Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

 

 Une étape plus loin

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeVen 19 Déc 2014 - 0:03

5ème jour de la 1ère énéade de Barkios, 8ème année du 11ème cycle.

Bien qu'il fut passablement âgé, le père Bréguet avait toujours sur garder une certaine délicatesse dans ses gestes. Enfant, dans des temps que sa mémoire n'appréhendait plus complètement, bien avant les ordres et le sacerdoce, il se souvenait avoir erré de villes en villages, usant ses petons à longueur de journée. De nombreuses années le séparaient de cette époque, et pourtant, depuis une énéade, il avait quitté ses pénates dans le castel Tolbioc, à Serramire, pour battre à nouveau la campagne.

Le vénérable ancêtre pénétra dans le hall du comte d'Arétria d'un pas léger, sa complexion frêle n'occasionnant guère de bruit, malgré la réverbération sous les voûtes. Du moins, c'était un son bien faible en comparaison du pas botté qu'entrainait la démarche martiale du lieutenant Heinrich, son compagnon de voyage. Bien qu'ils se fussent habillés selon la circonstance, les deux hommes, surtout l'ancêtre, trahissaient une certaine fatigue de par leurs traits tirés.

Quand la nouvelle d'une horde arétane sur le chemin du bercail avait retentit dans les murs de Serramire, il y a une semaine de cela, nombreux s'étaient prononcés pour que l'on donne la chasse à ces butors. La dame Mahaut, pourtant prudente, s'apprêtait à légitimement céder à cette tentation, quand les messages venus de Brochant, à la frontière, établirent la force en marche à plus de mille cavaliers. Il ne s'agissait pas là d'une bande déconfite, s’adonnant à la maraude après la débandade, mais bien d'une armée en ordre de marche. Sous les conseils avisés du capitaine Vanhardt, on avait préféré dépêcher une ambassade au devant de la troupe, offrant de la guider sans heurts à travers les terres de Serramire. Apprenant que le comte Wenceslas était souffrant, la marquise avait envoyé sans attendre le Père Bréguet, archiviste du château, que l'on savait versé dans les arts guérisseurs, offrir ses services au seigneur souffreteux.

Hélas, après quelques jours de voyages, l'âme de Wenceslas s'en était allé rejoindre ses ancêtres. Alors qu'ils arrivèrent à la frontière occidentale de Serramire, un messager venu droit de la Verse ordonna aux gens du marquis de poursuivre le voyage, les enjoignant à aller porter au nouveau compte les condoléances de son voisin.

Aussi se trouvaient le Père Bréguet et le Lieutenant Heinrich, devant le nouveau comte en titre, Alwin de Karlsbourg, l'oncle de feu Wenceslas. Les deux hommes s'inclinèrent bien bas, et après s'être présentés en bonne et due forme, s'adressèrent au comte - ce fut l'ancien qui causa. "Votre grandeur, le marquis mon maître me fait vous annoncer sa profonde peine, et sa grande tristesse suite à la mort de votre neveu. Bien qu'ils ne furent pas du même camp, il s'est dit dans une missive venue d'oesgardie fort affligé par la nouvelle. Moi même, qui ai partagé ses derniers jours, prie pour que 'âme de feu le comte trouve sans heurts le chemin vers la demeure aqueuse de Tari. "

Revenir en haut Aller en bas
Alwin de Karlsburg
Humain
Alwin de Karlsburg


Nombre de messages : 15
Date d'inscription : 04/11/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  50 ans (né en 957)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 12:43

Alwin n’avait plus une minute à lui. Depuis son accès au trône du comté, il était devenu la figure centrale du Malelande et devait maintenant en payer le prix. Lui qui tout au long de sa vie avait espérer n’obtenir rien d’autre que la reconnaissance de ses paires, était maintenant obligé de répondre de ses actes aux yeux de tous sans jamais faillir. Non pas que la tache était ardue car il avait longtemps joué le rôle du conseiller pour son frère et son neveu maintenant décéder, non, Alwin regrettait simplement ses quelques soirées ou, blotti au coin du feu, il avait l’esprit en paix et vidé de tout devoir jusqu’à l’aube naissante du moins. Aujourd’hui, c’était un luxe qu’il ne pouvait plus se permettre.

L’armée était revenue dans un état lamentable, de nombreux hommes avaient péris. Il avait fallu organiser une quarantaine pour les malades et une autre pour les blessées. Sans parler des familles à rassurer ou à consoler. De nombreuses récoltes ne seraient pas semé cette année, de nombreuses chasses ne seraient pas organisés, l’Aretria avait perdu de nombreux fils. Et dans tout se raffut, l’Ainée des Karlsburg devait être figure de force. Rôle qu’il remplissait à merveille, heureusement.

Seul réel bénéfice à ses temps sombres, il ne rêvait plus de son ancienne épouse, trop occupé à penser aux tâches du lendemain. Et malgré tout, le pire était peut être encore à venir. On lui avait rapporté qu’au Nord, les Noirelfes étaient de retour. Simple rumeur pour l’instant, si celle-ci se confirmait, le Malelande devrait bientôt reprendre les armes.


« Mein Graff, des hommes de Serramire sont à nos portes. »

Il releva la tête du parchemin qu’il était entrain de consulter au sujet de cette Sombre nouvelle. Il fit un signe de tête annonçant qu’il avait bien entendu puis se dirigea vers la Grande Salle ou il prit place sur le trône central. Peu de temps après, deux hommes apparurent, l’un vêtu tel un savant, l’autre tel un militaire. C’est le savant qui prit la parole. Alwin resta silencieux tout au long de la tirade, scrutant les deux hommes de son regard d’émeraude pâle. Il laissa passer un long silence avant de prendre la parole à son tour.

« Vous remercierez le marquis, votre maitre, pour ses condoléances. Vous aussi, soyez remerciez si à un moment vous avez pu alléger les souffrances de feu mon neveu. C’était un homme fort de corps et d’esprit, il a assurément rejoint le royaume souterrain de la dernière Gardienne et celle-ci l’a accueillit à bras ouvert. »

Nouveau silence. La faible lumière de la pièce se reflétait sur son visage faisant danser les ombres sur sa peau couturé de cicatrice. Alwin n’affichait toujours aucune expression.

« Une question reste en suspens dans mon esprit messieurs et les non dits m’exaspèrent au plus haut point. Je soupçonne votre présence bien plus orienté que par le simple fait de transmettre les hommages du marquis, mon tromperais je ? »

Alwin était d’un naturel prudent, au fond, les relations entres les hommes du Malelande et Serramire n’était pas au beau fixe. Et il connaissait bien la nature humaine, beaucoup trop à son goût…
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 14:34

S'inclinant de bonne grâce devant les remerciements du comte, le prélat releva la tête avec surprise, lorsqu'il lui fut demandé les raisons réelles de sa visite. Confus qu'on lui impute des menées politiques, quand il avait veillé au chevet de feu Wenceslas pendant plusieurs nuits, le père Bréguet sentit ses joues maigres s'empourprer d'un sang qui ne montait que trop rarement. Incapable, car trop affable, d'aller à l'indignation, il s'apprêtait à objecter, confusément, que son interlocuteur s'égarait, quand il fut interrompu d'un sec "Laissez, mon père", par le lieutenant Heinrich.

Ce dernier, qui s'était jusque là tenu coi, fit un pas en avant, écartant avec douceur le clerc devant lui. C'était un homme à la complexion noueuse et au visage buriné. Bien qu'il fut dans la force de l'âge, son crâne, parcouru de lézardes violacées, n'était recouvert d'aucun cheveu, souvenir quelques années auparavant de sa rencontre avec une horde de pillards drows. Subsistaient, vestige d'une pilosité faciale autrefois foisonnante, deux copieuses favorites, qu'il soignait avec une attention toute martiale. Sa démarche, roide et lourde, demeurait du reste son plus typique attribut ; lorsque cet homme apparaissait, ce n'était guère pour une affaire de cœur.

Fidèle à lui même, et avec cette simplicité coutumière des militaires, le lieutenant s'adressa ainsi à son interlocuteur : "Votre Grandeur soupçonne juste. Le marquis, mon maître, m'avait en outre chargé d'un message à l'encontre de feu le comte Wenceslas, votre neveu. Désormais, ce message s'adresse à vous." Le lieutenant marqua un arrêt, et, sûr d'avoir pour lui l'oreille attentive d'Alwin, reprit : "Vos parents et vos gens ont à plusieurs reprises, durant le mois passé, porté le tumulte sur les terres de mon maître. Ils ont bafoué ses frontières, mis à feu et à sang ses baronnies, tout ceci dans le but de lui causer force outrage, et de le spolier de ses terres vassales. Le marquis a été grandement irrité par votre bellicisme, et tient une rancœur tenace à l'égard d'arétria."

"Pour autant, mon maître, dans sa clémence, a décidé de vous pardonner votre forfaiture. Il reconnait dans les agissements des vôtres la main de la régente, aujourd'hui heureusement chassée de Diantra. Dans sa sagesse, le marquis a préféré conserver son ire pour la tête seule, et épargner le bras. Il souhaite s'assurer de la bonne entente entre Serramire et les gens de la Malelande. Lors que la guère sera terminée, mon maître vous convie humblement à venir chasser sur ses terres."

Revenir en haut Aller en bas
Alwin de Karlsburg
Humain
Alwin de Karlsburg


Nombre de messages : 15
Date d'inscription : 04/11/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  50 ans (né en 957)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 18:00

L’esquisse d’un sourire fendit enfin le visage du comte de l’Aretria. Il connaissait trop bien les hommes, s’en était presque désolant. Rien n’était gratuit en se monde à part la dernière bénédiction devant la Dernière Porte, autrement, tout n’était que jugement des forces, jugement des actes et des situations. Dans cette boue opaque qu’était la gestion du pouvoir, une seule cause était louable, c’était la loyauté et de facto, l’honneur qui en découle. Car un homme n’a de précieux que sa parole, sans elle, il ne se distingue en rien des bêtes qui courent dans le Malelande. Voila le chemin qu’avait suivit toute sa vie le puinée des Karlsburg. Et le temps où il dévierait de cette route n’était pas encore arrivé.

Voir le guérisseur perdre un peu de sa digne contenance ne lui fit ni chaud ni froid, cela eu simplement le mérite clair d’exposer les faits. Tourner autour du pot n’était pas dans ses habitudes. Ainsi quand le militaire qui accompagnait le vieil homme se présenta, Alwin savait maintenant que les mots seraient dits clairement et sans détour, l’homme qui se dressait devant lui était sûrement de sa trempe, il servait juste un camp différent.

Quand il eut finit sa tirade, Alwin laissa un nouveau silence s’installer. Il en était un grand adepte, appréciant à chaque fois l’effet que cela produisait sur les hommes. Il adressa un regard à son jeune frère qui se trouvait à sa droite. Almar avait décidé de rester encore un temps à la cour, plus habitué à la régence que son grand frère, il prodiguait toujours d’utile conseil. Alwin appréciait sa présence, comme toujours. Il posa enfin son regard sur le lieutenant Serramiroi, un regard sévère.


« Une invitation sympathique, mais que je  déclinerais, il se peut bien que les mots qui vont suivre ne risquent pas de plaire à votre maître. »

Nouveau silence, tendu.

« Je ne partage pas la même joie que votre maître au sujet du sort de la couronne. J'appel cela de la trahison.  L’Arétria à jurer allégeance au Roy Bohémond Ier et l’Arétria ne trahira aucune de ses serments. Dite à votre maître que sa clémence est toute en son honneur, mais que aucun de mes gens ne la lui demande. Il est en effet bien sage de garder son ire, les bras du Malelande sont encore prêt à prendre le bouclier malgré les sombres temps qui nous frappes. »

La voix d’Alwin était grave mais pas un seul mot au dessus de l’autre. Son ton était ferme, il était connu pour être droit comme un « i » et aujourd’hui il lui fallait déjà faire un choix. Même si toutes les nouvelles qui arrivaient étaient bien sombre pour la ligné royale, on ne dirait pas que les Karlsburg changerait d’allégeance comme de chausse. Il lui fallait faire preuve de fermeté.

« Et ses temps risquent d’être encore plus sombre... on parle d’une terrible menace en Oësgardie, à mes oreilles sont arrivés les rumeurs des Noirelfes qui parcourent la lande. Il se pourrait bien que nos attentions communes soient bientôt tournées vers un danger qui menace tous directement.Additionné à la peste qui frappe, il se peut que bientôt, il n'y ait plus assez d'homme dans le Nord pour défendre les droits d'une quelconque couronne... De cela, qu’en pense votre maître le Marquis ?  »


Une pointe d’ironie cette fois ci, mais Alwin était réellement préoccupé. Si la rumeur s’annonçait vrai, alors Serramire serait bientôt frappé et le Malelande ne serait pas épargné. Il fit un signe aux deux émissaires leur montrant qu’il pouvait s’assoir. La discussion n’était pas terminé.
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeMar 23 Déc 2014 - 19:25

Quand il avait commandé cette modeste ambassade, le marquis avait été formel ; il s'agissait pour les deux familiers de sonder les dispositions d'arétria vis à vis du Nord. Aymeric avait cru déceler dans le repli de Wenceslas la possibilité d'une entente avec son voisin. L'oncle de feu le comte lui opposait un refus sec. Un pli soucieux déforma le front violacé du gentil Heinrich, et le père Bréguet étouffa une quinte, à l'évocation d'hostilités entre les deux domaines. On tenait usuellement, dans le Nord, les arétans pour des boutefeux, avides de tumultes. Wenceslas avait corroboré cette idée reçu, en s'introduisant jusqu'en Oesgardie pour un conflit qui ne le concernait nullement. Aussi, quand Alwin évoqua de sortir les pertuisanes, tout deux prirent la déclaration pour argent comptant.

Une seconde grimace vint barrer le visage du bon Heinrich, lorsqu'on mentionna les troubles que subissait le Nord. Il était toujours déplaisant de voir son voisin s'approcher un peu trop près de son propre champ, et le lieutenant n'aimait guère qu'un homme de la Malelande en sache plus sur l'Oesgardie que lui même. C'était logique, les soldats de Wenceslas ayant rapporté avec eux leurs nouvelles du champ de bataille ; pour autant, ce n'était guère plaisant. Heinrich lui même ne connaissait de la situation que par quelques bribes. Il se cantonnait usuellement aux ordres, après tout. Lorsqu'il fut invité à s’asseoir, le soldat ne put réprimer un léger soupir. Il était un homme d'épée, étranger à l'art de la diplomatie. L'entrevue, qu'il avait espéré brève et courtoise, s'annonçait longue et déplaisante.

Toutefois, Heinrich pouvait encore compter sur le tact de son compère. S'il se serait aisément fendu d'une invective acerbe à l'encontre du seigneur - et les Dieux savent que la matière ne manquait - le prélat, quant à lui, préféra entamer la discussion. "Votre Grandeur se méprend sur les intentions de notre maître. Le marquis est entièrement dévoué à sa Majesté le Roy. Pour quelle raison combattrait il en ce moment, aux marches du royaume, sinon pour la sureté de celui-ci ? Voila qui nous apprend plus que toutes les déclarations : face au double péril des rebelles et des drows, mon maître a pris les armes, et défend aujourd'hui le royaume." Le coup d’œil subreptice qu'envoya le clerc à son commensal en disait long. "Mais je vous prie, il n'y a là nul sujet d'émoi. Qui n'aurait agi de la sorte ? Ne peut on aisément affirmer qu'aussi naturellement que le poltron détale face au danger, l'homme d'honneur, lui, l'affronte ?"

Non sans surprise, Heinrich découvrit la rouerie de celui qu'il avait jusque là toujours considéré comme un grand père un peu gâteux. Avec son aspect sénile, ses infusions et ses prêches à Nééra, le drôle avait bien caché son goût de l'intrigue. La pique, assénée avec cette force que confère l'innocence - même feinte - ne manquerait de faire comprendre au comte d'Arétria l'estime dans laquelle on tenait ses gens.

Revenir en haut Aller en bas
Roderik de Wenden
Ancien
Ancien
Roderik de Wenden


Nombre de messages : 1133
Âge : 33
Date d'inscription : 25/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  27 ans (né en 982)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeDim 28 Déc 2014 - 20:21


Observant un silence respectueux, le seigneur de Wenden assistait à la rencontre, adossé au mur à la droite d'Alwin. Depuis le retour de l'ost arétan, Roderik et ses chevaliers étaient demeurés à Arétria-la-ville ; il avait lui-même annoncé à Alwin la mort du comte Wenceslas, et avait tenu à assister aux funérailles. Les jours avaient passé ; l'oncle avait succédé au neveu, et Roderik avait ployé le genou devant son nouveau suzerain, sans la moindre réserve. Un comportement qui en avait surpris plus d'un, le sire de Wenden n'ayant eu de cesse de tirer la couverture à lui par le passé. N'avait-il pas proposé à maintes reprises la main de sa sœur Aliénor au comte ? N'avait-il pas critiqué l'omniprésence des Karlsburg dans le conseil ? Il connaissait bien peu Alwin, et ne semblait jamais avoir envisagé que ce dernier devienne un jour son suzerain. Une négligence qui ne le mettait guère dans de bonnes dispositions à son égard. Et pourtant, le jeune Roderik, connu pour son caractère colérique et entêté, s'était depuis son arrivée montré courtois, respectueux, et, surtout, fort silencieux.

L'entente n'était pas au beau-fixe entre le nouveau comte d'Arétria et les ambassadeurs serramirois. Alwin était un homme sage, mais bourré de principes, et son deuil avait dû épuiser ce qui lui restait de patience ; il était droit et franc, n'ayant rien de commun avec les diplomates et leur langue de bois. Roderik devinait qu'il n'avait jamais aspiré à la politique, et que son titre de comte était pour lui plus un devoir qu'une élévation. Difficile donc de gagner sa sympathie par des sourires et des paroles creuses. Pourtant, en face, si le lieutenant était une belle tête de mule, Roderik avait une grande estime pour le père Bréguet. Ce dernier avait veillé auprès du comte Wenceslas chaque nuit jusqu'à sa mort, avec autant d'empathie qu'un père accompagnant son fils dans les derniers instants. Il mettait de l'humanité dans ce que lui ordonnait son maître. On aurait donc pu s'attendre à ce qu'Alwin et lui réussissent à s'entendre.

Hélas, la conversation n'en prenait pas le chemin. La critique adressée par le lieutenant Heinrich à l'encontre de la régence au début des pourparlers n'avait pas plu ; le père Bréguet tentait bien de rectifier le tir en rappelant l'attachement du marquis au royaume, mais c'était peu convaincant. De quel royaume parle-t-il ? Celui de Bohémond, ou de Nimmio ? Le royaume est une idée devenue de plus en plus abstraite ces dernières années, et il semble qu'elle ait perdu toute sa substance aujourd'hui. Nous nous disputons autour d'un idéal qui n'est plus...

Sortant pour la première fois de sa réserve, Roderik s'approcha doucement du comte. Il devait demeurer à sa place et ne pouvait émettre à haute voix son avis, car cela reviendrait à le désavouer en public ; encore pire devant une ambassade officielle. C'est donc à voix basse qu'il murmura, de façon à n'être entendu que de son suzerain :

- Votre Grandeur, je... comprends vos réticences. Mais il me paraît essentiel que nous autres, arétans, ne nous attirions pas l'hostilité de Serramire. Le danger aujourd'hui vient du Médian, et cette menace noirelfique au Nord devrait également nous appeler à la plus grande prudence. Le Nord a enfin une chance d'être uni, après des années de division. Donnez-lui cette chance. Aujourd'hui le marquis vous tend la main, il vous offre son amitié. Vous n'avez qu'à accepter la main qu'on vous tend.

Puis il recula de quelques pas, reprenant sa place, se donnant une expression aussi impassible que s'il était demeuré immobile. Il n'était pas certain que le comte apprécie ; Wenceslas n'aimait pas que Roderik s'immisce dans ses choix. Néanmoins, Alwin était plus sage. Il ne faisait aucun doute qu'il agirait dans les intérêts de la malelande, mais de quelle manière ?
Le comte ne manquerait pas non plus de s'étonner que l'homme qui le poussait à privilégier la paix et la diplomatie s'était par le passé montré particulièrement porté par ses idéaux guerriers.
Revenir en haut Aller en bas
Alwin de Karlsburg
Humain
Alwin de Karlsburg


Nombre de messages : 15
Date d'inscription : 04/11/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  50 ans (né en 957)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeLun 29 Déc 2014 - 12:10

Alwin observer en silence la réaction des émissaires du marquis. Ils semblaient mal à l’aise et le comte ne fit rien pour arranger les choses. Il n’était pas un politicien, loin de la, il était un homme d’honneur, un homme qui n’aimait pas tourner autour du pot et les discours à langue de bois avaient souvent tendance à le mettre de mauvaise humeur. En plus de cela, les temps étaient durs et le douloureux deuil avait grandement effrité sa légendaire patience. Il jugea s’être emporté un peu vite, mais il ne pouvait perdre la face devant les envoyés de la province voisine, il en allait de l’honneur de l’Arétria. Les paroles du père Bréguet brisèrent le silence tendu. Alwin se fendit d’un nouveau sourire, un sourire jaune.

« En effet mon père, il l’affronte… »

Il allait continuer par une tirade concernant les gens de Serramire, en effet le grand voisin de l’est n’était pas exempt de défaut et de plus, il n’était pas convaincu que l’armée aretrian est causé autant de dégât en traversant les terres du marquis. A vrai dire Alwin pensait que le noble Aymeric de Bronchant avait légèrement exagéré la chose afin d’en tenir compte auprès des hommes du Malelande. Mais un mouvement discret attira son attention le coupant presque dans son élan.

Le Seigneur de Wenden, Roderik fils de Ganelon c’était approché de lui. Il avait mené les troupes au front et connu les derniers instants de son neveu. C’était un jeune homme d’on il ne savait pas grand-chose, à vrai dire il c’était toujours un peu méfiait de son coté impétueux et Wenceslas avait pour habitude de ne pas le compter dans son entourage proche. Pourtant lui disposait de bonne intention envers les Wenden. Il se rappelait avec nostalgie le jour de son adoubement par le patriarche de la famille Gerulf le Jovial. Quoi qu’il en soit, il écouta ses paroles avec attention et n’en prit pas réellement ombrage, le jeune homme semblait avoir bien pesé le pour et le contre de la situation.


« Hum… »

Il fit un signe aux émissaires.

« Sachez que mes gens et moi-même ne portons que peu d’affection au Comte de Velteroc autoproclamer il y a peut Grand Duc du Médian. Ce dernier à, dans un passé récent, commis des actes qui n’ont rien fait pour améliorer nos relations et je vois personnellement son accès au trône comme un coup d’état savamment orchestrer. Mais comme le dit votre Seigneur, le Nord à besoin de stabilité et je ne peux que reconnaitre son investissement dans cette entreprise difficile. Nous partageons donc, lui et moi, un point commun même si de nombreux autres sujets nous opposent. De plus, il nous faudra bientôt faire front commun si nous voulons repousser la menace venu des Sombres. »

Alwin venez de tendre main à sa façon. Il était un peu trop bourru de nature pour faire mieux à vrai dire. Son attention était centralisée sur les noirelfes, il ne pouvait en être autrement, car malgré tout les cœurs vaillants qui foulaient la terre de son gris-pays, il doutait de la réussite seul du Malelande si celui-ci devait affronter seul le danger.
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeDim 4 Jan 2015 - 15:26

Le père Bréguet découvrit avec une heureuse surprise la présence du seigneur de Wenden, Roderik, quand celui-ci vint chuchoter à l'oreille de son suzerain quelques paroles. S'il avait craint qu'une pareille intervention n'irritât le seigneur des lieux, l’ecclésiastique fut charmé de voir qu'au contraire, elle l'adoucit. Les familiers d'Aymeric se tinrent dès lors oreilles toutes ouvertes pour écouter la nouvelle réponse d'Alwin.

À l'évocation de Nimmio, bombardé par le comte d'Arétria "Grand duc du Médian", les deux hommes se jetèrent un regard inquiet. Cette nouvelle n'était parvenue jusqu'à Serramire, et ils apprenaient aujourd'hui ce bouleversement politique de la bouche de leur hôte. Ce dernier renchérit, annonçant que le comte de Velteroc s'était également établit sur le trône suite à un coup d'état. C'était beaucoup trop de nouvelles brumeuses parvenant de Diantra, et les deux familiers, dont le rôle n'étaient que de porter l'ambassade, et non de réfléchir à la place du marquis, en furent décontenancés.

Si ce que le comte disait était vrai, alors les drows n'étaient qu'une des premières épreuves prévues pour les hommes du Nord. Demanderait on à ces braves, une fois éreintés après un dur combat pour défendre la Péninsule, de plier le genoux devant son nouveau maître, ou de voir venir des armées de l'Ouest ? Le Père Bréguet, dont l'expérience en diplomatie surpassait celle de son compère, comprit d'instinct que la mission que leur avait confié le marquis n'était que renforcée par ces nouvelles. Il jugea opportun, malgré l'absence de son maître, de prendre ses distances avec les agissements que l'on imputait à Nimmio, que la situation avait fait allié d'Aymeric, pour tâcher de se gagner l'amitié du seigneur d'Arétria.

"Ce sont des nouvelles d'une importance capitale que votre Grandeur nous apprend là. Sachez, bon sire, que le marquis mon maître a longtemps gardé le comte Nimmio de porter les armes contre le duc d'Erac, son suzerain légitime. Lorsque nous eûmes vent de la grande bataille non loin de Christabel, mon seigneur pressa le comte de Velteroc de rendre allégeance au Roi, dès lors que la menace de la régente était dissipée. Si vos dires s'avéraient, je suis certain que mon maître serait fort chagriné d'apprendre le Médian en proie à la sédition."

Peut-être le clerc avait eut tort de révéler ainsi les mots qu'avaient pu s'échanger les deux seigneurs le mois passé, et dont il avait suivi la correspondance en s'occupant de la roukerie. Le lieutenant Heinrich, dans son rapport, ne manquerait pas de mentionner la chose, c'était certain. Qu'importe : les paroles avaient été prononcées, et si le marquis décidait de punir son serviteur, ce serait son droit. Le prélat, bien que ce idée ne l'enchantait guère, acceptait la chose, tout en restant confiant dans la justice de son maître. Il reprit rapidement la parole :

"Je me dois d'informer son Excellence de ces nouvelles, et vous prie humblement de bien vouloir m'accorder l'usage de votre roukerie, demanda-t-il, avant d'ajouter : et que dois-je lui répondre, à propos de cette partie de chasse ?"

Revenir en haut Aller en bas
Alwin de Karlsburg
Humain
Alwin de Karlsburg


Nombre de messages : 15
Date d'inscription : 04/11/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  50 ans (né en 957)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeDim 11 Jan 2015 - 13:25

Alwin écouta avec attention, sans dire mot. Ainsi le Marquis de Serramire et le Comte de Velteroc avait échangé ensemble, le détail avait son importance mais le Comte d’Aretria ne tiqua pas, préférant garder ses impressions pour lui-même. Le Père Bréguet semblait un brin mal à l’aise en continuant sa tirade, ses paroles avaient clairement pour but d’adoucir le tableau. L’homme de lettre prenez sûrement initiative et celle-ci n’était pas forcément dictée par son maître. La présence du lieutenant ne devez rien arranger, celui-ci irait sans aucun doute faire son rapport à qui de droit.

Pourtant, cela eu pour effet de mettre Alwin dans de meilleures conditions. Ce simple détournement de ligne prouvait que les avis sur le nouveau « Grand Duc du Médian » était encore assez partager à Serramire. A moins que cela ne fusse qu’une simple manœuvre politique afin de créer un climat de confiance entre les deux partis présent, mais le Comte du Malelande n’avait plus le cœur à palabrer sans fondement. La menace qui planait sur le Nord était bien réel et sans l’action des hommes, il ne resterait bientôt que ruine fumante et monceau de cadavre à gouverner.

Le Nord se devait d’être fort et Alwin alla plus loin dans sa réflexion, il se devait d’être uni. Un bien grand mot dans une région longtemps secoué par les guerres civiles, les rebellions et les volontés d’indépendances de ses seigneurs. Mais cela n’avait apporté que la mort et la maladie sans vraiment résoudre le problème à sa base. Ils faillaient s’adapter et vite et cela Alwin en avait pleinement conscience.
Il s’éclaircit la gorge.


« Très bien. Vous aurez bien sûr entière disposition du colombier pour transmettre vos messages Père Bréguet. J’aimerai qu’à votre missive vous rajoutiez un mot à l’encontre de votre Seigneur et maître. Dite lui qu’il est temps pour les hommes du Nord de tenir conseil avant que l’ombre ne nous recouvrent tous. Je serais donc heureux de pouvoir le rencontrer en personne aux cours des prochaines ennéades. »

Il avait prononcé ses paroles d’un ton neutre. Puis il se releva du trône avant d’ajouter.

« Concernant cette partit de chasse, ma réponse est identique, dite lui par contre, qu’il est cordialement inviter à venir battre le Malelande en ma compagnie. C’est une terre riche et foisonnante de vie que bien peut de dirigeant de Serramire ont accepté de visiter par le passé, ce serait donc un honneur pour moi de lui faire découvrir. Il va de soit que cela ne pourra ce faire qu’une fois que les troubles se seront apaisés. »

Il fit un signe de la main et ses deux énormes chiens de compagnie vinrent se placer à son coté, prêt à partir.

« Quand à vous messieurs, prenez le temps de vous reposez, une chambre vous sera alloué à chacun ainsi qu’un copieux repas. Il est temps pour moi maintenant d’aller rendre mon quotidien hommage à feu mon neveu. »

Le Comte d’Arétria ne dit mot de plus et se retira. L’entretient était terminé.
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 14:26

Les deux factotums s'inclinèrent devant leur hôte, lorsque se dernier prit congé. Ils s'orientèrent sur des chemins divergents, le clerc se hâtant de gagner le colombier du comte, pour informer son maître des nouvelles apprises ici, tandis que l'autre, moins pressé, et ne sachant de surcroit que maladroitement écrire, s'en alla flâner sur les remparts du château. Le lieutenant se souvint là des semaines où, chaque jour, il emmenait celui qui serait plus tard son marquis, mais n'était alors que le seigneur de Brochant, un seigneur captif, qui plus est, faire sa promenade sur les courtines de Castel Tolbioc.

Le soldat, triturant ses favorites pensivement, se figurait combien la situation serait plus aisée, pour le marquis. Après s'être trouvé contraint de négocier en son nom, il avait semblé au reître que la prochaine occasion se signerait pas un désastre. Ne devaient ils pas leur succès, tout relatif, à l'intervention ô combien bienvenue du seigneur de Wenden ? Heinrich préférait se garder des discours, et favorisait l'épée ; il pouvait bien fendre des crânes, mais se retrouvait démuni face aux intrigues. Si Aymeric avait été là, il les aurait, lui, bien mystifié ! Ce ne fut cependant pas la compagnie du marquis qu'obtint Heinrich, mais celle de Roderik, quand il l'aperçut à l'autre bout du rempart.

"Hola votre seigneurie ! s'écria-t-il, tout en réduisant de ses roides guiboles la distance qui séparait les hommes, avant, une fois arrivé face à son interlocuteur, de reprendre : je vous dois des remerciements. Sans vos mots tout à l'heure, sa Grandeur le comte semblait résolu d'éconduire nos offres." Si la chose semblait, à l'examen ultérieur, tenir plus du malentendu que d'une franche hostilité, Heinrich avait pour autant envisagé un instant de repartir porteur d'un refus sec, ou pire ? d'un incident diplomatique. La chose aurait fort déplu au marquis, qui cherchait plus que tout à faire revenir un peu de quiétude sur ses frontières.

Cédant à cette curiosité du béotien devant un prestidigitateur, le soldat lâcha finalement, dans un croassement qui trahissait sa gêne : "Que lui avez vous dit, pour qu'il change ainsi du tout au tout ?"

Revenir en haut Aller en bas
Roderik de Wenden
Ancien
Ancien
Roderik de Wenden


Nombre de messages : 1133
Âge : 33
Date d'inscription : 25/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  27 ans (né en 982)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeMar 13 Jan 2015 - 15:28


Se faire congratuler par le soldat qui, un instant plus tôt, lui avait paru si hostile, ne manqua pas de surprendre le jeune seigneur de Wenden. Mais peut-être le bon lieutenant Heinrich n'était-il, au fond, qu'un homme loyal et attaché à son devoir. Et les Wenden ont toujours eu un profond respect pour les officiers honnêtes.
Il s'amusa néanmoins de l'honneur qui lui était fait. Lui, Roderik, aurait par sa seule intervention conduit Alwin de Karlsburg à reconsidérer sa position ? Il n'avait pas ce pouvoir et, il en était certain, le comte n'avait eu aucune intention de froisser le marquis de Serramire. Mais c'était un homme rude comme le sont la plupart des arétans, et qui avait son caractère, sans pour autant être dénué de sagesse, loin de là.

- Allons, Lieutenant Heinrich, vous me donnez une importance que je n'ai pas, répondit-il aimablement, accompagnant ses propos d'un léger rire. Le comte Alwin n'a nul besoin de mon aide pour prendre de bonnes décisions, même si les hommes les plus sages ne négligent pas l'utilité d'un conseiller fidèle.

Ils marchèrent ensemble sur le rempart de la forteresse d'Arétria, contemplant du haut de celui-ci la ville qui s'étendait en contrebas, avec ses allées, ses places, ses solides bâtisses et, notamment, la grande église aux murs pourpres. Roderik ne répondit pas à la question du lieutenant ; pas immédiatement du moins. D'un ton léger, il poursuivait la conversation :

- Alwin de Karlsburg tient votre marquis en haute estime. Aymeric de Brochant est certainement l'homme qu'attendait Serramire, une terre qui n'a pas été épargnée par les innombrables calamités qui se sont abattues sur le royaume ces dix dernières années. Les guerres incessantes, la sécession d'Oësgard et d'Alonna... néanmoins, le marquisat se relève. C'est une bonne, une très bonne chose.

Son regard se perdit dans la contemplation du clocher de l'église. Il continua à parler, les yeux dans le vague, les cheveux dans le vent, comme s'il s'adressait plus à lui-même qu'au lieutenant.

- Notre regretté comte Wenceslas n'avait pas d'autre idée en tête lorsqu'il s'est joint à la campagne de reconquête conduite par Jérôme de Clairssac, et ce, sans demander quoi que ce soit en échange... il voulait un royaume uni. En paix. Hélas, trois fois hélas ! Qui sait où va le royaume, aujourd'hui. Et à qui la faute.

Il reporta finalement son regard sur Heinrich, comme s'il venait de se rappeler qu'il s'adressait à un simple lieutenant, et non un homme apte à saisir les subtilités de la politique.

- Mais je m'égare, pardonnez-moi. Ce brave père Bréguet est parti à la roukerie ? J'imagine que vous allez bientôt regagner Serramire. Nous pourrions faire le début de la route ensemble, je compte rentrer très prochainement à Wenden.
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeMar 9 Juin 2015 - 0:40

Le zélé compère aux truculentes favorites espérait un tuyau, une astuce que l'on serait venu lui susurrer au creux de ses oreilles cramoisies ; il fut entretenu d'un long propos, tenu coi à l'écoute de considérations qu'il n'avait guère anticipé. Perdant sa faconde à mesure qu'on lui serinait des doctrines auxquelles il ne savait répondre, le brave mais parfois un peu simple Heinrich ouvrait à qui mieux-mieux sa bouche, avant de la refermer tout de suite. Son interlocuteur louait-il Aymeric et la bien portance de ses fiefs ? "Comme c'est bel et bon !" s’apprêtait à exulter le lieutenant, avant de se remémorer, impavide, que son voisin d'en face revenait d'une chevauchée contraire aux intérêts de son maître - et nulle réponse d'émaner de sa gorge !

Se tenant désormais à l'attitude fruste mais simple d'un public attentif, Heinrich se lissa pensivement les favorites, tout en espérant que ce geste lui conférât un peu plus d'assurance. Il hochait de la tête pensivement, d'un air intéressé, tentant d'imprimer à sa face la marque d'une connivence intime avec le seigneur, quand il se bornait d'en mémoriser benoitement chacune des phrases, pour mieux les restituer au marquis. Au moins le rouage mémoriel, à défaut du mécanisme rhétorique, fonctionnait à merveille chez le soldat, et ce malgré cette cuisante - c'est le moins qu'on puisse dire - blessure à la caboche.

Craignant tel le jugement dernier une question fatidique, qui exposerait la sècheresse argumentative patentée du zélé Heinrich, ce dernier fut tout à son soulagement quand, avec la félicité toute scolaire d'un élève découvrant la simplicité de son examen, il entendit l'interrogation - fort aisée - du seigneur de Wenden. Ciel, voila une question que l'on ne peut point foirer, se dit le lieutenant avant de répondre tout de go : "Oui-da ! Quelle riche idée votre seigneurie !" lança-t-il, tout à sa brusquerie, avant de s'en aller quérir le prélat.

Quelques heures plus tard, c'était donc en compagnie de Roderik et de ses hommes que nos deux compères, pourvus de leur garde respective, prirent la route de Wenden. Si les premières lieues avaient été annonciatrices d'un voyage fort long, dont les intermèdes badins et météorologiques ponctuaient les silences mornes selon un rythme, aux yeux du Père Bréguet, trop espacé, il s'avéra qu'en cours de chemin, l’ecclésiastique, pourtant rompu à l'exercice des vœux de silence et à la vie fort calme du sacerdoce, rompit l'inaction. Se tournant vers son compagnon de voyage, dont il avait, pendant la semaines précédente de chevauchée, appris l'admiration pour son plus ancien suzerain, le clerc lança, l'air de ne pas y toucher, ces quelques mots : "Le saviez vous ? feu le comte Anseric descendait par sa mère de la maison de Viorel, mais par son père, il appartenait à une branche cadette de la dynastie séraphine. Amusant, n'est-ce pas ? S'il demeurait toujours en vie, Serramire et Arétria ne seraient seulement voisines, mais parentes et alliées."

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Roderik de Wenden
Ancien
Ancien
Roderik de Wenden


Nombre de messages : 1133
Âge : 33
Date d'inscription : 25/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  27 ans (né en 982)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeJeu 6 Aoû 2015 - 16:30


- Je le savais en effet, répondit Roderik d'un ton aimable. Il appréciait la compagnie du père Bréguet ; ce dernier devait avoir le don de mettre ses interlocuteurs en de bonnes dispositions, car il parvenait toujours, les dieux savent comment, à évoquer certains sujets sans qu'on puisse déceler chez lui la moindre arrière-pensée. Allez savoir ce que l'homme avait en tête ! Impossible, car sa bonhomie, feinte ou bien réelle, lui donnait un air parfaitement inoffensif. Et Roderik ne voyait dès lors aucun inconvénient à s'épancher sur un sujet qu'il évitait d'ordinaire. Cet état de fait a dû, à l'époque, inspirer de vives inquiétudes à Diantra. Pensez donc, un arétan conquérant Sainte-Berthilde, et lié par le sang à Serramire... qui n'aurait pas vu là les prémices d'un royaume du Nord ? Il n'est guère étonnant que l'Ivrey se soit précipité au secours de celle qui devint plus tard son épouse.

Son admiration pour feu le comte Anseric n'avait jamais été un secret. On aurait pu croire qu'un homme désormais aussi proche de la maison Karlsburg aurait préféré taire ses vieilles allégeances, mais le seigneur de Wenden en avait fait un atout. Lorsque Wenceslas de Karlsburg avait prit le comté, les derniers réfractaires à son autorité s'étaient laissés convaincre par Roderik, car ce dernier s'était mué en porte-drapeau de ceux qui se voulaient fidèles à la mémoire du comte déchu. Roderik, comme son père Ganelon, avait suivi Anseric jusqu'au bout, et sa loyauté lui avait même coûté temporairement ses terres. Si lui-même acceptait aujourd'hui de suivre la maison Karlsburg, alors tous les autres pouvaient, la tête haute, en faire autant, sans donner l'impression de salir la mémoire de leur ancien chef.

Il va sans dire que Roderik avait su marchander son allégeance. Il n'avait jamais éprouvé pour Wenceslas le respect qu'il avait eu pour Anseric, mais avait néanmoins respecté son serment. En retour, il tenait une place de choix dans l'échiquier politique arétan. Il observerait désormais la même ligne de conduite auprès d'Alwin de Karlsburg, ce dernier étant devenu le nouveau taulier. Tout de même, nous aurons connu trois comtes différents en fort peu de temps. Leur espérance de vie paraît bien courte.

- Je n'oublierais jamais le jour où mon père me l'a présenté, poursuivit-il, parlant toujours du comte Anseric. Peut-être l'avez-vous déjà rencontré vous-même. C'était un homme impressionnant. Il avait tout d'un véritable chef de guerre. Sans doute a-t-il commis une erreur en se lançant dans cette campagne... enfin, il y a vu une opportunité. Je n'ai pas à juger les décisions qui furent prises. Je gage que s'il vivait aujourd'hui, et se trouvait une nouvelle fois dans la même situation, il agirait de même. Comme tous les grands chefs fauchés trop tôt sur le chemin de la gloire, son principal tort est d'avoir perdu la guerre.
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeLun 17 Aoû 2015 - 17:27

*De perdre la guerre, oui, et d'être un boutefeu, un agitateur, un matamore! Les Dieux bénissent le jour qui l'a vu disparaître trainé par son cheval, ou je gage que dans l'année, il eut porté ses ostes sous nos murs, le croquant.* pensa non sans amertume le vieux père Bréguet, ce qu'il exprima d'un sibyllin "Naturellement, votre seigneurie. Je n’eus l'heur de rencontrer feu le comte, mais j'en reçus nombre d'échos, et oh! quels échos."

La belle affaire! Tant Marcus d'Adoran, les frères de Bastylle, que la dame d'Outremont s'étaient bien gardés de le côtoyer, ce beau diable. On avait regardé d'un œil lourd de méfiance les menées du drôle, depuis Serramire. Un ladre courant le royaume en criant à qui-de-droit son souhait de protéger les derniers séraphins, ce n'est guère le genre d'homme que l'on apprécie. À vrai dire, le marquis lui avait conté un soir le soulagement profond qu'il avait ressenti, en apprenant le trépas du chevalier au Goupillon. Car le mois suivant, c'était Clairssac et ses ostes qu'avait vu arriver Aymeric sous ses murs ; eut il été accompagné - ou pire ? secondant - d'un seigneur tenant sous sa main la Malelande, Sainte-Berthilde, et le pays du Ner, et Brochant eut pu dire adieu à ses prétentions ducales, et plier le genou devant un nouveau suzerain, c'était chose sûre.

De fait, il y avait un certain dérangement à louer le souvenir d'un homme qui, tout formidable qu'il avait été, serait devenu un ennemi terrible. "Il est étrange, se contenta d'avancer le père Bréguet pour prendre un recul, comme la fatalité semble frapper les grandes familles de ce royaume. Des ducs mes premiers maîtres, il ne reste que de lointains cousins, parmi lesquels le marquis est premier. Feu Anseric, lui aussi, était le dernier, et encore, par sa mère, de la vieille maison de Viorel. Hautvals, Mervals, Systolies et Soltariels... Celles qui ne sont point éteintes demeurent bien minces. Sans parler de notre Sire le Roy." Peut être était-ce le destin de toutes ces lignées, après tout ? Se défaire pour se refaire, les cadets devenant les ainés, et les cousins obscurs étant portés aux plus hauts titres. L’ecclésiastique, qui était entré au service de Serramire sous feu le duc Edgar, l'oncle de Merwyn le fol, avait pour autant une certaine tristesse à l'idée que des maisons pluriséculaires ne soient condamnées à uniquement exister dans les archives qu'il auxquelles il demeurait dédié.

"Je ne saurais que vous souhaiter de prendre à nouveau une épouse, votre seigneurie, et je prie que ce destin funeste ne guète à son tour votre maison, déjà si durement endeuillée." Le vieillard avait prononcé cela d'un ton pénétrant, emprunt d'une sollicitude véritable. Il en vint cependant à regretter ses paroles, se figurant Roderik interprétant celles-ci comme une proposition de mariage et d'alliance.

Revenir en haut Aller en bas
Roderik de Wenden
Ancien
Ancien
Roderik de Wenden


Nombre de messages : 1133
Âge : 33
Date d'inscription : 25/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  27 ans (né en 982)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeMer 26 Aoû 2015 - 23:34


Roderik prit le temps de réfléchir aux paroles du clerc. Le temps, il est vrai, était au déclin des vieilles familles. Nombre de dynasties pluriséculaires s'étaient peu à peu effacées pendant la dernière décennie. Elles payaient d'un lourd tribut les guerres incessantes qui secouaient la péninsule... et, peut-être aussi, l'audace de dynasties plus jeunes, conduites par d'ambitieux parvenus.

- Le temps est au changement, se contenta d'observer Roderik sans pour autant confier son sentiment. Il semble que nous vivions... une époque charnière, en quelque sorte. Les grands noms d'autrefois s'effacent peu à peu de nos mémoires, remplacés par d'autres. La lignée Fiiram est un exemple éloquent. Finalement, il n'est peut-être pas surprenant que le royaume se meure... le poids des traditions, le prestige des grandes lignées ancestrales en était le ciment, des rivages ydrilotes aux montagnes du Nord. Et aujourd'hui, qu'en reste-t-il ?

Un enfant-roi issu d'un lointain cousinage, et une régente méprisée et contestée. Roderik, qui gardait un souvenir amer de la campagne du Berthildois, n'éprouvait guère d'affection pour cette dernière ; cela étant, elle était régente, et il ne lui appartenait pas de se soucier des affaires de la royauté. Son serment à lui le liait au comte d'Arétria, et son devoir s'en tenait là. Quant à l'enfant-roi Bohémond, tout enfant qu'il fut, et si ténu fut son sang royal, il n'en était pas moins l'héritier d'une dynastie moribonde mais non éteinte. Sa légitimité n'était pas discutable.

Le conseil que lui donna le vieillard, si avisé fut-il, ne manqua pas de pousser Roderik à s'interroger. Était-ce innocemment qu'il avait introduit la discussion sur le déclin des vieilles dynasties ? Pour mieux pouvoir embrayer ensuite sur cette affaire de mariage ? Allons, cela n'a aucun sens. S'il était venu à Arétria pour proposer une quelconque alliance maritale, ce ne serait que sur ordre de Brochant. Et Brochant, d'une part, ne me connaît guère, d'autre part, ne pouvait savoir que je me trouverais là-bas. D'ailleurs, il n'est pas venu à la demande du marquis, mais de la marquise... on pourrait toujours douter de ses paroles, mais Brochant est sur le front à l'heure actuelle.

- Il est vrai que j'ai assez longtemps porté le deuil, mon père, et peut-être devrais-je songer sérieusement à assurer la pérennité de ma propre famille. Le temps me manque, malheureusement, alors que les soucis, eux, ne manquent pas.

Sa volonté de tirer le meilleur parti possible d'un éventuel mariage n'aidait pas à accélérer les choses, il est vrai. Il ne pouvait se résigner à s'unir à la première venue. Cela dit, si je meurs au combat, il sera toujours trop tard pour chercher à bien me pourvoir. Mais après tout, puisque je serais mort, aurais-je vraiment à regretter que Wenden ne tombe entre les mains d'une branche cousine ?

Il n'avait pas manqué de remarquer, toutefois, que le vieil homme s'était admirablement bien renseigné à son sujet. Assez pour savoir, non seulement qu'il n'était pas marié, mais qui plus est, qu'il était veuf. Et il devait vraisemblablement savoir aussi que Roderik avait eu un fils, décédé dans de tragiques circonstances, tout comme son épouse. Dès lors la sollicitude du père Bréguet, derrière toute sa bonhomie et sa prolixité désintéressée, éveilla l'attention du jeune seigneur de Wenden ; le vieillard était aussi curieux que discret, deux qualités essentielles qu'on pouvait attendre d'un espion. Et bien qu'il puisse être venu en toute bonne foi, sans intention autre que celle qu'il avait énoncée au comte, il devait être de ceux qui, en causant innocemment, entendent beaucoup et retiennent tout.

Roderik résolut, dès lors, de prendre garde à ce qu'il dirait. Mais peut-être en avait-il déjà beaucoup dit.

- Mais parlez-moi un peu de votre maître, Père Bréguet. Bien que j'aie le privilège d'être le plus proche voisin du marquisat de Serramire, je ne sais d'Aymeric de Brochant que ce qu'on a bien voulu m'en dire, et c'est encore bien peu. Le serviez-vous déjà avant son ascension ?

La question, formulée l'air de rien avec une fausse naïveté qui n'avait rien à envier à celle du Père Bréguet, n'était pas innocente, loin de là. La réponse permettrait au seigneur de Wenden de connaître le degré de proximité qu'entretenait le père Bréguet avec le nouvel homme fort de Serramire.
Revenir en haut Aller en bas
Aymeric de Brochant
Humain
Aymeric de Brochant


Nombre de messages : 714
Âge : 32
Date d'inscription : 22/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 35 ans
Taille
: 6 pieds
Niveau Magique : Non-Initié.
Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitimeSam 5 Sep 2015 - 12:46

L'interrogation de Roderik plongea son interlocuteur dans un abîme de nostalgie. Il était entré au service du duc à l'âge de seize ans, et faisait pour ainsi dire partie des meubles. Que pouvait il bien dire de son maître actuel ? Il en avait vu tant. Tous n'avaient pas témoigné la même attention à son égard, d'aucun se contentant de laisser au placard la vieillerie qu'il était. Mais qu'importe : il devait aux ducs - et aux désormais marquis - d'avoir mené une vie confortable dans l'un des plus grande cour du royaume, vie à laquelle sa naissance ne le prédestinait pourtant pas.

"Non pas, votre seigneurie, car je suis entré au service de la maison de Serramire il y a fort longtemps. C'est le duc Édouard qui m'admit au château, j'étais alors plus jeune que vous."

Combien de ducs et de marquis s'étaient succédé depuis ? On avait envoyé le fils du duc, pris de délires, dans les ordres d'Arcam, et c'était le cousin de celui-ci, le triste Merwyn le Fol, qui avait hérité du fief. Après la rébellion, on avait vu la régence de Marcus d'Adoran, puis l'arrivée d'Anselme de Bastylle. La chose avait ouvert la porte à une succession de dynasties. Nombre avaient tenté leur chance : Bastylle, Avaugour, Lourmel, et le dernier en date, Brochant, naturellement. À plusieurs reprises, le père Bréguet s'était demandé si le même destin attendrait Aymeric, dans sa tentative d'installer une nouvelle lignée ducale. À l'évidence, il n'était pas aisé de remplacer une dynastie pluriséculaire.

"Mon maître le marquis est un homme bon et vertueux, votre seigneurie. Il a su se montrer généreux à mon endroit, en faisant de moi son chapelain."

Que dire au sujet d'Aymeric ? Que le zèle dont il faisait preuve était un cache-sexe à son désir de revanche ? Que sa rectitude masquait une appétence profonde pour le pouvoir ? On pouvait causer tant et plus de ce personnage, mais le père Bréguet aurait été bien mal inspiré d'en brosser un portrait peu reluisant. À la vérité, lui et son maître partageaient ce goût pour l'intrigue, que les années de cour et de conspiration savent si bien forger. En cela, l’ecclésiastique se félicitait d'avoir trouvé un maître qui ne le reléguât pas aux archives, comme cela avait été le cas avec tant d'autres. Sous ses traits d'auguste grand-père, Bréguet cachait la nature d'un homme cauteleux. Mieux encore! cet esprit de cautèle n'habitait que mieux son apparence débile. Cette duplicité aussi se retrouvait chez les marquis, qui revêtait plus que tout autre les atours de preux, pour camoufler l'intriguant. Ce point commun faisait que les deux hommes s'entendaient comme larron en foire.

"Son excellence, disais-je, est très attaché à la vertu. De bien mauvaises gens ont fait subir à sa maison de lourds griefs, et il a juré de ne point trouver le repos, tant que son bon droit aurait été rétabli. Il a été spolié, comme vous par le passé, de nombre bien qui lui revenaient, aussi c'est un homme résolu dans son désir de justice. En cela Nééra est équitable, car elle envoie sur cette terre les mauvaises gens, les usurpateurs et les ambitieux, mais aussi les hommes de vertu et de droiture, comme vous et mon maître, pour tenir en échec les premier."

Il en aurait eut la larme à l’œil. Qu'importe que la flatterie soit éhontée!

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Une étape plus loin Empty
MessageSujet: Re: Une étape plus loin   Une étape plus loin I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Une étape plus loin
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Première étape
» Meca, premiere étape (PV: Lund)
» Une étape dans sa destinée | Gildric
» Réapprendre à vivre, une étape à la fois
» Mission sauvetage, étape 3 (pv Ange)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Marquisat de Sainte Berthilde :: Comté d'Arétria-
Sauter vers: