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 [Les âmes déchues] Des cendres mouillées

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Bol d’Jiv’elgg
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MessageSujet: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 30 Déc 2014 - 19:49


3ème jour de la 2ième ennéade de Barkios, an 8

Une silhouette inquiétante qui se découpe dans la brume. En toile de fond la masse grisâtre de la forteresse se détachait à peine du flou tout aussi gris du brouillard de la Sirilya. Un nuage de buée se déploya de l'ombre. Non pas qu'il fit particulièrement froid, mais cet air saturé d'humidité ne souffrirait pas de voir encore une once d'eau passée inaperçue. Comme si les dieux avaient choisi de confisquer à cette élément son droit à la discrétion. Au bout de ce filet perdu dans la grisaille s'accrochait une mâchoire de cauchemar. La gueule béante d'un monstre reptilien à laquelle s'était vue greffée, dans une douleur évidente au jugé, des crocs de fer rouillés d'où dégoulinait un mélange de salive et du sang d'un chiche repas visant à attiser la faim plus qu'à la rassasier.

Le vieux morgal passa sa langue rappeuse et boursouflée par les plaies que lui infligeait la machine à déchiqueter qu'on lui avait mis dans la gueule sur ses dents acérées. Son œil féroce cligna, refermant une paupière du même gris terne que ces écailles. Ces yeux là respirait la haine, une colère contre le monde entier qui trouvait certainement sa cause dans les nombreuses trace de coups et de blessure qui maculait les flans de la bête. Sur son dos, un cavalier se pencha, faisant gémir la selle de cuir moitié sanglée, moitié cousue à la monture cauchemardesque. Une main gantée de cuir et de rouille vint flatter l'encolure du sang-froid, caressant à l'occasion les clous représentant l'Oeil de la Souffrance qui s'enfonçait dans la chair du destrier gris. Le geste était méthodique, presque subtile, comme si il eut été un quelconque sacrement accompagné de ses prières silencieuses.

Le Favori se redressa dans le crissement du cuir et le râle du morgal impatient de satisfaire son estomac. Mais les grondements du ventre de la bête ne pouvait le distraire de sa contemplation, il observait les fortifications. Si il avait été stratège s'aurait été pour sonder les points faibles de la bâtisse, mais il laissait cela à son premier esclave, le Strea Jabbuk du troisième. Lui tentait plutôt de déterminer le nombre d'âmes qui reviendraient à sa Mère. Une vaine spéculation puisqu'Elle ne choisissait jamais que parmi les survivants. Ceux destinés à mourir bêtement ne l'intéressaient pas.

Si le linceul qui s'était jeté sur les berges de ce que les humains appelaient irrespectueusement la "Vammes" ne se levait pas, il pourrait se faire le présage d'un destin funeste. Il s'était déposé de nuit, alors que les ténèbres fermaient les yeux des hommes et ouvraient ceux des drows. Ces yeux qu'il arracheraient bientôt. Ils n'avaient pu voir leur arrivée, l'installation du campement et le montage des machines. Un déploiement en douceur sans accroc pour une tempête qui allait achever de maudire ce royaume en cendre. La pluie était déjà venue la transformer en bourbier puant. Lui allait récupérer les âmes de ceux qui se débattait au sein de la fange.

Il leva indolemment la main, laissant cliqueter sa chaîne le long de son bras. Le bois des mangonneaux grinça avec l'humidité et les projectiles volèrent vers leur destination. Avant de parler de cendre, il fallait bien déclencher un incendie... Les tonneaux d'huile et de poix explosèrent au sein de la citadelle. Distraitement, Bol d'Jiv'elgg se demanda distraitement ce qu'il restait encore de la cité là bas, au delà du fleuve...


Dernière édition par Bol d’Jiv’elgg le Lun 12 Jan 2015 - 20:40, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMer 7 Jan 2015 - 17:49


La rumeur avait embrasé le nord depuis quelques temps : les Sombres étaient de retour.
Le Nord entier était donc en état d’alerte, sans parler des récents conflits entre noble péninsulaire. Dans la ville d’Amblère, la tension était à son paroxysme, situé le long de la Sirilya, la maléfique forêt d’Aduram s’étendait à ses portes. On avait rapporté de bien mauvaise nouvelle saux oreilles des dirigeants de la ville, à vrai dire, ils ne recevaient plus de nouvelle du tout. Des groupes d’éclaireurs étaient partit au devant afin de prévenir la citée aux toits bleue de tout danger et Amblère les attendaient toujours.

Alors, on prit la décision de fermer la porte de la Verde et de la barricader. Les citoyens des alentours étaient venus se refugier entre les hauts murs, pâle symbole de sureté contre la menace encore invisible. Les armes de sièges avaient étés mises en places, prêtent à fonctionner, les soldats étaient sur le pied de guerre et on avait doublé les patrouilles sur les remparts.  On avait sécurisé les greniers et les points d’eau pendant que les intendants commençaient déjà à établir une liste de rationnement.
Jehan de Lonsville dit « le Hardi » ,  fut nommé officier en charge des défenses. C’était un homme au caractère de fer en plus d’être un bretteur talentueux. Il avait gagné le respect de ses hommes sur le champ de bataille et personne ici ne doutait de sa capacité à pouvoir gérer une telle menace.
Les hommes attendirent donc dans l’angoisse. Les jours semblaient éternels pour les habitants d’Amblère. Mais la fracassante réalité les rattrapèrent tous bien vite et c’est par une nuit pluvieuse, que le temps décida de reprendre son cour.  


***

« Hum…vous avez entendu ?! On entend un sifflement dans le lointain… »
« Chut ! » intima Lonsville
« La ! Vous enten…. »
-PVROUFF-

Le Hardi eu à peine le temps d’ouvrir la bouche pour demander le silence, que le soldat qui se trouvait à sa gauche –un homme du régiment de lancier portant le nom de Seppi Hotlz, peu futé mais travailleur-, disparut dans torrent de bois et une forte odeur de poix.  L’instant d’après se fut le chaos et l’ensemble de la cour entière s’illumina sous l’impact de plusieurs explosions. L’officier fut projeté au sol sous l’impact.
Il se releva à peine sonner mais très au courant des faits. Il porta une main à son oliphant et souffla une longue note stridente.

[Les âmes déchues] Des cendres mouillées 797843Willy01

« On nous attaque ! A vos postes » Hurla-t-il aux hommes qui se trouvaient non loin de lui. Bien sûr c’était une évidence pour tout le monde, mais les hommes aimaient recevoir des hommes de leurs supérieurs. Jehan tourna une nouvelle fois la tête tout en prenant soin de quitter son poste sur  les remparts, il évitait ainsi un feu nourri ou une attaque personnelle. Il fit le bilan de la situation, un mort dans ses troupes, peut être encore d’autres en contre bas, quelques blessés et deux incendies qui embrasaient. Il adressa une rapide prière à Néera et à Tyra, remerciant ainsi les déesses du vent et de l’eau de leurs avoirs envoyés la pluie. Cela évita sûrement bien d’autre départ de feu. Des hommes étaient déjà entrain de se relayer avec des sceaux d’eau afin de contenir les feux.
Il porta son regard un peu plus loin, les machines de sièges étaient en place, l’ennemi devait être droit devant.

« Feu ! »

Il abaissa le bras et les premières pierres furent lâchées répondant au sifflement sonore des tonneaux. Ils avaient étés prit par surprise et la visibilité était mauvaise, les ingénieurs devraient sûrement ajuster leurs tirs avant de pouvoir être au maximum de leur capacité. Une pierre trouva néanmoins le chemin de lignes ennemies, elle écrasa une catapulte ennemie et ses servants dans une explosion de bois. Des troupes armées d’armes de tir c’était mise en position, prêt à recevoir l’assaillant. La nuit serait longue pour Amblère.  

_________________
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeVen 9 Jan 2015 - 22:34

Porte-la-Peste progressait dans la nuit. Ses pieds s'enfonçaient dans la boue. Le sorcier était seul, libéré de toute escorte. Il ne craignait personne en ces terres. Les drows étaient plus loin au nord, ils se dirigeaient vers une forteresse. Ils passeraient plusieurs jours à la faire tomber, il aurait donc tout le temps de les rattraper par la suite. Pour l'heure, il souhaitait préparer une surprise. Le village n'était plus qu'à une lieue, il y sentait les auras des habitants en sommeil et la fin de la forêt. Il ne savait pas comment était dénommé l'endroit, mais il savait qu'il était un point obligatoire de passage sur la Vammes. Les troupes maudites avaient déjà pris d'assaut l'autre point, et ils ne tarderaient sans doute pas à s'intéresser à celui-ci. Il souhaitait leur compliquer la tâche autant que possible.

Il arriva finalement à l'orée de la forêt, spectre quasi végétal dans son long manteau mité semblable à un tapis de feuilles mortes. Il progressait silencieusement, attentif à son environnement. Il pouvait presque sentir les cœurs battre dans la nuit du rythme apaisé des dormeurs, endiablé des amants ou nerveux des sentinelles. Il allait, silhouette sombre qu'éclairait un pâle croissant de lune, entre les masures des faubourgs. Un peu en surplomb le vieil ouvrage défensif le toisait de sa hauteur, le défiant de passer. Mais il n'en avait aucun besoin.
Le sorcier se détourna de la porte et se dirigea vers la rivière non loin. Il descendit assez maladroitement la berge recouverte de limons et plongea les pieds dans l'eau. Il s'y enfonça jusqu'au genoux, ses vêtements flottants comme une inquiétante traîne derrière lui. L'eau s'écoulaient paresseusement autour de ses chevilles rachitiques, mais il pouvait y sentir la vie qui bourdonnait. Une vie invisible au commun, mais qu'il avait fait sa plus puissante arme. Il étendit les bras et commença à fredonner lentement. Ses doigts s'arquèrent et gigotèrent dans le vide, comme effleurant d'invisibles filaments. Il sentit la bourse de cuir à sa ceinture qui pesait plus lourd et qui chauffait doucement. La trame de la magie apparaissait lentement plus détaillées à son esprit. Il l'effleurait de sa conscience, changeait la position de quelques fils et redessinaient le motif global. Il sentit l'énergie se dissiper dans l'eau autour de lui.
Venait le moment le plus douloureux. Il serra les dents et porta ses doigts osseux à son abdomen. Là, il défit des sutures récentes, révélant une large plaie de laquelle se déversèrent de petits sacs grisâtres qui chutèrent dans l'eau. Au contact du liquide ils reprirent vie et se mirent à nager en tout sens, disparaissant dans la vase et les algues. Doucement, Porte-la-Peste passa ses doigts le long de la plaie qui commença à se refermer d'elle-même, puis se retourna pour regagner la berge avec une difficulté accrue par ses récents efforts. Il retraversa l'agglomération endormie alors que les premières heures du jour étaient encore loin. Seul un chien signala son passage en aboyant mais le nécromant le fit taire d'un geste de la main qui paralysa la plupart des muscles de la bête.

Dans les jours suivants, les habitants de Haurse-Porc se mirent à être pris de maux d'estomacs de plus en plus fréquents parfois accompagnés de rejets alimentaires et de quelques vomis sanglants, sans que les rebouteux ne parviennent à trouver solution. Les premières morts survinrent après trois jours et les cadavres exhalaient des odeurs musqués particulièrement fortes. Pendant ce temps sur les berges de la Vammes, d'étranges cocons gris étaient apparus accrochés aux branches des arbres, aux pierres et parfois même sous les rebords de toi ou de fenêtres des maisons pas trop loin.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeLun 12 Jan 2015 - 16:19



Des traits, Amblère n'avait rien de mieux à offrir que des misérables flèches contre la sainte gloire de Kiel Elghinn. Bol d'Jiv'elgg fit craquer sa nuque sous la cuirasse. Comme répondant à ce son sinistre, les braseros s'allumèrent dans un parfait ensemble. Il leva la main, les archers encochèrent flèches et carreaux. Les pointes enduite d'huile et chiffon plongèrent dans les flammes. Il inspira l'odeur des résines qui se consument. C'était là le prélude à une grande procession.

"Que le feu pleuve, que la souffrance s'embrase."

Le Favori dit et sa volonté fut faite. Les traits flamboyant jaillirent vers le ciel et atterrir disparates derrière les remparts. Ils serviraient à la fois de boute feu et de tire de calibrage. Parce qu'avant même que le feu ne se répande dans la citadelle, les archers débutèrent un concert de cordes en direction du sommet des murs. Le siège d'Amblère débutait et les flammes léchèrent la pierre. Le crépitement du futur brasier commençait à monter dans l'air, bientôt ils surpasseraient la cohue de la guerre. L'eau qui serait jeté sur la poix ne ferait qu'étendre l'incendie.

Il abaissa pour la troisième fois sa main et les mangonneaux firent à nouveau grincer leur bois humide. Cette fois, ce n'était pas des tonneaux mais de la pierre. Un tir ajusté depuis le premier avec pour cible la citadelle elle-même. Les remparts, ce serait l'oeuvre d'Uriz d'y ouvrir une faille. Une brèche par laquelle s'engouffrerait son Ost.

***

Il passa calmement les portes d'Amblère. Les éclats de bois des deux grands battants avaient été jetés sur le sol de terre battue lorsque ceux-ci avaient sauté de leur gond. Il s'arrangea pour que son Morgal écrase le crâne d'un prêtre d'Uriz tombé dans l'entreprise de la brèche. Le Favori n'avait que dédain pour ces guerriers sans intérêt, tout juste des outils pour apporter la souffrance au monde.

Il huma l'air du haut de sa posture régalienne. La brume avait laissé la place à la fumée grasse de l'incendie qui avait embrasé deux jours durant les pieds de la citadelle. Les cris saturait presque autant l'atmosphère que les miasmes noirâtres. Sa monture cauchemardesque poursuivi son chemin de plus en plus vite, son maître ne souhaitait plus brider sa progression. Elle se jetterait dans la mêlée et déchirerait membres et thorax tandis qu'il s'emplirait de l'ambiance douloureuse.

Il aimait particulièrement le spectacle de cette mâchoire de métal déchiquetant sans distinction fer, pierre et chair. Juché sur sa créature, le Favori se contentait de parer les coups de son gantelet griffu et par moment de faire tournoyer souplement sa chaîne. Il était conscient d'être exposé. Il connaissait la perfidie des arbalètes. Cela ne l'empêchait pas de prendre son pied, son corps tendu par l'excitation de la cruauté gratuite du combat. Lorsque des archers se présenteraient, ils comprendraient ce qu'était l'horreur. Bol d'Jiv'elgg avait bien des visions à laisser fondre sur ces proies et il en imaginait d'avantage comme sa machine de guerre vivante le menait plus avant vers la citadelle. Qu'importe les morts, Keil Elghinn ne s'intéressait qu'aux survivants. Ce serait parmi eux et eux seuls qu'elle ferait son tri.

C'était le quatrième jour, les remparts avait mis un temps certain pour tomber. Ces prêtres de la guerre et leurs principes causeraient la perte de leur peuple. Fort heureusement, les remparts s'était couvert de rouge, les portes avaient cédé face aux incantation et la marée avait pu s'engouffrer dans la brèche. Si les murs n'étaient pas encore sous leur contrôle, ce n'était qu'une question d'heure. Il espérait que l'incendie eut suffisamment refroidi pour prévoir un déplacement d'une partie de la Légion ici même. Il restait encore ça et là des foyer fumant ou des corps léchés par les flammes.

Il finit pas sauter souplement de sa monture. Il la laissa se repaître des carcasses des bouseux. Son repas était mérité. Il était temps que lui aussi se repaisse de sa propre nourriture. La suie rendait le peu de sa peau encore apparente plus sombre qu'elle ne l'était. Les flammes jouaient sur son horrible masque semblant lui conférer l'expression d'un rire cruel en mouvement. Sur fond de ce concerto de cri et de craquements d'incendie, le Haut-Prêtre marchait au rythme lugubre du tintement de sa chaîne et du grincement de sa cuirasse. La frénésie du combat était encore loin, mais il préférait nettement se distraire avec quelques poches de résistance, comme celle dont son Morgal s'était servi comme repas.

Il finit par jeter son dévolu sur une première victime. Un chevalier isolé, loin du gros de la bataille et qui tentait désespérément de rejoindre les siens. Le serpent de fer glissa dans les airs, il enroula ses anneaux autour du cou de l'humain suant et poisseux. Le crochet agrippa les maillons, dispositif coulissant qui lui aurait permis d'une seul traction d'étrangler cet insecte puant. Le Favori ne se donna même pas cette peine, il laissa la chaîne revenir à sa place. Un artefact bien minable aux yeux de certains, une chaîne qui ne faisait que reprendre sa place sur commande. Mais si ridicule que puisse paraître ce pouvoir, la traction inexorable ne manqua pas de décapiter grossièrement son prisonnier.

Calmement, le Favori s'approcha du corps et la flaque de sang qui s'accroissait par les jets vermeils de moins en moins puissants. Il s'agenouilla et trempa sa main gauche et ses griffes dans le sang chaud. Il s'imprégna de toute cette ambiance grandiose, laissa le fluide imbibé sa main et son bras jusqu'au coudre. Dégoulinant, il se releva et passa sa main dans les flammes d'un corps bientôt consumé. Le liquide grésilla, sa main fuma et il la retira avant que la brûlure ne devienne trop profonde. Il la laissa pendre le long de son corps en s'avançant plus avant vers le nœud des combats. Il réservait une petite surprise aux défenseurs.

Le siège court avait laissé la place à sa partie préférée de la prise d'Amblère. La guérilla urbaine avait beau être un calvaire pour les soldats, tout calvaire n'était-il pas le nectar offert par la Déesse à ses fidèles? A défaut de pouvoir ramener un grand nombre d'esclave de ce futur tas de cendre, il comptait bien marquer le sol de cette contrée de sa malédiction. Amblère serait un prélude à plus grand, plus terrible.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 20:21

Connaissez-vous les portails d’ombre ? Non ? C’est bien regrettable, car il s’agit d’une des merveilles de ce domaine magique, une merveille que peu de mages dans l’histoire ont réussi à maitriser. Tenter un déplacement via les Ombres entre deux points éloignés du monde réel se situe en terme de dangerosité entre l’attaque frontale d’un dragon rouge énervé et jongler avec des torches enflammées au-dessus d’une fosse à goudron. Quant à la complexité, n’en parlons même pas, un long rituel préparatoire est nécessaire si l’on veut arriver avec sa tripaille à l’intérieur de l’enveloppe corporelle. Bien entendu, si l’état social du pot de rillettes ne vous dérange pas, vous pouvez bâcler le travail. Oh, j’ai oublié un dernier détail : la précision est souvent loin d’être parfaite.

Au-dessus de la Sirilya, juste en amont d’Amblère, l’air parut se tordre, se déchirer comme un torchon qu’une ménagère aurait essoré trop vigoureusement. L’espace d’un instant, un portail apparut vers… de l’obscurité ? Oui, il n’y avait pas vraiment d’autre terme pour décrire ce noir si intense qu’aucune lumière ne semblait pouvoir jamais y briller. Si généralement il est acceptable de considérer que l’obscurité correspond en réalité à une absence de lumière, celle que l’on devinait derrière le portail semblait en être totalement dissociée. Il s’agissait d’une obscurité primitive, absolue, une obscurité qui vous place face au néant et vous glace jusqu’au tréfonds de vos os.

Du portail chuta alors un corps hurlant.


Meeeeeeerde !

L’archimage tomba comme une pierre dans la flotte, selon le terme technique connu au sein des dictionnaires sur l’art du plongeon comme dit « de la planche ». Tant pis pour l’élégance et la grâce dont font souvent preuve les maîtres de cette noble discipline, elles repasseront une autre fois. De toute façon, lorsque vous ressortez du fleuve tout boueux et crotté, les vêtements gonflés d’eau et des cascades dégoulinant par vos manches, votre élégance n’est pas le principal problème. S’ébrouant vigoureusement, ce qui fit fuir les grenouilles venues observer ce curieux spectacle, Haldren tenta de remettre un peu d’ordre dans le capharnaüm chaotique qui occupait présentement son esprit.

De l’ordre, oui remettre de l’ordre. Il était… quelque part au bord d’un fleuve, le doute ne pouvait guère exister au-delà de l’étincelle à ce sujet. Il s’agissait d’une bonne base de départ pour bâtir un raisonnement digne de ce nom. Qui dit fleuve dit inévitablement… eau ? Poisson ? Berge ? Inutile, il n’avancerait pas beaucoup en s’aventurant dans cette direction-là. Un autre élément attira alors vaguement l’attention d’Haldren, une puissante citadelle située à quelques centaines de mètres de lui et qui semblait présentement confrontée à un léger problème, à savoir l’assaut d’une horde de drows. Admettant que le terme léger l’était lui-même, Haldren remonta le niveau à « catastrophe épouvantable digne de l’apocalypse », avant de se mettre en route vers les murailles d’un pas guilleret. L’endroit lui paraissait amusant, autant se renseigner sur cette charmante localité avant de reprendre son chemin. Sans compter qu’il avait grand faim ! Restait bien évidemment à espérer que les assaillants auraient la délicatesse de ne pas détruire toutes les tavernes.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 23:54

Près de six jours avaient passés depuis que Porte-la-Peste était arrivé aux abords de la bourgade. Six fois il avait vu le soleil se coucher sur la forêt et cinq fois se lever au-dessus des montagnes. Alors que sa montée dans le ciel apportait auparavant le bruissement des humains affairés, il n'y avait plus que le silence de la nature seule. Ceux qui n'avaient pas succombé dans les rues d'Haurse-Porc avaient fuis vers l'est, de l'autre côté du fleuve, vers des terres plus clémentes. Il se félicitait de son efficacité, malgré les années qui s'étaient écoulés depuis ses dernières frasques dans le domaine.

Les véritables problèmes avaient commencés avec les premières morts. Les humains n'arrivaient toujours pas à en comprendre la cause, parlaient de peste du aux combats. Il en avait ri dans son linceul. La peste n'avait rien à voir avec ce qui leur tombait dessus. Si vraiment il avait décidé de sortir la peste, ils auraient déjà été tous agonisants. Mais les drows savaient reconnaître la peste et ils n'oseraient pas approcher les cadavres. Il avait donc eu recours à des méthodes moins reconnaissables. Les troubles digestifs n'étaient qu'une première étape, rapidement les symptômes étaient suivis d'hémorragies externes spontanées qui faisaient se vider de leur sang les victimes. Au début les humains avaient essayé de s'en débarrasser par le feu, mais les miasmes dans la fumée ne faisaient que contaminer plus de personne alentours. Lorsqu'ils avaient commencé à parquer les malades et se réfugier dans le centre du bourg, loin de l'eau, le sorcier avait du employer de nouveaux vecteurs.
Les insectes étaient une valeur sûre. Ils se faufilaient partout, étaient nombreux, prévisibles et faciles à manier. Grâce à eux il avait rapidement pus contaminer la plupart des réserves du bourg et l'infection reprit de plus belle. Malheureusement, les causes devinrent rapidement évidentes lorsque les habitants commencèrent à retrouver des cadavres d'insectes desséchés dans leur victuailles. Les premières rumeurs de malédiction commencèrent, et avec elle les premiers départs. Sans compter les récits sur les drows qui se répandaient comme une traînée de poudre.

Au cinquième lever de soleil, il était temps pour la dernière étape. Alors que les rayons du soleil venaient scintiller dans la rosée matinale, Porte-la-Peste gagna le haut d'une petite butte à quelques distances de Haurse-Porc. Il commença à incanter, ses chants semblables au sifflement du vent dans la forêt, un sifflement désagréable et dissonant toutefois. Dans le bourg, les cocons commençaient à se fissurer sur la longueur. En émergeaient de petits insectes à l'apparence féroce pour qui aurait regardé de plus près. Ils déployèrent leurs ailes qui commencèrent à émettre un son désagréable en vrombissant. Puis ils sentirent la viande et fondirent sur les humains. Durant de longues minutes les cris d'horreur et d'agonie emplirent la plaine. Seuls quelques survivants suffisamment vifs et chanceux parvinrent à quitter la ville. Les autres furent la proie des ponges les uns après les autres. Les plus aguerris dans la population essayèrent de les repousser avec du feu et des incendies mais elles étaient trop nombreuses et ils finirent dévorer tout pareil. Au paroxysme de l'horreur elles étaient en si grand nombre qu'elles formaient comme un nuage mouvant qui englobait les maisons et que Porte-la-Peste pouvait distinguer depuis son perchoir. Puis les cris se turent, se fondant dans le silence, et le bourdonnement terrifiant se dilua progressivement tandis que les insectes essayaient de trouver de nouvelles sources de nourriture. La plupart moururent d'inanition à quelques dizaines de mètres des maisons. L'une d'elle, incroyable, parvint presque à atteindre Porte-la-Peste mais elle décéda sitôt qu'elle toucha sa peau et il l'écrasa d'un pouce négligent.
Sortant un osselet de sa bourse il s'approcha à pas mesurés du village. La vertèbre allait continuellement entre ses doigts, tournoyant sans jamais un seul accroc. Autour de lui, le nécromant dispensait une aura qui endormait les créatures faibles. S'il venait à réveiller un nid, même lui pourrait bien ne pas y survivre, aussi se montrait-il particulièrement prudent. Les rues étaient jonchés de cadavres : certains morts de sa maladie, suppuraient un sang contaminé. Les ponges n'y avaient pas touchés puisqu'elle ne s'intéressait jamais à la chair morte. D'autres avaient abrités un nid qui s'était réveillé et ne semblaient plus désormais qu'une peau mitée sur quelques os et quelques restes de chair insuffisant pour nourrir même un rat. Enfin il y avait les nids pas encore réveillés. Les cadavres semblaient relativement frais encore, mais à certains endroits les œufs avaient percés la peau en lignes dérangeantes, semblable à des abcès. Ils paraissaient parfaitement morts, mais il le savait, si son sort venait à ne faiblir ne serait-ce qu'un instant, il mourrait dans la minute. Sans prendre de risques supplémentaires il quitta le village et ne cessa de jouer avec la vertèbre que lorsqu'il regagna la butte qui lui avait servis d'observatoire.

Il s'assit sur une pierre et s'autorisa quelques heures de repos. Haurse-Porc était prêt. Le piège était en place, ne restait plus qu'à le refermer. Il allait pour cela avoir besoin d'un appât. Il releva la tête sur l'armée qui l'accompagnait. Ses serviteurs momifiés, la moitié de tous ceux qu'ils possédaient, étaient pareils à des statues. Et, il le savait, il disposait des légions sans fin de l'Aduram qui l'avaient suivies. Les insectes bourdonnaient aux frontières de sa conscience, relayaient la volonté de l'Esprit. Tout se mettait en place avec une macabre précision qu'il affectionnait tant. Il se releva finalement et prit la route du nord, d'où s'élevait, à plusieurs lieues de là, un imposant panache de fumée.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 20 Jan 2015 - 12:34

« Chef…Y’ ont fait une avancée sur l’coté nord, Jormund, Tarek et Urst sont mort.»
«Diantre ! »
« Mais z’inquiété pas ‘chef, on va t’nir ! »
«… »

-Que Néera t’entendent mon garçon- pensa Lonsville tout en essayant le sang qui coulait sur son front.
Pas le sien mais celui d’un sombre avec qui il avait croisé le fer voila une heure maintenant. Jehan le Hardi n’était à vrai dire plus très hardi à se moment précis. Ils avaient combattus avec force pendant prêt de quatre jours sur les murailles. De nombreux bravent étaient tombés. Les machines de sièges avaient fait leurs travails et les rochers avaient causé de nombreux dégâts dans les rangs ennemis avant de devenir inutilisable. A vrai dire, personne n’avait pensé qu’une brèche soit ouverte aussi vite et quand ce fut fait, c’est le chaos qui s’abattit sur Amblère.

De nombreux soldats quittèrent leurs postes, prêt à fuir ou à sauver ce qui pouvait rester de leurs familles. Jehan ne les blâmait pas, peut être aurait il lui aussi envisagé cette solution s’il possédait encore femme et enfant. Une fois la surprise passé, il hurla des ordres et on descendit des remparts afin d’entamer le combat. La première heure fut la plus meurtrière. De nombreux soldats moururent dans la panique avant qu’un semblant d’ordre ne soit ramené par les officiers de l’armée. D’officier il n’en restait d’ailleurs que très peu, ils furent les premières victimes, sûrement une tactique de l’ennemi afin de rajouter encore à la désorganisation des défenseurs. Celle-ci marcha à merveille et Jehan pesta à cette pensée, il se retrouvait maintenant quasiment seul à diriger la résistance, secondé uniquement par des gamins tout juste sortit de l’adolescence.

« Oh Néera, Grande Mère, pose tes yeux bienfaiteurs sur Amblère, ne nous laisse pas seul, ne me laisse pas seul. »

Adossé à un pan de mur, le Hardi embrassa un des symboles religieux dédiés à la Déesse. Il en portait une pléthore et en permanence, ceux-ci ne lui avaient jamais semblé aussi utiles qu’aujourd’hui. Pourtant il n’obtient aucune réponse concrète de la Dame du Vent, mais son ouï fut attiré sur la gauche et heureusement !
Il leva machinalement sa lame quand il distingua un éclat d’argent dans l’entrebâillement de la porte et cela lui sauva la vie. Les Drows étaient de retour.

Il repoussa son assaillant en écrasant la main ennemi qui dépassait avec sa botte. Puis il pressa de tout son poids sur la lourde porte afin de la condamner, on amena bientôt des madriers de bois qu’on cloua grossièrement avec de gros clou de fer. À la fenêtre on se battait déjà, les défenseurs disposaient d’un avantage considérable dans les vieilles bâtisses de la ville, mais cela ne durerait pas. Le Hardi prend alors la décision qui s’imposait.

« Préparez vous messieurs il nous faut disparaitre d’ici et vite. »
« Mais ch.. »
« Tout de suite ! »

Jehan savait très bien ce que ce choix impliquait, de nombreux sacrifiés et impossible de revenir en arrière. Pourtant ses hommes se mirent en route sans poser plus de question. Ils sonnèrent une longue note dans un cor afin de prévenir les résistants. Puis, ils ouvrirent une trappe dans le sol et s’engouffrèrent dedans peu à peu afin de ne pas donner au drow l’impression de fuite complète. Le Hardi fut le dernier à s’enfuir sous terre. La course qui s’en suivit fut rapide, ils les menèrent dans une autre maison qui se trouvait à coté du pont qui séparait les deux partit de la ville construite sur le fleuve.

De nombreux autre soldat arrivèrent, tout ceux ayant assez tendu l’oreille pour entendre le signal. Puis les hommes sortirent d’un cache de nombreux tonneau de poix. On fit traverse le pont au maximum d’homme avant de le recouvrir de cette substance inflammable. Puis les derniers hommes qui passèrent le pont laissèrent derrière eux de nombreux tonneau entier.

Ce fut à Jehan que revint l’honneur de faire exploser l’édifice. Torche à la main, il distingua sur l’autre rive des hommes qui courraient encore, espérant pouvoir traverser. Malheureusement ils étaient suivis pas des noirs elfes avides de sang. Le Hardi n’eut pas le choix, il pria pour ses âmes tout en lançant la torche sur les premières lattes de bois. Le feu se répandit à une vitesse folle. Quand il atteint les tonneaux, il y eut un énorme « BOUM » qui envoya une nuée d’homme au sol dans un déluge de bois et de feu. Lonsville du attendre quelques secondes avant de retrouver l’usage de ses oreilles.

Quand la fumée se dissipa, le pont avait disparut. Cela n’arrêterait pas les Sombres mais ils seraient maintenant grandement ralentit. L’officier en charge des défenses de la ville recommanda l’âme des soldats sacrifié à la déesse afin de tourner les talons et de rejoindre une position plus défendable. Des hommes armés d’arc et d’arbalète se positionnèrent déjà aux différents points stratégiques.
Les hommes n’avaient pas encore dit leurs derniers mots.

_________________
Ombre fugace
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 20 Jan 2015 - 14:26

« La bergère se disait vierge, mais quand elle fut dans mon lit, elle trouva bien vite ma v… »

Sifflotant un air grivois fort populaire de la Péninsule jusqu’aux plaines du Brissallion, l’archimage avançait tranquillement dans les rues de la ville en feu, sans prêter une grande attention aux derniers combats qui se déroulaient de ce côté du fleuve. Les humains paraissaient de moins en moins nombreux, mais des bruits au loin laissaient supposer qu’ils se repliaient vers des positions préparées à l’avance, tel qu’il est prescrit de faire dans l’ensemble des manuels militaires du monde connu. Les cadavres jonchaient les rues, humains surtout mais les drows payaient eux aussi un lourd tribut pour cet assaut, et des archers embusqués dans les maisons réussissaient à prélever leur quota. Une flèche jaillit d’ailleurs d’une ouverture proche, fondant sur l’archimage avant de se briser en petits copeaux de bois à l’impact.

Recouvert d’ombres qui glissaient sur lui comme des flammes, l’étreignant avec plus de passions qu’une amante, Haldren ne craignait guère les combats. Fou mais pas idiot, il avait activé ses défenses avant d’entrer en ville pour éviter de se prendre un coup perdu. L’archer dû comprendre que sa cible pouvait se protéger, à moins qu’il n’ait été tué par un drow en maraude, car aucun tir ne suivit le premier. Se désintéressant du problème, l’archimage s’avançait vers le fleuve lorsque le souffle de l’explosion l’atteignit, le faisant vaciller. Secouant la tête pour en chasser les bourdonnements, Haldren regarda autour de lui, se retrouvant quasi-seul encore debout. Les drows qui le suivaient venaient de se faire faucher par la nuée d’éclats de bois en provenance de l’explosion. Après un regard distrait à un prêtre de Kiel qui agonisait, un éclat planté en travers de la gorge, il reprit son chemin en direction du pont détruit.

Des tirs nourris reprenaient déjà depuis l’autre côté du pont, se heurtant au bouclier de l’archimage mais le troublant quelque peu. On a beau avoir confiance dans son art, il est malaisé de rester totalement concentré lorsque l’on voit une nuée de carreaux d’arbalètes foncer sur soi. Constatant que seuls tenaient encore quelques pilonnes noircis et enfoncés dans le fleuve, le drow laissa éclater sa colère :


Et comment je vais passer maintenant, hein ? Bande d’abrutis !

Les humains furent-ils surpris d’un aussi étrange cri de guerre, bien loin des habituelles menaces d’éventration ou d’insultes quant aux pratiques sexuelles maternelles ? Peut-être, bien que le chaos ambiant ne se prêtait pas idéalement  aux échanges des amabilités entre ennemis. Grommelant à voix basse, Haldren s’approcha de la rive du fleuve, non loin des débris fumants qui marquaient l’ancien pont. Instinctivement, il devinait qu’il se devait d’aider au moins un peu le sombre ost de ses anciens frères, ne serait-ce que pour éviter de les énerver à son encontre. Un peu d’amitié dans ce monde de brutes, cela valait bien quelques efforts, non ?

S’isolant du vacarme ambiant, appelant à lui ses siècles d’expérience pour rester concentré, l’archimage commença à une nouvelle incantation, ses mains dansant un ballet compliqué devant son visage. Entre ses doigts, de fins filaments d’ombres apparaissaient, se joignant à la danse tels des papillons avant d’aller voleter nonchalamment au-dessus du fleuve. Le rythme des incantations s’accéléra alors, de même que le nombre d’apparitions de filaments, tandis que ceux qui survolaient le fleuve se regroupaient peu à peu, dessinant la structure d’un pont. Sous les yeux ravis des drows et inquiets des humains, le pont d’ombres prenait lentement de la substance, ce qui n’était au début qu’une structure vide se remplissant tandis que l’archimage arrachait toujours plus d’ombres à leur dimension d’origine.

Des tirs de flèches enflammées visèrent le nouveau pont, mais sans effet notable, les ombres n’étant pas sensibles aux flammes. Lorsque le sortilège s’acheva enfin, une passerelle toute neuve se dressait sur le fleuve, assez large pour que deux personnes y avancent de front sans se gêner et brillant d’un noir mat malgré la fumée des incendies. Tandis que les forces drows se regroupaient pour compter leurs morts et préparer un nouvel assaut, Haldren s’engagea d’un pas joyeux sur la passerelle, traversant le fleuve avant de tourner vers l’amont en direction du donjon, s’enfonçant dans un dédale de ruelle où le suivirent quelques humains courageux tentant vainement de l’arrêter. Mais la plupart des défenseurs restèrent à leur poste, leurs armes pointées sur le fleuve et sur la masse grouillante des drows qui s’interrogeaient sur l’opportunité de traverser par la passerelle ou de tenter un autre chemin.

Oui, vous aurez probablement remarqué un léger manque à l’ouvrage magique. Sans doute l’archimage aurait-il pu élever sur chaque côté de son pont un mur de protection permettant de dévier les flèches, ou utiliser son art pour massacrer nombre d’archers afin de mieux dégager la zone. Malheureusement, n’en ayant pas ressenti le besoin pour se protéger lui-même des tirs, il n’y avait tout simplement pas pensé. Les drows disposaient maintenant d’un pont certes solide mais idéalement placé sous le feu nourri des troupes humaines retranchées.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeVen 23 Jan 2015 - 17:24



Le souffle de l'explosion le laissa complètement indifférent. Il avait fort affaire avec les miliciens qui tentaient de leur interdire l'accès à une petite place. Les axes avaient été fermées par de grotesque barricade qui n'arrêteraient nullement sa colère et sa soif de souffrance. Le sang séché qui enduisait sa main gauche craqua imperceptiblement et la chaîne décrivit un arc complexe dans les airs. Même le Haut-Prêtre qui savait pourtant comment il en était arrivé à une telle maîtrise ne pouvait s'empêcher d'admirer la grâce de ses maillons qui se déployaient selon leur volonté propre pour venir faucher un pauvre erre d'une quinzaine d'année au travers du grotesque cuir de sa pseudo armure.

L'acier repris sa place autour de son torse ramenant au passage quelques lambeau de foie et de poumon. Il se délecta de les frotter contre sa main gauche qui à chaque victime semblait pulser un peu plus d'énergie douloureuse. Il pouvait déjà deviner de petits vaisseaux chaud et rougeoyant qui partaient de ses doigts. La force du Favori se rassemblait dans ce membre. Bientôt, il brûlerait comme l'incendie qui semblait mourir peu à peu dans Amblère, puis il le laisserait exploser comme les hommes avaient osé faire exploser le pont chevauchant la Sirilya.

Il ne put s'attarder plus avant dans la contemplation des pulsations, devant l'enfoncer dans la gorge d'un vieillard un peu trop hardi qui l'avait cru assez faible que pour ne pas voir sa lame s'approcher de son flanc. La lame crissa sur son plastron de fer arrachant quelques éclats de rouille et les griffes de métal arrachèrent muscles et trachée-artère. L'autre tituba un moment, emporté dans son élan, avant de s'effondrer contre la barricade. Il tentait en vint d'endiguer le flot qui jaillissait de sa gorge pour tomber moitié sur le sol et pour moitié le noyer. La lymphe du Favori se gorgea de ce nouvel afflux de sang.

A travers la fumée, il pouvait deviner la silhouette proche de la citadelle dans le crépuscule. Il agrippa de sa chaîne l'imbécile qui semblait beugler ses ordres au sommet de sa muraille de barriques et de meubles grossiers. Il le déséquilibra et se servit de son cadavre gesticulant comme d'un contre poids pour se hisser au sommet de ce bordel. Il pouvait deviner d'après les vibrations de sa chaîne que l'homme se débattait en suffoquant, lentement étranglé par l'artefact.

Il trôna sur l'amas informe observant la peur naître à sa vue. Il ne put réprimer une légère surprise en sentant le trait pénétré son épaule. Il regarda pulser le sang noirci au dehors de la plaie. Reprenant le fil de la bataille, il balaya d'un grand coup ceux qui tenait encore la barricade, tombant d'un coté ou de l'autre. Le coup, n'était pas mortel, juste assez violent ou surprenant que pour les faire choir. Ceci dit, il était vrai que d'un coté de l'amas hétéroclite, cela équivalait bien à un coup mortel. Il sauta négligemment à pied joint sur le corps de l'un d'entre eux, tomber du bon coté mais qui ne réchapperait pas à l'hémorragie interne que ses bottes cloutées provoqueraient dans son abdomen intérieurement éclaté.

Son bras pulsa encore face au groupe de résistants pétrifiés à la vue de son masque. Le pouvoir de cette relique de Kiel était bien plus dans ce que sa vue provoquait que dans la magie qu'elle contenait réellement. Un drow passa devant lui juste à point nommé pour se prendre un carreau à sa place. Il se saisit du corps encore chaud pour s'en faire un bouclier et chargea avec les drows vers les résistant, effarés. Il se demanda combien de temps il lui faudrait encore avant de rallier la citadelle... Il arracha la flèche, le bras pulsa plus fort.

***


Son bras pulsa plus fort. En 30 heures, il avait eu le temps d'accumuler douleur et souffrance au point de s'embraser comme un incendie. La cité était plongée dans l'obscurité, à l'Est s'était à peine si un vague liserai grisâtre se faisait annonciateur d'une aube sans espoir. La percée s'était poursuivie. Si les drows payaient cher leur contrôle, ils n'en étaient pas moins arrivés au pied de la citadelle. Les rues n'étaient toutes assurées, plus de la moitié de la cité était le théâtre d'une guérilla acharnée. Les souterrains, qui avaient servi aux sombres pour accélérer leur conquête du premier quart de la ville, avaient fini par être sabotés.

Le quart sud de la porte accueillait désormais l'armée drow, les combats se poursuivaient le long de la Sirilya pour réduire les poches de résistance et assurer le ravitaillement de la position établie autour du pont d'ombre. Il avait été dressé par un mage de leurs rangs, selon les descriptions, Bol d'Jiv'Elgg ne manqua pas de reconnaître l'héritier des Banefere. Un drow de leur plus puissants mages qui passait son temps à disparaître et à réapparaître au gré d'errance dont seuls lui et les dieux pouvaient connaître les méandres. Mais le Favori, de même que son Streea Jabbuk, ne risquerait pas la traversée avec une forteresse dans son dos.

La créature se glissa dans les ombres crues. La lumière d'un brasier presque éteint se refléta dans ses yeux. Sa chaîne tâtonna dans le noir jusqu'à percer le coeur d'un dernier agonisant. La chaleur se glissa le long du fer jusqu'à son bras droit et de là, elle vint abreuver le brasier du gauche. Le Favori laissa exploser la fièvre, les yeux luisants fixer sur la porte cloutée de la forteresse. Dans la nuit, un hurlement déchira le silence. Ce n'était pas le sien, c'était celui de l'âme arraché à l'agonisant. Bol d'Jiv'elgg déversa dans l'esprit des défenseurs ses visions cruelles et douloureuses.

Chacun les garderait pour soi, pour sa folie ou pour sa tombe. Mais le message qu'elles véhiculaient était clair. Une injonction emprunte de la menace prophétique des images raisonnerait en chacun: ouvre-moi la porte. Et à chaque pulsation de son bras gauche, il déversait plus de cruauté sur les hommes, suggérait d'avantage de vision et laissait faire les ennemis quant aux fantasmes et aux séquelles que cela ferait surgir. Il connaissait d'expérience qu'il était inutile de tout créer soi-même. C'était un gaspillage d'énergie, alors que l'esprit pouvait faire une grande partie du travail seul.

L'esprit, il n'aime pas les paradoxes qui lui sont imposés. Il tente de les expliquer, de les défaire ou de les justifier par tous les moyens, causant souvent bien plus de dégâts sur lui-même que n'en auraient causé aucun sort. Il suffisait de lui laisser le champ libre tout en lui imposant assez que pour initier sa propre destruction. Dans le silence de l'aurore à venir, Bol d'Jiv'elgg laissa agir la volonté de Kiel, guettant la rumeur qu'il espérait voir monter de derrière la porte, bien à l'abri à l'ombre des ruines.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeLun 26 Jan 2015 - 23:35

Le corbeau plana doucement dans les dernières ombres de la nuit, avant de venir se poser sur l'épaule de la silhouette seule, à l'orée des fourrées, qui observait la cité d'Amblère. Elle leva un bras et replaça négligemment l’œil qui ornait le poitrail du volatile décrépit dans son propre orbite vide. Ainsi les drows étaient au pieds de la citadelle tandis que leur armée se répandait dans la cité sans grande résistance. Il avait vu l'ouvrage magique qui leur servait à traverser, tant bien que mal, le fleuve. Une magie rare et puissante que celle capable de créer à partir des ombres. Il n'avait pas pu repérer son auteur, n'osant s'approcher trop près de ceux qui auraient pus le découvrir. Mais même pour les mages du Puy, ce n'était pas un travail ordinaire.
La situation était parfaite pour lui. L'armée était éclatée, concentrée au pillage et au massacre. Il pouvait agir sans se faire repérer, ce qui n'aurait pas été possible si ils avaient été en formation de sièges, raison pour laquelle il n'avait pas pris la route d'Amblère tout de suite. Il ne craignait presque aucun mage, et certainement aucun de leur guerrier, mais il ne pourrait rien faire de conséquent contre eux si sa présence venait à s'ébruiter trop vite. Il leva une main en l'air qu'il referma sèchement. Aussitôt sortirent une dizaine de silhouettes macabres des fourrés. Ses momies vinrent se placer à ses côtés, l'une d'elle portant en plus de son cimeterre rouillée une antique masse qui avait été, longtemps auparavant, l'arme d'un général. Saisissant dans sa bourse les osselets dont il se servait habituellement, Porte-la-Peste effleura de l'esprit la tapisserie de la magie et entreprit d'en démêler les nœuds. Il sentit son cœur battre plus vite, le peu de sang dans ses veines se charger d'une énergie nouvelle, ses muscles se tordre et se renforcer. Il avait la vague impression de revivre comme autrefois. Lorsqu'il posa la main sur la masse, sa poignée rugueuse, les impacts qui l'avaient abîmées, le cuir usée qui la recouvrait et le sang qui l'avait lubrifié revinrent brusquement dans sa mémoire. Il la leva lentement, apparemment sans effort malgré sa faible stature, puis se mit à marcher en direction de la ville et de ses faubourgs.

Il ne restait plus grand monde à l'extérieur de l'enceinte, mais les drows n'avaient quand même pas laissé les faubourgs sans aucune surveillance. Des troupes plus légères, moins expérimentées ou fanatiques que les autres, gardaient les arrières de l'armée et s'en donnaient à cœur joie dans le pillage. Ils ne manquèrent pas l'arrivée de la dizaine de soldats morts-vivants. Sans doute qu'ils envoyèrent quelque messager prévenir les autorités compétentes, mais il faudrait quelques dizaines de minutes pour un réaction, si ce n'était plusieurs heures. Les drows n'avaient aucune envie d'attendre longtemps et, à près de trois fois plus, s'estimaient largement capable de remporter la victoire, tant et si bien qu'ils ne prirent même pas la peine de faire jouer leurs arbalètes pour affaiblir l'ennemi.
Ils ne se rendirent compte de leur nature qu'au moment de lancer l'assaut contre eux, la faible luminosité n'aidant pas leur tâche. Le premier échange de coup fut un carnage chez les daedhels. Les arrières-gardes, équipés pour la plupart de tenues assez légères, n'eurent aucune chance face aux lames lourdes et à la force impressionnantes des marionnettes de Porte-la-Peste qui de leur côté n'étaient guère impressionnés par les lances et autre pieu qui leur perçaient allègrement le corps sans ne serait-ce que les ralentir. Prenant la mesure de leur ennemis les drows reculèrent un peu pour mieux s'organiser et profiter de leur avantage numérique. Abrité au centre du cercle de ses sbires, Porte-la-Peste finissait de marmonner un dialecte incompréhensible tandis qu'il faisait jouer ses osselets entre ses doigts de manière si rapide qu'elle en devenait difficile à observer, puis frappa le sol à ses pieds d'un coup de sa masse. En réponse, la plupart des daedhels sentirent leur estomac se retourner et le vomi leur remonter dans la gorge. Ceux qui cédèrent ne manquèrent pas d'offrir une proie facile aux momies qui abattirent une sentence définitive. En quelques minutes de combat la moitié des agresseurs gisaient déjà à terre et parmi ceux encore capable de combattre une bonne partie essayait de résister aux effets du sorts et se révélaient maladroits et lents.
Les survivants commencèrent à se replier mais les morts-vivants se ruèrent au contact. Ils abattaient sans méthode leurs armes et s'ils demeuraient facile à prévoir, l'état des soldats drows ne leur permettaient guère de lutter convenablement. L'un d'eux, courageusement, réussit à passer entre les cadavres animés et se rua sur Porte-la-Peste avec la ferme intention de terminer tout ceci en tuant le nécromant à l'origine. Le sorcier saisit d'une main la lance qui s'apprêtait à lui ouvrir le ventre et l'arracha à son porteur. Il leva sa masse et frappa, cueillant l'agresseur dans le creux des reins tandis qu'il essayait de fuir. Le bruit organique qui en résulta ne laissa aucun doute sur le côté létal de la blessure. Les autres soldats sombres offraient une résistance farouche, leur fuite gêné par l'incapacité des zombies à sentir la douleur ce qui empêchait de les tenir à distance, mais furent rapidement écrasés.

Le silence revint. Néanmoins, ça n'allait pas durer longtemps. Aussi, et tant qu'il lui restait des forces, Porte-la-Peste rendit sa masse à l'un de ses servants et leva les mains en l'air. Les cadavres des drows, en piteux états, se dressèrent lentement sur leurs jambes dans une parodie étrange et macabre de vie. Puis le nécromant rebroussa chemin, suivis par les différents morts-vivants et reprenant la direction de Haurse-Porc. Leurs traces ne seraient assurément pas difficile à suivre pour un pisteur entraîné, du sang gouttant des blessures encore fraîches, des armes ou des morceaux d'armure, quand ce n'était de chair, tombant au sol à cause des mouvements saccadés des cadavres fraîchement relevés. La disparition de plusieurs des leurs et une trace fraîche inciterait sans doute les drows à suivre. Il espérait que cela serait en nombre suffisant pour être intéressant, car il les menait tout droit dans l'un des pièges les plus mortels qu'il ait jamais conçu. Et pourtant, il avait une longue expérience de la chose.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 27 Jan 2015 - 9:58

Haldren avait réussi à trouver un dépôt de nourriture, et tandis qu’au dehors retentissait les échos de la bataille, il se gavait de copieuses tranches d’un excellent jambon fumé tout en se descendant à grandes goulées bruyantes une bouteille de vin. Quelques tomates agrémentaient le tout, apportant de la fraicheur à son repas. Les incantations magiques menées un peu plus tôt l’avaient fatigué, et la machine réclamait du carburant. L’archimage se bâfrait donc avec entrain, profitant joyeusement de ce moment, lorsque ses poils se hérissèrent… et je parle bien de tous ses poils, oui mesdemoiselles ! Il n’est pas possible de vivre pendant des siècles au cœur même de la plus grande académie de magie de ce monde, à savoir le C’nros, sans développer une capacité à ressentir les flux de puissance qui émanent d’un rituel. Or les sens d’Haldren lui hurlaient qu’il se passait quelque chose de néfaste au-delà des murailles, il pouvait presque sentir la délicieuse puanteur de la nécromancie lui chatouiller les narines.

Le drow hésita. Devait-il aller voir ce qu’il se passait ? Sans doute, s’il s’était rué au dehors des remparts, notre héros sans peur mais avec beaucoup de reproches aurait pu croiser la route de son redoutable confrère, mais je crains de décevoir ceux qui rêvaient d’un affrontement entre les deux archimages. Outre qu’Haldren ne se sentait que modérément concerné par les problèmes que pourraient rencontrer l’ost assiégeant Amblère, il venait de faire un bon repas et une phase digestive s’imposait. De même qu’il est déconseillé d’aller nager juste après les repas, la magie requiert un système digestif au repos, faute de quoi vous risquez des troubles intestinaux qui se manifesteront par des flatulences malvenues.

Lorsque l’archimage daigna enfin lever son auguste postérieur et se mouvoir d’un pas nonchalant jusqu’aux portes de la ville, le combat y avait cessé et plusieurs officiers y déblatéreraient avec entrain pour décider que faire. Apparemment, l’arrière-garde de l’ost venait de subit un assaut de morts-vivants, et les traces du carnage s’étalaient en longs sillons vermillons tout autour des portes d’Amblère. Plus étonnant peut être pour un observateur attentif, le nombre de cadavres au sol paraissait anormalement peu élevé pour un affrontement aussi violent.


Lorsqu’un magasin de porcelaine est en ruine, cherchez-y des bouts de trompe d’éléphant, marmonna Haldren, citant là son sept cent troisième dicton favori (sans doute pas son meilleur).

Dit de manière plus explicite : lorsque vous tombez sur un champ de bataille où il manque des cadavres, cherchez où le nécromant les a emmenés. Ses subtils dons de pisteur dignes des meilleurs éclaireurs elfiques permirent à l’archimage de trouver la trace qu’il recherchait, à savoir des bouts de métal et de chair qui jalonnaient une piste assez large pour y faire passer de front les cinquante gitons du prince de Thaar. Soit celui qui avait mené l’assaut était du genre distrait et se fichait royalement que l’on puisse le suivre, soit il espérait justement être poursuivi, ce qui n’était pas forcément bon signe. Tendant l’oreille, Haldren entendit justement les officiers parler de ce choix délicat, pris qu’ils étaient entre l’envie de se venger et la crainte d’un piège.

N’ayant rien de mieux à faire dans l’immédiat, et la curiosité le tiraillant, Haldren prit la route de Haurse-Porc sans même se préoccuper de savoir si des troupes drows le suivaient ou pas.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 3 Fév 2015 - 14:26


C’est la stupeur qui frappa tous les défenseurs d’Amblère et le Hardi en premier.

Le plan avait été régler comme du papier à musique, l’objectif était de séparer la ville en deux afin de profiter de la barrière naturel qu’était le bras du fleuve. Ainsi même en sous nombre ils pourraient facilement prévenir et se défendre de chaque assaut lancé contre eux. La tension était à son comble mais chaque homme, chaque combattant c’était autorisé à souffler un bon coup une fois l’édifice de bois détruit. Mais la guerre apporte son lot de surprise quotidien et cette fois ci, le repos avait été de courte durée.
On avait rechargé les armes de sièges installés dans la partit basse de la ville. On avait vidé certaines cache d’arme pour en réapprovisionner d’autre plus loin du front en cas de percé, on avait déplacé les femmes et les enfants en les faisant fuir par les poternes dissimulés aux assaillants. Amblère était en mauvais état mais le courage des hommes présents était encore solide. Puis, comme un vent glacé venu du nord présageant les plus sombres augures, la magie avait fait son œuvre sapant le moral des défenseurs aussi facilement que les dernières gelées de Barkios glaçant les bourgeons trop précoces.
Jehan de Lonsville avait vu lui aussi son courage faillir mais il reprit du poil de la bête plus rapidement que n’importe qui. Fatigué, en sueur et taché de sang il n’hésita pas à donner les premiers ordres dans la cohu, il fallait nourrir le feu et ne pas montrer sa faiblesse. Le pont d’ombre était en effet un bon coup de pouce pour les Noirelfes, mais sa conception était sommaire et l’édifice était bien plus étroit que le premier construit en bois. Ainsi il pouvait représenter un piège mortel pour quiconque essayerai de le traverser.

Et le Hardi ne se tromperait que rarement, ce fut un bain de sang pour les assaillants.

Chaque assaut drow lancé était invariablement repoussé par les défenseurs tout en causant de lourde perte dans les rangs de l’Ost. A un tel point que l’officier en charge de la ville remercia la Déesse de cette intervention magique. Il en était allé jusqu’à penser que sans ce pont d’ombre, la fin aurait déjà eu lieu. Le tir était nourri et ne permettait à personne de traverser sans blessure, les rares guerriers de l’Ost arrivé de l’autre coté ne causèrent que peu de dégâts et même si quelques hommes tombèrent sous un coup de lame bien placé, les hommes menaient toujours la danse, du moins, autant que faire ce peut.

Cela dura quelques jours, Lonsville avait perdu le fil du temps qui passe. L’armée Noirelfe avait depuis peu cessé toute attaque mais les hommes ne doutaient pas que les Sombres cherchaient ainsi un meilleur moyen pour passer et ils n’y iraient pas avec le dos de la cuillère. De plus l’attente deviendrait à un moment fatal au défenseur. Ceux-ci avaient du mal à se ravitailler, sans parler de l’usure des armes et de la fatigue des hommes.

« Mais ou sont les armées du Nord… » Maugréa le Hardi sur son poste d’observation.
« Z’avez dit quoi chef’ ? »
« Rien mon brave…Rien, je pensais à voix haute. »

Le soldat opina du chef et se saisit de sa longue vue afin de balayer la zone du regard. La nuit était tombé et on y distinguait rien, presque rien, mais les hommes étaient sur les nerfs et observer les alentours en quête d’une aide extérieur était devenu leur seul source de réconfort.

« Eh ! Chef’ ! V’nez voir , ça bouge du coté de l’Aduram. »
« Ou ça ?! »
« La, r ‘gardez. »

De Lonsville pointa la longue vue dans la direction donner et plissa les yeux. Il n’y distinguait pas grand-chose mais il était sûr d’une chose, on se battait dans l’arrière garde des drows. Son cœur fit alors un bon dans sa poitrine, leurs calvaires à tous étaient il finit ? L’aide arrivait t’elle enfin ? Bientôt  de nombreux soldats tournèrent leurs regards dans cette direction, attirés par le bruit des lames qui s’entrechoquent.
Cela dura un temps puis plus rien. Pendant ces longues minutes, plus personne n’osa parler ou même bouger, prêt à réagir à n’importe qu’elle coup de main lancé par l’extérieur. Mais une bonne quinzaine de minute après la fin des combats, l’espoir de se voir sauver cette nuit avait disparut. Le Hardi ne pouvait détourner son regard de la porte principal abandonné à l’ennemi. Un soldat le tira de sa torpeur.

« V’pensez qu’c’était quoi chef ? »
« Je n’en sais rien…Un groupe de bandit en maraude ayant décidé de prendre sa part du butin, ou un groupe d’homme d’arme arrivé ici au mauvais moment…Quoi qu’il en soit, ils ne sont pas venu pour nous. »
« Qu’est qu’on fait chef alors ? »
« Nous attendons mon brave, toujours et encore. Sans oublier de transformer en pelote d’épingle tout ce qui essaye de passer par ce foutu pont. »

Avaient t’ils vraiment le choix ?  

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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeLun 23 Fév 2015 - 15:26



Son bras était devenu celui de la déesse et à chaque pulsation de la fièvre qui le consumait, le Favori pouvait entrevoir le stroboscope de ma folie qui accablait par vague les défenseurs. Souvenirs, mensonges, hallucination, murmure, craintes, autant de chiens sauvages lâchés au trousse de la raison au hasard, dans le chaos complet d'une harde enragée. Il leur offrait sans aucune stratégie menace de mort et pire encore ou lueur d'espoir d'une rédemption illusoire, et surtout, il laissait les faibles esprits des humains démêler ce noeud de messages, jongler avec des paradoxes sur un terrain d'émotions falsifiée. Et toujours cet unique message qui martelait la forteresse comme un burin borné à tailler une ouverture: Ouvre la porte.

Et finalement, elle s'ouvrit. Le chêne craqua, les gonds grincèrent, un trou béant venait d'être percé dans leurs défenses. La marée sombre s' engouffra comme la mer dans la brèche d'une digue. Dans l'ombre de sa ruine, Bol d'Jiv'Elgg chassa le reste de pouvoir qui pulsait encore faiblement dans son bras, laisser le reste du rituel frapper qui bon lui semblerait. Il commença à nettoyer son membre chaud et à le panser. La fièvre s'était consumée pour satisfaire à la volonté de Kiel, il ne comptait pas l'y laisser revenir.

Il redescendit le long des rues en ruine d'Amblère, la suite ne l'intéressait pas vraiment. Du combat urbain contre des êtres condamnés, de grandes stratégies militaire qui ne le concernait absolument pas et des calculs de pertes. Le Haut-Prêtre n'avait que faire des morts ou des vivants, seuls comptaient la souffrance et les sacrifices. Et les Voix le poussaient à descendre vers l'arrière, à l'opposé des quartiers qui tenaient encore, loin du pont d'ombre que nul ne traversait plus maintenant qu'il était évident qu'il s'agissait un suicide sans un soutien adapté.

Non, la créature de Kiel avait à faire ailleurs. Il découvrit bien assez tôt ce qui l'attendait au pied des remparts ébréchés. La mort avait frappé ici et bien plus fort que ce que les corps ne pouvaient en témoigner. La douleur des plaies plan aient encore dans l'air et elle n'était en rien proportionnée à la face visible de ce combat. Seul une piste sanguinolente éclairait la nature du mal. Mais ce n'était ni le sang, ni la mort qui l'intéressait, l'ombre qui se lançait sur la piste rouge avait un attrait beaucoup plus alléchant.

"Haldren Baenfere... Ainsi vous êtes encore en vie."

Ne pensant pas un instant pouvoir arrêté l'esprit vicié de ce sorcier dangereusement fou, le Favori lui emboîta le pas. A sa suite, il était conscient d'entraîner une meute hétéroclite de prêtres, de civiles, de fanatiques et de soldats. Pour ce qu'il leur accordait comme attention ou importance, ils auraient pu ne pas être présent que ça lui aurait été égal. Toute son avarice était dirigée sur la personne du mage fou.

Ce n'était pas la première fois qu'il le rencontrait, mais à l'époque, il n'avait certainement pas un rang suffisant pour sortir du rang sans en subir de cuisantes conséquences. Aujourd'hui, il pouvait approcher ce qui pourrait bien se révéler comme étant une arme de sa Mère, un outil de souffrance particulièrement efficace. Enfin, à condition de pouvoir mettre son esprit tordu sur la bonne voie... Pris entre le mépris qu'il vouait par défaut aux mages, le sentiment de supériorité face à ceux qui avaient perdu la raison, la certitude de la puissance de l'autre et l'estime d'une telle opportunité, il murmura pour lui-même et au mépris du pieux que lui décochèrent les Voix:

"Kiel fait bien les choses... à sa manière..."
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMer 4 Mar 2015 - 23:27

Porte-la-Peste s'arrêta soudainement en grimpant une colline. Autour de lui les cadavres se figèrent lentement en pleine action. Le sorcier se retourna, balayant l'horizon où se découpait la forme massive d'Amblère. Il le sentait, il en frissonnait jusque dans ses os. Des choses s'étaient lancées à sa poursuite. Des êtres bien plus dangereux que les simples mortels. Il sentait aussi l'aura grouillante des drows et celle, comme un fanion les guidant, de l'archimage qu'il avait déjà perçu. Son plan semblait marcher au-delà de toute espérance. Il reprit sa marche énergétique vers le village d'Haurse-Porc, suivis de sa troupe de cadavres ambulants.

Arrivés à la lisière des masures, avant de pénétrer le territoire des ponges, puisqu'elles en étaient désormais les réelles maîtresses, il relâcha son influence sur les cadavres frais des drows. Ils s'effondrèrent mollement au sol, dans le cliquetis de ce qu'il restait de leur maigre cuirasse. Il resta un moment en observation, pour s'assurer qu'aucun nid n'avait été dérangé par le vibrations puis, à pas prudents qui dénotaient son anxiété, s'approcha de chacun des sombrelfes et déposa sur eux quelques gouttes d'un liquide épais à la couleur légèrement rougeâtre. Il l'avait récupéré sur les cadavres des malades et raffiné. Il pouvait facilement contaminer tout vecteur potentiel avec quelques gouttes et quelques paroles qui diffusèrent le produit à travers les tissus en train de se nécroser. Il fallait être certain que le moindre contact puisse transmettre la maladie. Avec un brin de putréfaction supplémentaire, même les vapeurs pourraient peut-être contaminer d'éventuels observateurs.
Une fois sa macabre tâche effectuée il se releva et inspira longuement. Il lui restait une dernière ligne droite avant de pouvoir se reposer en attendant ses ennemis. Une vertèbre apparut entre ses doigts se mit à tourner doucement, comme si elles flottaient de l'un à l'autre, tandis qu'un doux fredonnement, presque rassurant, s'échappaient de ses lèvres bleuies par le temps. Puis il s'enfonça entre les maisons et les cadavres dévorés. Sur son passage les insectes s'endormaient. Pas uniquement en sa présence. Il plongeait les nids dans le coma. C'était difficile mais nécessaire s'il voulait que les drows se soient suffisamment enfoncés pour être certain d'en tuer la plupart. Il ne réveillerait les ponges qu'au moment opportun. Finalement il parvint au centre du village, dans la bâtisse du seigneur des lieux ou ce qui en avait tenu lieu. C'était probablement un vieux fort de surveillance usé par le temps. Mais les murs étaient en pierre épaisse et c'est tout ce qui lui importait. Il avait nettoyé l'intérieur. Tué les ponges qui s'y étaient introduites, débarrassés des corps et des traces de maladies. Il était toujours nécessaire d'avoir un endroit où il savait pouvoir se reposer.
A peine la lourde porte eut-elle été refermé qu'il cessa ses fredonnement et laissa presque tomber au sol les osselets. Il s'appuya sur une table en bois brut, agités de spasmes tandis qu'il sentait ses boyaux se contracter et la sueur perler son front habituellement desséché. Il avait poussé très près de ses limites. Heureusement le contact rassurant et familier de l'Esprit se rappela à lui, à travers la masse grouillante des vers et autres fouisseurs qui avaient transformés le sous-sol de sa nouvelle résidence en une masse presque vivante mélangeant terre et nuisibles. Il gagna finalement un fauteuil usé dans lequel il manqua s'évanouir. Il lui fallait manger, avant que les drows n'arrivent, ou tout cela n'aurait servis à rien. Fort heureusement les humains avaient du laisser derrière eux plus qu'assez de provisions pour nourrir le frêle elfe. Lorsqu'il commença à percevoir, aux frontières de ses sens, l'arrivée de ses ennemis -la présence de deux puissants mages, bien qu'elle l’inquiétât un peu, l'aidait au moins grandement dans cette tâche- il était prêt à les accueillir. Il posa en travers de ses genoux sa masse d'armes recouverte de sang séché et étala sur la table proche, à portée de mains, les vertèbres ornées qu'il caressait du bout des doigts. Autour de lui ses différents serviteurs étaient aussi immobiles que des statues et sous ses pieds l'Esprit se rengorgeait et se préparait à la confrontation.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeJeu 5 Mar 2015 - 17:51

Haldren eut un sourire joyeux en voyant arriver le Haut-Prêtre de Kiel  et le salua de la main, comme un vieil ami qu’il retrouvait. Voilà bien quelqu’un de sympathique, il suffisait de le regarder pour immédiatement comprendre son gout pour l’humanisme et la bonté profonde qui l’animait ! Certes, il fallait juste regarder au-delà des chaines, de l’armure recouverte de sang séché et du regard de psychopathe sous acide pour voir le cœur d’or qui battait là-dedans. Puis, sans plus s’en préoccuper car la trace des macchabés l’intéressait, il reprit la route d’un pas joyeux. Pour un peu, on aurait pu se croire au printemps dans un pique-nique entre amis au fond des bois. Le cadre bucolique s’y prêtait parfaitement, les acteurs un peu moins. En tête se trouvait Haldren suivit à une bonne vingtaine de pas par la troupe de Bol. L’archimage avait-il conscience qu’il servait en gros d’éclaireur dans ce qui pouvait vraisemblablement être un piège ? Possible, car il n’avait pas dissipé son sort de bouclier, preuve qu’au-delà du nirvana euphorique issu de son repas, la lueur de cohérence qui se trouvait au centre de son esprit ravagé fonctionnait encore.

C’est ainsi qu’ils arrivèrent en vue de Haurse-Porc, charmant petit village de… eh bien de zéro habitants apparemment, au vu du calme spectral qui y régnait. Haldren s’arrêta non loin de là, observant le village d’un œil attentif. Vraiment bizarre qu’aucun gamin ne soit en train de jouer à la balle dans les rues, ni qu’aucune paysanne ne soit occupée à nettoyer son linge. Dommage, au demeurant, Haldren aimait bien aller taquiner les paysannes, et il ne se sentait aucun attrait pour les corps que l’on devinait de-ci de-là. Bref, en un mot comme en cent, l’endroit puait les problèmes, ce que les autres drows semblaient aussi avoir compris car ils se tenaient sur leurs gardes, les armes ou le sortilège près à jaillir.


Cet endroit me rappelle les latrines du premier étage au C’nros, marmonna Haldren. Un nécromancien s’en servait pour essayer ses sortilèges, et le bizutage des nouveaux consistait à les y envoyer.

Riant doucement, l’archimage décida que le bizutage pouvait encore fonctionner aujourd’hui. Incantant, il appela à lui un de ses serviteurs d’ombres. La créature ressemblait vaguement à un sanglier, mais en nettement plus massif et assez court sur pattes. Sur un signe de son maître, elle prit au trot la direction d’Haurse-Porc, ravie de pouvoir passer sur le petit village sa colère d’avoir été arrachée aux Ombres. Notre sanglier d’ombre, qu’Haldren venait de nommer « Groboubou », ne courrait pas très vite du fait de ses pattes trop courtes, mais sa charge présentait quelque chose d’inexorable. Puissance et lourdeur remplaçaient l’agilité de la bête, qui correspondait plus à la logique du char d’assaut qu’à celui de l’éclaireur. Mais que voulez-vous ? Il est comme ça, Haldren, toujours à se donner en spectacle.

Le choc de Groboubou avec la première maison s’acheva par un KO technique, les murs et le toit s’effondrant sur l’arme de démolition ambulante. Un peu sonnée, la créature secoua l’amas qui le recouvrait en partie, s’ébroua comme un chien à la sortie de l’eau puis fonça avec détermination sur la maison suivante. De leur point d’observation, les drows regardaient tranquillement la scène, appréciant la subtilité de l’approche. Pas totalement stupides eux non plus, ils pouvaient assez aisément deviner qu’une piste menant à un village vide n’annonçait pas un accueil chaleureux.

Et ce qui devait arriver arriva. Dans sa charge, Groboubou écrasa un cadavre qui contenait un nid de sponges. Il existe peu de sortilèges d’endormissements qui résistent à une demi-tonne lancée à pleine allure, et d’un coup le chaos explosa. Réveillés, excités, les épouvantables insectes jaillirent d’un coup du corps à la recherche de chair fraiche. Malheureusement pour eux, le sanglier n’était pas une créature de chair et de sang dont ils auraient pu se repaître, et ils s’en détournèrent bien vite pour chercher une réelle source de nourriture dont ils pourraient se repaître avant d’y pondre leurs œufs. Au dehors du village, les drows comprenaient d’un coup le terrible guet-apens où ils s’apprêtaient à se jeter. Il leur fallait décider que faire, et vite !
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeLun 9 Mar 2015 - 0:13


Les premiers rayons de l’aube étaient entrain de raser les cimes des plus grands arbres de la forêt maudite d’Aduram. Les oiseaux avaient cessé de chanter. Les seuls bruits à venir troubler le silence étaient les cris de souffrance des hommes restaient à  la citadelle. Les défenseurs de la ville d’Amblère ne fermèrent pas l’œil de la nuit, condamné à écouter tout du long de celle-ci, les hurlements d’agonie de leurs frères d’armes. Alors aux premières heures du jour, la fatigue pouvait se lire sur chaque visage. Les hommes encore en état de tenir une arme scrutaient l’horizon, nerveux. Alors que certains ne pouvaient détourner leurs regards de la partit voisine conquise par les noirelfes en attendant le moment fatidique ou l’ennemi déferleraient en nombre, d’autres espéraient encore voir arriver l’aide des armées des cités voisines.

Jehan de Lonsville se tenait fièrement sur le plus haut point de vue de la ville. Il était devenu difficile pour lui de remonter le moral de ses hommes, lui aussi pouvait sentir la fin poindre. Pourtant il ne faillit pas un seconde à son surnom et en tenait jours après jours son poste, ne cessant d’organiser rondes et rationnement des hommes tout en veillant à ce que jamais il ne baisse la garde. Mais la dernière nuit eu un effet dévastateur sur les derniers défenseurs d’Amblère. Les Sombres avaient gagné la guerre mental et ils prenaient maintenant un malin plaisir à se délecter du  désespoir des survivants. Le Hardi avait sentit le vent tournait, et en ce jour il ne pouvait nier qu’il sentait la fin arriver.

« Sieur Lonsville ! »

L’intéressé se retourna en hâte, quelque chose avait changé dans la voix du soldat. Elle était pleine d’espoir. L’homme semblait aussi épuisé que lui, il arriva à ses cotés hors d’haleine.

« Sur…Sur la…Muraille…Sud. Des mou…mouvements de troupe ! »

L’officier du attendre que le messager reprenne entièrement son souffle. Puis il n’hésita pas à lui faire répéter trois fois son message. Les hommes de la muraille étaient clairs. Ils avaient aperçu des mouvements de troupes, des hommes armés étaient en route. Comme une flamme l’espoir embrasa le cœur des défenseurs. Du moins, cela ne dura qu’un temps. Une corne au son inquiétant résonna en faisant écho aux hourras des hommes. L’armée drow était entrain de lancer sa dernière offensive. Jehan comprit alors que ni lui, ni ses hommes n’auraient le temps de profiter de se sauvetage de dernière minute. Ils ne leurs restaient donc qu’une seule mission, celle d’emporter avec eux le plus d’ennemis possibles.

L’assaut fut bref et sanglant. Les drows avaient depuis longtemps repéré les failles dans les faibles défenses. Ils agirent donc de façon très coordonné et limitèrent ainsi drastiquement leurs pertes. Ils usèrent de tous les artifices en leurs dispositions et les hommes ne purent qu’être les  spectateurs de leurs propres fins. Jehan le Hardi faillit dans sa dernière mission. Avant le milieu de la matinée, sa tête trônait au bout d’une lance, non loin de la ou il avait observé pour la dernière fois l’horizon.
La ville d’Amblère était tombée.

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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeLun 30 Mar 2015 - 14:48


Une nouvelle aube, un nouveau jour. Au matin, Amblère la conquise trônait comme un sombre trophée fumant sur  les deux berges du fleuve. Le silence des lieux n’était troublé que part le cliquetis des armures et les grésillements des nombreux feux allumés dans l’enceinte de la cité. La scène semblait surréaliste : au pied des murailles se trouvaient une armée de cinq mille hommes venus de Serramire prêt à reprendre leurs bien récemment confisqué, sur les murs, la Sainte armée de Kiel était quand à elle retranché, prête à défendre son bien si récemment acquis. D’attaquant, les sombres devinrent les défenseurs et vice versa.

Les hommes semblaient nerveux mais prêt à en découdre, on cria bientôt des ordres sur toute la ligne de front. Les Sombres eux restèrent silencieux, se contenant d’observer avec attention les moindres mouvements de troupe ennemi. L’assaut allait être donné, la tension était palpable dans l’air. Les corps mutilés des derniers défenseurs de la ville avaient étés enchaînés ensemble puis attachés telle une ceinture macabre autour des portes de la ville. Cette vision d’horreur avait de quoi glacer le sang du plus aguerri des guerriers. Vyltar et Krondol était deux sombres originaires du Puys. Cousin, ils avaient rejoint ensemble l’armée du Prophète de Kiel, prétextant tous les deux qu’ils avaient ressenti un appel divin à faire couler le sang au nom de la souffrance. Aujourd’hui, ils se tenaient l’un à coté de l’autre, le regard dans le lointain.

« De la chaire fraîche. »
« Enfin. »
« Ils arrivent. »
« Enfin. »
« Vaincrons-nous ? »
« Bien sûr. »

Un cor sonna, un cor d’homme. Les hommes du marquis se mirent alors à charger, ils étaient équipés d’échelle et de grappin. Deux assauts furent lancés simultanément afin de prendre les défenseurs de court. Mais c’était sans compté l’avantage numérique des elfes noirs qui avaient prit possession de toute la partit Oesgardienne de la ville. L’aube était à peine levée mais annonçait déjà une journée rouge.

***

Les combats furent aussi sanglants que prévu. De nombreux hommes perdirent la vie avant que la moindre goutte noirelfe ne touche le sol. Ils furent fauchés comme les blés par des volés de flèches venu de derrière les créneaux.  Des groupes réussirent à maintenir des échelles en places suffisamment longtemps pour que les défenseurs aient à tirer leurs épées. Mais le rapport de force était inégale et quand les mages du Cr’nos se mirent en action, s’en fut finit des humains. De puissant rituel furent lancé et un sort pire que la mort frappa les êtres touchés par les vents magiques. Des hurlements bestiaux se firent bientôt entendre. Combiné à la difficulté des combats, les hommes perdirent le moral et après une journée à guerroyer, l’armée Serramiroise prit la fuite, laissant dans son sillage de nombreuse victimes. Ce soir, Vyltar et Krondol auraient pu manger à leurs faims, si un mètre d’acier ne leur avaient pas ouvert l’estomac en deux un peu plus tôt dans la journée.

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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 31 Mar 2015 - 11:47

Le chat d’ombre ronronnait dans les bras de son maître, quémandant des caresses comme ses congénères de chair et d’os. Distraitement, Haldren lui gratouilla la nuque tout en observant le carnage qui l’entourait. La bataille avait duré la majeure partie de la journée et se finissait dans un épouvantable bain de sang. Combien d’humains se trouvaient couchés là, en proie à la voracité des corbeaux ? Mille ? Deux mille ? Dans tous les cas, l’ost de Serramire s’en était retourné dans ses pénates, amputé d’une sévère partie de ses troupes. Et ce n’était pas les quelques centaines de drows également tombés au champ d’honneur qui allaient gâcher cette magnifique journée.

Des prêtres de Kiel supervisaient le ramassage des corps drows, afin qu’ils soient réunis en un endroit où leur divinité pourrait jeter un dernier regard satisfait sur ceux qui s’étaient bien battus pour sa gloire. Quant aux cadavres humains, personne ne semblait avoir décidé qu’en faire vu leur nombre, mais Haldren soupçonnait qu’ils resteraient à pourrir sur place en guise d’avertissement pour les fous qui oseraient imaginer défier l’Elda. L’archimage n’avait pas lui-même prit part au combat, restant un peu à l’écart en observateur. Outre qu’il se considérait comme un simple invité, les drows n’avaient vraiment pas eu besoin de son art pour l’emporter.


C’était un magnifique spectacle, non ? Ces bataillons qui chargeaient, ces épées qui s’entrechoquaient, les boules de feu, les hurlements… comme un petit rappel de Fort Ellyrion.
Maoowww, ronronna le chat d’ombre en se tortillant entre les bras de son maître.
Oui, je sais que tu as faim. Allez, bon appétit.

Posant son compagnon au sol, l’archimage le regarda foncer sur un cadavre d’officier humain dont le visage n’était plus qu’une bouillie sanglante. Sur son torse se voyait encore un blason que le drow reconnut comme celui de Lourmel, une châtellenie de l’Ouest de Serramire. Le chat d’ombre grimpa sur le torse du cadavre et se mit à creuser avec enthousiasme dans la cotte de mailles. Les griffes d’un chat ordinaire se seraient brisées net sur l’armure, mais un chat d’ombre est une créature invoquée n’ayant pas grand-chose à voir avec nos matous. Les griffes puissantes de la créature firent rapidement sauter les maillons de métal, puis le chat d’ombre creusa la chair afin d’atteindre le foie qu’il convoitait pour son repas.

Se désintéressant du macabre festin, l’archimage regarda le soleil se coucher sur l’horizon, éclairant le champ de bataille d’une lueur rougeâtre très appropriée. N’étant pas dans le secret des conciliabules et des réunions d’état-major du Haut-Prêtre de Kiel, il ignorait la direction que prendrait l’ost suite à la chute d’Amblère. Le Sud, pour continuer les ravages sur cette terre maudite d’Oësgard ? Ou l’Ouest, pour porter le fer en Serramire même ? A moins que les prêtres ne s’estiment satisfait et ne s’en retournent vers le Puy. Au fond, Haldren s’en fichait, il accompagnerait l’ost tant que cette campagne de destruction serait amusante, puis il s’en retournerait vaquer à ses propres préoccupations.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeSam 4 Avr 2015 - 19:26

Ce mage allait tout faire rater. Les ponges étaient désormais réveillées et se ruaient vers ce qu'elles prenaient pour une proie. Les drows étaient trop loin pour être réellement en danger si les ponges se contentaient de voler à la recherche de chair fraîche comme à leur habitude. Porte-la-Peste allait devoir être plus investi. Heureusement qu'il s'y était préparé, car la tâche n'allait pas être aisée. Il se laissa envahir par la magie et la toile qu'elle tissait sur le monde. Une toile singulière en ces lieux, défaite et raccommodée par ces actions, sans compter celle de ce mage inconnu. Son aura était clairement visible, ainsi que celle de celui qui menait le petit groupe de drow. Elles étaient puissantes, destructrices. Était-ce à ça que lui-même ressemblait ? il n'aurait su le dire.
Mais ce qu'il percevait plus que tout, c'était la vie elle-même. Elle était visible à travers chacun de ces fils qui reliaient les êtres vivants à la magie. Il n'existait aucune exception. Il lui fallait maintenant trouver les soies qui l'intéressaient. Ce fut facile, les ponges étaient si nombreuses qu'elles semblaient en distordre l'espace, telle une pelote de laine désordonnée qui aurait soudain prie vie. Les mouvements erratiques de la masse lui donnaient encore plus l'air d'une créature affamée que ce qu'elle était déjà. Déjà elle commençait à se disperser comme un ouragan se déploie, à la recherche de quelques chairs. Il saisit les fils qui le composaient et tira dessus. Il sentit de la résistance mais tira plus fort. Les esprits primitifs des insectes ne pouvaient résister très longtemps à ses ordres et, sur le champ de bataille, les ponges semblèrent soudain animées d'une volonté propre et l'essaim éclata en une dizaine de tentacules qui, après quelques secondes d'hésitation, piquèrent droit vers le groupe de drows à l'extérieur de la ville.
Les soldats ne mirent pas longtemps à comprendre la menace et tournèrent bien vite les talons, s'enfuyant à toutes jambes tandis que l'essaim les poursuivait. Le bruit produit par les millions d'élytres frottant les uns contre les autres ressemblait au hurlement d'une armée de damnés. Seuls le haut-prêtre de Kiel et ses quelques fanatiques les plus atteints restèrent debout face à la menace. Et lorsque la masse grouillante arriva à leur niveau ce fut comme si elle s'écrasait contre un globe invisible, glissant dessus avant de le recouvrir entièrement et de poursuivre ses proies. Les fuyards, eux, n'eurent pas cette chance et malgré leur vélocité, aillant pour certains abandonnés armes et plastrons en entendant le bruit monter en puissance, furent rattrapés et mis en pièces. Les hurlements de douleur emplirent les airs tandis que les ponges s'infiltraient sous les vêtements et le métal, rentraient dans la bouche, les narines, les oreilles, les blessures mal refermées, le rectum et le vagin de leurs proies, dévoraient les yeux dans leurs orbites et foraient la peau à la recherche des poches de graisses et de muscle. L'atroce cacophonie de hurlement dura quelques minutes avant que le silence ne se fasse, si l'on parvenait à omettre le bruit strident des insectes. Puis leur repas fini elle reprirent leur envol, s'élevant en spirale dans le ciel. Finalement, à bout de forces, elles cessèrent l'une après l'autre de battre des ailes et moururent d'inanition, achevant une gracieuse envolée avant de retomber vers le sol en une grêle de petit corps chitineux, suffisante pour en recouvrir le sol d'une épaisse couche dans une rayon d'une dizaine de mètre.

Pendant ce temps, dans le village, la bête, convoquée depuis des plans que l'esprit mortel ne pouvait qu'à peine concevoir, continuaient de donner libre cours à sa hargne et sa violence, détruisant tout ce qui lui semblait pouvoir être réduit en poussière et se rapprochant du centre du village, quand l'une de ses pattes s'enfonça dans le sol avec un bruit mou. Bandant ses muscles il l'en extrait sans autre forme de procès mais une masse grouillante de vers et d'autres créatures semblaient s'y accrocher. Une autre patte du monstre commença à s'enfoncer et il s'agita de nouveau, mais cette fois continua de perdre pied. Les muscles, si cela en était, se contractaient tant sous la peau noire comme l'encre qu'on avait l'impression que la créature allait exploser mais chaque coup de museau, chaque ruade, chaque mouvement d'épaule, chaque charge se révélait finalement infructueux et rapidement la bête fut à moitié immergée dans un sol qui n'avait plus tant à voir avec de la terre qu'avec une gigantesque piscine pour vermines de toutes sortes. Les grouillants escaladaient la peau du sanglier, s'accrochaient tels des sangsues et se montaient les uns sur les autres. Incapable de l'endommager, ils se contentaient de l'immobiliser sous leur seul nombre et malgré la force titanesque de la créature, la stratégie se révélait payante. Il ne put que pousser quelques vagissements spectraux qui retranscrivait ce qui était le plus proche de la peur avant que sa mâchoire ne se retrouve en partie envahie. Il essaya de se débarrasser de ses agresseurs en les broyant entre ses molaires mais il ne fit que creuser un peu plus rapidement sa tombe. Quelques minutes encore et tout ce qu'il restait du monstre était une motte de terre agitée de soubresauts tandis que des centaines de vers, de larves, de cloportes et d'autres vermines fouisseuses s'enfonçaient dedans.

Ainsi disparut Groboubou.

Le silence qui s'en suivit avait une substance macabre. La mort planait dans l'air plus sûrement que dans un cimetière. Les quelques drows survivants, massés autour du haut-prêtre n'avaient aucune envie de s'aventurer plus avant dans le village et, visiblement, quelque chose convainquit leur chef que ce n'était pas une bonne idée puisqu'il tourna les talons. Alors qu'ils reprenaient la direction d'Amblère, lorgnant d'un œil un peu inquiet les cadavres de ponges qu'ils soupçonnaient de pouvoir encore leur nuire, l'un d'eux trébucha dans les herbes. En regardant ce qui l'avait retenu il plongea son regard dans celui, mort, d'un des drows qu'ils avaient suivis jusque ici. Il lui semblait presque qu'il lui enserrait la cheville mais il n'aurait su le dire avec certitude puisqu'il s'en débarrassa nerveusement de quelques coups de pieds qui firent rapidement cédés les doigts morts. Il inspecta rapidement sa blessure, n'y trouvant que quelques griffures légères, puis se releva et repartit à la suite de son maître, inconscient de ce qui se trouvait déjà dans son sang et se charriait vers ses organes.

Dans la bâtisse de l'ancien seigneur, Porte-la-Peste sortit enfin de sa transe. Il rouvrit doucement la main, sentant craquer ses doigts l'un après l'autre tandis que les osselets qu'il avait serré jusqu'au sang retombaient doucement sur la surface en bois. Son autre main avait serré l'accoudoir si fort qu'elle l'avait en partie brisée. Et il avait transpiré tant qu'il lui semblait être collé dans son fauteuil. Sa vision était floue, troublée et son équilibre fluctuant ne lui aurait pas permis de se tenir debout. Il inspirait et expirait avec force, chacun asséchant un peu plus sa gorge souffrante et son souffle résonnait à ses propres oreilles, en accord avec les battements acharnés de son cœur qui pompait un sang trop faible. Tout son corps lui semblait comme statufié. Mais peu lui importait car il avait finalement réussit à accomplir ses objectifs. La seule âme qui restait dans le village était le mage de l'ombre. Il toussa si fort qu'un peu de sang s'écrasa contre le sol à ses pieds puis se laissa de nouveau aller contre le dossier. Il attendit.
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Nakor
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMar 14 Avr 2015 - 21:55

Nakor avait transmis son message à Nimmio, il y avait eu force de conciliabule avec les plus hautes têtes régnantes de ce qui restait de la Péninsule. Kahina et ses manigances au sud, les drows et les elfes à l'est, les nains au nord ... plus grand chose n'allait vraiment actuellement. Il fallait que l'union reprenne pour vaincre. Il avait contribué avec Timérion Adantar, Glinaina sa chère protégée et Glenn Hereon à établir une alliance forte entre les hommes de Naelis et les elfes de la forêt. Il préparait loin au sud-est ses mages du Firmament afin qu'ils se tiennent prêt à aider les populations à se reconstruire après tous ces combats. Il était maintenant aux côtés de Nimmio de Velteroc pour le conseiller et lui apporter appui. Les choses se mettaient en place lorsqu'ils reçurent un message de leur ami et allié Glenn Hereon. Il y avait de très larges mouvements de troupes et l'ost drow allait passer à l'action. Il y avait donc la possibilité de les prendre en tenaille si l'Aduram et la péninsule se coordonnaient. Après de longues discussions, Nimmio se retrouvait dans l'incapacité d'envoyer ses propres troupes là où l'on avait besoin d'elle. En effet Oesgard avait été pris par surprise, Serramire avait subit une défaite des plus cuisantes, la magie y avait pris part et les soldats n'avaient pu faire face. Nakor avait lancé sa menace avant de quitter Diantra

"Je comprends que la situation est délicate pour vous Nimmio mais prenez garde ... la Péninsule se morcèle de plus en plus et bientôt il n'en restera plus rien! Je vous quitte pour me rendre moi-même au nord. Je ne sais pas ce que je pourrai y faire mais toujours plus que d'attendre ici que les nouvelles viennent!"

Nakor parti en trompe légèrement énervé de voir que tous se disaient avoir les poings liés. Ils étaient jeunes et se décidaient à devenir des maitres d'une partie du monde, mais ils restaient là! L'archimage était de très loin le plus vieux de toute cette troupe mais il était celui qui était le plus par mont et par vaux, dans l'action toujours! Il fila droit jusqu'à Missède puis remonta en direction du nord pour passer aux abords des contreforts est du massif de Grimsel à la pointe des Monts Corbeaux. C'est à ce niveau qu'il entendit de drôles de rumeurs. En plus de l'attaque drows sur Sgard, une malédiction avait été jetée sur Haurseporc.

"Une malédiction? Quelle est donc encore cette sottise? ... Bol d’Jiv’elgg? Qui sait?"

Puis il en fut alors sûr : il fallait qu'il aille vérifier. Une malédiction était sans aucun doute un conte pour enfant mais il y avait de la magie là dessous. Et s'il y avait de la magie, il y avait des mages. Or, des mages qui font le mal au point de lancer la rumeur d'une malédiction sur un village, étaient forcément des ennemis jurés de Nakor. Il fonça donc sur Etherna avec toujours cette histoire de malédiction et traversa en ligne droite les landes au sud-est de la forêt d'Hedda. Traversa le bois de Pelanchon en évitant soigneusement Odélian. Il ne put s'empêcher d'avoir une pensée émue pour les situations qu'il y avait vécues voilà tant d'années, quand Trystan était encore vivant. Mais il n'avait pas le temps de s'attendrir. Il fit une pause à Chtol pour reprendre des forces dans une petite taverne dont le tenancier était un ami de longue date. Nakor régalait les enfants du patron d'histoires à dormir debout et en échange on lui donnait le gite et la boisson. Ne tardant de trop, il fonça jusqu'à Dacune puis passa entre Azrith et Kregan pour passer par le goulot des Monts d'Or, par Erbay et pouvoir enfin atteindre Haurseporc alors que d'un peu plus au nord il eu des nouvelles qui faisaient froid dans le dos : plus de deux milles morts et les drows au sein de la forteresse d'Amblère. C'était donc sa prochaine étape. La magie lui permit de faire tout ce très long chemin bien plus vite que ne l'auraient fait des chevaux. Lorsqu'il approcha d'Haurseporc il fut soudainement encore plus prudent qu'il ne l'était déjà. Cela sentait la mort à des kilomètres à la ronde. Il pouvait tomber à tout moment sur des magiciens drows et quelque chose était en œuvre. Sourd et lointain mais présent.

Après encore quelques distances à couvert, en restant loin des points d'eaux qui sentaient affreusement mauvais, il put le voir, le spectacle le plus intolérable auquel il pouvait s'attendre : ce n'était plus la cité frontalière d'Haurseporc c'était une ruine de village peuplé de cadavres dans un état lamentable, des maisons réduites en poussières et non loin de là un monticule de cadavres d'insectes à l'air franchement antipathique et quelques cadavres de drows. Et pour couronner le tout, une odeur infâme qui força d'abord le vieillard à mettre sa main devant sa bouche et son nez, plissant le regard avant de prendre la seule décision qu'il incombait de prendre. Après tout, ce spectacle et les rumeurs de malédiction, des cadavres, des insectes horribles, le lien était vite fait ... des nécromants aux pouvoirs détestables, ou des magiciens noirs en herbe. Dans tout les cas il s'était passé quelque chose ici et ce quelque chose restait dangereux. Convoquant ses forces arcaniques, Nakor s'assura que rien ne bougeait plus, mais il ne fallait pas être médecin royal pour s'en apercevoir puis déchaina sa puissance. D'abord une flamme d'un claquement de doigt, puis des flammes grossissantes sous les ordres et les efforts du vieillard. Poing serré, puis paumes ouvertes, des mouvements de rotation, d'amplification, de montée, de descente. Les flammes allèrent d'abord avaler le premier tas de cadavre drow, ce qui sembla attirer une flopée d'insectes. Pour être certain de ne se voir frapper d'aucun maux, Nakor rappela une partie de ses flammes pour s'en entourer, comme s'il était une petite tempête de feu vivante pendant que les morts et les maladies qui allaient avec, partaient en fumée. Une fois sur le point de s'éteindre, le puissant sorcier déplaçait les flammes vers un autre endroit. Il continuait à marcher, afin d'assainir aussi l'air. Le vieux fou était devenu une vraie torche humaine, un lance flamme en puissance. Il coupa enfin son lien magique avec les alentours et très vite l'air redevint moins chaud et respirable. Le feu disparu et resta alors, là où autrefois se situait le petit village d'Haurseporc, une steppe déserte, respirable, assaini des créatures nuisibles, des cadavres et de la mort. Il y avait à la place des murs noircis, de la brique noire de fumée, et du silence. Un silence au beau milieu duquel se trouvait un Nakor très énervé.

"Qui a osé faire une telle chose? Que c'est-il donc passé? Pourquoi ici? Pourquoi des cadavres de drows et pas d'humains ... les drows avaient déjà fait le ménage avant? Mais alors qui? Qui a pu faire ça? Un allié? Hum de cette façon sans doute pas ... un nécromant contre les drows? Un fou au milieu des fous?"

Sans trop savoir pourquoi, le nom de l'archimage Haldren lui vint en tête avant de balayer cette idée. Il n'était pas du genre à propager la maladie et tuer en usant d'insectes mangeur d'hommes. Toutes ces flammes avaient demandé une belle quantité d'énergie, mais au moins le coin était propre et bientôt la vie pourrait reprendre sans crainte.

"La vie? Pfff mais qu'est-ce que je raconte! Comment la vie pourrait reprendre en pleine guerre."

Puis Nakor croisa les bras sur son torse et se décida à méditer un peu, à l’abri des regards éventuellement indiscrets. Il entra dans une maison en pierre qui n'avait plus de toit. Les murs avaient résisté au feu du mage. Il se mit à même le sol, en tailleur et ferma les yeux. La question était simple : foncer sur Amblère pour en savoir plus ou enquêter un peu aux alentours et trouver le sorcier responsable du carnage. Ce sorcier serait-il un allié aux méthodes plus que douteuses, ou un drow qui avait perdu l'esprit et le contrôle d'un sortilège? Un troisième homme dans la partie n'appartenant à aucun camp? Il fallait y réfléchir un peu avant de continuer à agir. Mais une chose était certaine : il avait bien fait de venir car quelque part des gens avaient forcément besoin de lui.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeMer 15 Avr 2015 - 11:24

Non loin de Haurseporc, à l’ombre d’un arbre se dressant sur une petite colline dominant le village, un spectateur assistait avec attention au déchainement de la furie de l’archimage. Les flammes rugissaient et se répandaient comme un torrent en cru, carbonisant les nids de ponges, les cadavres drows et même les habitations. Rares étaient les praticiens des arcanes à pouvoir déclencher de tels cataclysmes, mais Nakor n’entrait pas dans les catégories habituelles, et sa colère face aux horreurs qu’il voyait exigeait une prompte réponse. Lorsqu’enfin le sortilège s’arrêta, il ne restait de Haurseporc que quelques murs de pierres noircies, plantés là tels des chicots pourris dans la bouche d’un vieillard.

Le spectateur aurait dû être impressionné, mais son outillage mental restait trop limité pour cela. Ses sentiments se limitaient à des émotions primaires, issues du fond des âges, et la curiosité n’en faisait pas partie dès lors qu’il ne se sentait pas en danger ou qu’aucune proie ne se trouvait à sa portée. En quelques minutes, il avait compris que Nakor ne constituait pas une proie potentielle, et de toute façon son maître avait ordonné de rester discret en toute circonstance. Or rien ne pouvait surpasser les ordres du maître, qui constituait l’alpha et l’oméga de sa présence sur cette terre. Il ne savait pas mesurer le temps, aussi ignorait-il si sa veille avait duré des heures ou des jours, mais cela ne changeait de toute façon rien pour un être tel que lui.


Maoowww, ronronna-t-il comme pour qualifier à sa manière la destruction dont il était le spectateur.

Se léchant une patte qu’il se passa vigoureusement derrière l’oreille, le chat d’ombre mena ce qui s’apparentait le plus pour lui à une réflexion intellectuelle. Créature invoquée par magie depuis les Ombres, ses modes de pensées ne s’apparentait en rien à ceux de ses congénères de chair et d’os. Le monde de Miradelphia lui était étranger, les formes de vie qu’il y rencontrait ne ressemblait pas à ce qu’il connaissait, et il avait du mal à interpréter ce qu’il venait de se passer sous ses yeux. Le maître lui avait ordonné de rester surveiller Haurseporc jusqu’à ce qu’il se passe « quelque chose de significatif », mais la destruction par le feu du village entrait-elle dans cette catégorie ?


Maoowww, miaula le chat pour exprimer son indécision.

Décidant finalement que le cataclysme auquel il venait d’assister pouvait se caractériser comme un évènement significatif, le chat se concentra sur le cordon mental qui le reliait à son maître. Il ne s’agissait en rien d’un canal de communication fiable et moderne, mais en se concentrant la créature pouvait réussir à passer des messages simples ou des images. Encore fallait-il choisir aussi intelligemment que possible ce qu’il comptait envoyer pour que le maître comprenne ce qu’il se passait.

A quelques lieues de là, un drow somnolait sous une tente au milieu de campement de l’ost de Kiel lorsque des images s’imprimèrent dans son esprit. Se redressant brutalement sur son lit de camp et renversant au passage la bouteille de vin qui trainait, il vit mentalement une scène des plus étonnantes.


Des flammes… Haurseporc en flammes ?

Soudain, les flammes s’effacèrent pour laisser apparaître un visage qui arracha un sourire amusé au drow. Haldren, car c’était bien de lui qu’il s’agissait, se frotta le menton en grommelant :

Nakor ? Voyez moi cela. Que vient donc faire cette vieille fripouille dans la région ?
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeSam 25 Avr 2015 - 19:21


Amblère était malade. Elle avait été brûlée, éventrée et violée, désormais elle était malade. Mais cette maladie serait une purge, qui la viderait des parasites qui arpentaient encore ses rues et ses bâtiments, se délectant de chair fraîche et de massacre. Comme la saignée que pratiquaient en abondance les charlatans, l'on débarrasserait Amblère du fléau en la sacrifiant au passage, dusse-t-elle restée impropre à la vie pour des décennies. Porte-la-Peste y avait veillé.

Arrivé quelques jours après ses exploits à Haurse-porc, le temps nécessaires pour qu'il se remette, il se déplaçait cette fois à la tête de ces 'hommes' : la troupe de cadavres en arme, avoisinant la centaine de tête, était un impératif maintenant que les drows étaient libre de se balader comme en terre conquise. Car qui, en Oesgard, avait moyen de leur résister ? Les armées royales étaient exsangues et les renforts avaient été écrasés en une unique bataille dont les cadavres empuantissait toujours le pied des murailles d'Amblère. Les restes d'armées humaines capable de lutter contre l'envahisseur devaient le faire en infériorité numérique. Ce qui n'avait d'ailleurs pas empêché les troupes serramiroise de venir s'écraser contre les derniers murs encore debout d'Amblère dans une manœuvre dont la tactique échappait un peu à Porte-la-Peste.
Au moins avait-elle fournit au nécromancien un terrain idéal pour ses exactions. Les cadavres pourrissants étaient une matière première de choix pour celui qui comptaient la Mort au rang de ses fidèles alliées, quand bien même ses rivaux drows avaient déjà prélevés leur lot pour leurs créations. Mais cette armée n'en était pas une et nombre en son sein n'étaient que des fanatiques, des esclaves espérant échapper à leur misérable destinées et d'autre dont la place n'était certainement pas sur un champ de bataille. Les mages n'y formaient qu'une minorité quasiment négligeable dont il s'occuperait en temps et en heure.
Ce qui le gênait en revanche était les troupes de raids des drows qui quittaient et revenaient régulièrement à la citadelle et qui risquaient de le repérer s'il n'y prenait pas garde. Son fidèle espion ailé ne pouvait toutes les surveiller en même temps. Ses actions devaient donc être rapides, mais ce n'était pas une chose qu'il aimait. Mais au moins avait-il déjà un pied dans la ville : la maladie qu'il avait soigneusement élaborée en vue de cette utilisation, qu'il avait libéré sur Haurse-Porc et qu'il avait réussit à transmettre à l'une des victimes de son piège faisait ses preuves chez les sombres. Plus lentement, elle se transmettait de l'un à l'autre et déclenchait ses violents maux d'estomac caractéristiques. L'exsanguination n'était pas encore apparue mais déjà les quelques savants venus avec l'armée prenait des mesures contre ce qui ressemblait fort à un début d'épidémie, malgré la résistance naturelle des elfes. S'ils n'étaient pas habitués à gérer pareil cas, les savoirs du peuple sombre en matière de fléaux égalaient presque ceux du seigneur sorcier et ils avaient de bonnes idées sur comment faire. Les malades étaient donc parqués sur la rive la plus dévastée, loin des bâtiments stratégiques et des importantes concentration en hommes. Mais dans ce genre de cas la meilleure arme du nécromancien était l'orgueil des drows eux-mêmes, qui s'employaient à cacher du mieux possible leur symptômes pour pouvoir rester au combat et récupérer le butin. Ainsi malgré les mesures l'épidémie s'étendait lentement et commencerait bientôt à tuer. Toutefois il n'aurait peut-être pas besoin d'attendre aussi longtemps. Après tout, plusieurs milliers de cadavres pourrissaient dans les fosses communes à l'extérieur de la cité -à l'intérieur les drows avaient eu l'intelligence de brûler leurs morts et de jeter ceux des humains par-dessus le rempart, à moins bien sûr qu'ils n'en aient gardés dans quelque but. Lorsque les soldats seraient assez faibles, il pourrait prendre des mesures plus directes.

Mais pour l'heure il s'intéressait aux troupes de raids. Elles entraient et sortaient sans difficulté. Peut-être y avait-il là un moyen de propager ses bienfaits. Elles étaient pour la plupart montées. Et les bêtes pouvaient constituer d'excellents vecteurs, qui ne développaient pas de symptômes. Ne restait qu'à choisir un moyen de les atteindre. Il sourit. Il avait déjà trouvé. Il leva distraitement deux doigts et signa dans l'air. Un de ses zombies s'approcha, portant un imposant paquetage qu'il déposa devant le nécromancien agenouillé à même le sol. Celui entreprit de fouiller dans le sac, qui contenait un matériel sommaire et assez résistant pour supporter le voyage. Il en extrait un bol en fer ainsi qu'un vieux couteau en bronze. Posant le bol sur le sol, il appuya le couteau sur soin bras et, bandant ses muscles, entailla la chair. Un sang foncé, épais, coula lentement de la plaie et tombait dans le récipient en tournoyant. Il stoppa l'hémorragie rapidement, il n'avait pas besoin de plus d'un fond. Fouillant à nouveau le sac il en sortit une petite fiole enrobée d'osier. Il la déboucha et la port prudemment à ses narines. L'odeur doucereuse caractéristique le satisfit et il en versa généreusement dans le bol, le mélangeant à son propre sang. Il rangea la fiole. Sortant les osselets divinatoires de leur petite bourse de cuir, il les disposa en cercle autour du bol, veillant à ajuster les symboles dans une logique connue de lui-seul.
Puis il commença à psalmodier lentement. Ce n'était pas son habituel murmure étrange, il s'agissait de véritables paroles. Une langue ancienne, toutefois, qui avait dominée le bassin oliyan avant l'arrivée des drows. Celle avec laquelle il avait appris et étudié la médecine et l'anatomie. De ses doigts il piquait le tissu de magie, sectionnait un nœud et le rattachait la seconde d'après. Il lui fallait prévoir chacune des conséquences. C'était la partie qu'il préférait, celle où tout était possible, où tout devait être minutieusement préparé. Il voulait quelque chose de dévastateur, pour prendre par surprise les savants eldéens. De court, pour ne pas déclencher de conséquence imprévue. Une maladie mortelle et soudaine. La peste était trop lente, bien qu'impressionnante. Les poumons et le cœur, voilà qui pouvait tuer en quelques heures. Mais les premières victimes inquiéteraient trop vite les médecins. Il y aurait des dizaines de morts puis ils comprendraient. Il devait pouvoir le déclencher au moment opportun. C'était pour ça qu'il le concevait à partir de son propre sang. Cette toxine serait littéralement une partie de lui. Mais si elle proliférait trop, des mages attentifs pourraient suivre sa trace. Ils seraient donc ses prochaines cibles.
Il abaissa la main, saisit le bol et fit doucement tourner son contenu. Il avait prit une couleur plus sombre et une consistance plus homogène, huileuse. De son matériel il extirpa une vieille sarbacane gravée et quelques fléchettes. Il n'y avait parfois pas de meilleures manières que les vieilles pour accomplir une tâche. Il remplit avec précaution autant de fléchette qu'il le put puis les rangea dans une sacoche. Il tendit la sarbacane et la sacoche vers l'un des corps momifié qui prit vie à l'instant et s'avança en boitant pour les récupérer. Puis il quitta le cercle des serviteurs du nécromancien tandis que celui-ci s'affaissait légèrement, en transe.


L'aube n'était pas passé depuis très longtemps lorsque la vibration se fit sentir. Elle suffit à réveiller la magie qui animait la momie et celle-ci frémit, comme parcourue d'un courant d'air. Assis dans un épais fourré, si immobile qu'un couple d'oiseau prenait l'un de ses bras replié pour une branche et commençait à y tresser un nid, il avait la sarbacane vissée aux lèvres et orienté vers le chemin à quelques mètres de lui. Il s'était installé là depuis plusieurs jours, assez loin des murailles d'Amblère pour échapper aux yeux perçants des sentinelles drows, mais assez près de la route que prenaient presque tous les groupes de raids.
Le sol trembla de plus en plus fort jusqu'à ce que le bruit lui-même soit perceptible. C'était des cavaliers qui approchaient. Bientôt ils passèrent devant le fourré sans voir l'espion d'outre-tombe. Celui-ci attendit que tous ou presque lui soient passés devant et quand le dernier franchit sa cachette, il expulsa soudainement l'air de ses restes de poumons : la fléchette fendit les airs pour se planter dans la croupe du cheval. Celui-ci ne sentit rien grâce à l'anesthésiant ajouté à la mixture. Personne ne sembla remarquer ce qui venait de se passer. Le cadavre animé quitta lentement sa station fixe pour porter une main à sacoche qui contenait les autres fléchettes. Ce faisant, il dérangea le couple de moineaux qui prirent leur envol dans un concert de piaillements contrariés. Et sur le chemin de terre, un cavalier stoppa soudainement sa monture pour tourner ses oreilles aiguisées vers la source de ce bruit singulier.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeDim 17 Mai 2015 - 18:52

Très lentement, après avoir calmé le flux énergétique autour de lui, et après avoir longuement réfléchi, Nakor ouvrit les yeux et se remit debout. Il était toujours dans la petite maison de pierre où il avait déposé son vieux derrière à même le sol. Il balaya du regard l'ensemble de la pauvre bourgade qu'était devenu Haurseporc : un reste de charbon brûlé, lavée de tout maux, déserte. La seule chose la plus probable, la seule suite logique d'événements faisait froid dans le dos : les drows avaient mené une attaque rapide et sans appels, mais quelque chose était venue ensuite, quelque chose ou quelqu'un, qui avait vaincu les drows. Ce sans quoi, Nakor aurait affronté sur place les quelques elfes noirs positionnés sur la base d'Haurseporc pour assurer que les forces humaines ou elfes n'arrivaient pas par le Sud ou l'Est, les messagers habituels que chaque prise de guerre recevait lors des batailles. Non, il n'y avait pas eu de drows ici, postés comme des gardes frontières. Il n'y avait plus rien. Et il fallait maintenant savoir qui était la cause de toutes ces hypothèses.

Nakor se mit en route vers le nord il devait atteindre la seule place forte drow de la zone : en effet s'il y avait bien eu un ennemi des drows sur Haurseporc, il ne pouvait que se trouver aux abords d'Amblère. Et si cette personne n'existait pas et que les drows n'avaient juste pas pris la peine de laisser quelques observateurs dans ce bourbier, alors l'action était de toutes les façons là-bas. Dernière question à se poser : par quel chemin s'y rendre? Dans la forêt les drows étaient à leur avantage, un avantage que Nakor ne pouvait pas se payer le luxe de négliger. Il longerait donc les chemins sur un sol plutôt à découvert, mais aussi découvert serait-il que le seraient ses ennemis potentiels. Heureusement il y avait sur la route, des dénivelés, des roches qui coupaient la vision d'horizon et quelques bosquets. Par chance, l'archimage ne rencontra personne en route. A deux reprises, il entendit des cavaliers ce qui lui donna le temps de se cacher mais n'en fit pas grand tapage. Il put enfin voir de loin la petite cité d'Amblère, les remparts surtout et en se rapprochant, une odeur infernale lui monta au nez.

"Par tous les dieux, mais qu'est ce que donc que cette épouvantable puanteur ... la mort!"

Oui, c'était bien la mort, il y avait eut ici un carnage sans demi mesure. Les humains avaient clairement été repoussés. Caché derrière un très gros rocher de calcite oxydée, bâton en travers des genoux, assis à même le sol, le vieux fou se mit à réfléchir un peu. Soit il passait à l'action de manière brutale, déployait une tempête de feu, puis avec un puissant poing d'air repoussait les ennemis après avoir fait tomber une partie de la muraille grâce à la magie de la terre, soit il la jouait un peu plus fine et s'introduisait d'abord à l'intérieur. Il y avait peut-être des mages puissants avec les elfes du Puys et malheureusement aucune aide extérieure, pas de troupes humaines, ou elfes ou encore naines. Fermant les yeux, le Magistère se concentra et

"Mais qu'est-ce que ..."

En tournant fortement la tête vers le petit bois sur sa droite. Une magie lancinante, sinueuse et discrète mais profondément puissante, presque piquante. Qui? Le responsable d'Haurseporc? C'était une possibilité. Il fallait qu'il en est le coeur net : un ennemi de plus, un drow en train de se concentrer, ou un ami qui préparait un autre mauvais coup contre les elfes noirs. Peut-être quelque chose entre ces deux là finalement. Il se releva doucement et couru, main droite sur le chapeau, main gauche armée de son bâton, en direction de la végétation. Une fois à l'intérieur, il prit grande attention à faire le moins de bruit possible, il contourna la source de la magie discrète mais bien présente, pour la prendre plutôt à revers. Se tenant prêt à déchaîner les enfers si besoin était, il avança très calmement. Un humain qui avait vécu plus de six cent ans, six cent vingt huis ans pour être précis, était de moins en moins impressionnable. Il avait eut son lot de combats, il avait donc une meilleure emprise sur ses émotions dans ce genre de situation. Pas aussi fou qu'on le dit, il gardait ses forces à l'intérieur de lui, mais avait bien en tête l'ensemble des sortilèges qu'il pourrait déclencher rapidement, puis avec de l'ampleur facilement augmentable. Car malgré son grand age, Nakor n'avait absolument pas envie de mourir, et encore moins en cette période de changement sur toute la péninsule. Il finit par se rapprocher dangereusement de la source de ses interrogations : un petit bosquet circulaire, privée des quelques arbres qui auraient dû être là, des cadavres momifiés étrangement debout, sans mouvement mais pouvant sans doute se mouvoir d'un seul et brusque coup et au milieu ... un être auquel Nakor n'aurait jamais pu s'attendre. Plissant les yeux et ayant l'esprit qui fonctionnait à cent à l'heure, le vieux fou essaya de jeter sa première carte, gardant au mieux son sang froid, une petite goutte de sueur lui coulant dans le dos : il prit la parole en elfique, bien droit, bâton planté dans le sol avec le peu de dignité qu'on pouvait avoir dans ce genre de situation

"Êtes-vous le responsable de la mort sans faille qui s'est abattue sur les immondes drows en Haurseporc?"

La créature qui lui faisait face, au milieu de ce tas de cadavres, au dessus d'une marre grouillantes d'insectes ne pouvait pas être un humain c'était évident. Même un nécromancien puissant, en tant qu'humain, n'aurait pu atteindre l'age insondable que semblait avoir le bâton desséché lui servant d'interlocuteur. Pour atteindre un niveau permettant de continuer à vivre au détriment des autres dans cet art maudit, il fallait plus qu'une vie d'homme et des savoirs que sans doute seul les enfants du chaos, qu'il avait combattu et presque éradiqué par le passé, possédaient. Ce n'était évidemment pas un nain, et cela ne pouvait être un drow, il ne s'en prendrait pas ainsi à ses congénères. Un elfe sylvain qui aurait alors atteint un niveau de magie effroyable et surtout une haine féroce des ennemis de la forêt? Mais où donc avait-il encore mieux les pieds avec toute cette histoire? Il avait simplement pris la peine de rajouter un petit qualificatif négatif en direction des elfes noirs afin de montrer qu'il était lui aussi un ennemi du Puys. Un ennemi qu'il ne valait mieux pas se mettre à dos aussi, car sa magie encore interne et mesuré, pouvait à cette distance, se sentir de manière plus que palpable. Quelle serait la suite? Y aurait-il un combat titanesque ici, dans ce petit bosquet entre deux être aussi proches par la puissance que distants par les méthodes? Il allait bien vite le savoir.
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Porte-La-Peste
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeDim 24 Mai 2015 - 17:11

Porte-la-Peste était absorbé dans la contemplation du tissu magique. Rarement avait-il été à ce poitn investis dans sa tâche. Il surveillait le développement des germes qu'il avait minutieusement confectionné pour tuer même les drows. Leur propagation était lente, assez aléatoire, ralentie par l'organisme extrêmement résistant propre aux elfes. Heureusement pour lui, les mœurs drows l'aidaient, leur tendance à festoyer à la moindre victoire et leur proximité de corps étaient du pain bénis pour ses créations. Cela faisait quatre jours qu'il n'avait pas lancé de nouveaux germes, attendant de voir comment la situation évoluait pour aviser au mieux : il ne savait pas encore s'il allait devoir se débarrasser seul des drows ou si les humains allaient finalement se décider à envoyer une armée.
Dans les deux cas, il traquait ses prochaines cibles : les mages. C'étaient les seuls à réellement pouvoir le menacer : quand bien même les soldats pouvaient le forcer à fuir et ruiner ses plans, il était hautement improbable qu'ils réussissent à le tuer. Il avait survécus à tellement de choses que mourir d'une lame lui semblait une idée absurde. Et puis il y avait les prêtres, aux capacités parfois incroyables : il était sans conteste l'un des plus puissants mages ayant jamais foulé ce monde, mais il existait au-delà de celui-ci des êtres qui pouvaient le balayer d'un revers de la main. Et en particulier celui qui les dirigeait. Il savait d'où venait ses pouvoirs, ou du moins pensait-il le savoir, mais ça ne le rendait pas moins dangereux, peut-être pire encore. Il lui fallait trouver un moyen de saigner ces ennemis trop dangereux. Il avait bien une idée, mais elle lui demandait de laisser parler la bête qui se tapissait au coin de son esprit depuis l'une de ses expérience. Une bête en qui il n'avait aucune confiance pour agir avec précision et mesure, il lui fallait donc d'abord trouver le moyen de la guider. Et elle ne comprenait qu'une seule chose : le sang.

C'est cette transe méditative qui expliqua qu'il ne sentit pas arriver l'inconnu. Lui qui se vantait aisément de sa perception avait eut trop d'assurance et imaginé que personne de menaçant ne pourrait venir d'autre part que de l'est, visiblement à tort. C'est l'Esprit qui le prévint, alors que le mage, ou l'archimage si l'on préférait utiliser ce titre un peu ronflant, pénétrait dans la clairière où le nécromant avait élu domicile. Celui-ci revint au monde matériel et ouvrit les yeux pour fixer celui qui venait de l'interrompre et qui présentait une apparence singulièrement peu étonnante. Il tendait à rassembler en sa personne absolument tout ce que pouvaient imaginer les humains, ces pauvres êtres incultes de la véritable sorcellerie, sur ceux comme lui. Pour un peu, il l'aurait pris pour un guignol de foire qui divertissait le public avec quelques tours de passe passe et d'arnaques. Cela aurait été ignoré le formidable nœud de magie qu'il représentait, la tapisserie en était complètement perturbée autour de lui. Et il semblait même que les fils se tendaient dans sa direction, comme s'il cherchait à se faire le plus dense possible. Il s'agissait, sans l'ombre d'un doute possible, d'un mage de très haut niveau. Et bien qu'il cherchât attentivement, de son regard expert, Porte-la-Peste ne trouva pas le moindre signe de métissage qui aurait pu expliquer cette anomalie. Prudent, et extrêmement curieux, il répondit à l'interrogation de sa voix rauque et peu entraînée, abîmée par son mutisme quais constant :

« Oui. »

Réponse courte, simple, sans appel. Il était responsable de la mort des drows et de biens des humains à Haurseporc. Il n'avait pas à s'en cacher et ne voyait aucune raison de le faire. Il reprit :

« Je suis celui que les mortels appellent Porte-la-Peste, seigneur-sorcier de l'Aduram. Qui est tu, pour venir ainsi devant moi ? »

Le ton était plus curieux que réellement menaçant, il doutait que ses quelques titres acquis auprès des populations humaines et drows impressionnent celui qui ce tenait là, remplis d'assurance au milieu d'une horde de momies armées et apprêtées pour le combat mais encore tout aussi mort qu'un caillou.
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MessageSujet: Re: [Les âmes déchues] Des cendres mouillées   [Les âmes déchues] Des cendres mouillées I_icon_minitimeLun 1 Juin 2015 - 23:11

Nakor observait avec une immense attention et une tension qu'il était difficile de feindre : des cadavres quasi-suspendus dans le vide, attendant un ordre de leur maître marionnettiste, un monde grouillant, ce bâton desséché avec un filet de vie d'une puissance effroyable et enfin, cette voix, comme un tas de vieilles feuilles jaunis par le temps, sur lequel on marche. Et ce nom qu'il donna en réponse à la question du vieux fou. Tout à fait significatif. La partie devenait importante, elle avait atteint le point le plus critique : une erreur et le terrible elfe antique, aux pouvoirs de nécromant, se déchaînerait pour se débarrasser de ce qu'il devait considérer comme un insecte dérangeant. Nakor avait suffisamment côtoyé les elfes pour connaitre le genre d'émotions qui émergeaient en eux lorsqu'ils s'adressaient aux jeunes et trop hâtifs humains. La barbe blanche décida que le mieux, comme toujours, était de jouer franc-jeu sans tourner autour du pot. Il usa donc de la langue des immortelles pour donner ses explications.

"Je m'appelle Nakor, sorcier élémentaliste, originaire de l'ancien empire dragon de Nisetis. Je suis ici car je suis un adversaire des drows qui tentent de pénétrer trop en avant dans le monde des hommes et portent atteinte à la vie de mes semblables. J'ai nettoyé Haurseporc avant de venir jusqu'ici pour jauger la situation en Amblère. Et j'ai ressenti alors la puissance arcanique que vous émettez seigneur-sorcier, elle est fine, parsemée, discrète mais je pratique les arcanes depuis plus de six cent ans ce qui est très long pour un homme. J'y ai gagné quelques capacités."

Puis Nakor passa en revue les troupes cadavériques qui entouraient ce porteur de peste. Que diantre se passait-il dans l'esprit de cet elfe, là tout au fond de ce morceau de corps si vieux qu'il n'était qu'un cadavre parmi les autres. Le Magistère du Firmament était semblable à une folle étincelle, un concentrée de vie, de furie furieuse, d'envie de vivre, d'éclats, de cris, de rires sans sens ni but, Porte-la-Peste était la tranquillité, la majesté du silence, le regard inexpressif, vidé d'émotions visibles, avec un contrôle absolu sur tout! Un elfe pur et dur en face d'un humain des plus typiquement atypiques. Cessant de réfléchir à tout cela, le vieux fou fit un pas de côté, en tournant son regard vers ce que l'on pouvait apercevoir difficilement car dans le lointain et derrière la lisière de la forêt : Amblère.

"Vous tuez les drows, je les combats. Nous avons un point commun."

Puis, revenant de ses yeux d'un bleu azur sur les momies qui l'entouraient, il balaya l'air devant lui en ajoutant

"Vous avez des ... affiliés ... Amblère possède des murs solides. Une attaque combinée pourrait être plus efficace qu'un combat que nous mènerions chacun dans notre coin. Le feu, le vent, l'eau, la roche et leurs unions peuvent permettre ensuite à vos pouvoirs d'avoir un plus grand effet ... "

Puis ne pouvant garder plus longtemps son frisson, il vibra légèrement avant d'ajouter :

"Je ne vous le cacherai pas ... je n'aime pas la magie qui consiste à manipuler les corps morts de gens qui ont eu une vie plus ou moins longue mais qui n'en ont plus. Ils ont gagné un repos éternel que je ne trouve pas bon de troubler ... mais force est de constater que parfois, il faut regarder les choses avec plus de pragmatisme que d'idéologie."

Nakor espérait que ces derniers mots feraient échos dans l'esprit de l'elfe. En effet, de son immense et longue vie, de sa supériorité de race, Porte-la-Peste pourrait avoir envie de vomir rien qu'en pensant qu'il s'unirait, même très brièvement, à la magie d'un misérable petit humain. Mais si Nakor avait suffisamment attiré son attention jusque là, c'était peut-être parce qu'au fond, le vieux fou dégageait une magie un peu plus que seulement négligeable.
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