Fuite en avant | La Blanche

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MessageSujet: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeLun 10 Sep 2012 - 15:07

Quelques part en Eraïson, une ours se dressait sur ses pattes arrière. Après avoir perdu quelques instants à trouver son équilibre, elle grogna avec tant de force que les oiseaux alentour prirent leur envol. Après avoir ainsi libéré sa rage plusieurs secondes durant, reprenant quelques fois son souffle, la bête se laissa à quatre pattes et fit mentir sa corpulence, courant entre les arbres de la Prime Forêt avec une célérité surprenante. Il s'agissait là de fuir là où les arbres lui disaient d'aller.



Atar n'était plus, pas plus que Amil, pas plus qu'Elrandil qui, plus jamais, ne s'opposerait à l'Anaarooma au mépris de toutes les traditions. Ril-Vywen n'avait pourtant pas eu le temps de se lamenter. Il avait fallu fuir, fuir ces sombres qui les frappaient en plein cœur, fuir le spectre silencieux de la Voilée. De mémoire d'Almugkarka, jamais ils n'avaient ainsi battu en retraite mais ils n'avaient pas eu le choix. L'ennemi était venu en nombre et eux n'étaient qu'une poignée, en comparaison.

Il avait fallu mettre les siens en lieu sûr. Ils ne pouvaient quitter Ardamir, pas avant le prochain voile et la naissance d'un nouveau cycle, cela aurait été briser la
Taurenorn. Et même s'ils avaient pu, les Almugkarka étaient un peuple de guerriers, la volonté de préserver l'Anaëh guidait chacun de leur geste. Jamais ils n'auraient abandonné leurs frères aux lames d'acier des sombres. Ril-Vywen ne l'aurait permis. Alors, les Mathar s'était réuni pour choisir le nouveau Liemakil afin qu'il apporte la vengeance des Almugkarka. En tant que Mathar et en tant que Anaarooma, la fille d'Amer avait participé à ce triste concile et avait entendu la volonté des siens. À situation exceptionnelle, il avait été convenu d'apporter une réponse exceptionnelle et ils l'avaient choisie, elle. Comment aurait-elle pu refuser pareil honneur ? Puisque telle avait été la volonté des siens, elle avait accepté. Une nouvelle fois, ils l'avaient fêtée. Une nouvelle fois, elle avait juré de servir les siens tant qu'elle le pourrait.

Malheureusement, si les combats qui faisaient rage l'avaient tenue éloignée de sa peine un temps, dès que le calme était retombé sur le camp, elle avait dû souffrir le visage fermé du corps d'
Atar, et d'Amil, et d'Elrandir, et de tous les autres. Alors elle avait pris le manteau de l'ours et elle s'était abandonnée aux bras d'Anaëh.



Au début, Ril-Vywen n'avait eu qu'une envie : arrêter de penser. L'appel de l'ours qui résidait au plus profond d'elle-même avait semblé être un bon moyen d'y parvenir. Elle n'avait voulu qu'une ou deux heures de paix, avant de reprendre les armes et de marcher vers la Portes d'Anaëh avec les Mathars. La Grande Communion n'était cependant pas un acte anodin. On ne prenait pas les traits d'une bête à la légère, on devait accepter d'en devenir une. De vouloir chasser le thon dans les rivières, de courir entre les arbres de grande forêt. Quand on devenait une bête, on prenait le risque de ne jamais redevenir une fille de la Mère.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeMer 12 Sep 2012 - 12:40

De nouveau ce chant retentissait dans les bois, celui de la Guerre. La malveillance des Fils et Filles de ceux qui se sont perdus par delà ces terres où la Mère est absente, recueillis par le Guerrier, frappait à nouveau la Première Fille, en ce lieu où se dressait autrefois le Géant de Pierre tombé au combat.

___________

Quelque part dans la région que les Fils et Filles nomment Ardamir vadrouillaient la Blanche, qui, malgré l’Été portait toujours son manteau d'hiver, car c'est la l'habit de l'Esprit, de Celle qui se Souvient et qui Guide, et son compagnon d'aventure, le Roux. Depuis le jour où ils s'étaient trouvés, alors qu'elle allait à la rencontre du Fils et de sa Bête, elle s'était attachée à le retrouver et à vagabonder en sa compagnie, nul doute n'était présent à son esprit que le jour prochain où il s'éteindrait pour retourner à Kÿria, elle le pleurerait. Et elle savait qu'il partirait bientôt, car il avait déjà eu une vie exceptionnellement longue, ce petit miracle ne durerait pas.

Quand lui parvint l'écho du danger qui menaçait la Première Fille, elle dut se résoudre à le quitter, conscient que c'était probablement la dernière fois qu'ils se côtoyaient, la séparation n'en fut que plus dure, mais son devoir et ses Frères l'appelaient, et c'est pourquoi ils se séparèrent là.
C'est parvenu en Eraïson que lui vint un autre appel, une Fille devenue Bête semblait s'égarer sans l'avoir véritablement désirer... Aux Fils et Filles de démontrer leur valeur et l'affection qu'ils portent à la Mère et sa Première Fille, cette protectrice qui se perd était à ses yeux plus importante, car elle était l'une des seules créatures à pouvoir la raisonner.

C'est ainsi qu'elle reprit ses traits d'Être, et que commença à s'étendre la Brume qui était la sienne, pour qu'aucun regard ne se pose, qu'aucune oreille ne se tende, que rien ne dérange l'Esprit.
Elle courut, seulement guidée par ses Frères, et bientôt, la Bête fut suffisamment proche pour se perdre à son tour, abandonnée comme chacun par ses sens tandis que sa magie œuvrait, elle ne pourrait plus fuir.

Enfin, elle put apparaître au sens de la Bête, sortant de cette Brume.

« Aujourd'hui, la Blanche dût quitter le Roux, pleurant car jamais plus elle n'apprécierait sa malice et sa chaleur. Elle entendit la mélodie d'une âme déchirée, emportée par une bête et vint nous prévenir, car nous sommes l'Esprit, Celle qui Guide les êtres égarés. »

Elle se tenait sur ses gardes, consciente que la bête pouvait l'attaquer, prête à l'immobiliser par tous les moyens en sa possession.

« Es-tu cette Fille qui se laisse dévorer par sa bête ? »

Ainsi, la Fille aurait le choix, face à un être qui l'appelle, elle pouvait répondre, ou bien laisser la bête le faire, si la volonté lui manquait, alors, elle lui tendrait la main.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeMer 12 Sep 2012 - 13:18

Il était aisé d'être une ours. Il n'y avait aucune barrière, aucune contrainte. Il n'y avait que la terre sous les griffes et le soleil chauffant la fourrure et l'air porteur de mille promesses chatouillant le museau. Ril-Vywen n'était pas une ours. Elle était la Anaarooma qui guidait et le Liemakil qui défendait et la druide qui préservait. Pourtant, en cet instant, Ril-Vywen possédait des griffes pour gratter la terre et une fourrure pour sentir la caresse du soleil et un museau pour s'enivrer de l'air. Ril-Vywen pouvait être une ours. Ou plutôt, elle était l'elfe qui résidait au plus profond de l'ours.


Elle se souvenait d'Amer des Almugkarkas, de son bras qui jamais n'avait faibli. Elle se souvenait d'Elrandir des Almugkarkas, de leurs jeux alors qu'ils n'étaient encore que des enfants. Elle se souvenait de Tinudia, de la douceur de sa voix et de ses mains. Elle se souvenait d'Hidia, de son savoir et de sa patience à son égard. Bientôt, il ne resterait que cela, des souvenirs. Et puis les souvenirs aussi s'en iront et alors, il ne resterait rien, sinon le manque terrible.

L'ours ne se souviendrait pas, ni des visages, ni même qu'il y eut un jour des visages dont il fallait se souvenir. L'ours chasserait, l'ours dormirait, l'ours donnerait la vie puis finirait par la perdre, mais l'ours ne saurait pas qu'un jour il y avait eu un elfe nommé Amer, Elrandil, Tinudia ou Hidia. Et alors que Ril-Vywen pleurait ses êtres chers perdus trop soudainement, elle enviait l'ours.


La fuite de l'animal n'avait rien d'ordonnée. Elle était à l'image de la lutte d'une elfe pour ne pas céder à la terrible tentation d'abandon. Chaotique. Brouillonne. Si bien qu'avec la brume qui doucement l'enlaçait, elle manqua se prendre un arbre. Grognant, haletant, la bête ne savait comment réagir. L'arrivée de la Blanche lui donna un début de réponse.

Refusant de l'écouter, elle se dressa sur ses pattes arrières, grognant à nouveau. Quand elle vit que l'apparition ne semblait pas effrayée, ce fut elle qui prit peur ; peur de cet être surgit de nulle part, peur de ce qu'il pouvait lui faire. Alors elle se laissa lourdement retomber sur ses pattes et tenta de fuir, à nouveau. Peine perdue. Se faisant complice du fantôme, la Prime Forêt saisit les lourds membres de l'animal. Ses grognements n'y firent rien et chaque fois qu'elle se débattait, l'étreinte mortelle semblait se resserrer.

Et chaque geste futile de l'ours ramenait Ril-Vywen à la raison. L'idée de mourir ici, surtout, loin des siens, lui rappelait ce qu'elle avait promis.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeVen 14 Sep 2012 - 7:41

La Bête, face à l'Esprit, eut la réponse qu'elle s'attendait à recevoir... Se dressant sur ses pattes arrières, faisant la démonstration de sa taille et de sa puissance, y ajoutant un grognement qui, certainement, aurait dissuadé la plupart des êtres et des bêtes de moindre taille... Mais l'Esprit ne bougea pas.
La réaction de la Bête, dès lors, prévisible là encore, fut de considérer l'intrus comme une menace, car seul un animal plus puissant n'aurait pas été impressionné, et là, elle tenta de fuir, mais l'Esprit savait, elle avait son idée, que la Bête attaque ou s'échappe.

Retombant sur ses pattes avant, elle voulu prendre la poudre d'escampette, mais déjà des lierres puissants venaient se saisir des pattes postérieures, cédant tout d'abord, mais ralentissant tout de même la Bête avant de laisser la place à de nouvelles chaînes végétales.
Plus nombreuses, plus résistantes, celle-ci remplaçait les anciennes, se saisissant également des pattes antérieures. L'Esprit ne se montrait pas délicate, généreuse dans les moyens déployés tout en veillant à ne pas provoquer de dégâts trop sérieux. Peut-être la Fille porterait-elle quelques marques, mais c'était mieux que de devenir bête sans l'avoir désiré.
La manœuvre finit par porter ses fruits, et les nombreux liens suffisaient désormais à contrer la force de la bête immobilisée. Alors, les lierres tirèrent les pattes vers l'arrière, faisant chuter lourdement l'ours sur le ventre avant qu'une nouvelle chaîne ne vienne plaquer la gueule au sol, terminant de contraindre la Bête dans cette position.

Ce n'est qu'à ce moment là que l'Esprit s'avança, assuré de ne souffrir d'aucun sursaut d'orgueil ou de frayeur, et se mettant face à la bête maîtrisée, s'accroupit. Cette fois, bien que la langue ne changea pas, c'était à la Bête qu'elle s'adresserait.

« Ours, je sais que tu comprendras nos mots, grâce à la Fille qui pleure les siens. Nous ne te libérerons de ces liens qu'à la condition que tu la laisses reprendre le dessus. Tu pourras alors, quand elle le désirera, courir à nouveau, pêcher de nouveau. Si tu t'obstines, alors tu mourras ici... As-tu compris ? »

C'était dit avec autant de douceur que d'autorité, un savant mélange des deux, presque envoûtant, et le tout accompagné d'une légère caresse sur le museau, comme pour sceller une promesse.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeVen 14 Sep 2012 - 17:05

    L'ours avait cessé de se débattre. Désormais entièrement ligotée, la femelle haletait, éreintée par sa course et par la lutte qu'elle avait menée contre l'apparition, en vain. Se sachant vaincu, elle attendait désormais la mort, grognant parfois comme une ultime rébellion. À chaque fois, les lierres enfermaient un peu plus la mâchoire.
    La voix de l'apparition résonna aux oreilles de l'animal qui chercha à se dégager une nouvelle fois, comme réveillée par la menace de sa mort. L'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même sentit la menace, comprit les mots mais la promesse d'un oubli était encore trop tentante pour qu'elle se laissât si facilement persuadée. Pour autant, la douleur de l'ours n'était pas sans répercussions sur la conscience affaiblie de Ril-Vywen. Il semblait que l'agresseur comprenait la peine de sa victime et faisait appel à un instinct différent de celui qui la poussait à s'abandonner aux traits d'une bête : l'instinct de survie. Vivre comme un ours, Ril-Vywen pouvait l'imaginer ; mourir là, pas question. Elle sentait les lierres courir sur ses poils, s'enrouler autour de son cou et elle avait peur, soudain. Elle ferma les yeux et grogna. À la fin, ce n'était plus le cri d'une ours mais bien le hurlement déchirée d'une elfe qui troublait la quiétude de la forêt.

    C'était comme se réveiller d'un long cauchemar. La druide, simplement vêtue de sa peau d'ours, ce manteau grossièrement taillée qu'elle avait retiré de la dépouille de l'ours, se recroquevillait sur elle-même alors que ses liens libéraient ses membres meurtris, comme mus d'une vie propre. Ses joues étaient inondées de larmes mais aucun sanglot ne venait secouer son échine fatiguée. Plus qu'au désespoir, l'elfe semblait reprendre peu à peu conscience de son environnement. Ramenant la peau contre son corps dans un geste instinctif, elle redressa la tête et put enfin contempler, agenouillée face à elle, le fantôme de brume. Elle est belle, pensa-t-elle alors qu'elle se perdait dans un regard unique, d'une intensité qu'elle n'avait jamais contemplé nulle part ailleurs. Elle doutât même que ses Manaahen, tout spécieux qu'ils fussent, pussent rivaliser. Ils n'étaient pas particuliers en soi, simplement... différents. Comme chargés d'histoire et de savoir.
    Hébétée encore, elle ne parvint pas à émettre le moindre son. Comme si la tâche devenait soudainement trop dure, elle laissa retomber sa tête contre le sol frais de la forêt et laissa son regard embraser les environs. Elle connaissait cette impression, familière bien qu'encore terriblement méconnue. Elle connaissait cette brume, surgit de nulle part et que rien ne pouvait expliquer. Pour autant, elle ne pouvait y croire. « Vous... » croassa-t-elle. « C'est... impossible... Pourquoi... ? »
    Ce n'était certainement pas une façon de la remercier alors qu'elle venait de sauver sa raison, mais Ril-Vywen était encore ébranlée par ce qui venait de lui arriver et elle peinait à reprendre totalement ses esprits. Cherchant à reprendre contenance, elle tenta de se redresser, ignorant autant que faire se pouvait les violents tremblements qui saisirent ses membres. Redressant à nouveau la tête, elle regarda la Blanche. « Merci... »
    Elle lui devait énormément et en avait bien conscience.

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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeMar 18 Sep 2012 - 7:07

Finalement, l'Esprit parvint à ses fins, usant d'une brutalité nécessaire pour convaincre, pour que surgisse et ne résonne que l'écho de l'instinct de survie, qu'il prenne le pas sur la raison, sur la moindre part de fierté, de dignité qui aurait pu s'exprimer. Et devant la mort imminente, la bête fuit, et emprunta l'unique porte qui s'offrait à elle.
Dans ce qui fut d'abord un grognement de bête, se terminant en un cri d'être, la fille qui pleure les siens reprit ses traits, quittant ceux de l'ours. Immédiatement, les lierres se retirèrent, laissant par endroit des marques qui s'effaceraient bien assez tôt. Un petit prix à payer pour reprendre conscience.

L'Esprit, sa tâche accomplie, s'installa auprès de la fille en peine, attendant qu'elle reprenne pleinement conscience. Elle se concentra sur le fait de réduire l'étendue de la Brume qui les couvrait, n'ayant plus besoin de perdre un ours en fuite, et consciente de ce que la bataille à venir réclamerait d'elle.
Enfin, quand elle reprit conscience, quand elle posa son regard sur l'Esprit, celle-ci lui adressa un sourire aussi chaleureux que rassurant, et accueillit ses premières réactions. Comme attendue, elle ne comprenait pas. Elle n'ignorait certainement rien des légendes sylvestres de cette brume et de l'esprit qui s'y cache, mais ne pensait pas qu'une telle rencontre aurait lieu, et pourtant...
Elle l'observa un instant, tenter de se redresser, inconsciente des faiblesses qui pesaient sur son corps et ses membres, et finalement, lui adressa des remerciements dont l'absence jusque là n'avait pas semblé déranger l'Esprit.

« Ne sois pas si pressée de te redresser, Fille, pour l'heure, demeures ainsi et attends et tu pourras bientôt te relever. »

Il y avait une très légère touche d'autorité derrière une douceur et une attention presque maternelle dans ces mots, les Fils et les Filles perdaient parfois cette patience pourtant essentielle. Elle n'ignorait rien du danger réel qui touchait la Première Fille, mais sa seule présence ne changerait rien à la situation, pas face à cette menace-ci, aussi valait-il mieux attendre et laisser les Fils et Filles prouver leur amour de leurs bois et de leur Mère.

« La Blanche entendit nos Frères lui porter l'écho le récit de cette fille pleurant les siens, se perdant sous les traits et la conscience d'une bête pour alléger sa peine, aussi sommes-nous venues, car c'est là notre rôle et que nous ne pouvions laisser un protecteur s'égarer définitivement de la sorte. »


Et là-dessus, elle décida de comprendre.

« Nous savons que tu as pleuré les tiens, mais que sait-il passé ? »
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeMar 18 Sep 2012 - 18:14

    Surprise, Ril-Vywen écouta la Blanche la sermonner comme une enfant et esquissa un léger sourire attendri. C'était comme si Hidia revenait d'entre les morts. Elle était la dernière elfe que la druide eut vraiment considérée comme un professeur. Il avait tenu ce rôle, autrefois, mais il l'avait arrachée aux siens et pour cela, elle lui avait toujours tenu tête. La Anaarooma qui l'avait instruite, elle, avait toujours eu le droit à une élève calme et obéissante... et c'était ce visage qu'elle offrirait à la Blanche. Inclinant légèrement la tête, la druide ne fit donc rien de plus que se mettre en position assise et même ainsi, la tête lui tourna légèrement. Elle ne désirait pas, cependant, demeurée allongée plus longtemps. Ramenant sa peau d'ours sur ses épaules, comme pour mieux se protéger d'un froid qui n'existait pas, elle tenta de se remémorer le fil décousu des événéments. Et l'elfe de maudire sa faiblesse, indigne de ce qu'elle était censée incarner.
    « J'ai agi stupidement... murmura-t-elle avant de redresser la tête et de darder ses Manaahen sur les arbres qui les entouraient. Merci. » En fermant les yeux, elle eut l'impression que la Symphonie lui souriait. Elle sourit en retour, sans savoir si c'était la fatigue qui se jouait d'elle où si ses frères et sœurs les arbres se réjouissaient de la revoir sous ses traits d'elfe.
    La question qui suivit la surprit, même si elle tenta de ne rien en laisser paraître. Elle s'était attendue à ce qu'un être comme la Blanche, aux mille et une légendes, n'ignorât rien de la situation d'Anaëh, d'Holimion à Ardamir. Manifestement, elle s'était fourvoyée mais était-ce réellement étonnant ? L'esprit, tout impressionnant qu'il pouvait apparaître, n'en demeurait pas moins une fille, non la Mère elle-même. Et il n'y avait que la Mère pour ne rien ignorer de l'Anaëh, pour lire dans le cœur des elfes et dans la frondaison des arbres. La Blanche n'était pas la Mère. Malgré cela, il était toujours étrange de ce rendre compte que les légendes, toutes belles qu'elles fussent, comporter leur part de mensonge et d'exagération. « La Porte d'Anaëh est ouverte. La nuit vomit des sombres par dizaines, qui ne semblent soudainement plus craindre nos frères et sœurs les arbres. Les miens subirent une de leurs attaques de plein fouet. » Elle marqua une pause et, malgré elle, poussa un léger soupire. L'envie lui prit, soudainement, de se confier d'avantage. D'expliquer comme, après trois jours de chasses, elle avait tenté de méditer, comment le sommeil l'avait prise et comment, par sa faiblesse, elle avait été incapable de prévenir les siens de l'arrivée des sombres. Elle était la Anaarooma, celle qui lisait les signes et prévenaient les dangers ; elle avait échoué et trop nombreux étaient les morts pour le lui rappeler.
    « Nous avons tourné la Taurënorn quand vint le Voile, ainsi que nous l'avons toujours fait, et avons choisi Ardamir parce que nous savions que les sombres reviendraient. Aujourd'hui, notre volonté de les arrêter n'a pas faibli. » Vengeance ? Le mot n'était pas prononcé, il planait cependant dans l'air, non-dit terrible dont Ril-Vywen n'aurait su avoir honte. Les Almugkarkas se transmettaient les secrets de fils de la Mère depuis des générations. Elle était la gardienne de cet héritage et n'ignorait pas d'où venait les sombres ; en tout cas, elle n'était pas sans savoir qu'ils étaient intimement liés à la Mère. Mais sous le regard inexpressif de ses frères les arbres, elle ne pouvait oublier qu'ils avaient tué son père, son frère, sa mère et sa mentor.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeMar 13 Nov 2012 - 6:23

«Nos Frères nous l'ont dit, et nous sommes venues. Vous avez manqué de prudence et d'écoute, ou bien vous êtes vous trop appuyés sur votre profond désir d'en découdre. »

Ce n'était pas une accusation, la chose était dite comme une affirmation, ou plus précisément, une hypothèse presque évidente aux yeux de l'Esprit. Les sombres étaient nombreux, assurés par l'absence du Géant Ellyrion. Qu'un clan s'engage seul dans le combat était louable, mais l'Esprit elle-même savait la vanité du geste... Contre une telle attaque, il fallait attendre, attendre que ceux qui protège décident de réagir.

« Nous soufflerons à nos Frères de chanter leur sacrifice pour la Première Fille, que l'écho de leur volonté résonne jusqu'aux cœurs de ceux de tes frères et sœurs qui pourront les entendre. »

Elle ne doutait pas qu'ils acceptent ce service, mais déjà, tandis qu'elle les évoquait, lui vint les murmures d'une menace. Quel qu'en soit les raisons, un petit groupe semblait s'être détaché du gros de la troupe. L'Esprit voyait dans l'efficacité de cette attaque le déclin de l'Estel qui ne semblait plus en mesure d'intervenir, ou bien voyait-elle aussi la nécessité de laisser les Fils et Filles prouver leur dévotion et leur force ?
Il faudrait qu'elle le découvre, cela serait nécessaire, tôt ou tard.

« Certains approchent... Fille, te sens-tu capable de te battre, ou bien devons-nous les repousser seules ? Nous savons ta volonté, mais es-tu suffisamment remise ? »

Il n'y avait aucune réelle inquiétude ni dans le regard, ni dans la voix de l'Esprit... Ces quelques drows n'étaient pas prêt à l'affronter, et ce qu'elle décelait de magie était bien loin d'être en mesure de lui faire la moindre ombre... Juste des guerriers n'usant que de fer.
Mais si elle pouvait les vaincre, elle savait la possible nécessité que la Fille pouvait éprouver à venger les siens.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeSam 17 Nov 2012 - 20:24

    Il allait falloir se battre. Alors même que Ril-Vywen souffrait encore de l'assaut précédent, il allait falloir s'armer de courage et prendre à nouveau les armes. Seulement, d'arme, la druide n'en avait aucune et s'il n'y avait eu la peau de l'ours, elle aurait dû affronter la nouvelle vague sombre telle qu'elle avait été mise au monde. Une perspective peu réjouissante quand l'on savait les mœurs noirelfiques. Elle n'hésita pourtant pas une seule seconde, hochant légèrement la tête alors qu'elle se redressait. La vengeance cautérisait la douleur bien plus sûrement que le temps. « Almugkarka se battra à tes côtés. »
    L'ours qui résidait au plus profond d'elle-même grogna. Lui aussi était prêt.



    L'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même débordait de haine. L'ours le ressentait et cela l'énervait. Elle n'aimait pas cette impression désagréable, qui lui tordait les entrailles et lui donnait envie de mordre. À ses côtés, la Brume qui était femme attendait tranquillement, comme si rien de tout cela ne l'atteignait. L'ours la craignait, elle avait le souvenir très récent des lianes qui mordaient ses pattes et la gardaient à terre. Mais la haine de l'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même ne la concernait pas. Elle ne portait que sur les sombres qui s'avançaient vers eux, se frayant entre les frères et sœurs les arbres. Le tintement du métal frappant le bois résonna aux oreilles animales et l'ours retroussa ses babines, pleine de colère. Un noirelfe semblait prendre plaisir à blesser ceux qui ne pouvaient se défendre. Alors, la bête chargea, sans un regard pour son alliée de circonstances.
    L'ours fondit sur ses ennemis, sans réelle discrétion. Se déplaçant à une vitesse impressionnante pour un animal de cette taille, il fut sur eux avant qu'ils n'eussent vraiment le temps de réagir ; le vent s'était joué d'eux. Dans un grognement qui fit trembler les frères et sœurs les arbres aux alentours, elle planta ses crocs dans la chair tendre du soldat le plus proche. Ses cinq compagnons réagirent dès lors rapidement, dégainant et encerclant la bête. Loin de se laisser intimider, l'ours lança sa première victime sur l'un des guerriers avant d'essayer d'arracher la tête d'un autre d'un coup de pattes. Il était pourtant évident que, toute dangereuse qu'elle était, elle peinerait à combattre cinq hommes en arme.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 17:17

C'était un comportement étrange... Mais l'Esprit savait que certaines Bêtes, même blessées, trouvaient des ressources et des forces pour se montrer plus redoutables encore, ne retenant plus rien. C'était une attitude dangereuse, et elle sut alors qu'il lui faudrait se montrer attentive car la Fille et sa Bête ne le seraient pas.
Et la Fille offrit de nouveau l'ascendant à l'Ours, et celui-ci fondit sans attendre sur les sombres qui ne manqueraient pas de repérer l'attaque, tant elle n'offrit aucune place à la discrétion... Mais qu'attendre d'autre que cela ? Elle n'était ni Loup, ni Renard, elle était Ours après tout. Un animal mue par le deuil et la haine, aveugle à tout autre chose.

L'Esprit n'eut d'autres choix que de la suivre immédiatement, la Brume se dissipant derrière elle, devenue aussi inutile que gourmande dans la situation. Mais si l'Ours avait foncé sans prendre de précaution, l'Esprit courut tout en veillant à offrir aux sens des Fils et Filles d'au-delà des Terres Stériles le moins d'indice sur sa venue, elle ne possédait ni la force, ni la robustesse de son alliée, sa chair était vulnérable... Bien qu'à sa manière, elle était bien plus monstrueuse que cette dernière, ce que les intrus ne tarderaient pas à découvrir.

Passant par le flanc, elle observa l'Ours dans la mêlée, et sans se montrer, intervint uniquement lorsque c'était nécessaire. Ainsi, un premier sombre qui s'apprêtait à la frapper dans un angle mort fut saisit et tirer en arrière violemment, et au sol, eut la gorge écrasée par la pression exercée par une solide liane. Un autre vit simplement ses pieds fauchés pour l'offrir à un coup mortel de l'Ours.
A l'écoute des alentours malgré tout, elle sut que d'autres venaient, une dizaine tout au plus, alertés par le vacarme. Il était devenu évident qu'il fallait écourter ce premier combat, mais surtout, qu'il fallait tenir l'Ours à l'écart du second.
Si elle ne put éviter à la Bête de recevoir le moindre coup, le plus grave fut heureusement évité tandis qu'ensemble, ils vinrent au bout du petit groupe. L'Esprit s'approcha rapidement de l'Ours, toujours alerte à l'approche des autres.

« Fille, retiens l'Ours et attends ici. »

Et avec une certaine autorité, et sans peur, elle posa une main sur le museau de la Bête, comme pour ponctuer ses mots, avant de se diriger vers les bruits de plus en plus proche de la dizaine de drows qui approchait.

Il est un Don que l'Esprit façonna d'elle-même, incarnation véritable et végétale d'une des composantes de l'Être qu'elle était devenue. Elle apposa une main sur le tronc de l'un de ses Frères.

« Nous devons t'emprunter tes racines, Frère. »

Et d'abord sous terre, certaines racines se développèrent, poussant à une vitesse folle jusqu'à faire surface, s'entremêlant, se multipliant, et se dressant, pour prendre les traits d'un Golem, comparable à ceux de Pierre, quoique moins imposant et éphémère, comme doté d'imposantes griffes.
Le Golem ainsi créé fit face aux sombres et balaya fatalement les premiers qui osèrent s'avancer trop près. Ensuite, il avança lentement vers des sombres devenus plus hésitant, avant de fondre rapidement sur eux, écrasant et fauchant trois ennemis de plus et poussant à la fuite les quatre derniers.

L'Esprit rompit le contact physique avec le tronc, et l’enchevêtrement qu'était le Golem s'effondra immédiatement, perdant toute vitalité avant de disparaître. Malgré le début de fatigue qui commençait à la toucher, elle se mit à poursuivre les fuyards.
Ce qu'il advint d'eux, on ne le saura pas précisément, mais il demeurait certains qu'ils contribueraient à nourrir des Bêtes.

Il s'écoula plusieurs dizaines de minutes avant que l'Esprit ne réapparut, les traits apaisés, un peu plus rayonnante qu'au moment où elle exigeait que la Fille demeure en retrait. La menace la plus proche n'était plus, et c'était suffisant, pour l'heure, pour rendre à l'Esprit, devenu Golem, une forme de paix.

Elle revint auprès de la Fille, qui avait reprit les traits de l'Être.

« C'est terminé. Tes blessures sont-elles sérieuses, Fille ? »
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeLun 10 Déc 2012 - 22:26

    L'alliance de l'Esprit et de l'Ours se révéla être redoutable, si bien que de blessures graves, la bête n'en retira aucune. Le tranchant d'une lame déchira son poil une fois ou deux, mais rien qui n'arrêta son assaut. Elle en tua un, puis deux, puis trois, jusqu'à cesser de compter. L'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même s'était tue, la laissant agir comme elle le souhaitait ; elle demeurait en retrait, consciente du rôle qu'elle devait jouer, consciente qu'elle ne pouvait demeurait Bête à jamais et concentrée pour ne pas se laisser submerger.
    Grand bien lui prit, quand la voix de l'Esprit déchira le silence de la bataille consumée, l'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même comprit et obéit, la retenant alors qu'elle n'avait qu'une envie, se ruer à la suite de la Blanche. À la place, elle l'apaisa et, lentement, très lentement, reprit le contrôle. Le sentant lui échapper, l'ours grogna une ultime fois et, comme à son habitude, ce fut le cri d'une elfe qui précéda le silence. « La Mère nous vienne en aide... » murmura-t-elle doucement, soudainement horrifiée, alors qu'elle prenait pleinement conscience de ce qui était en train de se produire.
    Des drows. Elle était entourée par les cadavres de noirelfes qui n'avaient rien à faire là. Ces mêmes engeances qui avaient frappé les siens en plein cœur, jusqu'à lui ravir des êtres parmi ceux qui lui étaient les plus chers. Et elle était là, essoufflée, le corps parcouru d'entailles plus ou moins sévères, loin des Mathars et des Almugkarkas. Maudite fut-elle ; maudits fussent les enfants de l'Elda. Quand l'Esprit la rejoignit, elle s'était péniblement hissée sur ses jambes, la peau de l'ours étaient négligemment jetée sur ses épaules et elle donnait l'impression d'être totalement perdue. « Qu'importe mes blessures ! » On sentait une résolution pleine et entière, dans sa voix. Mais aussi la peur, insidieuse. « Je dois partir. Rejoindre les miens. Nous devons rejoindre la Porte. » Elle se tut, ne trouvant qu'ajouter. La refermer ? Elle n'avait que vingt Mathar pour cela et n'était pas assez bête pour penser réussir. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait restée les bras croisés, qu'Almugkarka ne pouvait se tenir à l'écart.
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MessageSujet: Re: Fuite en avant | La Blanche   Fuite en avant | La Blanche I_icon_minitimeJeu 17 Jan 2013 - 6:02

« Doucement, Fille, ne te précipite pas, toi et les tiens, vers la Porte, car il n'y a que d'autres deuils, innombrables, pour qui se laisse emporter. »

Les mots possédaient véhiculaient autant de douceur que d'autorité, et même un soupçon de lenteur, comme pour déjà, par les mots, modérer l'allure. Elle la savait suffisamment intelligente, malgré tout, pour savoir que ses quelques frères et elle-même ne suffirait pas, mais la Bête, elle, le goût du sang sur les babines, ne semblait désirer que voir tomber d'autres sombres entre ses crocs. C'est pourquoi elle poursuivit.

« Trouves ceux qui protège les régions alentours, racontes et exiges d'eux ce qui est dut, ensuite, tu pourras y retourner, mais pas avant. »

Et cela ne sonnait pas comme une quelconque leçon de sagesse, moins encore comme un ordre, elle était convaincue que la Fille avait conscience de la situation et de la nécessité d'un tel procédé. A ses yeux, ça n'était qu'une forme de rappel, pour que l'esprit de raison prenne définitivement le pas sur l'esprit combatif et vengeur de l'Ours, jusqu'au moment des affrontements, tout du moins.

« Si tu en éprouves le besoin, murmures le à nos Frères, nous viendrons. »

Il semblait que cette rencontre, qui ne serait probablement qu'une première, elle était convaincue qu'il y en aurait d'autres, espérons en des contextes plus... favorables.
Elle observa la Fille partir, et ne se remit en marche, un dernier coup d’œil aux cadavres éparses, que lorsqu'elle ne fut plus en vue, décidée à demeurer non loin du lieu des prochaines batailles.


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