trop, l'arrogance venant heurter la patience de Katalina. Ce n'était sans doute pas malin de faire de la provocation pure et dure face à l'avatar d'une déesse, mais on ne se refaisait pas. Kassandra était prête à partir, jugeant que cette petite comédie avait assez duré, mais Katalina ne l'entendait pas de cette oreille.

Le Wagyl fonça sur eux et ce fut le noir, le néant, la fin... Les réminiscences du passé alors qu'il était projeté dans les bras d'une Eris démontée, jeune adolescent trop naïf en proie à la cupidité de son frère.

Jusqu'à ce que le pirate reprenne conscience en crachant de l'eau, trempé, déboussolé. Mais qu'est-ce qu'il s'était passé? La masse épouvantable d'eau s'abattant sur eux lui revint en mémoire et il réprima une nausée née de la terreur de l'enfant qu'il avait été et qui aurait du se noyer, il y a 25 années de cela. Katalina n'avait sans doute pas fait exprès de lui imposer cette seconde noyade, mais le résultat était le même : une terreur glaciale au fond de ses entrailles que la vue du monstre marin n'avait pas su susciter. Il se reprit pourtant, se forçant au calme quand la voix de sa nièce lui parvint. Désolée? Elle était désolée? Le rire grave et moqueur de Gabriel résonna dans le noir. Une obscurité complète, que même sa nyctalopie ne parvenait pas à percer. Il n'avait que faire qu'elle soit désolée, pour la première fois depuis leur rencontre, il la haïssait réellement. Pas pour ce qu'elle représentait, mais pour ce qu'elle était et ce qu'elle venait de leur infliger... Une punition qui ne semblait pas totalement terminée. Il tendit l'oreille, entendant les clapotis de l'eau en contrebas. Une grotte? C'était noir, c'était humide. Sa chemise lui collait désagréablement à la peau alors qu'il sentait la morsure du froid. Résigné, il ne chercha pas à bouger, se contentant de s'asseoir et de retirer sa chemise trempée, dans l'espoir d'au moins sécher la peau nue de son corps. Il avait peu de chance de tomber malade... La voix de Kassandra résonna... C'était bien une réunion de famille.

- "A vue de nez, je dirais que nous sommes dans une grotte et que nous avons été... enlevés? Tu attrapes de mauvaises manières à fréquenter des pirates Katalina."

Le Wagyl les avait amené là, sur l'ordre de Katalina, il ne savait pas quel prodige. Katalina semblait lasse, regrettant sans doute ce qu'elle avait fait. Non, ils navaient jamais eu l'occasion de parler vraiment. Nouveau rire sardonique de l'hybride.

- "Alors tu as décidé de nous séquestrer ici. Brillant. Cela me donne quand même un sentiment de déjà vu. Mais bon, je n'avais pas les mêmes moyens que toi, félicitations pour la mise en scène."

Ne lui avait-elle pas reproché de l'avoir enlevée, en répétant que s'il était venu à elle simplement, elle l'aurait écouté? Et que faisait-elle? Sous le coup de la colère, elle faisait exactement la même chose. C'était risible. Katalina offrit quelque chose à Kassandra, une reconnaissance, comme elle lui avait rendu sa chevalière sur le port. Que voulait-elle? Elle n'allait quand même pas légitimé les bâtards. Elle n'était pas seule et désespérée à ce point. Il fouilla dans sa bourse, à la recherche de ses précieuses herbes et, sans surprise, découvrit qu'elles étaient totalement fichues par l'eau. De quoi le mettre dans une humeur exécrable alors que l'humidité réveillait une vieille douleur à la jambe, le replongeant avec beaucoup trop de réalisme dans la période qui avait vu son existence basculer complètement. D'un ton brusque, il lâcha :

- "De quoi est-ce que tu veux parler, Katalina?"
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