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 Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.

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Duncan du Lys
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MessageSujet: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeSam 5 Sep 2015 - 8:42

« Voilà le dernier, Votre Grâce ! »

Le Lys se contenta d'un sourire pour remercier le vieil homme chargé de l'entretien des archives de la citadelle d'Alonna. Au milieu de la vaste salle aux alcôves poussiéreuses, le sol éreinté de l'antre des érudits reflétait légèrement un plafond de pierre, endommagé par le temps, mais dont on devinait aisément l'ancienneté. Les nombreuses étagères, sobres, accueillaient sur leurs rangées un grand nombre d'ouvrages de toute sorte et de tout intérêt, du plus anodin au plus crucial. Et, face à lui, sur une imposante table de bois où ne trônait jusque là qu'un chandelier, éclairant la salle encore épargnée par les premières lueurs du jour, on venait de déposer toute la jurisprudence exercée par ses prédécesseurs, aussi loin que l'on pouvait remonter.

L'archiviste était à l'image des ouvrages qu'il entretenait : vieux, ridé, mais parcouru d'une certaine sagesse dû à son âge. Lorsqu'il délaissa le baron, il s'inclina bien bas, et prit autant de temps à quitter la pièce qu'il n'en avait mit à trouver les ouvrages demandés par Duncan. Ce dernier se passa la main sur le visage, ses yeux se perdirent un instant devant la dizaine de grimoires lourds et imposants qui lui faisaient face. Peut-être cela prendrait-il plus de temps que prévu, finalement. Il tira à lui le premier grimoire, celui qui semblait être le plus épargné par le temps. Il entama la lecture du premier parchemin. C'était manifestement un registre, ou une juridiction relative à la foire annuelle de la baronnie. Il le reposa, puis, tournant quelques pages du grimoire, s'empara d'un autre parchemin. Celui-ci était relatif à tout autre chose.

S'enfonçant dans son siège, profitant de quelques instants de silence, il posa ses yeux sur la nuit, à l'extérieur. Il était heureux d'être ici. Ces heures calmes, où les serviteurs s'affaissaient à leurs tâches quotidiennes dans le plus grand silence, étaient les instants favoris et chéris du Lys. Non pas qu'il ne supporterait pas une compagnie. Il serait satisfait d'accueillir, dans cette tâche qui l'occupait depuis la veille, son épouse, ou un homme de confiance. Le problème étant qu'il n'en avait pas, de même qu'il n'avait pas d'amis. Il reposa ses yeux sur les grimoires, puis, d'une voix légèrement plus haute, appela le serviteur qui se tenait de l'autre côté de la porte.

« Fais donc venir trois scribes, et mon chancelier. »

Les hommes se présentèrent une vingtaine de minutes plus tard, et alors que leur baron était encore en tenue de nuit - il fallait dire qu'il était cinq heures du matin - ils étaient entièrement vêtus. Il leur demanda de prendre place, et de se préparer à rédiger. Puis le baron se tourna vers le chancelier.

« Messeigneurs, pardonnez-moi pour ce réveil matinal, mais le calme de la citadelle est propice à la tâche que nous allons débuter. Dorénavant, nous nous retrouverons ici, à la cinquième heure de la journée, jusqu'à la neuvième, pour œuvrer à un projet qui me tient à cœur. Nous ne cesserons que lorsque le projet sera terminé, et mes voyages hors de la baronnie ne seront en aucun cas un prétexte pour manquer à ce devoir. Monsieur le Chancelier, je vous en prie, prenez donc en note ceci :

A l'attention du bon seigneur Hanegard Kastelord, seigneur de Val-Néera et de Renhanda, salut. »
Le Lys marqua une pause, passant son doigt sur la cime sculptée de sa canne. Celle-ci fut assez longue pour que le Chancelier lève les yeux, intrigué.

« A l'heure où nous, mortels, assistons à l'arbitrage des Dieux, se faisant un devoir d'arbitrer ce qui, d'yeux d'Hommes, revient aux Hommes, nous voilà plongés, à l'unisson, dans une torpeur et une paralysie dont nous craignons tous les conséquences. Nous avons pleinement assistés à ce que l'Histoire et la postérité retiendront comme un échec, et nous adressons au seigneur de Velteroc nos plus sincères soutiens et un prompt rétablissement. Il ne saurait exister, sur ces landes, plus fidèle soutien à votre cause que la nôtre, et nous avons été surpris d'assister à la trahison de Blanche de Hautval envers son mari.

Mais, monseigneur, si ces événements marquent dans mon cœur un souvenir indélébile, dont les séquelles se feront sentir pendant des années, il vous faut aussi savoir ceci : A l'heure où le Médian s'affronte lui-même, voilà venir la menace Sombre du Nord. Ainsi vous comprendrez pourquoi mon épouse, la baronne d'Alonna, Alanya de Broissieux, et moi-même, avons dû délaisser un champ de bataille politique pour en rejoindre un autre. J'ai trouvé une terre fort chaleureuse, et fort accueillante, et les paroles de mon épouse, ainsi que mes propres enquêtes, m'amènent aujourd'hui à vous remercier pour ce leg.

J'entreprends aujourd'hui un vaste chantier, à la veille de ces heures décisives dont dépendent tant de vies humaines, et je serais honoré si vous acceptiez d'y prendre part. Votre expérience demeure inestimable, et ce serait un immense privilège et un plaisir tout aussi grand, que de vous accueillir, vous et les vôtres, à la forteresse d'Alonna, dès la réception de cette missive.

Puisse les Cinq vous guider dans vos faits et gestes, comme ils le font si bien et si sagement.

Duncan du Lys, baron d'Alonna, seigneur de Rodem, seigneur et chevalier du Lys. »


Envoyez ceci, dès à présent, à Hanegard Kastelord. »

Tandis que le Chancelier quittait la pièce, il se tourna vers les scribes.

« Prenez également de quoi noter...Traité de Droit...Compilation des traités juridiques, édits, mandats, rescrits, lois, édictés, adoptés, abrogés et modifiés...de la baronnie d'Alonna...des premiers temps à nos jours. Messieurs, vous savez ce qu'il nous à faire. »

Il ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il aperçut les visages des scribes, surpris et quelques peu sceptiques par le travail qui les attendait. Mais qu'importait. Cela était la première étape pour asseoir son pouvoir en Alonna : le droit.
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeSam 5 Sep 2015 - 12:36

Du fait des conflits, des bandes armées qui parcouraient les routes et du chaos général qui régnait en Péninsule, la missive mit plus de temps que prévu pour arriver jusqu’au château de Renhanda, où je résidais. Toutefois, je pris la plume le jour-même où je la reçus afin d’y répondre sans tarder, tandis que le messager s’endormait comme une souche sur une botte de paille de l’écurie, le fessier durement meurtri par ces interminables journées de chevauchées.
 
Moins de deux ennéades plus tard, le baron d’Alonna pouvait lire ce qui suit :

 
Citation :
A l’attention du seigneur du Lys, baron d’Alonna, seigneur de Rodem, seigneur et chevalier du Lys,
 
Votre Honneur, j’ai reçu avec un immense plaisir votre lettre, tant les nouvelles de cette vaillante terre d’Alonna à laquelle j’ai consacré une décennie de ma vie, me manquaient. Après la désastreuse parenthèse de l’union oësgardienne, l’arrivée au pouvoir de votre épouse puis votre union sont le signe que les Cinq portent un regard bienveillant sur Alonna, alors que l’attaque des Sombres sur Amblère a sonné comme un châtiment divin. Nous ne pouvons, hélas, dans le Médian, nous targuer d’une situation similaire à Alonna.
 
Les temps sont rudes à Diantra, et l’honneur y est chaque jour bafoué par des aventuriers avides de gloire. Si le défunt roi Trystan, d’auguste mémoire, pouvait assister à cette tragicomédie, nul doute que des flots de larmes couleraient de ses yeux aveugles. Il était, comme moi et le Duc du Médian, sincèrement préoccupé par le bien-être de son peuple qui se retrouve désormais à la merci de condottieres sans foi ni loi. Je n’ai de cesse, depuis des mois, de me remémorer qu’en quelques heures nous sommes passé de la lumière à l’ombre, et que la main bienveillante du Duc Nimmio s’est vue remplacée par des griffes rapaces enduites de merde.
 
Sans doute vous souvient-il de cette odieuse mascarade que fut le conseil de Diantra ? Le Duc Nimmio et ses alliés tenaient la ville grâce à plusieurs milliers de soldats loyaux, ils sortaient tout juste d’une glorieuse victoire contre les forces de l’ancienne régente, et malgré cela ils furent tenus en échec par quelques nobliaux qui n’avaient pour seule arme que la dérision et l’hypocrisie. Sans se coordonner, sans se préparer, ils s’accordèrent tous à la rébellion, comme si la peur des épées qui les entouraient n’existait pas. Remarquable acte de courage, à moins que les dés n’aient été pipés dès le départ ?
 
J’ignore comment cela a pu tourner ainsi, et je gage que dans des siècles encore les historiens s’interrogeront sur cet étrange caprice du destin qui fit du félon Harold un prétendant à la couronne. La Haute-Prêtresse de Néera, violant la neutralité politique prônée par le culte et imposée par la Déesse elle-même, osa prendre partie et soutenir l’homme qui allait plonger Diantra dans le chaos. Pourquoi ne fut-elle pas frappée de mutisme, lorsqu’elle prononça les paroles sacrilèges « Harold d’Erac a le soutien de Néera » ? Je l’ignore, les voies des Dieux sont impénétrables, et pourtant en tant qu’époux de la Gardienne de Néera je sais mieux que tout autre à quel point Notre Dame se refuse à participer au jeu politique.
 
Oserais-je vous narrer, Votre Honneur, que j’ai fais un rêve ? Dans ce rêve, je m’extrayais de mon corps et j’ai vu notre monde comme un immense plateau de jeu sur lequel, pauvre petits pions, nous tentions vaillamment de survivre. Une ignoble Entité, parangon du chaos et de la mesquine jalousie, bougeait ces pions, à l’inverse de toute logique et pour satisfaire ses seules envies de domination. En m’approchant, je vis que cette Entité était constituée de trois têtes et de multiples mains, tel un de ces démons anciens issus des plus sombres contes de la mythologie. De ces trois têtes, deux dormaient profondément, indifférentes à ce qui se passait, tandis que la troisième portait un regard lubrique et haineux sur le monde. Les mains s’affairaient et modéraient tant bien que mal le plateau de jeu, obéissantes à la volonté de cette tête, sans jamais prendre de repos ni espérer un remerciement, fourmis-esclaves soumises à la volonté du tyran. Et si une main osait exprimer un doute, elle se voyait instantanément coupée et jetée dans les flammes de l’oubli. Je chassais cette vision d’horreur au réveil, sans toutefois parvenir depuis à l’oublier totalement.
 
Je prendrais sous peu la route du Nord, afin de passer la fin de l’été à proximité de mes terres de Val-Néera, lieu cher à mon cœur depuis que mon épouse y a rencontré la déesse qui désormais guide ses pas. Ce sera pour moi un plaisir et un honneur de me rendre également à la capitale pour vous y présenter mes hommages ainsi qu’à votre gracieuse épouse. S’il entre dans mes moyens d’aider à votre grand chantier dont dépend l’avenir de la baronnie, soyez assuré que je n’y manquerai pas.
 
Croyez, Votre Honneur, en ma bien humble dévotion.
Hanegard Kastelord, seigneur de Val-Néera et de Renhanda
 

Spoiler:
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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeDim 27 Sep 2015 - 14:52


« Est-il ici Maître ? »
Elle n’attendit même pas la réponse du vieillard pour entamer la descente des escaliers en coli massons. Le soleil rougeoyait encore par dehors les vitraux et le petit matin était assez frais pour que les souffles chauds forment de jolis petits nuages blancs. « Votre Honneur, comprenez qu’il m’a expressément dit de n’être dérangé par personne ! ». La petite voix chevrotante semblait assez loin derrière elle. Plus elle s’enfonçait, plus la pénombre s’installait. « Suis-je Personne ? Par les Cinq, cessez de vous conduire comme si l’âge ne vous avait offert rien d’autre qu’un corps branlant et usez de votre tête Maître ». Ses pas résonnaient sur la pierre froide et légèrement humide et bientôt elle atteignit le cœur même du dédalle qu’elle avait parcouru. Quelques bougies éclairaient vaillamment la pièce.
Aussi vieille que la citadelle, les planches de bois soutenant l’Histoire de sa terre. Les Archives d’Alonnan comptaient parmi les mieux conservés de toute la Péninsule et il lui plaisait de le savoir. Peut-être était-ce l’épaisse couche poussiéreuse au dessus de chaque ouvrage qui rendait chacun de ces livres inestimables. Le fracas des clés contre sa blouse trahit le garant de ses lieux. C’était un bonhomme ridé et courbé par le temps. Il avait la même odeur que le vélin ancien et adoptait aisément le style Alonnan. Il était essoufflé d’avoir voulu rattraper la jeune et belle Alanya, qui malgré son état de plus en plus contraignant, gardait la fraîcheur de ses beaux jours.
« Voilà bientôt une heure que je cours après son ombre. Où est-il ? J’aimerai bien entendre ce qu’il trafique si tôt, le lendemain de nos noces ». Alanya avait toujours été suspicieuse, un trait de caractère que son Protecteur ne s’était pas gardé de gonfler. La méfiance, disait-il, est mère de sureté. « Douce Dame, jamais je ne vous aurait interdit l’accès à mon savoir mais les ouvrages qu’il m’a fait sortir m’ont assuré de sa bonne volonté. Je doute qu’il aimerait vous savoir en ces lieux froids et sombres plutôt que dans la chaleur de votre lit au vu de vot »… « Assez. Je ne suis pas souffrante et les Cinq m’en sois témoin, je ne le serais que le jour où l’enfant viendra au monde. Jusqu’alors je resterai levée aussi longtemps que je le désire et j’effectuerai toute les tâches qui me semblent justes. Me suis-je bien faite entendre ? ». Le vieillard hocha la tête et s’écarta en signe de résignation. « De quels ouvrages me parliez-vous plus tôt ? J’aimerai savoir ce qui se trame à une heure aussi… »
Des bruits de pas se firent entendre et bientôt une silhouette se dessina dans une des allées. La lumière peu étendue des chandelles ne permettaient pas de le reconnaitre à six pas mais la baronne devina qu’il s’agissait là d’un homme qu’on aurait pu jugé de bon vivant. « Maitre ? Quel est donc tout ce vacarme ? Son Honneur n’arrive pas à se concentrer avec un pareil boucan ! ». « Il s’agit de son épouse. Elle le cherche depuis l’aube ». L’homme s’avança un peu vers la belle et le vieillard et elle put enfin mettre un nom sur la voix sortie de la pénombre. Il s’agissait en fait du chancelier du Lys. Un homme que l’on disait brave et dévoué. « Menez moi au seigneur du Lys je vous prie. Cela épargnera au Maitre quelques pas fatiguant pour son âge ». Après quelques salutations, ils prirent le chemin d’une table au fond de la salle à alcôves, où quelques rayons d’un soleil encore orange léchait les ouvrages posés et empilés sur cette dernière. Duncan semblait plongé dans un livre, si bien qu’il ne leva même pas les yeux alors qu’elle lui faisait face. « Son Honneur votre épouse vient d’arriver monsieur ». Il eut à peine le temps de lever son regard vers elle qu’elle congédiait pour quelques minutes les trois scribes présent et le chancelier –qui hésita un instant avant de rebrousser chemin.
« N’est-il pas un peu tôt pour s’offrir une lecture ? Vous venez de briser mon cœur mon cher époux. Moi qui pensait m’éveiller au près d’un homme virilement endormi, je me suis retrouvée seule dans un grand lit froid et sans un mot de votre part. Je vous ai même déjà pensé courir la gueuse ». Alanya afficha une posture féline malgré son ventre arrondit et le sourire carnassier accroché à ses lèvres donnait à son ton sarcastique une part de défi. Elle s’était levé d’une humeur massacrante et il aurait tôt fait de l’apprendre à ses dépends. « Mon tendre époux, ne vous ai-je pas satisfait ? Vous quittez le lit conjugal aux aurores pour… Pour… ». Elle feuilleta les notes que les scribes venaient certainement de prendre et une lumière éclaira ses beaux yeux gris. « Des traités juridiques. C’est fort bien pensé… Quand comptiez-vous m’en parler ? ». Son allure était intacte malgré son ton beaucoup plus sérieux. Elle attendait qu’il lui explique pourquoi tout ceci et pourquoi ne l’avait-il pas fait prévenir à son réveil.
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Duncan du Lys
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeVen 2 Oct 2015 - 16:19

Le Lys avait lentement croisé ses doigts lorsque son épouse avait passé la petite porte de l'immense bibliothèque. Il n'avait même pas eu besoin de congédier ses subordonnés qui, passée la peur ponctuelle de la tâche entamée, s'étaient tous attelés au travail, le Lys compris. Ce dernier octroya même un sourire à Alanya lorsqu'elle lui fit part de ses peurs d'adultère.

« Courir, ma chère ? Avec cette fâcheuse jambe endolorie ? Que nenni, le mieux que je puisse faire derrière une gueuse serait de lui boiter après. »

L'incisif répondait au sarcasme. Que dire de cette violence à une heure si matinale, où l'astre princier ne daigne encore éclairer la surface du monde de sa froide chaleur ? Les œuvres et les offices n'attendaient pas le réveil coquet au crépuscule d'une nuit nuptiale. Et au vu de la tâche à accomplir, il fallait débuter le plus tôt possible. Toujours à moitié souriant, il but une courte gorgée du breuvage qu'on lui avait apporté. Puis, sans plus attendre, il baissa les yeux sur ses notes, et, s'emparant de sa plume reposant dans l'encrier, reprit les préliminaires de sa besogne.

« Vous en parler, ma Dame ? Et forcer le réveil de ma tendre après sa générosité charnelle ? » Il s'arrêta de sourire, voyant que la baronne ne semblait pas d'humeur taquine. Il s'adossa confortablement sur son siège, et reposa carnet et plume. « Je ne vous ai rien dis car je n'avais aucune idée de ce à quoi je m'attaquais. Les dirigeants, du Nord, particulièrement, ne brillent pas par leur savoir juridique, de plus que la plupart d'entre eux règnent en pays coutumier. J'entends être à la tête des réformes juridiques nécessaires pour notre nation et asseoir ma légitimité par cette voie. »

Il se leva, puis après y avoir songé un instant, renonça à faire quelques pas sans sa canne. Il s'y appuya, caressant de son index la figure de proue reptilienne qui la couronnait. Il s'approcha de sa dame, et tandis que ses yeux verts fixaient le teint matinal de son épouse, sa main libre écarta le grimoire qu'elle tenait, pour en dévoiler un qui se démarquait de ses semblables par sa reliure intacte. Il l'ouvrit, sans douceur, à la première page.

« Et j'espère que cela saura cautériser la plaie ouverte dans votre cœur. »

Puis il retourna vers sa place, laissant tout le loisir à Alanya de lire la première page du livre, où avait été calligraphié, avec grand soin et grand goût « Code Duncanya ».
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Alanya de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeVen 2 Oct 2015 - 17:12


Le Lys poussa les quelques manuscrits qui avait pris place sur la table pour en dégager un relativement récent. Sa couverture était en cuir et seuls quelques coins semblaient cornés. Il avait, d'un geste sans douceur, ouvert le livre à sa première page. Les lettrines étaient fines et parfaitement réalisée tandis que quelques dorures venait compléter les deux mots qui prenaient avec tant d'ornement des allures de livre saint. Le code Duncanya
Alanya garda un instant le silence. Outre le jeu de mot plutôt douteux, elle avait déjà pensé à instaurer des réformes en Alonnan mais la tâche lui avait alors parut bien trop importante pour mener son projet à bien. « Ainsi est-ce donc là le projet avec lequel vous comptez ligitimiser notre règne. Je dois dire que je n'en attendais pas moins de vous. ». La colère de la belle s'apaisait peu à peu bien que des doutes subsistaient.
Elle ne faisait pas confiance à son nouvel époux, sinon par la force des choses. Etait-il seulement là dans la bonne volonté de se faire apprécier de tous ou est-ce que cela cachait en réalité une cause plus profonde? Sans nulle hésitation possible Alanya savait que le filou n'était pas de ceux à sous estimer et plus encore, qu'il fallait y voir là quelque chose de plus grand.
« Vous vous attaquez à un problème qui dépassera certainement vos compétences et les miennes mon ami. Les seigneurs du Nord n'aiment pas voir les choses changer. Voilà pourquoi rien n'a été fait depuis fort longtemps et voilà pourquoi personne ne veut rien y faire ».
La baronne tira une chaise et se posa avec douceur, faisant ainsi face à l'homme qu'elle avait épousé. Elle posa une main chaude et protectrice sur son ventre tandis que l'enfant qui l'habitait semblait se débattre avec quelques monstres intérieurs. Cela lui tira une rapide grimace qu'elle cacha aussitôt derrière un sourire courtois.
« Cependant, si nous ne pouvons avoir l'entière approbation du conseil, il faudra nous attirer les faveurs du peuple. Qui conquit le peuple conquiert le pays n'est-ce pas? ». Elle eut un petit rire amer. « Dîtes moi, pourquoi voulez vous conquérir mon pays? ». Elle cala son dos contre le dossier et sa main encore libre caressa le bois de l'accoudoir. « Ne me croyez pas assez stupide pour y voir simplement une bonne volonté de votre part. Vous souhaitez asseoir une légitimité qu'aurait pu vous donner un enfant ou une guerre, mais à la place vous préférez perdre certainement des mois et des années pour introduire un nouveau code.».
La Belle plongea un instant ses yeux perçants dans les émeraudes de son tendre. Elle avait parlé d'une voix douce et calme, sans menace ni sarcasme. Ils étaient un duo maintenant et il faudrait qu'ils apprennent à composer l'un avec l'autre. Si Duncan parvenait à s'octroyait la majorité, sa descendance serait certes moins menacée mais cela paraissait une raison bien futile pour un projet aussi titanesque. Qu'est-ce qui pouvait le pousser à faire cela?
«] J'avoue bien volontier Duncan que vous avez éveillé ma curiosité. Répondez moi je vous prie. Ce serait une chose certainement plus à même de me faire oublier que vous avez blessé mon coeur le lendemain de nos noces. Que signifie donc tout ceci ? ». D'un geste rapide, elle montra le contenu de la table.
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeSam 3 Oct 2015 - 10:48

A travers les carreaux, on voyait le soleil se lever. Teints et peints, parfois représentant quelques scènes mystiques ou divines, les rosaces filtraient la lumière encore timide de l'aube estivale. Sans s'asseoir préalablement, il s'avança près de l'un d'eux, séparant fièrement tel une frontière deux grandes bibliothèques, siégeant sous l'égide protectrice des alcôves de pierre. En regardant le village de l'Alonna, en contrebas, il y vit les fumées s'échapper des fours communs, les premières charrettes s'animer, tirées par les bœufs et les chevaux. Il se passa l’index sur les lèvres, avant de les mordiller légèrement. Les cloches de l’église commençaient à sonner, appelant les fidèles à se rendre au lieu saint pour l’office.

« Le temps pour une descendance ou une guerre viendra, ma chère, je vous l'assure. Vous savez, ma chère, une écrasante majorité des dirigeants du Nord sont plus préoccupés par la place qu'ils occuperont dans l'histoire que par le fait de la faire. Je ne me contenterais pas de quelques lignes dans les manuels d'histoire, et j'entends bien être un acteur de l'histoire de l'avenir. Le droit est bancal dans cette région de la Péninsule, et cela comporte un grand nombre de désavantages, que ce soit pour les nobles ou pour la roture. Je ne parle même pas de cette élite marchande, qui fulmine et peste contre toutes les spécificités juridiques des pays qu'ils traversent. Notre code sera une première dans la Péninsule, où aucun code n'est encore en vigueur. Les quelques édits ou décrets sont criés, enregistrés et conservés, mais rien de cela ne change le problème : il n'y a pas de droit, et il ne peut y avoir de loi là où il n'y a pas de droit stable. »

Il posa ses yeux sur son épouse, puis reprit sa tasse. Il s'avança doucement, poussant de sa canne une chaise sur laquelle il prit place, face à Alanya.

« Si nous travaillons dur, d'ici un mois sera publié le premier tome. Le Codex dont nous serons les auteurs sera une référence, car il sera le consensus entre les intérêts des puissants et des faibles, et ce modèle sera apprécié pour sa nécessité, sa simplicité et sa clarté. Donnez au conseil et aux roturiers ce qu'ils demandent, et ils vous suivront jusqu'au bout du monde. Toutefois, je ne mise pas que sur leur bonne estime. C'est pourquoi j'entends bien écarter de manière exemplaire ceux qui prétendraient nous déchoir de nos titres. »

Il prit l'un des ouvrages, l'ouvrit, et rapidement, le montra à Alanya. C'était un ouvrage moyen, où les pages griffonnées et sales étaient entrelacées par des parchemins vieillis et mal conservés, mais dont la lecture permettait encore de deviner l'objet.

« C'est par le droit, ma chère, qu'un dirigeant peut le mieux asseoir sa domination sur une région. Et c'est par le droit que j'entends conquérir des régions du Nord. Prenez ce qui subsiste de la Sgardie. Cette région est une plaie infectée, et je n'entends pas prétendre au titre de baron d'Oësgard. Je sais cependant que l'écrasante majorité de la population qui fuit les guerres à répétition se réfugie en Alonna, où ils ne trouvent pas une vie bien meilleure que celle qu'ils ont délaissé. J'entends bien attirer toute la main d'oeuvre et tous les marchands du Nord par une pleine connaissance de leurs droits sur nos terres, et pas seulement ce qui subsiste dans des ouvrages séculaires comme celui-ci.

J'entends bien que notre État prenne en charge l'ouverture et l'entretien de cellules d'éducation par les cultes dans nos campagnes. Je sais que cela effraiera les nobles, mais je leur proposerais en contrepartie d'exercer certaines prérogatives régaliennes dans leur ville. Ce qu'ils croiront être une ascension sociale ne sera que le chemin vers un meilleur contrôle de leurs personnes. Inutile de dire que le moindre abus de leur part sera sévèrement sanctionné. Voyez par vous-même, ma chère. Je ne tente pas de conquérir ce que j'ai déjà conquis. Mais je ne saurais m'en contenter bien longtemps, aussi permettez-moi de polir les armes qui seront les nôtres lors de nos périples. »


Il se releva lentement.

« Allons nous restaurer, ma chère. L'aurore veille. »
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeMar 6 Oct 2015 - 20:15


Le 3ème jour du mois de Verimios, de la 8ème année du 11ème cycle

« Prenez place messeigneurs, nous allons commencer. »
Le brouhaha ambiant n'avait pas réussit à tout à fait camoufler la voix forte et assurée de la baronne. Voilà trop de fois qu'elle convoquait le conseil seigneurial en trop peu de temps. Elle était las de voir ces visages complaisants, la couvrant de mille compliments en face et n'attendait même pas qu'elle eut tout à fait tourner le dos pour proférer quelques insultes bien senties.
La journée était pluvieuse malgré le début de la belle saison et quelques uns manquaient à l'appel. Elle ferait sans, quand bien même l'opinion semblait d'accord pour un report au lendemain. Il y avait des choses qui ne pouvait attendre. Duncan s'était trouvé un coin plus calme, profitant ainsi pour observer chaque protagoniste qui tirait bruyamment leur chaise. Certains nobles n'étaient là que pour le repas annoncé mais qu'importe! Ils étaient là et la majorité aussi, permettant la tenue de ce conseil qui promettait de marquer un tournant dans la vie de l'Alonnan.
Il fallut encore dix bonnes minutes pour que tous soient installés convenablement et que les conversations s'émoussent pour un silence presque religieux -ce qui changeait de l'ordinaire d'ailleurs. Alanya entamma les banalités, réglants quelques affaires au passage. Des choses futiles qui auraient pu être reglé bien plus tard mais qui illustreraient parfaitement la véritable raison de cette assemblée. Elle passait la pommade avant de sortir le fouet.
Le temps s'écoula au rythme lent de la pluie dégoulinant sur les larges vitraux. Leur ploc régulier battait la mesure tandis que, fatigué, le seigneur de Wacume coupa court:
« Vos Honneurs, quelle cause ne pouvait attendre le prochain conseil? Nous savons tous ici que vous ne nous avez pas convoqués pour simpement traiter de banalités... »
« Il est vrai Odias. Vous n'êtes pas là pour traiter des menus affaires. Savez-vous, messeigneurs, ce qui anime un peuple? ». Sa voix était douce. Elle attendit quelques minutes que les chuchotements s'apaisent pour répondre à sa propre interrogation. « Ce sont les droits et les devoirs. Et ce sont les lois qui érigent tout ceci. Un pays n'est qu'un moncellement de règles, de traités et d'édits. Or l'on ne peut avoir une terre saine si nos lois ne le sont pas. Aussi, mon cher époux et moi-même avons décidé de mettre de l'ordre en Alonna en commençant par le fond: la Justice. ». Il y eut un petit oh étouffé suivit de quelques commentaires. Certains regards peu amicaux -qu'elle devina envieux- se tournèrent vers Duncan. Il se devait de faire ses preuves et il aurait tout le loisir de le faire lorsqu'elle l'aurait introduit d'avantage.
« Qui ose prétendre pouvoir donner Justice lorsque même les fondements de cette dernière sont vacillants et obsolètes? Nous avons commencer à éplucher bon nombre de livres et tous manquaient de clareté et de cohérence avec notre époque. A partir de ce jour, et jusqu'à l'établissement d'un nouveau, nous, Alanya de Broissieux baronne d'Alonna et grande Protectrice de l'Alonnan ainsi que Duncan du Lys, baron d'Alonna sous les yeux de la Sainte Néera et Conseiller baronnial, allons offrir à notre terre un code. Le Code Duncanya. Il aura pour volonté de répertorier, traiter et classifier toute les lois, édits baronniaux et traités qui seront à respecter dans nos frontières. ».
Quelques protestations se firent plus bruyante mais le ton et le regard de glace de la belle ne laissait pas le loisir à la réplique. Alanya avait cette autorité naturelle qui poussait à la fois à la peur et l'admiration. Tous d'ailleurs avait encore en mémoire l'extermination de la lignée des Chtoll.
« Protestez-vous Messeigneurs? Cela vous parait-il être une mauvaise chose que de réformer l'état alors même que tout semble partir en branle et que les Sombres sont à notre porte? Peut-être emplois-je des mots trop doux pour que vous en saisissiez toute la profondeur -bien que certains s'y noieraient déjà. L'Alonna traverse une crise qui est en partie causée par l'incompétence de nos juridiction. Les dirigeants du Nord ont toujours préféré prendre les armes en toute occasion: un ennemi trop sûr de lui, un ami trop envahissant, un mariage, un baptême... Bref, tout ce qui était prétexte à guerroyer. Et voyez où cela nous a mené. Nous venons d'essuyer deux guerres civiles. Sans parler des dégats qui s'annonce encore. Etes-vous prêts à payer le prix d'erreurs que nous pouvons changer aujourd'hui? ». Alanya s'était relevé et la douceur de sa voix avait laissé place à l'intransigenace d'une baronne et aux paroles qui semblaient aussi aiguisés que des couteaux. Plus personne n'osa broncher. Elle n'avait jamais laissé paraître en public son volcanisme et pourtant aujourd'hui elle savait que cela lui serait favorable. Plus tard des seigneurs peu avertis rejeteraient son emportement sur sa grossesse qui gonflait son ventre mais il serait trop tard. La majorité aurait approuvé le code et le reste. Par ailleurs, d'un geste de la main elle invita Duncan à se relever pour exposer un à un leurs premières mesures.
« Mon époux, je vous laisse le soin de présenter à nos amis nos premières lois. Vous avez largement participé à leur édification, aussi laisserai-je avec plaisir les acclamations à qui-de-droit. ». Elle eut un sourire engageant et sincère, bien que ses yeux luisaient de malice. Ils avaient parfaitement orchestré leur coup et il ne faudrait pas longtemps pour que tous leur mange dans la main.
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeMer 7 Oct 2015 - 14:12

Le Lys, assis sur l'une des chaises en retrait du Conseil, continuait de contempler le soleil et les plaines. Depuis la veille, il était attiré, tel une luciole par la lumière, par ces prairies, ces champs et ces plateaux, cette agitation Alonnaise qui le faisait tant sourire. Il n'avait que bien peu délaissé sa terre natale, l'Etherna, et voilà que le peu de temps qu'il s'éloignait de ses frontières qu'il s'en appropriait d'autres, et marié, qui plus est ! Il ne pouvait s'empêcher de penser à son domaine, sur la côte. Enfin, du moins, ce qui devait rester du domaine, car il avait, plusieurs jours auparavant, mandé l'un des membres de sa garde personnelle pour rapatrier ses biens en Alonna, et incendier le domaine. Il pensa un instant à ces six hommes qui l'avaient toujours suivi. Il fut satisfait toutefois, lorsqu'il pensa qu'il avait réussi à conserver cette élite pour veiller sur lui et son épouse. A l'écart du cercle, il se tenait là, comme un arbitre, au-dessus de toutes ces querelles intestines. Il écouta son épouse, ne pouvant s'empêcher de murmurer intérieurement « J'ai » lorsque la baronne disait le mot « Nous ». Elle le laissa prendre la parole. Le baron se leva, s'appuyant sur sa canne. Il s'approcha du cercle, et se plaça entre deux hommes dont la loyauté était aussi stable qu'un rafiot de pêcheur dans une tempête. De l'extrémité, où trônait fièrement la tête du reptile, il claqua la table si fort que la moitié des nobles sursauta. Les nobles stupéfaits regardèrent le baron, dont le visage ne laissait transparaître aucune animosité, sinon de la motivation.

« Comme mon épouse a si bien introduit le propos journalier, vous me pardonnerez la facilité de ne point répéter ses dires, et j'irais au vif du sujet. J'ai, se rendant compte du pronom utilisé, il retourna sa phrase, sous bénédiction de mon épouse, entamé ce Code qui sera divisé en trois parties : compilation, jurisprudence, manuel. Je vous épargne les subtilités juridiques, mais je précise qu'en tant que codification, il comprendra les domaines du droit public, privé, pénal et de commerce. Vous aurez tous pour devoir de veiller à son application à l'intérieur de vos domaines. Dès la parution du premier tome, c'est à dire la compilation, vous saurez dissocier ce qui est en vigueur de ce qui ne l'est pas, et vous pourrez dès lors œuvrer à propager la nouvelle d'un droit écrit sur nos terres au delà de nos frontières.

Aussi, nos premières décisions seront conservées et proclamées jusqu'à la publication du second tome. Nous comptons nous lancer dans une ouverture de nos frontières afin de faciliter l'arrivée des populations d'Oësgard, et profiter de leur potentiel économique - en plus de nous organiser pour installer les populations ayant déjà traversé la frontière et vivant sur nos terres. La fixation de leurs droits, et l'assainissement des rouages sociaux en ce qui les concerne ne pourra que nous être bénéfique à tous, notamment si je me réfère aux contrats, aux rentes, aux locations...Tout ce qui peut renflouer nos caisses.

Comme...nous sommes prévoyants, et que nous comptons sur vous, messeigneurs, pour faire preuve de loyauté, chacun aura à disposition des agents au service de la baronnie, qui l'assisteront dans le respect de ces règles. A ce titre, nous nommerons bientôt, pour les zones majeures, un préteur, un collecteur et un maître. Le premier sera le magistrat judiciaire qui fera dictera le droit. Le second veillera à vos côtés aux nécessaires réformes fiscales qui devront être menées. Quant au dernier, il aura pour devoir de s'assurer d'une éducation sommaire dans nos campagnes. En signe de bonne foi, nous vous laisserons donc assurer une pleine gestion de vos terres durant une période d'un an, et nous tirerons ensemble les conclusions de cet essai. L'enrichissement de la baronnie profitera irrémédiablement à vos familles, n'oublions pas qu'il est ici question de tous tirer avantage de la guerre dans le Nord. »


C'était, bien sûr, une idylle. Les nobles n'auraient jamais le contrôle de leur terre, car les préteurs, collecteurs et maîtres envoyés seraient des agents fidèles à Duncan et Alanya, et les politiques juridiques et économiques seraient donc entre les mains de subordonnés de la famille régnante. Sous le couvert de réformes bien vues par les nobles - motivés par l'appât du gain -, Duncan plaçait ainsi ses agents partout sur le territoire, s'assurant une prise irrévocable. Souriant à chacun des protagonistes, le Lys s'adressa une nouvelle fois à eux :

« Des questions avant que nous passions au sujet suivant ? »
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MessageSujet: Re: Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant.   Le changement, c'est ( vraiment ) maintenant. I_icon_minitimeDim 6 Déc 2015 - 10:52


Le Lys laissa la baronne prendre la parole à sa suite. Duncan n'était pas un sot, il s'attendait bien évidemment à des protestations. L'éducation de l'écrasante majorité de la population avait de quoi effrayer les quelques nobles qui, sceptiques devant une telle pratique, se verraient reprocher de ne point y avoir eu recours auparavant. En revanche, celui qui était à l'origine de la pratique serait soutenu par ces bénéficiaires tout au long de son règne. Ménager le peuple était chose aisée, encore restait-il à s'attirer les faveurs des puissants à présent. Le seigneur de Chtoll était à la tête de ceux qui, quelque peu animés d'un tempérament frondeur, s'opposaient au pouvoir qu'Alanya détenait. Lorsqu'il prit la parole, il se leva, et dans sa tirade, ne manqua pas de rire du Lys. Ce dernier attendit patiemment qu'il eut fini, et avec grand calme, mais armé d'une grande froideur qui lui était étrangère de coutume, répondit :

« Cette soupe, monseigneur, que vous qualifiez d'indigeste en comparant mon arrivée comme la chute d'un malheureux cheveu sur icelle, vous me ferez le plaisir de la boire, jusqu'à la lie, comme on boit le contenu d'un calice d'or. Et vous le ferez, non seulement parce que c'est votre devoir de vassal, mais également car nous vous l'ordonnons.

Quant aux connaissances qu'il me faut pour prétendre réformer l'Alonna...Je ne prétends rien, messire, j'affirme, et j'agis. Pouvez-vous en dire autant ? Non, bien sûr, car vous êtes vassal, et vos prérogatives sont limitées. Mais laissez-moi y remédier. A partir de cet instant, vous serez mon conseiller. Vous et votre famille - dont votre chère épouse, ma belle-mère - viendrez loger ici, à la citadelle de l'Alonna, et vous dispenserez vos conseils lorsqu'on vous les demandera. N'ayez crainte, mon seigneur, je suis homme de sagesse, et je crois fermement que vos services sauront revêtir une utilité toute particulière. »


Durant ces paroles, le Lys ne s'était pas déplacé. Il avait gardé son regard sur son interlocuteur, la mâchoire serrée et les yeux rivés, à l'image de ces fauves fixant leurs proies.

« J'ai aussi le plaisir de vous annoncer, messeigneurs, que vous m'accompagnerez dans le Nord, dans ce qui fut le royaume de Sgardie. Vous aviez raison de mentionner les Sombres, bon seigneur, et je ne compte pas laisser leurs affronts impunis. Nous lèverons cinq milliers d'hommes, dont trois milliers seront levés dans les milices. Deux seront mobilisés dans les corps d'armée.

Parmi ces levées, voilà ce à quoi mon esprit s'est attardé : que quatre cents archers longs de métier soient mobilisés, ainsi que quatre cents arbalétriers, qui seront formés. Que l'on fasse venir trois centaines d'artilleurs et d'ingénieurs, ainsi que cinq cents cavaliers lourds. Que l'on mobilise parmi ceux dont la guerre est le métier, quatre cents lanciers, et que l'on équipe parmi la milice le même montant, de la même spécialisation. Que trois cents phalangistes soient prêts à partir, et qu'on en lève un demi millier au sein du peuple. Quant aux bretteurs, que huit centaines soient prêtes à partir, dont seule la moitié sera issue de nos corps d'armées. Enfin, que les garnisons fournissent un millier de vougiers. Que pensez vous, seigneur Eskil, de ces choix ? Huit cents unités à distance, moitié d'archers et l'autre d'arbalétriers ; cinq cents cavaliers, trois cents artilleurs, huit cents lanciers et le même nombre de phalangistes et de bretteurs, puis un millier de vougiers. Vous qui parliez de guerre, j'attends votre avis. »
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