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 Payer ses hommages

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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeVen 4 Mai 2012 - 23:25

    Attendre là où nul ne vous penserait.
    Le Seigneur Justiciaire avait passé quelques temps en Erac. Quelques semaines pour dire plus vrai. Son arrivée avait été faite sans trompettes et il s’était contenté de rester non loin des frontières. Sur les routes, il arrivait que les gardes entendissent quelques voyageurs communs parler de gardes patrouiller au Sud et guetter le domaine royal avec une vigilance insolite. Par prudence, il décida de trouver quelques auberges et distilla ses gardes dans chacune. Le Baron avait réussi à négocier une chambre d’un confort assez rudimentaire. Le tavernier, un homme de forte corpulence et qui semblait avoir mangé son troupeau de porcs avant le jour, n’avait posé aucune question à son sujet et s’était contenté de prendre son or. Aux cotés de Cléophas étaient deux de ses gardes les plus robustes. Tancrède était un homme dont la taille dépassait celle des nobles les plus grands. Son père avait été forgeron dans la Cité de Merval et il avait hérité de lui sa robuste carrure. Son visage noirci par la poussière du voyage était couvert par une fine barbe aussi noire que la nuit qui tombait et son œil était plus noir encore tant et si bien qu’il ne se put trouver d’épouse, pour ce que chaque femme croyait ne le pas satisfaire. Son armure était pareille à celle des autres gardes du Baron hors sa cape sur laquelle était brodé un grand hêtre d’argent avait été brodé. L’homme avait été fait chevalier par le Baron lors de sa prise de pouvoir et depuis ne le quittait jamais. Certains disaient que l’ombre de Cléophas était sans doute plus menaçante que l’homme lui-même et le Baron se plaisait à entendre de pareilles inepties. C’était Tancrède qui avait suggéré qu’ils restassent à l’auberge et que son seigneur se fit passer pour quelque voyageur sans histoire. Avant que d’entrer dans la bâtisse, toute faite de granit, il ota tout signe de richesse ou de pouvoir et ils prirent soin d’enrouler leurs bannières. L’Erac était devenu un pays hostile et malgré la parole de paix que devait apporter le Seigneur, il préférait demeurer invisible. Deux semaines était-il resté reclus dans sa chambre. Ses nuits n’étaient guère mauvaises et le lit, s’il n’était fait des plumes les plus douces n’avait toutefois rien d’inconfortable. Quant aux mets que servait le tavernier, ils étaient gras et copieux à son image et convenaient plus à l’hiver passé qu’à la saison des semences, mais Cléophas et ses hommes s’en contentaient amplement et n’hésitaient pas réclamer d’autres portions plus copieuses encore. Le trésor baronnial pouvait bien souffrir quelques ogres affamés. Si c’était là le prix de la tranquillité, le Baron était bien que plus enclin à le payer.

    Les banquets ne se rincent pas d’un seul vin.
    Quoi qu’il ait pu penser, Cléophas ne trouvait de moyen diplomate de s’approcher de Léandre. Tot ou tard il lui faudrait bien pénétrer dans son château sinon s’approcher de ses murs en brandissant bannière d’argent pour tenter de rétablir la paix en ces landes qui appelaient à grands cris Dame Désolation. Après que toutes ses courtoisies se fussent épuisées sur le papier, il prit la décision d’abandonner le seigneur Léandre. S’il était la raison de sa venue en Erac, il n’était pourtant pas le seul seigneur de ces terres. Qu’en étaient-ils des Velteroc, des Hautval ou des Ancenis : familles dont le renom dépassa les frontières du Médian pour atteindre les rives de la Cité de Merval, là où les négociants colportent autant de nouvelles que les pupilles du Baron. Ce dernier ne pouvait pas se résoudre à croupir indéfiniment sous les poutres de chêne d’une auberge de pays. Ses fenêtres donnaient sur le pays eracien : une futaie s’étendait jusque la ligne d’horizon au Nord et derrière les collines à l’Est. La route qui bordait l’auberge n’était rien moins qu’une grande ligne de terre battue par les charrues qui y passaient et seule une petite cour pavée donnait à l’édifice son caractère noble. Le pittoresque paysage pourtant ne savait pas émouvoir le Baron, nostalgique du grand marais qui bordait la Cité de Merval et des arches de pierre qui enjambaient les sables traitres. Plus vite il allait régler cette affaire dont il avait peu cas, plus vite il serait rentré dans son doux pays côtier, là où l’air était chaud et le ciel d’un bleu éclatant. Les bourrasques du Médian ne lui plaisaient guère et Cléophas n’était pas le genre d’hommes à s’adapter à un climat plus rude qu’il ne le souhaitait. Il n’arriverait guère à convaincre l’autoproclamé Duc d’Erac…du moins seul et s’il était une chose qu’il avait appris des affaires de cour, c’est qu’il n’était pas deux hommes qui avaient les mêmes ambitions. Chanceux qu’il était d’avoir chu dans une terre dominée pour moitié par des femmes. C’étaient elles qu’il devait convaincre…qu’il allait convaincre.

    Les hommes alléchés vont avec lenteur.
    Sa décision était prise. Lorsqu’il ouvrit la porte de sa chambre et qu’il descendit la flopée de marches qui séparait l’étage de la salle commune, il avait revêtu ses habits de prince du royaume. Son armure était de plates d’argent luisant à la lumière du Soleil du matin. Sur son torse, damasquiné avec la plus grande finesse dans le métal de la cuirasse, était le griffon lauré de ses terres. Cléophas apparut devant les pauvres voyageurs comme un de ces champions que louent les bardes, lorsque leurs langues se délient et que l’or ou le cuivre ou le bronze remplissent leurs bourses. Sur son armure tombait un grand pan de soie pourpre maintenu sur son épaule droite par une fibule discrète glissée entre deux plates. Dans la salle, le silence était tombé et il fut assis par l’arrivée soudaine des hommes d’armes du Baron. Tancrède avait harnaché les montures et préparé les carrosses. Sous l’ordre de son seigneur, il avait passé la nuit à rappeler tous les autres membres de la garde dont certains avaient trouvé dans leurs auberges les plaisirs de quelques damoiselles peu regardantes des mœurs de la cour. Devant le regard réprobateur de Tancrède, leurs chaleurs s’éteignirent mais l’ombre du Baron était assez compréhensif pour ne les pas dénoncer. S’il était une chose que le Baron ne supportait c’était bien que ses hommes n’aillent déshonorer leurs épouses et l’image de la Baronnie par la même occasion. Lorsque l’on se décidait à rejoindre la garde baronniale, l’on jurait de respecter les voies prescrites par les dieux : celle de la piété et celle des vertus bien que Cléophas n’ait été peu regardant quant au fait de verser le sang pour protéger ses intérêts. La cour était encombrée de tous les gardes et de leurs attirails tandis que dans les cuisines l’on s’affairait à répondre à leurs demandes. Le voyage serait long et le Baron avait interdit que l’on s’arrêtât sur le chemin ; trop de temps avait déjà été perdu. A la vue de tant de soldats remarquablement armés, le tavernier pourtant d’un naturel peu bavard se mit à questionner toute personne qui aurait pu le renseigner quant à la raison de cette agitation. Après tout, il avait accueilli quatre voyageurs banals et il se retrouvait avec une milice entière à ses portes, toute bardée de bannières et de figures en tous genres. Lorsqu’il finit par demander à Cléophas son identité, le Baron ne fit pas dans la subtilité.

    « Vous ne semblez pas reconnaître les armes qui brodent mes bannières. Voici le griffon lauré de la grande maison de Merval à laquelle j’appartiens. Voilà le hêtre d’argent de la maison de Marroch et là l’aile d’azur de la maison de Fornwic et là le globe de la maison de Meryin ; qui m’ont donné les épées qui me protègent. Je suis le Baron de Merval, Seigneur Justiciaire de ses terres mandaté par ordre du palais pour apporter la justice en ces lieux désolés. Je suis ici pour négocier avec le seigneur Léandre. Je vous prie, hâtez de préparer mon cortège je ne puis m’attarder en votre auberge plus longtemps. Je vous remercie de votre hospitalité et acceptez ces quelques pièces en guise de ma bonne foi. Je veux de quoi remplir les panses de mes gardes, de la viande séchée et quelques grains à bouillir, ajoutez à cela de quoi adoucir nos palais. Nous sommes proches des terres de Hautval, sans doute avez-vous un tonneau de vin dans vos caves. J’apprécierais quelques prunes d’or…depuis que le Soleil est revenu sur la Péninsule les arbres en sont couverts. La route pour Velteroc sera longue et ardue, si vous connaissez quelques routes peu sinueuses ou pentues, informez-en mes gardes avant mon départ, je vous en serai redevable. »

    Un homme du commun divulguera tout ce qui lui paraitra extraordinaire.
    La petite troupe avait quitté l’auberge depuis quelques heures déjà et voilà qu’ils étaient engagés sur la route quand Tancrède s’approcha du carrosse baronnial et demanda à son seigneur ce qui le poussa à parler de Velteroc là où il aurait du dire Hautval. La réponse du Baron fut claire et son garde esquissa un sourire en l’entendant. Il trotta à l’avant de la colonne et reprit sa place. Le Baron veilla à envoyer un de ses gardes en Velteroc pour le temps de son séjour chez la Dame de Hautval. Cette dernière n’était pas encore au courant de la venue du Baron et ce dernier avait dépêché un autre de ses gardes à l’avant du cortège pour lui annoncer la nouvelle. La célérité de ses hommes pouvait parfois surprendre et dans les deux jours qui passèrent, le messager était arrivé en Hautval, portant une lettre cachetée du sceau d’Angleroy plutôt que de Merval, sceau que peu sauraient reconnaître sinon les plus pensifs. Sans doute ces deux journées avaient suffi aux voyageurs de l’auberge pour aller crier ce qu’ils y virent et le Baron n’en craignait rien. Si des gardes venaient à sa recherche ils se précipiteraient en Velteroc et le Baron en serait informé. Qui irait le chercher en Hautval quand ils le trouveraient en autre lieu ?

    Nécessaire est-il de charmer.
    Le voyage se trouva être plutôt agréable. Les futaies et boulaies avaient laissé place aux grands coteaux couverts de vignes verdoyantes ou d’un rouge de sang. La troupe avait fini par sonner l’olifant lorsqu’elle arriva à proximité de la cité de Hautval et les bannières furent levées hautes. Les portes furent ouvertes lorsque l’on vit le griffon flotter sur les pièces de lin. Les cavaliers s’étaient arrêtés peu avant d’entrer en vue de la ville afin de se rafraichir et d’ôter de leurs visages la boue du voyage. Cléophas en avait profité pour essayer de récolter le plus d’informations au sujet de la dame de Hautval. Les parchemins renseignaient sur ses aïeuls, ses parents mais peu d’informations étaient vraiment consignées au sujet de la jeune femme. Il entendit un héraut parler de quelque sujet noble et il semblait qu’il connaissait ses lettres de sorte que Cléophas lui offrit un souverain contre ce qu’il connaissait au sujet de la Baronne. L’homme, engoncé dans sa maille trop serrée avait apparemment séjourné dans la ville. Son accent rude et les armes brodées sur son haubert indiquaient qu’il avait passé ses jeunes hivers dans le nord de la péninsule sans compter ses manières –si tant est qu’il en ait- trahissant sa proximité avec la vaste plaine d’Atral. L’homme avait murmuré à Cléophas qu’une nuit il eut reconnu dans un groupe de cavaliers les armes de l’Ivrey et devant cette nouvelle le Baron resta perplexe ; tant d’ailleurs qu’il coupa court à la conversation. Après tout, il avait déjà recueilli ce qu’il souhaitait connaître et les rumeurs quant à la couche baronniale ne l’intéressaient qu’à moitié. Mais il n’avait plus le temps de ruminer sur de telles balivernes pour ce que l’on le pressait déjà devant les portes du palais et qu’au dehors les bannières encadraient la porte de son carrosse. Cléophas prit soin de réajuster sa mise alors que l’on annonçait ses titres au dehors. Un page vient se saisir de la poignée de laiton et tira la portière pour laisser découvrir le Seigneur Justiciaire, son armure de plates, sa fibule étincelante, sa grande toge rouge couvrant le tout et ses cheveux d’un blond semblable aux champs qui recouvraient le sol de cette plaine d’où avait fui le héraut porteur de mots. Cléophas leva la tête, descendit les quelques marches et il la vit, la Dame de Hautval, hiératique et usée par le temps bien que toujours empreinte de la grâce de ses ancêtres.

    « Ma Dame, c’est un honneur. »
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeJeu 10 Mai 2012 - 17:41

    Hautval était une ville où le jour était rythmé par le va-et-vient incessant des caravanes marchandes transvasant du Nord au Sud et vis-versa. Elle était un pôle commercial important et la Maitresse des lieux faisait tout pour satisfaire le confort de ses investisseurs. La place centrale était, de journée, bondée d’échoppes en tout genre, vendant aussi bien victuailles qu’étoffes ou encore bijoux. Quelques saltimbanques et autres musiciens accompagnaient de leur instrument la symphonie de cette foule ne désemplissant pas. La Cité avait un côté charmant, taillée essentiellement de pierres mais aussi de bois, elle séduisait par ses maisons à colombage. La Grande Route était bordée par les vignobles s’étalant et colorant le relief jalonnés de collines. Plusieurs garnisons étaient à dénombrer faisant des rondes militairement cadrée avec de sécuriser la Baronnie.

    Un homme du Baron avait été envoyé à travers Hautval afin de transmettre l’arrivée du Baron dont les bannières ne tarderaient pas à passer les frontières. Blanche accueillit la lettre cachetée du sceau d’Angleroy avec un certain étonnement. Elle ouvrit la missive et la lut en haussant un sourcil.

      « Hm. »


    Le Baron de Merval était en route et elle se devait de le recevoir. Une question demeura, cependant, sans réponse la raison de sa venue. Que faisait-il si loin de ses terres en ces temps de guerre ? Elle afficha une grimace et demanda à ce que l’on prépare la venue du Seigneur Cléophas.

    ***


    Au bout de quelques jours, le cortège baronnial arriva aux portes de Hautval. Ils prirent la direction du Château aux airs stricts, aux arcs gothiques. Les portes de pierre s’ouvrirent par le biais d’un mécanisme, amenant la diligence du Baron et ses hommes au sein de la première cours. Là, ils furent attendu par la Garde d’Obsidienne du la Blanche ainsi que par le Conseiller et mage, Yohann, un homme habillée d’une tunique bleue brodée de quelques fils d’or. Entre le premier Conseiller et le Commandant de la garde personnelle de la Baronne se tenait la Dame des Glaces, autrement surnommée la Splendeur d’Obsidienne. Le minois aux traits fins et délicats n’avait pas encore subi les affres du temps. Ses lèvres désirables étaient closes et nimbée d’un rouge sanglant mettant en valeur ce teint de porcelaine. Un long voile d’encre dissimulait sa chevelure relâchée, chutant jusqu’aux creux de ses reins et était rabattu tout contre son faciès afin de brouiller les traces qu'avaient laissé l'Ivrey sur elle. Son regard sévère et froid était d’un bleu limpide pailleté d’argent souligné par un trait de khôl ne rendant ses airs que plus profond. Elle avait un port altier et digne des Dames de la Noblesse, le menton bien haut, le dos était droit. Une robe, plutôt sobre, d’ébène couvrait ses courbes généreuses. Un corset de cuir de même coloris serrait sa taille, mettant, de fait, sa poitrine en valeur malgré le décolleté discret. Il accentuait aussi les rondeurs de ses hanches, ne les rendant que plus voluptueuses. La Baronne invitait à bien d’étrange impression, jouant entre attraction et répulsion. Cette beauté froide inspirait tantôt aux malaises tantôt à la convoitise. Aux paroles de son homologue, elle répondit de sa voix glacée.

      « Messer, vos sentiments sont tout autant partagés. Puissiez-vous trouver Hautval à votre convenance. »


    Elle donna quelques directives à son premier Conseiller et son Commandant avant de pivoter et d’inviter le Baron à le suivre.

      « Il me semble que mon salon serait plus propice à la discussion. Si vous voulez bien vous donner la peine. »


    Les hommes du Seigneur d’Angleroy n’allaient sans doute pas tous l’accompagner. Tandis que Blanche s’avançait et gagnait le hall de sa Demeure, des mesures furent prises pour accueillir les invités de la Dame d’Obsidienne. Parcourant les couloirs du Château, il put constater que la décoration était à l’effigie de l’Ancenoise, sobre, stricte. Des tentures pourpres couvraient de temps à autre les murs tout comme les portraits des ancêtres et seigneurs hautvalois. Quatre gardes l’accompagnèrent jusqu’à la bibliothèque, c’est là, qu’ils discuteront. Tout au long de trajet, elle ne dit mot, peu avenante à la discussion pour l’instant. Au seuil de la pièce, elle ajouta.

      « Laissez-nous et faites apporter le nécessaire. »


    A sa guise, le Baron put garder, avec lui ses hommes ou non. Une fois la porte passé, il découvrit l’immense bibliothèque. La pièce était longue et s’élevait sur un étage que l’on pouvait rejoindre par des escaliers tonitruant sculptés dans la pierre semblable à la Bibliothèque du Palais d’Hofburg. Plusieurs rangées de bois s’alignaient renfermant les ouvrages qui placardaient aussi les murs. De sa démarche élégante, elle se meut jusqu’un siège sans pourtant s’y assoir. D’un geste, il l’invita à prendre place.

      « Je ne vous cache pas que je suis plutôt étonnée de vous voir si loin de vos terres. Auriez-vous l’amabilité de me faire connaitre la raison de votre venue ? »


    Elle préférait rentrer dans le vif du sujet afin de ne pas perdre de temps sur la position à adopter.


Hrp:
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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeSam 12 Mai 2012 - 13:34

    Un hôte devrait être partout chez soi.
    Le château de Hautval rappelait au Baron sa propre demeure. Sa rigueur, ses hauts murs dépouillés de toute ornementation superfétatoire, ses portes massives et ses cours pavées. C’était une forteresse sans failles aucune, pouvant résister aux assauts des pierres comme du vent. Et la maîtresse des lieux était à leur image, un reflet humain des hautes murailles crénelées qui dominaient, fières et impassibles, les grands coteaux de la région. Derrière son voile de crêpe et ses gardes armés, la Baronne paraissait ravissante. Cléophas ne pouvait que distinguer ses traits, ses pommettes et ses lèvres écarlate mais il était une chose qu’il ne parvenait à discerner : un sourire. La femme était d’une froideur inconnue et le Baron crut à un procès plus qu’à un accueil chaleureux. S’il est vrai qu’il était venu sans grande raison et qu’il ne connaissait guère la Dame de Hautval, il n’en était pas moins son hôte. Descendu de sa voiture, il détailla les hommes qui la protégeaient : la garde entière, sans doute celle du château et son commandant, étouffant sous sa cuirasse qui n’avait lui depuis des ans. La Dame voulait faire montre de son pouvoir et de son autorité, mais le Baron n’avait que faire de cette poignée de blêmes courtisans, pour ce qu’il venait traiter avec Hautval. N’était son ton glacé, la Baronne aurait été d’une aimable courtoisie et elle gratifia Cléophas d’une phrase qu’elle avait sans doute apprise lors de sa jeunesse et qu’elle répétait à tout étranger qui foulait de son talon, la cour de pierre de sa demeure. Il s’y sentait bien cependant et seul l’air marin manquait à ce paysage. Merval n’était pas si loin lui semblait-il et derrière ces portes de roche, il se sentait en sécurité. Si tant est que cette forteresse fut pour lui une auberge plutôt qu’une prison.

    La grandeur humilie.
    Cléophas avait suivi la Baronne lorsqu’elle l’avait invité. Elle voulait apparemment traiter des raisons de sa venue et n’avait point envie de s’encombrer de ses conseillers, qu’elle congédia bien avant qu’ils n’entrassent dans le château. Le Baron quant à lui avait pris soin de laisser ses gardes dans la cour et certains prirent la liberté d’arpenter les rues de la Cité, qui semblait épargnée du tumulte des batailles qui allaient sans doute naître. Dans le silence, la Baronne le mena jusqu’à une pièce reculée du château, prenant la peine de le faire passer par les plus somptueuses salles qu’il devait receler. Il souriait de cet exercice de vantance qui était toutefois bien orchestré. Dans la bibliothèque, le Baron s’était étonné de ce que des hommes du Nord puissent avoir recueilli tant d’ouvrages. Si en Langehack, les hommes étaient pour grande partie lettrés tandis que le Nord était un désert d’ignorance. Il ne préféra pas demander si ces volumes étaient présents depuis longtemps ou s’ils avaient été rassemblés par la Dame, lettrée elle-aussi. Le pas du Baron était prudent et il jeta des regards partout : les colonnes de pierre doublées de lances d’argent ; les escaliers massifs et les tentures pourprées ; les couloirs infinis et les voûtes sculptées ; il n’était pas un détail qui ne lui échappa pas. A sa grande surprise, ils allaient traiter sous ces épais volumes et ces hautes colonnes. La taciturne Baronne n’avait peu de cas des murmures « d’entre-les-coupoles » comme les nommait Cléophas. Etait-ce une inconscience simple ou l’assurance de pouvoir témoigner de ce que le Baron aurait pu lui dire ?

    Reculez d’un pas devant tout appât.
    Le Baron avait étudié cette Dame, ou du moins le dos qu’elle lui offrait. Ses yeux étaient cachés, sa parole retenue et quoique sa démarche fût souple, elle ne paraissait encline aux concessions. Deux sièges se tenaient au centre de la pièce, deux sièges qui auraient paru imposants dans une auberge mais qui étaient bien petits devant l’immensité des lieux. Ils n’étaient que peu ouvragés, faits d’un bois plutôt sombre que l’on trouvait en Erac, leurs accoudoirs étaient usés des paumes qui s’y frottèrent et leurs assises étaient réalisées dans un velvet ochracé répondant au pourpre des tentures qui décoraient les halls. Devant la rigidité de la Dame, Cléophas hésita à s’asseoir, pour ce qu’il fut fort malaisé que de seoir là où une Dame restait debout. Pourtant, ne se pas asseoir aurait été offenser la Baronne, qui insistait apparemment pour ne se pas bloquer entre deux barreaux de bois. Le Baron finit par décliner d’un sourire son invitation et prétexta qu’il avait voyagé assis durant tant de journées qu’être ainsi ne le dérangeait aucunement. Un certain silence s’installa une fois encore jusqu’à ce qu’elle pose la question qu’il attendait. Le Baron n’était pas dupe et cet accueil n’était que le prélude de cette symphonie stridente. A la question, Cléophas ne répondit pas immédiatement et se retourna pour admirer la splendeur des lieux avant que d’offrir un sourire à la Baronne, toujours cachée derrière son suaire noir d’organdi.

    « La question est pertinente, ma Dame et je vous prie de pardonner mon arrivée impromptue et ma très brève missive toutefois les circonstances m’obligèrent à rejoindre votre demeure. Je serai avec vous d’une limpidité sans pareil, je ne vois pas en quoi il me faudrait vous occulter mes péripéties. J’ai voyagé depuis ma terre de Merval jusqu’au pays de Velteroc, pour ce qu’il me fallait m’entretenir avec la Comtesse. Nous n’entretînmes aucune inimitié particulière et il se trouvait que le trouble s’éveillait au Nord, tant d’ailleurs que j’en fus prévenu. Toutefois, arrivant devant les portes du palais de la Dame de Velteroc, j’appris que cette dernière était dans un état proche de l’agonie, prise par une maladie la forçant à rester en ses appartements. Vous comprendrez que la nouvelle me troubla, d’autant plus que mon arrivée en Erac n’était pas faite dans le secret et que la Comtesse était consciente de ma venue. Il se trouvait que la cité était presque morte et l’on racontait dans les auberges que la Comtesse avait fui la guerre. De cette guerre je n’avais entendu que quelques murmures mais mes doutes furent avérés lorsque l’on m’informa des mouvements de troupe de Léandre d’Erac, le traître à la couronne. A y repenser, j’ai vu quelques de ses hommes à la frontière, sans que nous n’en fûmes plus inquiétés. Or, toute traîtrise ne reste pas impunie et vous devez savoir mieux que moi que le Seigneur-régent est un homme impétueux qui n’hésitera pas à envoyer ses armées au-devant des légions du parjure. Velteroc n’était plus une terre sûre et le trouble allait s’y déplacer promptement et je ne pouvais décemment m’en retourner en Merval, tant la situation était périlleuse. Aurais-je risqué de recroiser ces patrouilles ? L’Erac est une contrée que je n’ai point connu, mes pérégrinations de jeunesse m’ont mené au Nord, au Sud et à l’Est du Golfe Olien, mais jamais au médian. J’aurais pu rejoindre le pays ancenois, toutefois mes rapports me font l’écho d’un homme triste et froid. C’est en toute logique que je suis venu vers vous, pour ce que les Dames du Royaume sont plus aimables et avenantes et surtout plus enclines à la discussion que les hommes, bien plus féroces. »

    La vérité est un traître geôlier.
    Le Baron fit silence et laissa la vérité en suspens dans l’air ambiant, ses mots résonnant comme le tintement d’un célesta sous les grands arcs de la bibliothèque. Les parchemins déjà s’imprégnaient de ses mots comme si d’invisibles scribes immortalisaient ses dires d’une encre immortelle. Observant la Baronne, il sourit encore, plus sincèrement cette fois. Aussi froide paraissait-elle, elle avait encore le cœur d’une mère et ses courbes gracieuses étaient loin d’être celles des femmes du Nord. Elle n’avait pas leurs traits marqués, mais bien la volupté gracile que l’on rencontrait plus au Sud. Sa peau have, son teint uni et sa toilette soignée faisaient d’elle une muse de porcelaine. Le Baron n’était pas assez près d’elle pour sentir son parfum : il ne sentait que le cuir, la poussière et la cire ; le bois poli, le bois mort et la pierre friable ; l’appréhension, l’arrogance et l’observation. Le vin et la suspicion. En ces temps troublés, la tension entre roitelets était palpable et toute personne étrangère était vue comme potentiel assassin. Cléophas finalement se dit que le Sud était bien loin et que ces murailles de pierre et ces tentures pourprées n’avaient rien de similaire à celles de Merval. Tout ici était plus froid paraissait-il. Mais le Baron n’en avait cure…tant que son sang ne gelait pas dans ses veines.
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeLun 14 Mai 2012 - 15:03

    Le Baron se méprenait en tout point. Blanche n’avait pas voulu l’impressionner en l’invitant à converser au sein de sa Bibliothèque. Cette pièce représentait simplement le savoir et la sagesse ce qui devait orienter toutes conversations. Rien de plus. Ils étaient seuls au sein de la grande salle qui n’était pas non plus immense. La Splendeur Obsidienne ne pouvait se vanter de posséder ce que Missède ou encore Soltariel détenaient. Loin de là. Lettrée, certes, elle affectionnait les ouvrages et avait entrepris autant durant le règne d’Olyssea, avec son premier époux, que durant celui d’Ancenis de fournir cette pièce en livres en tout genre, traitant des sujets les plus importants comme l’Histoire de ce Monde, celle de Hautval ou encore sur la magie que des thèmes populaires comme des recettes de cuisine, apprendre à être forgeron, quelques romans aussi. De plus, elle désirait changer de lieux, préférant de loin l’architecture de sa Bibliothèque aux quatre murs stricts de son boudoir. Si Blanche avait su qu’il pensait de la sorte, elle se serait contentée d’un accueil ordinaire, ressemblant à tous les autres.

    Elle fut surprise qu’il refuse de s’assoir et haussa négligemment les épaules face à cet acte. Le recoin d’un angle renfermait ce petit salon aménagé dans le sens où des sièges étaient disposés autour d’une table et donnait un aspect cossu. Blanche se pencha un instant vers lui, murmurant sur le ton de la confidence quelques mots.

      « Sachez que je ne vais point vous manger, cher Baron de Merval. »


    Sa voix glacée était fascinante, suggérant chaleur nimbée d’un coulis de givre. Elle oscillait entre le chaud et le froid sans jamais laisser indifférent. Curieux paradoxe. Sur ces mots, elle prit place au sein de son siège, laissant son séant choir sur le cuir et insista une nouvelle fois en lui désignant le sofa face à elle. Au même moment, les portes s’ouvrirent sur un serviteur qui apportait sur un plateau d’argent de quoi boire et manger. Il s’inclina autant face à la Dame des lieux que face au Baron et lui servit un bon cru de Hautval, un rouge évidemment, dans une coupe. Des victuailles étaient disposées ci et là, viandes séchées et fumées ornaient les rebords tandis que du fromage de chèvre trônait en son centre. Des tranches de pain accompagnaient le tout, beurré ou non suivant les gouts. Tout cela était en l’attente du dîner afin d’épancher la faim du voyage. Evidemment dans le Médian, la préférence allait au salé plutôt qu’au sucré.

      « Dans le cas où vous préféreriez quelques mets sucrés, je vous les ferai mener aussitôt. »


    Enfin seuls et ce pour un moment, Blanche décida de lever son suaire. D’un mouvement gracieux, elle rabattait ses voiles sur sa chevelure de jais, laissant au Seigneur d’Angleroy tout le loisir de détailler son minois. Les affres des coups de l’Ivrey marquaient toujours ses traits. Le noir et le bleu se mêlaient dans l’horreur au niveau de ses yeux, marquant d’un œil au beurre-noire le gauche tandis que l’arcade droite se remettait d’une plaie qui l’avait ouverte en deux. Une des commissures de sa lèvre supérieure avait quelque peu été écorchée et était en voie de guérison. Elle écouta son discours avec un certain scepticisme. Cela n’assurait pas un tel déploiement de soldats pour une simple escapade en Velteroc. Les sourcils se froncèrent un instant avant de se détendre.

      « Et vous allez me faire croire que… Vous vous déplacez avec tant de vos hommes pour rendre visite à la Comtesse de Velteroc ? »


    Elle afficha un sourire un coin en ajoutant.

      « A moins que… » Elle ne termina pas sa phrase et en reprit une autre. « Moi-même, je ne me déplace pas avec autant de mes Chevaliers lorsqu’il est question de rendre visite à un Seigneur ou à une Dame même aussi loin de mes terres. »


    Elle marqua une maigre pause et reprit.

      « Je sais ô combien mon ex-époux peut être impétueux, en effet, notre cher Aetius m’a laissé un très beau souvenir comme vous pouvez vous en rendre compte et ce, simplement, car il avait besoin de se défouler. Me tromper à plusieurs reprises ne lui suffisait plus, son humiliation devait se terminer en apothéose. »


    En effet, aucune raison logique ne peut affirmer un tel acte. Il aurait pu être question de cet ordre qu’elle avait donné qui consistait à retirer les troupes de Hautval en Diantra afin de sécuriser les frontières en raison du soulèvement du Nord et d’Érac mais il n’avait pas évoqué la chose. Il avait prétexté la mort de son enfant. Or, elle n’y était pour rien. Les raisons de son accès de folie et de rage restaient bien obscures. Sans doute, avait-il en tête de divorcer de la Baronne depuis bien des longtemps et qu’il attendait le moment opportun pour le faire. De plus, son escapade amoureuse avec sa Maitresse lui avait sans doute fait pousser des ailes, plus encore, lorsque ce dernier mit fin aux jours du mari de son amante. Tout cela lui avait donné une décharge d’adrénaline. Elle était familière lorsqu’il était question du Régent. Après tout, elle avait partagé sa couche et l’avait haï pour cette humiliation et cette réputation qui lui courait désormais sur le dos. Elle se saisit de sa coupe et l’amena à ses lèvres pour en boire une gorgée.

      « Le Baron d’Ancenis, un homme triste et froid… Oublieriez-vous qu’il est mon cousin ? Quoiqu’il en soit, vous êtes la bienvenue au sein de Hautval et ce aussi longtemps que vous craindrez pour votre vie face aux troupes du Seigneur Léandre si cela est bien ce que vous me demandez. »


    Blanche croisa ses gambettes en observant le Baron de ce regard perçant qui vous déshabille et vous sonde de part en part. Elle eut espéré qu’il apprécie le vin et les mets généreusement mis à sa disposition. Pour la première fois, elle s’attarda, enfin, à le détailler avec minutie, observant ses traits, contemplant sa chevelure, analysant sa tenue. La Dame des Glaces doutait quelque peu de la version de son invité. Ce dernier était-il si froussard que pour retourner au sein de sa Baronnie en passant par Velteroc malgré les troubles encore incertains. Était-il justifié de traversa les diverses terres avec autant d’hommes. Non pour elle, cela cachait autre chose mais elle n’en dit rien pour l’instant.
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Aemon IV d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeVen 18 Mai 2012 - 2:06

PAYER... MAIS QUOI ?

La pauvre bête suait et écumait tout en rongeant son frein. La langue dehors et les naseaux dilatés, jouant de sa queue panachée, fouettant ses flancs à la manière d'un lion se piquant, celle-ci piaffait et hennissait dangereusement. La Baron en selle peinait à contenir l'animal excité par on ne sait quoi et, tirant sèchement sur les rênes, ne manquait pas de lui rappeler que sa volonté s'étendait tout aussi bien à son acabit trépidant. Lançant quelques ordres et envoyant des hommes en éveiller d'autres le terrain se mut soudainement de mille fourmillements hâtifs. Couard, il ne l'était pas, mais il savait quelles responsabilités pesaient sur lui et quelle aide son frère attendait itou il ne se séparait jamais de sa garde rapprochée et, une fois le guet de Rivedroite franchi, ne s'en séparerait nullement plus. Matant l'animal comme il materait cette rébellion, il piqua des deux pour le remettre en route et l’olifant sonna le départ. Sitôt, à l'instar d'un seul et unique corps, un ensemble de voilure se mit à flotter et l'acier, au soleil levant, étincelait de chamarres d'un or rosé. Le camp était levé et la prochaine direction n'était autre que Hautval. S'ils chevauchaient bien et que les fantassins suivaient la cadence, ils se devaient d'atteindre la cité en moins de cinq jours, à compter que les dieux leur soient favorables.

Quelques jours plus tard, des éclaireurs vinrent informer le Baron que Hautval était à moins de vingt lieues de leur position, soit environ un jour de marche pour un troupier et, grossièrement, à moins d'une demie journée de cheval. Saisissant l'occasion, Aemon se mit en route, accompagné de quelques châtelains curieux, autres seigneurs et chevalier et bien évidemment de ladite garde émeraude, ses sept plus fidèles gardes. Tous portaient harnois et casque, le Seigneur et général de l'ost ancenois un certain paludamentum au couleur de sa maison et maintenu par une fibule d'argent à la tête de chouette. Fier de son allure c'est bien au pas qu'il pénétra dans l'enceinte de la cité, ne manquant pas de s'être pressément fait ouvrir les portes de la villes, ainsi que celle de la citadelle. Il tiqua cependant sur la présence d'un carrosse aux couleurs bien curieuses. Pour ce qu'il en savait, celles-ci venaient tout droit du Sud et plus particulièrement de Merval, mais à qui tenait-elle d'épigraphe, mystère. Mettant pied à terre et confiant sa monture à quelque palefrenier auquel il ne prêta guère attention, le cousin de la maîtresse des lieux entrait vivement dans ce qui semblait être la Grand-Salle. N'étant venu à Hautval qu'en de rares occasions et surtout dans un temps révolu, il en connaissait fort peu la structure ainsi que l'architecture. Hélant de-ci de-là il s'impatientait que d'aucuns ne vinssent à son encontre sinon échansons et vulgaires servants. Sa cousine absente ? Impossible. Occupée ? Fort bien, mais quoi de plus important, en ces temps troublés, que l'aide que votre propre sang requiert ? Un robin loqueteux pu enfin lui indiquer la bibliothèque, où, semblait-il, il n'y fallait point importuner la dame et son hôte. Casque sous le bras et faisant signe du menton, huit hommes se mirent en route vers icelle bibliothèque.

Devant l'entrée s'y tenait bien deux gardes et tandis que l'un d'eux osa branler sa pertuisane aussitôt les sept dégainèrent de concert et menaçait l'homme de lui ferrer les entrailles. Par un simple « Brisons-là ! », tous mirent l'épée au fourreau tandis que le bélître, poussant sa fortune un peu trop loin, avançait en menaçant le Baron.
« Peu me chaut les ordres reçus, garçon, si tu n'y veux finir cingler, abaisse ton arme, ouvre les portes et je ne tiendrois point gage de cette relapse.
_ J-Je ne p...
_ Assez ! Ou je te ferai bataculer par mon étalon ! Ouvre séant maraud ! Je suis le Baron d'Ancenis et te commande d'ouvrir.
_ J... A v'z'ordres M'seigneur. »
Il ne savait plus qu'y faire et, pataugeant dans sa propre stupidité et incrédulité, chancela tandis que son compère n'osait piper mot. Ouvrant les portes avec fracas c'est avec hutin, noise et autre frainte que le Seigneur et sa garde pénétrèrent ajoutant, sans même un regard en arrière à l'adresse des gardes en fonction : « Nous sommes en guerre, par les cinq, en guerre ! Et l'on allongeoit l'ennemi sursis ? Diable de fols ! »

Il vit enfin Blanche, mais... Quelque chose n'allait pas. Son visage, ses yeux, ses lèvres, tuméfiés, contusionnés, mais quelle étrangeté que voilà ! Sans y réfléchir et au fur et à mesure qu'il s'en approchait, Aemon alupait l'homme qui au demeurant était debout. Battait-il sa cousine ? Osait-il lever la main envers et contre son propre sang ? Folie ! Folie que tout ceci, sans crier gare le Baron se précipita, épée au poing et beuglant :
« Gardes ! Saisissez-le, emparez-vous de ce foimenti !
Et les gardes se ruaient sur lui tandis qu'Aemon, vers Blanche, se précipitait.
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeVen 18 Mai 2012 - 15:44

    La conviction est une danse.
    Cléophas l’observait avec grande attention, cette Baronne. La jeune femme, possédait les grandes qualités que demandait son rang et avec grâce elle accepta de rester debout, là où Cléophas l’aurait pensée assise. C’était là un étrange jeu qui se déroulait entre eux deux, chacun marchant en décrivant de fins cercles ci-et-là, s’échangeant quelques regards furtifs avant que de laisser sortir le flux de paroles, loin d’être doucereuses et courtoises qu’elles ne l’étaient à l’entrée de ces murs. L’Ancenis était sanguin et ses enfants l’étaient plus encore et la jeune Baronne, derrière sa voix glaciale et son ton suffisant, se plaisait à narguer son hôte de ses amples pas et à titiller sa fierté de ses mots venimeux. La Baronne sans doute aurait-elle été une vipère si elle n’eût été humaine et derrière son sourire, à peine discernable derrière ses crêpes, sans doute cachait-elle mille pensées ténébreuses. Pourtant, la triste dame finit par choir dans un des fauteuils solitaires, cachant derrière la décontraction de ses membres un inaudible soupir. Le fracas des portes accompagna sa chute et le Baron vit les cuisines de Hautval venir à lui. La Baronne avait appris ses usages et tout en s’asseyant, Cléophas se saisit d’un calice rempli d’un vin rouge comme le sang. L’on connaissait le Hautval pour ses crus délicieux et le Mervalois était un amateur de liqueurs savoureuses. Peut-être, après tout aurait-il préféré garder sa coupe et échanger de simples sourires, afin de faire passer son séjour de façon plus aisée.

    L’on ne pointe de lance le flanc offert.
    Une fois assis, la Baronne se défit de ses masques de gaze et laissa apparaitre derrière un visage déformé, la pâleur de sa peau noircie par les contusions. Ses lèvres avaient éclaté comme celles des soldats pris dans le givre d’un hiver trop rigoureux et ses yeux étaient ceux qu’arboraient les taverniers et les ivrognes qui au pied des caniveaux trouvaient une couche à hauteur de leurs dignités. Cléophas, devant ce sinistre tableau ne sourcilla et se contenta de penser à qui aurait pu causer telle horreur sur pareille femme. S’il est vrai que d’aucuns époux auraient pu être frustrés devant la froideur de la Dame, d’autres auraient su être patients. Car quel mécréant aurait pu pénétrer l’enceinte de la forteresse sans être embêté par les gardes sinon cet Ivrey dont certains virent la bannière flottant sous la lumière de la Lune ? Le régent n’avait pas eu de réputation comme homme d’honneur et cet acte n’allait pas redorer son blason, terni du sang des batailles et des rumeurs. Malgré cela, la Baronne ne perdit pas de son assurance et alla même jusque soupçonner Cléophas de quelque intrigue et à cela, le Baron ne put qu’esquisser un mince sourire.

    « J’aurais du mieux apprendre à connaître les us de ce pays. Rares sont les endroits où doute et suspicion accueillent un hôte. J’apprécie votre vin, j’apprécie vos vins et n’en redemanderai aucun pour ce que les voyages ne me creusent pas tant l’appétit que l’on l’aurait pu penser. Permettez-moi cependant, ma Dame, de vous préciser que vous avez la remembrance malade. Sans doute au Sud n’avons-nous pas les mêmes vues quant à la politique et à la vaillance, néanmoins il m’apparaît logique que de traverser une contrée hostile accompagné de trente hommes armés, dont certains ne sont pas chevaliers. Quel seigneur se déplace seul lorsqu’il s’agit de parcourir des contrées entières ? Mes pérégrinations ne m’en apportèrent la réponse, hélas, nonobstant j’accepte à vous croire. Si c’est la moitié de votre garde personnelle qui vous accompagne jusque la cour de votre palais, sans doute est-ce l’armée entière de Hautval qui vous suit lors de vos escapades. Me serais-je trompé en croyant que votre forteresse était plus sûre que le pays voisin en guerre ? N’y voyez aucune offense, ma Dame, mais croyez qu’il m’est difficile de me laisser insulter lorsque mon honnêteté n’a pas à être remise en question. Et si suspicieuse vous resteriez, je ne vous demande qu’à aller en Velteroc et vous trouverez des gardes ayant vu la bannière de Merval flotter dans la ville même. »

    Ne montrez point au loup les crocs de son ennemi.
    Ainsi les murmures qui couraient ci-et-là étaient vraies et l’intuition du Baron point trompée. C’était là l’œuvre de l’Ivrey qui avait sans doute souhaité signer son plus sublime tableau, qui sans doute allait être le plus renommé. L’enfant avait eu trop de hargne et de fierté et il semblerait que sa masculinité n’ait supporté de se devoir contenter d’un seul hymen, de sorte qu’à en quitter un il en rejoignit deux autres –sinon plus. L’homme avait renoncé à tout honneur et toute gloire le jour où il se saisit de son pinceau. La Baronne était lucide quant au compte de son ancien époux mais sa voix résonnait de haine et de mépris. Derrière l’ironie se cachait la souffrance, derrière le sourire se cachaient les pleurs. Il n’était pas un œil que Cléophas ne transperçait. Toutefois, ce temps bref durant lequel la Baronne redevint femme s’éteint lorsqu’elle évoqua son cousin, qu’elle semblait ne pas porter en son cœur pour autant. Toujours sade en façons, le Baron se leva et tendit sa main vers la Baronne, attendant qu’elle se lève. Puis, de dessous sa tunique il tira une dague, encore placée dans son fourreau de rochant. Son manche était ouvragé en bois de palissandre, de rose et d’acajou et serti d’étoiles de sapante ; son pommeau était serti d’un rubis taillé en forme d’étoile à huit branches ; sa lame était brillante et fine et ses taillants si aiguisés que l’on se serait coupé qu’en les regardant. S’en séparant, il la tendit à la Dame de Hautval.

    « Je sais bien quelles sont les rumeurs qui courent au sujet du régent et mal lui en coûtera. Feu mon parent m’avait apporté cette dague d’un de ses voyages loin par-delà les lignes de l’horizon maritime, là où les voiles se fondent avec le Soleil. Pour ma part je n’en fis grand usage, ma rapière suffisant à mes besoins d’estoc et de justice. Cependant, veuillez l’accepter comme présent, elle vous sera plus utile qu’à moi bien que je ne le souhaite pas et si jamais viendrait à se reproduire ce funeste attentat, servez-vous en sans hésitation : la légende raconte que le rubis qui sertit le pommeau est un diamant buvant le sang de ceux que la dague a occis. Quant à votre cousin, je ne l’insulte guère et vous moins encore, toutefois telles sont les rumeurs qui courent à son sujet et j’apprécierais grandement que l’on me détrompât à ce sujet cependant nul jusqu’à ce jour ne fut en mesure de le faire. Sans doute nos chemins se croiseront-ils par la suite, je l’espère sans grand mal. Je devais me rendre au Nord, à l’invitation de la Dame d’Olyssea, alors aurais-je sans doute demandé l’hospitalité de votre si cher cousin, qui ne me paraît, pour vous dire la vérité, être si terrible que l’on ne le conte. »

    Chaque homme est sa propre bannière.
    La discussion fut aussitôt stoppée par le fracas des portes de la bibliothèque et par le cri sourd d’un homme et le pas métallique de ses gardes qui couraient vers Cléophas. La pièce était assez grande et haute et le Baron eut le temps de déposer son calice qui vint alourdir la table croulant sous les nombreux mets. L’on avait tiré les épées et la garde d’obsidienne venait de prouver sa grande inefficacité en laissant entrer des pareils marauds. Marauds, si tant est qu’ils le soient véritablement pour ce que le verbe de l’un, de celui qui portait les âges et l’épée avec la même main rigoureuse, n’était pas semblable à celui de quelques bandits de basse espèce. Foimenti, disait-il. Pour être foimenti, encore fallait-il avoir juré. Et c’est ce que dit le Baron, d’une voix rauque et placée, fracassant le marasme assourdissant des armures de fer. Devant la hiératique figure, tous se stoppèrent et Cléophas put constater la présence de ce brave homme aux côtés de la Baronne de Hautval. Haussant le sourcil et le gratifiant de ce sourire mystérieux qui était le sien, Cléophas inclina légèrement la tête et se présenta à lui.

    « Aemon d’Ancenis, Baron d’Ancenis et cousin de cette Dame. Je vois que si vos jugements sont hâtifs, votre cœur est plein d’honneur. »
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 12:05

    La fiction demeure la fiction. Malheureusement pour Blanche, le Baron de Merval possédait une imagination débordante qui lui faisait croire des choses qui n’étaient pas. Cet homme avait une très mauvaise aptitude à juger les gens car il était complétement et absolument dans le faux face à la Dame d’Hautval. La voix glacial témoignait simplement de son côté réservé. Jamais, elle n’oserait s’amuser à narguer un invité et la seule exception serait face à une personne qu’elle n’apprécie guère. Elle voyait le pauvre jeune homme méfiant, rigide et essayait simplement de le détendre à sa façon certes mais à sa façon, ni plus, ni rien. Sa langue n’était pas le strident sifflement d’une vipère, ses mots n’étaient en rien ses crocs emplis de venin.

    Quant à son visage, il n’est pas non plus déformé, une ou deux marques lui coloraient le minois, quelques plaies ci et là durcissaient ses traits. Elle n’avait rien du Quasimodo de Notre-Dame. Dans son cas, le soupçonner de quelques intrigues était justifié. Les hommes sont une valeur peu sur. Ils n’ont que peu de scrupule à user des femmes, s’en servir, les modeler à leur façon et les jeter ensuite. Son premier mariage fut un échec, son époux fut tué. Le second n’en fut pas moins meilleur puisqu’il aboutit à une tragique fin qui lui fit perdre quelques plumes et sa splendeur se mua en noirceur. Elle était femme, femme d’émotions malgré ce masque de glace, malgré ses manières rigides. Tout était mieux lorsqu’on ne montrait rien, lorsqu’on se détacha de tout. Tout était mieux ainsi. Les sentiments étaient une affliction plus qu’autre chose et elle l’avait appris à ses dépens pourtant parfois elle ne pouvait les refouler.

    Face aux paroles du Baron, Blanche se vexa un instant avant de jeter aux oubliettes cette réaction qu’elle qualifierait de désobligeante. En effet, ce dernier ne manqua pas de se moquer allégrement ce à quoi elle ne répondit rien puisque ce serait une perte de temps de répondre à de telles bassesses. Elle se contenta de le fixer un instant avant de détourner le regard en plein milieu de sa conversation. Il ne fallait pas s’attendre à une amabilité après de pareilles paroles. L’envie de lui dire qu’il pouvait retourner à son Domaine lui prit mais elle s’abstient. Donc, elle n’ajouta rien et le laissa poursuivre.

    Encore une fois, le Seigneur Cléophas se trompait sur toute la ligne. Blanche appréciait son cousin et était un réconfort pour elle, du moins pour l’instant. En ce qui concerne l’Ivrey, elle avait dépassé le stade de la Haine. Elle oscillait entre différents états d’âmes ne pouvant être nommé. Le tout formait une boule de différents sentiments partagés toujours. Son attention revint à ce dernier. La main tendue, elle s’en saisit et se redressa. De sa tunique, il extirpa une dague en son fourreau. Elle fronça un instant les sourcils, se demandant bien pourquoi il lui tendait et même lui offrait.

      « Très bel ouvrage… Par contre, je ne vous comprends pas vraiment… Pourquoi m’offrir ce cadeau si, selon vos dires, vous n’avez pas l’air de me porter en votre cœur et que vous n’hésitez pas à me descendre avec une verve plus qu’aiguisée. A moins que je n’ai rien compris… »


    Elle hésita à accepter le présent. Blanche savait se battre et savait user de l’élément de Néera pour se défendre. Elle ne savait pas comment interpréter les propos du Baron puisque ce dernier s’amusait à la dénigrer. Elle ne savait, donc, pas si c’était lui signifier qu’elle était une faible femme qui ne savait se défendre ou si c’était simplement un cadeau. Afin de ne pas l’offenser, elle l’accepta et s’en saisit.

      « Je vous remercie. Je me le répète mais vous êtes le bienvenu en Hautval. »


    Au même moment, et cela la Baronne ne pouvait s’en douter, les bannières d’Ancenis pointaient à l’horizon et rejoignaient celles de Merval. A vrai dire, Blanche n’attendait pas autant de monde en ses terres. Cependant l’accueil du Baron se fit un PEU différent de ce que ce dernier eut cru. La cours était plus ou moins déserte et des gardes gardaient les portes. Il n’eut évidemment aucun mal à entrer et à se diriger vers la Grande-Salle vide, il put y croiser Nohan, ce cher Nohan, le Grand Conseiller et Ami de Blanche. Celui-ci était occupé à d’obscures choses, en effet, il griffonnait sur un parchemin quelques écrits, accompagné d’un encrier volant dans lequel, il trempait régulièrement sa plume. Le quinquagénaire releva sa tête vers le Baron et l’accueillit en levant les bras manquant de faire basculer l’encrier. Il le salua comme il se doit et après quelques mots échangés lui indiqua la Bibliothèque dans laquelle Blanche traitait avec le Baron de Merval et puis s’en repartit à ses formules et sa métaphysique. Aemon arriva devant les portes de la Bibliothèque, gardée par deux des membres de la Garde d’Obsidienne. Malheureusement, cela ne se passa pas ENCORE comme l’aurait pensé son cousin…

    Sérieusement, croyez-vous que la Garde d’Obsidienne est complètement idiote ? Croyez-vous qu’elle ne sait pas qui est Aemon ? Croyez-vous qu’elle ne sait pas ce que désire leur Maitresse ? Franchement, les membres de la Garde d’Obsidienne ne sont pas de vulgaires soldats et encore moins des paysans ne sachant penser. Les Hautvalois n’étaient pas des idiots ! Donc notre cher Baron d’Ancenis pourra repasser pour ses exploits guerriers et autres épopées chevaleresques face à ses soi-disant vils Gardes d’Obsidienne qui ne reconnaitraient même pas le cousin de leur Maitresse. Tsss…. Par contre, on peut souligner la brutalité et la barbarie des Gardes d’Emeraude qui tirent eux l’épée directement face à un semblant d’obstacle. Obstacle qui pourrait simplement se résoudre par le dialogue mais apparemment, ils ne doivent pas connaitre les propriétés bienfaitrices de la Diplomatie.
    Donc récapitulons, les deux Hommes de la Baronne ne tirèrent, évidemment, pas l’épée et reconnurent le cousin de Blanche. Ils le saluèrent de manière militaire indiquant que la Dame de Hautval discutait avec le Baron de Merval mais ça, Aemon le savait déjà. Dans un premier temps réticent, tout au plus quelques secondes, ils s’écartèrent tout deux afin d’ouvrir les portes pour laisser passer Aemon. Après tout, c’était son cousin, bien qu’elle traitait avec un autre homme important, la Garde Obsidienne savait combien Blanche affectionnait tout de même Aemon et elle les aurait sans doute réprimandé de ne pas l’avoir laissé passer. Donc c’est SANS encombre que l’Ancenois put entrer. Il était préférable de laisser ses hommes dehors, abimer quelques ouvrages par accident rendrait Blanche de très méchante humeur. Par la suite, tout s’enchaina très vite, Blanche reconnut la voix de son cher cousin qui criait de s’emparer de… de qui ? Du Seigneur Cléophas ? Tandis qu’Aemon venait à la rescousse de sa cousine qui ne craignait, en fait, rien. Blanche arqua un sourcil quelque peu surprise face à cette précipitation. La hommes de la Garde Obsidienne alertés par les cris ne tardèrent pas à se joindre aux festivités.

      « STOP ! STOP ! Je vais bien… Mais… Aemon ? Vous pourriez m’expliquer ? »


    Elle posa une main sur l’épaule de l’Ancenois, d’une poigne assez ferme d’ailleurs pour le rassurer. Soit dit en passant : Non, malheureusement pour les mauvaises langues, la Garde d’Obsidienne avait toute son efficacité. D’ailleurs, ces derniers se figèrent à l’entrée en l’attente de la suite.
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Aemon IV d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeMer 30 Mai 2012 - 22:47

PAYER... MAIS QUOI ?

La situation, presque trop burlesque pour qu'il en croit mot, venait de chavirer. Un vent contraire ayant rabattu les voiles et mis à mal l'équipage soufflait contre Aemon qui, comme un enfant s'empourprait subitement lorsque sa cousine lui pressa l'épaule de manière réconfortante. N'osant comprendre la méprise à laquelle il était confronté, le Baron préféra agir comme chaque homme se doit de le faire dans une situation difficile : par la colère et le déni. Il observait cet homme qui semblait le connaître et son jugement sur ses intentions ne le toucha que timidement, n'effleurant pas même son intérêt qui, pour l'heure, était tout orienté vers Blanche, ses meurtrissures et cette lame ouvragée. Mais bons dieux, qu'est ce que ça signifiait ? Aemon lui saisit la main, celle sur son épaule et la tenant fermement accorda à ses gardes émeraudes un regard approbateur quant à la situation. Ils remirent l'épée au fourreau et s'en allèrent suite à un mouvement bref du menton de leur Seigneur, vers les portes de la bibliothèque, rejoindre la garde obsidienne de sa chère cousine. Blanche voulait des explications, lesquelles lui fournir ? Non, avant tout il fallait que lui ait ses propres réponses. Toujours méfiant l'Ancenois ne pouvait réprimer cet élan méprisant et cauteleux envers l'hôte de son propre sang. Qui était-il ? Assez de questions, voilà que les réponses devaient arriver.
« Vous me dîtes aller bien, mais quelle est la cause de vos blessures en ce cas ? Et qui donc est cet homme ? J'ai cru percevoir les couleurs de Merval... Et voilà que je m'introduis cependant qu'il brandit un couteau envers vous ?! »
Aemon lâcha la main de Blanche pour y placer la tête entre les siennes propres. Quelle irruption fortuite, quelle scène cocasse, incongrue même. Il comprenait peu à peu et reprenait ses esprits, une fois la fougue effacée, cette fois-ci il s'adressa à son compère de Merval sur un ton, certes froid, il n'eut été le même homme si la jovialité accompagnait ses dires, il n'était pas ce sodomite de Léopold, d'ailleurs, icelui commençait à manquer et son escapade en Serramire s'allongeait quelque peu.
« Pardonnez moi, Monseigneur. J'ai été abusé par les événements et m'en tiens pour seul coupable. Dire que j'aurais pu vous y ferrer ! Dites moi... Vous voilà bien loin de vos terres, qu'y venez vous quêter ? »
S'approchant de la table disposée à l'occasion, Aemon saisit un pichet de vin duquel l'aromate ne présageait rien sinon qu'il était bien de Hautval, à son fumet il en salivait déjà, attendant les réponses de ces deux grand Seigneurs, ici présents et se servit. Ses motivations, à lui, viendraient bien après cette histoire enfin éclaircie et le voile levé sur cette défiguration qui, étrangement, donnait à Blanche un côté tout aussi attirant qu'il le repoussait. Il osait penser à l’impensable, mais ne pouvait s'y résoudre, qui d'autre aurait pu toucher une femme si belle, une femme de son propre sang sans encourir la hart, voire pire, qui ?
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeDim 3 Juin 2012 - 23:15

Les destins sont autant de routes qui se croisent.
Qu’il parut étrange en ces lieux de se voir tenant trois barons de caractères si différents. L’un fut comme fait d’une glace si robuste que le diamant, l’autre d’une nature austère comme s’il se fut déclaré anachorète, l’autre encore d’un verbe fleuri et d’une insolite lénité. C’étaient sous les regards suspicieux d’ères d’intellectuels qu’ils venaient à jouter, ayant pour seules armes le fer, l’œil et la voix. Là, sous les halls de cuir rayonnant de l’éclat de mille arbres de cire, l’on polissait son épée, l’on aiguisait sa langue ; des armures ne citons que leurs noms, qui suffisent à faire taire toute belliqueuse volonté. Cependant que le silence enserrait la salle telle une châsse de plomb et cependant que le Hardi rinçait sa gorge de liqueur ; cependant que l’émeraude et l’obsidienne pâlissaient de leur connivence, le Gryffon souriant se faisait statue de marbre et l’on eut aisément cru qu’il l’eût été si ses yeux ne cherchaient pas l’éclat de l’un et l’autre joyau.

« A vous dire le vrai, Monseigneur, je viens chercher ici quelque refuge. Dans le mâle océan qu’est en ce jour le pays d’Erac, je crus plus sage de diriger mon frêle esquif vers le phare qui me semblait le plus lumineux. Aussi triste soit-il de vous l’avouer, le Sud ne voit pas en vous un grand ami de la mer et les feux qui sur votre tour sont allumés, aux yeux de mes gens, toujours parurent des plus délaissés. J’avais quelque affaire avec la Dame de Velteroc et il s’avéra qu’elle fut indisposée et ne put me recevoir. Grand mal m’en fis pour ce que j’en parus bien nice. Bien fol soit celui qui de la vallée aurait méprisé l’attrait. Votre cousine m’a paru des plus hospitalières quand ma compagnie et moi lui parûmes, battus par l’autan et grâce lui soit rendue de m’avoir repu de mets salés et de vin fort gouleyeux car je ne sais quel aurait été mon destin dans ces plaines. A l’aumant, je saurai qu’il ne fait point de bons heurs que de s’aventurer à pleines voiles en pareille tempête et je veillerai de ma personne à ce que les blasons d’Ancenis aient place meilleure dans les armoriaux pharétans. Quant à cette passion qui unit votre sang à la tuméfaction, pardonnez-moi de vous confier que je la pense bien fausse ; et j’ose croire que vous serez surpris d’apprendre le nom de l’entremetteur responsable d’un tel hyménée. Hélas, ma mémoire est labile et je ne puis décemment vous en apprendre davantage sinon que ce n’est pas là la marque de quelque marmouset »

Tel est le feu, l’arde.
Tout homme d’état sait, le moment venu, incliner la tête et rejoindre l’arrière du dais et ce fut ainsi avec une nonchalante grâce que le Gryffon procéda à ses hommages, rejoignant du même pas le siège resté vacant. Cléophas était un homme pétri de vertu et peut étaient ses vices qu’on ne connût, fors le vin que l’on put ranger au rang de ses démons ; fors le plaisir que ressent tout être d’art à voir ses œuvres naître et s’élever, quoiqu’icelle ne fut pas tant de son fait que de celui de l’Ivrey. Au rang des observateurs millénaires, témoins d’autant de conflits autrement plus lourds, le Gryffon se rangea et trempa ses lèvres dans la liqueur sucrée aux sanguins reflets, propice à échauffer les humeurs. L’œil toujours vif, la pupille noire et l’iris chatoyant, il observait la scène, avec une tranquillité étonnante quoique naturelle, avant que de lassitude il détourna sa pensée vers d’autres idées et laissa les songes l’envahir doucement. Cette Hautval si hospitalière, pensait-il, si ouverte d’ailleurs qu’elle y laissait entrer et sortir des époux trop ardent et des cousins trop hardis. Pouvait-on en vouloir à cette terre d’être si accueillante ? Pouvait-on en vouloir à ses émeraldins coteaux qui l’automne venu s’embrasent et couvrent de cuivre et les versants et la citadelle ? Ces gardiens si graves, ces spectres si secs étaient enfin de bien piètres sentinelles et l’obsidienne n’était qu’un morceau de verre qui ,bien que robuste, soit opaque.

Les palais préfèrent l’abeille à la mer.
La joute passée, les voix tues et après que les esprits se sont raccoisés ; vint le temps des pardons et des fausses condoléances. En la pauvre Blanche demeurait l’étrange impression que le Gryffon lui fut hostile au pis, au mieux hautain. L’orage ancenois avait fait taire ses lourds tambours et ses aigres trompettes pour que vinssent l’air langecin et ses flûtes légères. S’assit alors le Gryffon à la griffe veloutée dans un de ces sièges au douteux confort, à la main un calice rempli d’un vin qu’il prit soin de lamper puis d’épaissir au moyen d’épices et de miel. Le vin du Val était renommé dans l’entière péninsule quoique ses arômes fussent corsés, trop parfois au goût du suderon, plus habitué aux hypocras et autres ratafias d’un goût similaire. Jouant de la coupe entre ses mains, il regarda se changer le masque boursoufflé qui servait de visage à la Dame du Val.

« Ma Dame, faites se calmer les doutes qui vous agitent. Je me garderais que vous me pensassiez être un rogue homme. Laissez moi donc partager le peu de sapience que je pus récolter : les esprits les plus railleurs bien souvent sont les moins agressifs et les langues piquantes cachent des plus moelleuses papilles. Vous pûtes mettre fin à cette futile riotte ; faites donc taire ce cœur qui ruchonne si vaniteux qu’il en soit. Sachez simplement qu’il m’est difficile d’entendre mon nom associé à la suspicion du mensonge. Cet eustache entre vos mains sera une lame de moins qui vous pourrait transpercer. Et quand bien même n’y verriez vous d’usage, ayez au loisir de la vendre. Les pierres qui la sertissent ne se trouvent guère plus que de l’autre côté du Golfe de l’Olien, là où règnent les Elfes Noirs ; ce pays d’Estrévent où le Soleil ne luit qu’à l’aube. Elles se revendront chèrement et connaissant les routes qui veinent notre contrée, je ne serais guère surpris de la revoir dans les grandes halles de ma cité. Croyez que j’eusse nettement préféré vous offrir des présents plus doux, quelques joyaux, coffrets ou bijoux ; mais cette visite tient de l’impromptu et je ne m’alourdis que rarement d’étoffes et de gemmes lors de mes pérégrinations : je laisse ces bassesses aux négociants et pèlerins qui écument les relais et encombrent les comptoirs. Je sais que sûrement nous nous reverrons en d’autres circonstances plus heureuses et j’aurai le loisir de vous aller cueillir les plus beaux boutons qui attendent d’éclore en mes serres et jardins et vous aurez celui d’en extraire le nectar. »

Nul n’avance sans fins.
Aussi étrange que l’on le pût penser, Cléophas se sentait libre entre ces hauts murs et ne voyait dans les regards de ses interlocuteurs, aucune enferge le pouvant entraver dans ses volontés. Il faut admettre qu’ils furent trois à débattre et rarement de concert. Pendant que parlait l’Ancenois il avançait ci et là et lorsque que l’obsidienne prenait parole, il scrutait les vitraux et ce que l’on voyait au travers d’iceux. Soudainement, son regard quitta les coteaux boueux et se porta sur l’émeraude. L’obsidienne ne brillait certes guère mais cette meurtrissure était celle de son cœur. L’émeraude était ternie par la poussière, par la terre, par la sueur. Le Seigneur avait voyagé depuis ses terres mais la courtoisie autorise le confort et en de pareilles circonstances il était étrange qu’aucune voiture n’eut jamais été apprêtée ; et sa mise aurait été autrement plus civile. C’était là un homme en armure, figure des plus martiales, épuisé par des jours de cavalcade ; non l’annonciateur d’un clair printemps.

« De vous, seigneur d’Ancenis, ne devrions-nous point parler ? Si les raisons de ma venue sont limpides, j’ai mal à me souvenir que vous ayez expliqué la vôtre et je serais mauvais homme de loi à n’en pas deviner la teneur. Et c’est un méchef que vous portez là ».
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Aemon IV d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeMar 5 Juin 2012 - 2:34

PAYER... MAIS QUOI ?

Ainsi le griffon discourait, parlait, jabotait mais, derrières ces fards ingénus et cette inadvertance quant à un simple nom qu'il préférait, à n'en pas douter, taire, la chouette ancenoise, parée de sinople, se reflétait en les yeux de la belle gemme toute de jais reluisante et cette simple esquisse, ce croquis terni, presque effacé, suffit à la chouette de s'ébrouer à la manière d'un destrier énervé. D'une lampée, aussi sèche que liquoreux est le Hautvalois, Aemon saisit le sens intrinsèque que le griffon pointait et sans tarder en suivi le cap. Posé sur son bloc, le voilà qui posait chaperon sur la tête de la maîtresse des lieux, se prenait-il pour quelque fauconnier, qu'importe, mais se malefier de cet homme, pour l'heure, semblait plus raisonnable. Tentait-il de mettre aux jets le Baron d'Ancenis, tentait-il, également par ses tourets de maintenir l'ascendant qu'il avait sur la situation ? Après tout, c'est lui qui posait les questions, il querait des réponses. En tirant sur la filière il omit de constater que son gant de cuir n'était plus et les mains d'ancenis allaient déchiqueter son bras nu, buffeter ses interrogations et fondre sur ce nom dissimulé. De sa situation, Aemon, malgré lui, se devait bien d'offrir une beccade pour affriander les prétentions de la bête sudiste et qui sait, faire courtoisie à leur ennemi commun ne serait, assurément, qu'une juste compensation pour ce qu'il entache le Royaume et son intégrité. Au demeurant restait-il encore à savoir si le griffon allait confondre le leurre et si Blanche, dans sa candeur touchante qu'elle recouvrait de mille artifices, n’empiéterait la proie encore dans les brosses pour n'y plus desserrer ses griffes sinon jusqu'à voir son cou céder et se briser sous son courroux. Vérité devait éclore, il était temps.
« Un méchef, à n'en pas douter mon Seigneur pour ce que la route qui jusqu'ici m'a conduit n'était pas des plus débonnaires. C'est semond par le Régent lui-même que je m'en va en Erac rétablir la paix et la justice du Roy, pour ce qu'il ne peut lui-même mener d'assaut de sa chaise, je le crains, percée. Pour vous enditter de la situation, quelque fois que les rumeurs des tournebrides n'eussent atteintes vos oreilles, Léandre du Lyron se proclame légitime Duc d'Erac et par là même tente se défaire de ses vœux envers la couronne. Avoltrer ainsi un serment de fealité mérite, comme vous le savez en condition d'honneste homme, une chastiment à la mesure de la forfaiture. C'est bien pourquoi, après avoir lever un ost que je veux conséquent j'y marche pour y férir ses présomptions. »
Fort de sa prolixité peu commune, être Seigneur ayant pour privilège certain d'avoir plus de questions à poser que de réponses à fournir, le Baron continua après s'être servît une nouvelle fois de ce vin au goût exquis et piochant de-ci de-là quelques charcuteries saumurées, terminait de mâcher pour mieux reprendre :
« J'avance avec près de deux milles hommes, les ayant distancé avec cette estafette que vous pûtes voir, ou verrez sous peu, d'une demie journée de marche. Nous ne seront pas de trop pour aller chastier ce vil faquin et tout prodom est le bienvenu dans mes rangs. J'escompte bien, ma chère cousine, que votre amor envers moi sera, sinon éprouvé par votre triste perte, consolidé et conforté dans cette broullis. Naturellement à chaque ost suit sa traînée, ces gueux imaginant trouver fortune en cheminant avec de vasseleux combattants, mais j'ai bien peur qu'entre pages, écuyers, prêtres, sœurs de la Damedieu et puterelles et marcantis ambulants qui nous écachent de leurs rouliers et marchandises peu recommandables, l'ost d'Ancenis ne double, voire ne triple sa quantité. Aux nouvelles nous étions plus de trois milles à moins de trente lieues de Hautval. Je compte sur votre bienveillance pour, une fois les pions mouvant sur l'échiquier, m'assurer une arrière digne de confiance et prompte à fournir à mes hommes ce qui ne saurait leur manquer. Ma Dame ma cousine, soyez forte et digne de votre parenté et vous, Mon Seigneur, sachez esrer en des chemins de meilleure fortune que ceux que je m’apprête à emprunter. J'y ajouterai que l'auteur de ces turgescences fera amende honorable, soyez, à vous deux, témoins de ce vœux et serment. Le sang prévaut, n'est-il pas, Blanche ? »
Aemon savait d'avance ce qu'y comprendrait Blanche, il savait pertinemment le choix de mot qu'il se fallait faire en présence d'une bête à plumage, elle aussi. Le Griffon de Merval, voilà un homme qu'il n'oubliera pas pour ce qu'il savait que leur route se devait rencontrer une fois encore, au moins une fois pensait-il. Après avoir fourni ces explications quant à sa venue et les dispositions prises dès lors, Aemon ne pu s'empêcher de regarder vers l'hôte de son illustre cousine. Pourquoi une venue en Erac ? Pourquoi être si loin de chez lui en des temps pareils ?
« Peut-être en auriez-vous déjà disputer, mais je me tiens déconcerté par le long trajet qui vous sépare de Merval. Qu'est-ce qu'un homme de votre ampleur viendrait querre en Erac qu'il ne peut se trouver dans le for de son foyer et domaine ? A cette venue incongrue, je m'interroge. Auriez-vous quelques informations à partager avec nous ? Je gage que l'hospitalité de ma cousine saura m'accueillir en ces murs, aussi pourquoi n'y point converser de concert ? Au moins jusqu'à ce que vos raisons soient -limpides- pour ce que je ne me souviens pas y avoir vu au travers, mon Seigneur. »
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeMer 13 Juin 2012 - 18:22

    Blanche s’était calmée et observait déjà les deux hommes discourir. La colère n’animait plus son cousin ce qui la soulagea. Elle ramena ses voiles sur son minois abimé et soupira par la suite. Le Griffon se pavanait déjà devant eux et elle l’aurait bien étranglé de ses mains sa délicate gorge comme on le fait avec un poulet pour qu’il cesse de jacasser. Elle ne savait pas comment se placer par rapport à Cléophas qui tantôt faisait claquer sa langue tel un serpent ou comme tout bourreau avec un fouet ou tantôt jouait de douceurs et revêtait le pelage d’une biche. Les sourcils s’étaient froncés un instant derrière son voile. Aemon rejoignit la table suivi par le second Baron et d’un geste vague de la main, elle chassa les derniers curieux de la pièce. Les portes de la Bibliothèque s’étaient refermées. Plus personne ne craignait aucune fureur ici-bas, donc la noblesse avait tout le loisir de jacasser en toute quiétude. Blanche ne mentirait en rien à son homologue Ancenois.

      « Aetius a passé ses nerfs sur moi et comme vous le voyez si bien, m’a refait le Portrait. »


    Evidemment en présence d’Aemon, elle se montra plus familière ce qui pouvait jouer contre elle mais au final, elle s’en moquait. Sa réputation était au plus bas et quelques ragots versés d’une vile bouche n’allait pas l’émouvoir encore plus. En effet, sa renommée en tant qu’épouse maudite alimentait les cours de dindes, n’ayant que pour occupation : déverser monstruosité sur la personnalité du moment. A leur côté, elle s’assit, légèrement effacée. Elle ne manqua pas, tout de même, de remercier le Baron de Merval pour ce présent.

      « Suis-je si mauvaise que pour vendre un tel présent ? Quelle opinion alimente votre esprit à mon sujet ? Elle ne doit pas être très flatteuse, je me répète… Néanmoins, je vous remercie, je garderai cela à ma … »


    Elle se tût, manquant de commettre une erreur qui aurait pu animer le Baron d’autres pensées peu avantageuses à son égard. Blanche baissa un instant les yeux vers le poignard qu’elle avait préalablement détaillé auparavant et reprit ensuite.

      « Je le garderai sur moi afin que plus aucun mal ne me soit fait dans ce cas… Mais évitez de penser que je suis une femme faible… Je peux me défendre, cependant, osez porter la main contre le Régent m’aurait valu ma tête même si c’était dans le but de me défendre, et je tiens à la garder pour l’instant.


    Elle lui offrit un sourire de circonstance qui s’efface peu à peu. Cléophas d’Angleroy quémandait la raison de la venue du Baron d’Ancenis. Les paroles d’Aemon firent montées une colère noire dans la gorge et les entrailles de l’Obsidienne qui tentait de se contenir. Elle préféra torturer les pans de sa robe avant de se saisir de sa coupe pour en boire quelques gorgées et faire passer la pilule, comme le dit l’adage. Après qu’il eut terminé ses déclarations, la Dame de Hautval ne put se contenir plus longtemps. Elle se tourna vers Aemon et glissa un doigt sur son armure qu’elle tapota.

      « Pour le Roy !!! Pour le Roy !!! Cessez un peu toute cette mascarade, nous savons très bien que le Roy ne dirige rien et que c’est Aetius qui tient les rênes ! Et vous allez l’aider après ce qu’il m’a fait ? Après m’avoir accusé injustement d’avoir causé la mort de son enfant qui est par définition autant le mien que le sien. Puisque je l’ai porté dans mon ventre si longtemps et que j’avais déjà appris à l’aimer avant qu’il ne décide de… Bref. »


    Blanche savait qu’Aemon avait levé son armée bien avant que ce dernier ne frappe à ses portes. Des rapports lui avaient été envoyés et elle avait laissé faire puisqu’elle jugeait son cousin comme sa chair. Cependant, elle ne savait pas dans quel but, bien qu’elle avait une petite idée à ce sujet. Elle redoutait quelque peu la vérité car au fond d’elle, elle ne voulait pas qu’il aille l’aider. Blanche aurait volonté aidé le Roi, le vrai, si ce fut lui qui avait décidé à titre personnel de réprimer Léandre mais ce n’était pas le fils de Trystan qui gouvernait, c’était ce maudit Prince de sang, le Régent, Aetius d’Ivrey. Et elle avait quelques rancœurs à son encontre. Elle se tourna alors vers Cléophas et se pencha à son tour vers lui en agitant son index comme le ferait une mère face à son enfant.

      « Et vous, je vous interdis d’user de votre langue si rusée pour rapporter cette scène, cette entrevue et encore moins colporter des on dit sur mon comportement… De toute façon, ma réputation ne peut pas être au plus bas… Enfin si mais il faudrait qu’Aetius agisse. Passons, passons. »


    Elle avait abandonné sa première colère pour se détourner vers une autre. C’était pour mieux y revenir. En fait, elle s’adressa autant à l’un qu’à l’autre suivant ses propos.

      « Il faudra nous entretenir plus tard, mon cher Aemon. J'ai des choses à vous dire Et vous, Seigneur d’Angleroy, Baron de Merval, n’y voyez aucune offense ! Il suffit que je regarde vos yeux pour traduire toutes vos pensées… Donc ce n'est pas contre vous... Cela concerne la famille, j'ose espérer que vous pouvez comprendre. »


    Le ton ne fut pas menaçant, ni vraiment autoritaire. Il restait froid et doux à la fois, paradoxalement. Elle esquissa une moue dans l’ombre de son linceul. Elle pensait déjà certaines choses.

Hrp:

En réponse au précédent spoiler:
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeSam 16 Juin 2012 - 14:37

Les mets les plus acides recèlent de grandes douceurs.
Le nom avait été dit et comme l’éclair fend la noirâtre canopée des Cieux, il vint imposer le silence et cesser les combats. En ce moment, le Gryffon aurait volontairement souri n’était la dureté du visage de son homologue ancenois. L’homme semblait avoir rencontré ses passés aïeux et hiératique il voulait rejoindre les gardes de pierre qui ornaient les murs. Tout observateur qu’il était, le Baron de Merval ne dit mot et laissa la douceur qui envahissait son palais se métamorphoser en la plus abominable amertume de sorte qu’il en déforma jusque ses propres traits et ses boucles dorées ne semblaient pas pouvoir rattraper l’horreur qui s’était dessinée sur son visage et la spontanéité d’icelle en retira tout soupçon de fausseté. L’auteur de ces maux était donc le régent. L’auteur de ces maux était donc le sénéchal. L’auteur de ces maux était donc le frère de cet Ancenis. L’auteur de ces maux était donc Aetius, ce Comte de Scylla n’ayant de scylléen que son blason. La frêle Blanche, drapée dans son manteau de rigide fierté faisait face à son cousin, à la respiration forte et marquée comme semblant s’être perdu dans les mille pensées qui soudain s’étaient empressées de le venir tourmenter. Le Gryffon n’avait jamais eu l’esprit si lucide quoiqu’il ne sût où les diriger. Ses yeux avaient parcouru la salle cent et une fois et il eut le loisir de déchiffrer le titre de chacun des ouvrages qui rayonnaient autour du grand hall. Las était-il de ce Soleil de cuir et des ces silences d’une interminable brièveté. Ce régent honorable avait entaché son nom par douze fois dans chacune des auberges que comptait la péninsule. L’on ne lui prêtait plus les vertus d’un guerrier et ses victoires d’armes s’étaient tues devant ses victoires aux couches. Il conquerrait il est vrai, mais les plumes et les pailles et le sang paraissaient maigre butin pour le régent d’un aussi puissant royaume. Adonc qu’il se promenait entre les rangées de piques de l’ost arétan et qu’il observait ce colosse morose endormi, il entendit au loin une clameur résonnant sur les égides déformés et conquis par la terre. S’avançant prudemment dans cette jungle d’argent et d’acier, entre ses lianes étincelantes et sa canopée de toiles chamarrées figurant mille et une créatures, il se trouva face à un feu et à un groupe de soldats, la vouge au sol, la flasque aux lèvres. Là, il s’assit entre l’opacité noirâtre de la nuit et la dansante lueur des flammes et écouta les hommes se vanter de leurs chimériques faits d’armes spectaculaires et de leurs conquêtes imaginées. Courant était-il dans la soldatesque de se vouloir surpasser en faits d’armes et en conquêtes charnelles ; à défaut de le pouvoir par le sang. Ces contes faisaient sourire le Baron, caché sous une grande pelisse de bure trempée dans de l’eau noire et il sourit plus encore lorsqu’il entendit l’un d’eux dire avec une dégoûtante admiration que le régent cueillait des fleurs chaque fois qu’il descendait de sa monture ; et de continuer en se targuant d’en cueillir chaque fois qu’il allait soulager près d’un tronc sa bien souffrante vessie. Le Gryffon dans ses pensées laissa échapper un rire discret mais il n’était plus protégé par sa capuche de bure et ses boucles n’étaient point grisées par la nuit et ses astres et son rire dut être aussitôt ravalé pour laisser place à la plus grande solennité.

Des hirondelles croient au Soleil annoncer le printemps.
L’Ancenis était un personnage d’un grand intérêt, mû par un sens exacerbé de l’honneur paraissait-il. Loyauté était un mot qui dans sa bouche semblait résonner comme les carillons argentins qui sonnent dans les célestes palais des Dieux et justice paraissait sonner comme les trompettes de cuivre, de bronze et d’argent que leurs hérauts tiennent et font retentir avant qu’ils ne se présentent aux Hommes. Dans la gueule de toute autre vil être, ces deux mots auraient paru autrement plus banals et sans doute le Gryffon lui-même n’y trouvait de saveur particulière, se contentant bienheureux de celle de l’hypocras et d’autres liqueurs. Bien sot aurait été l’homme à croire qu’il avançait seul mais bien plus fol aurait été celui qui aurait pensé sa suite si peu fournie. Ce Baron avait plus d’hommes à son dos que la dame d’Obsidienne n’avait d’épées et bientôt sa forteresse comme taillée d’un seul bloc de granite allait trembler sous les pas mêlés des légionnaires, des miliciens et des autres vilains, serfs, urbains ou érudits qui marchaient dans leur sillon. Le Nord avait cela de particulier que son peuple fût encore nomade et ses armées peu luisantes. Loin était-on des belles colonnes langecines et de leurs étendards tout de soie brodés, de leurs longues piques et de leurs boucliers colorés. Une nuée de chouettes venait déranger le corbeau hautvalois et chanceux furent-ils tous que le Gryffon préférât des mets plus succulents qu’iceux. C’était un Seigneur Justiciaire qui était entré en Erac, mais un Baron qui avait mis pied en Hautval. Le Roy avait semblait-il triste réputation en ces terres et Cléophas n’était pas à échauffer une ire déjà si bouillante et quoique cela eut rendu sa présence acceptable, il ne pensait pas leur montrer la lettre cachetée portant le sceau du Roy. Ce Roy. Ce Roy qui aux dires de la Dame Blanche était loin d’être un fieffé cavalier et dont la monture se laissait saillir par d’autres étalons que ceux de ses propres écuries. Comme il fut triste pour le Gryffon que de constater la vérité de ses mots et de ravaler par là même son sceau, son cachet et son autorité royale. Il n’était ici aucune mention du Seigneur Justiciaire d’Erac et n’en serait pas. Rien que le Baron de Merval…et derrière lui, son savoir et ses rumeurs. Fallait-il qu’il avouât à ce seigneur bretteur sa véritable fonction ou fallait-il qu’il se tût ? La question sembla presque déconcerter le Baron qui vit d’un bon secours le calice argenté qui se tenait à portée de son bras.

« Ma Dame, je suis mat que vous me pensiez être d’une si malévole essence là où je vous fus généreux et loyal. Je ne mespense point et mes yeux sont loin que d’être bonimenteurs et ne parlent que sapience et bonté ; c’est un orbe esprit qui vous fait dire pareils mots. Disant que vrai j’entends vos pleurs et resterai sourd face à tel enceprement. Ce désamour est cause d’un grand désarroi et il laisse mon cœur si encrucié que le vôtre, ma Dame. Quant à ces mots, croyez qu’ils ne seront pas colportés par ma personne, je ne suis point un malebouche à colporter d’affreuses rumeurs au sujet d’iceux qui m’offrent un toit ; du reste, je crois à dire le vrai que le régent dut se charger de cette tâche, me délestant d’un fardeau qui m’eût tant courbé l’échine. Enfin, ma Dame, je ne vous crois guère mauvaise, mais les doux brocarts sont plus agréables au toucher que les plus fines des dagues. Seigneur Aemon, vos intentions sont louables et les Dieux même sont témoins de votre serment. J’entends que le Régent envoie bien des justiciers en Erac et la resplendeur de vos rangs en témoigne avec majesté…j’espère sincèrement que vous parviendrez à faire cesser ces vaines frevailles et à rapporter au royaume sa paix naturelle. De ma venue si loin, vous me verrez dévasté de vous le devoir avouer : je suis nocent de cupidité. Le Sud est une terre épargnée du combat fors celui des sommes et des mots et l’obsidienne me parut être un verre bien plus orain que l’or lui-même et c’est pour cette raison que je décidai de rencontrer la Dame de Velteroc. J’espérais que de la sorte j’eus accès à quelques de ses gisements…mais en place d’or noir les Dieux crurent bon de m’offrir l’esmai. Quel fatum que celui des Barons. »
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Aemon IV d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeDim 24 Juin 2012 - 23:15

PAYER... MAIS QUOI ?

Concernant le trouble:

Druerie et présent douteux, qui offre poignard espère la coupure, voilà ce qui se tramait entre le Baron basané, venu du Sud tout droit en ces terres inhospitalières, il faut l'avouer, que sont celles d'Erac et la fière Baronne, plus solide que les murs mêmes de sa citadelle. Pour sûr qu'elle était forte, le sang noble des Ancenis affluait en ses veines et irriguait de courage, de vaillance même chacun de ses actes. Hélas, la voilà qui succombait à la déhaité de ses origines. Effectivement, bien qu'orgueilleux parfois, toujours outrecuidants, les Ancenis était une famille à sang chaud et s'empourpraient prestement, parfois trop, qui sait ? Mais qui était Aemon pour lui lancer la première pierre ? Un feu, qu'il brûle cerné de glace ou ceint de sable, brûle tout de même et le Baron d'Ancenis ne se vantait guère de ses accès de rage et colère. Observant, silencieux, la scène qui se jouait devant lui, il ne pu cependant pas s'empêcher de briser son verre tant la nouvelle le heurtait. Aetius ? Vraiment ? Lui qu'il connaissait depuis l'enfance, le bâtard à la cour de son père, l'ami qu'il avait jadis pu avoir. Comment se pouvait-il lever la main envers et contre une femme bien plus noble que lui et dont l'extraction ne laissait point planer de doute ? Le voilà qui rompait avec ses vœux chevaleresques en battant une femme pour un crime qu'elle n'avait pas commis. Aemon sentait l'écume à ses lèvres et serrant son poing, plus durement encore, sentit ses phalanges craquer sous la tension qu'il exerçait. Il avait prêté serment, il l'honorerai. Il se doutait déjà quant au coquin fautif, mais le nom, le nom... c'en était trop maintenant que l'incertitude faisait place à la résolution déterminée de ses promesses.

Accompagné de sagesse il laissait loisir à ces nobles le plaisir de haranguer, la colère ne lui permettant pour le moment nulle autre échappatoire que le silence raisonné. Le Baron chatternite terminait de déverser quelques paroles bienfaitrices auxquelles Aemon n'accordait que doute et pragmatisme lorsqu'il s'arrogeait le droit de parole :
« Ma cousine, ma chère Blanche, me voilà attristé par vos récents tourments mais n'ayez craintes, n'ayez craintes vous dis-je. Je ne serai que le bien piètre fils de feu mon père et le bien faible neveux de mon oncle si je vous laissais injuriée de la sorte. Je sais quelle fatalité vous a frappé pour ce que j'y étais présent, la perte de votre fille, voilà une triste machination des dieux, mais ce n'est que volonté divine visant à éprouver votre ferveur et votre bachelerie ! Ne cédez point aux lamentations, demeurez brave, demeurez Ancenis. »
Inspirant longuement il desserrait lentement le poing, se calmant peu à peu. Il continuait en ces termes :
« Je consens à vous offrir ouailles, mais plus tard. La chevauchée m'a quelque peu lassé. Quant à vous, Baron, derrière vos barats je sens quelque vasselage et saurai me rappeler vos entendements. Sur ces paroles bien maigres je vous laisse, le repos m'attend mais j'escompte bien deviser avec vous sous peu. »
Aemon ne demandait pas son reste et se dirigeait vers la grande porte de la bibliothèque derrière laquelle attendait patiemment sa garde. Connaissant quelque peu le château il ne lui faudrait pas longtemps pour atteindre ses appartements et tenir au courant Thibault, resté à Ancenis en l'absence de son frère. De quoi Blanche le voulait entretenir ? Une question qui le taraudait, mais comme, justement exprimé, il ne s'en soucierait que plus tard pour ce qu'il avait fort à faire, son ban étant déjà dans l'attente des ordres de leur Seigneur. Se regroupant, s'organisant, prenant les armes, voilà le chahut que animait désormais Ancenis, la guerre était proche, la guerre d'Erac.
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeJeu 28 Juin 2012 - 12:42

    Le beau jeu des regards s’exerçait entre le Baron de Merval et la Baronne de Hautval. Cette dernière se prit à sourire derrière son linceul d’encre. Elle se redressa avec la grâce et la prestance naturelle que lui demandait son rang. Lentement, elle entreprit de faire claquer ses bottes, car la Dame préférait de lourdes bottes de cuir à des chausses, sur le dallage de la Bibliothèque. Ses pas l’emmenaient vers une ronde incertaine autour des deux hommes. Sous ses allures de vautour ou de félin, Blanche fixait néanmoins le sol, pour mieux relever sa frimousse et contempler les murs d’ouvrages l’instant suivant. A la main, elle garda sa coupe et y but de nouvelles gorgées de temps à autre.

      « En fait, Seigneur Angleroy… Je vous dis cela car je préfère jouer cartes sur table avec vous. Et je l’avoue, j’ai quelque peu menti… Il est impossible de savoir ce que vous pensez. Vous ne nous en donnez l’illusion… Et mettez cela sur le compte d’un quelconque désamour ou que sais-je encore… Je me méfie… Je suis très impolie de vous avouer tout cela, n’est-ce pas. »


    De sa main libre, elle releva légèrement ses jupons afin de s’appuyer contre le siège de son charmant cousin derrière lequel, elle s’était figée. Elle but une nouvelle lampée en observant Aemon tenter de se contrôler. Une main se posa simplement sur son épaule. En même temps, comment serait-il discret en éclatant un verre. Elle le quitta quelques secondes plus tard afin d’aller tirer un cordon pour faire venir un domestique dans le but de ramasser le verre et le remplacer.

      « Mes propres gisements ne vous intéressent pas ? Quel dommage. »


    Elle esquissa une moue en revenant stagner derrière Aemon. Parlons commerce… Enfin presque. Car le Baron d’Ancenis venait d’interrompre leurs paroles avec un élan chevaleresque. Elle reprit sa place dans son propre siège, toute ouïe. Et elle répondit à sa tirade.

      « Lamentations… Rester brave… Je suis une Ancenis et une Hautval, croyez bien que ce sang qui coule dans mes veines est aussi tenace que les Monts-Corbeaux eux-mêmes. »


    Elle afficha un nouveau sourire tandis que le domestique arrivait pour ramasser la coupe brisée. C’est à ce même moment qu’Aemon désirait prendre congé. Elle fit comprendre au serviteur d’accompagner son cousin jusqu’à ses appartements.

      « Reposez-vous bien, mon cher Aemon. »


    Elle se trouvait à nouveau seule avec Cléophas, une fois que les grandes portes furent fermées derrière l’Ancenois. Blanche attendit quelques secondes avant de reprendre la parole.

      « Désirez-vous aussi aller vous reposer et prendre un bon bain après ce rude voyage ? Ou avez-vous encore quelques petites choses urgentes à me confier qui ne saurait attendre notre prochaine rencontre, Seigneur d’Angleroy ? »


    Elle ne voulait pas paraitre plus mauvaise hotesse que ce qu’elle était déjà à l’avoir fait attendre pour ce vin, cette viande… Il désirait peut-être se reposer et avait sans doute aussi fort à faire.

      « Vous pouvez rester autant que vous le voudrez en Hautval. »


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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Re: Payer ses hommages   Payer ses hommages I_icon_minitimeJeu 12 Juil 2012 - 14:15

Toute banquise pleure au Soleil.
Ainsi l’Ancenois tenait-il plus de l’aigle que de la chouette et cela n’irait pas être inutile dans les troubles qui allaient se montrer. Son œil pétillait d’une rage grandissante là où son masque trahissait son indignation. Stoïque, drapé d’un manteau de givre, le Baron d’Ancenis se réfugiait dans les bras du silence, pensant sans doute y trouver meilleur réconfort que dans les vérités du Gryffon. Ce dernier en avait vu bien des hommes à l’ardent tempérament mais peu s’entêtaient à le vouloir ainsi occulter. Après tout, il semblait légitime qu’il fallait laisser à l’âtre le temps de faire son œuvre et le Baron de Merval accueillit à bras ouverts ce court mais si agréable répit. Les regards se croisèrent aussi furtivement que les étoiles filent dans les cieux nocturnes en été et aussitôt leurs éclats se furent-ils choqués qu’ils allaient se retrancher derrière leurs remparts de mesure. Le Gryffon ne cessait de fixer ses deux interlocuteurs, jouant d’une coupe d’un froid-argent entre ses mains, n’ayant grand cas de savoir si la liqueur vineuse était venue tacher ses chausses. Il tenta presque d’en boire une gorgée avant que de se raviser. Le Baron de Merval en était conscient : il lui faudrait tout son esprit dans les temps à venir et ces joutes et ces coupes l’avaient déjà embué. Les Mervalois avaient habitude du vin ou du moins le Baron s’était vite accommodé à ses traitres résultats de sorte que seules ses joues s’étaient légèrement couvertes d’un manteau rosat, quoiqu’il laissa aux seigneurs le loisir de décider si ce fut l’effet du vin ou des chaleurs individuelles. S’il se l’eut pu permettre, la Chouette eut défait son propre plumage, mais il fallait croire que le sang des Ancenis était plus ferreux que le sous-sol même de leurs contrées. Lorsque soudain il se décida à ouvrir le bec pour hululer plus fort qu’en toutes autres nuits, le Baron d’Ancenis semblait être des plus enflammés et si d’aucuns crurent que le chant calmait les ardeurs, Aemon en prouvait autrement. Son souffle se fit moins fort et ses mains se délièrent alors qu’il achevait de chanter. Le Gryffon trouva condamnable la fin de cette mélopée, lui qui aimait tant à entendre chanter les oiseaux de toutes sortes. Dans les temps anciens, les Gryffons se repaissaient de pareilles espèces mais il s’avérait plus sage de n’en pas embarrasser l’oreille ancenoise. Le Baron de Merval se contenta de serrer ses dents et laisser ses doigts parcourir le long de sa coupe et quand la Chouette reprit son chant, il fut cette fois si bref que le Gryffon n’eut le temps d’en apprécier la contenance. Le feu d’Ancenis avait fini par ronger son enveloppe de glace et derrière lui, le Baron laissait d’entières d’eau fumante. Le Baron de Merval le regarda prendre son envol et savait qu’il avait devant lui un oiseau qu’il eut mieux fait de ne point gober.

L’obsidienne est fille des volcans.
A sa grande surprise, le Baron de Merval se voyait pris dans un ouragan si puissant que les éléments s’en voyaient changés. De cette radieuse mêlée ne restaient plus que l’Obsidienne au visage aussi blesmé que son sang n’était loyal ; devant le Gryffon de Merval, dont on disait des yeux qu’ils étaient des rubis brulants dans la nuit. Et il s’avère qu’il pouvait voir leur reflet dans le cœur noir de la Dame Hautvaloise, reflet intense toujours plus chaud et rayonnant, tant et si bien que la pierre noire se para d’un rougeâtre halo et laissa tomber son enveloppe de pierre lorsqu’elle prit parole. Elle mettait là fin à une ronde gracieuse teintée du vice qu’ont ces oiseaux lorsqu’ils cherchent une proie. Mais l’Ancenois gardait la même enveloppe que son cousin et quelle chouette pouvait se vanter de dépecer un griffon ? Son plumage avait beau être d’encre, elle n’en était pas moins faite de plumes et d’os. Le Baron de Merval savait que la joute allait enfin se terminer et n’en était que plus soulagé. Toute animosité s’était diluée dans le vin, l’hydromel et le sucre des mets présentés ; dans la joute précédente et dans l’éclat des lances et des boucliers et d’autres lances encore restées cachées derrière leurs tentes. Quand chacun des deux adversaires prit place dans la lice, l’Obsidienne fut première à charger et c’est calmement que le Baron mena sa monture en sa direction. La noire monture à vive allure s’avançait et le Baron ne sentit pas meme le besoin de lever son écu pour ce que la charge hautvaloise s’avéra brusquement stoppée et la lance qui effleura la joue du Gryffon était couverte de mille étoffes douces au toucher. Dans cette lutte qui ne faisait que débuter, il n’y avait de vainqueur, seulement des combattants implorant la paix. La dame Blanche semblait avoir brisé toutes les barrières qui la séparaient du monde extérieur et laissait couler la vérité comme coulent les ruisseaux dans les monts de son pays. Dans sa voix et ses gestes, le Baron ne décela de la prudence en renfort mais guère une once de fausseté et il s’en trouva aise. En guise de réconciliation, le Gryffon laissa son calice se défaire de l’empreinte de ses griffes et laissa ses mains s’ouvrir vers la Baronne. Il fit note du sang qui avait coulé là où son cousin s’était tenu. Dans l’agitation et les vapeurs, le Baron de Merval n’avait point remarqué le verre brisé et la mare vermeille qui venait engloutir ces ilets cristallins. C’est le prix que l’on devait sans doute payer pour être trop hardi. Alors que passait le temps s’adoucissait la Baronne, s’enquérant de l’état de son hôte et allant jusque s’autoriser un trait d’humour auquel il eut été impoli de ne point sourire. Cette forteresse si austère et hostile allait finalement se révéler un coffre hermétique et lourd de secrets. Les jeux pouvaient ici s’arreter, les paraître et les sourires faussés. Qui restait-il à tromper ?

La fourrure d’un Gryffon chatoie jusque sa mort.
« Ma dame, vous me raisez enfin ! Onc n’auriez vous pu esmer combien fus-je estanc de ces rezes. A mon cuidier vous n’étiez point tant froide que vos gemmes et je sais à quel point l’on croit les griffons rubestes ; et ja tant de faintises, d’acesmies me firent un être récréant. Sancions de nous ragressir par ensi et concluons une aimable trive et esveillons ensorquetout à ce qu’elle remaigne permenable. Pour le reste, il est vé que prou sont ceux à m’esgarder d’une orbette essence, point dus-ca se mesfier toutes voies. Voire da, vous etes porveante en naissance mais restez achesmante en toutes les choses. Ne vous pensez guère impolie. Au reste, si vous etes évolée à la pensée de vos sols, j’ai grand voult à en acater en partie. Je sais même que les provenus d’un tel enchainge nous procurerait maintes ébauderies. Je me pense effectivement retraire en vos bains pour m’y estuver longément, y trouvant le recoi que je querre tant. Ains, d’altres choses plus soufisantes me consuivent et il me faut m’en esploitier incontinent. Nous aparolerons en après, ma Dame. »

Le Gryffon esquissa alors une douce révérence et rejoignit ses quartiers pour le jour restant. Il avait promis à la Baronne qu’ils parleraient. Et ils parlèrent longtemps en effet…
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