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 Sous le regard du puits | Flourens

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: Sous le regard du puits | Flourens   Sous le regard du puits | Flourens I_icon_minitimeDim 20 Oct 2013 - 22:34


Loqriv aurait pu être une ville comme on en trouvait des centaines dans la Péninsule. De fait de rues, la ville était sillonnée de sentiers courant entre les bâtisses, tracés à même la terre par les trajets répétés de ses habitants. L’atmosphère qui y régnait, pourtant, rendait la cité unique en son genre. Elle était comme coupée du monde, juchée au sommet de sa falaise, bordée par une abondante forêt. Loin du regard de ses semblables, elle avait cultivé ses croyances, incarnées dans la peau de ses guerriers en d’imposants tracés céruléens. On y parlait la langue locale et méprisait ceux qui ne la comprenait pas ou, pire, tentait d’imposer le « diantrais, » langue honnie entre toutes. À l’est, à quelques lieues à peine, la cité de Nefir avait été reprise à ces étrangers barbares mais le mal avait été fait et on ne priait plus là-bas ni Lwar ni Wagyl, ni Qoqmar ni Selei. On ne parlait plus la langue des ancêtres. Là où Nefir s’était ouverte à ses voisins, contrainte et forcée pour certains, complaisante et avide pour d’autres, Loqriv était demeurée la même. Aussi pouvait-on le dire, il y avait des milliers de Nefir dans la Péninsule, mais il n’y avait qu’une Loqriv.
C’était dans cette Loqriv, sur les sentiers boueux de l'Alazg Tieg, le quartier des Temples, qu’elle errait péniblement, attirant quelques rares regards et quelques commentaires plus rares encore. La plupart la connaissaient de vue, habitués à la voir déambuler entre la maison de Lwar et l’antre du Wagyl. La première chose que l’on remarquait chez elle était ses cheveux, longs comme aucuns autres en ville. Lâchés, ils touchaient presque terre mais elle les portait nattés ce jour-là. Ils étaient aussi noirs que sa peau était pâle. Son visage tiré trahissait ses inquiétudes et de discrets cernes accentuaient sa fatigue. Sa main droite tenait fermement un vieux bâton de marche recouvert presque intégralement de gravures aux formes et à la finition hétérogènes. Sa main gauche, elle, disparaissait dans les plis d’une robe qui n’était pas sans rappeler celle des servantes de la Mère ; un vêtement blanc nervé d’un bleu pâle, attaqué à sa base par l’eau et la gadoue. Elle ne portait pas de chausses et ses pieds nus s’enfonçaient parfois entièrement dans le sol, alourdissant sa démarche et la rendant fastidieuse. Elle ne se plaignait pas, pourtant, pas un son n’avait franchi le rempart de ses lèvres. Elle se contentait d’avancer, un pas après l’autre, la tête baissée. Il semblait qu’elle dût porter sur ses épaules un poids trop lourd pour elle, que ses jambes tremblaient non pas à cause de la fraîcheur de la terre mais de la fatalité de sa condition. Il n’y avait bien que son bâton pour la garder debout.
Loqriv s’était construite contre la falaise et face au château de son seigneur mais il n’était pas son unique centre névralgique. Les quelques puits qu’elle gardait jalousement étaient aussi importants pour ses habitants que la demeure du maître et bien plus présents dans leur quotidien. Les masures se faisaient plus rares aux alentours, laissant tout le champ aux rivois de les exploiter. Il s’en trouvait justement non loin du temple du Wagyl et de ce fait, jouissait d’un sol pavé qui faisait sa renommée, tant il était plus aisé d’en puiser de l’eau quand on ne devait pas lutter pour ne pas se retrouver à genoux dans le limon. Épuisée par son périple, elle prit appui contre la charpente de bois qui l’entourait et ferma ses yeux qui ne voyaient plus pendant qu’elle cherchait son souffle. Autour d’elle, la place semblait calme ; du moins jusqu’à ce que quelqu’un ne se ruât presque littéralement contre le puits et tirât faiblement sur la corde pour remonter le broc. Surprise par le désespoir évident du nouvel arrivant, elle s’écarta légèrement. Elle entendit bientôt l’eau ruisseler par terre et un gémissement enfantin conclut, de concert avec le bois frappant la pierre, cette étrange course en avant.
Un juron agacé la fit se retourner et elle sera plus fortement son bâton, soudainement mal à l’aise. Un homme s’approchait ; non, deux, car une deuxième voix vint répondre à la première. Elle les laissa passer, s’écartant même un peu plus, mais il fut vite évident qu’ils n’étaient pas là pour elle. Un petit cri fluet lui indiqua qu’il s’en prenait à l’assoiffé ou plutôt l’assoiffée. La jeune fille tenta de se débattre et les supplia de la lâcher ce qui ne sembla qu’ajouter à leur rage. Elle ne comprit pourquoi qu’après un temps : l’infortunée victime parlait la langue de Diantra. Consciente que les choses pouvaient mal tourner, elle s’approcha doucement et, d’une voix qu’elle voulait ferme, parla aux rivois dans leur langue. Quelques mots revinrent souvent, facilement reconnaissables même pour ceux qui ne connaissaient pas le patois de riv, comme « mève » ou « anedalle. » Fermement agrippée à son compagnon de bois, elle ne trahissait plus rien de sa faiblesse et semblait soudainement aussi solide que la falaise sur laquelle ils marchaient. Peu sensibles, les deux inconnus semblèrent plutôt prendre ombrage du courage de cette femme qui se tenait face à eux ; qu’elle cherchât à protéger une étrangère, alors qu’il était évident qu’elle le fût elle-même, ne fit qu’ajouter à leur colère et l’un d’eux s’approcha pour la faire taire.
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