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 A la recherche du passé | May'Inil

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Eliwa
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MessageSujet: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeMer 4 Juin 2014 - 21:37


Voilà un peu plus d'une ennéade qu'ils chevauchaient. Et ce sans s'être réellement arrêté. Un peu plus tôt dans la journée, elle avait demandé à Delnwë si cela le dérangeait de faire un bref arrêt à Sol'Dorn. Sur le chemin, elle avait longuement parlé avec l'elfe qui l'accompagnait, et elle s'était souvenue. Souvenue qu'elle avait laissé quelqu'un derrière elle, une esclave, qui l'avait guidée et aidée, si improbable que cela puisse être. Une drow. Et elle avait alors eu martèle en tête de visiter Sol'Dorn, de la fouiller de fond en comble, de s'emparer d'elle pour la retrouver. Elle brûlait d'un désir de vengeance si puissant qu'elle avait besoin d'emmener son ancienne maîtresse avec elle. Celle qui l'avait éduqué, celle qui lui avait donné une chance de survivre. Elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner à son sort. Lil Ssin'um, comme elles l'appelaient toutes. La Séduisante. Pas une seule fille dans la maison ne lui arrivait à la cheville. Elle était d'une beauté presque surnaturelle, envoûtante, et elle obtenait toujours ce qu'elle voulait des hommes qui venaient la visiter. Eliwa s'était longtemps demandé pourquoi elle ne s'était pas échappé de cet enfer plutôt, jusqu'à ce qu'elle comprenne que l'enfer de l'elfe était loin d'être le sien.

Et alors, elle lui avait voué une admiration hors du commun. Qu'elle avait finalement oublié, parce qu'elle avait tiré un trait sur tout ce qui s'était passé dans ce manoir. Elle avait voulu tout oublier. Tant le bon que le mauvais. Ce fut ainsi qu'elle oublia Lil Ssin'um, la reléguant dans les fins fonds de sa mémoires, dans des recoins qu'elle avait promis de ne plus jamais explorer, avec un tas d'autres souvenirs. Qui soudainement, lui étaient revenu. Peut-être que les question de Delnwë l'avaient aidé. Peut-être que l'idée de retourner là-bas lui avait rappelé tous ce qu'elle y avait vécu, ce pour quoi elle y allait. Enfin, peu importait, pour le moment, seul comptait la drow.

Ils arrivèrent à Sol'Dorn dans l'après-midi, et, au lieu de se laisser happer par la beauté et l'attirance de la nouveauté, elle chercha une maison close, un bordel, ou tout ce qui y ressemblait de près ou de loin. Elle avait entre temps laissé l'elfe à ses propres affaires, ne voulant pas le mêler aux siennes, qui étaient somme toute plutôt sordides. Ainsi, elle écuma quelques endroits de passe, mais évidemment, elle n'y trouva pas celle qu'elle cherchait. Lorsqu'elle demandait une drow au gérant de l'établissement, on lui en proposait une demi douzaine, en vantant leurs mérites tour à tour, et précisant même, quelques fois, qu'elle pouvait les prendre toutes, si tel était son désir. Ayant quelque peu du mal à les arrêter en pleine vente de leur marchandise, elle les laissait terminer leurs discours pour finalement leur dire qu'elle n'était pas intéressée.

Elle sortait d'un énième établissement lorsqu'elle réalisa que jamais elle ne pourrait trouver celle qu'elle cherchait, à moins que cette dernière ne veuille bien se montrer. Elle avait du donner son nom à plus d'une douzaine de personne, et on pouvait multiplier ce nombre par dix si on comptait ceux qui travaillaient dans ces maisons de passe. Parce que, eux, contrairement à elle, il y avait de cela quelques dizaine d'années, travaillaient. Ils n'étaient pas retenus prisonniers, et semblaient plus ou moins se complaire dans leur situation. ''Comme Lil Ssin'um'', pensa-t-elle un instant. L'idée avait bien du mal à se frayer un chemin dans son esprit. Alors, comme elle ne pouvait rien faire d'autre que d'attendre, elle trouva un endroit plus ou moins sûr pour une elfe, dans ce piège immense qu'était Sol'Dorn pour elle, et, la capuche de sa cape rabattue sur sa tête, s'appliqua à oublier les cris qui résonnaient à ses oreilles. Elle n'avait rien trouvé de mieux qu'une maison close, dont le gérant était cette fois-ci un humain et non un drow, et qui était donc principalement occupé par des humains. Assise dans un coin, elle ne disait mot, et s'enferma petit à petit dans la gangue solide et protectrice de son esprit, n'espérant qu'une seule chose : qu'on vienne l'en tirer assez tôt pour qu'elle reprenne la route. Après tout, Lil Ssin'um ne devait pas être loin.


Dernière édition par Eliwa le Jeu 11 Sep 2014 - 18:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeJeu 26 Juin 2014 - 7:19


On les entendit approcher quelques instants avant qu'ils ne passent l'épaisse tenture qui masquait l'entrée du bordel. Le bruit était tout à fait reconnaissable pour l'oreille entraînée, ce mélange de tintement d'acier et de pas feutrés. Des spadassins. Bien évidemment ils étaient courants à Sol'Dorn, encore plus dans les maisons de passes, et l'on ne s'inquiétait pas outre mesure. Néanmoins, le garde, un imposant sang-mêlé à la peau grise et aux yeux légèrement grenats, posa discrètement la main sur la paume de son épée.
La tenture s'écarta pour révéler un duo. Le premier était lui aussi un sang-mêlé, mais à la peau dorée comme du miel et aux yeux assortis qui lui donnaient l'air d'une friandise, à peine atténué par la barbichette poivre et sel qui paraît son menton. Il portait des habits clairs, coupés serrés, sur lesquels un plastron de lanière de cuir était parfaitement ajusté. A sa hanche pendait une épée courbe à un seul tranchant, dont la poignée était incrusté de petites améthystes, ainsi qu'une dague au manche laminé d'or. Ses oreilles effilés étaient parcourus de clous de métal précieux ornés de diverses pierreries. Le garde le reconnut et ôta avec précipitation la main de son arme. Déjà parce que peu de personnes dans la cité franche pouvaient se targuer de battre Draven au sabre. Mais surtout parce qu'aucune ne voulait encaisser la colère de May'Inil Baenrahel, l'une des conseillères les plus influentes de la cité dont il était l'homme de main favori ainsi que son fils.
Sa compagne était une drow de pure souche, visiblement émigré du Puy longtemps après sa majorité puisqu'elle avait la peau ébène et les cheveux blancs. Elle portait une armure de cuir recouverte de quelques pièces de métal et elle se tenait fière et sûre d'elle aux côtés du sang-mêlé. Une épée battait également son flanc. Ses yeux rubis parcoururent le bordel du regard, captant ceux des clients qui avaient délaissé leurs jeux pour se complaire dan les formes et les mouvements de la drow.

Un esclave, masculin quoique d'un aspect très poupin, s'approcha d'eux en traînant les pieds, voûté et en s'inclinant toutes les deux secondes pour les saluer.

« Bienvenue, messeigneurs, désirez-vous quelques rafraîchissements tandis que vous faites votre choix ? Nous avons récemment entré de très belle pièces qui j'en suis sûr saurons satisfaire à toutes vos attentes... » Il n'eut pas le temps de détailler plus ce qu'il leur proposait puisque Draven l'attrapa par le col et le redressa d'une main, fermement quoique sans brutalité excessive :
« Nous ne sommes pas là pour ça. Va prévenir ton patron que je désire m'entretenir avec lui au sujet de la commande de maîtresse Baenrahel. » L'esclave déglutit et hocha vigoureusement la tête, puis se retira rapidement et disparut derrière une des nombreuses tentures qui dissimulaient des accès au reste du bordel.
Il ne fallut guère longtemps pour qu'un humain aux cheveux grisonnants, au ventre rebondit mais aux épaules larges et aux mains calleuses ne vienne à leur rencontre. Il avait le visage dur du proxénète mais alourdis par des bajoues flasques. Seuls ses yeux marrons étaient encore dans leur pleine force. Il salua le plus respectueusement du monde Draven mais n'accorda pas une attention à la drow qui l'accompagnait, puis invita le sang-mêlé à le suivre. D'un signe de tête celui-ci demanda à la drow de rester dans la pièce principale, puis suivit le maquereau.

Restée seule, la spadassin entreprit d'observer plus longuement ce qu'il se passait. L'esclave d'accueil revint vers elle, toujours aussi rampant et dégoulinant de flatteries, mais elle l'écarta d'un geste, elle n'avait pas le temps pour ça, bien que les encens aphrodisiaques que répandaient les braseros placés dans toute la pièce lui en donna assurément envie. Elle pourrait toujours l'assouvir une fois revenue chez sa maîtresse actuelle. Son regard s'arrêta alors sur une forme prostrée sur elle-même, dans un coin de la pièce. Cela l'intrigua grandement, on ne laissait pas les travailleurs se comporter ainsi et peu de clients venaient dans ce genre d'endroit pour broyer du noir. Dédaignant donc l'esclave qui lui proposait une coupe de vin épicé, elle s'approcha de la personne mystère. Elle semblait faire à peu près sa taille et possédait une silhouette fine. Mais elle ne voyait toujours pas son visage. Arrivée à sa hauteur elle se pencha à genou, pour pouvoir voir sous la capuche. Elle ne parvint pas à cacher sa surprise :

« Eliwa ? »
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeLun 30 Juin 2014 - 16:03


Comme elle l'avait espéré, on vint la tirer de ses pensées bien assez tôt. Ce qu'elle n'avait pas espéré par contre, c'était que ce puisse être par celle qu'elle cherchait. Sa tournée des maisons closes avait donc payé, en quelques sortes. Puisque même si elle ne l'avait pas trouvée de suite, elle avait fini par le faire. Ou plutôt, c'était elle qui l'avait trouvé, puisque enfermée derrière le mur de ses pensées, elle n'aurait relevé la tête sous aucun prétexte et aurait pu la rater si elle n'était pas venue vers elle. Un sourire étira alors ses lèvres, et, relevant la tête, elle murmura :

 - Lil Ssin'um. Je te cherchais.

Sur l'instant, elle ne sut quoi ajouter. Le seul fait de la revoir l'emplissait de joie, et elle oublia brièvement pourquoi elle avait fait un détour par Sol'Dorn. Ne serait-ce pas tout simplement parce que sa maîtresse, son amante peut-être même, lui avait manqué ? Ne serait-ce pas parce qu'elle lui avait plus ou moins promis une visite une fois qu'elle aurait été pleinement accomplie ? Elle aurait tellement aimée que ce ne soit que cela, que ce ne soit rien d'autre qu'une simple envie de passer encore un peu de temps dans des bras qu'elle connaissait si bien avant de repartir pour d'autres histoire. Pour écrire son histoire, tout simplement. Mais elle savait que c'était bien plus que cela, qu'elle avait autrement besoin d'elle. Qu'elle avait besoin d'autres de ses talents. Et il était vrai que cela la peinait quelque peu.

Sur le moment, elle eut envie de revenir en arrière, de revenir au temps où elle était simple poupée dans les mains de la sombre, ou encore, au temps où elle était presque devenue son amante. Elle eut envie de retrouver cette complicité qu'elles avaient perdue, une complicité des plus unique, qu'elle n'avait jamais pu retrouver ailleurs. Mais, elle ne pouvait se résoudre à oublier son but, elle ne pouvait abandonner l'elfe qui l'accompagnait au détriment d'une drow qui devait déjà avoir des occupations. Bien qu'elle ne doutait aucunement qu'elle puisses toutes les abandonner pour revivre un bref instant ce qu'elles avaient vécu autrefois. ''Si j'avais su qu'un jour, je regretterais cette époque...'' Si elle avait su, elle n'aurait peut-être pas fuit. Elle serait peut-être restée, elle aurait peut-être essayé de devenir plus forte, elle aurait peut-être laissé l'affection venir à elle au lieu de lui courir après. Elle aurait certainement souffert, encore et encore. Mais elle aurait grandi, elle se serait endurcie.

D'un soupir, elle chassa toutes ces suppositions, qui s'avéraient être bien veines, et finalement, elle lui demanda si ici, elles pouvaient parler sans crainte. Et comme elle voyait bien les regards qui caressaient le corps de la drow, elle ne fut pas surprise que cette dernière l'emmène dans une alcôve, là où le rideau leur assurait un semblant d'intimité. Quand elle fit tomber sa cape sur le sol, elle vit les iris pourpres de la drow se précipiter sur elle, comme s'ils voulaient se rappeler, comme s'ils voulaient voir si elle avait changé. Elle la laissa faire un instant avant de briser le silence qui régnait entre elles.

 - Ecoute, je ne suis pas là pour ça. Même si j'aurais réellement aimé, commença-t-elle. Je suis venu te trouver parce que...

''Parce que tu me manques'', pensa-t-elle comme une idiote. Elle venait de lui dire qu'elle n'était pas venu pour ça, et comme par hasard, elle ne pouvait penser à autre chose.

 - Parce que je dois en finir avec Père. Tu sais, je ne peux plus vivre comme ça, sous le joug de mes souvenirs, je n'en peux plus d'être l'esclave du passé. Et pour avancer, je crois que j'ai besoin de ton aide. Tu crois que tu pourrais m'accorder un peu de temps pour ça ?

Si elle refusait, elle ne savait ce qu'elle ferait. Sans son aide, sans son soutien, elle n'était pas certaine de pouvoir arriver à ses fins, ou tout du moins, de pouvoir le faire correctement. Et quoi de plus terrible que de rater quelque chose sur quoi on ne pourrait jamais revenir ? Non, elle n'avait pas envie que cela lui arrive, elle avait besoin d'aide, et cette fois, elle savait que l'aide de Delnwë ne lui suffirait pas. Elle avait besoin de l'aide de quelqu'un qui savait. De quelqu'un qui avait vécu, et qui se rappelait aussi bien qu'elle. De quelqu'un a qui elle n'aurait pas besoin d'expliquer. Et de quelqu'un qui lui rappellerait les bonnes choses de son passé. Pour ça, qui de mieux que Lil Ssin'um ?
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 4 Juil 2014 - 13:27

Lil Ssin'um semblait réellement surprise de revoir l'elfe. Elle ne s'était pas réellement attendus à ce qu'elle la retrouve un jour. Le plaisir disputait toutefois avidemment sa part d'esprit et un sourire ravis se dessina sur son visage. A sa demande, elle l'entraîna dans une alcôve, bousculant au passage l'esclave qui voulait leur proposer le service de masseurs professionnels et des rafraîchissements. Elle tira la tenture derrière elle en lui exprimant vivement ce qu'il pouvait aller faire avec les masseurs, puis elle se retourna vers Eliwa. Laquelle venait de se débarrasser de sa cape, ce qui laissait libre Lil Ssin'um de parcourir du regard son corps, encore vêtu certes. L'elfe le remarqua et lui fit une remarque à ce sujet, la drow remontant vivement ses yeux sans cacher son étonnement et sa frustration. Puis elle écouta attentivement ce qu'elle avait à lui dire. Lorsque ce fut fait, elle resta quelques secondes silencieuse, soucieuse, la mine affectée. Elle se décida finalement à répondre :

« Je suis vraiment désolé Eliwa, j'aurais aimé t'aider mais je ne peux pas. Je suis engagée actuellement, et c'est un peu plus qu'un simple contrat. J'ai beaucoup trop à perdre pour me permettre d'aller jouer les mânes vengeresses sur ton père. J'espère que tu le comprendras. »

Elle garda le silence, son regard peiné planté dans celui d'Eliwa. Un moment il semblait qu'elle allait ajouter quelque chose puis elle se ravisa et détourna le regard. Elle semblait estimer les choses. Finalement elle se décida, jura tout bas contre tous les dieux du panthéon et se rapprocha de l'elfe d'un pas agile pour lui prendre les mains dans les siennes.

« Il y a peut-être quelque chose que je peux faire. Ma commanditaire actuelle pourrai être intéressée par toi, et tes désirs. Je peux essayer de t'obtenir une entrevue. Je ne promets rien, mais si tu parviens à la convaincre de t'aider... Je peux t'assurer que tu obtiendras ce que tu veut. Et que je te soutiendrais avec grand plaisir. »

Elle se pencha en avant et vint capturer les lèvres de l'elfe entre les siennes. Elle savoura quelques secondes le parfum fruité de sa compagne avant de s'en détacher. Elle planta son regard rubis dans le sien, puis chuchota presque :

« Alors, qu'est-ce que tu en dis ? »

Eliwa consentit et un éclat de joie passa dans le regard de Lil Ssin'um. Elle déposa un nouveau baiser rapide sur les lèvres de son ancienne amante, puis s'éloigna de quelques pas.

« Retrouve moi sur la place du quartier des temples, au coucher du soleil. Je t'accompagnerai jusqu'à elle. Ah, et, garde ta capuche surtout. Ne prends pas de risques. »

Sur ces mots elle disparut derrière le rideau en quittant l'alcôve. Le bruit informa bientôt Eliwa que le propriétaire était revenue en compagnie du sang-mêlée à la peau de miel, et qu'il se lamentait en demandant un peu plus de temps que visiblement, au ton sec avec lequel on lui répondit, on ne lui octroya pas. Puis les deux spadassins quittèrent le bâtiment sans plus provoquer d'esclandre.


La soleil était désormais passé derrière les bâtiments blanchis à la chaux et la température baissait rapidement. Le sol ne retenait guère de chaleur et les bâtiment était depuis longtemps de petites merveilles d'isolation, indispensable pour ne pas cuire le jour. Ainsi les nuits devenaient rapidement froide dès que l'astre s'était couché. Lil'Ssin'um pénétra sur la place principale, de chaque côté de laquelle se dressaient les temples d'Uriz et de Teiweon. Et à l'entrée d'une des rues était situé le temple d'Isten. Elle était emmitouflée dans sa cape et parcourut les lieux du regard jusqu'à trouvé Eliwa qui l'attendait, protégé par le portique d'un manoir. Elle lui fit signe de la rejoindre et lorsque ce fut fait elle la guida dans les rues. Elles passèrent sans s'arrêter devant le temple d'Isten, puis tournèrent à deux reprises avant de se retrouver devant une résidence de belle taille.
Elles se présentèrent au portail en fer noir, qu'un garde ouvrit en reconnaissant Lil Ssin'um. Il reluqua ostensiblement le peu qu'il pouvait voir d'Eliwa et siffla, approbateur. La drow guida sa compagne derrière le manoir et la fit entrer par l'une des portes de service. Elles pénétrèrent dans des parties réservés aux mercenaires et les bruits de jeux et de boissons leur parvenaient d'une pièce à leur droite. Lil se débarassa de sa cape, l'invita à en faire de même, puis l'entraîna droit devant, et monta un escalier avant de faire glisser un panneau pour se retrouver dans le manoir principal. Là les couloirs étaient richement décorés d’œuvres d'art plus ou moins réussies, dont un grand nombre étaient consacrés aux dieux eldéens et particulièrement à Isten. Les autres avaient des sujets variés, mais l'esthétique du corps y était souvent présente.
Arrivé au détour d'un couloir Lil l'arrêta, jeta un coup d'oeil devant elles et approcha sa bouche de l'oreille d'Eliwa :

« Bon, Draven est à l'extérieur, comme je le pensais, ce qui signifie qu'il n'y a normalement personne avec elle. Je vais l'occuper et l'attirer ailleurs, rentre dans la pièce. Si elle n'est pas seule, ne panique pas et ne fait rien d'agressif, je te tirerais de là si ça se passe mal, ne t'en fais pas. Allez, je compte sur toi pour la convaincre. »

Elle mordilla sensuellement le bout de son oreille avant de lui adresser un sourire mutin et de s'avancer dans le couloir, sûre d'elle. Si Eliwa jetait un œil dans le couloir, elle pourrait voir la drow s'approcher de Draven en lui adressant des paroles pour le moins explicites, le saisir par le col et se blottir contre lui. L'attrait du sang-mêlé était manifeste mais il fallut tout le talent de Lil pour le faire quitter son poste et laisser la voie libre à l'elfe.


May'Inil méditait sur son balcon, tandis qu'elle sentait les rayons du soleil de plus en plus faibles sur sa peau. Elle devinait que la nuit était proche, puisque l'air sec n'annonçait aucune pluie et qu'en dehors de ces occasions le ciel de Sol'Dorn restait quasiment tout le temps dégagé. Elle passait beaucoup de temps à réfléchir depuis qu'elle était devenue gardienne. Moins depuis qu'elle avait repris ses activités. Mais le crépuscule restait un instant qu'elle appréciait pour le calme qu'il apportait sur la ville.
Lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir, elle se tourna vers celle-ci :

« Draven, c'est toi ? Qu'est-ce qu'il y a ? »
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 4 Juil 2014 - 21:40


Ainsi, elle ne pourrait l'aider en personne. L'elfe fit la moue un instant avant que la drow ne finisse par lui proposer son aide. Ou plutôt, l'aide d'une autre qu'elle voulait lui faire rencontrer. A vrai, elle ne savait pas vraiment si elle saurait quoi demander, si elle saurait de quoi elle avait besoin, mais elle n'avait pas envie de quitter cette ville sans quelque chose, à défaut de Lil Ssin'um. Parce qu'elle avait tant espéré en si peu de temps qu'elle ne pouvait se permettre d'être déçue. Alors elle vint au rendez-vous, sa capuche rabattue sur sa tête, et suivit la sombre jusqu'au manoir dans lequel se trouvait très certainement celle qu'elle voulait lui faire rencontrer. Eliwa sourit lorsqu'elle lui mordilla l'oreille, et lui caressa doucement le bras avant qu'elle ne parte pour jouer avec un autre. Une fois qu'ils furent bel et bien partis, elle se faufila dans le couloir et pénétra dans la pièce, comme on lui avait dit de faire.

Des iris couleur d'ambre se braquèrent sur elle. Elle se trouvait face à une sombre, quoi d'étonnant là-dedans ? Lil Ssin'um ne l'aurait jamais emmené voir une humaine, non, bien sûr que non. Alors pourquoi était-elle tant décontenancée ? Peut-être parce qu'elle savait ne pas être à sa place. Elle était une intruse, elle n'avait rien à faire ici. Et si elle n'avait pas déjà été repérée, elle serait sans doute repartie aussi vite qu'elle était venue. Parce qu'il fallait être réaliste. Pourquoi une drow, qui était assez importante pour avoir un garde à sa porte, aiderait une elfe qu'elle ne connaissait absolument pas ? Mais il était trop tard pour faire marche arrière, et elle ne put qu'essayer d'improviser une réponse avant que son silence lui porte préjudice.  

 - Ce n'est pas Draven, je suis là parce que..., commença-t-elle.

Parce qu'elle avait besoin d'aide, parce qu'elle était un peu perdue, parce qu'elle avait envie de penser à tout autre chose qu'à ce pourquoi elle faisait ce voyage ? Quelle était la bonne réponse ? Y en avait-il seulement une ? Le doute dans sa voix ne se fit presque pas sentir, et elle ne coupa finalement pas si longtemps sa phrase :

 - J'aurais besoin d'aide. On m'a dit que vous pourriez peut-être me procurer ce dont je pourrais avoir besoin.

Elle ne savait même pas de quoi elle avait besoin, mais peu importait. Tout ce qui comptait était qu'elle termine rapidement sa phrase pour réfléchir à autre chose. Elle se demandait si elle devait donner le nom de Lil Ssin'um, ou si au contraire, elle devait le taire. D'un côté, elle était rentrée si facilement qu'elle devait être une habituée, mais d'un autre, elle avait séduit Draven pour que l'elfe puisse pénétrer dans les quartiers privés de la drow qu'elle avait maintenant en face d'elle. Et cela, à son avis, n'augurait rien de vraiment bon pour son ancienne amante. Enfin, elle lui dirait si elle le lui demandait, rien de plus, rien de moins. Pas la peine de s'inquiéter pour ça, elle avait d'autre problème en tête, pour le moment. Comme la réaction que la sombre aurait face à l'elfe qui venait de rentrer, encapuchonnée et totalement inconnue d'elle.

Alors elle décida premièrement de se découvrir. Lentement, elle monta les mains jusqu'à son visage et fit tomber la capuche qui cachait ses cheveux et une bonne partie des traits de son visage. Avant elle aurait encore pu passer pour une semie, mais désormais, il était clair qu'elle n'était autre qu'une elfe. Peut-être n'aurait-elle pas du s'exposer ainsi, d'ailleurs, mais c'était bien trop tard, et elle ne pouvait désormais qu'attendre une réponse de celle qui la fixait de ses yeux dorés. Et tandis qu'elle attendait, elle releva légèrement son menton et son dos, comme si elle voulait lui dire qu'elle ne craignait pas ce qui pourrait arriver, presque comme si elle confiante. Alors qu'elle ne l'était pas vraiment. D'un côté, elle se disait que son ancienne amante ne l'aurait jamais envoyé à la mort, mais d'un autre, elle ne connaissait aucunement la drow qui lui faisait face. Les derniers rayons du soleil se faufilaient à travers l'ouverture, et alors, elle se dit que la nuit risquait d'être longue.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 4 Juil 2014 - 22:33

Ce n'était pas Draven. Évidemment que non, elle ne risquait pas de confondre la voix de son fils avec celle, distinctement féminine, qui s'adressait à elle en cette occasion. Quant à savoir comment cette inconnue était entrée... et ce qu'il était advenu de Draven. Elle laissa l'étrangère finir de s'expliquer, si tant est que ce mot convenait à un discours aussi laconique. Quand ce fut fait elle resta un moment silencieuse.
Elle doutait qu'on en veuille à sa personne. Si c'était le cas, l'angle d'approche choisi était tout à fait particulier. Il aurait suffit à l'intruse de quelques pas pour être sur elle, et la prêtresse n'avait pas même un stylet pour se défendre. Elle était déjà incapable de s'en servir lorsqu'elle y voyait, désormais, elle risquait davantage de s'ouvrir les veines elle même. Pour autant elle n'était pas sans défense.

Elle se leva dignement. Elle n'avait rien de particulier dans sa large robe blanche, au tissu vaporeux qu'elle n'utilisait que chez elle, lorsqu'elle se pensait à l'abri de tout dérangement. Contrairement à ses habitude, elle ne portait aucun collier, aucunes bague, aucun clou d'oreille. Seul un petit pendentif d'argent venait se nicher au creux de ses seins, dont la forme était clairement visible sous le tissu presque transparent, et représentait le symbole d'Isten, un calice stylisé. Dans les derniers rayons de soleil, elle apparaissait dans un contre-jour majestueux qui illuminait sa silhouette et laissait le reste dans l'ombre.
Elle se concentra, elle percevait la respiration de celle en face d'elle, elle parvenait bientôt à trouver son esprit. Elle la sentait hésitante. Hésitante à quoi, elle n'en savait rien, mais elle ne comptait pas le découvrir sans prendre ses précautions. Elle rassembla ses forces, sentit son pendentif comme s'alourdir, perçut le courant de magie qui s'écoulait autour d'elle et en modifia le tracé. Elle tendit brutalement les mains en direction de celle qui venait d'entrer. Peut-être allait-elle s'écarter aussitôt, elle n'en savait rien, mais cela n'avait pas d'importance, elle visait directement son esprit. Elle récita une prière dans un drowique pompeux, si vite qu'elle en devenait presque incompréhensible. Néanmoins, sa langue ne fourcha pas même une fois :

« Isten Okhras'Gaath, Assoiffée, Maîtresse des désirs et des ambitions, pardonne à ta servante mais je t'implore de faire taire chez cette personne toute ambition belliqueuse qu'elle pourrait nourrir à mon encontre. Mais pour ne pas laisser le vide en son âme, que le désir de se confier vienne les remplacer. Isten Okhras'Gaath, Assoiffée, Maîtresse des désirs et des ambitions. »

Elle sentit la magie la traverser et son pendentif sembla chauffer mais le flux la quitta aussi rapidement qu'il l'avait possédé, pour se fondre dans l'esprit de la personne en face d'elle. Elle ne savait pas vraiment si sa prière avait eu l'effet escomptée -bien qu'elle ne doutât pas une seule seconde qu'elle ait été entendue- mais elle se sentait fatiguée. Il n'était pas chose aisée d'influencer aussi rapidement un esprit, elle n'avait pas eu le temps nécessaire pour convenablement se préparer ni jouer de la magie. Elle avait dus s'en remettre à la puissance seule. Un domaine où elle n'était pas vraiment une experte. Sa cible allait sans doute avoir la migraine pendant plusieurs minutes, mais elle n'aurait pas d'autres séquelles indésirables.
La prêtresse reprit un peu de convenance et, d'une voix plus douce bien qu'autoritaire, s'adressa à son invitée surprise dans un drowique commun, parfaitement compréhensible et sensiblement proche de l'elfique :

« Je ne sais pas qui tu es, mais si tu as des armes, jette les au sol puis avance toi. Je n'ai aucune envie de discuter avec quelqu'un qui possède quelque acier sur lui. Et prends un siège, inutile de rester debout. »

Elle-même se dirigea vers une chaise autour d'une table. Elle tendit la main devant elle pour repérer les meubles et s'assit doucement, veillant à ne pas se tromper. Elle tâtonna un instant à la recherche de la corbeille de fruit, puis prit une orange dans sa main et la fit jouer un moment entre ses doigts, en attendant d'entendre la chaise en face d'elle bouger et quelqu'un s'installer. A ce moment elle planta un ongle dans le fruit et commença à en éplucher méticuleusement la peau, sans se presser, son regard perdus elle ne savait où.

« J'aimerais déjà savoir qui tu es, qui t'as dit de venir me voir et comment tu es arrivé jusque dans ma chambre. Ensuite, tu pourras m'expliquer plus précisément ce que tu espères de moi. Et n'hésites pas à entrer dans les détails : j'aime les histoires. »
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 4 Juil 2014 - 23:43

Elle avait usé de magie. Pour quoi faire ? Elle n'en savait trop rien, elle était seulement un peu étourdie, mais elle n'avait pas vraiment mal quelque part. Alors, quand elle la somma d'avancer après avoir jeté ses armes, elle fit glisser ses lames sur le sol et fit quelque pas en avant. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver un siège et s'y installer. Une fois que ce fut fait, elle lui demanda de décliner son identité, comme l'elfe l'aurait fait à sa place, tandis que son regard se perdait quelque part. Mais, ce n'était pas quelque part dans la pièce, quelque part sur son corps ou quelque part dehors. C'était dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, comme s'il existait autre chose, mais qu'elle ne le voyait pas. Un peu comme si elle ne voyait plus ce que l'elfe voyait mais un autre monde. Cependant, elle ne s'attarda pas longtemps sur ses yeux et finit par ouvrir la bouche pour répondre à ses questions. Sa langue frappait les sons de son idiome tandis que sa voix les chantait :

- Je m'appelle Eliwa Sar'Helle, je viens sur le conseil de Lil Ssin'um et je suis arrivée ici par ses soins. Si jamais tu te demandes ce qui est arrivé à ton garde...

Elle sut à la réaction de son corps qu'elle s'en souciait.

- Je pense qu'il va bien, il est justement avec la sombre qui t'as recommandé.

Elle ne savait si elle avait dit les bonnes choses, mais en tout cas, elle avait dit la vérité. Et cela devait encore compter, tout au moins l'espérait-elle. Et quand vint alors le moment de répondre à la dernière question, elle ne sut pas vraiment quoi répondre. Cependant, elle n'hésita pas, et les mots sortirent, plus fluides que jamais.

- J'avais besoin de Lil Ssin'um, c'était elle que j'étais venu chercher. Seulement, elle ne peut me donner son aide, elle ne peut m'accompagner, alors elle m'a dit que tu le pourrais peut-être. Mais, je ne sais pas réellement ce dont j'ai besoin. Je voulais son aide parce qu'elle a été si importante pour moi, elle représentait tant lorsque j'étais chez Père... Un semi, qui avait plus de sang elfique, c'était clair comme de l'eau de roche, mais il voulait que je l'appelle Père, et depuis, je ne l'appelle plus autrement. Ce qui est atroce dans tout cela, c'est qu'il ne m'a jamais réellement considéré comme sa fille. Et je vis avec ça, avec ce passé qui, je le sais, pourrait me rattraper à chaque instant. Seulement, je n'en peux plus, je dois mettre un terme à cela. Je pensais qu'en lui rendant visite, qu'en emmenant Lil Ssin'um avec moi, j'aurais peut-être une chance de me libérer. Effacer les mauvais souvenirs pour ne garder que les rares bons.

Mais quels bons ! Elle n'en avait pas d'autres de cette époque, les rares moments où elle se sentait pleinement bien, c'était lorsqu'elle était en compagnie de sa maîtresse, ou dans les jardins, quand Père l'autorisait à sortir. Ce qui était somme toute assez peu courant. Juste assez pour qu'elle ne mette pas fin à ses jours, ou pour qu'elle prie secrètement Tyra pour qu'elle lui donne ce repos salvateur. Et alors, elle eut comme un déclic. Elle savait.

- Et je pense aussi que j'avais besoin d'elle pour mettre fin aux jours de Père, si jamais tout cela tournait mal. Je ne sais pas si seule, j'en serai capable. Il est si... Je ne sais pas comment le dire, mais je ne sais pas si au moment venu, j'aurai le courage.

Elle avait besoin de savoir, elle avait besoin d'être sûre. Elle avait aimé être remplie de haine et de rage, parce que, alors, elle ne doutait pas. Elle savait, tout, elle savait qu'elle allait réussir, elle savait qu'elle allait échouer, elle savait qu'elle allait mourir, elle savait qu'elle allait vivre. Tout cela à la fois, rien que tout cela, et en même temps tellement plus. Et aujourd'hui, la haine et la rage commençait à s'étioler, parce qu'elle s'était souvenue de Lil Ssin'um. Du bon. Alors, elle n'avait plus été certaine. Elle n'avait plus su si clairement. Peut-être que c'était pour ça, aussi, qu'elle avait besoin de son ancienne amante. Pour lui donner cette certitude, et pour lui assurer la réussite de son but. Après tout, la drow n'aurait certainement pas faibli, elle lui faisait plus que confiance. Jamais elle n'avait fui, tandis que l'elfe elle, l'avait fait.

- Alors, je ne sais pas si tu peux m'aider, à vrai dire j'en suis même très peu certaine. Mais Lil ne m'aurait jamais conduite ici sans raison, ajouta-t-elle, doucement.

En face d'elle, la sombre l'écoutait, nonchalamment assise sur son siège, dans une nuisette qui faisait malgré elle travailler son imagination. Elle avait bien dit à Lil Ssin'um qu'elle n'était pas là pour cela, et voilà qu'elle se prenait à rêver d'une nuit chaleureuse aux côtés d'une drow. Ce qui était le plus troublant dans tout cela, c'était que celle qu'elle avait en face d'elle se confondait avec son ancienne amante, à un tel point qu'elle trouvait ça presque indécent de sa part. La confondre avec une inconnue, non, elle ne pouvait pas laisser passer. Alors, elle secoua la tête pour chasser ces pensée et se concentrer sur la réponse de la sombre.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeSam 5 Juil 2014 - 0:26

May'Inil l'écouta se présenter. Elle se raidit un peu à la mention de Draven, juste assez pour faire frisonner le tissu qui recouvrait son corps. Mais elle fut bien vite rassurée par les propos.

« Si c'est Lil qui est en sa compagnie, je n'en doute pas un instant, j'ai deviné qu'elle l'appréciait. Et lui aussi, je crois. Quant à elle, j'aurais dus me douter qu'elle ne renoncerait pas aussi facilement. »

Elle se souvenait maintenant très clairement avoir éconduit une demande de la spadassin à rencontrer une amie à elle. Lil était déterminée, c'est l'une des raisons pour lesquelles May'Inil l'avait engagé et pour lesquelles elle la pensait digne de rejoindre les rangs des adeptes. Mais elle ne s'attendait quand même pas à ce qu'elle fasse pénétrer en douce quelqu'un jusqu'à sa chambre, au nez et à la barbe de ses différents gardes.

« Elle doit beaucoup t'estimer pour t'accorder autant d'attention et de risques. Voilà qui éveille plus encore ma curiosité. »

Le reste fut un peu plus confus. Mais elle comprenait l'essentiel. Et également les raisons qui avait poussé sa nouvelle employée à croire qu'elle apporterait son aide. Libérer une âme en peine de son passé pour la tourner vers le futur, c'était une chose qu'elle appréciait. Une manière d'honorer sa déesse. Elle ne manquait jamais une occasion d'encourager les ambitions, tant que cela ne la desservait pas bien entendus, mais d'abord il fallait souvent rompre des chaînes. Chaînes morales, chaînes plus physique ou bien comme ici chaînes du passé.
Et elle essayait de comprendre qui pouvait bien être ce Père. Elle savait que celle qui se tenait en face d'elle avait connue Lil lors de sa précédente vie, ça elle l'avait compris. Or, Lil était, avant de venir à son service, l'employé d'un bordel thaari. Un bordel qui, si ses souvenirs étaient bons, était un sang-mêlé. Doublé d'un concurrent désagréable sur certaines affaires. Ils avaient été un temps à couteaux tirés, par le biais de quelques partenaires de la prêtresse, puis elle avait du revenir à Sol'Dorn et les choses s'étaient calmées. Mais ce ne serait peut-être pas une mauvaise chose de régler ces dettes. Plus encore si cela ne lui demandait rien d'autre que de se passer de Lil pendant quelques ennéades. Elle ne doutait pas vraiment que la drow allait tuer son ancien propriétaire.
Oui, oui elle pourrait y trouver intérêt. Elle pourrait se contenter de cela, le dire à la jeune femme devant elle et la congédier sans plus de cérémonie. Pour tant elle n'en fit rien. Sa curiosité était piquée et elle avait toute la nuit devant elle pour la satisfaire.

« Approche. »

La voix cette fois était dépourvue d'autorité, douce et irrésistible. Sans gestes brusques, elle tendit les mains devant elle et vint effleurer du bout des doigts le visage gracieusement offert. Elle la sentit d'abord légèrement crispée, intriguée, puis elle se détendit. Elle ne la touchait qu'à peine, dessinait ses traits sous la danse de ses doigts. Elle glissait le long de ses joues, sur ses lèvres, sur son nez, autour de son arcade. Elle était sans aucun doute jolie. Et ses traits fins n'étaient assurément pas humain, même si ce doute là n'était plus vraiment d'actualité. Mais plus que cela elle pouvait percevoir son esprit plus en détail, en déceler les pensées de surface et surtout comprendre plus avant tout le doute qu'elle possédait. Elle retira ses mains et se réinstalla plus confortablement. Un instant de silence passa, avant qu'elle ne se décide à parler :

« Tu dois être vraiment jolie. Lil peut s'estimer tout à fait chanceuse. » Elle avait également perçue le lien qui l'unissait à Lil et, bien qu'elle n'en était pas certaine, une certaine attirance pour sa propre personne : « Je peux t'aider. N'ai aucun doute là-dessus. De plus de manière que tu ne peux sans doute le penser. A accomplir tes désirs. Et à les comprendre.
Avant toute chose, tu dois savoir ce qui te rattache à ce passé. Est-ce la vengeance ? Le regret ? Une promesse ? Tout cela à la fois ? Si tu ne sais pas par quoi tu es attachée, jamais tu ne pourras t'en défaire. On ne gagne rien à frapper dans le vide.
Une fois que ça sera fait, tu pourras réfléchir à comment briser tes chaînes. Tu pourrais bien sûr t'y confronter directement, exercer ta vengeance ou tenir ta promesse. Mais il est parfois plus sain, et simple, d'y substituer autre chose. De trouver un palliatif. Un espèce de compromis.
Alors ? Qu'en penses-tu ? »
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeSam 5 Juil 2014 - 19:25


Elle s'était raidi, légèrement, au contact des doigts de la drow, puis s'était finalement laissé faire. Il fallait dire qu'elle n'avait pas vraiment l'habitude qu'on touche ainsi son visage. Elle ne connaissait pas celle qui lui faisait face, et qu'elle entre ainsi en contact avec elle l'avait quelque peu gêné, sur l'instant. Mais elle sentait bien qu'il n'y avait là rien de méchant, rien d'agressif, seulement une question. Oui, elle devait se demander à quoi elle ressemblait, ce qu'elle était. Elle sourit quand elle lui dit que Lil Ssin'um était chanceuse, mais elle se ravisa rapidement quand elle la replongea à nouveau dans son passé.

 - Je pense que je ne perds rien à essayer, répondit-elle.

Pendant un instant, elle se tut. Elle réfléchissait à toute vitesse. Ses pensées défilaient si vite qu'elle n'avait presque pas le temps de les trier. Et des images, des images aussi, remontaient à la surface. Elles s'imprimaient successivement sur ses rétines tandis qu'elle cherchait. Une promesse, la vengeance, le regret. Non, elle n'avait fait aucune promesse. Pas qu'elle s'en souvienne. Jamais elle n'avait promis quoi que ce soit à quiconque avait vécu cet enfer avec elle. Et jamais quelqu'un ne lui avait promis quelque chose. Quant au regret, elle ne pensait pas en nourrir, mais après tout, elle ne savait pas tout. Peut-être regrettait-elle de n'avoir rien fait pour partir plus tôt. Ou au contraire, peut-être regrettait-elle d'être partie, tout simplement. De l'avoir fait seule, ou d'avoir été la cause de la disparition d'un homme. Parce que Alwin avait très certainement perdu la vie. Enfin, elle ne pensait pas regretter à ce point, certes elle avait longuement réfléchi aux conséquences qu'avaient eu tous ses choix, mais elle avait finalement accepté que tout cela était passé, et qu'elle ne pouvait revenir dessus.

 - Il semblerait que seule la haine m'anime aujourd'hui, et que le désir de vengeance ait pris le dessus sur bien d'autres. J'ai tant souffert, et aujourd'hui, je suis encore hantée par les résidus de cette souffrance. Et Père le savait, mais il a continué à me faire du mal, encore et encore, jusqu'à ce que je prenne la fuite. J'étais alors trop heureuse d'être enfin libre, mais je me rends compte que je suis finalement loin de l'être. Il m'entrave encore alors que je suis si loin de lui. Je dois mettre fin à cette douleur qui ne veut cesser de sourdre dans mon cœur. Parce que je sais que je ne pourrai jamais vivre pleinement dans cet état. Chaque fois que je m'endors, je retourne là-bas. Chaque fois que je rêve, je rêve de cette cage qu'était devenue ma chambre. Chaque fois, sans exception. Je n'en peux plus, j'en ai assez, je ne supporterai pas ça pour l'éternité.

Qui le pourrait, d'ailleurs ? Personne, non, personne ne pourrait vivre éternellement ainsi prisonnier de ses propres douleurs, de ses propres souffrances. Elle avait pensé, au début, que tout cela s'estomperait au fil du temps, que son cœur et son esprit finiraient par cicatriser. Alors, soit elle n'était pas assez patiente, soit elle se trompait complètement. Dans le doute, elle préférait agir plutôt que d'attendre. Elle en avait perdu le sommeil, elle n'avait pas dormi depuis trop longtemps. Quand elle s'accordait le droit d'essayer, elle se réveillait plus fatiguée qu'elle ne l'était en se couchant. C'était pourquoi elle s'était rabattue, en quelques sortes, sur la méditation. Qui apaisait bien mieux son corps et son âme que ne le faisait une nuit de sommeil.

Elle ne s'était pas rassise depuis que la drow lui avait demandé d'approcher. Et elle se laissa presque tomber à ses pieds. Attrapant ses mains qu'elle serra dans les siennes, elle murmura quelques mots. Sa voix tremblait presque, et son souffle s'était fait plus court :

 - Je t'en prie, aide moi.

Si elle ne le pouvait pas, si elle se révélait impuissante, elle n'était pas certaine de pouvoir ressortir de cette pièce entière, pas après avoir tant ressassé son passé. La sombre avait fait remonté à la surface tout ce qui avait été mauvais, elle avait fait revenir tant de nuits qu'elle aurait préféré ne jamais vivre, tant de sentiments qu'elle aurait voulu ne jamais ressentir, et surtout, tant d'hommes qu'elle aurait voulu ne jamais connaître. Tout ce que Lil Ssin'um avait pu lui rappeler d'agréable avait été enseveli sous la quantité impressionnante de ses sombres réminiscences.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeDim 6 Juil 2014 - 18:04

May'Inil écouta silencieusement l'elfe. La vengeance, non ce n'était pas vraiment elle qui la guidait. May'Inil avait connus des vengeances, elle en avait orchestré. Elles ne vous torturaient pas, ne vous réveillaient pas en pleine nuit. La vengeance était une liqueur douce amère dont les vapeurs présagent le plus merveilleux nectar et qui laisse sur le palais un goût de cendres. On n'est rarement contenté par une vengeance, la voir s'achever c'est perdre un objectif. Et May'Inil, en éternelle insatisfaite, ne tirait guère de plaisir de ce qu'elle possédait.
Elle ne pensait pas qu'Eliwa était réellement prisonnière d'une envie de vengeance. C'étaient ses souvenirs qui la hantaient. Elle ne désirait pas tant tuer ce ''père'' pour ce qu'il lui avait fait, que pour s'assurer qu'il ne lui refasse plus jamais rien, en tout cas était-ce ainsi que le percevait la drow. Elle ne cherchait qu'à gagner sa liberté, somme toute. Sa liberté de vivre sa vie sans craindre à tout moment de revenir à ce à quoi elle avait échappé. Et cela ne pouvait que plaire à la prêtresse.

Elle fut sincèrement touchée par la façon dont elle la supplia. Déjà parce qu'elle aimait qu'on se comporte ainsi devant elle, que l'on rampe à ses pieds pour obtenir son aide. Mais aussi parce qu'elle percevait à quel point la détresse de la jeune femme était sincère. Dès lors, il lui était particulièrement ardus de refuser. Et elle n'en avait aucune envie.
Elle retira doucement une de ses mains de l'étreinte de l'elfe pour venir lui caresser affectueusement les cheveux. Elle se demandait bien de quelle couleur ils étaient, mais elle se refusa à le demander. Elle se pencha même pour déposer un baiser sur son front :

« Je te jure que je t'aiderais. Viens. »

Elle se leva et invita l'elfe à en faire de même, la guida jusqu'au lit central et la fit asseoir. Elle lui demanda d'attendre un peu puis sortit de la chambre et appela un serviteur d'une voix autoritaire. Il ne fallut que quelques minutes pour qu'un d'eux se présente, et elle lui ordonna alors d'allumer de petits brasero d'encens tout autour de la pièce, ainsi que quelques bougies pour permettre à Eliwa d'y voir dans l'obscurité désormais prononcée. Après quoi l'esclave eut pour consigne de rester à proximité de la pièce et s'effaça comme s'il n'était jamais venus.

« Tout est bientôt prêt, un peu de patience. » adressa-t-elle à l'elfe avec un sourire réconfortant.

Elle vint ensuite s'asseoir à genoux sur le lit, derrière elle, posa ses mains sur ses épaules et l'invita doucement à s'allonger, jusqu'à ce que sa tête repose sur les genoux de la prêtresse. Elle lui massa longuement les épaules, posant un doigt sur ses lèvres si jamais lui venait l'envie de parler, puis remonta ses mains le long de sa nuque, poursuivant ses attentions, puis sur son crâne. Ses mouvements étaient lents et délicats. L'encens commençait à imprégner l'atmosphère et son odeur entêtante ouvrait l'esprit. Il était issus d'une plante connue pour ses effets hallucinogènes et très utilisé par divers devins et pythies pour des rêves prophétiques. May'Inil n'avait que faire des délires mystiques, mais elle savait que l'odeur avait facilité à faire remonter les souvenirs et donnait lieu à des rêves puissants. Des rêves, qu'avec une petite aide, elle serait capable de percevoir et peut-être d'influencer.
Et tu penses que je vais t'aider ?
Tu me dois bien ça. Et tu meurs d'envie de voir ce que je vais faire. J'en suis certaine.
Elle n'eut pas de réponse, mais elle sentit une nouvelle perception s'offrir à elle, l'esprit de l'elfe lui apparaissait plus clairement, des songes égarés lui parvenaient également d'ailleurs et le fragile voile du présent s'était fait un tout petit peu moins opaque. Elle avait presque l'impression d'avoir un avant-goût des prédictions et prophéties. Elle se demanda alors quelle vérité pouvait-il bien y avoir chez ces charlatans qui se servaient des rêves de leurs pigeons. Naturellement, Il ne lui répondit pas. Elle revint à la réalité et constata que l'encens et ses attentions commençaient à attaquer la conscience d'Eliwa.

« Écoutes moi. Je veux que tu t'endormes, et que tu fasses ces rêves qui te tourmentent. Ne t'inquiètes pas, cette fois, tu ne seras pas seule. Et rien de ce que tu verras n'aura de réalité physique. Tu ne crains rien, je te l'assure. J'ai déjà fait ça de nombreuses fois. »

Elle avait effrontément menti sur ce dernier point, mais elle avait besoin qu'elle soit pleinement détendue pour que cela fonctionne. Elle se concentra sur l'esprit d'Eliwa et, lorsqu'elle le sentit basculer dans le sommeil et le monde onirique, elle le suivit, sentant une magie si pure qu'elle en devenait grisante qui l'accompagnait. Un instant, plus rien n’existât. Puis, quelque chose prit forme...
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeDim 6 Juil 2014 - 23:18

Si elle fut d'abord surprise que la drow lui demande de s'allonger sur ses genoux, elle n'y pensa presque plus une fois qu'elle eut posé les doigts sur elle. Les pressions qu'exerçaient ses mains sur ses muscles tendus la soulagèrent presque autant que la promesse qu'elle venait de lui faire. Elle l'aiderait. Personne n'avait pu le lui affirmer si fermement, personne n'avait pu établir une telle certitude en elle. Elle pouvait s'en débarrasser. S'arracher à son passé. La tête posée sur ses genoux, elle se laissa aller à ses caresses. Mais quand elle évoqua le fait de dormir, le fait de rêver à nouveau, elle se raidit légèrement. Retomber dans le sommeil, là maintenant, alors qu'elle l'avait évité depuis tant de temps ? Bien sûr, on la rassura, et si l'encens n'avait pas commencé à lui monter à la tête, si l'ambiance ne s'était pas comme réchauffée subitement, elle ne se serait pas calmé pour autant. Mais l'atmosphère avait sensiblement changé, et lui rappela bien vite celle de ces soirs. Ces soirs qu'il appelait des soirs spéciaux.

Face au mur de pierre, elle priait. Elle implorait Kÿria de la sortir d'ici, elle demandait grâce, elle demandait un miracle. Mais elle cessa dès qu'elle entendit le plancher craquer devant sa porte. Dans un élan de panique, elle se jeta à l'autre extrémité de la pièce et s'y laissa tomber, les mains devant sa bouche, comme pour retenir un cri muet. Elle fut presque soulagée de voir que ce n'était pas encore un de ces hommes qu'elle ne connaissait pas qui franchit la porte, mais Père. Il lui ordonna alors de se vêtir convenablement et quand ce fut fait, il l'escorta dans cette pièce. Cette pièce qu'elle ne visitait que rarement, et qui lui faisait un peu peur. D'abord parce qu'elle n'avait pas de fenêtre, et ressemblait donc à une prison, ensuite parce qu'elle ne présageait rien de bon. Il les emmenait ici quand il voulait se débarrasser d'un client un peu trop gênant. Elle savaient pour mission de le faire boire jusqu'à plus soif, et de l'épuiser presque jusqu'à la mort, avant qu'il ne vienne le chercher pour ''lui offrir l'hospitalité à la vue de son état''.

Quand elle entra, elle pu voir que Lil Ssin'um était déjà là. Elle sourit quand elle la vit se découper dans le cadre lumineux de la porte et lui fit signe de la rejoindre. Elles furent bientôt rejointes par d'autres filles et finalement, il arriva. Alwin. Non, elle devait rêver, ce ne pouvait être lui. Son cœur s'arrêta un instant de battre avant de repartir à toute vitesse. Dans une tentative désespéré, elle se tourna vers la drow, mais celle-ci n'était plus là. Elle était partie, volatilisée. Seul le sourire de l'homme en face d'elle restait. Et le groupe de harpies qui lui tournaient autour. Elle voulait le prévenir, lui dire qu'il ne devait pas boire, lui dire qu'il ne devait pas les toucher. Lui dire qu'il allait disparaître. Mais elle ne pouvait pas, elle était comme piégée dans son propre corps, les mots ne voulaient pas sortir, et les seuls gestes qu'elle faisait étaient ceux qu'elle avait toujours fait en sa compagnie.

Elle caressait son corps, et elle caressait son âme. Elle le charmait, elle se donnait, elle le prenait. Tout comme les autres, elles se le disputaient comme un morceau de viande sous son regard amusé et quelque peu lubrique. Eliwa se sentait elle même sourire, alors qu'elle avait envie de hurler. Lui hurler de fuir. Et alors, la pièce disparut. Les murs s'étaient effacé comme par magie, et la lumière n'était plus seulement donnée par les bougies, elle était partout. Non, non non, il fallait qu'elle le retrouve, il fallait qu'elle sorte de là, qu'elle revienne qu'elle... Lil Ssin'um était de nouveau là. Elle voulu courir pour la rejoindre, pour trouver le réconfort de ses bras, mais au lieu de ça, elle fut happé par Père. De nouveau dans sa chambre, il lui expliquait que si jamais elle recommençait, il n'hésiterait pas à la tuer à la tache. Elle se demanda un instant ce qu'elle avait fait, puis elle se rappela. Cette nuit, quand il lui avait envoyé cet homme. Si mielleux qu'il lui avait donné envie de vomir.

Elle n'avait pu se résoudre à lui ouvrir ses cuisses, tant la lubricité qu'elle lisait dans on regard était malsaine, tant sa perversité lui faisait peur. Elle se souvenait de ses mains, de la façon dont elle s'était posées sur elle et ce qu'elles avaient voulu atteindre. Sa respiration était saccadée, et son cœur battait plus fort que jamais. Elle transpirait même un peu, tant la peur l'avait saisie.

Dans son sommeil, elle gémit. Son corps s'était de nouveau tendu. Elle voulait s'échapper. Elle voulait se réveiller.

Alors elle avait attraper ce couteau, qu'elle avait volé en cuisine et avait frappé. Encore et encore, sans réfléchir, sans s'arrêter. Mais il avait crié et un garde était arrivé. Le carmin était déjà partout lorsqu'il intervint enfin, et celui qu'elle avait blessé se tordait de douleur, tentant tantôt d'arrêter l'hémorragie de sa cuisse, tantôt celle de son bras. L'elfe, elle, n'entendait plus rien, et ses yeux ne voyaient rien d'autre que le sang, le sang et encore le sang. Le sang partout. Et alors, une idée étrange lui était venu. N'aurait-elle pas déjà du faire cela, n'aurait-elle pas du commencer lorsque Père avait commencé ? Sa voix résonnait encore à ses oreilles. Ses mots n'étaient pas compréhensible mais son ton l'était bel et bien.

D'abord la peur, puis la douleur et enfin l'incompréhension. Pourquoi avait-il laissé faire ça ? Au début, elle avait pensé qu'il ne l'avait pas fait, pas lui, que l'on s'était trompé de chambre, qu'on avait mal indiqué. Et dans toute son innocence et sa naïveté, elle avait demandé s'il était perdu. Quand il lui avait dit qu'il en était rien, qu'il était seulement là pour jouer avec elle, elle avait sourit, d'un grand sourire empli de candeur et de joie. Enfin quelqu'un pour lui tenir compagnie ! Enfin... Elle aurait préféré être seule. Cette nuit là, son corps et son âme avaient été plus que blessé, ils avaient été mutilés, marqués à vie. Après ça, elle avait attendu la lumière du jour prostrée sur son lit, les genoux contre sa poitrine et les yeux grands ouverts sur le vide. La nuit l'avait emportée.

Son esprit se débattait, il voulait fuir, fuir à tout prix. Il voulait se réfugier dans le présent, se projeter dans le futur, mais pas revivre le passé. Il voulait être de nouveau à cette époque lointaine où l'elfe faisait tout pour se débarrasser de ça. Le sommeil n'avait jamais été un refuge, un état où il pouvait être apaisé. Il voulait revenir.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeJeu 10 Juil 2014 - 14:11

May'Inil assista à tout. Et, malgré la situation, malgré le spectacle, malgré la douleur de l'elfe qu'elle percevait aussi clairement que ses propres pensées, elle ne put empêcher un plaisir malsain de se frayer un chemin dans son esprit : celui de voir. Ce n'étaient que des images troubles, floues, auxquelles il lui manquaient des souvenirs pour correctement les interpréter, mais le simple fait de voir de nouveau des couleurs, de voir de nouveau un mouvement, un visage, un corps, lui semblait délicieux. Tant qu'elle en oublia un instant où elle était et ce qu'elle cherchait.
Elle s'en rappela tandis que le tourbillon d'images et de sensations se calma. Eliwa était prostrée sur un lit, immobile, comme tétanisée. Malgré ses fanfaronnades précédentes, May'Inil hésita. Comment s'y prendre ? Que pouvait-elle réellement faire ? Elle se décida finalement et s'approcha doucement de l'elfe, vint s'asseoir à son côté. Elle eut l'impression de ne s'asseoir sur rien. Elle sentait qu'elle était assise, elle se sentait portée, mais son toucher ne la renseignait en rien, elle ne pouvait sentir le tissu sous elle ni le lit plisser légèrement sous son poids. Rien n'existait.
Et comme Eliwa ne réagissait toujours pas, elle passa délicatement un bras autour de ses épaules, vint effleurer son visage de son autre main, l'attirant légèrement contre elle, avec tendresse, comme elle avait pus, il y a de cela des dizaines d'années, s'occuper de Draven. Elle la berça doucement dans ses bras, lui murmura des paroles réconfortantes. Comment pouvait-elle effacer ça ? On lui avait pris l'une des choses les plus précieuses au monde. On avait souillé à jamais le souvenir de cet instant. Même elle, qui ne s'estimait pas particulièrement attaché au romantisme des choses, à la douceur et à la solennité de ces instants, comme pouvaient l'être les autres peuples, reconnaissait la dureté de l'épreuve.

« Je sais que tu veux oublier, que tu veux le fuir. Mais ça ne changera rien. C'est par la terreur qu'ils t'ont brisés. Tu ne les vaincras jamais tant que tu n'arriveras pas à surmonter ce qu'il s'est passé. Tant que tu les crains encore, ils auront l'avantage. Affronte tes souvenirs. Écrase-les. Tu ne peux rester indéfiniment sous leur emprise. Et c'est ici, dans ton esprit, que tu peux réellement les battre. Avec ton courage et ta volonté pour seules armes. Quoiqu'il arrive, tout cela n'est pas réel, tu ne crains rien. Rien. »

Elle lui avait chuchoté ces paroles et pourtant elle avait réussit à les rendre aussi enflammées que si elle avait hurlé. Elle l'encourageait autant que possible. Elle ne pouvait pas faire ce travail à sa place, elle ne pouvait que la soutenir et la guider. Elle était, ici, une étrangère presque dénuée de pouvoirs. Ou en tout cas n'avait-elle aucune envie d'aller mendier à Arcam d'autres parcelles de sa puissance. Cette victoire devait être celle d'Eliwa, pas d'un dieu, quel qu'il fut. Elle lui serra la main, en signe d'encouragement et de confiance.

« Tu peux y arriver, je le sais. »
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeSam 19 Juil 2014 - 17:09


Elle cru un instant que Lil Ssin'um l'avait retrouvé, que c'était elle qui était à ses côtés. Qui la serrait contre son cœur et qui lui murmurait à l'oreille. Mais elle se rendit compte rapidement qu'il n'en était rien, que ce n'était pas cette drow, mais une autre. Une autre qu'elle reconnaissait à peine. Elle savait qu'elle l'avait déjà vue, elle savait qu'elle la connaissait, mais impossible d'en savoir plus. Et son étreinte était si apaisante qu'elle n'eut pas le courage de la briser pour chercher à voir son visage. Elle pouvait y arriver. Mais arriver à quoi ? A oublier ? A fuir ? A accepter ? Elle n'en avait aucune idée. Elle ne savait ni quoi, ni comment.

 - Je peux ? Comment ? demanda-t-elle.

Sa voix résonnait étrangement à ses oreilles. Elle avait presque l'impression que ce n'était pas la sienne. Ou au contraire, que c'était bien la sienne, mais qu'elle ne l'avait plus entendu depuis des années. Et une fois que ce trouble fut passé, elle se détacha de la drow pour enfin la regarder. Son cœur rata un battement lorsqu'elle croisa ses yeux, mais elle se reprit bien vite. Elle n'avait aucune raison d'avoir peur d'elle, pas après qu'elle l'ait ainsi bercée. C'était certainement là un réflexe totalement idiot, une sorte d'instinct qui la poussait à se méfier des sombres. Mais non, ce n'était pas nécessaire, pas maintenant, pas ici. Elle voulait seulement l'aider, et repousser la seule porte de sortie qui se présentait à elle ne devait pas être très intelligent. Aussi, elle revint vers elle. La sombre tenait sa main, et la douceur de sa peau contre sa paume était assez rassurante. Plus rassurante que la pièce dans laquelle elle était enfermée en tous cas.

Alors elle se concentra dessus. Fermant les yeux, elle s'exhorta à ne plus penser à rien d'autre. Elle ne sentit bientôt plus les draps sous elle, et le lit semblait avoir disparu. D'ailleurs, quand elle ouvrit les yeux, elle n'était plus là-bas. La pierre et le mobilier sommaire avaient disparus. ''Comme par magie'' pensa-t-elle. Le blanc qui l'entourait, qui les entourait, même, devint de plus en plus opaque pour finalement partir en fumée. Comme s'il n'avait jamais été autre chose que de la brume. La luminosité était trop importante au début pour qu'elle puisse reconnaître quelque chose. Elle ne distinguait que des formes. Puis, quand ses yeux furent enfin aptes à percer ce rideau de lumière, quand elle ne fut plus complètement aveugle, elle crut savoir. Elle pensait être dans la clairière, là où elle avait construit sa maison. Mais son esprit la contredit presque aussitôt. Elle n'était pas là du tout, elle était ailleurs. Elle était là où tout avait commencé. Au début de tout.

Comme pour l'en convaincre, une elfe sorti de la cabane qu'elle pouvait désormais distinguer au milieu des bois. Un sourire plaqué sur les lèvres, elle s'avançait vers elle, les bras tendus. Pendant un instant, elle fit abstraction de la drow qui lui tenait toujours la main, puis elle la regarda rapidement, comme pour chercher son consentement, avant d'aller rejoindre l'elfe. Elle voulait s'approcher jusqu'à la toucher, mais elle la stoppa d'une paume levée. Alors, les pieds plantés dans le sol, juste assez loin pour qu'elle ne puisse la toucher, elle attendit. Face à cette figure maternelle, qu'elle n'avait revue qu'une fois et elle n'avait plus alors cette légèreté, elle ne savait que faire, elle ne savait que penser. Ce fut alors qu'une voix résonna dans sa tête. La même qu'elle entendait quand elle allait là-bas, quand elle se rendait en Menfaë.

''Alors tu es partie. Tu as cessé d'être là-bas. Je suis contente Eliwa, vraiment. Je ne savais pas si un jour, tu pourrais t'en sortir. Je ne savais pas si un jour, tu pourrais me revenir.''

Ces paroles ne firent pas instantanément sens. Elle dut les tourner dans sa tête une petite quinzaine de fois avant qu'elle n'en saisisse pleinement le sens. Elle était de nouveau à la maison, et sa mère l'accueillait bras ouverts. Elle lui donnait le pouvoir de revenir ici, avec elle, autant de fois qu'elle voudrait. Elle lui donnait la possibilité de ne plus jamais retourner là-bas. D'être ici pour autant de temps qu'elle le souhaiterait. Et quand tout redevint blanc, quand ne resta plus qu'elle et la drow, elle se tourna vers elle et murmura :

 - Merci.

Elle lui avait ouvert les portes qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant. Elle avait rendu possible ce qu'elle ne savait pas s'interdire. Ce à quoi elle n'avait jamais pensé jusqu'à aujourd'hui. Et pour ça, elle lui était reconnaissante. Elle avait enlevé toutes ces barrière dont son esprit s'était inutilement affublé, et elle lui avait montré ce qu'il y avait au-delà. Et quand elle sut qu'elle revenait à elle, qu'elle était de nouveau happée par la réalité, elle sut que son passé ne hanterait plus jamais ses nuits.

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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 25 Juil 2014 - 23:15

May'Inil laissa à l'elfe tout le temps qu'il lui fallait. Le décor s'effaça peu à peu, jusqu'à ce qu'elles ne se retrouvent plus qu'au milieu d'un blanc éclatant. Elle s'était mise debout, sans réellement y penser, et tenait toujours Eliwa dans ses bras. Le blanc devint opaque, consistant, se muait lentement en une brume épaisse. Puis la brume commença à se disperser. Elle révéla une forêt. Elles se tenaient au milieu d'une clairière. Elle sentit à son agitation qu'Eliwa la connaissait. Puis, à mesure que l'environnement se précisait, elle vit une cabane. Une elfe en sorti, une elfe qui ressemblait beaucoup à Eliwa. Il ne lui en fallut pas beaucoup plus pour comprendre. Lorsque la jeune elfe se tourna vers elle, elle l'encouragea à aller de l'avant avec un sourire chaleureux. Eliwa quitta ses bras et s'avança vers l'apparition. Et tendit qu'elles se joignaient, la prêtresse sentit un froid soudain engourdir ses membres.

« C'est touchant, ne trouves-tu pas ?
-J'aurais dus me douter que tu serais là. »

Elle hésita un moment avant de se tourner. Il avait à nouveau l'apparence d'Elystrel, et elle se demanda si il souhaitait lui apparaître ainsi ou si seul son esprit était responsable de cela.

« Ton esprit.
-Je ne peux rien te cacher.
-Aucune chance, tu as besoin d'être entièrement ouverte pour entrer dans les rêves d'une autre. Regarde-la. »

Elle s'exécuta. Ni Eliwa ni sa mère ne bougeaient. Ni ne parlaient. La clairière était figée.

« Je me suis permis de te donner le temps de réfléchir. Tu sais que je te demanderais quelque chose pour cette faveur ?
-Je m'y attendais, oui.
-Alors, est-ce que ça en valait le coup ? » La prêtresse haussa les épaules.
« Comment savoir ?
-Moi je le sais.
-Oui. Tu sais que ça ne valait pas le coup. Et que ça le valait. Et que ça n'est jamais arrivé. Tu vois l'infinie, mais tu ne sais pas quel route nous emprunterons vraiment, n'est-ce pas ? »
Un sourire prédateur se glissa sur le visage du barde. Il était magnifique, May'Inil se devait de le reconnaître. Aux traits plaisants de l'hybride s'ajoutait la magnificence qui se dégageait imperceptiblement du dieu.
« Tu es en partie dans le vrai. Je vois l'infinie mais je ne possède pas le savoir. Mais je commence à suffisamment connaître les mortels pour deviner quels chemins ils emprunteront. Celui de la facilité et de la soumission. Celui du profit immédiat et de l'aveuglement. Même les tiens, qui se prétendent éternels, n'arrivent pas à en sortir.
-Peut-être que les mortels te surprendront un jour.
-Si ce jour doit arriver, je serais là pour assister au spectacle. Et je serais encore là pour assister à celui de votre déchéance. Je serais toujours là. Toujours vivant.
-Et toujours enfermé ?
-Nous verrons. Bien, tout ceci doit avoir une fin. »

Il n'était plus là. Aussi simplement que ça, il avait disparu. Elle resta un moment perturbée, scrutant ce qui n'était plus rien à la recherche d'un quelconque signe. Mais la clairière disparaissait, la brume revenait, regagnait en épaisseur et le blanc, uniforme, reprit ses droits. Eliwa était resté figée durant tout ce changement, dans la direction où était apparue sa mère. Puis elle se tourna vers elle et la remercia encore. Leur monde trembla un peu le noir revint brutalement.

La première gorgée d'air fut sèche, aride, agressive même, sans doute quelque fumée en avait profité pour s'introduire dans sa gorge. La sensation de retour au réel était désagréable. On quittait un monde loin des besoins futiles et des lois physiques pour revenir brutalement sous leur emprise. Elle se sentait lourde, fatiguée, le creux de son estomac lui rappelait qu'elle avait sauté un repas dernièrement et la tête commençait à lui tourner. Le présent d'Arcam s'était envolé et ne laissait derrière lui qu'un goût de cendre et la promesse d'une dette.
Et, évidemment, elle avait replongé dans le noir total. Elle sentit alors seulement la tête de l'elfe sur ses genoux et vint lui caresser le front d'une main douce.

« Bravo. Tu voudrais bien aller chercher la corbeille de fruits sur la table ? Je ne sais pas exactement combien de temps à durer cette petite transe, mais j'ai faim, pas toi ? »
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 14:21


Elle ne voulait pas ouvrir les yeux de suite. Elle voulait encore garder un peu avec elle cette sensation de bien être qui l'avait envahi lorsqu'elle avait compris que l'angoisse avait disparu. Elle voulait rester encore un peu dans cette état de demi conscience, perdue entre la réalité et les songes, dans un espace temps où rien et tout étaient à la fois. Mais la main de la sombre vint caresser son front, et sa voix, ses oreilles. Alors elle ne put plus faire comme si elle n'était pas tout à fait là, elle ne pouvait plus rester plus longtemps, parce qu'elle venait d'être happée par le monde réel. Elle avait de nouveau basculée dans la chambre, dont l'air était désormais lourd d'encens, et elle ne pouvait repartir en arrière. Pas maintenant. Elle prit tout de même un moment avant d'ouvrir les yeux, voulant conserver encore un peu la vision du visage de sa mère, puis quand il devint beaucoup trop flou, elle souleva ses paupières. Et reprit vraiment ses esprits.

 - Je ne sais pas non plus, mais il a l'air de faire nuit, répondit-elle.

Ce qui  était étrange dans tout ça, c'est qu'elle n'en fut pas certaine, au début. Pourtant, on ne pouvait pas vraiment dire que la nuit et le jour se ressemblaient, et les lunes pouvaient éclairer aussi forts qu'elles en étaient capables, jamais elles ne pourraient le faire aussi fort que le soleil. Mais cette incertitude se dissipa bien vite et elle se leva rapidement pour aller chercher la corbeille de fruits. Elle ne pensait pas avoir faim, mais quand elle sentit l'odeur sucrée que dégageait ce qu'elle venait de prendre, son ventre se manifesta. Elle prit donc une orange, et entreprit de la peler consciencieusement après avoir donné le reste à la drow. La première fois qu'elle en avait goûté une, c'était chez Père, et elle se souvenait avoir fait rire une de ses domestiques en essayant de croquer dedans sans enlever la peau. Elle avait d'ailleurs eu du mal à prendre le coup de main, et c'était une des rares choses qu'elle se rappelait de cette époque qui la faisait encore sourire aujourd'hui.

Eliwa avait presque reprit la position qu'elle venait de quitter, à ceci près que sa tête ne reposait plus sur les genoux de la sombre, mais sur un des coussins qu'elle avait ramené avec la corbeille. Et quand elle eut fini son orange, quand son ventre ne réclama plus autant qu'on lui donne satisfaction, elle roula sur le côté pour regarder la drow. Si cette dernière ne pouvait pas la voir, l'elfe le pouvait parfaitement. Un instant, elle voulu savoir comment elle avait perdu la vie, avant de juger que la réponse ne la concernait certainement pas. Elle avait déjà fait beaucoup pour elle, alors lui demander plus encore lui semblait bien déplacé. Comme lorsqu'elle l'avait dévisagé la première fois, elle ne put s'empêcher de la comparer à Lil Ssin'um. Si elle percevait chez elle cette sensualité qu'elle aimait tant, elle voyait bien que sa peau était plus claire, et que ses cheveux n'étaient pas si blancs. Il était évident que leurs yeux n'étaient pas du tout les mêmes, et que leurs regards étaient bien différent, outre le fait que celui de la sombre se perdait dans un lieu dont elle n'avait même pas idée.

 - Qui dois-je remercier, pour avoir apaisé mon esprit ? demanda-t-elle en brisant le silence.

Parce qu'il était vrai qu'elle n'avait aucune idée de l'identité de celle qu'elle avait en face d'elle. Elle savait seulement qu'elle lui avait rendu un immense service, et qu'elle connaissait Lil Ssin'um. Peut-être aussi bien qu'elle la connaissais elle-même d'ailleurs. Cela ne lui avait pas traversé l'esprit jusqu'à présent, mais elle ne serait pas étonnée d'apprendre que son ancienne maîtresse avait fait profiter la drow de ses talents. Parce qu'elle était comme ça, parce que c'était dans sa nature, parce qu'elle n'aimait rien plus que ça. Elle était d'ailleurs surprise qu'elle ne compte pas parmi les prêtresse d'Isten. Enfin, peu importait. Ce n'était pas Lil Ssin'um qui était assise à côté d'elle. Ce n'était pas elle qui titillait sa curiosité. Ce n'était pas elle qui faisait travailler son imagination. Pas cette fois.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeJeu 31 Juil 2014 - 21:23

May'Inil s'installa plus confortablement parmi les coussins de son lit. Elle s'enfonça dedans avec une certaine satisfaction et laissa reposer sa tête endolorie. Lorsqu'elle sentit Eliwa revenir, elle se redressa un peu et tendit la main pour recevoir les fruits. Elle reposa la corbeille sur le lit et se saisit de ce qu'elle devina rapidement comme une figue. Elles manquaient encore un peu de maturité à cette époque de l'année et n'avaient pas suffisamment de goût pour la drow, mais elles étaient gorgées de jus et cela fit du bien à sa gorge trop sèche. Elle en prit une deuxième, qu'elle savoura légèrement plus longtemps.
Sa soif apaisé, elle tatonna à la recherche de quelque chose de plus consistant et mis la main sur un de ces fruits de l'extrême sud, qu'ils avaient réussit à acclimater à leur climat bien que les fruits étaient plus petits. Le goût n'était selon elle pas extraordinaire, mais la forme de l'aliment rendait sa dégustation par une femme assez comique, d'un comique scabreux. Les plaisanteries sur ce fruit, leur usage et le temple d'Isten n'avaient pas manqué de fleurir, et May'Inil qui était toujours très attentive sur les moyens de distraire ses hôtes de leur réelles préoccupations pour prendre l'avantage avait toujours veillé à en avoir quelques uns à proximité. Plus spécifiquement dans sa chambre. Et il fallait leur reconnaître qu'ils étaient très nourrissants pour des fruits.

Elles restèrent un moment silencieuse. Elle sentait que l'elfette la regardait. Si elle fut gênée de cette observation, elle ne le montra pas le moins du monde. Et bien évidemment elle ne l'était pas. Bien au contraire. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas accueillis quelqu'un dans cette intimité et son esprit était assailli de toutes sortes d'idées. Désormais qu'elle avait été en contact avec Arcam et qu'elle était rassasiée, elle s'y sentait plus réceptive.
Lorsque Eliwa posa sa question, elle n'eut d'abord pas de réponse. Puis elle laissa un rire cristallin s'échapper de ses lèvres. Il n'y avait rien de moqueur ou de méprisant, c'était un rire joyeux et communicatif qui tintait dans l'air comme du cristal. Ses épaules, sa robe et la courbe délicate de ses seins se mouvaient en rythme avec ce rire, qui s'estompa progressivement mais laissa sur le visage de la prêtresse un sourire amusé. Elle soupira, non pas de lassitude, avant de répondre :

« Quelle insouciance. Tu t'introduis dans la chambre de May'Inil de la maison Baenrahel, grande prêtresse d'Isten, membre du Conseil de la Cité libre de Sol'Dorn, et tu ne le sais même pas. Je suppose que Lil ne t'a rien dit pour que tu ne prennes pas peur. Ou parce qu'elle estimait qu'il s'agissait là d'un détail. Après tout, je ne suis que la troisième plus puissante personne dans cette ville. »

Elle dit cela d'un ton tellement dégagé qu'il ne faisait aucun doute qu'elle y attachait une grande importance, et qu'elle essayait vraisemblablement d'améliorer encore ce score. Mais il n'y avait toutefois aucune menace perceptible dans le timbre de sa voix. Elle reprit, un ton plus bas et d'une voix plus douce, presque suave :

« Mais au vu et su de ce que nous avons partagé, je pense que tu peux oublier le protocole et m'appeler simplement May'Inil. » Elle se pencha vers l'elfe, vint caresser sa joue de ses doigts avant de descendre sous son menton et de relever légèrement son visage : « En fait, j'aimerais beaucoup que tu oublies le protocole. »souffla-t-elle, à peine assez fort pour être perçu par l'elfe. Et elle se pencha un peu plus pour venir capturer ses lèvres entre les siennes et savourer leur parfum, délicat et acidulé. Elle caressait délicatement son visage et son cou, comme pour en mémoriser au mieux les traits.
Puis elle stoppa leur baiser et décida de rester dans l'attente de la réaction de l'elfe, lui laissant aussi bien l'opportunité de mettre fin tout de suite à ce petit jeux que de s'y adonner.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 1 Aoû 2014 - 1:32


Son rire résonnait encore aux oreilles de l'elfe quand elle lui apprit qui elle était. Grande prêtresse d'Isten. Qui siégeait au Conseil de la Cité et qui comptait parmi les plus puissants. Un instant, le poids de tous ces titres l'étouffa, et elle maudit Lil Ssin'um de ne lui avoir rien dit. Elle avait donc manqué plus que de raison au protocole, et avait eu certaines envies qu'elle aurait du refouler tout au fond de son esprit, au lieu de les garder en tête comme des choses réalisables à court terme. Mais encore une fois, la drow fit une chose à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle vint goûter ses lèvres. Comme pour lui signifier que bien évidemment, elle avait eu raison de penser à ses envies comme des choses réalisables à court terme. Que bien évidemment, elle se rapprochait plus de Lil que de n'importe quel autre drow qu'elle avait pu croiser. Que bien évidemment, si elle en doutait encore, elle ne lui voulait aucun mal.

Si le contact charnel la prit totalement au dépourvu, elle se prit à être légèrement mécontente qu'il soit rompu si vite. Alors, elle voulu le renouer aussitôt, mais elle s'arrêta avant même d'avoir bougé. Au lieu de ça, elle avança sa main vers sa joue, jusqu'à ce que le bout de ses doigts l'effleurent puis la touchent véritablement. Elle les fit ensuite remonter le long de sa tempe, puis courir le long de son oreille, sous ses cheveux, appréciant tant la douceur de ces derniers que la courbe qui se révélait à son toucher. Puis doucement, elle passa dans sa nuque et y plaqua cette fois-ci sa paume entière, dont elle se servit pour réduire l'espace qui était apparu entre elles. Un sourire taquin naquit sur ses lèvres quand elle donna encore légèrement à patienter à la sombre, qui pouvait désormais sans aucun doute sentir la chaleur de son souffle. Quand elle goûta de nouveau à ses lèvres, elle sentit la sombre moins hésitante, moins douce, moins prudente.

A mesure qu'elle l'embrassait, elle se redressa et se mit sur ses genoux, position bien plus confortable pour explorer ce corps qui s'offrait à elle. De sa main nouvellement libérée, elle entreprit de dessiner les contours de ce dernier, glissant le long de son bras, s'attardant un instant sur sa hanche, puis remontant sur sa taille. Elle ne fit qu'effleurer du dos de sa main sa poitrine, dans un geste lent qui se termina sur sa gorge. Mais à peine y avait-elle déposé ses doigts qu'ils repartirent en direction de son dos. Sa paume s'arrêta en son creux, un peu plus haut que le début de la chute de ses reins. Quand elle affermit sa prise sur le tissu vaporeux qui couvrait le corps de la sombre, elle sentit sa langue devenir inquisitrice et elle s'y plia avec délice. Un frisson parcouru sa colonne quand elle sentit ses dents retenir un instant sa lèvre inférieur, et soudainement elle réclama plus de proximité. Pressant son corps contre le sien, elle délaissa un instant ce qu'elle faisait la minute d'avant pour se laisser aller à ses désirs. Cependant, elle reprit bien vite sa tâche, et bientôt, ce furent ses deux mains qui vinrent tirer les tissu.

Elle pouvait, sans aucun mal, imaginer la peau couleur ébène se dévoiler à mesure qu'elle faisait glisser le tissu blanc qui la cachait aux regards extérieurs. Elle sentit un frisson courir le long de sa colonne quand elle décida de glisser les mains dessous pour l'enlever plus rapidement. Elle savoura un moment la douceur de sa peau, encore partiellement couverte, et elle voulu alors descendre le long de son cou et de sa poitrine pour y goûter, mais ce désir s'en alla aussi vite qu'il était venu. Bientôt viendrait l'heure, mais pour l'instant, elle devait se concentrer sur autre chose. Sur ces lèvres exquises qu'elle voulait en même temps ne jamais cesser d'embrasser, et en même temps quitter pour s'atteler à d'autres parties de son corps. A moitié à contre cœur, elle s'en éloigna donc pour venir mordiller le lobe de son oreille qu'elle avait caressé peu de temps avant.

 - Ai-je assez oublié le protocole à ton goût ? murmura-t-elle, le souffle court.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeMer 6 Aoû 2014 - 21:22

Ces moments de plaisir étaient devenus trop rare au goût de May'Inil depuis son éveil en tant que gardienne. Il était difficile de se livrer ainsi à quelqu'un lorsque l'on était pas capable de le voir, et ce manque éveillait chez elle des sentiments mêlés de frustration et de désir. Mais être privée de sa vue ne faisait que rendre sa sensibilité tactile plus grande encore. Découvrir sous ses doigts le corps et les courbes de son amante laissait son imagination toute émoustillée, ne pouvant que se raccrocher à la chaleur de sa peau et de son souffle, à leurs corps qui s'enlaçaient l'un l'autre. Elle laissait l'elfe mener la danse, se plaisant à plonger dans l'inconnu le plus total.
A sa question, elle répondit d'abord en enfouissant son visage dans son cou, dévorant sa peau douce de baisers enflammés et de petites morsures joueuses avant de remonter sur sa joue puis non pas ses lèvres mais son oreille, qu'elle titilla longuement avant de lui répondre :

« Et bien, pas tout à fait, non. » susurra-t-elle sans chercher à maquiller son désir.

Disant cela elle se laissa glisser en arrière, attirant Eliwa avec elle jusqu'à ce qu'elle se retrouvent allongées l'une sur l'autre. Elle chercha un instant les lèvres de sa compagne avant de parvenir à les retrouver et les embrassa avec plus de passion et plus d'ardeur qu'auparavant. Passant une jambe autour de la taille de l'elfe elle la fit rouler sur le côté, se retrouvant sur elle. Elle se redressa un peu et en quelques mouvements d'épaules aida le tissu diaphane à glisser sur sa peau, révélant plus largement le galbe généreux de sa poitrine.
Elle prit les mains d'Eliwa, qu'elle pouvait sentir habituées à une vie plus rude que la sienne, et les amena à son visage. Elle couvrit de baisers la paume de l'une, avant de remonter le long des doigts fins et d'en suçoter l'extrémité d'une façon provocante. Puis elle fit descendre les mains le long de son visage, de son cou, sur ses épaules puis sur sa poitrine jusqu'à ce que les deux globes ébènes reposent en leur creux. Ses doigts descendirent, guillerets, le long des bras finement musclé de la jeune guerrière puis caressèrent un instant le visage avant de commencer à délacer le haut de la tunique leur barrait sans cela la route.

May'Inil se pencha de nouveau alors que les derniers nœuds cédaient et déposa un long et passionné baiser sur les lèvres d'Eliwa, qu'elle n'arrêta que pour respirer un peu. Elle lui mordilla légèrement la lèvre inférieur puis glissa au coin de sa bouche, où elle déposa un autre baiser taquin avant de poursuivre son chemin et de descendre à nouveau dans le creux de son cou, marquant son chemin de baisers ardents. Elle épousa la courbe de sa peau et descendit lentement, sans précipitation, vers sa poitrine. Chaque attention se faisait un peu plus longues si bien qu'elle mettait un temps semblant infini à poursuivre sa route. Et alors qu'elle atteignait juste l'entrée du fossé entre les seins de l'elfe, elle arrêta sans prévenir son petit manège et posa encore ses lèvres contres celles d'Eliwa.
Les mains de la prêtresse, elles, étaient descendus le long de son corps, soulignant doucement ses courbes à travers le tissu avant de s'arrêter sur sa taille et de remonter lentement, se glissant, joueuses, sous la tunique pour venir caresser sa peau nue, ses flanc son dos et le creux de ses reins. May'Inil arrêta un instant leur embrassade passionnée et, relevant très légèrement la tête, lui dis à mi-voix, d'un ton plein de tendresse et qui ne laissait rien paraître de l'envie presque animale qui se développait en elle :

« Dis-moi que tu en as autant envie que moi. Que c'est vraiment ce que tu veux. »

Et malgré l'intonation proche d'une simple affirmation, il était aisé de deviner la question derrière ces quelques mots.
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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeJeu 11 Sep 2014 - 18:27

Son souffle s'était fait plus court lorsque les caresses de la sombre s'étaient faites plus insistantes, plus inquisitrices. Ses mains ne reposaient plus sur sa poitrine opulente, là où la sombre les avait posées, mais légèrement en dessous, sur ses côtes. Elle n'était pas capable de se concentrer sur ses propres caresses tant celles qu'on lui procurait étaient agréables. Le supplice que venait de lui faire subir ses lèvres la rendit un instant sans voix.

- May..., commença-t-elle sans pouvoir finir.

Le rouge lui était monté aux joues, elle le savait pertinemment, son cœur battait de plus en plus fort, et son corps entier réclamait le contact de la paume des mains de celle qui s'était faite son amante. Ce fut donc dans un filet de voix qu'elle reprit :

- Bien sûr que c'est ce que je veux. Je te veux.

Elle espérait l'avoir rassurée, et comme pour en être certaine, elle posa ses mains sur ses joues pour lui donner un baiser plus inquisiteur que ceux qu'elle avait pu lui donner jusqu'alors. Son corps frémissait, et ce fut avec plaisir qu'elle accueillit de nouveau le contact de la drow. Guidant ses mains, elle fit passer sa tunique par dessus sa tête et l'envoya au pied du lit qu'elles avaient choisi comme terrain de jeux. Et alors, elle reprit ce qu'elle avait volontairement arrêté de faire peu avant, quand la sombre avait décidé de mener de nouveau la danse. Ce fut donc à son tour de la faire rouler sur le dos pour tenter de satisfaire tant bien que mal son désir qui se faisait de plus en plus pressant. Et par là même, satisfaire celui de sa partenaire qui, elle n'en doutait, devait en réclamer tout autant. Les jambes de part et d'autre du corps de la drow, elle se pencha voler un baiser, tandis que sa main descendait le long de son buste pour s'arrêter sur sa poitrine. Elle la sentait durcir sous les assauts de ses caresses, mais pas assez à son goût. Alors elle délaissa les lèvres de May pour goûter au reste de son corps. Sa bouche s'attarda dans son cou, puis dans le creux de sa clavicule, pour ensuite descendre lentement vers la partie tant convoitée. La couvrant de baisers, elle finit tout de même par en mordiller l'extrémité qu'elle sentit se dresser encore un peu plus. Un léger sourire étira ses lèvres quand elle entendit la respiration de la drow se faire plus rauque, plus irrégulière.

Ses mains qui s'étaient posées sur ses flancs empruntèrent alors un chemin qui devait être bien connu de la sombre, et quand sa paume vint se poser contre son pelvis, elle cru la sentir frémir. A moins que ce ne fut elle. Mais sa main quitta bien vite l'endroit sur lequel elle s'était arrêté pour remonter le long de ses cuisses. Elle laissait parfois seulement le bout de ses doigts effleurer sa peau et elle pouvait presque sentir les frissons qu'elle provoquait. Tandis que lorsqu'elle y allait franchement, elle savait que la sombre pressait légèrement sa cuisse contre sa paume. Comme si elle voulait plus. D'ailleurs, elle voulait certainement plus. Alors, revenant vers sa poitrine qu'elle avait quelque peu délaissée, elle reprit le même chemin que précédemment, mais cette fois si avec sa bouche. Elle fut plus lente, s'attardait sur certains endroits qu'elle n'avait fait qu'effleurer la première fois, et sortait parfois sa langue, quand l'envie de connaître le goût de sa peau la prenait. Elle sentit sa partenaire tressaillir quand elle dépassa son nombril, ce qui l'incita à continuer sur sa lancée. Ses attentions se faisaient de plus en plus pressantes, maintenant que le corps de la drow s'était ouvert à elle. Elle savait pertinemment qu'elle n'attendait plus qu'elle, qu'elle cesse de tourner autour pour s'y atteler franchement. Alors ses lèvres vinrent finalement cueillir le fruit tant convoité, et elle arracha quelques gémissements qui furent des plus agréables à ses oreilles. Elle donna quelques coups de langues assez légers, trop léger même, et sentit avec plaisir le corps de la sombre s'ouvrir d'une façon presque totale à elle. Elle alla même jusqu'à s'aventurer un peu plus loin qu'elle n'avait voulu le faire au début, après avoir chatouillé cette perle rosée, lieu de plaisir incomparable. Elle finit d'ailleurs par y revenir avant de remonter dans son cou, pour ensuite venir prendre ses lèvres, en laissant traîner innocemment sa cuisse entre ses jambes. Celle qui était devenue son amante lui avait demandé d'oublier le protocole. Elle estimait l'avoir largement outrepassé. Et ce, pour son plus grand plaisir.

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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeMar 23 Sep 2014 - 18:45

May'Inil aida Eliwa à se débarrasser de sa tunique, avec un zeste de fébrilité du à la chaleur qui se répandait lentement en elle. Elle voulait reprendre ses attentions sur le corps d'Eliwa mais n'en eut pas l'occasion puisque celle-ci l'entraîna dans une roulade. Elle s'enfonça doucement dans le matelas et accueillit avec un plaisir non feint les caresses, plus osées, de la jeune elfe. Ses gémissements se firent un peu plus fort, elle creusa instinctivement les reins et sentit une douce moiteur l'envahir. Les doigts et les lèvres d'Eliwa laissaient des traînées ardentes dans leur sillage. D'une de ses mains elle lui caressait les cheveux, l'encourageant par de petits gestes à aller de l'avant. Elle se mordit la lèvre inférieure et feula de plaisir lorsqu'elle sentit celles d'Eliwa contre son intimité. La chaleur explosait désormais dans tout son corps, de langoureux mouvement du bassin incitaient sa partenaire à poursuivre et son dos se cambrait plus encore.
Tout cela s'arrêta trop vite à son goût, et elle ne put empêcher une moue faussement déçue de se peindre sur son visage. Elle attira Eliwa entre ses bras et l'embrassa plus passionnément encore, Essayant de lui transmettre une part du plaisir qu'elle lui avait donné. Elle n'avait cessé ses ondulations, gémissant légèrement chaque fois que ses zones les plus intimes venaient frotter contre la cuisse musclée par l'équitation de sa compagne. Elle-même avait entrepris similaire caresse.

Elle ne semblait pas vouloir se détacher de l'elfe, embrassant ses lèvres, son cou ou ses oreilles, une main caressant ses cheveux et ses épaules tandis que l'autre avait descendus son dos, pressant légèrement le creux de ses reins pour presser davantage leur peaux l'une contre l'autre. Leur poitrine se frottaient, les tétons durcis glissaient occasionnellement l'un contre l'autre. Puis la main baladeuse descendit un peu plus et, taquine, glissa sous l'étoffe du dernier vêtement d'Eliwa. Elle caressa d'abord, lentement, la peau rebondie de ses fesses, avant de glisser lentement le long de son flanc, contre l'intérieur de sa cuisse puis de frôler son pubis. Elle sentit l'elfe tressaillir contre elle. Ses doigts se firent plus curieux, venant caresser son intimité, glisser contre son mont de venus qu'elle sentait se gorger de sang.
Elles cessèrent de s'embrasser. Eliwa se cambrait sous les caresses en gémissant. May'Inil descendit le long de sa gorge jusque dans le sillon de sa poitrine. Mais cette fois elle ne s'arrêta pas là. Elle couvrit les délicates orbes albâtres de baisers, excitant du bout de sa langue leur extrémité tendue.

Sa main quitta finalement l'intimité de son amante. Elle s'en aida pour se dresser et capturer de nouveau les lèvres d'Eliwa entre les siennes, pour un baiser plus calme que les précédents. Elle l'incita doucement à se laisser glisser en arrière. Ce faisant, elle entreprit de lui retirer ses derniers vêtements qui rejoignirent la tunique au pieds du lit. Puis elle se laissa doucement glisser à son côté et l'enlaça avant de déposer un baiser sur sa joue.

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MessageSujet: Re: A la recherche du passé | May'Inil   A la recherche du passé | May'Inil I_icon_minitimeVen 3 Oct 2014 - 13:17

La nuit ne faisait que commencer, elle le savait bien. D'ailleurs, elle le sentait plus qu'elle ne le savait. Parce que la sombre avait seulement commencé à exciter ses sens, elle avait entreprit de lui rendre ce qu'elle lui avait donné, du moins le croyait-elle. Et elle s'y prenait plutôt bien. Son corps se tendait délicieusement sous les doigts de celle qui s'était faite son amante, et ce fut pourquoi elle fut surprise qu'elle ne soit pas plus entreprenante une fois les dernières barrières de tissu tombées. Le baiser qu'elle déposa sur sa joue, et la pression partielle de sa peau sur son corps furent pour elle comme un arrêt, ou une suspension du jeu. Le bras qu'elle avait passé sous elle, comme pour lui fournir un oreiller plus confortable que son épaule, se replia contre elle, comme pour l'attirer plus proche d'elle encore. Sa main qui était encore libre vint caresser machinalement ses longs cheveux couleur d'ivoire. Comme si, à son tour, elle voulait la protéger, lui rendre ce qu'elle lui avait offert en la débarrassant de l'angoisse qui la saisissait chaque fois qu'elle tombait dans le sommeil. En quelques sorte, elle voulait par ce geste tout de même assez maternel, s'ériger entre la sombre et ses démons. Ses yeux, grands ouverts sur la nuit, guettaient l'invisible, tandis que la chaleur de l'excitation qui avait envahit son corps se dissipait peu à peu. Mais un seul frôlement, un seul mouvement de la part de son amante, et elle revenait au grand galop, comme pour lui signaler qu'elle n'avait pas disparue, qu'elle était toujours là.

Mais la manière dont son amante l'enlaçait ne l'incitait plus à faire quoique ce soit. Peut-être avait-elle envie de sentir qu'elle était avec quelqu'un, qu'elle n'était pas seule, ou tout autre chose dans ce goût. Eliwa s'y prêtait comme elle s'était plus tôt attribué le rôle de son amante d'une nuit. Ou peut-être plus, parce que peut-être que ce qui s'était passé entre elles, ce soir, allait se reproduire, une autre fois. Elle n'en savait rien, et à vrai dire, elle s'en souciait peu. Parce que tout ce qui importait était l'instant, et rien d'autre. Elle avait l'impression qu'elles étaient entrain de vivre l'éternité, figées dans le temps, imperturbables, et inaltérables. Elle avait, à cet instant, ce sentiment d'éternité, elle prenait pleinement conscience de son immortalité. L'elfe avait enfin l'intime conviction qu'elle avait le pouvoir de défier la mort. Si elle n'allait pas à l'encontre de celle-ci, elle ne viendrait pas la trouver. Et cette prise de conscience fut si agréable qu'un sourire vint se dessiner sur son visage, et qu'elle dit, d'une voix douce, ne sachant si la sombre était tombée dans le sommeil ou non :

- Est-ce que tu te rends compte que, peut-être, nous ne mourrons jamais ? Qu'il est possible qu'on vive encore et encore jusqu'à en être lasses ? Que la mort pourrait ne jamais venir nous chercher ? Les autres, autour de nous, les hommes, pourraient mourir de vieillesses par centaines, alors que nous serions toujours en vie, et que nous nous comporterions comme nous nous comportions il y a des années.

Elle n'attendait pas vraiment de réponse, et si on lui en donna une, elle ne l'entendit que d'une oreille. Parce que cette pensée avait un côté si rassurant qu'elle ferma les yeux et s'endormit presque aussitôt. Dans les bras de la sombre, elle se sentait bien, presque comme lorsqu'elle allait se blottir dans ceux de sa mère, les nuits où ses cauchemars la réveillaient en pleurs. Le feu de son excitation avait fini par s'apaiser pour de bon et s'était transformé en une douce chaleur rassurante qui l'emplissait de bien être.

***

La première chose qu'elle remarqua lorsqu'elle ouvrit les yeux fut la lumière dorée que diffusaient les rayons du soleil, qui ne devait pas s'être levé depuis longtemps. La sombre dormait toujours, du moins ce fut ce qu'elle supposa. Etendue sur les draps blanc, sa peau ressortait d'une telle manière que le spectacle subjugua un instant l'elfe. Mais à regret, elle détourna le regard pour enfiler ses vêtements qu'on avait jeté à bas du lit. Puis elle revint vers son amante et caressa sa joue pour ensuite y déposer un baiser. Ce fut à contre cœur qu'elle quitta ses quartiers, parce qu'elle était tellement belle et tellement désirable qu'elle serait bien restée encore avec elle, elle aurait aimé avoir le temps de découvrir d'autres de ses talents, persuadée qu'elle n'avait pas usé de tous la veille. Sans bruit, elle se faufila à l'extérieur de sa chambre, laissant derrière elle un des colliers qu'elle avait fait elle même, comme une promesse. Un jour elle reviendrait, parce qu'elle savait pertinemment que rien n'était terminé. Qu'elle n'était pas seulement une de ces aventures d'une nuit qui réussissaient à la satisfaire le temps d'un soir, mais qui ne lui donnaient aucune envie de les revoir. May'Inil n'était pas l'une d'elle, et l'elfe espérait qu'elle le comprendrait.
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