-23%
Le deal à ne pas rater :
EVGA SuperNOVA 650 G6 – Alimentation PC 100% modulaire 650W, 80+ ...
77.91 € 100.91 €
Voir le deal

 

 La Galéasse de Thaar

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Enrico di Montecale
Ancien
Ancien
Enrico di Montecale


Nombre de messages : 430
Âge : 27
Date d'inscription : 10/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 40 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
La Galéasse de Thaar Empty
MessageSujet: La Galéasse de Thaar   La Galéasse de Thaar I_icon_minitimeVen 8 Mai 2015 - 21:05

La Galéasse de Thaar

Seconde moitié de la sixième ennéade de Bàrkios


Piezarre "Pisard" Montecale


Depuis qu'ils avaient bâti Fort-Méliane, les Langecins n'avaient eu qu'une seule idée en tête; réfléchir à un moyen de prendre cette satanée île de Nelen. Les officiers du Trait et le capitaine Pisard avaient tenu de longs conseils afin de trouver une solution envisageable. Néanmoins, ce ne fut pas d'un trait d'esprit qu'ils parvinrent à établir un plan, mais grâce à deux interrogatoires. Le premier fut, somme toute, relativement aisé, puisqu'il s'était agi d'une conversation avec l'un des marchands "capturés" au comptoir scylléen. Cet homme, un Thaari au physique de rapace, avait passé un contrat il y a peu de temps avec les Nélénois. Les deux mille soldats de Scylla stationnés dans un fort sur l'île étaient ravitaillés par des galéasses venues de Thaar. Or, ce qui était louche, c'était le contenu de ces caisses de vivres; de la nourriture avariée. Les officiers de Langehack avaient avancé l'idée que Scylla ne pouvait plus donner une alimentation correcte à ses soldats, mais la proposition fut vite rejetée; la Principauté était riche, alors pourquoi envoyer de quoi rendre ses militaires malades comme des chiens, à la veille d'un siège? Il y avait quelque chose d'autre, quelque chose qui leur échappait.

Alors, ce fut au tour de la seconde interrogation, nettement moins joyeuse, à savoir celle des prisonniers de la bataille navale. Même sous la menace, ils continuaient d'affirmer qu'il y avait bien deux mille guerriers stationnés dans le fort, bien qu'ils ne soient pas ressortis depuis. Les suppliciés semblaient convaincus, car ils n'en démordirent à aucun moment. Comme ils semblaient tous dire la même chose alors qu'ils étaient questionnés individuellement, les mercenaires du Trait ne jugèrent pas nécessaire de passer par la torture. Là encore, de nouvelles informations étaient arrivées aux oreilles de Pisard et de Helmond. Ils se réunirent avec Gerwald durant la nuit, et discutèrent tout du long sur l'interprétation de ces renseignements. Finalement, au lever du jour, ils étaient sortis en souriant et en levant un regard déterminé sur le caillou qui leur faisait défaut...

"Quelle bandé dé menteurs. Ils nous auront bien roulés dans la farine. Ces deux mille hommes, c'est du chiqué!"

Les trois officiers en étaient venus à la conclusion que, en effet, il n'y avait jamais eu autant d'hommes dans le fort scylléen. La nourriture pourrie acheminée par bateau n'était qu'un leurre servant aussi bien à décourager toute attaque qu'à rassurer la population de l'île. Il n'y avait pas plus de Scylléens sur Nelen que de Nains en Anaëh, ou en tout cas, beaucoup moins que prévu. Ils avaient donc convenu d'un plan qui, ils l'espéraient, fonctionnerait comme sur des roulettes. Ils prièrent les Cinq, et se préparèrent à une action fracassante qui, ils l'espéraient, leur permettrait de prendre la ville avec le moins de perte possible.





Gerwald


Le lieutenant Gerwald avait embarqué dans la galéasse provenant de Thaar, accompagné de dix hommes du Trait triés sur le volet. La crème de la crème, les soudards les plus performant du fort bâti sur Achid Kamil. Entassés dans des caisses, ils faisaient voyage vers Port-Cinglant, se faisant passer pour la nourriture infâe envoyée sur Nelen. L'odeur régnant sur la bateau était ignoble, et beaucoup de marins avaient placé un foulard sur leur visage. Malheureusement, les dix valeureux infiltrés n'avaient pas cette chance.

"Lieut'nant..."

"Quoi?"

"J'veux sortir, ça pue trop!"

"On s'en fout si ça pue! Bouche-toi le nez et ferme-la! On devrait bientôt arriver au port."

Le soldat soupira dans sa caisse, et Gerwald semblait avoir raison; le bateau sembla s'arrêter, et les marins dessus s'activèrent. Ils étaient dans la combine, étant donné que le marchand les employant s'était rangé du côté langecin après l'attaque du comptoir. Les dockers se mettaient à décharger la galéasse, portant les caisses dans lesquels les soldats du Trait s'étaient cachés. Bien évidemment, il y avait aussi des caisses de patates pourries, des légumes avariés, et des barriques d'eau croupie. Le tout était acheminé dans le port, afin d'être livré par après au fort scylléen...

[Thème d'ambiance]

Leur présence ne fut apparemment pas remarquée, car les dockers, bien qu'ils aient eu du mal pour certaines caisses, ne semblèrent pas se douter de quoi que ce soit. En silence, les dix hommes attendirent, entendant les pas s'éloigner, et le silence retomber, seulement dérangé par le roulis des vagues et les cris des mouettes. Une longue attente en perspective, et ce dans la plus inconfortable position au monde, arracha un petit soupir à Gerwald. Il s'était porté volontaire pour cette mission risquée, et c'était sûrement la dernière fois qu'il se mettait dans une situation pareille! Une fois rentré, peut-être demanderait-il une promotion. Mais avant d'envisager cela, un bain s'imposerait sans nul doute. Ainsi, la journée s'écoula, longuement, et cet interlude sembla si long qu'il faillit faire perdre toute notion du temps au lieutenant du Trait et à ses hommes courageux. Néanmoins, à travers une planche de la caisse, il observa la luminosité baisser de plus en plus... jusqu'à devenir noire d'encre.

A la faveur de la nuit, le groupe infiltré s'extirpa avec précaution de leur prison de bois, s'étirant et se dégourdissant un peu les membres. Franchement, si cela n'avait tenu qu'à eux, ils auraient pris des cercueils... bien que des caisses de ce genre pour transporter la nourriture aurait été plutôt peu crédible. Sur ces considérations sans importance, Gerwald et ses soldats se mirent en marche, furtivement. Les soudards du Trait étaient spécialement entraînés pour la guérilla, le déploiement en milieu urbain. Et tous les stratagèmes étaient bon pour ne pas se faire repérer. L'obscurité, leur meilleure alliée, leur conférait beaucoup de zones d'ombre où se cacher, afin d'éviter une éventuelle patrouille. Evoluant dans le silence le plus complet, ils se dirigèrent vers la palissade de bois érigée face à la jungle. A l'ombre d'un bâtiment ressemblant à une taverne, ils s'arrêtèrent et attendirent le signal. Une dizaine de minutes s'écoula avant d'entendre ce dernier...

Un immense bruit de pierre qui éclate résonna dans les airs, déclenchant quelques cris ça et là dans la ville. La diversion était en place. Deux navires armés de catapultes étaient au port, tirant sur la muraille. Tout de suite, de nombreux gardes convergèrent en cet endroit, délaissant parfois leurs postes. Ce fut le cas de deux des cinq hommes gardant la porte, allant s'enquérir de cette menace au port. Après les avoir laissés passer, les dix Langecins se dirigèrent vers le reste de la garde, trois hommes aux abois. Ils devraient les affronter au contact, peut-être crieraient-ils, mais dans la cohue, tout le monde serait focalisé sur le fracas des pierres lancées contre la muraille portuaire. Alors, sans crier gare, les soudards du trait se lancèrent à l'assaut des trois Nélénois postés à la porte. Ces derniers furent tout de même surpris de voir devant eux une dizaine d'ennemis, et engagèrent les hostilités avec l'énergie du désespoir. L'un d'eux fut atteint à l'abdomen par un couteau de lancer, et s'effondra en lâchant son arme. Un autre en reçut un à l'épaule, mais parvint tout de même au contact, lacérant le poitrail de son assaillant, qui lâcha un cri d'agonie. Seul contre neuf Langecins experts dans le combat de rue, le dernier garde fut littéralement taillé en pièce.

Un seul mort à déplorer. Gerwald sourit. Cela s'était mieux passé que prévu. Le brave Mordalfus ne serait pas oublié, mais... le plan devait se poursuivre! Arrivés sur le petit chemin de ronde de la palissade, la petite dizaine de mercenaires ouvrirent les battants de la porte. Leur lieutenant, quant à lui, se saisit d'une torche et l'alluma. La levant bien en l'air, il l'agita au-dessus de lui.

Le signal était lancé. Déjà, devant lui, d'autres torches s'allumaient, comme des dizaines de feux follets apparaissant dans la pénombre crépusculaire. Avec un sourire triomphant sur le visage, Gerwald se dit qu'il pourrait appeler ça le coup de la "Galéasse de Thaar". Une expression qui traverserait peut-être les âges, s'il avait de la chance...


Dernière édition par Enrico di Montecale le Sam 15 Oct 2016 - 22:21, édité 4 fois
Revenir en haut Aller en bas
Oschide d'Anoszia
Humain
Oschide d'Anoszia


Nombre de messages : 477
Âge : 32
Date d'inscription : 10/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  29 (Mort)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
La Galéasse de Thaar Empty
MessageSujet: Re: La Galéasse de Thaar   La Galéasse de Thaar I_icon_minitimeVen 8 Mai 2015 - 21:09


Helmond
Helmond se tenait auprès de ses hommes et attendait dans l’obscurité le moindre signe provenant de la cité presque endormie. Il se remémorait le cheminement qui les avait conduits à cet endroit précisément et il devait avouer qu’il n’aurait jamais pu imaginer un tel plan. Pourtant, les marchands de Thaar avaient parlé, bien mieux que les quelques prisonniers qu’ils avaient faits lors de la bataille navale. Cette fois, ils étaient sûrs, leur heure était arrivée. Il repensa ainsi brièvement aux dix hommes du Trait que le lieutenant Gerwald avait emmené avec lui. Ils s’étaient cachés dans des tonneaux et avaient pris la direction de Nelen. Ces hommes avaient un courage mêlé à de la folie pure et dure, il ne pouvait y avoir que des cinglés pour accepter une telle mission, se dit-il pendant que tous les hommes se préparer derrière lui.

Toujours dans le silence le plus complet, les Ydrilotes se trouvaient sur leur côté, et la compagnie sans nom de l’autre. Ils avaient laissé à Fort-Méliane et au comptoir des hommes du Trait et quelques Aigles rouges qui avaient préféré rester auprès de leur capitaine toujours inconsciente. Pisard, le frère de l’amiral se trouvait à la tête d’une vingtaine d’hommes appartenant au duché, son escorte personnelle si l’on pouvait dire.

Tous, les regards braqués sur la longue muraille faite de bois, ils attendaient coûte que coûte que le signal soit donné. L’excitation pouvait se voir dans leurs yeux, ils avaient attendu ce moment depuis tellement de temps… Helmond revint alors sur leur débarquement fait un peu plus en amont sur la plage. Les renseignements accumulés depuis leur arrivée leur avait permis de croître leur connaissance du terrain et une plage en particulière avait constitué le parfait endroit pour débarquer sans éveiller le moindre doute de la part des sentinelles. Ils avaient ainsi marché sur quelques lieux, en prenant toujours soin de ne pas s’enfoncer dans la jungle mortelle, et était resté en lisière. Cela avait été un véritable défi de faire crapahuter huit centaines d’hommes sur cette distance. Mais ils y étaient finalement parvenus et se trouvaient dorénavant prêt à se mettre en marche.

Tout d’un coup, il entendit le bruit de quelques fracas provenant de la cité. Ce n’était pas les hommes du Trait à en juger par la violence des coups, mais ce devait être les navires qui s’étaient chargé de catapulter leur charge enflammée dans le port, du côté de la muraille en pierre, celle qu’ils avaient voulu éviter à tout prix. Le capitaine Callisto, qu’il avait déjà rencontré à Langehack lorsqu’ils avaient été recrutés pour partir dans le Comté d’Ydril. Celui-ci avait eu la charge de diriger les quelques vaisseaux à la bonne distance pour exécuter leurs tâches. Avec la chaîne qui devait être posée à l’entrée du port, Nelen mettrait un certain temps avant de pouvoir riposter. Mais avec la défaite qui leur avait été infligée quelques ennéades auparavant, il paraissait peu certain que d’autres navires puissent servir à la contre-attaque. Au moins, Callisto était surement un de ces marins expérimentés qui saurait s’en sortir dans n’importe quelle situation, à l’image du nouvel amiral de Langehack.

Alors qu’il était concentré sur le bruit du chaos qui devait avoir lieu dans le port, un de ces hommes vint le trouver.

-Lieutenant ! C’est le signal, là-bas ! La porte est ouverte !

Aussitôt, Helmond esquissa un large sourire.

-Épargnez les femmes et les enfants ! Ou tuez-les s’ils vous résistent ! Pour les hommes, faites des prisonniers ! Pour la garde, PAS DE QUARTIER !

Tout d’un coup, une masse d’hommes en arme se mirent à courir en direction de la cité. Après une centaine de mètres, les premiers finirent par passer la faible porte en bois si vaillamment ouverte par les hommes du Trait. Une fois que tout le monde fut entré, Helmond lâcha ses hommes pour faire ce qu’ils connaissaient le mieux, le combat de rue. Cette fois-ci, ils n’étaient plus sur mer, mais bien dans leur principal élément, ce pourquoi on les avait envoyés là. En peu de temps, les mercenaires et les ydrilotes finirent par recouvrir une large partie de la ville. Helmond quant à lui, se trouvait auprès de Pisard. Les deux hommes marchaient avec une allure déterminée, entourés d’une vingtaine d’hommes chacun. Ils se dirigèrent ainsi vers la demeure du gouverneur en traversant les ruelles où les échos des combats résonnaient. Voyant le chemin qui menait au palais du gouverneur, Helmond fit une halte afin de s’entretenir avec les hommes qui l’entouraient, dont le jeune Pisard. Mais avant, trois hommes au visage recouvert de suie, avec quelques entailles, se présentèrent à lui.

-Lieut’nant, il y a de la résistance au port.

-Normal, ils nous attendaient là-bas. Helmond se tourna vers Pisard. Obtenez la reddition de la cité, je m’occupe du port.

Le lieutenant du Trait retrouva ainsi les hommes qui s’acharnaient à prendre le dessus sur la muraille en pierre. Heureusement pour eux, ils se trouvaient du bon côté. Il n’aurait pas parié grand-chose sur la probabilité d’une victoire via un débarquement au port et sur l’assaut des murailles. Mais là, ils n’avaient qu’à gravir les escaliers. Arrivé dans la masse d’hommes qui attendaient en bas de ces escaliers, il apercevait les vaillants défenseurs tenant leur poste jusqu’au bout. Une vingtaine de leurs hommes était tombée, mais cela était dérisoire par rapport à l’effectif qu’il restait.

Coupés de leur commandement, ces défenseurs se battaient plus pour l’honneur que pour sauver leur cité. Mais Helmond ne retint qu’une seule chose, ils étaient trop isolés et un certain nombre ne devait avoir qu’une seule envie : se rendre.

De toute sa hauteur et prestance, Helmond s’avança à visage découvert, même si certains de ses hommes haussèrent leurs boucliers au-dessus de lui pour parer n’importe quel carreau ou pierre.

-La ville est tombée, rendez-vous ou mourrez !

Dans tous les cas, ils mourraient, ce n’était plus qu’une question de temps, tout de suite ou au petit matin pendu à des poutres.
Revenir en haut Aller en bas
Enrico di Montecale
Ancien
Ancien
Enrico di Montecale


Nombre de messages : 430
Âge : 27
Date d'inscription : 10/04/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 40 ans
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
La Galéasse de Thaar Empty
MessageSujet: Re: La Galéasse de Thaar   La Galéasse de Thaar I_icon_minitimeMar 19 Mai 2015 - 17:57

Piezarre "Pisard" Montecale



La bourgade allait céder. Alors que le capitaine Pisard montait une petite sente sinueuse menant à la maison du gouverneur, il embrassa du regard le port en contrebas, où quelques échauffourées avaient encore lieu. Les mercenaires du Trait et de la Compagnie Sans Nom donnaient la mort à ces pauvres miliciens qui, pour certains, s'accrochaient encore à l'espoir de voir arriver les renforts scylléens. Malheureusement pour eux, ces hommes n'étaient qu'une rumeur, un calcul militaire. Les voilà, seuls, face aux Langecins, livrés à eux-mêmes et abandonnés de tous... Non loin de là, dans les quartiers en retrait du port, de petits groupes de "chasse" sillonnaient les ruelles à la recherche d'éventuels fuyards ou de résistants écervelés. Fort heureusement, Port-Cinglant semblait à bout de souffle et souhaitait sûrement se rendre sans condition. C'était le rôle de Piezarre; obtenir la reddition de Nelen des mains du gouverneur en personne. Un acte semblant inutile, mais qui pouvait légitimer les envahisseurs auprès de la population. Montrer qu'ils n'étaient pas des barbares assoiffés de sang, malgré les quelques mercenaires d'humeur paillarde ou violente qui ne se priveront sûrement pas de viols ou autres exactions. Mais tels étaient les aléas de la guerre, toujours la même partout où qu'elle se déroule. Il n'est nul conflit propre et net, alors pourquoi se ronger de remords?

Sur le sentier de la victoire, Pisard était accompagné de vingt hommes. Il avançait d'un pas décidé en direction du manoir, et ils n'avaient jusque-là rencontré que deux gardes qui avaient préféré fuir plutôt que de les affronter. Ce que son frère avait commencé, Piezarre l'avait achevé. Ils étaient les deux faces d'une même pièce; les Montecale. De grand, la famille n'avait que la taille, et elle était fort peu reconnue. Mais grâce à leurs efforts conjugués, les deux suderons pouvaient espérer d'améliorer son sort, et sa réputation. Car nul sacrifice n'est plus beau que celui fait à sa famille. Et le capitaine repensait à tout cela, se dirigeant vers la grande bâtisse du gouverneur nélénois. La porte était fermée, et pas un garde ne stationnait devant. Avec un sourire, le Soltar fit signe à ses soldats d'ouvrir la porte pour le laisser passer. Autant soigner son entrée...

Les battants s'ouvrirent à la volée, laissant pénétrer à l'intérieur du hall le capitaine Pisard, suivi de près par ses hommes disposés en deux rangs. Fanfaronnant dans la salle, le frère de l'amiral langecin observa tous les recoins de celle-ci. Des meubles manquaient, et certains objets étaient renversés et à terre, une conséquence de la lâcheté de la noblesse de cette satanée île. Ces rats avaient fui, et avaient emporté ce qu'ils pouvaient avec eux. Et pourtant, une ombre se dessina dans le fond du hall, une silhouette de petite stature. Il s'avança péniblement en direction de la lumière des torches, les lieux étant emplis par l'obscurité nocturne. A la lueur des flammes, un vieillard apparu, traînant un long manteau sur ses frêles épaules. Une grande barbe lui mangeait le visage, aussi terne et usée que son âge lui permettait. Ses yeux fatigués étaient fixés sur Piezarre, qui avait ordonné à ses hommes de rengainer leurs armes. Le vieux bougre semblait inoffensif.

"Où est lé gouvérneur, vieil homme?"

"Parti, et vous le savez. Ne posez pas de question inutile... Je suis Jarvis, l'intendant de sir Balthazar de Papincourt, ancien gouverneur de Nelen. Vous désirez?"

Le ton employé par l'ancêtre était assez insolent. Mais le Soltar s'en accommoda parfaitement, répliquant avec un sourire:

Vous lé savez. Né posez pas dé quéstion inutile!"

Les gardes personnels de Piezarre gloussèrent un moment, avant que ce dernier ne continue de parler:

"Jé suis lé capitaine Pisard Montecale, réprésentant du Duché dé Langehack. Jé souhaite, aux noms du Duc d'Anoszia et dé la Duchesse dé Lancrais, obténir la réddition sans condition dé l'île dé Nelen, ainsi que lé démantélément complét dé tout corps d'armée encore dans lé bourg. Tout les miliciens séront considérés comme des prisonniers dé guerre, et touté résistance séra balayée avec éxtrême durété. NOUS sommes les nouveaux maîtres ici. Vos chéfs sont partis, et nous allons les remplacer sans plus attendre. Comme lé dernier réprésentant de l'ancien pouvoir c'est vous, hé bien... C'est à vous dé trancher, intendant."

Le vénérable se gratta la barbe, soupirant de dépit. Sa main gauche se crispa sur sa canne, alors que l'autre trifouillait dans sa barbe. Enfin, il se résigna à répondre:

"Vous avez malheureusement raison, messire. Je n'ai pas grand-chose d'autre à faire que cela. De toute façon, mon maître m'a laissé ici parce que j'étais trop vieux. Si vous promettez de ne pas porter atteinte à la population, alors je vous remets les rennes de Port-Cinglant et, par ce biais, de Nelen. Voyons, du matériel d'écriture..."

Alors que le vieillard s'en allait chercher quelque chose, à pas lents et résignés, Piezarre exultait. Il mit une main sur l'épaule d'Ivan, l'un de ses hommes, et lui clama haut et fort:

"Va, Ivan! Va dire aux Langécins qué Nelen est tombée! Et qu'ils peuvent féstoyer, car ils en sont les nouveaux maîtres!"

Hochant la tête, le guerrier sortit du manoir au pas de course, impatient d'être en vue du port et des mercenaires de Langehack livrant bataille dessus. Cependant, lorsqu'il les vit, ils n'étaient pas en train de se battre. Les miliciens s'étaient rendus, et nombre d'entre eux étaient déjà entravés. Fier comme un caban, il mit ses mains en porte-voix, puis hurla à l'adresse de ses camarades d'en-bas:

"Nelen est langecine! Nelen est langecine! On a gagné!"

Et comme un seul homme, les torches se levèrent toutes ensembles, et un cri de victoire titanesque résonna dans la ville, provoquant sûrement un écho sur toute l'île. La nuit promettait d'être longue, mais elle promettait surtout d'être bonne!

Ainsi fut prise Nelen.


Dernière édition par Enrico di Montecale le Jeu 12 Mai 2016 - 18:49, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Oschide d'Anoszia
Humain
Oschide d'Anoszia


Nombre de messages : 477
Âge : 32
Date d'inscription : 10/02/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  29 (Mort)
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié.
La Galéasse de Thaar Empty
MessageSujet: Re: La Galéasse de Thaar   La Galéasse de Thaar I_icon_minitimeMer 20 Mai 2015 - 6:49


Helmond
Le jour s’était levé sur Port-Cinglant. Peu d’entre eux ne s’étaient reposés, mais ils auraient toute leur mort pour le faire. Aujourd’hui était le leur, ils avaient accompli leurs objectifs, voilà ce qu’il fallait retenir. Helmond le savait et savourait l’instant. Devant lui, une vingtaine de nélenois attendaient la sentence. Ces hommes avaient été les derniers trouble-fêtes, ceux qui ne s’étaient pas rendus comme il leur avait été sagement conseillé de faire. Soit, ces braves serviraient d’exemples et quel exemple ! Cela lui avait coûté la vie de compagnons qu’il connaissait de longue date, leur mort presque devenue inutile depuis l’annonce de la reddition de la ville lui avait laissé un goût amer et sa colère n’aurait d’égale que sa vengeance.

Ainsi, depuis les premières lueurs du jour, les pendaisons s’enchaînaient une après une. Cela servirait d’avertissement pour tous les potentiels dissidents. Une fois que le spectacle macabre se termina, on coupa les têtes qu’on mit sur des piques. Elles avaient été mises sur les créneaux donnant sur le port de façon à ce que les navires puissent les apercevoir. Helmond ordonna alors que les corps soient mis dans les cales d’un navire s’apprêtant à reprendre la mer pour le Soltaar. Peu importe sa destination, le message serait là et s’il leur venait l’idée de venir récupérer les îles, eux seraient prêts pour les accueillir avec l’hospitalité langecines.

Une fuste était déjà partie annoncer la nouvelle à Langehack et peut-être même que le nouveau duc viendrait contempler cette réussite. En tout cas, Helmond était fier et sentait déjà la promotion arriver. Lui qui avait toujours voulu voir plus loin et plus grand, l’occasion était à sa portée. Mais il ne serait certainement pas le seul, le frère de l’amiral serait lui aussi récompensé pour ses actes, ainsi que tous les hommes présents. Seulement, Helmond n’oublia que la paix était encore loin d’être de rigueur et qu’une pléthore de choses restée à faire. Pour cette raison, il organisa un conseil avec les officiers et le gouverneur provisoire qui n’était autre que Pisard de Montecale.

Tous rassemblés dans la grande salle du Fort de Port-Cinglant, une dizaine d’hommes étaient présents. Certains parlaient déjà d’un débarquement dans le Soltaar, d’autres annonçaient les mesures urgentes à prendre quant à la nouvelle acquisition de la ville.

-Un navire est parti ce matin-même afin de prévenir Langehack au plus tôt. En absence de nouveaux ordres, nous nous en tiendrons à la défense et à la consolidation de la ville. Il regarda les officiers un à un. Prévenez Fort-Méliane et le comptoir que nous avons la ville, faites rapatrier les blessés ici. En ce qui concerne la gestion de la ville, faites passer le message à la population qu’en cas de protestation, d’assassinat ou bien même d’insulte, nous n’hésiterons pas à rajouter leurs têtes pour accompagner celles qui se trouvent déjà sur les créneaux.

Suite à cela, tous les prisonniers iront travailler dans les mines pour l’extraction des diamants. Mes hommes se relaieront pour assurer l’encadrement.


Il marqua une petite pause.

En tout cas, messieurs. Nous avons réussi nos objectifs. A nous maintenant de conserver les acquis. Qu’en dites-vous capitaine Montecale ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





La Galéasse de Thaar Empty
MessageSujet: Re: La Galéasse de Thaar   La Galéasse de Thaar I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
La Galéasse de Thaar
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Thaar, ô Thaar, prends cette épée à servir [Mara]
» [Principautés de Thaar] Description : Cité de Thaar
» [THAAR] Les Terrasses de Thaar
» [THAAR] Les Lanternes de Thaar
» Thaar

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Terres royales :: Domaine de Nelen-
Sauter vers: