A deux contre un ?

Par un bel après-midi, une journée ensoleillée comme les autres avec la petite brise agréable venant du nord et qui vous rafraichit quand elle flirte avec vos joues. L’activité de la capitale de Culturelle de Langehack battait son plein. Les rues étaient bondées et les ruelles mal fréquentées. Les marchands qui installent leurs étalages autour des places. Les enfants qui jouent dans l’eau des fontaines. Les plus grands qui s’y désaltèrent. Le pas des sabots ferrés des chevaux rythmé tel des tambours sur les rues pavées. Les lavandières qui étendent leurs draps blancs sur les murets. Les boulangers qui se réveillent après une sieste matinale. Les gens qui vont et viennent pour des raisons X et des directions Y.

Et au milieu de tout ca, comme tous les jours, certains essayaient de gagner leur pain quotidien. Neleth n’en était pas une exception car il avait une vie à mener et Denna avait des bourses à voler. Aussi, il fallait du spectacle. Mais l’air était chaud quand même et la place choisit était lointaine. Aussi, Denna et Neleth cheminait à l’ombre des colombages pour se faufiler parmi la foule. Discutant de tout et de rien mais surtout de ce qu’ils allaient improviser comme passes aujourd’hui. Il fallait que le premier combat soit spectaculaire afin que les passants s’arrêtent et aient envie de s’y joindre. Permettant à Denna de se faufiler dans le publique et de voler quelques piécettes, ici et là.

Si bien qu’à force de discussion et de marche lente, ils arrivèrent au bout d’un certain temps à la dite place où trônait une fontaine. Petite place carrée où les étalages des échoppes étaient couvert de toitures en bois afin de protéger leurs produits des intempéries, que ce soit la pluie ou le soleil. La fontaine était faite quand à elle, d’un bloc de pierre où s’écoulait de l’eau limpide et où trônait la sculpture vieille d’un cheval sans cavalier, marchant au pas. A la vue des lieux, Neleth fut fasciné. Il voyait déjà les quelques passes acrobatiques qu’il pourrait faire. Et il comptait bien sur Denna pour l’emmener avec elle sur les toits !

Bref, pour le moment, l’heure était à la pause et à la désaltération. Car il faisait vraiment chaud. Neleth était habillé d’une simple chemise blanche avec un pantalon de cuir et des chausses de cuir, tous les deux marrons foncés. Quand à Denna, elle avait mis un serre-taille noir et un chemisier blanc en dessous pour parfaire avec la tenue de son ami. Avec une jupe longue en Lin aux larges plis afin de cacher ses bottes à talons pour pouvoir rythmer ses passes de mouvements sonores ! Les deux jeunes gens allèrent donc se désaltérer à la fontaine afin de prendre le temps d’examiner les lieux et de décider le meilleur endroit pour commencer.

Soudain, par jeu de scène, Denna, poussa Neleth qui roula plus loin en quelques souplesses arrières. Avant de dégainer son sabre de duel, en lui lançant un regard choqué, de la jeune femme qui venait d’être touchée par cet homme et d’agrémenter le geste d’une voix aigue et en colère, mais surtout forte afin que les passants l’entendent et ai envie de s’arrêter :

« Bas les pattes ! Goujat ! Je ne suis point une fille de joie ! Rendez donc moi mon honneur et je vous rends votre bourse ! »

Finit-elle en montrant une bourse qu’elle faisait sauter dans sa main gauche et qui sonnait de quelques cailloux. Neleth sur les fesses de lui répondre, essayant de sortir son sabre à son tour mais mimant la difficulté en lui répondant d’une voix essoufflée et peu rythmée :

« Allons, belle demoiselle aux cheveux rougeoyants ! Qui sont drôlement bien attachés d’ailleurs ! Je vous ai à peine frôlée. Rendez donc moi ma bourse ou j’irais la chercher moi-même ! »

Finissant ses mots en finissant par arriver à sortir son sabre d’un geste trop ample tout en se relevant de pas maladroit, titubant. Comme si il avait bu. Et à Denna, de faire quelques pas en arrière après s’être retournée pour lui présenter son dos et lui répondre sans le regarder, d’une voix forte mais boudeuse.

« A peine frôlée ?! Vous êtes tellement ivre que vous pourriez bousculer un enfant sans même le voir ! Si c’est comme ca, je garde votre bourse ! Allez donc cuver dans cette fontaine. Ca vous fera les pieds. Non mais… dans quel monde, on vit ! Comme si, moi, Lady Lossarnach avait peur d’un petit combat avec un ivre Fanfaron ! »

Sur ces mots, elle continua à avancer faisant le tour de la fontaine, mimant le fait qu’elle s’en aller en direction d’une ruelle qui faisait le coin. Pendant ce temps, Neleth s’était avancé et courant furtivement dans son dos, il mima un coup de taille qu’il dévia en tournant son poignet afin de saisir du bout de sa lame, le morceau de lin qui tenait les longs cheveux rouges de Denna en chignon pour l’arracher et le garder au bout de sa lame afin de le récupérer entre ses mains. Les cheveux de la jeune femme détachés, celle-ci, surprise se retourna rougissant de le voir si près ! Elle fronça les sourcils alors qu’il lui répondait :

« Vous avez ma bourse, j’ai ce qui vous sert de chignon pour tenir vos beaux cheveux en place ! »

Il prit une pause et regarda le publique qui venait de se réunir pour regarder la scène avec des yeux amusés. Et leur dit :

« Qui sont d’ailleurs bien mieux détachés ! Vous ne trouvez pas ?! »

Et à la jeune femme de répondre en lui bottant les fesses :

« Vous allez me le payer ! C’est un combat que vous voulez et bien vous allez l’avoir ! Sacré nom d’une Lossarnach ! Je ne laisserais pas ce crime impuni ! Et j’espère bien que la foule m’aidera. »

Il mima un mal de fesses en frottant son popotin et se mettre en garde devant elle et lui répondit :

« Il est vrai qu’il vous faudrait vous dédoubler pour espérer me battre, ma chère ! Pas que je doute de vos capacités mais vous ne faites pas le poids contre la Lame des vents ! »

Elle se mit en garde et mima le bougonnement en lui répondant, le regardant dans les yeux :

« Je vais vous montrer un peu comment on brise la lame des vents ! Et si vous voulez qu’on soit deux et bien, j’ose espérer pour vous que ca n’arrivera pas. Car dans ce cas là, vous seriez dans de beaux draps. Allez en garde et ferraillons, monsieur sans manières ! »

Dit-elle finalement en commençant à ferrailler avec lui en estoc pour le faire reculer vers la fontaine dans le seul but de voir et mesurer son agilité. Allez t’il tomber en se prenant les pattes contre le rebord ou allez t’il sauter agilement ? Une chose est sûre, les passants s’étaient arrêtés et une bonne trentaine regardait la scène amusée. Les plus vieux et les plus jeunes étaient fascinés par les coups échangés tandis que les adultes étaient amusés. Cette cité avait besoin de ce genre d’attraction et ca n’en était que plus agréable à regarder en une si belle après midi ensoleillée. Mais une question restait, la seconde personne allait-elle rejoindre Denna pour l’aider à combattre Neleth ? Voila une question dont la réponse était encore pleine de mystère, de suspense et de surprise !

Plus d'un an s'était déroulé depuis les événements du Voile et la mercenaire des terres de l'Est avait reprit ses pérégrinations sur les terres de Diantra, cherchant à trouver un travail quelconque ou une occupation. L'année passée en Erac avait été riche en événements tout aussi incongrus les uns que les autres mais une nouvelle ère s'ouvrait pour elle, une ère où le temps lui-même n'avait plus d'intérêt. Mais il fallait continuer à vivre et il restait tant à voir en Diantra. Arnhild avait donc quittée Erac pour s'en aller vers les terres bordant l'océan, attirée par diverses rumeurs de combat ou d'aventure.
Les trajets restaient longs et elle mit plusieurs jours pour atteindre Langehack. Pourtant elle avait à sa disposition un autre moyen de transport, un dragon pouvant transporter un humain sans problèmes. Mais Adelheid n'était pas très coopérative sur le sujet, la crainte d'être aperçus en vol faisant courir un risque non négligeable. Le dragon devenu adulte volait bien entendu mais uniquement dans des régions peu fréquentées, attiré par des choses dont elle était la seule à sentir. Mais arrivé à l'âge adulte il pouvait modifier sa taille, ce qui faisait qu'elle voyageait la plupart du temps dans la sacoche de la dragonnière ou dissimulée dans ses cheveux, la taille d'un lézard aidant grandement pour passer inaperçue.

Ils arrivèrent dans la cité dans la matinée, cherchant un lieu pour se reposer et se restaurer. Une auberge près des temples fit l'affaire, la mercenaire y déposant ses affaires principales avant de s'en retourner dans les rues pour visiter un peu les lieux qu'elle découvrait pour la première fois. Adelheid préféra rester dans la chambre pour la garder mais Arnhild savait bien qu'une fois qu'elle aurait le dos tourné le dragon en profiterait pour passer par la fenêtre en quête d'objets à voler.
La mercenaire se retrouva donc dans les rues de Langehack, observant autour d'elle la disposition des lieux et se dirigeant vers ce qui semblait être un marché.
Il y avait un attroupement et, se rapprochant, elle put voir qu'il y avait ce qui semblait être une sorte de spectacle d'escrime. En tant que pratiquante des combats elle s'arrêta pour observer les deux acteurs qui s'affrontaient pour attirer le regard. Adossée à un mur non loin Arnhild assista aux échanges de coups, totalement dénoués d'intention mais étant justes là pour assurer le show.

* J'aurais besoin de ton aide Arnhild*

La voix d'Adelheid résonnant soudainement dans sa tête fit sursauter la jeune femme, bien qu'elle fut habituée à ce que le dragon fasse ainsi tout le temps. Depuis un petit moment elle sentait qu'Adelheid avait quittée la chambre comme prévu et semblait avoir trouvé on ne sait trop où un objet qui l'attirait.

*Que veux-tu ? *

* J'ai trouvé ce qui semble être un livre sur un étal. J'aimerais le prendre, son odeur est des plus attirantes *

Un rapide mouvement sur le mur au dessus de sa tête indiqua à la mercenaire que le dragon venait de descendre à sa rencontre depuis les toitures. Sous forme de lézard, la créature vint s'insinuer sous sa capuche et ses cheveux.

*Pourquoi a tu besoin de mon aide ?*

*Le vendeur surveille trop son étal, il me faudrait une diversion ..*

Arnhild soupira, le dragon qu'elle avait recueilli était vraiment des plus incorrigibles. Mais soit .. elle n'avait pas vraiment le choix, Adelheid étant des plus entêtées. Mais comment faire une diversion pour qu'un dragon puisse voler un livre ?
C'est alors qu'une idée lui vint en tête. Elle pouvait utiliser ceci autant que pour s'aider que pour se dégourdir un peu.

*Très bien .. j'ai trouvé quelque chose. Retourne sur les toits et surtout reste discrète*

Le dragon acquiesça avant de repartir vers sa cachette, petit lézard passant totalement inaperçu. La mercenaire quitta alors sa place pour se diriger vers l'attroupement qui observait le couple en train de se battre.
Arrivée devant les premiers spectateurs, elle ôta sa capuche pour dévoiler ses traits fins avant de dégainer une épée d'un très bon ouvrage.
L'arrivée d'un nouveau combattant changea la donne et les deux compères ne manquèrent pas de la remarquer.
Arnhild s'adressa à eux en souriant légèrement, les choses allaient devenir plus mouvementées.

" Voyons donc ce que vous valez en deux contre un, messire. Puisque vous le réclamez .."

Denna mima l’exaspération à sa dernière réponse et envoya un coup horizontale de rapière au niveau du milieu de ses tibias pour le forcer à reculer contre le rebord de la fontaine, afin qu’il se tape les talons dedans et perde l’équilibre pour se retrouver les fesses à l’eau et l’honneur mouillé. Mais hélas, elle l’avait trop bien formé et le petit bougre sauta d’un pied léger sur le rebord de la fontaine en lui servant un grand sourire dont elle ne tarda pas à répondre avec une grimace bougonne et en croisant les bras sur sa poitrine pour contenir sa colère !

Mais ce sourire s’estompa quand Neleth, de son perchoir, vit sortir de la foule, une demoiselle qui était prête à ferrailler avec eux. Aussi, après l’avoir détaillé du regard pour juger de son accoutrement, il fit un clin d’œil à Denna et s’inclina de tout son buste, mimant un chapeau imaginaire pour saluer sa venue avant de répondre d’une voix bienveillante à cette jeune femme courageuse :

« Et bien, voila une deuxième Lossarnach ! Comme quoi, votre chère famille tiens à assister à votre fessée jupons retroussée. Et bien, venez donc aidez votre chère cousine, si vous le tenez, vous êtes la bienvenue ! C’est qu’elle est un peu maladroite aujourd’hui, je l’ai connu plus rapide et audacieuse que ca. Mais sachez, mon amie que je serais sans pitié avec vous. Ce sont les règles de cette joue d’épées et que tous les coups sont permis ! Même si je dois me battre avec un poisson ou vous lancer un tonneau dans des escaliers. »

Puis, il replaça ses pieds de manière plus stable et se mis en garde en pointant son arme jonglant entre Denna et Arnhild, ne sachant pas laquelle des deux, il allait commencer par attaquer. Aussi, demanda t’il au public par ces quelques mots d’une voix assez forte pour jouer avec eux :

« Hmm… mais dites moi, je ne sais plus par qui commencer ? Les cheveux rouges ou les cheveux chatains ? »

Puis, il porta sa main gauche à son oreille pour s’en servir de pavillon improviser et tendit l’oreille vers le public qui criait quelques mots, mélangés entre roux et chatain. Bref, ils n’arrivaient pas à se départager. Alors, Neleth acquiesça, marmonnant des mots inaudibles pour dire qu’il écoutait les divers propositions puis acquiesça longuement encore de la tête pour dire qu’il avait choisit.

Il laissa aller le suspense un moment, puis après un long silence, il tournoya longuement le bout de son sabre entre les deux avant de finalement viser Arnhild au grand mécontentement de Denna qui mimant la rougeur mêlée de jalousie et de colère avait l’air de dire : « Hey ! C’est moi ta cible, à la base ! » Aussi, gardant son sang froid, elle lança un regard à Arnhild et inclina la tête légèrement et vivement pour la saluer à son tour avant de courir rapidement en direction de la fontaine pour grimper d’un pas léger marqué par les talons sur le rebord. Obligeant Neleth a se tourner vers elle, malgré qu’il pointait toujours son sabre vers Arnhild. Puis, mimant la colère non assouvit, elle commenca à se disputer avec lui en lui disant :

« Hey, c’est mooon combat ! Si tu arrêtais de penser qu’avec ce que tu as entre les jambes ! Peut être que j’aurais pu être clémente. Mais puisque tu tiens à ce que cette étrangère danse avec nous et bien, tu n’y échapperas plus à mon courroux ! »

Puis, elle s’adressa à l’autre jeune femme avec ces mots :

« Et j’espère bien, ma chère, que vous allez m’aider à lui donner une bonne leçon ! Je compte sur vous ! »

Puis, elle attendit Arnhild pour continuer les quelques passes d’armes, en lui faisant un clin d’œil entendu pour qu’elle le déconcentre pendant que Denna s’occuperait de le faire finir dans l’eau de la fontaine. Et Neleth, n’ayant rien à répondre, voulant faire place au combat, ne répondit rien et fixa Arnhild d’un regard très intrigué face à autant de mystère. Il n’avait nullement remarqué le lézard et ne se doutait nullement qu’il y avait une utilité à l’intervention de la nouvelle venue.

L'apparition de la mercenaire dans l'équation ne sembla nullement déranger les deux compères dans leur petit spectacle. Visiblement ils semblaient savoir se débrouiller donc l'arrivée d'un autre protagoniste semblant ne pas être un amateur n'était pas un problème pour eux. Au contraire cela pimentait un peu plus la démonstration et servait les intérêts à la fois d'Arnhild et du couple, bien que leur motivation de faire quelques bourses resta inconnue de tous.
La jeune femme répondit avec un sourire à l'introduction que lui faisait l'homme, tout était fait pour amuser et elle sentait que même il ne serait pas sérieux dans son combat il n'allait pas se laisser totalement faire pour autant.

Tout autour d'eux la foule manifestait ses préférences sur l'adversaire de l'homme contre les deux femmes, soit Arnhild ou la femme aux cheveux rouges, les supporters des deux camps semblaient être en nombre égal. Finalement l'homme choisit de combattre la jeune mercenaire qui ne s'attendait pas à un autre choix, par politesse ou par intérêt il était difficile de faire l'impasse sur sa venue. Et il était certain que les yeux en aurait pour leur argent.
Le choix fut d'ailleurs respecté par l'autre femme qui se retira provisoirement du combat, mettant un peu de distance entre elle et sa cible pour guetter une erreur potentielle dont elle pourra profiter.
Arnhild écouta ses encouragement avant d'entrer dans le jeu en lui répondant.

Ne craignez rien damoiselle .. un joli minois comme le sien ne pourra échapper à une juste colère féminine.
Quand à vous messire, j'espère que l'eau de la fontaine sera d'agréable température !

Tout en finissant de parler, la mercenaire déboutonna l'attache de sa cape qui risquait de la gêner dans son combat. Le vêtement tomba au sol sur le pavé, dévoilant la jeune femme portant des vêtements seyant, bottes de voyages et pantalon en cuir sombre et un corsage de couleur crème, le tout offrant au regard des formes des plus agréables. Cette apparition fit naître des murmures dans l'assistance qui semblait apprécier qu'une jeune femme de grande beauté apparaisse dans ce combat-spectacle. Aussitôt des encouragements fusèrent à son encontre alors qu'elle se mettait en garde face à Neleth qui ne put s'empêcher de croiser le regard de la jeune femme, un regard empli d'assurance et d'une telle couleur inhabituelle de bronze.

En garde !

Aussitôt la mercenaire passa à l'attaque, son bond vers son adversaire trahissant un corps repu aux technique de combat et d'une grande agilité. Les premiers coups d'épée tombèrent sur la lame de Neleth qui dut se défendre en divers endroits savamment visés. Mais ce n'était qu'une mise en bouche et les passes d'armes se firent plus complexe et acrobatiques, décontenançant l'auditoire qui n'avait encore jamais vu un tel style d'escrime chez eux. Les mouvements étaient rapides et fluides mais emprunt d'une stratégie difficile à saisir, ce style de combat provenant des lointaines terres orientales était quasiment oublié à ce jour, vestige du temps d'un ancien empire loin de Diantra. Neleth avait du mal à se défendre mais son expérience faisait qu'il parvenait à éviter la plupart des attaques tant bien que mal, pressé par la combattante qui jouait avec lui.
Mais le résultat était là et l'auditoire commençait à s'échauffer les esprits et les encouragements se firent plus bruyants et enthousiasmés, permettant à Denna de faire quelques basses besognes tandis que les yeux étaient concentrés ailleurs.

Arnhild finit par acculer l'homme près de l'étal du marchands de livres. D'une passe d'arme joliment orchestrée, elle propulsa Neleth contre le présentoir qui trembla sur le coup mais ne se renversa pas grâce à l'intervention du gérant. La mercenaire se fit taquine à l'encontre de Neleth sur le coup.

Voyons .. auriez vous besoin d'autant d'espace pour bondir hors de portée de ma lame ? Un combat est un rapprochement entre deux personnes, corps à corps comme chacun le sait. Ne trouve-je point d'attirance à vos yeux pour que vous me fuyez ainsi ?

Le prochain coup ramena Neleth vers la fontaine ou Denna attendait. Dans son dos, le gérant du stand soufflait de satisfaction que son étal ne fut pas renversé par le combat mais ne put voir qu'un livre disposé non loin de lui manquait d'hors et déjà à l'appel.

"Arnhild c'est bon .. Je t'attend à l'auberge."

Il était temps de terminer le combat. Arnhild ramena Neleth vers la fontaine et c'est à ce moment que Denna entreprit de revenir dans l'affrontement. Elle avait ramassée la cape de la mercenaire qui trainait sur le sol et la jeta sous les pieds de Neleth alors que ce dernier était proche du bassin. Tirant de toutes ses forces, elle renversa l'homme comme on tirait violemment un tapis de sous les pieds de quelqu'un. Basculant soudainement en arrière, l'homme tomba dans le bassin dans une grande éclaboussure à la grande joie des badauds présents.

Si un conteur se serait assit sur le rebord de cette fontaine. Alors que le temps se serait subitement arrêté. Il aurait levé les yeux vers ce public amoncelé. Aurait jeté un œil perçant vers cette videuse de poches et aurait commencé, tout en levant les yeux vers ce ciel, si bleu, si limpide, par un silence, avant de reposer ses yeux vers le sol et commencer en haussant les sourcils pour souffler par le nez le mystère, l’antique et le perdu. Avant de se lever et de manier les mots avec ses mains, tel un italien, pour faire naître les fantômes d’un duel entre une femme et un homme. Transformer l’imaginaire en formes, bruits et brises. Faire du non palpable, quelque chose de réel, dur ou doux. Tels étaient les pensées de Neleth, au cours, de cet affrontement. Il n’était pas concentré, il n’arrivait pas à se concentrer. Et du coup, il ne se battait pas à fond. Il ne faisait que danser avec elle mais d’une bonne manière mais non assez parfaite pour dominer l’échange des lames.

Oublier la technique, oublier la force, oublier les bottes secrètes, sur une scène, il faut offrir du spectacle ! Un homme menant un duel contre une femme, voir deux, ca n’a aucune valeur. Alors qu’une femme venant à bout de son adversaire, ca a du goût et un bon goût même. Le genre de goût qui plait au public, qui l’émoustille, lui donne envie d’en voir plus. Oui, arriver a tenir la soif de son public au creux de sa main est tout l’art d’un duelliste, homme de scène. C’est peut être simplement pour ca que Neleth ne se bat pas à fond. Qui sait ? Seul lui et les dieux le savent. Peut être que sa partenaire ne s’en ai pas rendu compte et pense t’elle qu’il se bat à fond ! Ca, Neleth n’en sait rien. Seul Denna, observatrice, plutôt qu’actrice pourrait le dire étant donné qu’elle lui a tout appris. Mais peut être que cette femme ai assez douée avec une lame pour voir cette subtilité dans le jeu qui se met en place et saisit peut être le fait que Neleth ne donne pas tout dans ce combat.

Si bien que l’homme écoute les mots de la jeune femme. Qui critique son manque de proximité dans ce duel. Et il lui répond en haussant les épaules d’un air de questionnement, tout en lui faisant un clin d’œil. Avant de se laisser guider à nouveau vers la fontaine, jouant le jeu du théâtre, mimant la difficulté de parer les coups. Jusqu’à, piégé par la sournoise femme à la chevelure rougeoyante, finir déséquilibré, les quatre fers en l’air et les fesses dans l’eau, dans un majestueux « plouf ! » qui fit rire les spectateurs, soit dit en passant ! Neleth recracha l’eau qu’il avait avalée en tombant après avoir bu la tasse. Il la fit fuir imitant la fontaine en serrant les lèvres et laissant échapper un jet comique d’eau.

Pendant ce temps, Denna, heureuse que son idée de cape ai fonctionné et voyant qu’elle a plu au public, se retourna vers les spectateurs et s’inclina dans une révérence théâtrale pour les remercier.

Quand à Neleth, il dégagea son visage de ses cheveux trempés et inclina la tête en direction de cette femme qui l’avait jeté dans la fontaine, de part son adresse à l’épée. Et toujours, jouant le jeu. L’homme de théâtre de rappela la question de la jeune femme et décida qu’il était temps d’y répondre :

« Hmm… pardonnez moi très chère si mes actes et mes mots ne sont pas à la mesure de votre grâce des plus divines. Mais sachez que je vous dois une explication. Il est vrai, j’aime l’espace. J’aime pouvoir voltiger ici et là… il me faut de la place pour m’épanouir. Donc, ne vous inquiétez pas, j’éprouve de l’attirance pour vous. Vous êtes une très belle femme et, qui plus est, manie l’épée avec dextérité et adresse ! Et je suis d’accord avec vous, l’art du duel, c’est aussi, une danse au corps à corps. »

Pendant ce temps, Denna avait viré légèrement au rouge de la jalousie. Etant du genre à s’énerver pour un rien, il ne fallut pas longtemps avant que la jalousie lui monte à la tête. Elle se dirigea donc vers l’étrangère, profitant qu’elle ai le dos tournée, qu'elle soit près du rebord de la fontaine à contempler sa victoire sur Neleth et qu’elle pense que Denna était toujours dans son camp, pour la bousculer assez fort afin qu'elle tombe à la renverse en direction de Neleth, dans la fontaine. Plutôt, sur Neleth ! Tout en disant, mimant la colère, en rouspétant :

« Vous vouliez du corps à corps ! De la proximité ! Et bien, voila, régalez vous ! »

Avant de partir, un brin énervé, tapant des talons exagérément contre les pavés alors qu’elle s’en allait. A vrai dire, personne n’aurait été à même de savoir si elle mimait vraiment la colère. Vu combien, elle avait l’air vrai…

Quand au duelliste, il se retrouvait à nouveau aspergé d’eau froide, sauf que cette fois ci, il était perdu dans la contemplation des formes suggérées par le tissu trempée de son adversaire. La plupart des badauds, pensant qu’il n’y avait plus rien à voir, se dispersèrent laissant la place reprendre sa vie ordinaire. Si ce n’est perturbé par la présence de ces deux jeunes gens prenant un bain froids, l’un sur l’autre, au milieu de la fontaine, les yeux dans les yeux. . .

« Elle a toujours été un brin jalouse… »

Dit lentement le duelliste en regardant Arnhild pour expliquer la réaction de son âme-sœur…