[Rumeurs et Dragons - Léliande] Au milieu des ruines.

[Sujet précédent]

Lieu aride ou la vie avait du mal à se développer. Voilà ce que sont les plaines de Nisetis, ancienne région agricole et prospère dont la fertilité des sols rendraient jaloux la péninsule. L'ombre et l'eau quant à elles avaient déserté les lieux en même temps que les arbres et les habitants de la région voilà plusieurs siècles laissant place à la roche, la poussière et quelques plantes se disputant la régence des lieux avec le vent omniprésent provenant des hautes montagnes culminant vers l'est.

Les ruines se profilaient à l'horizon, tout d'abord avec les faubourgs avoisinants desquels ils ne restaient pas grand chose. Vraisemblablement les structures les moins riches dont il ne reste aujourd'hui que la base des murs ressemblant plus à des amoncellements de roche et de poussière qu'autre chose, puis enfin les murailles, murs épais protégeant encore la cité encore contre ses derniers adversaires que sont les intempéries mais n'arrivant pas à se protéger eux-même et dont parfois plusieurs mètres se sont effondrés. Et derrière eux le reste des habitations dont les toits, ravagés par les incendies de l'époque ne protègent plus l'intérieur des habitations dont il ne reste plus que les murs. Il n'est pas rare de retrouver une poutre calcinée comme fossilisée par la poussière, vestige de la violence des flammes. Ne restent donc que les grandes structures telles que les temples, le palais impérial ou encore la grande bibliothèque - certainement construits avec les pierres de la meilleure qualité dont les nisetiens disposaient pour avoir résisté aussi longtemps dans un tel état de conservation - dont les immenses colonnes retiennent encore les toitures de pierres, menaçant de s'effondrer sous la moindre personne osant s'y aventurer, comme un piège mortel attendant de faire son œuvre. Quelques gravures subsistent encore sur les murs de ceux-ci, mais l’œuvre du temps a été plus fort que celui des hommes les laissant indéchiffrables et extrêmement friables.

Le groupe arriva donc par le Sud de la ville et il fallait maintenant trouver un lieu ou s'installer dans ces ruines qui s'étendaient devant eux sur plusieurs hectares, car seules celles qui étaient visibles ne pouvaient donner l'ampleur de la cité qui à l'époque devait faire passer Diantra pour un village de paysan. Certaines structures semblaient avoir résisté au temps et aux intempéries, ou tout du moins ce qu'il en restait, pouvant fournir des abris corrects mais dangereux avec les chutes de pierres que le vent pouvait déclencher. Les éclaireurs envoyés pour trouver un endroit correct découvrirent le lieux d'un campement abandonné récemment, mais rien d'autre de significatif pouvant trahir une activité humaine, elfique ou encore drow récente.

(Hrp : Images non contractuelles étant présentes dans le but de vous donner un ordre d'idée. Il s'agit d'une représentation approximative.)

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
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Le navire en provenance de Thaar, apprêté par un tout autre groupuscule de pseudo-archéologues et rempli de mercenaires appâtés par les supposées richesses de Nisétis quelles qu’elles soient, n’apportait pas que de la main d’œuvre et de la concurrence pour le groupe provenant de la péninsule… Il apportait également son lot de problèmes : des Drows. Vous verrez que d’inévitables tensions entre les mercenaires allaient finir par se déclencher, et les peaux sombres risquaient de favoriser le nombre de morts suspectes à l’avenir. Cela dit, ces prédictions n’intéressaient pas plus que ça Larme pourpre, alias Aï, qui devait jouer le jeu de l’exploration et attendre que leur propre navire revienne afin d’éliminer sa cible (le capitaine, pour ceux qui n’auraient pas suivi) et profiter du voyage vers Thaar par l’autre navette afin de rentrer à la citadelle par la même occasion et pouvoir faire son rapport.

Un type en provenance de Thaar, mercenaire plutôt laid avec une paire de dents en moins et une petite barbe tentant de cacher une large cicatrice sur sa joue rejoignit le camp en formation de ceux de la péninsule arrivé peu après. Il déambula un moment à la recherche de quelque chose ou quelqu’un et trouva enfin.

Robin, son frère et leur camarade mage avaient décidé de ne plus lâcher Aï, considérant probablement qu’elle faisait à présent parti de leur groupe. C’était quelque peu énervant mais pas un mal en soi. De toute façon le plan prévu par le commanditaire était un bon plan. Il avait ses informations à Thaar et savait qu’un autre navire devait venir et que Larme pourpre pourrait donc éliminer son rival et prendre la fuite ensuite grâce à son laissez-passer. Comme il ne voulait pas que la mort soit trop suspecte et qu’on remonte jusqu’à lui, il ne fallait pas le tuer durant l’aller, d’où l’idée de profiter de la situation d’exploration puis des moments de chargement/déchargement sur le navire pour provoquer un accident par exemple. C’était une perte de temps mais l’individu avait payé en conséquence pour ce contrat. Peut-être avait-il même mis un de ses navires à la vente pour obtenir les fonds nécessaire, supposant à forte raison qu’il reprendrait l’affaire de son rival à la mort de celui-ci, en récupérant ainsi le bénéfice sans en avoir fait la moitié. Ah, quel dommage pour Larme pourpre de ne pas avoir pu profiter de l’attaque surprise des pirates ! En effet, seul le capitaine connaissait la route pour atteindre les ruines de Nisétis et il aurait été donc trop risqué de l’éliminer en pleine mer.

« Oh là l’affreux, t’es pas de notre équipage ! Qu’est-ce tu viens faire par ici ? » Invectiva Tom au mercenaire suspect.

« La ferme gamin, c’est pas à toi que j’veux causer, c’est à la d’moiselle là. »

« Elle est avec nous, qu’est-ce tu lui veux ? »

« C’est pas tes affaires, j’ai un message pour elle. »

Le type brandit un morceau de papier plié avec des traces de cire décacheté dessus. Il ne s’était pas donné la peine de le garder intact, préférant le lire avant, au cas où ce serait quelque chose d’utile ou d’intéressant. Apparemment, ce n’était pas le cas donc il préférait le remettre afin de toucher le pourboire qui allait avec.

« C’est quoi ça ? Tu l’as lu ? »

« C’est pas tes oignions j’tai dis, dégage de là avant que je m’énerve. »

« Laisse-le approcher Tom, ça risque rien, on est quatre contre un de toute façon. » Affirma Robin.

Aï, qui était debout sur un vieux pan de mur et scrutait alentours se retourna et descendit pour faire face au type louche.

« Une fille habillée comme une saltimbanque avec un voile noire… Aï j’présume ? »

Un hochement de tête confirma sa supposition. Il lui tendit le morceau de papier d’une main puis tendit l’autre pour recevoir son dû. Avant qu’Aï ne termine de saisir le morceau de papier, Lerab s’approcha et déposa une belle pièce dans la main du mercenaire.

« Tenez mon brave, veuillez nous laisser maintenant. »

« Peuh ! A la revoyure ! »

Le type lâcha sa prise sur le morceau de papier et repartit en grommelant et en mordillant sa pièce d’argent toute brillante.

« Alors, qu’est-ce que c’est ? Des bonnes nouvelles ? »

Inutile de replier correctement le papier pour voir le cachet de cire, il était assurément sans marque particulière. Seul le texte importait : il était codé, c’était pour cette raison que le mercenaire n’avait pas pu le lire. Les symboles indiquaient clairement l’origine du message : la guilde ! Qu’est-ce que cela signifiait ? Le contrat était-il annulé ? Impossible ! Même si le commanditaire mourrait avant la fin du contrat, ce n’était pas une raison pour remettre en cause la mission, surtout qu’il avait payé d’avance et que la guilde a des principes. Alors quoi ? Larme pourpre redoutait de déchiffrer les symboles quand bien même cela ne lui prendrait pas plus de quelques fractions de seconde de réflexion. Une angoisse soudaine s’empara de son être et la lecture des deux lignes de symboles suspendit sa respiration.

« Notre guide s’est éteint hier…. »

Un vertige s’empara de Larme pourpre alors que la suite du texte parvenait à son esprit sans intérêt particulier à côté de ces quelques mots…

« … a désigné sa sœur pour lui succéder… pas d’impact sur l’organisation…bonne continuation. »

Voyant blêmir sa camarade, Lerab lui posa la main sur l’épaule et lui de manda si tout allait bien. Pour toute réponse, sa main fut chassée dans l’instant par un revers et Larme pourpre se retourna brusquement pour remonter sur le muret en ruine pour de nouveau contempler l’horizon, mais cette fois sans vraiment le regarder. L’assassin ne connaissait pas la tristesse, mais cette information était tout de même un choc : son maître, leur maître à tous, le meilleur d’entre eux, était mort comme ça, sans détail d’ailleurs (mais il valait peut-être mieux). Larme pourpre respira lentement et profondément pour se calmer. Le Velg’larn Zhaunil avait désigné son successeur : sa « sœur », c’était un code pour un membre du conseil qui était également une hybride, millénaire d’ailleurs et que Larme pourpre avait déjà côtoyée lors d’une important mission : Elenna. C’était un choix judicieux et rassurant…

« Alors quoi ? » Demanda Tom à Lerab.

« Des mauvaises nouvelles sans doute. Laissons-là seule un moment, je suppose qu’elle ne veut pas qu’on le voit en train de pleurer. »

Mais Larme pourpre ne pleurait pas. Sa poigne soudaine froissant le morceau de papier, ses sourcils se plissèrent d’une détermination retrouvée : il lui fallait finir sa mission avant tout, et puis, partir explorer des ruines avait quelque chose d’excitant qui peut-être allait lui changer les idées durant un moment…

L'attaque du navire avait prit fin, assez rapidement et ensuite la séance de soin, intense et difficile. Nakor avait donné le meilleur de lui même et il avait dû s'arrêter sous peine de s'effondrer et de devoir rester prostré pendant plusieurs jours. Ce qui n'était pas en soit une bonne chose quand on menait une expédition! Nakor s'était donc assis à même le pont et il était resté là, à regarder le navire, son personnel affairé, Etheldred qui soignait et tout le monde qui ... le mage eut un hoquet de surprise et ouvrit grand les yeux en relevant le cou, comme le ferait une chouette

"Mais ... mais où donc est passé Celin ..."

Puis il se tut, il vit alors sur le côté, un tonneau de vin, se déverser sur ce qui semblait de loin, être son ami philosophe elfe. Il tendit alors la main dés que possible et tira sur un morceau de vêtement. Un gros balourd s'arrêta en pestiférant contre le vieux fou. Il s'arrêta quand il vit que c'était le vieux sorcier qui avait soigné ses camarades et grogna quelque chose qui ressemblait à un

"Ouais?"

Nakor pointa du doigt, un doigt fatigué et tremblant, le tonneau et glissa d'un brin de voix presque inaudible

"Sortez mon ami de là, s'il vous plait"

Le marin s'inclina et alla chercher Celindel, il ne trouva rien de mieux que de venir allonger l'elfe aux côtés de Nakor. La barbe blanche se mit à sourire en voyant à quel point ce marin était ... limité en initiative. Mais il laissa tomber et regarda tout de même d'un rapide coup d'œil qu'il n'y avait pas de plaie et que son compagnon de route ne perdait pas son sang. Ce qui n'avait rien d'évident avec tout ce vin et le sel qui s'était ajouté dessus. Jamais son habit de retrouverait son éclat d'origine! Le navire continua sa route et le magicien ferma les yeux pour se concentrer. Cela dura longtemps, Nakor se perdit dans les limbes de la magie, hors du temps et de l'espace. Puis un cri le ramena sur terre

"Terre en vu!"

Nakor ouvrit lentement le regard, respira doucement et entendit alors de nouveau tout le bruit de la réalité autour de sa petite personne et de celle de Celindel. Qui ronflait le bougre! Le mage donna un grand coup de coude dans la masse qui se trouvait à côté de lui. Les ronflements prirent fin et sans aucun doute que Celindel revint lentement à lui. L'ancien conseiller du roi Trystan se releva difficilement, en s'aidant de son bâton et des forces qui lui restaient. Il se tint au bastingage et respira à plein poumon, l'air frais de Nisetis. Il aimait l'odeur du désert que le vent charriait dans les ruines anciennes de la cité dans laquelle il avait grandi. L'amarrage se fit et ils descendirent tous à terre. Nakor essaya à de nombreuses reprises de parler à l'instigateur de la traversé mais il n'y parvint jamais. Le vieux noble qui avait engagé tout ce beau monde ne voulait pas écouter ce qu'avait à dire cette vieille barbe. Bien évidemment, Nakor s'en offusqua et en bougon indécrottable il bouda dans son coin. Une troupe d'éclaireur parti puis ils revinrent avec un endroit sur selon eux. La troupe pris la direction du campement et s'installa. Nakor frappa dans une pierre comme le ferait un enfant fort mécontent et prit place. La fin de la journée toucha à son terme et la nuit tomba. Un bon feu s'alluma et un tour de garde fut établi. Nakor essaya encore une fois de prendre contact avec ce maudit comte au matin. Mais rien ne fut permis. Alors le magicien explosa! Il se leva d'un seul bond, se mit à danser autour des vestiges du feu de la veille, une gigue infernale. Même si, vu de loin, cela ressemblait plus à un épouvantail subissant les aléas d'un vent violent. En effet, le vieux sorcier bondissait en donnant des coups de pieds vivaces dans tous les sens, en faisant une grimace presque terrifiante tant elle exprimait sa colère. Une fois que cette passe fut terminée, il avait obtenu l'attention de tout le monde, et ne comptait pas la perdre. Il se mit donc à hurler en direction de Celindel, qui était pourtant très proche de son ami

"Haaaaaaaa mais évidemment, on embauche un spécialiste de Nisetis, un homme qui a grandi dans la vieille cité il y a six cent vingt six ans et on ne l'écoute pas! On refuse même de lui parler hein? Et bien voilà ce que va faire l'homme qui connait ces ruines comme sa poche pour y avoir grandi et y vivre encore : il va aller se promener autour de l'ancien palais du dernier empereur de Nisetis! Voilà ce que je vais faire."

Après ce petit discours véhément, Nakor s'inclina devant Celindel, si fortement que son nez toucha le sol, et en faisant un mouvement de moulinet avec son avant bras. Il se redressa et glissa assez fort pour que tout le monde l'entende encore

"Après toi!"

Puis ouvrant la marche, Nakor parti, son bâton à la main, en direction des ruines principales de la cité de Nisetis. L'ensemble de la troupe se mit en marche surtout parce que l'homme qui avait payé pour cette excursion, s'était enfin intéressé aux simagrées du vieillard. Et dans le doute, il avait sans doute préféré le suivre. Voyant que son effet avait été réussi, Nakor devint très bavard, il commença à expliquer assez fortement les choses suivantes

"J'ai grandi dans le quartier Sud-est de la ville, un quartier plutôt pauvre, où les gens qui y vivaient étaient simples mais travailleurs. Il y avait aussi beaucoup de magiciens. Nous n'étions pas si loin que ça du cœur de la ville. Voyez par là bas, au bout de la grande allée qui passe au milieu de ces ruines, juste devant nous, c'est là qu'était la cours d'entrée du palais du l'empereur. La noblesse Nisetienne se réunissait donc ici pour diriger l'ensemble des terres qui appartenait à l'empire. Il fallait voir, ces grandes statues de dragon qui ornaient l'entrée du palace impérial. Elles avaient été taillé dans de l'obsidienne. Je me souviens encore de ce que me disait ma formatrice : on prétendait que les dragons eux mêmes avaient taillé ces roches et qu'elles étaient donc indestructibles. Voyez ce qu'il reste de tout cela : presque rien d'autre que de la poussière. Je n'ai jamais été autorisé à entrer dans le palace dans ma jeunesse. Puis bien des choses m'arrivèrent et je quittai la cité, deux cens ans plus tard tout était fini et je n'y revins que bien des années après. On dit qu'il y avait par ici, un bâtiment, qui servait de tombeau aux empereurs de Nisetis ... vous vous imaginez si on trouvait l'entrée d'un des caveaux?"

Nakor était toujours émerveillé par cette cité, ses ruines et le fait d'en parler avec quelqu'un, à savoir Celindel et la troupe entière qui lui prêtait son oreille, faisait émerger en lui des souvenirs presque oubliés. Qu'allait-il faire ainsi remonter dans sa mémoire? Ils allaient tous bien vite le savoir.

    « C'était comme jeter un regard sur une autre époque. La vue des ruines avait plongé l'Hirondelle dans une sorte d'attente contemplative. Sous ses yeux grands ouverts, l'elfe contemplait ce qu'elle était venue et chercher et cela rendait tout le reste secondaire. Parce que le savoir du vieux mage l'intéressait énormément, elle avait fait le nécessaire pour le talonner. Les mains dans le dos, elle faisait son possible pour ne rien rater. En écoutant le témoignant de Nakor, elle parvenait presque à s'imaginer la cité telle qu'elle avait été. Là, elle voyait s'élever à nouveau un mur d'enceinte et ici, un enfant observait avec un mélange de crainte et de respect l'énorme dragon d'obsidienne qui se dressait face à lui.
    C'était exactement pour cela qu'elle avait décidé d'entreprendre cette histoire. Pour jeter un regard sur une ère révolue, pour s'empreindre d'une ambiance qu'elle n'aurait pu trouver nulle part ailleurs, elle avait été prête à se lancer sur l'océan, affronter pirates et même, si le hasard de leur route l'y avait obligé, hydres et autres krakens monstrueux. Pour que, le moment venu, elle pût porter son instrument à ses lèvres et laisser son cœur battre au rythme des roches effritées. Elle n'avait, d'ailleurs, pas lancé un regard à Etheldred dès l'instant où elle avait vu les premières fondations. Si l'elfe appréciait sincèrement l'humaine, elle n'était pas la musique. Elle n'était pas l'art. Or, c'était à l'art que l'Hirondelle vouait sa vie.
    Doucement, quand Nakor s'arrêta de parler, elle céda à la tentation. Les notes s'élevèrent, d'abord timides, hésitantes. Et puis, la cité elle-même sembla répondre à ses tentatives et la mélodie gagne en assurance. Alors le mage put à loisir entendre un air qui n'avait jamais été joué, mais un air qu'il ne pouvait que lui dire quelque chose. Car la musicienne cherchait la musique de Nisétis et son premier essai, s'il était encore éloigné de la réalité, ne pouvait que lui faire pensée à ces balades qu'il n'avait plus entendu depuis la chute du glorieux empire. »

Une fois l'attaque pirate terminé et le bateau à nouveau "sur", Adlaenne sortie de sa cachette, presque honteuse. Ses nausées dues aux vagues qui agitaient la coque du bateau commençaient à reprendre. Elle monta sur le pont, constater les dégâts et amenés de l'aide si elle le pouvait. Elle avait écouté et suivit les ordres d'Etheldred apportant son soutien et son aide aux blessés léger, ne sachant pas ce qu'il fallait faire pour les autres.

A cet instant, des réminiscences lui vinrent à l'esprit. Elle voyait sa maman avec de multiples plantes, herbes aromatiques et fleurs diverses. Les mêmes qui poussaient dans le salon de sa maison. Des plantes qui servaient très probablement à soigner puisque sa mère était soigneuse. Cependant, elle n'avait aucune idée de comment les utiliser. Et si elle avait su un jour, alors tout ceci faisait partie de son ancienne mémoire, celle qu'elle avait perdue. Pitoyablement perdue.

Elle tenta de faire abstraction de cette sensation étrange qu'elle ne savait prendre bien ou mal et continua d'exécuter les ordres en aidant les blessés.

Un homme cria. Adlaenne qui était bien concentrée ne parvint pas tout de suite à comprendre ses dires. Ce n'est que lorsque plusieurs personnes se relevèrent pour regarder au loin que la jeune fille comprit qu'il arrivait enfin. Son estomac n'en serait que fort heureux.

La troupe descendit du bateau et un camp s'installa rapidement. Adlaenne restait dans son coin, trop timide et encore chamboulée parce qu'elle avait vécu et par son précédent mal de mer. Mal de mer qu'elle avait imaginé bien pire que cela ce qui la faisait positiver.

Elle suivait les autres personnes sans pour autant se mêler aux conversations. Elle passait son temps à lire l'unique livre qu'elle avait emmener et tripotait machinalement son collier, plus comme un tic qu'autre chose. Elle dormit non sans mal, mais c'était mieux que le bateau.

Au petit matin, elle avait eu froid. C'était un sentiment désagréable qu'elle tenta d'effacer en enfilant un petit gilet à manche longue qu'elle avait mis dans sa sacoche. Il n'était pas très épais mais ferait l'affaire. Elle observait les horizons. Tout ici était nouveau pour elle. Elle qui avait toujours voulu voyager, n'était-elle pas servi ? Mais à quel point allait-elle l'être ? Y avait-il pire que les pirates ? Et puis qu'allait-elle bien pouvoir trouver dans les ruines, à part du sable et de la poussière... Elle n'avait jamais entendu parler de ce lieu étrange, ou du moins, dans la nouvelle mémoire, elle ne connaissait pas Nisetis. Elle en vint rapidement à se demander ce qui avait bien pu se passer pour qu'une cité qui avait l'air prospère s'écroule ainsi.

Elle s'imaginait mille choses quand un vieil homme avec une longue barbe blanche vint, par ses gestes plutôt... incontrôlés, la perturbée. Elle ne put retenir un sourire en le voyant faire. Il n'avait pas l'air de très bonne humeur et il parlait si fort que la jeune fille pouvait l'entendre bien que peu proche.

Il parvint à avoir l'attention qu'il méritait semblait-il et plusieurs personnes commencèrent à le suivre. Adlaenne devait certainement rester ici. Elle ne savait pas se battre, pas se défendre et elle n'était là que pour récolter des informations pour monsieur Altiom. Mais... Elle était curieuse et le vieil homme semblait connaitre les lieux et son histoire.

La jeune fille tourna la tête vers le camp. Tout se montait peu à peu et chacun s’affairait à sa tâche. Et puis elle tourna la tête de l'autre côté. Le vieil homme commençait à partir vers les ruines avec plusieurs personnes. Il avait parlé de palais et d'empereur.

La jeune messagère se précipita vers la troupe qui partait se tenant à distance pour ne pas déranger mais assez proche pour entendre le vieil homme parler.

Il commençait à raconter et la jeune fille souriait déjà. Elle aimait les histoires et était bien contente que quelqu'un réponde aux questions qu'elles se posaient.

Elle fut un peu étonnée d'entendre qu'il avait vécu ici. Quel âge avait-il alors ?

Adlaenne était attentive et buvait les paroles du mage. Elle regardait partout, tentant d'encrer dans sa mémoire tout ce qu'elle voyait, tentant de visualiser les dire du vieil homme. Et puis finalement, elle avait trouvé ça terriblement triste. Une cité qui avait certainement été somptueuse et qui n'était plus que ...sable et poussières...

Un sentiment de nostalgie et de profonde mélancolie la prenait au ventre.

- Qu'est-il arrivée à cette cité Monsieur ? Demanda timidement Adlaenne, l'air gêné.

Tout le monde semblait le savoir... Elle, elle n'en avait réellement aucune idée. Elle sentait d'étrange regard se poser sur elle. Mais ceci était peut-être dû à son imagination. Impossible d'être objectif.

Elle pouvait reposer le pied sur la terre ferme, pas mécontente de quitter le roulis du bateau qui agressait son équilibre. Neïra sentait le sable sous ses pieds et la chaleur accablante sur son crâne. C'était encore pire que ce qu'elle avait pus connaître à Sol'Dorn. Pour un peu elle se serait de nouveau crus dans l'arène. Elle ne se laissa pas aller aux souvenirs, et aida les autres à monter le camp pour la nuit, puis s'inscrivit pour les tours de garde. Puis, alors que la nuit tombait, elle essaya de dormir.

Ses rêves furent peuplés de sang, de chaînes, de violence et des rires moqueurs des drows qui observaient. Elle s'éveilla plusieurs fois, en sueur malgré les basses températures de la nuit nisétienne. Finalement, au bout de quelques heures de sommeil douloureux et agités, elle prit son tour de garde et renvoya tout ceux qui s'aventurait à vouloir la remplacer, préférant rester assise à surveiller les sables du désert que retourner affronter dans ses rêves ceux de l'arène.

Lorsque l'expédition partit aux petites heures encore fraîche du matin, elle se débarrassa de sa chemise et de ses gants, ne gardant que son gilet sans manche et son pantalon, qu'elle avait envisager de raccourcir à mi-jambe mais préféra garder long pour protéger un peu mieux ses jambes dans l'enfer de ruines qui les attendait. Elle prit également un bout de tissus destiné à lui couvrir la tête lorsque le soleil au zénith les frapperait. Elle avait une certaine habitude de ce climat, et ne comprenait pas comment le vieux mage qui menait leur petite troupe comptait survivre dans sa robe. Cela dit, elle l'avait vus du coin de l’œil dans l'assaut pirate et se doutait bien qu'il pouvait survivre à ça également.

Ils progressèrent dans le paysage mortifère, écoutant les récits du magicien. Elle peinait à le croire plus âgé encore que ces ruines qui s'étalaient parmi le sable du désert. Elle n'imaginait pas comment autrefois avait pus se tenir ici une ville. Une très grande ville, sans doute plus magnifique que tout ce qu'elle avait pus voir, à en juger par les restes qu'ils parcouraient.
Mais elle n'avait pas l'imagination de certains de ses compagnons, comme l'Hirondelle qui venait d'entamer une ballade à la flûte, dont les notes légères transportait aisément les esprits au-delà de ce simple lieux. Cela ne ressemblait à rien de ce que Neïra connaissait, mais elle sentait d'instinct que c'était là sa bonne place. Et malgré cela elle ne parvenait pas à voir autour d'elle autre chose que des blocs de pierre sans vie, loin, très loin, de la cité enchanteresse que semblait arpenter le vieil homme et l'elfe. On lui avait toujours appris à voir la réalité, et non ce qu'elle désirait voir. Des années après, elle découvrait encore des choses qu'on lui avait prises.

Nakor était aux anges, il décrivait l'ancienne cité mère de Nisetis et les gens l'écoutaient, ils le suivaient afin d'en apprendre le plus possible sur les ruines. Et lorsqu'il s'arrêta de parler pour laisser les gens admirer et surtout imaginer la cité lumineuse de celui que l'on nommait le Roi-Dragon, il entendit s'élever une musique. C'était la jeune femme elfe qui accompagnait Etheldred. Elle se laissa sans doute porter par ses émotions puis ses sentiments profonds et écouta la réponse de la cité, la réverbération des murs. Et le vieux fou se plongea alors dans des souvenirs brumeux, un long et épais brouillard là depuis six cent ans. Un brouillard qui sembla légèrement se dissiper. Sur les notes de la musicienne, Nakor se mit à siffloter un air qui trainait dans son esprit et que la musique à ses oreilles avait réveillé. En excellente musicienne l'Hirondelle s'accorda, régla une dernière fois ses intonations et son rythme et elle joua un magnifique morceau. Au point que chacun se tut et que le vieux fou senti presque une larme remontait à son œil gauche. Une fois terminé, il se mit à applaudir l'elfe et à s'incliner devant elle. Il se permit de lui dire

"Du fond du cœur mon enfant, merci à vous et bravo, votre art est proche du parfait!"

Puis se retournant il entendit alors une petite question. Il se mit à sourire, un sourire mélancolique qui peut s'afficher sur le visage de ceux qui parlent d'un être aimé et perdu avec nostalgie mais beaucoup de courage et de passion. Il fit un tour des gens qui étaient autour de lui et prit la parole

"Peu de livres d'histoires parlent de la cité mère de Nisetis, la place forte de celui que l'on nommait le Roi-Dragon. Je n'étais pas présent au moment de la chute de l'empire. Mais ce que je sais suffira à vous éclairer ma jeune amie. Depuis plusieurs siècles déjà, la cité était sur le déclin, après avoir été un grand empire, Nisetis qui était une agglomération de tributs, toutes unifiés par un empereur puissant, s'est fait ennemie des drows. On peut aisément imaginer qu'une envie trop grande de territoire vers l'Ouest a forcé Nisetis à tomber sur le Puys et à être trop gourmand en domination. La seule chose que je sais, c'est qu'il y a à peu prés quatre cent ans, alors que j'étais occupé au nord, chez les nains, le terrible Tebirahc Zaurahel, un chef de guerre drow puissant, qui chevauche une créature infernale, a attaqué la cité. Je ne sais pas combien de temps Nisetis ni l'empereur ont résisté, mais une chose est sur, après le départ des troupes drows, le sable a reprit ses droits, la vie a disparu et ces vestiges se sont remplis de mort. Il n'y a maintenant plus rien d'autre qu'un soleil de plomb qui balais ces terres et de temps en temps, des escouades de drows maudits! Une bien triste histoire mais je suis certain, qu'en fouillant un peu, nous pourrions peut-être en apprendre plus. Allons voir de plus prés les restes du palais, et si nous cherchons bien, qui sait, nous trouverons peut-être l'entrée du tombeau!"

Nakor se mit à sourire et passa encore en revu les gens qui étaient présents. Il commença à se retourner pour continuer sa route mais se retourna et d'un œil mauvais expliqua

"Un conseil à ceux qui n'ont pas l'habitude d'une vie dans un espace si chaud : couvrez vous la tête, portez des vêtements amples qui protègent tout votre corps des effets néfastes de notre ami l'astre sol, et restez proche des murs, afin de bénéficier au mieux des ombres. Les robes sont les habits les plus confortables, le peu d'ombre qu'ils créent sous leur porteur crée une surface froide sous nos pieds, qui entraîne l'air à remonter ... un petit courant d'air fort salvateur et naturelle!"

Nakor venait enfin d'expliquer pourquoi il portait une robe et un chapeau! Incroyable révélation vous ne trouvez pas?

Quel groupe bruyant ! Les éclaireurs du campement avaient bien tenté de faire calmer le vieux fou, mais rien n'y avait fait. Pourtant ce n'était pas faute de prévenir que si des drows ou des tribus sauvages locales étaient dans le secteur ils risquaient d'y laisser leur peau ! Mais la musicienne qui s'était lâchée avait finit par leur faire rendre les armes pour les laisser faire. Par contre, ils ne subiraient pas les conséquences de leur stupidité et s'étaient presque tous mis d'accord pour déserter si ça tournait au vinaigre. Après tout avec les légendes qui circulaient sur la région, comme étant hantée ou habitées par des créatures monstrueuses... On ne savait jamais !

C'était donc avec la plus grande imprudence que le groupe s'était lancée à la visite guidée des ruines à peine furent-ils arrivés sur place. Les érudits, alertés par les éclaireurs et gardes s'étaient mis directement au travail, faisant des relevés pour revenir plus tard sur site et effectuer les fouilles le plus rapidement possible, ou tout du moins ne pas repartir bredouille s'ils se faisaient chasser de la région par des barbares sanglants ou des créatures encore inconnues. Un plan de la ville plus détaillé que ce qu'ils avaient déjà était à faire.

L'organisation serait simple, avec une fouille minutieuse des grands monuments au fur et à mesure de leur ajout sur la carte de manière à ne pas s'éparpiller et procéder par étape. Cependant cette journée "visite" était mise à contribution par les érudits qui commençaient déjà à s'intéresse, d'après le vieux mage, à ce qui était la base de statues de dragons et donc potentiellement des icônes importantes avec des inscriptions à leur base. L'évocation des tombes attira un peu plus la curiosité des érudits, elles seraient certainement la priorité des recherches. Après tout c'était généralement par celles-ci que l'on pouvait retracer la vie des personnes qui y étaient enterrées, que ce soit par leurs tenues ou les objets qui les accompagnaient dans l'autre monde. Bien entendu, les vieilles croyances sur les malédictions de ceux profanant des tombes pouvait être présentes dans la mémoire de certains qui s'opposaient déjà à la fouille de celles-ci avant même de les avoir découvert.

Rien ne fut découvert pour le moment, mais une pelle permettrait certainement de mettre à jour des éléments le lendemain.

(Je vous laisse donc terminer votre visite bruyante si vous le désirez. Les fouilles réelles commenceront le lendemain, je vous laisse donc l'initiative de faire passer le temps.
Vous n'avez pas repéré l'autre groupe en provenance de Thaar.)

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Le temps de débarquer tout le monde et tout le matériel, ainsi que de lever le camp, le soir était déjà tombée. Des impatients voulaient débuter tout de suite mais la chaleur étouffante calma leurs ardeurs jusqu’à la tombée de la nuit. En moins de deux heures, la température était descendue de plusieurs dizaines de degrée et il faisait clairement froid. Après avoir veillé un peu, s’assurant que tout était tranquille et sécurisé, Larme pourpre se roula dans une bonne couverture. Les trois comparses n’étaient pas loin. Lerab ronflait légèrement comme à son habitude et les autres ne semblaient pas s’en soucier.

Le matin fut bruyant pour les lèves-tard.

« Eh, Robin, regarde là-bas, on dirait qu’il y a un vieux qui a piqué un crise ! »

« Tom, c’est pas des façons de parler de ses anciens ! Allons voir ce qu’il se passe. »

« Je viens aussi, ce puissant mage doit avoir une bonne raison d’agir ainsi. Vous venez Aï ? »

Même si ses compétences le lui permettait, Larme pourpre ne pouvait pas faire partie des éclaireurs du camp avec son déguisement. Il valait mieux agir de façon plus neutre et naturelle pour son personnage d’Aï. Un signe de tête et voila les quatre parti écouter les histoires de Nakor et le suivre dans une visite guidée.

Il semblait y avoir deux mondes parmi l’équipage : les bon baroudeurs et voyageurs expérimentés dont faisaient partis les éclaireurs et Larme pourpre, qui semblaient un peu paniqué du tapage, et les autres qui ne semblaient pas voir le danger de la situation ou qui n’en avaient même pas la moindre notion. Malgré tout, l’ambiance était l’ambiance et les premiers durent se résignés après avoir bien tentés de faire chuchoter Nakor sans succès et pis lorsqu’une elfe se mis à jouer un air de flûte : insouciance que tout cela. Heureusement que, contrairement à Larme pourpre qui avait provenait des abords de Thaar et avait eu ses informations, les éclaireurs ne savaient pas encore qu’il y avait un autre groupe de recherche, ou s’ils se doutaient de quelque chose, ils n’en avaient encore pas fait part.

La visite fut intéressante, au moins pour se faire des repères dans les ruines et savoir où mener les prochaines recherches. Quant à savoir quoi chercher précisément, pour le moment, les érudits se le gardaient pour eux. Il était difficile de croire cependant, qu’un simple humain, qu’il soit mage ou non, puisse avoir vécu suffisamment longtemps pour avoir vécu à Nisetis du temps de son existence. Ce Nakor… N’était-il pas semi-elfe ou quelque chose ou bien est-ce que la magie pouvait permettre de vivre si longtemps ? Cette dernière hypothèse restait à prouver et les connaissances de Larme pourpre en la matière étaient trop superficielles pour pouvoir l’affirmer ou la contredire.

Larme pourpre avait un sens de l’orientation particulièrement développé, notamment grâce à son « métier » et savait parfaitement élaborer des cartes mentales et les retranscrire par la suite afin de contribuer à tenir à jour la bibliothèque des plans de villes de la guilde. Nisetis n’était pas une ville certes, mais qui sait, une carte pourrait toujours servir. Celles qu’utilisaient les érudits étaient incomplètes, d’origine inconnue ou douteuses, en tout cas, certainement pas à jour, d’où leur obligation de faire de nouveaux tracés et annotations. Jetant un coup d’œil au plan qu’un érudit était en train de dessiner car marchant juste à côté dans la petite foule formée autour de Nakor, Aï se permit de signaler une ou deux erreurs de tracé d’angle et de distance approximative entre deux bâtiments –soucis du détail. Ce fut à peu près là toute sa contribution durant la visite guidée qui dura jusqu’à ce qu’on décide de faire une pause pour se reposer, reprendre son souffle asséché, se trouver un coin d’ombre pour grignoter puis reprendre la visite en abandonnant quelques découragés au passage. Nakor semblait enthousiaste et surtout à son aise. Il expliqua implicitement pourquoi il portait un vêtement si ample qui contrastait avec les habits des mercenaires et des érudits : afin de lutter contre la chaleur justement. D’ailleurs, cette chaleur s’accompagnait d’un fort soleil qui causa en fin de journée les premières brûlures sur les nuques mal couvertes. Heureusement pour Larme pourpre alias Aï, l’avantage d’avoir des cheveux un peu long évitait ce désagrément, de même que ses vêtements qui paraissaient plus décoratifs que pratiques mais qui créaient des micros courant d’airs à chaque mouvement et faisaient varié l’ombre sur les bras évitant à la peau découverte par endroit de rester exposée en continue. Toutefois, cela n’empêchait pas la transpiration et surtout la colle de sécher et la cire de commencer à fondre sous son voile. Il lui faudrait probablement finir par enlever ce truc, obligatoire au début, mais inutile à présent.

La nuit arriva bientôt sans encombre et de nouvelles personnes furent désignées pour les tours de garde. L’excitation était présente et la veillée globale dura plus longtemps que la précédente. Après tout, on allait enfin commencer à chercher vraiment, et notamment à creuser dans l’espoir de déterrer des trésors perdus.

Au matin, organisation oblige, les fouilles furent divisées par groupes à peu près équitables avec chacun au moins un érudit à leur tête. Bien entendu, les groupes de mercenaires ou de connaissances se répartirent de façon à ne pas se retrouver séparés à moins que le groupe ne l’ai prévu dès le départ afin de mieux couvrir l’ensemble du terrain et être présent partout (il y a des groupes stratégiques comme ça parmi les mercenaires apparemment). Bref, la bande à Robin, Aï incluse, se retrouva au complet avec chacun de quoi creuser. Accompagnés de plusieurs autres mercenaires et d’un érudit, ils commencèrent à se diriger vers un point de fouille.

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis le début des fouilles. Après avoir délimité les périmètres, autour du palais royal, ils n'avaient eut qu'à creuser, creuser et encore creuser ! Voici ce qu'étaient devenues les journées de nos chers archéologues en herbe. Et ce pour quoi ? Par grand chose : Un casque rouillé, un autre un peu moins mais fendu en deux par ce qui devait être une hache, le reste d'un grand bouclier ressemblant à un pavois contenant encore de nombreuses pointes de flèches drow, le tout de temps à autre accompagné par des ossements blanchis par le soleil dont les traces de crocs montraient qu'ils avaient été dévorés par les rats.

Une triste nouvelle vint briser le rythme de la fin de la première semaine, avec le ravitaillement qui arriva en retard : Le navire de la duchesse de Langehack avait disparut en mer, sombrant corps et âmes au fond de l'eau emportant avec lui le commanditaire de l'opération. La duchesse était présumée morte... Cependant le messager ne fit pas que transmettre cette triste nouvelle : les recherches devaient continuer ! En sa mémoire !

Plus ils s'approchaient du centre du palais et plus ils trouvèrent de squelettes et de restes montrant la violence des combats qui pouvaient avoir eut lieu. Creusant autour d'une colonne effondrée, une nouvelle découverte macabre eut lieu, avec les restes d'un drow en armure et de sa monture qui ont visiblement péris sous le poids de la colonne. Visiblement les défenseurs ont dû utiliser tout ce qu'ils avaient sous la main pour faire des pièges, cependant ceci fit quelque peu avancer les recherches !

Toutes les colonnes portaient les traces d'anciennes inscriptions, mais aucune n'était lisible, mais celle-ci... Elle avait été protégée du temps par le cadavre en dessous et révélait des choses pour le moins intéressantes pour celui qui pouvait les lire. Enfin... Plutôt deviner leur sens !

frœði [...] höfðingi [...] dauði [...] grunnr

Les érudits restèrent sceptique face à ces mots, il manquait de nombreux pans du texte. Ils parlaient de mort, de chef, d'histoire et de sol... L'histoire de leur chef mort sur le sol ? Ils ordonnèrent, comme à leur habitude de creuser encore plus autour de la colonne, pour la dégager entièrement. Avaient-ils trouvé quelque chose d'intéressant ? Ça restait à voir...

Le pied de la partie de la colonne renversée tenait sur une sorte d'équilibre précaire sur son ancienne base, alors que la tête de celle-ci devait être sur le sol en dessous de la terre qui s'était accumulée. Il fallait creuser avec précaution pour éviter qu'elle ne tombe et risque de se briser ou pire encore. Des cales furent placées, mais n'inspiraient réellement pas confiance. Et ceux qui doutèrent avaient raison ! La colonne finit par rouler sur son rebord une fois la majeure partie de la terre dégagée après presque une demi journée de labeur, une partie de celle-ci se brisant sous son poids, faisant vibrer le sol avec un bruit sourd : Il y avait certainement quelque chose de creux en dessous. Les fameuses tombes royales ? Si elles avaient été épargnées alors ce qu'elles recelaient devaient être d'une plus grande importance !

Les érudits étaient en effervescence, fouillant dans leurs affaires pour ressortir les cartes de la ville et du palais qu'ils avaient fait, pour trouver l'endroit ou pouvait être l'entrée de la fameuse crypte. Mais la structure avait trop bougé... Des parties s'étaient effondrées et des tonnes de gravas pouvaient bloquer l'entrée de la zone la rendant impénétrable.

Pendant ce temps il n'y avait pas grand chose à faire pour le personnel autour. L'un des mercenaires, visiblement un peu moins intelligent que les autres - vu qu'il n'était bon qu'à donner des coups de pioches et ne cherchait qu'à tout démolir depuis le début de l'expédition - s'appuya contre l'une des colonnes voisines dont de la poussière tombait des rainures depuis quelques minutes.

Le résultat ne se fit pas attendre avec l'immense colonne qui tomba dans un bruit d'enfer à même le sol, manquant écraser les érudits au passage, les faisant hurler tout ce qu'ils savaient à l’encontre du pauvre bougre qui ne comprenait toujours pas pourquoi il se faisait traiter de tous les noms d'oiseaux ! Après tout ils n'étaient pas morts !

Enfin... Ce n'était pas comme s'il avait déclenché une réaction en chaine... Le sol se mit à trembler suite à cette catastrophe pour une nouvelle pire encore ! Sur tout le long de la colonne le sol s'effondra pour la laisser passer au travers dans un nuage de poussière, libérant un passage vers ce qui semblait être une salle secrète d'une profondeur peu commune.

Il fallut installer un ingénieux système de poutres et de poulies pour créer une sorte ascenseur de cordes afin de descendre personnes et matériel. Mais surtout pouvoir remonter quelque chose d'intéressant et de pas trop lourd. Mais il fallait faire vite... Affaiblie par les chocs successifs le reste des colonnes menaçait de suivre leur petite camarade et d'entrainer avec elle les restes de la toiture de pierre qui avaient survécus et de sceller ainsi à tout jamais les secrets de ce tombeau.

Un groupe de mercenaires fut laissé à la surface avec un érudit pour récupérer les objets remontés et surtout protéger le seul accès au site.
Les premiers à descendre furent des mercenaires, suivis des érudits. Le spectacle qui s'ouvrait à eux était à la fois magnifique et effrayant :

Des tombes, au moins six tombeaux espacés de plusieurs mètres les uns des autres, des sarcophages de taille humaine posé droit contre ce qui semblait être une dalle gigantesque, comme si une chambre funéraire avait été creusée derrière. L'ornement était cependant simple, l'ornementation était loin des montagnes d'or que certains pouvaient se l'imaginer. La pierre et l'ivoire étaient les seules décorations des sarcophages, accompagnées de nombreuses sculptures de ce qui semblaient être différents types de dragons. Au pieds de celles-ci de nombreux petits objets, de différentes tailles : Des bols et couverts, statuettes (dont une en particulier), tablettes gravées pouvant permettre de s'imaginer les anciens rites funéraires de la civilisation. Laissaient-ils de la nourriture à leurs morts pour leur rendre hommage ?

Mais l'observation fut coupée par le côté macabre. Des corps partout, quasiment tous momifiés et dans un état de conservation quasi parfait. Ils avaient été privés d'air pendant des millénaires, laissés dans leur repos éternel jusqu'à aujourd'hui ou l'air circulait maintenant de nouveau entre leurs carcasses desséchées, air qui allait les dégrader très rapidement... Certains des corps étaient regroupés, un peu comme si des familles s'étaient réfugiés là pendant le siège, d'autres isolés, certains portant une armure ou tenant une lance qui les maintenait accroupis, un peu comme s'ils étaient endormis et n'attendaient que de se réveiller... De leur vivant ils avaient du s'installer là une dernière fois, à distance respectable des tombes, avant que celle-ci ne deviennent la leur.

(Des Mps vont arriver dans les boites des derniers participants, ceux que j'ai oublié... Et bien... Désolé x))

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Ombre fugace
Maître de ton destin

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Toute une agitation c'était formé et Adlaenne avait de plus en plus de mal à suivre. Tout ce beau monde grappillait de partout, formant un beau bazar en somme. La chaleur était accablante et suivre les érudits devenait compliqué lorsqu'on n'avait pas l'habitude de se promener sous de telles chaleurs...
Adlaenne restait plutôt silencieuse, s’affairant aux tâches qu'on lui confiait. Elle ne souhaitait pas gaspiller sa salive pour discuter. Elle ne se permettait que quelques civilités le soir venu, partageant quelques conversations de-ci de-là. Rien de plus.

Et puis les journées recommençaient, emplis de chaleurs, de poussières et de fouilles qui ne semblaient mener à rien. Ou du moins, pas aux résultats escomptés. La jeune fille marquait dans son calepin tout ce qui pouvait lui sembler important afin de le rapporter plus tard à "Monsieur Altiom".

Ce jour là... Un mercenaire avait fait des siennes. Le fracas de la colonne tombant sur le sol avait fait sursauter Adlaenne. Elle mit une main sur son cœur, par pur réflexe, se retournant vivement vers le coupable, le regardant bizarrement. Plusieurs émotions lui traversèrent le corps. N'était-il pas blessé ? Etait-il idiot comme ses pieds pour avoir agi de la sorte ? Allait-il mourir sous les réprimandes des érudits ? Avait-il conscience de ses actes ?

Mais dans son malheur, l'homme semblait avoir de la chance. Tandis que les gens s'activaient pour mettre en place un système qui lui paraissait complexe pour descendre dans ... Un trou peu accueillant, Adlaenne fixait toujours le mercenaire, ce demandant ce qu'il se serait passé dans un cas contraire...

Une fois leur système installé, des gens commencèrent à descendre... Et puis vint le tour de la messagère. Elle n'était pas rassurée mais, on ne lui laissait pas vraiment le choix. Elle monta dans la machine et s'accrochait fortement aux cordages tandis qu'on la faisait descendre.
Le changement d'air était étrange, et l'endroit ne lui plaisait pas. Une ambiance morbide circulait clairement dans ce lieu. N'était-elle pas encore arriver en bas que déjà elle avait aperçu des corps dans un état... qu'elle ne savait pas décrire.

Elle ne lâcha le cordage qu'une fois la machine au sol. Elle s'avança ensuite vers le reste du groupe. Déjà les érudits donnaient leurs ordres et leurs indications. Adlaenne n'avait tout de suite compris sa mission, bien trop horrifié devant les corps. L'érudit paraissait agacé devant sa légère déconcentration. Elle ne lui répondit qu'en fronçant les sourcils et s'attela à son travail.

L'avantage dans cette histoire, c'est que sa zone de travail était bien loin des corps, ce qui n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire.
L'air lui semblait pourtant bizarre ici et elle ne se sentait pas forcément au mieux de sa forme. Elle mit le tout sur l'ambiance du lieu qui décidément ne lui plaisait vraiment pas.
Elle s'avançait doucement vers les objets à prendre avec précautions, balayant l'ensemble des yeux. Des objets plus ou moins précieux sans doute, mais surtout poussiéreux ça c'était une certitude.
En balayant la zone du regard, ses yeux s'étaient stoppé plusieurs fois sur le même objet. Elle décida donc de commencer par celui-ci.

" De toute façon je dois bien commencer par quelque part ... Je vais commencer là !" Se dit-elle avec détermination.

Elle s'approcha de l'objet, de loin elle voyait une sorte de statuette. Impossible d'en savoir plus cependant. Elle enjambait des couverts de toutes sortes, ne leur prêtant pas la moindre attention. Et puis finalement, vu de près, c'était bien une statuette.

Adlaenne se mit à hauteur de l'objet, l'observant avec un sentiment étrange qui mêlait excitation de découvrir quelque chose et peur de l'abîmé. Elle commença par souffler dessus, retirant déjà pas mal de poussière. C'était un dragon sur une pierre ronde. Il y avait des petits détails un peu partout. Une belle pièce sans doute.

La jeune fille se redressa et sans hésitation, prit l'objet avec ses deux mains.
Elle ne mit pas longtemps à regretter son geste. L'objet devait, à toute évidence, être trop lourd pour elle. Elle se sentait soudain très faible et sa vision semblait se troubler. Elle eut à peine le temps de se sentir tombé pour avoir le réflexe de tomber sur le dos, protégeant la trouvailles entre ses mains, contre son ventre.
Ses mains lui semblaient moites mais l'objet paraissait en bon état. L'après coup de la chute était douloureux mais, elle n'eut pas vraiment le temps de la sentir, cette douleur, que déjà les ténèbres l'aspirait sans qu'elle ne puisse protester ou même lutter.

Les fouilles n'étaient pas vraiment intéressantes, taper sur des cailloux sous un soleil de plomb n'était sans doute pas les aventures qui traversaient l'esprit de chacun au moment de son engagement. Mais bon, on les payait pour ça et cela suffisait à la plupart, Neïra autant que les autres. Elle se moquait bien de ce qu'ils pouvaient déterrer ou découvrir, elle n'avait pour la plupart des choses pas le moindre idée de ce qu'elles pouvaient impliquer.
Le chantier fut pris d'une certaine excitation lorsqu'un mercenaire peu dégourdis fit chuter une colonne sur le sol. Laquelle disparût dedans. D'abord aveuglée par le nuage de poussière, Neïra écarquilla les yeux sans comprendre ce qu'il venait de se passer, avant que la forme d'un trou ne se dessine à travers le nuage. Apparemment il y avait quelque chose en dessous, et tandis que plusieurs s'affairaient à essayer d'y voir, l'ancienne esclave regarda tour à tour ses pieds, le sol et les autres colonnes d'un œil inquiet.

Finalement il fut installé un espèce de monte-charge pour permettre à plusieurs de descendre dans la nouvelle cavité. Elle fut des premiers, éclairant le chemin à l'aide d'une des torches qu'ils avaient pris la précaution d'emmener pour les fouilles. Il s'agissait visiblement d'un tombeau. Six sarcophages s'alignaient contre un mur, de nombreux objet s'entassant à leur pied. La pièce était assez grande pour que la lueurs des flammes juste descendus n'en éclaire pas les murs. Des objets métalliques accrochaient ici et là des reflets.
Il suffit à Neïra de s'avancer un peu pour découvrir les premiers corps. Visiblement un militaire, puisque son armure était encore sur ses épaules et qu'il tenait une lance en main. Sa peau était comme retroussé sur ses os, avait fondus de son visage, craquelée en maints endroits. Des orbites totalement vide semblaient fixer les sarcophages, comme en attente de quelque chose, et les doigts étaient si serrés sur la lance que lorsqu'elle voulut examiner l'arme, toute la main partit avec, laissant soudainement tomber le bras en poussière. Elle garda la lance, non sans se faire fustiger du regard par un des érudits, et fut désigner pour aller explorer le reste du tombeau.

L'endroit fut vit délimité, bien qu'au plus profond plus aucune lumière ne filtrait par la brèche qu'avait faite la colonne. Les corps étaient toujours là, majoritairement des civils au vu des vêtements qui les couvraient encore. Les étoffes avaient vieillies, semblables à des toiles d'araignées et sans doute tout aussi inflammable. Elle sentit une jambe craquer sous sa botte, et baissa les yeux sur un cadavre d'enfant qu'elle n'avait pas vus. Finalement, ils arrivèrent au bout du tombeau, devant une pierre assez grosse et que plusieurs cadavres semblaient avoir essayé de bouger, peut-être dans une dernière tentative de s'en sortir. Elle leva les yeux sur les murs, jusqu'au plafond que la lueur des torches n'atteignait pas.
Elle posa sa torche au sol, veillant à ne pas mettre le feu, ainsi que la lance récupérée. Elle détacha l'un des rubans de ses cheveux, laissant quelques mèches s'échapper et glisser devant son visage. Reprenant la torche et la lance, elle noua l'une à la hampe de l'autre, puis se servit de la longueur de la lance pour éclairer le plafond de l'endroit.

L'érudit qui était venus aussi inspecta le plafond et rendis son verdict : cela ne tiendrait pas. Il s'agissait donc d'évacuer au plus vite un maximum d'objets. Ramenant à elle sa torche et son ruban, Neïra observa un peu plus les corps, s'attardant particulièrement sur ceux des soldats. Elle fit jouer un doigt sur une armure, semblable à un gilet de métal, puis retira délicatement le heaume de son propriétaire. Sous le poids du crâne libéré, les quelques vertèbres survivantes ne firent pas le poids et le crâne roula au sol, faisant tinter l'armure au passage.
Elle haussa les épaules, et fit tourner et retourne le casque dans ses mains, en inspectant les détails. Une étrange collerette de métal sur le dessus était ornementé de quelques rares lambeaux de fibres. Elle s'amusa à le porter. Il retomba sur ses yeux, étant de toute évidence trop grand. Elle le retira et reprit en main sa torche et sa lance avant de revenir vers le groupe près du monte-charge, peut-être quelqu'un voudrait-il de ça.

    « L'Hirondelle savourait chaque seconde de cette curieuse équipée. Loin de se laisser dompter par les érudits en charge de l'expédition, elle avait su trouver son propre rôle ; elle aidait certes aux fouilles, elle n'était pas venue pour simplement regarder et ses doigts couverts de poussières ne feraient naître qu'une musique plus véritable. Elle n'était cependant pas l'élément le plus discipliné de l'aventure et très vite, elle avait pris l'habitude de n'en faire qu'à sa tête. Heureusement pour elle, elle faisait sérieusement le travail qu'on lui demandait et ses différentes prestations de danse et de flûte égayer assez la troupe pour qu'elle devînt en quelque sorte le porte-bonheur de tout le campement. On lui pardonnait d'autant plus facilement son étrange attitude qu'elle était une elfe ; son sang créait naturellement une barrière avec les humains qu'elle côtoyait.
    Elle avait tenu à accompagner Etheldred quand on avait demandé à cette dernière d'aider à récupérer les différentes tablettes et autres objets précieux de la chambre secrète, se pliant de bonne grâce à l'exercice. Après avoir perdu quelques minutes à admirer la scène parfaitement inédite pour elle, elle s'était mise à l'œuvre, s'appliquant d'autant plus sérieusement qu'elle observait minutieusement le fruit de ses « récoltes ».
    Le hasard voulut qu'elle s'éloignât progressivement d'Etheldred et se rapprochât d'une Adlaenne aussi concentrée que visiblement rebutée par sa tâche. L'Hirondelle ne la connaissait pas, du moins pas vraiment. Les deux femmes s'étaient croisées quelques fois et, l'elfe ne parlant pas, les choses en étaient restées là. La saltimbanque put néanmoins réagir rapidement quand elle vit la demoiselle s'effondrer après avoir saisi une étrange statuette — se pouvait-il que les contes ne mentissent pas et qu'il y eut réellement de ces pièges dans les sombres caveaux ? — sans un bruit ni une plainte. Abandonnant la tablette qu'elle tenait jusque là — tablette qui se brisa, mais ce n'était qu'un détail — pour se précipiter au chevet de la belle évanouie, l'Hirondelle commença par lui prendre son pouls, prenant bien garde à ne pas toucher l'étrange statuette maudite. Heureusement pour elle, elle avait eu tout le loisir d'assister à la scène et de se dire que, peut-être, les choses étaient liées. Dans le doute, Prudence était mère de Sûreté.
    Après s'être assurée que la demoiselle était encore vivante, l'elfe se saisit de sa flûte et quelques notes inquiétantes résonnèrent dans la salle obscure. Après quelques secondes qu'elle jugea suffisante, elle caressa doucement la chevelure blonde d'une main douce, forcément inquiète. »

Nakor était content. Certes cela arrivait souvent mais il était particulièrement content, il avait guidé dans les ruines, les érudits avaient acceptés l'idée qu'il en savait long sur cette cité. Ils se demandaient tous comment un humain pouvait avoir vécu aussi longtemps et sans aucun doute qu'ils mettaient cela sur le compte de la magie ou d'un métissage elfique, mais ils étaient forcément à côté de la vérité. Le magicien racontait donc ses histoires sur la cité, ses souvenirs, certains revenant au fil de ses propos alors qu'il pensait les avoir oubliés. Effectivement c'était la première fois qu'il parlait de ces ruines, dans ces ruines, à voix haute, alors cela éveillait tout son souvenir, même dans les endroits les plus enfouis de son esprit embrumé. Les jours passèrent et de con côté, amusé comme un enfant de huit ans, Nakor était souvent à même le sol, sur ses vieux genoux ou carrément allongé à fouiller le sol. Un érudit lui avait glissé

"Mais enfin Monsieur, on ne se met pas à fouiller n'importe où ... il faut d'abord ...
- Il faut d'abord quoi jeune homme? Fouiller précisément là où il y a quelque chose? Et comment faite vous pour savoir qu'il y a quelque chose si vous ne fouillez pas hein? Non mais vous me prenez pour un imbécile? Je me mets quelque part, je fouille et si je trouve quelque chose tant mieux, sinon je fouille à côté ... voilà comment on fouille fichu bon sang de nondidiou!
-Mais voyons Monsieur gardez votre calme ... inutile de cri ...
-Quoi? Je ne suis pas calme moi? Moi pas calme? Mais allez vous en!"

Puis, plus puéril on ne peut pas, Nakor se mit à jeter du sable sur le jeune érudit de soixante trois ans qui était en train de lui expliquer qu'il fallait d'abord regarder sur les plans, déduire où se trouvaient les endroits et fouiller alors. Mais submerger par un vieux timbré et du sable sur les chaussures, l'érudit fit demi tour en haussant des épaules lamentablement. Puis Nakor se remit à creuser avec ses petites mains et quelques outils. Bien évidemment, mis à part quelques très belles pierres qu'il observa pendant des heures avec Celindel, il ne trouva rien de particulier. Puis avec le temps les fouilles s'approchèrent d'un ancien lieu clé et ils finirent tous par tomber sur des inscriptions. Les érudits se concentrèrent sur leurs significations sans grande gloire, cherchant des racines de la langue dans les mots déchiffrés. Nakor décida alors de se relever et s'épousseter et de s'approcher du brouhaha ambiant. Il lit péniblement les anciennes inscriptions et dit tout haut

"Histoire écrite, dirigeant, décès, sol"

Tous les érudits se tournèrent vers lui en haussant du sourcil. Le magicien haussa les épaules et ajouta

"Mais enfin, qu'imaginiez vous? J'ai grandi ici! Je sais forcément lire et parler ma langue d'origine, réfléchissez!"

Encore un brin sous le choc, les érudits ordonnèrent de concentrer les efforts ici. Le magicien, oubliant presque que sa magie pouvait donner un coup de booste formidable aux fouille retourna prendre ses outils et s'approcha d'une colonne en train de ... bon sang, en train de tomber. Il eut à peine le temps de dire tout haut

"Mais qui a fait tomber ça?"

Qu'un immense fracas incroyable se fit entendre. Et dire qu'on avait silencieusement reproché au vieillard de faire trop de bruit. Il marmonna donc dans sa barbe, alors que ses yeux se fermaient par reflexe et qu'il se retournait pour que la poussière ne lui arrive pas dans la face mais dans le dos

"Eux ils font tomber des colonnes de pierres et moi je n'ai même pas le droit de parler à voix haute ... hum!"

Se rendait-il seulement compte de la dangerosité de la situation? Non! Puis quand les choses se calmèrent, ainsi que les insultes qui firent rire le magicien, ils découvrirent tous que cette suite d'événements avait ouvert une brèche vers une sorte de salle secrète. Les ingénieurs se mirent à l'œuvre et chacun trépignait d'impatience. De son côté Nakor gardait la tête vers le sommet de l'édifice et se frottait le menton, sous sa barbe broussailleuse. Il fit claquer sa langue et glissa à son compagnon de voyage Celindel

"Le temps nous est compté mon ami ... ces ruines, comme toute chose en ce monde, vont finir par retourner à la poussière!"

Le mouvement des colonnes anciennes avait été trop rapide et trop puissant. Bientôt, tout le reste suivrait sans doute. Ou miraculeusement, rien d'autre ne bougerait. Nakor haussa ses épaules et prit la peine de descendre dans la fosse quand cela fut permit. Il marchait calmement au milieu d'une pièce qui avait manqué d'air. Il jeta un œil aux cadavres et dit tout haut

"Sous peu, l'air sera irrespirable ici. Il était temps pour ces pauvres âmes de trouver la paix!"

Il répéta sa dernière phrase en Nisetien puis approcha d'un des tombeaux. Une image lui revint en tête, frappante de clarté, de beauté, d'une impression de grandeur. Il fit claquer son majeur et son pouce entre eux et dit à l'assemblée d'érudits

"Messieurs, vous êtes en présence de la garde impériale de Nisetis! Ca alors! Un petit contingent de gardes impériaux. Vous savez qu'ils étaient la garde rapprochée de l'empereur. Mais les gardes personnels de sa Majesté étaient fait d'une troupe plus nombreuse me semble-t-il. Etrange qu'ils soient ici avec ces corps de civil ... ils les gardaient avec eux ... des familiers peut-être? Ou juste une protection ultime face à la bataille finale qui referma les portes de ce tombeau."

Nakor planta son bâton dans le sol et prit un air pensif. Il pouvait y avoir milles explications à tout cela. Laquelle pouvait être la bonne. Un érudit donna des ordres, pendant qu'un autre surveillait l'avancée des fouilles et de la récupération. Un autre encore s'approcha du vieux fou et demanda s'il en savait plus sur les habitudes des gardes. Revenant de loin, c'est à dire des limbes de son esprit, Nakor planta un regard étrange dans celui de l'érudit et dit

"Pas vraiment non ... je n'ai jamais été attiré par la carrière militaire ... mais ... "

Puis Nakor s'approcha d'une des tombes et s'abaissa en fléchissant les genoux. Il saisit le bout de sa barbe et frotta la surface de la tombe. Un peu de poussière en parti, en délicatesse et il prit la parole, après avoir déchiffré lentement

"Le puissant protecteur bleu ... divinité bienfaitrice ... le reste est trop difficile à déchiffrer ainsi, il faudrait l'extraire et continuer.
-Quelle est cette divinité ... et ce bleu?"

Nakor hocha la tête pour confirmer qu'il pouvait répondre et se releva et attendit que d'autres érudits s'approchent, voyant que celui à ses côtés les appelait. Une fois bien entouré, Nakor parla d'une voix calme mais que chacun dans la pièce pouvait entendre

"Les marques de cette stèle me font penser aux racines religieuses du culte en place à Nisetis autrefois. On vouait un culte aux Dragons. Les religieux prétendaient que les dragons représentaient les dieux, voir étaient des dieux eux même. Des dragons réunis par couleurs, qui possédaient chacun un attribut particulier. Ici il est question du dragon bleu, lié à l'élément de l'eau, pourfendeur des mers, protecteur des accès maritime, maitre incontesté de la flotte Nisétienne. On prétendait que c'était lui qui repoussait les attaques des drows lorsque ceux ci prenaient la mer pour accéder à la capitale par voie fluviale. Le culte des dragons était fait de dragons chromatiques et de dragons métalliques. Il y avait un dragon bleu donc, maitre de l'eau, un dragon rouge, seigneur du feu, un dragon noir grand illusionniste, un dragon vert, lié la terre et un dragon blanc, relié à l'élément air. Trois types de dragons étaient reliés aux métaux : l'or qui donnait la guérison, l'argent qui assenait son jugement aux âmes des défunts et enfin le bronze maitre de la mémoire et du passé. Ces dragons étaient liés à chacun de nos cinq dieu connus pour les couleurs et à un mélange de capacités divines pour les métalliques. Le culte Nisétien possédait donc un panthéon de huit attributs absolus qui régissait les codes et la journée des ecclésiastiques. Les gens priaient les dragons plutôt que les dieux et ... "

Puis Nakor cessa de parler, il avait tenu son discours en marquant des temps de pause, comme l'aurait fait un conteur, et surtout un vieillard qui avait besoin de réunir ses souvenirs pour ne pas dire trop de bêtises. Tout cela remontait à des lustres et ce n'était que des mythes, des histoires de grands mères qui racontaient cela au coin du feu, le soir, en adressant des prières à tout va vers n'importe qui ou n'importe quoi. Mais surtout ici, Nakor avait cessé de parler car une grande quantité de poussière venait de lui tomber dessus et il leva lentement les yeux vers le plafond, permettant donc à son chapeau d'évacuer le surplus de gravillons tout en lui libérant la vue. Décidément, le chapeau, une arme incroyable dans des fouilles archéologiques. La barbe blanche se demandait donc si le plafond allait s'écrouler sur leurs têtes ou non? Il était prêt à réagir au quart de tour, car il ne désirait absolument pas perdre la vie ici, dans les ruines de la cité qui l'avait vu naitre. Il avait encore trop de choses à faire ici dans le monde des vivants pour rejoindre cette garce de mort! Qu'allait-il donc se passer. Il allait vite le savoir.

Les Érudits supervisaient l'évacuation des découvertes archéologiques, et prenaient des notes sur les lieux, les tenues des momies et leur position mortuaire pour déterminer comment ils étaient morts mais surtout comment ils avaient vécu leurs derniers moment, pour déterminer la différence culturelle qu'il y avait entre ces morts et les humains de la péninsule.

Si seulement ils avaient pu travailler tranquille sans que ces foutus mercenaires ne fassent encore des leurs ? L'une d'elle alla jusqu'à détruire trois des précieuses momies sans aucune autre raison que sa curiosité personnelle ou par jeu quand elle prit un des casques. Oh, ça ne serait pas apprécié et certainement qu'elle en paierait le prix quand l'érudit le plus proche lui fit comprendre sa façon de penser !

"Non mais vous êtes complètement folle ?! Vous détruisez exactement ce pour quoi on est venu ! Je ne veux plus vous voir sur les lieux de découvertes ! Par contre creuser, vous allez le faire ! Et si vous recommencez, c'est votre prime qui partira en poussière à l'image de ce que vous êtes en train de faire !" Il était rouge de colère ! Des résultats de jours de recherches saccagés par une inconsciente ! Surtout envers les corps les moins nombreux ! "Sortez d'ici ! Et si je vous vois recommencer, vous partirez par le prochain bateau !" Il lui arracha d'ailleurs le casque des mains par la même occasion.

Il fit signe aux deux autres gros bras qui les avaient accompagné pour faire le tour, pour qu'ils la sortent de là, sous le regard accusateur d'une majeure partie de l'assemblée, si bien que la perte de conscience de la messagère passa quasi inaperçu dans un premier temps, car le spectacle donné par l'inconsciente fût suivis par le vieux fou et son cinéma. Racontant ce qu'était ce lieu, visiblement de culte ou s'étaient réfugié le reste de la garde impériale et des civils proche des tombes des protecteurs de la cité. Un des érudits se mit immédiatement à travailler sur la tombe, pour commencer à la nettoyer et essayer d'obtenir des empreintes de la tombe. Un second s'approcha de la dalle derrière le sarcophage, pour voir à quoi elle pouvait servir.

"Une fois terminé avec les objets et l'étude des corps, nous ouvrirons une de ces grandes dalles."

Les plans étaient scellés, et se dérouleraient ainsi, jusqu'à ce que e son de flute finisse par attirer l'attention : Une des pauvres femmes avait perdu conscience lors du début des fouilles. Certainement un malaise pour avoir respiré cet air poussiéreux et malsain, additionné par la vue de cadavres dans un état plutôt effrayant. En tout cas c'est la théorie qu'eut l'érudit qui s'était approché. Elle fut évacuée immédiatement en compagnie de la mercenaire brutale et d'Etheldred pour qu'elles s'occupent de leur camarade.

[...]

Même après les découvertes, le travail était toujours aussi ennuyeux. Les mains délicates furent utilisées pour prendre soin des objets, les numéroter et les ranger soigneusement pour les renvoyer avec le prochain navire, deux semaines plus tard.

Cinq jours se passèrent ainsi, les soirées étaient beaucoup plus animées, les érudits expliquant ce qu'ils avaient trouvé et les théorie du tombeau et des momies dès le second jour.

"Les corps se sont desséchés en l'absence de lumière et d'air. Ces pauvres bougres sont morts asphyxiés et dans le noir. Les feux qu'ils ont fait pour s’éclairer ne les ont pas aidé à s'en sortir. Ils devaient avoir beaucoup d'espoir en leurs dieux mineurs et surtout envers les soldats qui les avaient protégés." un autre Érudit surenchérit. "D'ailleurs, l'un deux est mort suite à des blessures de combat. Nous l'avons retrouvé plus loin dans le tombeau, allongé parmi d'autres corps, certainement les premiers à être morts." un troisième reprit. "J'ai trouvé que les momies venaient de divers horizons, certains avaient des petits objets sculptés en ivoire, en forme de dragons, d'autres des statuettes représentant les cinq. Il y avait des nobles mais aussi des paysans, pauvres bougres..."

Le troisième jour, c'était au tour des tombeaux.

"Notre "guide" avait bien raison, les tombeaux sont ceux des protecteurs de la cité, morts au combat il y a près de 1000 ans. Les écrits racontent leur histoire, comme les maitres des dragons qui protégeaient la cité. De jolies images pour dire qu'il s'agissait d'excellents généraux d'armée, car c'était visiblement ce qu'ils étaient aux gravures, toujours à la tête de régiments entiers. Ils ont été certainement liés aux divinités de par leurs exploits. Il me faudrait plus de temps pour traduire les textes..."

Les érudits s'étaient entendus sur cette théorie, qui était la plus probable. La plupart des gravures étaient trop abimées pour révéler plus, et seule l'ouverture des dalles gigantesques pouvaient donner des résultats. Qu'est-ce qu'il pouvait y avoir derrière ?

Le quatrième, la signification des objets remontés, par deux des érudits qui avait passés leur temps à les étudier, en commençant par nettoyer un objet de chaque type avant de s'attarder vers les autres. Il parait au plus urgent, il avait encore des mois de travail pour déterminer toutes les significations et tous les restaurer.

"Je pense qu'ils ornaient les tombes des objets ayant appartenu aux personnes, on retrouve beaucoup de tissus et de jeux qu'ils semblaient apprécier, à base de statuettes sur une sorte de plateau décoré. Il y a aussi énormément de couverts, un peu comme s'ils accompagnaient l'honneur aux morts par de la nourriture, que nous avons retrouvé dans les récipients. Certainement les dernières offrandes des malheureux enfermés avec eux..." Un des Érudits enchaina. "J'ai étudié la sculpture que vitre amie tenait quand elle a perdu connaissance, je pense que c'est un symbole signifiant la renaissance, sa position est caractéristique de ce genre d'objet."

En bref, que des généralités et rien de bien probant. De toute manière ils n'avaient pas le matériel ici pour tout étudier, et après tout ils avaient déjà trouvé beaucoup !

Le cinquième jour, les recherches avaient continué. Les érudits étaient persuadés de leurs découverte et surtout du sens de celles-ci n'écoutant plus le vieux fou de Nakor raconter ses histoires. Certes, il avait eut raison sur certains points, mais il en avait certainement inventé la plupart. Et pour cause ! Il ne pouvait pas être né !

Ce fût le réveil de la messagère qui fut le seul évènement marquant... Elle avait été allongée dans une des tentes, et la l'herboriste du groupe s'était occupée d'elle pendant les jours ou elle était restée là, l'hydratant du mieux qu'elle pouvait. Son réveil fut une sorte de soulagement pour le campement.

(Des Mps sont en route !
N'hésitez pas à faire passer quelques jours supplémentaires, si vous le souhaitez.)

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

L'un des érudits fit un scandale du apparemment inacceptable comportement de Neïra, se plaignit qu'elle détruisait les momies, attirant par là-même l'attention de ceux alentours, les mercenaires rigolant, autant de la réaction de l'érudit que du savon que se prenait Neïra. Celle-ci se contenta de lever les yeux au ciel et d'attendre la fin de la diatribe interminable.

-Et comment vous comptiez observer le casque sans le retirer ?

Il ne répondit rien, se contentant de la fulminer du regard avant de jongler avec le casque, qu'elle lui avait négligemment jeté dans les mains avant de quitter les lieux, pas mécontente de retrouver l'air libre et de quitter les cadavres. Que les séniles jouent les nécrophiles si le cœur leur en disait, elle serait tout autant payée à casser des cailloux en surface et ne risquerait pas de se prendre de la caillasse sur la tête.
Elle accorda juste un dernier regard à l'imposante plaque de pierre, vers laquelle était tournée la première momie. Elle remarqua qu'elle tenait toujours la lance, sans que l'un de ses vieillards empotés n'ait semblé le remarquer. Elle haussa les épaules et décida qu'elle irait peut-être la rendre le soir.

Les jours suivants furent riches en platitudes. Elle creusait la majorité de la journée et jouait au dé ou aux cartes avec certains mercenaires le soir venus. Parfois lorsque la brise nocturne le permettait, ils faisaient un ou deux duels amicaux, histoire de ne pas totalement se reposer. Si les érudits étaient studieux, les mercenaires s'en fichaient éperdument pour la plupart, et préféraient échanger leurs histoires respectives ou les rumeurs qui ne faisaient que croître depuis leur arrivée dans ces ruines.
Certains évoquaient d'étranges ombres, d'autres des bruits lointains. L'un d'eux dit même avoir aperçus une silhouette féminine bondir de pierre en pierre, un soir qu'il s'était éloigner pour aller pisser. Tout le monde éclata de rire et l'on offrit à boire au rêveur. Beaucoup moins enjouées étaient les discussions sur les jours qu'ils leur restaient à faire, heureusement qu'il leur restait la récompense pour se concentrer dessus.

Neïra dormait la plupart du temps aussi mal que son premier jour, et ne cessait d'être intriguée par ces grandes dalles qu'elle avait vus dans le tombeau. Un soir, elle laissa là les mercenaires et rejoignit le chantier. Lequel n'était pas abandonné mais bien gardé par un mercenaire, relevé toutes les deux heures. En la voyant approché il fut d'abord tendus, puis se repris.

-Je viens te relever.
-Déjà ? Et puis, tu devais pas ne plus t'approcher des objets ?
-Les objets sont dedans, et tu montes la garde dehors... Tu penses vraiment que je viendrai ici si j'y était pas obligée ?
-Non, c’est vrai, admit-il.

Il se leva et s'étira avant de retourner vers le campement, sifflotant un air joyeux. Lorsqu'elle fut seule, Neïra prit un brandon enflammé et redescendit dans la tombe. Prenant garde à ne pas marcher sur d'autres momies, bien que maintenant la plupart autour de l'entrée avaient déjà été déplacées. Elle s'approcha, dans la lueur incertaine de sa torche improvisée, d'une des plaques de pierre et fit glisser sa main dessus, jusqu'au bord. Elle s'approcha au plus près pour examiner la rencontre avec le mur, essayer de voir s'il n'y avait un quelconque interstice, guettant même un courant d'air. Elle était remplis d'une curiosité infantile qui lui faisait voir des secrets là où il n'y avait sans doute rien d'autre qu'un gros mur.
Finalement elle remonta, naturellement sans rien trouver, puis monta la garde jusqu'à ce que l'on vienne la relever. Elle regagna sa tente et essaya d'y trouver le sommeil, sa main revenant sur la lance qui avait trouvé une place de choix au sol, cachée sous quelques affaires.

Le lendemain reprit sa routine, interrompus par le réveil de la messagère tombée dans le coma, au grand soulagement de tous ceux qui parlaient de malédiction lorsqu'ils étaient certains qu'on ne pouvait pas les entendre.

Les premiers jours de fouilles furent quelque peu ennuyeux et routiniers. De temps en temps des débris et des petites babioles complétement abimées étaient sortis du sable et faisaient le bonheur des érudits. Le plus souvent c’était des os, généralement brisés, mais parfois très bien conservés par le sable. Si les restes du cadavre étaient à peu près rassemblés au même endroit, pas trop déplacés par le sable, on trouvait généralement un ou plusieurs objets métalliques –un bouton, un outil, un pointe d’arme, éventuellement un morceau de bijou corrodé- et des restes de fibres de vêtements alentour en fouillant bien. Il y avait également quelques morceaux de pierres portant des inscriptions effacées, des restes de frontons de bâtiments souvent qui indiquait aux érudits des points de repères pour où concentrer les recherches.

Il faisait chaud, très chaud à travailler comme ça sous le soleil, et on se desséchait vite avec le sable, il fallait donc faire des pauses régulières et boire beaucoup. Heureusement, il y avait un fleuve à proximité et un groupe avait été chargé de s’occuper du ravitaillement en eau. Les soirs étaient frais et on les passait autour du feu avec un bouillon. Ils n’avaient pas embarqué un cuisinier d’exception, ou bien ils n’avaient pris que des ingrédients et des ustensiles ne permettant pas une grande liberté de cuisine car au bout de trois jours des mêmes repas, il y avait de quoi se demander. Mais bon, un mercenaire –voire un assassin- qui a l’habitude de manger ce qu’il peut et quand il peut, ne devait pas avoir trop à se plaindre de cette situation régulière.

Les jours passaient et il était étrange que les deux groupes –Leliande/Thaar– ne se soient pas encore repérés ni croisés. Toutefois, l’ancienne capitale était très vaste, probablement plus que Diantra et ses basses-villes, et les ruines s’étendaient ainsi sur des kilomètres de sable. Ils devaient donc se trouver à bonne distance pour que même que la lueur des feux de camp ne soit pas repérée sous les nuits si claires et étoilées, non perturbées par la lueur habituelle des lampions dans les villes.

La routine changea brusquement lorsqu’un lourdaud s’adossa lourdement à une colonne après avoir creusé juste devant à grandes pelletés. Un craquement se fit entendre suivit par un déplacement d’air et un tremblement : la colonne était en train de tomber juste sur le groupe de Larme pourpre. Au cri d’alerte, tout le monde se précipita hors du champ, Robin et Tom entrainant et Lerab qui était un peu lent, et Aï qui bondit avec réflexe et aisance à couvert. Il y eu un grand choc plein de sable et de poussière, des craquements, un tremblement, mais heureusement, aucune victime. La colonne s’était brisée en morceau en heurtant sous le sable le toit d’une chambre enterrée, prouvant ainsi que la ville avait été non seulement détruite en surface mais aussi ensevelie. Quant à savoir d’où venaient toutes ses tonnes de sable qui n’y étaient pas à l’origine de la citée, il n’y avait pas de spécialiste en géologie dans le groupe d’érudit pour l’expliquer, et puis cela importait peu en réalité.

Devant la profondeur et la fragilité des lieux, on installa tout un mécanisme avec des poutres et des poulies pour permettre de descendre en douceur et sécurité sans avoir à s’agripper aux parois. Les mercenaires les plus fins et légers, (les filles) furent envoyer en premier pour vérifier la sécurité puis commencer à explorer. Aï et une autre mercenaire furent des premières donc. L’endroit apparut immédiatement comme une sorte de grand mausolée devenu la tombe pour des gens qui s’y étaient réfugié et s’y étaient retrouvés piégés, enfermés vivants. La voute était très haute mais clairement fragilisée, notamment à cause de la brèche formée par la chute de la colonne. Les ordres furent donc de remonter le plus de chose en un minimum de temps. Le problème était de savoir ce qui était le plus important aux yeux des érudits, car lorsque la mercenaire nommée Neïra attrapa d’abord une lance dans une main momifiée puis un vieux casque aux belles décorations sur le crane de cadavres, ces derniers s’effritèrent comme s’ils n’étaient composés que de poussière agglutinée ce qui ne plus absolument pas à l’érudit qui les accompagnait. . Larme pourpre dit donc preuve de grande prudence avec les corps mais en même temps de curiosité car cette momification était quelque chose d’intrigant et de nouveau. Normalement un corps est sensé se décomposée et retourner à la terre ou bien se transformer en cendre si brulé ou encore se putréfier dans l’eau mais alors cette forme sèche de décomposition était intrigante. Bref, en dehors de ce détail, il y avait également la conservations des vêtements, du moins en partie qui permettait à n’importe quel personne à l’intelligence un peu au-dessus de la moyenne de déduire la présence parmi les corps de différentes catégories de personnes : militaires, civiles, adultes et enfants, riches aux belles parures et pauvres aux fibres simples.

Tandis que les érudits se concentraient sur les tombeaux et les inscriptions, avec le vieux mage racontant des histoires sur des dieux dragons, une jeune femme s’évanouit probablement à cause de l’air vicié, et Larme pourpre et Neïra continuaient d’aller plus profond. Il y avait une lourde porte en bois éventrée, ainsi que d’autres corps et quantités de grosses pierres l’ayant condamnée la voie. L’attitude des corps montrait que certains avaient tentés dans un dernier espoir de dégager la sortie.

La salle était vraiment grande, il y avait de quoi faire, mais il fallait agir avec prudence car la voute risquait de s’effondrer à tout moment. Régulièrement, du sable et des gravillons en tombaient. On remonta tout ce qu’on put de petits objets trouvés à proximité des corps mais on évita de toucher à ses derniers, les érudits les étudiants sous toutes les coutures en prenant des notes. On emporta des pierres inscrites ou si elles étaient impossible à emporter, inscrites sur un mur par exemple, les érudits tentèrent de les décalquer sur du précieux papier avec un fusain grâce au relief. Il semblait y avoir des fresques sur les murs mais il n’y avait pas assez de temps pour les étudier correctement. Les érudits prirent un maximum de note tandis que les mains délicates récoltaient les reliques et autres artefacts et que les gros bras remontaient les pièces dans des paniers via la corde sur poulie. On évacua avant la tombée de la nuit lorsque la voute émit un bruit un peu trop suspect puis on planta une torche à l’entrée de la crevasse et désigna quelques gardes.

Les jours suivants furent concentrés sur le tri et l’étiquetage des pièces dans des caisses remplies de foin. Malgré la routine pour les mercenaires, L’ambiance était très bonne et les soirées remplies d’anecdotes et d’histoires mystérieuses de visions de fantômes ou autres hallucinations probablement dues à la chaleur ou à la fatigue. Toute même, cette histoire de femme bondissant de pierre en pierre devrait être à vérifier, on ne savait jamais que ce soit une éclaireuse du groupe de Thaar ou au pire : d’un groupe de Drows...

En dehors des coups de soleil, des ecchymoses et autres écorchures, la longue perte de connaissance de la jeune fut le seul intrigant incident qui finit par se régler lorsqu’elle se réveilla enfin. A part la déshydratation, la fatigue et le manque d’air, on ne sait pas vraiment ce qui la fait dormir si longtemps. Peut-être était-elle de faible constitution ? Une erreur de jugement de la part du Capitaine avec sa technique d’observation des mains ?...

Les fouilles progressaient donc, des théories furent élaborées par les érudits et l’arrivée du ravitaillement approchait. Qui sait si tout continuerait de bien se passer ou si un évènement imprévu allait transformer l’expédition en cauchemar ? … Car pour le moment heureusement, ni Drow, ni monstre sanguinaire, ni fantôme enragé… Juste des soucis avec les navires mais bon, passe encore Wink

...

Tout ce noir était effrayant.
La jeune fille se sentait mal, sa vision était loin d'être nette et elle avançait, déambulait dans les ruines sans vraiment savoir où elle allait et ce qu'elle cherchait. Ses pieds la guidaient sans que la tête ordonne.
Elle ne fit que des découvertes macabres. Beaucoup trop de morts, humains pour la plupart. Elle tentait de se cacher derrière une de ces grandes colonnes qu'avait fait tomber le mercenaire afin d'échapper à ces visions horribles, mais tout réapparaissait devant elle sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Elle se senti tomber à nouveau.
Il y avait des meurtres causés par d'autres humains, par des drows, du sang en masse un peu partout, des brulés par un dragon rouge qui était effrayant. Trop effrayant. Adlaenne, qui avait trouvé la force de se relever, couru le plus vite possible pour se cacher. Elle était bien consciente que sa vitesse était anormalement lente. Néanmoins elle ne savait l'expliquer.

Et puis finalement, elle avait fini par retourner à l'intérieur des ruines, ne souhaitant plus voir les morts et l'immense dragon rouge. Mais ce ne fut qu'un court répit car déjà elle entendait un curieux bruit venant de derrière elle.
Elle ne put retenir un cri lorsqu'elle vit les momies qu'elle avait vu plutôt cherchait à l'attraper. Elle recula tant qu'elle pu, mais les monstres en lambeaux venaient de toutes part et finirent par l'attraper. Leurs mains n'étaient qu'os et leurs prisent n'en étaient que plus douloureuses. Adlaenne criait, hurlait, mais personne ne semblait l'entendre.
Elle fut plaquée contre une table en pierre, froide et d'autres momies vinrent lui prendre son énergie, la desséchant totalement. L'air venait peu à peu à lui manquer et ses cris n'y changeait strictement rien.

La jeune messagère prit soudain une énorme bouffée d'air. Pouvoir reprendre sa respiration et en avoir conscience était très étrange, comme nouveau.
Elle ouvrit les yeux, doucement.
Elle reconnue l'intérieur des tentes. Cette couleur qu'elle n'avait jamais vu autre part que sur ces toiles de l'expédition... L'expédition ! Les fouilles ! Les recherches ! La statuette !
Elle tenta de se lever. Impossible. Sa tête semblait énorme et lourde à souhait. Et ses muscles paraissent tout engourdi. Sa bouche était pâteuse. Elle commença par bouger les doigts. C'était étrange. Comme si elle était restée là pendant plusieurs années, pétrifiée.
Elle faisait de petits mouvements, soulevant ses bras petits à petit, comme pour réapprendre à bouger.
Elle se souvenait parfaitement de ces horribles cauchemars qui l'avaient hanté et qui lui avait semblé paraitre une éternité.

Elle sortie de la tente lentement, d'abord aveuglé par la lumière du soleil. Ce ne fut que dehors, lorsque tout le monde tourna un regard vers elle, que la jeune messagère se fit la réflexion que peut-être avait elle dormit plus qu'un temps respectable. On vint rapidement à sa rencontre, s'assurer qu'elle allait bien, et puis finalement, ce fut le choc. Elle avait donc dormi cinq jours !

Elle n'en revenait pas elle-même... Et ne savait pas non plus d'où avait pu venir cette perte de conscience. Fatigue, chaleur, changement de température, air irrespirable, objet maudit... Tout le monde avait sa version sans vraiment que la jeune fille sache vraiment qui disait vrai...

Nakor avait été mis à l'écart des fouilles. Les érudits refusaient de croire ce qu'il racontait, tout simplement parce qu'ils ne pouvaient pas accepter qu'il était aussi vieux qu'il le prétendait. Cela avait finit par énerver Nakor mais il resta tout de même dans le camp. En effet, il n'avait pas fouillé ces ruines de ce côté là, même s'il vivait dans la région depuis fort longtemps. Et si jamais on découvrait des choses intéressantes sur les grands lézards légendaires qui étaient censés vivre là autrefois. C'est donc en marmonnant dans sa barbe qu'il remonta à l'air libre

"Bon et bien puisqu'on ne me croit pas alors que j'ai amené tout le monde ici, et bien je vais aller prendre l'air!"

Puis le magicien sortit difficilement de ce tombeau infernal et rempli de poussière. Il entendit alors parler d'une jeune femme qui était sous le coup d'une malédiction. Le vieux fou ouvrit de grands yeux et attrapa quelqu'un en lui demandant où il pouvait trouver la maudite. Il arriva alors sous la tente où il retrouva la jeune Etheldred. Il la salua et lui posa une simple question

"Comment va-t-elle?"

Nakor la reconnu, c'était la jeune fille qui lui avait demandé des explications sur la disparition de la cité antique de Nisetis. Il posa sa main doucement sur son front sans rien déceler. Il déploya ensuite une aura de magie autour de la jeune femme, afin de vérifier si quelque chose allait ou n'allait pas. Non, il n'y avait aucune perturbation particulière. La barbe blanche fronça des sourcils et demanda à voir l'objet en question. Personne n'accepta de lui répondre, chacun faisant de son visage l'expression personnifié de la terreur. Nakor poussa un long soupir en disant tout haut

"Non mais je rêve! On refuse de montrer un éventuel objet magique à un magicien? On préfère croire en une malédiction idiote comme si, le simple fait d'en parler, la rendait vivace et opérante! Non mais je suis en plein rêve! Celindel, réveille-moi s'il te plait. Celindel? Jamais là quand on a besoin de lui!"

Puis continuant à marmonner il chercha de son propre chef, l'objet en question. Au bout d'une longue heure de recherche, il trouva enfin ce qu'il voulait et s'arrêta à une bonne distance. De nombreuses personnes regardèrent avec appréhension dans la direction du magicien. Ils avaient peut-être peur que quelque chose se réveille. Nakor tendit la main, paume ouverte, à une dizaine de pas de la statuette. Il projeta alors un filet de magie et déploya son aura, afin de sentir s'il y avait la moindre émanation énergétique, maléfique ou non. Et voilà donc ce qu'il découvrit. Il hurla presque

"Hoooo mais par les dieux!"

Le monde autour de lui trembla de peur, il se mit à avancer, attrapa avec vivacité la statuette et se mit à trembler en tirant la langue. La malédiction surpuissante s'attaquait au vieux fou. C'était donc vrai, une puissante et ancienne magie était là, bannissant de ce monde ceux qui s'approchaient. Mais soudain, Nakor arrêta ses simagrées et reposa la statuette. Il dit à tout le monde, dans un effet de cape et de robe

"Cet objet ne recèle aucune magie, aucune malédiction, ce n'est qu'un très vieil objet de décoration, vide de toute malice. Ne soyez pas trop crédule."

Puis il retourna sous la tente pour aider Etheldred et veiller la jeune femme. Les jours passèrent et elle finit par se réveiller et sortir de sa tente au moment où personne n'était dedans. Nakor s'en rendit compte et approcha, avec son bâton à la main, en finissant par demander

"Et bien ma chère enfant, vous avez longuement dormi ... émotion forte sans doute. En tout cas, n'écoutez pas ce que disent les superstitieux : aucune malédiction ne plane sur vous, aucune magie chaotique, juste beaucoup de soleil, des cadavres et de la poussière! Vous pouvez me faire confiance."

Le magicien resta donc là, ses mains croisées sur son bâton, un doux sourire sur les lèvres. Pendant ce temps, les érudits continuaient leurs fouilles et avançaient parfois de drôles d’idées. Mais le vieux timbré garda ses avis pour lui-même.

« Mal à la tête. »

Pourquoi n'existait-il pas un ustensile capable d'atténuer l'impact du soleil ? Non pas que la chaleur dérangeait le vieil Elfe, non...mais plutôt son éclat pur, transcendant toute chose au-delà des étendues ravagées et désertiques que constituaient les restes de Nisétis.
Nisétis ! Des ruines et du sable, voilà toute l'esquisse qui se dressait devant les explorateurs, vestiges d'une cité jadis crainte et respectée, adulée ou haïe...Un carrefour souterrain d'histoire, de savoir et de secrets, semblant caché par quelques résidus de murs. On avait l'impression de pouvoir y découvrir quelque puissance ne serait-ce qu'en pénétrant dans ce qui certainement était une maison. La mort avait fait main basse sur l'ancienne cité, désormais désolée et dénuée de vie, recouverte d'un sable homogène, et de quelques végétaux coutumiers des terres arides s'étant lancé à l'assaut des quelques amoncèlements de pierre. Combien de temps avait passé depuis leur arrivée ? Celindel n'en avait aucune idée, et n'en avait cure. On l'avait transporté inconscient, après que sa tête eût épouser les lattes de bois d'un tonneau de vin. Puis réveillé, le vieil Elfe n'avait pas quitté Nakor. Les deux mages semblaient être les seuls aventuriers détenteurs de pouvoirs, bien que ceux de l'Humain dépassait grandement les siens. Il n'y avait rien à redire : L'Elfe était satisfait du déroulement des événements, d'autant plus qu'il se trouvait en présence de quelqu'un détenteur d'un grand savoir sur les lieux.

Alors que le vieil Homme semblait discuter avec une jolie jeune sang de son espèce, Celindel s'approcha, foulant le sable à l'orée de l'angle de la tente, apparaissant dans une robe fine couleur boisée, mains croisées derrière son dos. Il esquissa quelques pas vers Nakor, qui ne l'avait pas encore vu, et sans nul désir de paraître discret, l'Elfe plaça vigoureusement sa main sur l'épaule de son confrère et ami.

« Je te salue, vieillard. Quelles nouvelles ? »

[hrp : Ce post d'Entité fait suite à ce qui a été posté sur le sujet de Thaar]

Le réveil et les discussions qui y étaient liées occupèrent la majorité de la soirée, jusqu'à la reprise du train-train quotidien le lendemain matin : Récupération d'artefact, évacuation de ceux-ci du lieu de fouille et étude. L'étude des dalles avait commencé, il fallait maintenant s'occuper de ce qui ne pouvait être déplacé et pourquoi pas ouvrir les premiers tombeaux. Les premières traductions tombaient, plutôt maladroites surtout qu'il fallait en faire une interprétation pour coller au mieux aux textes qui servaient de bases sur les connaissances des Nisetiens. Était-ce donc les tombes des fameux "dracennes" qui gouvernaient Nisetis ? Ou encore d'autre chose ? Ou simplement était-ce deux traductions différentes pour la même signification ? Des questions dont les réponses n'étaient pas si faciles à trouver surtout quand l'on passe son temps à se contredire au lieu de travailler ensemble.

Une première tombe fût finalement ouverte, mais avec énormément de difficulté. Certains des Érudits étant mages, leurs pouvoirs avaient pu les aider pour desceller l'immense dalle qui protéger le corps d'un des Nisetiens enterrés ici et qui devaient être considérés comme des sortes de divinités ou d'ancêtres puissants qui pouvaient protéger le peuple par delà la mort. Malheureusement ils n'eurent pas pas le temps d'exploiter la découverte, ni même celui d'observer le corps avec plus de détails que cela, car une magie était à l’œuvre : Un grondement sourd ébranla les fondations de l’édifice, la terre elle-même trembla. Les quelques colonnes qui tenaient encore debout s’abattirent avec fracas, emportant avec elles le reste de toiture qu’elles soutenaient. Le sol lui aussi s’écroula par endroits, soulevant de grands nuages de poussière.

Le choc finit par faire s'effondrer le reste de la toiture du tombeau sous terrain, ayant eut le temps de se préparer la plupart des personnes eurent le temps de se protéger quelque peu, évitant de se retrouver piégé par l'effondrement de ce qui leur servait de sol. Malheureusement ce ne fut pas le cas de tous et certains chutèrent.

L'évènement déclencha un une agitation sans précédant, ceux qui n'étaient pas pris dans l'éboulement se précipitèrent sur les lieux, seule Adlaenne qui était encore considérée comme trop faible fur laissée en compagnie d'un garde pour la surveiller.

Le constat était accablant : il y avait plusieurs blessés, dont les érudits qui étudiaient les ruines. Heureusement pour eux ils avaient prévu l'effondrement et les pouvoirs des personnes présentes purent aider à limiter les dégâts ce qui n'empêcha pas de prendre la vie de l'un d'eux et d'un des mercenaires l'accompagnant. Il n'y eut qu'un blessé grave avec une fracture à la jambe et une vilaine blessure à la tête qui lui avait fait perdre connaissance alors que le sol se dérobait sous ses pieds. Le reste se comptait en bleus et autres coups plus impressionnants à voir qu'à soigner, tels que des saignements liés aux débris qu'ils s'étaient pris sur la tête

Quant à nos archéologues en herbe ? C'était avant tout la magie de Nakor qui avait permis d'épargner la vie de ceux qui étaient enfouis, et mis à part quelques érudits l'on pouvait également compter "Larme Pourpre" connu sous un autre nom avec ses acolytes, totalisant le nombre de personne à 7.

Il faudrait une bonne semaine pour dégager tout à la main et seule la magie pourrait augmenter les chances de survie de nos ensevelis.

La panique fut telle que le pillage rapide de nos Drows passa inaperçue, et que les seules preuves pouvant être obtenues étaient simplement le mercenaire - qui menaçait déjà se se barrer avec des objets précieux - qui avait mis ses menaces à exécution.

[Hrp : Ceux dont ce n'est pas précisé, vous êtes à l'extérieur de l'éboulis et êtes mobilisés pour dégager, plus ou moins volontairement, car les pertes se comptent pas seulement en hommes, mais aussi en argent perdu !
Pour les mages les plus puissants (Nakor inclu), vous avez pu ressentir l'utilisation de la magie.]

_________________

Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

Une grande tape sur l'épaule, une main qui reste sur le vieillard et une voix chaleureuse qui se fait entendre. C'était Celindel évidemment, son ami elfe, celui avec qui il avait de grands projets. Bien sur il fit irruption sans prévenir et le magicien fit bondir sa tête pour voir et vérifier qui avait bien osé faire cela. Il fit la grimace et ajouta

"Moi, un vieillard? Et toi alors qu'es-tu? Une momie sans doute!"

Celindel de Delebrimir était un elfe d'un âge avancé même si cela n'avait rien de particulier, il était donc plus vieux que Nakor, mais proportionnellement à la normalité de chacune des races, la barbe blanche était la plus vieille chose qui soit! Puis se mettant à rire comme un enfant, il continua

"Quoi qu'il en soit, je viens de lever un mystère sur une possible malédiction idiote qui aurait pu se propager naïvement dans le campement. Accessoirement j'ai agacé les érudits qui ne voulaient plus de moi en bas pour aujourd'hui. Mais je suis le seul à vraiment parler le Nisétien ici, alors il faudra bien que j'y retourne. Je discutais donc avec cette jeune fille qui a sans doute eu du mal à supporter l'air vicié, l'excès de soleil et les cadavres de cette zone de fouille, tout ce qu'il y a de plus naturel ne trouves-tu pas Celindel?"

La discussion continua son train et les fouilles aussi. Le sorcier ne pouvant pas résister, il retourna là dessous, l'air avait prit une nouvelle fraicheur et c'était un peu plus respirable en bas. Il aida donc en restant le plus gentil possible, les érudits. Il avait pourtant une violente envie d'en frapper quelques uns, voir d'envoyer une bonne quantité de foudre dans la tête du plus ennuyant de tous. Mais une des journées fut différente. Nakor aidait à la traduction pendant que la petite magie ridicule de certains de ses employeurs du moment était à l'œuvre. Ils avaient refusé qu'un si puissant cinglé touche les tombeaux avec sa magie. Il avait haussé les épaules en hurlant

"Hoooo et bien faite ce que vous voulez! Bande d'imbéciles heureux!"

Et alors qu'il était penché et prononçait quelques mots dans sa langue maternelle, il se redressa d'un seul coup. Les yeux grands ouverts et tourna la tête dans une direction opposé à celle des érudits magiciens à l'œuvre

"Qu'est-ce que ... ATTENTIONNNNNNNN!"

Puis sentant bien que les choses allaient mal tourner, le vieux fou, très décrié par les chercheurs, serra les poings, rabattu ses coudes contre ses côtes, concentra sa magie avec fureur et d'un seul coup balança ses mains, grandes ouvertes vers le plafond alors qu'une quantité non négligeable de roche s'abattait sur eux. S'il ne tenait pas le choc, ils allaient tous y rester. Il aurait pu ne protéger que sa petite personne, mais alors il aurait été en désaccord profond avec sa nature propre. La caverne dans laquelle il se trouvait était trop grande pour tout protéger d'un seul coup. Habituellement le vieux fou faisait essentiellement appel à la force de la nature, afin d'économiser ses propres énergies et ne pas trop forcer le monde autour de lui à se modifier pour sa petite envie du moment. Mais là, il fallait y aller plein pot. Il allait montrer ce qu'être Archimage signifiait. Pour se donner du courage il poussa un cri d'effort et déploya sa magie d'un seul bloc. Son flux de pouvoir alla se fracasser contre la roche en effondrement et créa un dôme de protection en usant des forces de la terre afin de stabiliser la chute. Il centralisa ses forces sur le milieu de l'effondrement afin que la masse se répartisse sur les côtés et forme une demi-sphère, qui permettrait de diminuer l'effort nécessaire pour maintenir tout cela en suspension. La masse se répercuta sur les pauvres épaules du magicien, qui s'affaissa quelque peu. Il allait lâcher prise, c'était trop d'un seul coup. Il ferma les yeux respira longuement et hurla encore plus fort.

"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON"

Il balança une vague de force magique autant qu'il le pouvait et tout cela s'arrêta enfin. En tout cas, cela cessa pour tout le monde sauf Nakor. La pression continuait à peser sur ses épaules mais l'inertie du mouvement premier avait été vaincue. L'ancien sorcier du roi devait maintenir son flot de magie. Mais il n'allait pas tenir longtemps. Quelques érudits se rendirent compte que c'était grâce à lui qu'ils étaient en vie et voulurent s'approcher. Il leur lança un regard de mort et dit difficilement

"Ne ... m'approchez ... pas ... vous croyez ... que c'est facile ... de tenir tout ça ... au dessus ... de sa tête?"

Nakor fut obligé de mettre un genou à terre.

"Bon sang!"

Puis il ferma les yeux et se mit à pousser un long râle grave, un bruit de gorge, exprimant son effort de concentration. Faisant appelle aux forces de la terre, puisqu'il était avant tout un élementaliste de génie, des piliers de roche partirent du sol et des côtés de la caverne. Ils frappèrent de plein fouet le plafond beaucoup plus bas et complètement effondré de l'édifice. Les forces de pression diminuèrent et Nakor se libéra d’une charge énorme. Il put alors amplifier son influence sur les piliers et déployer leur sommet. Il tira de toutes ses forces sur son énergie interne et quand il senti qu'il pouvait lâcher prise, il coupa son flux de magie et s'effondra au sol. Ses muscles étaient tétanisés et son souffle était court. Les érudits eurent pour une fois l'intelligence de laisser de l'air au pauvre vieillard et un seul s'approcha pour savoir si cela pouvait allait. Nakor confirma simplement en fermant les yeux et en hochant la tête à plusieurs reprises. Quelques minutes passèrent sans que le magicien ne puisse rien faire d'autre. Une fois son souffle reprit, il se redressa difficilement sur son fessier et resta là, assis à même le sol

"Foutu bon sang, j'ai bien cru qu'on allait tous y passer! Je suis trop vieux pour ces sottises!"

Puis regardant le plafond, il hocha doucement de la tête et ajouta

"Bien, un tout petit peu d'air entre par les interstices de ce maudit effondrement on dirait, nous n'allons sans doute pas mourir étouffés tout de suite. Mais il va falloir s'y mettre si on ne veut pas passer trop de temps sous tout ça ... la structure que j'ai mis en place tient presque par miracle ... cela ne durera pas ... quand j'aurai retrouvé un peu de mes forces, je pourrai accélérer le dégagement ... pour le moment, nous allons devoir laisser nos amis du dessus prendre la main!"

Puis le magicien se rallongea au sol, afin de se concentrer et de récupérer de ses forces magiques. Les érudits allaient enfin, peut-être, voir Nakor sous un autre jour et être un brin redevable. Fichu magie! Dans son coin, la longue barbe réfléchissait : mais qui avait osé faire s'ébouler tout cela sur eux, là à l'extérieur et qui était peut-être encore là?

Le vacarme qu'avait causé l'éboulement avait dû s'entendre à des lieux à la ronde. Tous les regards s'étaient tournés vers la provenance de l'éboulis, et si certains demeuraient immobiles, le philosophe fut le premier à courir vers les étages inférieurs. Nakor s'y trouvait depuis qu'il était parti, quelques minutes plus tôt, et l'Elfe commença à craindre pour son vieil ami. Le passage était entièrement bloqué, et un attroupement s'était formé autour du précipice bouché. Celindel se tut un instant, regardant autour de lui. Si lui l'avait senti, alors Nakor sûrement également : il y avait eu de la magie à l'oeuvre, et provoquer un éboulement pareil nécessitait une grande puissance. Quelques ouvriers parlaient entre eux des dégâts, et le Millénarium put entendre le mot « semaine » plusieurs fois.

« Des semaines ? Vous êtes fous, on ne prendra pas une semaine à les sortir de là. Allez, commençons le travail. »

La détermination de l'Elfe motiva quelque peu le concile qui s'était formé, et déjà le philosophe examinait l'étendue des dégâts, réfléchissant à une manière d'aider Nakor. Mais finalement, sa curiosité prit le dessus, et sans qu'on le remarque, il s'éclipsa de l'attroupement, attisant ses sens afin de détecter quelque source de magie. Il sortit du camp afin de se diriger vers la ville ensablée et ruinée, seul et sans accompagnement. Arrivé au milieu d'une petite place, il ferma les yeux, et laissa ses sens s'éveiller, apaisant son esprit afin de détecter quelconque forme de magie dans les environs. Soufflant par le nez en signe de soulagement interne, ses yeux s'ouvrirent soudainement, paroxysme de sa recherche d'arcanes. Son coeur se mit à battre un peu plus fort, ne sachant absolument pas si ce qu'il faisait paierait ses fruits, et si oui, sur qui, ou quoi, il tomberait...

Neïra commençait à avoir de larges cernes sous les yeux. Travail, vent sec et mauvaises nuits la fatiguaient à vue d’œil, et elle avait ce regard mauvais de ceux qui commençaient à en avoir marre. Cette inaction lui pesait. On lui avait promis une terre de mystère, de trésor et d'exploration. Et ? Des ruines, parfaitement quelconques, un soleil plus cuisant encore qu'à Sol'Dorn, des cailloux à creuser et de la poussière, tant de poussière qu'elle finissait par ne plus sentir qu'elle. Jamais elle n'avait eu tant envie d'un baquet d'eau fraîche.

Son irascibilité croissante la refermait de plus en plus, et elle passait la majorité de sa journée à invectiver un peu n'importe quoi tout en mettant autant d'énergie que possible à son travail, dans le double espoir vain d'accélérer les choses et d'être assez fatigué pour enfin dormir le soir venus. Elle en devenait assez apathique et cela faillit bien se révéler dangereux lorsque soudain le sol s'écroula presque sous ses pieds. Elle eut juste à temps la présence d'esprit de bondir sur un épais bloc de maçonnerie solidement ancré dans le sol et qui ne bougea pas.

Lorsque la poussière retomba, tous ne purent que constater les dégâts et l’ensevelissement d'une partie de leurs compagnons. Enfin surtout des érudits à dire vrai, alors ça n'affectait que moyennement l'ensemble des mercenaires. Bien que certains comprirent vite que sans érudits, pas de récompenses et furent les premier à se mettre à creuser, avant même que les secours motivés par quelques sentiments plus altruistes ne se mettent en branle.
Neïra prit deux secondes pour se remettre les idées en place avant de sauter au sol et de venir aider ceux qui déjà s'affairaient à essayer de dégager le sol, sous les instructions d'un érudit. Il s'agissait également de ne pas provoquer plus encore d'effondrement. On envoya chercher tout ce qui pourrait servir à bloquer les futurs éboulis par les plus rapides tandis que les plus forts s'attelaient déjà au travail de déblaiement, déplaçant les rocs de surface, les cassant à coup de pioches pour les plus gros. Plus de soucis d'archéologie, il s'agissait juste de creuser un trou et aussi vite que possible. On n'allait pas perdre bêtement du temps alors que d'autre agonisaient là-dessous. Et avec eux de jolis sacs d'or.

    « L'Hirondelle était une créature capricieuse. Elle voletait selon ses envies, sans vraiment se soucier du reste. Aussi, l'elfe avait rapidement pris le parti de rester à sa place et non celle à laquelle voulaient la voir les érudits langecins. Plutôt que de s'échiner à mériter une prime qu'elle ne désirait pas spécialement, elle avait vite préféré visiter les lieux. De temps en temps, elle acceptait de garder un œil sur les trouvailles de l'expédition. C'était fou ce que des objets du quotidien pouvaient lui stimuler l'imagination et elle passait son temps, lors de ces occasions, à les regarder sous toutes les coutures, à chercher leurs défauts ou des traces singulières qui pourraient trahir un événement de son histoire. Sous ses yeux émeraudes, un enfant nisétien jouait avec un bol avant, peu désireux d'en manger le contenu, jusqu'à le laisser tomber par mégarde. De cette chute imprévue naissait l'ébréchure qui, plusieurs siècles plus tard, manquaient d'entailler son doigt trop curieux. Ce jour là, la belle avait cédé à la tentation. Plutôt que de surveiller les objets dont elle avait la charge, elle avait préféré se glisser dans un coin d'ombre et s'endormir. Elle passait, c'était inutile de le dire, une bien meilleure journée que les humains qui s'échinaient à déterrer leur trésor.
    Ce ne fut pas un bruit qui la tiré du sommeil, ni même un zéphyr trop caressant. Plus un pressentiment. L'Hirondelle n'était pas une fille de magie, les arcanes ne se pliaient pas sous sa volonté et elle n'était capable d'aucun autre miracle que d'ébahir yeux et oreilles. Pour autant, elle n'était pas dénuée de sensibilité, loin s'en fallait. Souvent, l'on disait à sujet qu'elle était magie. Se redressant avec un sentiment d'urgence qui lui nouait le ventre, elle tendit l'oreille. Elle resta ainsi immobile une seconde, puis deux, puis se fut le chaos. L'éboulement fut des plus bruyants et les cris emplirent l'air. Devant l'entrée de sa tente, elle vit un mercenaire courir, l'arme à la main, et la prudence de l'elfe la poussa à ne pas bouger. Ce qui s'était produit n'était pas naturel, elle en était persuadée. L'attaque pirate restait gravée dans sa mémoire et elle craignit un moment subir la violence des Hommes une seconde fois. Le brouhaha lui apporta pourtant quelques réponses : elle s'était collée à la toile de sa tente et tendait l'oreille. Elle crut comprendre que quelques choses s'étaient effondrés, piégeant des gens sous les décombres. Son cœur se serra, alors qu'elle s'imaginait le pire. Où était Etheldred ? D'une roulade, elle se faufile à l'extérieur. Au même moment, un noirelfe entrait dans l'espace qu'elle venait de quitter. Elle ne l'entendit pas, pas plus qu'il ne vit disparaître ses pieds fins. La chance leur sourit tous deux, car il aurait pu la tuer et elle aurait pu s'échapper, comptant à tous le secret qu'ils eurent tant de chance à préserver.
    Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour rejoindre le lieu de l'accident, qui fourmillait déjà d'activité. Son regard balaya la scène un brin chaotique et elle finit par repérer la guérisseuse. L'Hirondelle poussa un profond soupir de soulagement, se désintéressant déjà du sort des malheureux qui mourraient peut-être avant le coucher du soleil. Prise d'un doute soudain, elle décida de rebrousser chemin et de retourner là où elle était censée être. Elle se figea quand, arrivée sur place, ses yeux accrochèrent des traces de pas dans la terre fébrile des steppes. Elle était certaine qu'elles n'étaient pas là quand elle était partie. Après s'être assurée que la tente était bien vide, elle en referma les pans et procéda à un rapide inventaire, ce qui confirma ses soupçons : certains artéfacts parmi les plus précieux étaient manquants. Faisant fi quelques secondes de la peur, elle se décida à remonter la piste, se faisant aussi discrète que possible. Malheureusement, si elle savait suivre une piste forestière comme personne — l'avantage d'avoir passé plusieurs décennies à vivre une vie sauvage en Anaëh — les choses étaient moins évidentes dans un sol si particulier. Elle repéra bien quelques traces suspectes, mais elle fut incapable de dire si elles étaient là avant l'incident ou non. Jusqu'à trouver un pas qui s’emboîtait parfaitement avec celui qu'elle suivit. Deux gens qui marchaient côte à côte... avant de se mettre à courir. Pour finalement disparaître.
    Cela ne lui disait rien qui vaille. »

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