De soie et d'or vêtue... [Aleth/Azhar]

Baaz'Hima puis Qiryah
Fin de la 6ème ennéade du mois de Verimios, en l'an 8 du XIème cycle

Des cris raisonnaient dans les couloirs tout autour du bureau d'Azhar. Mais, curieusement, la voix du Prince ne se faisait pas entendre en dehors des murs de la pièce. Seule Aleth criait... Et elle avait de quoi car la peur était venue lui nouer le ventre. Le dernier caprice de Salougan était de la voir l'accompagner durant son voyage à Qiryah. En quoi cela la contrariait-elle ? Eh bien parce qu'elle n'irait pas en tant que simple garde du corps... Elle devrait se faire passer pour son épouse. Deux ennéades entières à rester près de lui, se comporter comme une princesse et partager la même chambre. Y avait-il besoin de préciser que c'était ce dernier point qui posait réellement problème ?...
La Sublime avait rapidement haussé le ton et l'attitude posée du Prince ne l'aidait pas à se calmer. Il avait l'air de savoir parfaitement ce qu'il faisait... Il fallait avouer qu'elle avait tout fait pour éviter de se retrouver seule avec lui depuis leur baiser quelques jours plus tôt. Elle ne voulait pas le voir refaire une tentative à son encontre, d'autant qu'elle n'avait pas eu une minute à elle entre l'enquête sur l'empoisonnement au sérail et la préparation du voyage, sans compter quelques petites tâches de dernière minute donnée par... Azhar, l'intendant, les Grands Sacri et Sacra, une ou deux concubines qui avaient des requêtes un peu compliquées en matière de sécurité... et elle en oubliait certainement. Tout le monde semblait s'être donné le mot et elle n'avait pas trouvé un moment pour sortir évacuer tout le désir que le Prince avait fait naître en elle.
C'était donc déjà fortement tendue qu'Azhar lui soumit cette nouvelle requête qui avait de quoi l'inquiéter...

Mais Aleth pouvait crier tant qu'elle le pouvait et apporter tous les arguments qu'elle voulait, si le Prince en avait décidé ainsi, elle ne pouvait rien faire contre hormis témoigner son désaccord et son mécontentement. Elle finit donc par sortir en prenant soin de claquer la porte derrière elle. Bakhrim la talonna dès sa sortie et prit en note tout ce qu'elle devrait faire avant son départ.

Plusieurs tailleurs durent être dépêchés afin de réajuster toutes les tenues initialement prévues pour Samira, l'Akhaban qui aurait dû faire le voyage à sa place. Elle avait été choisie de par son efficacité mais aussi parce qu'il lui arrivait de temps en temps de fréquenter le Prince. Elle dut également prévoir le calendrier des rondes et tours de garde pour au moins trois ennéades, histoire qu'elle puisse souffler en rentrant. Elle convoqua aussi les Grands Sacri et Sacra afin de faire un point et de leur donner quelques instructions de dernière minute. Elle chargea l'intendant de trouver du maquillage dont elle allait devoir se tartiner tous les jours ainsi qu'une concubine pour lui apprendre à se maquiller comme une vraie princesse Himaéenne...
Ces derniers jours furent trop courts. Aleth devait se lever avant le soleil et se coucher au beau milieu de la nuit pour parvenir à tout achever à temps. Le dernier soir, elle espérait pouvoir sortir du Palais pour passer quelques heures dans les bras d'un homme mais, un petit imprévu de dernière minute l'en empêcha et, à l'heure à laquelle elle finit, elle n'aurait plus trouvé personne de potable...

Au petit matin, Azhar pouvait être déçu : Aleth était vêtue comme à l'accoutumée. Il fallait avouer que son visage était connu à Baaz'Hima et la voir habillée comme une princesse aurait éveillé les soupçons qui auraient pu arriver à Qiryah avant la fin de leur séjour et tout tomberait à l'eau. Epuisée, la Sublime ne fut pas de très bonne compagnie. Non pas qu'elle se montra de mauvaise humeur mais elle resta peu éveillée. Elle avait pas mal de sommeil en retard et les cernes se conjuguaient mal avec le statut qu'elle devrait bien arborer. Quelques légères marques de fatigue passeraient encore après quelques jours de voyage...
Le dernier jour, Aleth fit arrêter le carrosse en pleine nature. Elle disparut ensuite avec un sac sous le bras pour revenir plus d'une demie-heure après. Elle portait un sari blanc brodé d'argent qui laissait une de ses épaules à nue. Ses cheveux étaient soigneusement coiffés, relevés mèche par mèche pour former un élégant chignon, libérant ainsi l'ensemble de sa nuque. Quelques bijoux et touches de maquillage venaient parfaire son costume de princesse. Seul le sac qu'elle portait à bout de bras et qui contenait à présent sa tenue de Sublime détonnait avec cette vision pourtant très réaliste.
Étonnamment, Aleth savait se déplacer dans ce genre de tenue. Elle avait été en partie éduquée par une esclave de Baaz'Hima, aussi avait-elle appris à marcher comme une femme raffinée et consciente de son potentiel de séduction, entretenir son corps avec les lotions et onguents appropriés, choisir ses tenues avec goûts et enfin se parer de manière à attirer tous les regards par sa simple présence. Mais, jusqu'ici, le seul précepte qu'elle avait appliqué à la lettre depuis sa fuite, c'était le soin de son corps...

L’organisation de la vie princière à Baaz’Hima suivait des principes parfois simples aux premiers abords mais souvent compliquer en y faisant plus attention. Le sérail par exemple, aucun homme entier n’était autorisé à y entrer. Il était gardé par les Sacri, ces grands zurthans de couleur qui surveillaient les femmes. Les Sacra, des colosses de couleur blanche étaient exclusivement des humains mâles et de grande stature, eux avaient en charge la sécurité du palais exclusivement tandis que le corps des Akhabans protégeait Azhar et ses proches. Les Sacra portaient des turbans, les Sacri n’avaient pas le droit de se chausser et en temps normaux, ils devaient peu se croiser. L’empoisonnement au sérail avait un peu changé la donne, la sécurité des cuisines et donc du palais avait été compromise. Ainsi chapeauté par Aleth elle-même, l’enquête se déroula sur quelques jours. Il s’était avéré que le panier d’épices utilisé ce soir là dans les cuisines avaient été coupé avec un autre produit toxique, les esclaves en charge des cuisines nièrent toute implication et expliquèrent que c’était le petit-maitre-des-paniers qui leur avait donné la corbeille. De fil en aiguille, on remonta la chaine jusqu’à trouver une incohérence au moment du transfert des épices qu’Azhar cultivait. Le transporteur n’était pas trouvable, jusqu’à l’avant-veille où il a été retrouvé mort dans la campagne alentour. Devant ce cul-sac, l’enquête s’arrêta. On devait s’occuper du voyage à Qiryah, la cité du Prince-Marchand Vel Do'Hel Rewt.

Azhar avait reçu de certains de ses opposants des menaces, et ce voyage jusqu’à Qiryah était long et sans doute propice aux traquenards. Sachant que ses épouses avaient été visées par un assassinat, et qu’il courait lui-même un danger, une Akhaban devait se faire passer pour sa compagne. Samira fût proposée mais le prince ne voulait qu’Aleth pour cette tâche. Le baiser échanger avec sa Sublime était resté sans suite à cause de l’interruption de Bahkin Bakhrin ou Bamkininin, peu importe le nom, qu’il avait envisagé de renvoyer. Durant l’ennéade écoulée, il n’avait rien tenté vers celle qu’il désirait. Il l’avait laissé tranquille, et elle avait fait de même. Mais lorsqu’il lui annonça qu’il la voulait être pour le voyage, l’affranchie pesta et râla sous le sourire amusé du prince qui ne flancha pas.

Le jour du départ, la Sublime se montra terne et épuisée. Azhar la laissa tranquille, ne lui adressant pas plus la parole que nécessaire. Hors de question de passer pour un de ces lourdaud dornien ou de lui faire croire qu’il lui accordait plus d’attention que d’autres. Le Serpent avait sa fierté. Au matin de leur arrivée, Aleth s’éclipsa un certain temps pour revenir paré d’un sari blanc. Le Prince se félicita à sa vue de la brillante idée qu’il avait eu. Sa nuque libérée de ses cheveux l’implorait de l’embrasser et ses épaules à être caresser, il dû faire un effort sur lui-même pour se retenir et lui accorda qu’un « Princesse Aleth. » accompagné d’un large sourire avant de détourner le regard, espérant qu’elle se pose des questions sur son peu d’intérêt. L’alonnaise était un mystère qu’il souhaitait résoudre, coincée qu’elle était elle ne voulait pas s’adonner au plaisir d’une nuit. Au début, cela ne l’avait pas dérangé plus que cela. Il avait de nombreuses autres amantes plus reconnaissantes. Un œil spectateur pourrait facilement dire qu’Azhar Salougan se dédiait d’avantage aux plaisirs charnels qu’à d’autres activités, ce qui n’était pas tout à fait faux. Mais lorsqu’il l’avait surprise dans son bain, tout ce qu’il avait refoulé malgré lui avait ressurgit. Toutes les piques échangées, les œillades masquées, les gestes refoulées avaient laissées des traces. Elle était un caprice. Un désir. Et le Prince finissait toujours par avoir ce qu’il désirait. C’était ce qu’il s’était promis pour ce séjour.

Le reste du trajet se passa sans aucune discussion avec la sublime, Azhar lisait des parchemins pour mettre à jour ses informations sur les habitants de la cité jusqu’à qu’ils franchirent les portes de la ville. La carrosse n’était seul, ils étaient venu avec toute une caravane marchande que de lourds priams menaient. Ils se rendirent au Myar’isto, le quartier noble où se trouvait le siège de la Société des Guildes mais également la villa de Vel où il a été invité à séjourner durant ladite période. Des marchands au crâne rasés vinrent les accueillir. Eblouissant, le Prince-Serpent sortit en premier de son carrosse et tendit son bras à son épouse. Un sourire victorieux adressé à Aleth pour bien lui faire comprendre qu’il avait obtenu d’elle ce qu’il souhaitait. On les salua, on honora leur présence en sacrifiant un veau aux dieux, Azhar ne savait pas de quelles dieux il s’agissait mais félicita l’action, puis on les introduisit dans leur villa. Le prince n’avait pas prévenu Aleth de ce qui allait suivre, la pauvre fut amenée à un salon des femmes où se trouvaient celles des marchands qu’Azhar devait rencontrer aujourd’hui pour converser avec eux et faire bonne figure, et n’eut aucun mot à redire là-dessus, elle devait jouer son rôle et se plier aux coutumes de leurs hôtes. Mais elle le rejoignit bien assez tôt pour le banquet, et le prince lui envoya un clin d’œil, sans doute devait elle être furieuse contre lui. Les festivités n’avaient rien d’extravagant. Azhar était assis aux côtés d’Aleth, vigilante, à la place d’honneur au milieu de la tablée et il avait amené avec lui ses propres goûteurs et ne mangeait qu’après que la nourriture soit testée. Il goûta à peu de mets et participa à de courtoises conversations, Aleth assistait à une facette d’Azhar qu’elle ne connaissait pas ou peu, celle où le jeu de séduction n’avait plus les même objectifs, celle du Prince qui négociait pour ses affaires. Ce soir c’était avec les orfèvres qu’il se trouvait, ces derniers eurent la courtoisie d’écourter la première soirée afin qu’ils puissent se reposer de leur voyage. Des esclaves leur montrèrent le chemin pour rejoindre les appartements réservées dans la villa, les Akhabans restèrent dehors et seul Aleth le suivit à l’intérieur.

« Alors ? Cette première journée en tant que Princesse ? »

Il retira le turban agrémenté de plumes qu’il avait autour de la tête alors que des esclaves entrèrent pour apporter boissons et fruits. Ainsi que des sceaux d’eau pour remplir les petits thermes qu’ils avaient à disposition dans la chambre juxtaposée de celle où ils se trouvaient de leur suite. Peut-être qu’Aleth voudra se débarrasser de la crasse du voyage ? Lui, s’était refait une beauté avec les marchands plus tôt dans l’après-midi lorsqu’ils visitèrent les bains brulants de la cité.

Lorsqu'Azhar l'affubla de son "Princesse Aleth", elle le reprit avec un "Nahat Alkazi". Ce nom semblait sorti de nulle part et pourtant la Sublime l'avait prononcé avec assurance et avait même ajouté une petite touche de l'accent Himaéen. Le Prince l'interrogea bien évidemment sur son origine et elle se contenta de lui répondre qu'il s'agissait de l'un de ses noms d'emprunt. Elle aurait préféré pouvoir donner celui-là après sa fugue mais son maître le connaissait et aurait pu la retrouver. Il lui fallait un nom qu'il ne puisse pas identifier et tracer. Elle avait donc prit le premier qui lui était passé par la tête... Du coup, elle n'avait même pas de nom de famille.
Quand à l'attitude d'Azhar à son égard, elle ne s'en soucia pas longtemps. Se disant qu'il s'était peut-être fait une raison et que de toute façon elle devrait attendre le soir pour être fixée, elle se concentra plutôt sur le rôle qu'elle devrait bientôt jouer ainsi que sur sa tâche. Mais, finalement, elle n'eut pas besoin de voir le jour tomber pour savoir que le Prince avait simplement bien manigancer son coup... Le sourire qu'il lui adressa lorsqu'elle descendit du carrosse (non sans avoir été obligée de lui donner la main pour passer une pauvre marche...) ne laissait aucun doute possible. Si d'apparence, cela ne lui faisait ni chaud ni froid, à l'intérieur elle bouillonnait.

Les quelques instants qui suivirent passèrent bien vite. Des gens arrivèrent de toute part pour les saluer, comme si tous voulaient être vus par le couple princier et recevoir leur attention. L'ambiance devint bien vite étouffante pour la pauvre Aleth, habituée à se tenir plus en retrait et à être invisible aux yeux de ceux venus pour lécher les bottes d'Azhar. Après le sacrifice, la Sublime fut finalement séparée de son cher "époux" pour être conduite dans l'espace réservé aux femmes. Si elle avait été prévenue pour le veau, ça en revanche, elle ne l'avait pas vu venir...
Si le couple devait être séparé, le groupe des Akhabans avait pour ordre de se diviser. Malgré le rôle qu'elle devait jouer, elle estimait ne pas avoir besoin de plus de deux gardes avec elle mais, pour que l'illusion sur son identité soit parfaite, elle n'avait pas eu d'autres choix que de tripler (voire quadrupler) l'effectif.
Dans le salon des femmes, si l'atmosphère était tout aussi étouffante, le temps lui sembla mille fois plus long. Toutes les dames présentes cherchèrent à obtenir son approbation et ses faveurs. Pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment mais elle fut bien obligée de jouer le jeu. Si Samira avait été formée pour remplir un rôle de Princesse, Aleth n'en avait pas eu besoin. Avec son nouveau poste, elle était en permanence avec Azhar et avait vu ses épouses en action de nombreuses fois pendant des festivités, une simple entrevue ou lors d'une réunion où elles jouaient les conseillères. Aussi sut-elle adopter l'attitude qu'il fallait, conservant un sourire léger, restant cordiale et plaisante mais aussi ambiguë dans ses réponses afin que l'on ne puisse pas démêler le faux du vrai. Elle prenait pour modèle la Prime épouse, celle qu'elle respectait à peu près bien.

Après un moment, les chemins des deux acolytes se rejoignirent enfin. Le Prince avait visiblement pu se rafraîchir un peu tandis que la Sublime avait dû supporter un flot continu de paroles qui lui avait donné mal au crâne. Malheureusement pour elle, elle devait encore tenir le temps du banquet. Le bruit ambiant ne l'aida pas à faire passer la douleur, pas plus que les discours à son attention... Aleth finit par demander à ce que le soigneur qu'ils avaient emmené avec eux lui apporte une potion pour soigner la migraine. Elle fit d'ailleurs merveille et le reste de la soirée passa avec un peu plus de facilité. Les échanges furent écourtés (sans que la fausse Princesse ne se rende vraiment compte du geste) et le couple fut conduit à sa chambre. Tandis que des esclaves faisaient des allers-retours avec des seaux d'eau, la Sublime entreprit de défaire les malles de voyage. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle n'aurait rien touché mais il paraissait que ça se faisait de remplir les armoires des autres, même pour deux petites ennéades...
Azhar se tenant juste à côté d'elle, il en profita pour la titiller un peu sur cette première journée. Tout comme lui, elle attendit le moment propice pour lui répondre à l'abri des oreilles indiscrètes.

-Ça confirme l'idée que je m'en faisais. Non en fait ! C'est pire...

Et dire que devait durer une vingtaine de jours...
Lorsque les esclaves furent partis, Aleth prit quelques affaires de toilette et alla prendre un bon bain bien mérité. Quant à Azhar, il pouvait toujours essayé de rentrer s'il le souhaitait. Avec la chaise qu'elle avait placé sous la poignée, il n'y arriverait jamais. La belle prit son temps avant de ressortir, parer d'une nuisette princière. Nul doute que Samira en aurait fait la surprise au Prince étant donné le décolleté et la transparence du tissu... Mais, au contraire de sa subordonnée, la Sublime avait bien l'intention de garder sa robe de chambre par dessus !
Quant au lieu où elle allait dormir, hors de question que celui qui rêvait de la voir dans son lit obtienne ce qu'il voulait. Aussi prit-elle une couverture légère et se fit-elle un petit nid sur l'une des longues assises de la suite. Un livre posé à côté d'elle, elle pourrait aisément faire croire qu'elle lisait bien tranquillement en cas d'intrusion, ce qui expliquerait qu'elle ne soit pas au lit. Quand au lendemain... Elle se levait avec les premières lueurs du jour. Peu de chances que quelqu'un viennent les ennuyer à cette heure.

Mais, au petit matin, Aleth ne se leva pas aussi tôt qu'à l'accoutumée. Épuisée par la charge de travail qui l'avait incombé avant de partir et le voyage, elle aurait pu dormir longtemps si on ne l'avait pas réveillée... Son sommeil n'était toutefois pas aussi lourd qu'il semblait et le simple fait de s'approcher d'elle lui fit ouvrir les yeux.

Aleth défaisait les malles sous l’œil attentif de son « époux ». Azhar la laissa faire et n’appela pas les esclaves censés s’en charger, la sang-mêlé était tellement habituée à tout faire par elle-même que l’idée qu’elle n’avait rien d’autre à faire que relaxer lui était impensable. Il la laissa donc faire et l’entendit se plaindre de sa journée. Il haussa d’ailleurs les sourcils de stupéfaction, elle avait passée la journée à ne se soucier de rien, aucune responsabilité, aucune pression autre que celle de sourire et plaire aux autres. Il ne lui répondit pas, et la laissa filer dans la salle d’eau pour son bain. Quant à lui, il se déshabilla pour refiler des voiles de soie ceinturé à la taille par une broche en velours. Il eut l’idée de rejoindre sa princesse dans son bain, mais sa tentative échoua lorsqu’il se rendit compte que la porte était bloquée. Il aurait pu faire le tour pour tenter de trouver une autre entrée, mais Aleth l’avait refroidi d’un coup et c’est avec mauvaise humeur qu’il glissa sous ses draps. Lorsque la porte des thermes s’ouvrit, la sublime ressorti avec une robe de chambre assez courte mais qui cachait sans doute des dessous affriolant. A ce moment précis, il regretta l’Akhaban avec qui il se serait à tous les coups amusé le soir. La Sublime ne le rejoignit pas dans sa couche et se construisit un nid douillet sur lequel elle décida de passer la nuit. Le prince ne broncha pas, il ne souhaitait pas la mettre dans de mauvaises dispositions dès le premier soir.

Le lendemain matin, il se leva de bonne heure. Silencieux, il sorti de la chambre. La Princesse Nahat Belkazi s’était plainte de la journée, il allait lui sortir le grand jeu. Devant la porte de leur suite, il ordonna à un akhaban de garde de courir réveiller le petit-intendant-préposé-aux-voyages. Celui-ci accouru aussi vite que lui permettait ses petites jambes, il écouta attentivement et retourna d’où il venait. Azhar rentra dans sa chambre en attendant, s’allongeant sur son lit. Sans doute était-ce là l’une des rares fois où il n’avait pas à le partager, cela le perturba d’ailleurs un instant avant qu’il ne se reprenne. Il était entrain d’accorder à Aleth bien trop d’importance.

Une vingtaine de minutes plus tard, des esclaves rentrèrent avec des plateaux, des étoffes et des carafes. Toutes des femmes aux robes grises et au collier de fer autour du cou, l’une d’elle se rapprocha de la princesse tandis qu’Azhar quittait la pièce pour faire sa toilette à côté.

« Princesse. » A peine s’était-elle rapprochée qu’Aleth ouvrit les yeux. L’esclave fit signe aux autres de venir plus près avec les plateaux. Bien entendu elles étaient surprises de ne pas la retrouver partageant la couche du prince et sans doute les commérages iront de bon train dans la journée, peut-être que la sublime pu entendre Aaaz’oun murmurait à sa voisine Aminka une remarque à ce propos car celle qui semblait en charge leur lança un regard lourd de menaces.

« Nous vous avons apporté de quoi vous restaurer Votre Eminence. Des figues de Mathaora, des dattes de Geresh et des olives d’Ancenis. » Elle continua d’énumérer tous les mets à disposition tandis qu’Azhar revenait dans la pièce.

« Les filles vous aideront à vous habiller et à vous coiffer. Les concubines du Marchand Doeben Dathzorh Xlan vous tiendront compagnie ensuite dans les salons de repos du Myar’isto où votre époux vous a prévu une séance de massage par des eunuques zurthans pour vous détendre. »

Le Prince lui refusa de manger, n’ayant pas particulièrement faim mais il était bien installé pour reluquer sa princesse lorsque les esclaves s’activeront.

Aleth découvrit le groupes d'esclaves venu pour la réveillée avec une surprise qu'elle tenta de masquer au mieux. On lui débita le programme de la matinée et dû faire un gros effort pour ne pas afficher son mécontentement. Comme si elle ne savait pas s'habiller et se coiffer toute seule... Et après ça, elle devrait encore se farcir la même mascarade que la veille avec les concubines cette fois... Et qui disait massage disait qu'elle allait devoir se déshabiller en publique ! Mais, attendez... "où votre époux a prévu" ?!
Le regard de la Sublime se porta sur Azhar confortablement installé. Comprenant à la fois qu'elle allait se faire se faire habiller devant lui et qu'en plus il avait tout manigancé, il lui fut difficile de réprimer sa colère. Seule une froideur dans son regard transpira de ce qui bouillait en elle. En temps normal, Aleth aurait tenté de protéger sa couverture en se saisissant de son livre, toujours posé à côté d'elle, pour faire comprendre qu'elle s'était endormie en lisant. Mais vu ce qu'il venait de lui faire, elle laisserait courir les rumeurs disant que le couple était en froid et que la princesse s'était refusée à lui.

Bien obligée de se plier à cette séance d'habillage, la Sublime se leva et laissa les esclave la guider tandis qu'on lui proposait régulièrement de quoi boire et manger. La robe de chambre fut vite enlevée et laissa apparaître une tenue des plus légères. Un simple bandeau de tissu recouvrait sa poitrine. Une jupe transparente et courte laissait entrevoir une culotte de soie potentiellement déchirable. Ses épaules, son ventre et ses jambes étaient nus, laissant apparaître sa peau fraîche et parfaite. Mais tout ceci ne resta pas longtemps sur le corps de la belle et les esclave s'attachèrent à les lui retirer couche par couche. Tournant le dos à Azhar, il ne put voir que l'échancrure de son dos ainsi que ses fesses. Le galbe de sa poitrine se devinant par moment à la limite de sa silhouette.
Les esclaves choisirent elle-même la tenue que la Princesse porterait, la soumettant toutefois à sa vue pour obtenir son accord. Aleth hocha simplement la tête et on commença à l'apprêter. Quelques instant plus tard, elle était habillée et on l'invita à s'installer devant une coiffeuse pour être coiffée. Une fois qu'elle fut prête, on lui suggéra quelques bijoux avant de les lui passer.

Leur travail terminé, les esclaves rangèrent leurs affaires et celles de la Princesse avant de sortir, l'une d'elle l'attendant devant la porte pour la conduire au salon. Profitant de cette semi intimité, Aleth se rendit auprès de son époux et se penchant de manière à ce que l'on croit qu'elle baisait sa joue mais sans que l'on puisse voir sa bouche. A voix basse, elle lui glissa quelques mots.

-Vous avez raison de profiter de ce que vous ne pouvez pas avoir. Parce que ça, c'est tout ce que vous obtiendrez de moi.

Se redressant, elle lui fit un sourire assuré avant de quitter la pièce. Si c'était sa tactique pour la séduire, ou au moins la mettre dans son lit, il était très mal engagé. Les fastes, les richesses, les esclaves, les bijoux... Tout ça, elle n'en avait que faire et Azhar ne pouvait certainement pas le comprendre.
La matinée fut des plus longues pour sa fausse majesté. Encore le blabla des concubines voulant s'attirer quelques faveurs... Elles ne la laissèrent même pas tranquille durant le massage. Cela n'était peut-être pas plus mal car elles lui permirent d'oublier qu'elle était allongée sur le ventre, torse nu, de l'huile dans le dos et les mains d'un homme qu'elle n'avait pas choisi posées sur elle et la triturant en permanence.
Lorsque sonna l'heure du repas, elle demanda à repasser par sa chambre, donnant un faux prétexte pour que l'on ignore qu'elle voulait seulement s'isoler au calme quelques instants... Elle retournerait bien assez vite se noyer dans le flot de paroles qui la berçait depuis la veille.

Elle ne fit rien pour se défendre face aux murmures des esclaves ce qui fit froncer les sourcils à Azhar pour lui rappeler ce pourquoi elle était là. On lui offrit de quoi se sustenter un brin tandis que d’autres s’affairaient à la déshabiller. Pour le plaisir des yeux princiers, on lui retira sa robe de soie, sa poitrine était loin de l’opulence de certaines de ses femmes mais elle était garnie comme il le fallait. Une sorte de jupe qui ne cachait rien de son sous-vêtement affriolant laissant Azhar se mordre la lèvre inférieure en s’imaginant la lui arracher. Mais elle se retourna bien assez vite lorsqu’elles commencèrent à la dénuder ne lui laissant que la vue de ses fesses fermes et rebondies et de ses cuisses finement ciselées dont la musculature discrète mais présente ne laissait aucun doute quant à leur fermeté. Mais elle fût prête bien assez tôt à son goût, les esclaves rangèrent puis sortir mais l’une d’entre elles attendit sur le seuil de la porte que la princesse la rejoigne. Cependant, Aleth s’avança vers lui pour se pencher et lui murmurer quelque chose à l’oreille, lui accordant l’occasion de jeter un petit coup d’œil par inadvertance dans son décolleté. Il ne réagit pas, cela faisait déjà deux fois qu’il la voyait aussi dénudée et à son avis, cela n’était pas la dernière fois. Elle sortit ensuite, le laissant seul qu’un court instant avant que d’autres esclaves viennent l’habiller à son tour pour le préparer à la journée qui l’attendait.

Il devait rencontrer les esclavagistes de la Société des Guildes, ils étaient drow pour la plupart et arboraient le crâne rasé. Malgré les barrières entre les deux races, ils se comportèrent en professionnel. Dans cette partie du monde, l’appât du gain était plus fort que la traditionnelle haine des aïeux. Ils n’arrivèrent pas à se mettre d’accord sur un marché, bien que les négociations durèrent toute la matinée. Ils proposèrent de déjeuner ensemble mais Azhar déclina poliment. Aleth serait présente et il ne souhaitait pas la mettre mal à l’aise avec des noirelfes esclavagistes. Sans doute était-ce là une des rares intentions envers autrui d’un prince bien souvent égoïste avant tout. Ils proposèrent dès lors de se revoir dans l’après-midi mais on convent d’un horaire le lendemain à la place. L’après-midi, il avait rendez-vous avec les tisserands et Nahat devait être là. Peu avant le déjeuner, il décida de prendre un moment dans leurs appartements. Suivi de ses Akhabans, ils retournèrent à la Villa des Princes.

Seul, il s’assit sur un fauteuil rembourré et ferma les yeux un court instant avant que le bruit de la porte qu’on ouvre le sorte de ses pensées. Il ouvrit la bouche pour s’apprêter à appréhender le maraud qui le dérangea mais la referma lorsqu’il reconnut sa Sublime.

« Tu me cherchais ? »

Ils allaient passer deux ennéades à Qiryah, à rencontrer, palabrer, complimenter, menacer, négocier, séduire et marchander avec toute sorte de corporations, de guildes et de compagnies. Deux ennéades intenses où ils auraient peu de temps à eux, et peu de temps pour se détendre.

« Tu as apprécié le massage ? Les zurthans excellent dans cet art, ils ont une de ces techniques pour te dénouer le dos et enlever toute tension, incroyable. »

Il lui avait offert cette séance pour l’ouvrir un peu sur le monde des princesses, en espérant qu’elle apprécie le geste et le moment. Toujours adossée contre le dossier de son siège, il referma les yeux un instant, souriant. Il l’avait rarement vu aussi bien habillée lorsqu’ils sont chez eux.

« Tu es magnifique Cassandre. »

Adossée à la porte, la tête basculée vers l'arrière, Aleth soupira. Elle avait encore l'impression d'entendre les voix des femmes qui ne l'avaient pas lâchées de la matinée. Elle se demandait toujours comment on pouvait sortir autant d'inepties à la minute et s'intéresser à autant de sujets sans importance. La logique semblait lui échapper définitivement.
Prenant appui sur le pan de bois, elle se redressa après un instant et entra dans la chambre... pour se rendre compte qu'elle n'était pas seule. En découvrant Azhar, elle ne put retenir un second soupir.

-Tu me cherchais ?

-Non, je cherchais quelqu'un qui s'appelle Solitude. Elle commence à me manquer.

Et dire que ce n'était que leur premier jour ici... La Sublime était habituée à être seule ou peu entourée mais l'attention qu'on lui portait depuis la veille associée aux journée de folies qu'elle avait eu avant de partir lui pesaient. Elle avait déjà hâte de retrouver ses appartements à Baaz'Hima (fermés à clef, bien sûr !). Mais la présence d'Azhar était un moindre mal. Au moins, il n'allait pas lui débiter un flot de sornettes pour tenter de l'amadouer.

Quoi que...

-Tu as apprécié le massage ? Les zurthans excellent dans cet art, ils ont une de ces techniques pour te dénouer le dos et enlever toute tension, incroyable.

-Oooooh ouiiii !

Le ton de la Sublime ne cachait absolument pas l'ironie de sa réponse. Elle lui fit vite comprendre le sens de sa phrase en continuant sur le même ton.

-C'est vrai que me mettre nue devant une flopée de femmes -qui ont toutes les yeux rivées sur moi- pour me faire masser par un inconnu -un de mes semblables en plus- et devoir continuer à tenir la conversation en même temps, ça a de quoi détendre.

Evidemment qu'elle n'avait pas apprécié le geste. Comment le pouvait-elle ? Méfiante comme elle était, il l'avait contrainte à tourner le dos à un inconnu. Et, si elle n'était pas particulièrement pudique, elle n'aimait pas se déshabiller devant un public, qu'il soit composé d'hommes ou de femmes. Ce n'était pas ainsi qu'elle avait grandi et la vie de Princesse n'était pas pour elle. En tant que Sublime, elle avait déjà bien plus que ce dont elle avait besoin. Mais cela, il ne pouvait pas le comprendre...

Son petit discours terminé, elle se dirigea vers un petit espace de toilette aménagé dans la chambre, rejetant le compliment du Prince d'un geste de la main râleur. Elle n'était pas d'humeur... Elle prit le pichet posé sur une petite table pour remplir une petite vasque avec de l'eau afin de se rafraîchir. Ce soin n'était pas pour son corps, appréciant la fraîcheur du palais malgré la saison estivale, mais pour son esprit. Elle retournerait bien assez tôt dans cette fosse à vipères et elle avait besoin du peu de sérénité qu'elle pouvait tenter de retrouver avant cela. Aussi ne chercha-t-elle pas davantage à exprimer sa colère envers Azhar, espérant simplement qu'il avait bien reçu le message, et passa-t-elle à autre chose.

-Et vous, qu'est-ce que vous faites là ?

La solitude. Un autre concept étrange pour le Prince qui la côtoyait très rarement depuis qu’il était devenu Prince. Il avait toujours à faire avec ses épouses, ses marchands, ses opposants, ses intendants, ses alliés etc. Aleth n’était dans la peau d’une princesse que depuis un jour elle en avait déjà marre, Azhar se demandait ce qu’elle aurait fait avec ses responsabilités à lui. Mais comble de tout, elle n’avait pas apprécié le massage qu’il lui avait offert. Impensable. D’ailleurs, elle n’était plus une des « leurs » comme elle disait, sa liberté était depuis un moment effectif. Son ironie agaça le prince qui ne la releva pas. La Sublime était un défi pour lui comme il en avait rarement trouvé, elle ne semblait apprécier aucun de ses présents, elle ne montrait aucune sympathie pour ses gestes et sa colère était mal placée. Elle rejeta son compliment d’un simple geste ce qui vexa bien entendu Azhar.

A son tour, elle lui demanda ce qu’il faisait là en se verser de l'eau dans une bassine pour se rafraichir. Salougan avait lui un autre pichet posé à côté de lui auquel il buvait au goulot.

« Je respire. Les Qiryahens sont assez étouffant, à petite dose ils sont sympathiques mais dès qu’on dépasse quelques heures avec eux… »

Il ne termina pas sa phrase et se releva de son assis. Il alla vers une fenêtre qui donnait vers un jardin aux plantes luxuriantes et remarqua la présence d’une rosalcine, une sorte de rosier sans épines avec des fleurs aux coloris violettes et pourpres assez coûteux. Mais les pensées du prince étaient tournées vers son akhaban préférée.

« Tu es aigre et désagréable ces temps-ci Aleth. Il ne l’appelait pas par son nom de couverture. Cela aurait-il un rapport avec notre conversation de la dernière ? »

Conversation qu’ils avaient eue dans ses appartements avant d’être interrompu par son assistant, ou petit-maitre-des-corvées comme aimait l’appeler Azhar. Le prince s’éloigna de la fenêtre pour se rapprocher de l’esclave affranchie.

« Tu m’avais avoué avoir des sentiments ? Il faisait exprès de la taquiner pour l’entendre dire d’elle-même. Ou une attraction pour moi ? Ce que je peux comprendre. Mais je ne comprenais pas pourquoi tu ne te faisais pas plaisir. »

Il s’était rapproché d’elle d’avantage, il avait bien vu qu’il lui faisait de l’effet lorsqu’il raccourcissait la distance entre eux et c’était exactement ce qu’il voulait.

« Dis moi tout Cassandre. »

Tandis qu'Azhar s'était rendu à la fenêtre, sa Sublime, qui s'était essuyée le visage, s'approcha du pichet d'eau et se servit un verre, se moquant du fait qu'il ait bu à même le goulot. Il n'avait pas la lèpre aux dernières nouvelles...

-Tu es aigre et désagréable ces temps-ci Aleth. Cela aurait-il un rapport avec notre conversation de la dernière fois ?

Et c'était reparti. Le Prince se montrait particulièrement insistant, comme il ne l'avait jamais été auparavant. Jusque là, elle n'avait eu qu'à se refuser à lui pour qu'il passe à autre chose mais depuis qu'il savait qu'elle avait envie de lui il ne la lâchait plus, ce qui ne lui ressemblait pas vraiment. Toutefois, elle ne pouvait pas vraiment lui donner tord et cette humeur massacrante n'était pas pour lui rendre service. Surtout en étant sous couverture. Cela n'aurait pas été un problème si elle avait été en colère contre un autre que celui dont elle devait se faire passer pour l'épouse tendre et docile.

-Tu m’avais avoué avoir des sentiments ?

Aleth faillit s'étrangler tandis qu'elle buvait et avala de travers. Il lui fallut quelques toux pour parvenir à le faire passer. Des sentiments ? Elle ne le croyait pas plus capable d'en éprouver qu'elle. Quant il s'agissait de leurs devoirs, ni l'un ni l'autre n'en éprouvait. Cependant, ils étaient tous deux capables de compassion et de sympathie. Mais de l'amour... Cela lui paraissait improbable pour lui comme pour elle.

-Ou une attraction pour moi ? Ce que je peux comprendre.

La Sublime achevait de se remettre de sa gorgée mal dirigée. Une main devant la bouche, elle toussa une dernière fois et haussa un sourcil devant la prétention du Prince. Il était certes attirant mais ce n'était sans doute pas pour cette seule raison que tant de femmes se rendaient bien volontiers dans son lit. Même si habituellement il n'en fallait pas plus à la demi-elfe, la situation était différente ici.

Une nouvelle fois, Azhar fit exprès de s'avancer au plus près de l'Akhaban. Alors qu'il la surplombait de toute sa hauteur, elle pouvait sentir son odeur, son souffle se mêlant presque au sien. Elle avait même l'impression de pouvoir deviner le contact de sa peau contre la sienne...
Il avait compris l'effet qu'il lui faisait, cela ne faisait aucun doute. Il jouait avec son désir comme un chat avec une souris. Il le provoquait, l'attisait puis le frustrait en prenant de la distance, l'augmentant encore d'avantage. A ce rythme, elle finirait sans doute par céder mais uniquement parce qu'elle aurait perdu le contrôle.

-Arrêtez ça...

Aleth posa son verre et s'éloigna. Passant sur sa gauche, elle alla se positionner derrière le canapé, s'en servant comme une barrière physique qu'elle mettait entre eux pour garder les idées claires.

-Pourquoi vous ne pouvez pas simplement accepter que je ne veuille pas coucher avec vous ? Quelles que soient mes raisons.

Le sourire prédateur d’Azhar s’était agrandi lorsqu’elle toussa, ses mots avaient eu l’impact voulu. Plus il s’approchait et plus il la sentait fébrile. Finalement, elle le contourna pour aller se cacher derrière un canapé. Le prince rit de bon cœur à sa phrase et s’affala dessus, lui donnant ainsi dos.

-Héhé, ne te fais pas trop d’idées ma belle. Je ne parle pas de coucheries là. De plus, justement il me semble que c’est toi qui souhaite partager mon lit… J’aurais bien accepté que tu ne veuilles pas, si tu ne le voulais pas. Le problème est d’ailleurs là. Tu me désires, ça se voit. La réelle question est, pourquoi refoules-tu tes désirs ? Pourquoi vivre dans la frustration ?

Même si le Prince lui tournait le dos, la Sublime préférait voir à qui elle parlait. De plus, il se retrouvait de nouveau proche d'elle et, sans vraiment parvenir à se 'expliquer, ça la dérangeait. Aussi entreprit-elle de faire le tour pour se positionner derrière la banquette qui faisait face à Azhar.

-Ne tournez jamais le dos à personne. Pas même à moi.

C'était l'un des préceptes qu'Aleth appliquait en permanence et qu'elle essayait d'enseigner au Prince, considérant que l'on ne pouvait jamais être mieux protégé que par soi-même. On ne pouvait jamais entièrement se fier à quelqu'un, aussi devait-on toujours l'avoir dans son champ de vision. Le Prince ne l'avait sans doute jamais remarqué mais elle faisait toujours en sorte de voir Azhar, même lorsqu'ils étaient seuls. Il n'y avait qu'à bonne distance qu'elle tolérait l'idée de ne pas le voir, sachant qu'il n'avait pas les compétences requises pour l'atteindre de loin. Mesure de protection sans doute superflus et qui rendrait la vie de n'importe qui d'autre insupportable mais elle ne s'en rendait même plus compte.

Aleth prit un ton presque plaintif tandis qu'elle entamait sa réponse au Prince, jouant la comédie aussi bien qu'il semblait le faire.

-Ne me faites pas croire que vous êtes totalement indifférent. Je ne suis pas naïve.

La Sublime n'était pas dupe. Certes, il avait fait les avances le premier et elle aurait été bien étonnée d'apprendre qu'elle n'était pas à son goût. Même si elle n'en jouait pas, Aleth avait conscience de sa beauté et de ses charmes. Mais ce qui confirmait ses doutes c'était l'insistance et la manipulation de son émoi dont il faisait preuve de manière récurrente. Il ne prendrait pas tant de peine s'il n'en mourait pas d'envie lui aussi.
Quant au fait de désigner ce genre de rapport...

-Et comment vous voulez appelleriez ça vous ? Le fait de passer une nuit avec une femme qui ne fait pas partie de votre harem ? Personnellement, je n'en vois pas d'autres.

Evidemment, Aleth n'envisageait pas la chose autrement que comme un évènement unique. Pour elle, l'expérience n'était jamais à renouveler deux fois avec le même homme, aussi attirant et doué pouvait-il être, et même en le côtoyant tous les jours.
Mais Azhar semblait ne définitivement pas comprendre ses motivations. Taisant l'idée qui lui avait traversé l'esprit voulant qu'elle serait sans doute moins frustrée à l'heure actuelle si elle avait eu le temps de sortir du Palais durant les derniers jours, elle décida de se montrer plus explicite... Si autrefois, le fait de protéger son statut suffisait à lui seul à justifier sa retenue, les choses étaient visiblement moins claires pour le Prince aujourd'hui.

-Vous voulez mes raisons ? J'en ai deux à vous donner. La première, je ne mélange jamais plaisir et travail. Ça a la fâcheuse de déconcentrer les esprits et c'est comme ça que l'on finit par faire des erreurs. Etant donné que mon travail consiste à vous protéger, je doute que ce soit ce que vous vouliez. Quant à la seconde, je pense que vous êtes conscient que quasiment toutes les femmes qui partagent votre lit attendent quelque chose de vous. De l'argent, des terres, une sécurité, un statut, des bijoux, j'en passe et des meilleures. En ce qui me concerne, tout ce que je voulais c'était ma liberté. C'était la seule raison pour laquelle j'ai discuté mes tarifs lorsque vous m'avez promue. Même si j'étais encore esclave, je ne me serais pas offerte à vous pour l'obtenir mais vous me l'avez rendue sans que je vous la demande. J'ai plus d'argent que ce dont j'ai besoin entre ce que j'avais mis de côté et ce que vous me payez encore. Je n'ai donc aucune raison d'enfreindre la règle qui garantie votre sécurité.

Le concept serait peut-être difficile à intégrer pour le Prince mais Aleth se montrait ferme tant dans son ton que dans sa posture, bras croisés, faisant face à son interlocuteur, les yeux plongés dans les siens. Elle avait voulu marquer sa différence avec toutes ses groupies qui ne cherchaient qu'à arriver à leurs fins en donnant quelques plaisirs à un homme. Ce n'était pas de cette manière qu'elle concevait ses rapports avec les hommes. D'ailleurs, jamais elle ne se souciait de leur plaisir (qu'ils trouvaient généralement tous seuls), uniquement du sien, aussi mince était-il. Une chance toutefois que les deux coïncident toujours.

« Je vous paie tous assez cher afin que je puisse donner mon dos à qui je le souhaite sans avoir à m’en inquiéter. » Répondit le prince agacait.

Ne jamais tourner le dos ? Azhar était déjà assez paranoïaque comme cela, pas la peine d’en rajouter. S’il avait toute une armée pour veiller à sa sécurité ce n’était pas pour faire leur boulot à sa place. Aleth contourna le canapé pour se cacher derrière celui en face duquel il était assis, il avait ce sourire amusé devant les arguments de la Sublime. Ses mots étaient creux, ses paroles vides de sens et pourtant elle continuait de s’y accrocher. Le Prince la considérait comme un défi à surmonter, il ne se remettait pas en question car il voyait bien l’effet qu’il lui faisait, non, il voulait juste obtenir ce qu’elle lui refusait elle-même par caprice.

« Oui, je ne suis pas indifférent. En même temps pratiquement rien ne me laisse indifférent. Ne te sens pas flattée uniquement par cela, hein. »

Lorsqu’il n’était pas entrain de fructifier ses biens, il était occupé à sauter tout ce qui avait une paire de seins. Généralement des femmes de son harem. Il aimait ça, c’était plus fort que lui. Il avait été élevé dans le sérail, avec des femmes qui ne parlaient que de sexe. Plus tard, on lui avait enseigné qu’on mesurait la puissance d’un homme à combien de femelles résident dans son sérail.

«Pourquoi cela devrait-il être une nuit ? Un jour, une matinée, un moment. Puis, tu devrais l’avoir remarqué. Je n’honore pas que les femmes de Baaz’Hima, je prends mon plaisir là où je peux le trouver. »

Il balaya ses raisons d’un mouvement de la main. Mélanger plaisir et travail était pourtant sa devise officieuse. Il la reprit aussitôt, lui parlant comme s’il menait une transaction financière avec un autre marchand.

« Alors déjà, je ne parle pas de sentiments. Tu as peur de trop t’attacher à moi ? C’est mignon, mais non merci. Si tu n’es pas capable de mélanger deux taches, c’est que finalement je t’ai surestimée. Je ne pensais pas que tu te déconcentrais si facilement de ton travail. Deuxièmement, ne sois pas méprisante envers les Princesses de Baaz’Hima ou les concubines du sérail et ais un peu de respect pour elles. Le monde n’est pas blanc ou noir, il est tout en nuance de gris. Il ne s’agit pas de coucher pour de l’argent ou des gages, je ne distribue pas mes richesses à chaque fois qu’on m’ouvre les cuisses, sinon quoi je serais là à mendier au lieu d’être un Prince Marchand du Centre du Monde. Les Princesses n’ont jamais eu à demander quoi que ce soit, elles sont nées avec une cuillère en or dans la bouche et les mariages ne sont que le fruit des alliances économiques. Les concubines viennent de l’élite de la société thaari, et les esclaves ne sont là que pour diversifier le paysage. Certaines sont dans le sérail pour les avantages que cela procure, d’autres par nécessité. Je ne t’ai jamais invité à rejoindre mon sérail, je ne t’ai pas demandé de devenir l’une d’entre elles, je ne t’ai pas demandé d’aller au bout du monde avec moi pour m’épouser Cassandre. On ne parle pas d’engagements ou de promesses, tu en fais une bien trop grosse histoire. »

Azhar avait abordé le deuxième point avec sérieux, un ton presque sec. Il soutenait le regard de l’akhaban sans fléchir, elle avait franchi une ligne en qualifiant à coup de sous-entendus ses conquêtes de prostituées bien qu’il n’avait aucune honte à en fréquenter de temps à autres.

Décidément, Aleth avait le don de fâcher le Prince. Leurs points de vue sur la sécurité étaient très divergents. Elle, partait du principe que l'on ne pouvait jamais faire autant confiance aux autres qu'à soi-même. Lui pensait que cette confiance s'achetait, ce que la Sublime ne parvenait pas à comprendre. Certes, ses services s'achetaient et elle ne se retournait jamais contre son employeur en échange de quelques pièces de plus mais elle savait que d'autres dans le métier étaient bien loin de suivre ce même principe.

Azhar prit ses premières répliques très à la légères et les rôles s'inversèrent. Cette fois, c'était elle qui était agacée par son attitude. Elle avait l'impression qu'il se moquait d'elle en contrecarrant tous ses propos. Et cela ne s'arrangea pas lorsqu'il évoqua la possibilité qu'elle puisse s'attacher à lui. Elle croisa les bras et fronça les sourcils pour lui faire comprendre qu'elle ne parlait pas de sentiments elle non plus. L'attraction était bien suffisante pour perturber les esprits. Il n'était certainement pas complètement concentré lorsqu'il était en bonne compagnie. Il s'était même enfermé avec deux esclaves prêtes à le tuer juste parce qu'elles lui offraient leurs corps... Et c'était la seule chose qu'elle voulait éviter.
Elle le laissa toutefois achever son discours sans l'interrompre. Ses mâchoires se serraient de plus en plus à mesure qu'il parlait. Après l'avoir vexée dans ses premiers mots, il s'acharnait à présent en marquant point sur point. Ils avaient décidément le chic pour ne pas s'entendre... En fait, il lui parut finalement évident qu'ils ne pouvaient pas se comprendre. Chacun avait son point de vue tiré de l'univers dans lequel ils avaient été élevés. Tout comme ses épouses, Azhar était né dans un bain d'or. Quant à elle, elle n'avait connu les draps de soie que le temps d'être expulsée du corps de sa mère avant de finir sur un molleton en paille. Ils n'avaient rien en commun, elle devrait donc utiliser des mots qu'il soit en mesure d'intégrer plus facilement.

-On a tous les deux nos paranoïas. Vous n'engagez que des eunuques et moi je suis un certain nombre de règles. Règles qui m'ont gardées en vie jusque là. Si vous ne pouvez pas le comprendre, essayez au moins de le respecter. A moins que vous ne sachiez pas vous contrôlez ?

Il l'avait accusée de pouvoir tomber amoureuse de lui. Sous-entendre que lui n'arrivait pas à modérer ses pulsions n'était qu'un juste retour des choses à ses yeux.
Mettant un terme à cette conversation, Aleth se dirigea vers le balcon pour prendre l'air et s'isoler. La seule séparation qui régnait entre eux résidait en un simple voilage mais cela lui suffisait amplement. S'il pouvait la voir, la réciproque n'était pas vraie et c'était tout ce dont elle avait besoin. Elle voulait rester un peu seule, ne serait-ce qu'une minute, avant d'enfiler à nouveau son costume de Princesse dans lequel elle se sentait à l'étroit. Elle avait besoin de faire les choses par elle-même, de contrôler son environnement et de pouvoir se comporter comme elle l'entendait. Tout cela n'était pas possible pour une Princesse car elle avait un certain nombre de codes de bonne conduite à tenir et des serviteurs pour agir à sa place. La prochaine fois, il pourrait toujours essayer de la supplier... Il était hors de question qu'elle renouvelle l'expérience.

HRP:

Aleth se fâchait également, Azhar le remarquait à son expression plus qu’explicite. D’une certaine manière, elle avait raison, ils avaient tous les deux leur propre paranoïa. Il était de cette même manière, flatté d’entendre qu’il était sa paranoïa. Rien de mieux qu’une flatterie pour détendre le prince de Baaz’Hima. La pique prononcée par la Sublime lui fit hausser les yeux vers le plafond. Il était de notoriété publique qu’il n’était pas capable de se contrôler mais ce n’était pas une raison pour le lui balancer en pleine face. Il voulut répondre par une autre réplique cinglante mais Aleth mit fin à la conversation en tournant les talons. La voilà déjà qui adoptait les manières d’une princesse pensa Salougan en souriant.

Il la regarda marcher vers le balcon séparé par un simple voilage presque translucide, il ne la voyait pas net tout à fait mais grâce au soleil estivale il devinait aisément la silhouette. A son tour Azhar se leva et marcha vers elle, repoussant le voile d’une main il s’accouda contre l’encadrement de la porte.

« Je comprends Cassandre. » Menti-t-il.

Quoi que s’il n’était pas aussi têtu il aurait pu faire un effort pour. Ils n’avaient pas reçu la même éducation, ils n’avaient pas eu la même histoire. Elle était une ancienne esclave qui avait du être exploiter physiquement, dans tous les sens du terme, par ses maitres. Elle pouvait être effrayée d’une relation consentante avec quelqu’un de très similaire à l’humain qui la possédait.

« Je comprends, nous n’accordons pas la même signification à l’acte. Pour moi c’est une partie de plaisir sans histoire, pour toi s’en est une. Tu es bonne à ton travail, je ne vais pas prendre le risque de te perdre pour cela. »

Il ne lui laissa pas le temps de répondre à son tour. Il avait parlé d’un ton détaché, qui semblait sincère. Il était habitué à ce genre de compromis en commerce. Ses pas pour quitter la pièce étaient rapides, il devait se concentrer à présent sur son après-midi chargé auprès des négociants de la cité. Qiriayh. Quel drôle de nom. Azhar espérait que ses mots muriront dans l’esprit de l’Akhaban et que peut-être quelque chose en germera plus tard. En sortant de la suite, il interpela un esclave pour qu’il avertisse Aleth du diner bien plus tard dans la soirée. Les diners affaires étaient monnaie courante ici, où les riches s’allongeaient sur des lithiums et mangeaient allongés tout en discutant de « l’avenir. » Une tenue galante était bien évidement demandé lorsqu’il s’agissait d’interagir avec tout ces monsieurs.

Aleth eut un rire désabusé lorsqu'Azhar parla de l'importance qu'elle donnait à l'acte. Il n'avait absolument rien compris... A moins qu'il ne le fasse exprès pour la faire réagir une fois de plus. De toute manière, elle n'eut pas le temps de le faire car on vint les chercher pour le repas. Qu'elle ne fut pas la surprise de la Sublime en découvrant comment on les avait installé pour déjeuner... Allongés sur le côté, l'homme se plaçant derrière la femme. Obligé de passer un bras par dessus elle pour atteindre les plats ou bien de les lui proposer. La fausse épouse afficha un sourire mais elle était loin d'être ravie à l'idée de devoir rester si longtemps près de celui dont elle voulait s'éloigner...
Le repas fut agréable et gênant tout à la fois. Azhar se montra attentionné, concernant les plats que les discussions, s'adressant à elle fréquemment de manière à ne pas la délaisser ou la faire participer. Il n'eut aucun geste déplacé et ne fit aucune tentative à son égard alors qu'elles auraient très bien pu passer inaperçues et involontaires dans une telle situation. Mais non. Pourtant, il parvint à la perturber sans même essayer. Et en vérité, le Prince n'y pouvait pas grand chose... Car, ce qui lui faisait tant d'effet, c'était son souffle sur ses épaules et la vibration de sa voix sur sa nuque. Sans compter son odeur qui l'enveloppait totalement. Lorsque le repas prit fin, elle dut prendre congé de lui telle une épouse, chose qu'elle aurait préféré pouvoir occulter. Mais les us d'Ithri'Vaan ne lui donnaient pas le choix et elle fut contrainte de s'approcher pour embrasser sa joue. Elle réalisa ce geste rapidement, essayant de ne pas paraître aussi pressée d'en finir qu'elle ne l'était réellement, avant de quitter la pièce.

Les jours passèrent ensuite sans qu'une telle discussion comme celle qu'ils avaient déjà eu par deux fois ne se représentent. Azhar continuait de lui faire des compliments en privé mais c'était bien ses seules tentatives envers elle. Il ne se montrait plus oppressant et ne cherchait plus à provoquer son désir par une proximité trop appuyée. Aleth avait l'impression de pouvoir enfin respirer un peu, se sentant moins oppressée par les assauts du Prince. Bien sûr, il se montrait un peu plus intime en public mais pas plus que leur comédie ne l'exigeait. Pour parachever leur jeu, elle dut se résoudre à accepter de partager le même lit qu'Azhar. Du moins, au moment du coucher et du lever, lorsque les esclaves étaient susceptibles de rentrer sans qu'on ne les y invite. Elle essaya bien une ou deux fois d'y rester mais elle ne parvenait décidément pas à s'endormir aux côtés d'un homme. Elle finissait donc par aller passer la nuit sur le canapé et retourner auprès de son "époux" avant l'aube. Les nuits étaient donc courtes mais elle saurait s'en contenter jusqu'à la fin de leur voyage...

Mais les insomnies qui la frappaient chaque soir alors qu'elle était allongée dans le lit la fatiguaient plus encore que la réduction de ses heures de sommeil.
Une nuit plus particulièrement.

Le "couple" était couché depuis déjà plus d'une heure au bas mot. Azhar semblait dormir d'un profond sommeil car les mouvements répétés d'Aleth cherchant à s'endormir ne l'avaient pas perturbé outre mesure. L'air était lourd, voire étouffant, mais la demi-elfe avait peine à croire que c'était ce qui la dérangeait. La chaleur ne lui posait pas tellement de problèmes habituellement. Elle s'assit sur le bord du lit. Malgré la fatigue, son cerveau refusait de lâcher prise et de sombrer dans la nuit. Pourtant, aucune pensée ni aucune préoccupation n'était là pour la perturber. C'était à n'y rien comprendre.
Après quelques minutes, elle finit par se lever. Elle enfila une robe de chambre, immense voile brodé qui n'avait pas tant pour but de lui tenir chaud que de lui donner l'air un peu plus couverte. En effet, la robe de nuit qu'elle portait n'était pas ce qu'il y avait de plus habillé. Les fines bretelles qui la maintenaient sur ses épaules se voyaient à peine. Le tissu de soie s'arrêter à un tiers des cuisses et était fendu presque jusqu'à la hanche. Samira avait décidément bien choisi ses vêtements et Aleth complétait souvent ses tenues par une couche ou un élément supplémentaire. Cette fois-ci, il s'agissait d'une sorte de culotte qui lui permettait d'éviter tout accident, sa tenue étant si courte...
La Sublime se rendit sur le balcon. Il s'agissait d'une grande surface en demie-cercle suspendue dans le vide. Le soleil était si chaud que les pierres au sol irradiaient encore, restituant la chaleur de la journée. Au centre, un grand amas de coussins formait un espace des plus agréable pour s'étendre et une tonnelle protégeait ceux qui souhaitaient en profiter des rayons du jour mais aussi des regards indiscrets. A la nuit tombée, les rideaux qui la fermaient perdaient toute leur utilité et demeuraient ouverts.
Les mains posées sur la rambarde, Aleth porta son regard vers l'horizon, observant le paysage offert par la lune qui s'élevait seule dans les cieux. Elle prit une profonde inspiration afin de remplir ses poumons de l'air frais. Une douce brise vint caresser son visage, faisant onduler sa chevelure dorée. Elle appréciait ses petits moments de solitude que lui offraient ses insomnies et en jouissait tout à loisir avant de retourner se coucher, préférant canapés et banquettes à la couche princière. Ce soir, elle essaieraient le lit de coussins qui se trouvaient derrière elle. Cela faisait un moment déjà qu'il lui tendait les bras et qu'elle n'avait pas répondu à son appel. Toutefois, elle ne semblait pas pressée de repartir en quête de son sommeil et ne cessait de se dire : encore une minute... Si bien que plus d'un quart d'heure plus tard, elle n'était toujours pas couchée.

» Le voile du désir [Azhar/Aleth]
» La vérité révélée ou Dure nuit pour Cassandre... [pv Azhar/Aleth]
» Le rat de la Soie [Ascanio]
» De soie et de feu. [Ascanio]
» De velours et de soie [Benjamin]

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée