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 Plouf | RP privé

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Andréa Mancini
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Andréa Mancini


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MessageSujet: Plouf | RP privé   Plouf | RP privé I_icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 23:38

Une tête sombre jaillit de la fenêtre gauche du carrosse.

Tout de même, n'auriez-vous donc pas pu l'assommer avant ? On croirait un banc de poisson donc un lac trop petit.

Le brouillard qui accompagnait traditionnellement la marée haute n'avait pas manqué son rendez-vous habituel. On se serait cru dans un charmant village portuaire, car on n'y voyait pas à dix mètres. Les stucs, les moulures et les ors des bâtiments à à peine trois cent mètres n'existaient plus vraiment. Il y avait un entrepôt, quelques caisses et un carrosse. C'était un carrosse noir, avec deux chevaux pommelés. On ne peut pas dire que c'était tout à fait habituel, dans les bas-quartiers.

Devant le carrosse, il y avait une espèce de vague bande de quatre ou cinq silhouettes indistinctes. En s'approchant, on aurait pu distinguer des écumeurs de taverne à la gueule marquée de bleu et de noir par l'usure du temps. Ils portaient des tenues typiques de marins, déchirées et rapiécées par ci par là, où on lisait le menu de la semaine, teintées par la bière et les alcools distillés avec le temps. L'un d'entre eux portait un genre de grand feutre comme mangé par les mites et une espèce de sabre de fabrication de toute évidence douteuse pendait à sa ceinture. Il regardait la figure noire, comme une sphère ouverte sur le néant, qui avait jailli par la fenêtre mordorée de l'élégant carrosse. Et, de toute évidence, il n'en menait pas vraiment large.

Il jeta un regard coupable aux gros bouillons qui agitaient le bassin, auparavant lisse comme l'huile. La grosse voix, un peu hésitante, émergea difficilement des lèvres du chef de la bande.


C'était à dire, M'sieur, qu'il était pas tout à fait d'accord, si vous voyions c'que j'veux dire.

La figure sobre s'immobilisa dans un silence d'une hostilité manifeste. Le chef de bande se tortilla légèrement, discrètement, comme si l'arrière de son pantalon s'était mis à le gratter. La voix jaillit comme un coup de cravache.

Les gens assommés sont d'accord avec tout, Raphaël, vous devriez vous en souvenir. Je présume que vous l'aviez bien lesté, n'est-ce pas ?

L'un des sous-fifres éclata d'un rire sonore.

Ah ça oui, M'sieur, j'peux vous dire qu'il en aura poussé, des cris comme un goret, quand il a compris qu'on attachait du plomb à ses ch'villes.

Un éclat de rire commun jaillit dans la nuit comme une soudaine éruption, vulgaire et grasse. Le silence et l'immobilité de la figure, cachée par le contre-jour émanant du carrosse, ramena pourtant vite le calme.

Bien, j'espère que c'est le bon, Raphaël, cette fois-ci. Vous connaissez ma philanthropie, je souffre que vous balanciez des innocents à l'eau, ainsi. On vous remettra l'argent comme convenu, demain, au tripot ordinaire. Mes domestiques sont si maladroits aux dés, comme vous le savez.

Ça marche, M'sieur, mer-

Je vous souhaite le bonsoir.

La poignée de la vitre tinta d'un bruit d'argent, tandis qu'Andréa la refermait un peu trop fort. Il était enfoncé dans une grande banquette d'un rouge de sang, mais son visage était presque gris et ses cheveux et ses yeux plus noirs que la nuit. Il regardait fixement devant lui les boiseries élaborées, sans vraiment les voir. Il cilla et articula d'une voix affectée.

Au manoir.

La voiture s'ébranla subitement alors que les chevaux renâclaient. La bande d'exécuteurs des basses-oeuvres dut s'écarter vivement pour échapper aux roues.

Dans la voiture, Andréa souffla sur les vitres pour y former de la buée. Les soirées étaient encore assez fraîches, en bord de mer. Il appuya son visage contre le vitre et essaya de distinguer la lumières des phares, au loin. Sur le côté, contre l'autre fenêtre, il entendit soudain:


C'était vraiment nécessaire, de l'envoyer par le fond, celui-là ? Un petit coup de chantage aurait bien suffit.

Andréa se retourna brutalement, marquant de son nez la buée sur la vitre, les cheveux sur les yeux. D'un geste rageur, presque maniaque, il les rajusta derrière ses oreilles.

Tenez-vous vraiment encore à ce que nous ayons cette conversation abrutissante, ma chère ? Il ne remontera pas à la surface, de toute façon. Pas avant que la chaîne n'ait rouillé. Et puis je n'ai pas de temps à perdre avec les ronds-de-flancs ou les ténias dans son genre.

Les roues du carrosse battaient les pavés furieusement. Le cocher fouettait les chevaux et la voiture caracolait avec une allure folle dans les rues en lacet, pour remonter vers le manoir Mancini. Ils passèrent une forte voute et la vision de la pierre par la fenêtre fit sursauter Andréa, subitement.

Après un instant de silence, il se retourna.


Puisque nous en sommes à ce genre de sujets, ma chère. Votre étalon actuel nous coûte bien plus cher que nous ne pouvons nous le permettre.

Rita daigna enfin tourner son visage. D'un roux flamboyant, elle avait les yeux verts, des pommettes généreuses et un sourire volontaire.

Oh, si vous saviez, Andréa, il est amoureux. Il m'a même fait une déclaration à genoux, l'autre soir. Vraiment charmant, je vous assure.

Ça alors, un autre candidat à une visite approfondie du port, peut-être?

Andréa, ne soyez pas bégueule. Tout de même, vous avez été jeune, vous aussi, jadis.

Un silence s'installa un instant. Andréa regardait toujours par la fenêtre. Les maisons ressemblaient de moins en moins à des taudis et de plus en plus à des maisons. Ça et là, des anneaux étaient accrochés aux murs pour y accrocher des torches et éclairer les rues, signe qu'on arrivait dans les quartiers plus aisés.

Le souffle d'Andréa formait une auréole opalescente sur la vitre. Il rajusta sa cape sur le devant de son torse.


Comme vous le savez, ma chère, j'aurais bien aimé être jeune un jour.
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Andréa Mancini
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MessageSujet: Re: Plouf | RP privé   Plouf | RP privé I_icon_minitimeMar 3 Nov 2015 - 21:59

La salle était aussi détrempée de notes que le pavé extérieur par les averses tropicales qui s'abattaient sur Thaar. Elle n'était pas prévue pour un orchestre entier mais pour quelques pièces musicales modestes, malgré la mousson d'or et de pierreries qui s'étaient figée sur les murs en guise de décoration. Des marées de stuc semblaient s'être abattues sur les murs en laissant des lobes d'écume torturés, couverts de paillettes nacrées.

Le tout donnait un volume torturé, biscornu, tout en hauteur, qui aurait fait confondre rossignol et charretière. Les sièges, recouverts d'ondes de velours rouges d'une épaisseur faramineuse, rendait l'espace encore plus sourd et confus. La musique y résonnait comme dans un œuf, écrasait les spectateurs sous un tonnerre abrutissant et assourdissant dont la mélodie était aussi pure qu'une danseuse qu'on aurait déguisée en chevalier.

Les invités se devaient d'exister à la fois contre cette avalanche de brillance et cet ouragan sonore. La plupart avait mis leur tenue la plus ostentatoire, mais ne réussissait guère qu'à se fondre dans le décor. Seuls, Rita et Andréa avaient misé sur un noir d'encre dont la sobriété tranchait fortement. Plus exactement, Rita avait vraiment misé sur le noir, devinant judicieusement l'avantage qu'elle en tirerait. Andréa, lui, s'était habillé comme d'habitude sans vraiment réfléchir.

Rita se tenait droite et souriait légèrement. Son visage, légèrement fardé, était emprunt de noblesse, de finesse et de délicatesse. Elle avait l'air de s'amuser sans vraiment participer, comme si elle était bien au dessus de tout cela. Elle n'avait presque aucun bijou, le minimum convenable pour pareil occasion, mais sa mise sévère lui permettait de surnager aisément de la mêlée des autres femmes. Andréa, à côté d'elle, avait le visage en cendres, comme si l'écoute de la musique lui causait une douleur physique. Vaguement recroquevillé dans son fauteuil, il paraissait plus petit que sa femme. Sa bouche distordue exprimait cycliquement la douleur, le dégoût ou la réprobation la plus complète.

Un violon commença à crisser des notes. Bien effectuées, elles pouvaient théoriquement évoquer une demoiselle entrant dans l'eau au clair de lune, avec chaque note prolongée pour évoquer les rides à la surface de l'eau. Le crescendo dans les aigus, bien au contraire, dilatait à chaque note la pupille d'Andréa dont les molaires commençaient à souffrir sensiblement de la pression. Brutalement, cependant, il desserra la mâchoire, quand une autre douleur prit le pas.

Rita venait de lui donner un coup de talon bien ajusté dans le côté de la cheville gauche, exactement sur la nerf. Andréa sursauta et se retourna brutalement. D'un infime froncement de sourcils, avec un léger pincement de la bouche, sa chère et tendre épouse lui intima de se tenir. Andréa prit une grande inspiration, retint un soupir et se redressa. Il ferma les yeux et essaya de se remémorer les termes du contrat pour son rendez-vous du lendemain. Le filou avait déjà réussi à décaler d'un mois le paiement d'intérêts; la partie serait serrée. Peut-être qu'en jouant sur la clause conservatoire, on pourrait faire mander un huissier, dans le cas où...

Les cymbales tonnèrent brutalement pour signifier la délivrance temporaire de l'entracte. Andréa sursauta à moitié et jeta un regard noir à la scène alors que son idée brillante s'enfonçait dans les profondeurs de la marmelade musicale servie ce soir-là. Le coin de sa mâchoire se contracta légèrement, signe infaillible de la colère qui montait.

A l'entracte, on servait une cocktail extrêmement à la mode, à la composition particulièrement complexe et ruineuse, à base de vin du Sud de la Péninsule. D'humeur presque aussi orageuse que le ciel, Andréa, malgré la créature remarquablement raffinée accrochée à son bras, avala le premier verre cul sec. Il retint un hoquet. Alors qu'il accompagnait Rita sur le balcon, protégé par des panneaux de papier ciré couverts de motifs complexes en feuilles d'or, il lui murmura à l'oreille.


Vous êtes vraiment sure qu'on n'est pas en train de nous empoisonner avec cette chose pour récurer les latrines ?

Rita consentit à pouffer délicatement.

Un coup de tonnerre retentit dehors. La pluie battait le pavé dans un vacarme assourdissant qui masquait les paroles légèrement irrévérencieuses d'Andréa. Une forte odeur de poussière réveillée par des pluies en retard envahissait la salle

Essaie donc d'être un peu mondain, ce soir, Andréa. Je crois que la femme d'Arturo cherche à mettre des bijoux en sûreté. Tu devrais peut-être essayer de lui faire un peu de charme, tu seras toujours mieux que le mari.

Andréa haussa légèrement les sourcils.

Bien entendu, ma douce, j'en parlerai à Emilio, il sera un peu plus efficace que moi, je pense. Vous vous souvenez que je dois voir Raphaël Arli demain, pour son gros prêt de l'année dernière ? Je pense qu'il faudrait qu'on envisage de lui intimer un plus fermement de...

Un son cristallin jaillit des portes de la salle, rappelant les invités à la musique. Andréa échangea avec Rita un regard qui n'avait rien à envier au condamné à mort en cours de transit vers le billot. D'une main leste, comme une pince de crabe, il arracha un verre de "récurant pour latrines" à un plateau d'argent et l'avala en deux longues gorgées, devant le regard goguenard de sa femme.

Nous pourrions peut-être lui faire boire ça presque jusqu'à ce que mort s'ensuive, cela étant dit. Il est à peu près certain qu'il dit dira oui à tout ce qu'on lui demandera.


De la porte béante jaillissait une nuée de rires, d'odeurs de parfum et de bruits d'accordage. Pour Andréa, c'était peut-être ce qui ressemblait le plus à l'enfer.
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