A l'abris du Soleil

Une journée bien complète et une qui suivrait qui le serait certainement encore plus et qui au final ne présageait pas grand chose de bon, surtout avec ce vieux fouineur dans les parage et dont elle était sure qu'il lui mettrait des bâtons dans les roues que ce soit volontaire ou non. Elle pensait s'éloigner du campement, il était évident qu'elle n'avait pas confiance en eux et qu'elle préférait retourner seule le temps de la nuit dans ces ruines qu'elle connaissait maintenant très bien. Enfin... Même les meilleurs plans ne survive pas au contact avec l'ennemi, et en voici un qui échouait déjà...

Le vieux fou fouineur était déjà à ses trousses. Elle s'arrêta tout de même bien qu'elle n'eut préféré le laisser derrière, qu'il se prenne les pieds dans une pierre et qu'il se noie avec des grains de poussières. Mais ce ne fut pas le cas. Il ne s'étouffa même pas avec sa propre salive alors qu'il la noya littéralement sous les questions... Quel dommage...

Elle lui fit donc face, plantant sa lance dans le sol dans un petit "poc" sourd, la lame de celle-ci ne menaçant pour le moment que le ciel et les étoiles.

"Et vous, vous étiez ou ?" lui dit-elle pleine de reproches, comme s'il n'avait pas été présent ou plutôt ne s'était pas battu à Diantra, car un mage aurait fait toute la différence sur ce champs de bataille. "Je ne crois pas avoir de comptes à vous rendre."

Mais même si ses armes n'étaient pas encore menaçantes, son regard lui par contre l'aurait fusillé du regard. Oh oui, si elle avait pu être calme et "diplomate" avec ce groupe quelques heures auparavant c'était bel et bien terminé maintenant qu'il n'y en avait plus besoin. Et avec ce vieux fouineur, ce n'était pas de mise ! Et c'était limite si elle ne l'avait pas envoyé paitre avec toute la vulgarité qu'elle avait en réserve, et elle s'apprêtait maintenant à tourner les talons.

[hrp : Donc, pour ceux qui l'auront compris, ce sujet est "Libre" pour les oreilles indiscrètes, il vous sera cependant demandé de me MP avant de poster, car pour écouter vous le devrez et vous pouvez également vous faire attraper ]

La nuit était tombée sur le camp et le vent de tempête continuait de souffler dehors. Les tentes avaient été consolidées et regroupées à l’abri des pans de murs et autres ruines qui formaient des protections naturelles. Ceci bien sûr tout en créant d’incroyables courants à certains endroits, comme des goulots dans lequel le vent s’engouffrait pour accélérer dans un chant grotesque et fantomatique, comme pour rappeler que l’endroit était gardé par des morts…

Tout le monde, plus ou moins, avait rejoint sa tente pour prendre du repos car la journée n’en avait pas été de tout. Les gardes mercenaires en patrouille jetaient des regards suspicieux çà et là pour mieux se garder éveillé ou à cause du bruit du vent.

Larme pourpre, alias Aï, avait faussé compagnie à ses « compagnons » de la bande à Robin, qui de toute façon ne dormaient pas dans la même tente (ils étaient collants mais pas à ce point tout de même). Il lui fallait prendre l’air pour se remettre les idées au clair et pour également garder un œil sur les alentours et principalement sur cette étrangère sortie de nulle-part, bien plus suspecte que l’espionne Drow.

Assise à l’abri d’un pan de mur non loin de la tente de l’intéressée, Aï attendait, on ne savait jamais qu’elle ne tente de leur fausser compagnie. D’ailleurs, les « bruits de pas » de quelqu’un marchant dans le sable se firent entendre derrière le mur. Ce n’était pas un garde, les patrouilles se faisaient toujours par deux en principe: une règle minimale de sécurité. Il fallait attendre qu’elle s’éloigne un peu avant de la suivre discrètement et hors de vue en longeant les murs et les tentes.

Le bruit du vent était gênant, les rafales masquaient les bruits, et il même en pistant à si courte distance, la nuit n’aidant pas bien sûr, Larme pourpre pouvait la perdre… Il ne fallait pas la prendre à la légère, elle avait l’air de connaître un minimum les lieux labyrinthiques pour ne pas s’y perdre entre deux ruines. Comment les aurait-elle rejoins si discrètement au milieu de la tempête autrement ?

Larme pourpre n’eut pourtant pas à se déplacer que quelqu’un la héla faiblement, ou du moins sa voix fut couverte par le vent. Sans aucun doute, cette voix, c’était le mage ! Et il commença une discussion, presque un monologue même, à l’intention de l’inconnue qui apparemment ne l’était pas tant que ça pour lui, après quelques mots de sa part,

"…do... pas ...ohann ? ...ant mieux… … … ous...tez bien… ...surprise que j’...eue… … v...oir ici au...au ieu …es ...uines de Nise…. Pourquoi êtes-vous là, vous! Au sein des rest... … empi... Drag… …ce que je sais… …vouez qu… … pas pour m...aisser… …arb... Vous êtes …nu vous ...acher ...ci… … loin des- …mains? Qu'êtes vous dev…u ...puis no... dern..ère ...cont..? …t..ez-vous en Diantra lors de ... pfff ... …fin! Et vot… …pagne ..e route? Comment …t-elle? Hooo allez, dites moi tout!"

C’est sûr, ces deux-là se connaissaient. Il y avait un rapport avec Diantra et avec autre chose que Larme pourpre n’avait pas saisit. La question était facile à deviner : qu’est-ce qu’elle faisait là. En même temps tout le monde se posait un peu cette question. Rien de bien nouveau mais peut-être allait-elle lui répondre ? Malheureusement non, la réponse fut courte et trop faible dans le vent pour etre entendue de l'assassin mais le ton sonna comme un reproche. Apparemment, ils ne s’étaient pas quittés dans de bonnes conditions.

Nakor répondit et même si Larme pourpre n’entendit pas tout, il fut aisé de comprendre une partie du contexte dans son monologue : durant le chaos de l’insurrection d’un certain Aetius (d')Ivray, (ce nom était pour sur le bon vu le nombre de fois que le magicien l'avait prononcé) qui était, selon toute vraissemblance en rapport avec la mort du roi humain Trystan, -(contexte politique peu intéressant pour Larme pourpre qui d’ailleurs avait à peu de temps de cela assisté celle qui est à présent maîtresse de la guilde dans l’assassinat de la reine…)- Nakor était ailleurs, apparemment chez les nains (donc au nord) pour se battre (avec ou contre eux) avec des « gome-lin » (pas sûr si l’assassin a bien saisi le terme). Si on considérait le ton de Nakor envers le nommé Ivray et les mots saisis qutour de la mort du roi, le magicien était surement un proche de ce dernier. Nakor fit une courte pause pour reprendre dans un ton mêlant divers sentiments, mais sonnant un peu comme une excuse tout en étant un reproche à propos du comportement méfiant envers lui de la jeune femme (d’ailleurs qu’était-elle exactement ? Une demi-elfe peut-être ?).

Pour le moment ce n’était pas une discussion très intéressante mais elle allait probablement le devenir si la jeune femme décidait de rentrer dans la conversation... Toutefois Larme devrait se rapprocher un peu plus, car le chant du vent masquait beaucoup de mots et certaines voyelles ce qui empêchait de bien entendre/comprendre malgré la concentration de l'assassin. Larme pourpre décida donc de réduire la distance, tout en prenant garde a rester a couvert puis resta à écouter pour en apprendre plus sur les intentions de cette mystérieuse inconnue que le mage centenaire (sans aucun doute de son avis) connaissait. Pour cette simple raison, il vallait mieux tendre l’oreille, car comme il l’avait prouvé jusqu’à présent, tout ce que connaissait Nakor pouvait être source d’intérêt, si ce n’était pour l’assassin, du moins pour cette expédition…

Plus il avançait dans ses explications et plus elle montait en pression. Il avait été sur place et ne s'était pas battu ? Quel intérêt de se mettre en danger si c'était pour ne rien faire ? C'était complètement inutile ! Il avait eut ce chien à portée de main et était largement assez puissant pour le réduire en une bouillie informe que même la mère de celui-ci n'aurait pu reconnaitre et il n'avait rien fait ?! Elle se retint au dernier moment de l'attraper dans le col et de lui faire comprendre sa façon de penser en lui gueulant dessus assez fort pour qu'il en devienne complètement sourd. Ce qui avait bien pu la retenir ? Il n'était pas bien dur de le deviner...

"Et vous croyez que j'ai survécu comment hein ? N'importe qui d'autre serait mort au combat à ma place. Parce qu'au moins, j'ai essayé de faire payer son crime à ce chien au lieu de lui promettre simplement de pisser sur sa tombe."

Sa main serrait avec force sa lance, comme si elle cherchait à la broyer rien qu'avec la force de ses doigts, ca restait un sujet difficile alors croiser les gens de cette époque l'était tout autant surtout quand ceux-ci avaient le don de s'occuper de ce qui ne les regardaient pas.

"Oh évidemment, il n'a pas trouvé drôle de m'achever et à préféré me maintenir en vie pour tenter de m'exécuter en place publique pour avoir intenté à sa vie. Il en a également profité pour me mettre la mort de Trystan sur le dos !"

La pression continuait d'augmenter, ce n'était pas qu'un sujet sensible visiblement, mais plus une plaie que l'on venait de remettre à vif sans le faire exprès. Le pauvre Nakor ne devait même pas comprendre ce qui lui arrivait ni quelle bombe il venait de réamorcer.

"Alors oui, je me suis tirée loin de tout ça et ici au moins on nous foutait la paix car si vous ne le deviniez pas, s'échapper de la prison de Diantra en démolissant un mur à l'aide d'une bestiole de 10mètres c'est tout sauf discret !"

Et il n'avait pas le besoin d'être devin, à voir sa tenue, qu'elle avait réussit à s'intégrer plus ou moins à l'une des tribus locales pour survivre aussi longtemps sur ces terres hostiles. Mais également qu'elle y avait retrouvée une paix relative loin des agitations de la péninsule, loin des souvenirs difficiles qu'il venait de raviver, qu'elle tâchait d'oublier et pour lesquels il faudrait sûrement des années pour que la douleur liée à ceux-ci ne s'efface. Mais maintenant il y avait deux groupes de touristes qui s'entretuaient pour on ne savait quelle raison initialement, mais qui le feraient certainement pour la raison de sa présence ici.

Elle se massa la tempe gauche (de sa main libre, la gauche) avant de reprendre, cette fois avec un ton plus calme. Visiblement il était clair que quelqu'un ou quelque chose dans l'ombre essayait de la calmer, péter un câble dans ce genre de situation alors qu'elle aurait besoin d'eux était tout sauf une bonne idée.

"Et sinon, vous ne voulez toujours pas me dire la raison de votre venue ici ? Qu'est-ce qui a bien pu attirer autant de monde dans ce lieu désert ?"

La réponse, elle en était quasiment sûre, elle avait juste besoin d'une confirmation, et surtout ca les aiderait à réfléchir à la suite du plan.

Les conséquences d'un tel acte que de tuer le traite ne lui auraient que peu importer tant bien même que ce remède soit pire que le mal, stratégiquement parlant ça aurait été une catastrophe ce qui aurait laissé une ville incapable de se relever, et il y aurait eut tout de même une guerre civile. Mais quand le cœur prend le pas sur la raison, il devient très dur de la faire entendre. Elle n'avait plus de responsabilités, plus rien à attendre de personne, donc que Diantra tombe pendant sa vengeance à ce moment là ne lui aurait fait ni chaud, ni froid. Donc non, elle n'était plus depuis longtemps la commandant qui se plaisait à établir des plans de bataille et à faire entrainer ses hommes pour qu'ils les connaissent par cœur. Juste penser qu'à sa gueule comme le faisait n'importe quel humain normalement constitué.

"Je les ai rencontré, ne vous inquiétez pas, et si je n'avais pas été une prise de choix. Je suppose que faire un dessin est inutile." Elle cracha au sol. "Que la gangrène ronge ce bâtard pour sa félonie et ses mensonges."

Ils avaient affronté le même ennemi, mais avec des moyens, des méthodes et des objectifs différents. Ils n'avaient également pas la même vision du monde, le vieux mage en avait vu passer du temps, et ce qu'il décrivait comme l'appel du sang et de la barbarie du massacre lors du combat, ça avait été la vie de Joh pendant des années, années pendant lesquelles elle y avait pris un certain plaisir.

Enfin... Il changea enfin de sujet. Ce n'était pas trop tôt ! Même plus d'une année après ces évènements c'était la première chose pour laquelle on l'interrogeait et déjà qu'elle avait du mal à tout oublier... Recommencer une nouvelle vie était impossible, d'autant plus quand elle y entendit les réponses apportées.

Elle resta pensive plusieurs minutes, le regard dans le vide, comme si quelque chose venait de la happer hors de ce monde pour l'emmener loin de la réalité. Les bruits qui avaient courus les premières semaines de sa fuite, additionné à tout ce qui avait pu se passer. Traverser la péninsule n'avait pas été de tout repos et elles n'étaient pas passées inaperçue, c'était impossible de cacher une telle créature.

"Prouver que les dragons ont existé ?" elle posa la question avec une fausse innocence "Tout le monde sait que ce ne sont que des histoires pour faire dormir les vilains gamins." puis haussa les épaules. "Vous auriez mieux de retourner raconter ca aux gosses des villages au lieu de fouiner par ici, vous perdriez moins votre temps à vous mêler de vos affaires. Et surtout vous n'avez pas conscience de ce que vous avez déclenché en venant ici en guidant ces gens."

Si la péninsule découvrait l'existence et le pouvoir de ces créatures, ca serait certainement la guerre pour savoir qui allait les posséder. Se faire la guerre... Après tout c'était une pratique purement humaine ! Et Drow aussi... Ou tout du moins c'était la vision qu'elle en avait, quand on savait le nombre de personnes imperméables à la magie, dont elle faisait encore partis.

"C'est certainement ma faute si c'est arrivé, je ferai ce que j'ai à faire et je compte sur vous pour ne pas vous en mêler."

Par énigme ou simplement à demi mot ? Nakor pouvait peut-être comprendre ce qu'il se passait. Si quelqu'un écoutait ça serait une autre histoire. En tout cas elle n'avait pas suivi la baisse de ton.

Mais quelle mouche avait piqué ce vieux fou ? Bon, d'accord elle niait l'existence des dragons, quoi de plus normal quand on venait de tomber sur une sorte d'expédition ramenant une bande de pilleurs de tombes qui avaient passé leur temps à rassembler des artefacts et autres idoles représentants des dragons qui étaient les dieux païens d'une civilisation disparue. Il fallait bien noyer le poisson !
Se faire passer pour une sorte de locale, dire que ce ne sont que des légendes et qu'ils sont au final en danger en leur balançant en même temps, bien qu'involontairement l'existence d'un autre groupe dont ils en découvrent une espionne dans la foulée. Voilà de quoi leur faire oublier très rapidement leur objectif de recherche.

Mais non ! Il fallait ce vieux détraqué se mettre à hurler, comme un cochon auquel on présente un seau de petit lait, que non non les dragons existaient bien, qu'il y en avait des centaines et que l'un d'eux était avec elle... Il n'avait strictement rien compris à ce qu'elle avait essayé de faire ou quoi ? Parce qu'à part essayer de tout foutre par terre... A moins qu'il essayait simplement de se décrédibiliser auprès de ceux qui pouvaient l'entendre en se faisant passer pour plus fou qu'il ne l'était.

Joh le regardait avec un air qui voulait tout dire, et facile à traduire par un "Quelque chose en toi, ne tourne pas rond. Un je ne sais quoi, qui me laisse con."

Mais que répondre face à ça ? Nier en bloc ? Est-ce que ca servait réellement à quelque chose d'essayer de convaincre un fou ? la seule réponse constructive que le pauvre Nakor pu se vanter d'avoir à ce moment là fut un profond soupir de dépit, venant du fond du cœur et peu comme si tout les soucis du monde venaient de lui retomber sur les épaules.

"Le soleil vous a grillé ce qu'il vous reste de cervelle et de raison." Elle soupira encore plus fort. "Regardez autour de vous, vous voyez quelque chose qui ressemble à la renaissance d'une civilisation ? Cessez de prendre vos rêves pour une réalité et de faire croire à ces pauvres gens que vous leurs montrerez monts et merveilles pour regarder la réalité en face. Et je vous remercie de vous inquiéter pour mon compagnon, ou plutôt ma compagne de route puisqu'il s'agit d'une jument."

Elle finit par laisser tomber d'essayer de le raisonner.

"Et mis à part entrainer des pauvres gens dans vos délires, vous devenez quoi depuis Diantra ?"

Non, elle ne le comprenait vraiment plus, et déjà qu'elle le pensait fou, gâteux, fouineur et fouteur de merde, ça ne faisait que confirmer sa pensée. Enfin... Au moins il venait de gagner la chance de se faire prendre en pitié. Oui, il avait gagné le titre de fou dangereux.

Finalement ça valait le coup de s’être rapproché ! Larme pourpre ne savait pas grand-chose à propos du passé, seulement ce que sa recherche rapide dans la bibliothèque de la guilde lui avait appris sur Nisetis. Toutefois, bien que le renseignement ne soit pas sa spécialité première, un assassin se doit de connaître et de maîtriser les informations qui entourent sa mission, que ce soit la cible ou le terrain, de la rumeur d’ivrogne à l’archive historique.
Tout ce qu’il y avait à savoir sur la cible était connu à l’avance… Il ne restait qu’à confirmer avec les nouvelles du prochain ravitaillement si la cible était déjà éliminée ou non suite au naufrage du navire.
Ensuite en ce qui concernait le terrain qu’était Nisetis, il y avait l’information présente : des ruines dans un désert peuplé de nomades et de créatures dangereuses, l’information du passée : les Drows avaient rasé cette immense ville, pourtant ils n’avaient pas colonisés la région devenue désertique. Ensuite il y avait les archives et les légendes à propos de la région : tout ce qui tournait autour de la magie, de la puissance et du culte de créatures appelées dragons.
Les légendes se basant sur des faits réels, il ne fallait pas les sous-estimer. Pourquoi ces dragons n’auraient-ils pas existés ? D’après les représentations et les images représentations aperçues dans le mausolée et la statuette, cela ressemblait d’ailleurs aux drakes que les drows possèdent. Apres restait à savoir pourquoi ils se seraient éteints, c’était là l’information manquante au puzzle. Le fait était donc, en supposant fortement qu’ils avaient existés, qu’ils avaient disparus par la suite. Si quelque chose disparait mais qu’on ne sait pas pourquoi ni comment, cela ne veut pas dire que cette chose n’existe plus…

Johann avait parlé fort en supposant la vraie raison de leur venue : les dragons. Larme pourpre n’amavit pas entendu le terme à la première mention mais cette fois c’était bien de cela qu’on parlait. Comme les autres mercenaires, l’assassin ne connaissait ce que les érudits cherchaient vraiment, mais Johann venait de trahir sa pensée en posant le sujet sur la table même si c’était pour le réfuter, au lieu d’éluder la question et de proposer une autre raison. Cela voulait dire qu’elle savait quelque chose sur le sujet et Nakor ne fut pas fou de comprendre cela, Larme pourpre releva la contradiction également. Cependant, Nakor en fit peut-être un peu trop en s’excitant brusquement et en sautant aux conclusions. Même si à cette distance il y avait encore des mots masqués par le vent, les fortes intonations de surprise et l’insistance de Nakor permirent à l’assassin de saisir le pourquoi : ce n’était pas une question de savoir si les dragons avaient existés mais s’ils existaient toujours. D’ailleurs cela semblait logique si comme Nakor le prétendait, il avait vécu à Nisetis avant sa destruction une éternité auparavant, il en savait plus long à leur sujet que n’importe qui, mais probablement qu’il ne savait pas non plus la raison de leur disparition.

Bien sûr Johann joua les incrédules devant l’excitation du magicien en faisant mine de ne pas comprendre. Peut-être qu’effectivement il était un peu fou et prenait ses rêves pour des réalités, mais j’ai oublié de vous parler de la naïveté et de la logique particulière de Larme pourpre. C’était au moins la seconde fois qu’ils parlaient d’un certain compagnon de Johann. Larme pourpre pensa immédiatement à un camarade ou un « compagnon » dans le sens d’amant, mais le mot « jument » qui perça à la fin entre deux sifflements de vent vint contredire cette hypothèse. Si elle considérait un cheval comme un compagnon, et que ce n’était pas ce à quoi Nakor voulait faire référence, cela signifiait que Johann cachait encore quelque chose. D’ailleurs où se trouvait cette jument alors qu’elle était arrivée à pied dans la tempête ? …

Mais voilà que la mystérieuse femme tentait de changer de sujet…

Il finit par changer de sujet et lui lachait la jambe. Il s'en mêlait toujours alors que ca ne le regardait pas ! C'était personnel. Il fallait lui dire en quelle langue à chaque fois celui-là ? Ce n'était pas parce que ce genre de créatures avaient disparues officiellement de la surface des terres connues que leurs derniers représentants devaient devenir le centre de toutes les attentions !

Enfin... Elle ne savait pas vraiment ce qui était le mieux entre l'entendre raconter sa vie ou le voir mener son interrogatoire comme un bourreau en saoulant les gens de paroles et en les noyant sous les questions à défaut d'utiliser de l'eau... Et le voilà qu'il se mettait à courrir partout... Ses rencontres avec les nains, les elfes, les drows... Ah c'est sûr que c'était certainement plus passionnant que ce qu'avait vécu Joh avec ses affreuses rencontres avec des psychopathes religieux et de la vermine des mers ! Jusqu'à ce qu'il se décide de fonder une sorte de "guilde" pour mage en quête de savoir... S'ils étaient tous comme lui, c'était plus un asile de fou qu'autre chose qu'il avait fondé dont le plus détraqué de tous en serait le directeur. Enfin, si maintenant ils s'enfermaient volontairement, c'était au moins déjà ça de gagné !

"Tant que vous n'essayez pas de faire finir certaines choses qui me concernent en cobaye pour vos études magiques, vous faites bien ce que vous voulez." Enfin, ça c'était pas gagné, déjà qu'il la harcelait de questions sur le fonctionnement de tout ça à chaque fois... La, ca serait sa vie qui serait en danger et le ton le soulignait clairement. "Dans le cas contraire ne comptez pas sur moi pour mettre le pied dans ce nid de vipères."

Il commençait à s'éloigner de ses "compagnons" d'infortune, le laisser gambader dans les rocailles était une des idées qui lui traversa l'esprit, au mieux il tomberait sur un serpent rare et lui demanderait comment il était formé...

"Et nous ferions mieux de ne pas trop vous éloigner de vos camarades, je n'ai pas envie qu'ils nous fassent faux bond et d'avoir de mauvaises surprises."

Mouais, pas des charlatant qui ne fouillent pas les entrailles de leurs invités ? Et son cul c'était du poulet peut-être ?! Elle avait vu de quoi étaient capables ceux qui pouvaient "étudier" les vivants qui devenaient ensuite cadavre puis pourquoi pas quelques aberrations chimériques faites d'ossements et de chairs en putréfaction. Et l'avoir vu une fois lui suffisait largement pour l'aider à ne pas avoir confiance à un attroupement de mage, et ce, pour le restant de ses jours !

Enfin-bref ! Ses pensées lugubres furent interrompues par les cri d'alerte des membres du campement. Ils étaient... Visités - pour ne pas dire autre chose - par les membres de l'autre groupe qui visiblement n'étaient plus les bienvenus. Voilà qui n'allait pas arranger ses petites affaires car les deux groupes étaient bien partis pour s'entretuer... Et avec "certaines choses" entre les deux groupes, ca risquait de se terminer en bain de sang avec des dommages collatéraux fâcheux au possible.

"Et merde !" Fut au moins la seule chose retranscrite qu'il soit possible d'écrire sans choquer les âmes trop sensibles.

Langage digne des pires charretiers que la femme avait conservé et qui n'était pas pour plaire à la dragonne qui tentait de lui inculquer quelques... "Manières" pour passer plus inaperçue. Mais comme on dit : chassez le naturel, il revient au galop.

Elle se dirigea donc vers le campement à toute vitesse, mais déjà la majorité étaient partis à la poursuite de leurs assaillants qui avaient décampé comme des lapins...

(La suite de retour au sujet principal de la quête.)