Les seigneurs du Nord.

Sujet: Les seigneurs du Nord. Sam 28 Jan 2012 - 12:30

La mort du roi avait plongé le royaume dans l'incertitude. Les seigneurs de la péninsule demeuraient plongés dans l'attente d'un mouvement venant de Diantra ; mais de ce qu'il en revenait, l'Ivrey se contentait d'obtenir l'hommage des vavasseurs au prince, et personne ne semblait encore pouvoir dire à qui allait échoir le véritable pouvoir. Dans le nord dépourvu de grands vassaux depuis maintenant des années, l'anxiété gagnait certains des seigneurs, qui chérissaient l'idée nostalgique de ne confier leur hommage qu'en eux même. Anseric, bien qu'il se gardait ouvertement de le révéler, était de ceux-là, et peut-être d'une volonté plus ardentes que les autres. Il prit naturellement les devants, quand quelques semaines passée, les nouvelles de Diantra se tarirent.

Le comte était alors en train de revoir les comptes, les fermages, et les taxes ; tout du moins écoutait il ses clercs édicter des ordonnances, relever des quantités, et ne tendait l'oreille que lorsque le décompte final des recettes était prononcé. La séance une fois levée, il retint ses plénipotentiaire, pour leur faire rédiger un message à l'adresse du baron d'Oësgard.

Citation :: À l'attention de son honneur Norman, de la maison d'Überwald, baron d'Oësgard

Les récents évènements secouant la péninsule n'ont pu vous échapper, et je sollicite votre conseil. Nous nous retrouvons par la force des faits dans une situation semblable, et je gage qu'en bon prud'hommes, chose bien rare de nos jours, nous saurons nous entendre sur quoi faire. Je vous convie par la présente à me rejoindre sur mes terres et à profiter de mon hospitalité durant la quinzaine. L'avenir du royaume ne saurait se décider sans que n'y ayons notre voix au chapitre.

Je vous recommande aux Dieux,

Anseric, de la maison de Rochepont, Comte d'Arétria et baron d'Olysséa

S'il ne s'était pas trompé sur la personne, Norman viendrait ; ils étaient tout deux de l'ancienne noblesse, et par cela bien trop prêts à se mêler de ce qui ne les regardait pas toujours.

Le temps était à la reconstruction en Oësgardie. Norman avait accédé par la violence au pouvoir, son principal opposant au trône de la baronnie était mort, mais d’autres félons virent le jour. Des affaires internes que le géant du Nord tente d’étouffer avec l’aide de sa fidèle armée, mais le temps était également à la politique extérieur, pendant ses premières années de règne, il ne prit aucun rendez-vous avec ses voisins de la péninsule, bien trop occupé avec son propre fief.

Et puis les récents événements qui ont secoué la péninsule ont eu éco jusqu’au grand nord. Aetius, le régent avait autrefois aidé Oësgard à se débarrasser des bandits qui proliféraient en ses terres mais certaines langues rechignaient à lui jurer fidélité, mais cela importait peu à Oësgard qui ne se mêlé plus que de ses affaires ces trois dernières années.
Un bon jour, un messager entra dans la Forteresse, apportant une missive venant du comté d’Arétria, une terre voisine de Serramire. Se la faisant lire rapidement, Norman ne rechigna pas à répondre à l’invitation, il était peut être de forger de puissantes alliances.

Citation :: A l’attention de sa Grandeur Anséric, de la maison da Rochepont, comte d’Arétria.

Il est indéniable que les récents événements nous force à réfléchir et s’entretenir. C’est avec honneur que j’accepte votre invitation. Toutefois, il me doit de vous prévenir que je ferais chemin avec ma garde personnelle, les temps sont troubles et la route menant à Arétria n’est pas sur dans ce Marquisat.
Par ailleurs, je tiens à vous féliciter pour votre récent mariage.

Puisse les Dieux veillaient sur nous.
Norman, de la maison d'Uberwald, Baron d'Oësgard.

« Réunissez ma garde, nous ferons route pour Arétria. » Ordonna Norman à l’intendant de la Forteresse alors que le messager quittait la cour. Il quémanda également Lucrèce et la prévint de son absence, cette dernière ne pouvait pas voyager car elle attendait un nouveau enfant.

La réponse du seigneur d'Überwald ravit son hôte futur. S'ils n'étaient, face aux barons d'antan, les baudoins et les baudriers, semblables aux pygmée face à des géants, Norman et Anseric n'en restaient pas moins les piètres héritiers d'une histoire de sédition. La constitution du Royaume s'était faite la la conquête successive, depuis le Médian, des colonies pharétanes au Sud, et des seigneuries païennes du Nord. De fait, la naissance même des provinces au delà de la chaîne d'Avosne provenait de grandes batailles, et les défaites, il y a six cent ans de cela, n'avaient eut de cesse de laisser un goût de rancune dans la bouche des seigneurs du Nord. L'altercation entre Siegfried d'Oësgard et Lyon de Serramire en était un exemple plus que parlant. Qui parmi les vrais hommes libres n'avait rêvé de reprendre l'épée et le pal ? Ma foi bien peu.

L'Oësgardie avait été plongée, depuis la mort de Baudoin et de son Baudrier, dans des eaux bien troubles, sinon noires, et à l'instar de sa personne, qui les années durant n'avait guère renoué avec la gloire, Norman était réduit à se battre contre des ennemis intestins. La guerre réglerait ça, espérait-il ; quoi de mieux, pour un peuple, que de regagner sa grandeur par les armes, afin de calmer les velléités internes ? Anseric ne doutait pas un instant que la flamme du nationalisme oesgardien, si proverbial après les années de propagande du baron, ne se rallumasse contre leur ennemi séculaire de l'outre mont-d'or, les Serramire. Là où le comte désirais ardemment unifier l'Atral, il espérait également que les marches Oesgardiennes ne regagnassent leur souveraineté. Après tout, les marquis n'étaient ils pas, à l'origine, que des maréchaux conquérant pour le Roy ? Plus tôt l'on se déferait d'eux, mieux ce serait, en vérité.

Alors qu'Anseric surveillait de sa chapelle, avec une attention que l'on eut guère soupçonné devant de cette nature rustre, les premières armes de son tout jeune fils, un héraut vint le chercher, annonçant l'arrivée du baron. L'austère chapelle, au centre de laquelle rayonnait le trône de granit arétan, saurait à coup sûr éveiller quelque familiarité avec sa consœur d'Oesgardie et son siège en acier ; néanmoins, comme il le faisait avec ceux qu'il invitait cordialement, Anseric s'enfila dans un des milles boyaux du complexe pour déboucher dans la salle du banquet. C'était une situation plus commode.

Un crieur fit sans attendre retentir les titres des deux personnes, et le comte, à l'ego flatté que les siens fussent plus longs que ceux de son invité, s'empressa de lui souhaiter la bienvenue : "Soyez mon obligé, sire, et prenez vous aises. Il vous tarde sûrement de vous délasser, après votre route. Qu'on apporte du vin!"

Le baron ne portait pas une tenue d'apparat mais plutôt une légère côte de maille qui laissait nu ses bras et avant bras laissant refléter l'aspect guerrier de la baronnie nordique, mais également les troubles qui y régnaient. Même s'ils ne se sont pas fait attaqué, le risque existait et pour cela, Norman était accompagné d'une garde de vingt soldats, tous plus expérimenté les uns que les autres. Arrivé en ville, le colosse leur donna l'autorisation d'écumer les tavernes en attendant leur départ. Car même si le Comte les avait invité pour la quinzaine, Norman ne pouvait accepter l'invitation, Oësgard avait besoin de lui et ce, dès qu'il aurait fini en Arétria. Cela serait peut être le début d'une longue amitié entre les deux terres qui saurait perdurer.

On le fit annoncer, avec les honneurs dû à son rang et Anseric l’accueilli correctement alors qu'un serviteur entra quelque temps après avec du vin. Il leur en servi deux verres qu'ils portèrent à la santé des dieux.

« Je crains malheureusement de ne pouvoir rester bien longtemps, je ne pourrais abuser de votre hospitalité plus de quelques journées. Oësgard ne peut se permettre de me voir loin de ses terres en ces temps troubles, comme vous devez sans doute le savoir, la valeur des hommes du Nord n’est point à l’oisiveté. Contrairement aux gens du Sud. »

Norman n’était pas de ceux qui tournaient autour du pot, ayant tout d’abord un esprit militaire, il a l’habitude d’aller directement au vif du sujet et d’éviter les discussions superflues et inutiles. Anseric devait être également de ces gens là s’il avait prit l’initiative de contacter le géant du nord.

« Notre Roi est mort et un baron régente la Péninsule, alors que dans nos marquisat les dirigeants se succèdent sans succès. Des tensions se créent, et des accords doivent être trouvés. Peut être est-il temps que Oësgard et Arétria se rapprochent ? »

Dit-il avant de boire à nouveau une gorgée de vin. Le rapprochement permettrait également de se rapprocher à nouveau d’Olysséa par les liens du mariage qui unissent les deux barons. Comme aux temps de Baudoin le Parjure.

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