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 La loooongue marche

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Madeleyne d'Odélian
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Madeleyne d'Odélian


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MessageSujet: La loooongue marche   La loooongue marche I_icon_minitimeVen 16 Mai 2014 - 19:54

Fin de la deuxième ennéade,
Du Favriüs printanier,
De la huitième année,
Du onzième Cycle.



On avait extirpé Madeleyne de Prademont aux petites heures de la nuit.

Quand sa tante Orengarde vint la chercher, la jeune marquise veillait dans la chapelle seigneuriale. Elle jeunait depuis trois jours. Les genoux sur un tapis rugueux, les paumes de ses mains tournées vers les cieux, elle récitait inlassablement ses mantras. Les vitraux étroits du sanctuaire transmettaient à peine la lumière d’une demi-lune pâlotte déjà obstruée par des filaments de nuages. Mais Madeleyne s’en fichait. Ses yeux étaient fermés et perdus dans la méditation. Jusqu’à ce qu’Orengarde ne la traîne en dehors de l’enceinte de la petite bourgade en direction des bois.

Il était temps. Le rituel n’attendait pas. Les deux femmes, emmitouflées dans mille voiles, trottèrent jusqu’à leur destination, et à mesure qu’elles s’enfonçaient dans la forêt, la lanterne du serviteur qui les précédait luttait contre la pénombre de plus en plus épaisse des lieux. Le chemin au bout de deux lieues devint un sentier traîtreux, envahi de ronces. Enfin elles dépassèrent une butte et aperçurent la clairière.

Cinq murs de tenture avaient été dressés autour d’elle pour délimiter l’enceinte sacrée. Un chœur de chanteuses et de musiciennes grelottaient en silence sous le regard impavide d’Aemone, qui trônait sur un piédestal encadré de braseros fumants. Elle présidait à la cérémonie, qui se déroulait à l’aube en l’honneur de Néera Ultima, et n’était assistée que de femmes. Madeleyne tiendrait quant à elle le rôle d’incarnation.
*

Quand elle fut prête et que la musique débuta, un crépuscule grisâtre éclaircissait l’enceinte sacrée. Madeleyne avait les yeux bandés, mais elle n’avait pas besoin de voir. Elle avait appris ce rituel depuis son plus jeune âge, comme tant d’autres filles dans le Médian, et l’avait tant pratiqué qu’elle le savait par cœur. Après que les suivantes lui eurent ôté ses vêtements et natté ses cheveux, elle but le philtre que lui avait tendu sa grand-mère et obstrua son regard. Deux couples de suivantes l’encerclaient, tenant dans chaque main deux robustes lances. Située au milieu du carré formé par les quatre hampes de bois, Madeleyne attendait sereinement le tintement des sarons et le chant des femmes qui rythmeront la danse propitiatoire.
La voix d’Orengarde, qui tournait autour de la danseuse et son escorte, claqua dans l’air froid. « Minë, atta, neidë, canta. » Madeleyne réprima un frisson d’extase. Le rituel commençait.

Le tintement aigu des sarons naquit et les gongs leur répondirent dans un écho rond sur un tempo traînant invitant à l’adage. Les pieds nus de Mad quittèrent enfin le sol. Sous son corps, les lances s’animèrent, se frôlèrent et claquèrent. Son cœur manqua un battement. Déjà elle retrouvait le sol, puis s’envolait à nouveau. Les hampes scandaient leur rythme en accompagnant le martellement chaud des sarons et des gongs tandis que Madeleyne dansait lentement dans les airs. Elle se gorgeait de la musique qui l’envahissait. Elle calquait ses gestes sur le rythme encore alangui de l’ensemble qui accéléra par la suite la mesure sous les ordres de la Moniale.

Les voix s’élevèrent et rejoignirent le chœur des tintinnabulations des cuivres. Le tempo allait crescendo, et les lances se calquèrent sur la fréquence qui devenait incroyablement rapide. Comme elles scandaient sans pitié le rythme, Madeleyne s’élevait et retombait sans crainte. Ses mouvements se coulaient en des arabesques languissantes avant que son corps tout entier, adapté à la farandole, ne se secoue tout d’un coup et change de cap. Elle effleurait à peine le sol, se jetant dans une direction ou dans une autre avec une maestria consommée. L’orchestration était parfaite, ses élans mimant harmonieusement le son des voix et des sarons la transportant dans une transe qui la consumait tout entière.

Quand les cris et la mélodie cessèrent d’un coup, ses guiboles retrouvèrent le sol. La gravité reprenait son emprise sur elle. La fatigue fut sur elle et elle trembla comme une feuille. Elle jeta un unique cri et s’affaissa, rattrapée par le carré de suivantes. Le soleil s’était levé.
*

Elle se réveilla sur le coup de midi, et immédiatement Aemone qui occupait le même charriot lui tendit une potion. Madeleyne la but automatiquement avant de se redresser et jeter un coup d’œil derrière les tentures. On faisait déjà route vers Diantra. Et au son que faisait l’équipage, Philinte avait tenu sa promesse. Deux mille des plus braves Odélians, la fine fleur de la noblesse et de la soldatesque et du pays étaient partis au côté de la marquise douairière Madeleyne d’Ancenis et du sénéchal Philinte de Berdevin.

Rassemblés quelques jours plus tôt au plaid de Prademont, le baronnage local avait accepté la longue marche que Philinte avait proposé à l’assemblée jusqu’aux pieds de la marquise de Cantharel. Le but était simple : Odélian ferait montre de sa force devant la régente et Madeleyne la persuaderait de revenir à des dispositions plus légitimes quant à Etherna, qui avait trahi le marquisat avec la bénédiction de la régence. Personne ne voulait penser à l’échec de cette manœuvre, car si la suzeraine du marquisat d’Odélian refusait de préserver la Paix du roi en protégeant le droit contre l’injustice, Odélian la confondrait, dénoncerait sa déloyauté et entrerait en guerre contre Jérôme d’Etherna.

La troupe avait décidé d’éviter de passer directement par le pays de l’Etherne pour éviter que l’expédition diplomatique se transforme dès le début en une chevauchée, ce qui aurait réduit encore un peu plus la probabilité d’une solution pacifique à ce nœud gordien. Les Odélians partis de Prademont avaient donc remonté vers le nord dans le Serramirois avant de tourner sur les malelandes puis le Berthildois.

Les régiments et les lances réunis étaient constitués de la grande majorité des professionnels du pays, qui étaient tous montés. La course fut aisée, cependant les détours firent perdre du temps à l’équipage et il était parasité par des centaines d’auxiliaires civils venus assister dans les tâches quotidiennes le baronnage réuni. Les suites étaient néanmoins rachitiques et il régnait dans l’assemblée une atmosphère spartiate. La plupart avait revêtu leurs habits de guerre et surcots, bannières et caparaçons étaient peints des couleurs des diverses maisons odélianes, mais le noir et l’or dominait cette vaste foule barriolée. Partout au côté du Bélier sable sur champ or l’accompagnaient les deux ailes d’argent sur fond sable de la Veuve.
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