Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]

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Telenwë Neraën
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MessageSujet: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeLun 18 Avr 2016 - 18:42


Julas de la septième ennéade de la huitième année du XI° cycle,
Mouroir des camps elfes, Eraïson.


Ses yeux se fermèrent. Il attendit, écouta, ressentit, rouvrit les yeux. Il était temps ; temps de passer à l'action, temps de stopper une bonne fois pour toute cette mascarade. Alors il regarda en arrière et, sans perdre une seconde, s'élança. Il s'élança vers ce qui provoquait la chaude lueur rouge qui les éclairait depuis qu'ils étaient entrés dans ce sous-sol, vers ce qu'il savait être la clef de leur problème. Il contourna les adversaires faits de magie, courut avec rapidité, agilité et discrétion jusqu'à pouvoir atteindre l'objet qui devait être détruit : un joyau à la couleur du sang. Le sombre mage n'eut pas le temps de se retourner que déjà l'épée double de Neraën se retrouvait plantée dans le focaliseur, brisant ainsi le rituel qui avait mené en si peu de temps de nombreux Elfes à la mort alors qu'ils auraient encore pu vivre. Le regard de glace s'arrêta sur celui fou de l'archimage sombre. Puis le temps sembla ne plus exister.

Tout devint rouge ; tout autour de lui était baigné dans cette chaude lumière, sa propre arme n'était plus qu'un réceptacle à cela. L'elfe se sentit appelé. Se rappelant du conseil qu'il avait donné quelques minutes plus tôt à sa consœur d'Ardamir, il essaya de se concentrer sur un événement particulier de sa vie, un souvenir qui l'aiderait à rester présent. Mais la magie était bien trop puissante... Il se sentit alors être aspiré hors de son corps et il commença à rejoindre l'objet qui produisait l'intense lumière rouge, comme de nombreux autres esprits, comme s'il pouvait partir à travers ce qu'était devenue son arme. C'est alors que cette lumière se fit plus intense, que ce qu'il lui semblait tenir dans ses mains explosa en des milliers de petits morceaux. C'est alors qu'il se sentit être projeté en arrière. C'est alors qu'il vit son corps au loin se heurter à la roche alors que lui-même retournait vers la surface, ne sachant trop ni comment ni pourquoi.

Il était elfe. Un protecteur qui n'avait pas réfléchi outre mesure lorsqu'il s'était agi de prendre des risques pour les siens et qui, à ce moment précis, se demandait ce que lui réservait l'avenir. Peut-être serait-ce enfin terminé, peut-être que Tari accueillerait son âme dans son royaume. Il attendit un instant, regardant les quelques guerriers se battre pour la Prime Forêt ou pour le Puy. Il ne savait même plus qu'en penser... alors quelque chose le balaya, l'emmenant là où le sang n'était plus une question de race.

Il était chat. Un chat qui, perturbé par tout le tintouin des Elfes, grimpait sur un mur en espérant pouvoir trouver une souris tranquillement. Mais la guerre n'était pas pour aider, aussi après quelques galipettes finit-il par lever sa truffe vers le ciel...

Il (ou elle ?) était colibri. Petit oiseau tranquille et heureux de vivre, il ou elle fit attention à ne pas trop s'approcher du chat qui montait sur le muret. S'adaptant à la légère brise qui venait caresser ses ailes, il ou elle décolla vers la cime des arbres et gazouilla loin du chant des épées.

Elle était chouette. Chouette hulotte paradant au cœur de la nuit, cherchant de la nourriture pour ses petits ; nourriture qu'elle trouva en une musaraigne qu'elle attrapa de ses griffes acérées puis dont elle brisa la nuque. Elle continua sa chasse, s'aidant de ses sens extraordinaires pour se repérer, puis rentra à son nid. Là ses petits l'attendaient... et ce fut avec joie qu'elle s'occupa d'eux, l'instinct maternel prenant le dessus. Puis elle repartit.

De la sorte elle fut loup, lapin, vers de terre, brin d'herbe, racine, feuille, plante, arbre, ruisseau... Enfin était-ce vraiment « elle » ? Il, elle ou cela ne savait plus. La nuit se termina, le soleil revint dorer le ciel. Et l'esprit n'était plus que « cela ». Cela était ouvert à tout ce qui se trouvait autour de lui, au chant mélodieux de la Symphonie et à la respiration de la simple vie végétale. Jamais cela n'avait entendu son si cristallin. Jamais telle merveille n'avait pu parvenir à son propre chant ! C'était magique, un paradis terrestre que cela n'aurait jamais imaginé frôler. Et pourtant, en cette matinée, cela la touchait, l'entendait, la ressentait. Cela tendit la main – enfin ce qu'il pensait en être une – vers l'immensément beau. Cela ne voulait plus qu'une chose : être elle, faire partie de cette si mélodieuse symphonie, s'ouvrir pleinement à ce que cela pensait ne jamais avoir pu entendre. Mais fallait-il que cela puisse encore penser... parce que cela n'était plus qu'un esprit se laissant guider, là au bord d'un grand lac. Lac d'une beauté majestueuse qui, accordée au chant environnant, offrait un rêve bien plus tangible et net que ce que cela devenait...



~~~~~~~~



Le mage se boucha les oreilles tout en faisant la grimace. Il avait déjà entendu quelqu'un hurler de douleur, mais là le pauvre elfe qui passait entre les doigts de leur nouveau régent semblait être un cas particulièrement critique. Il en avait même fort mal pour le pauvre qui, s'il avait bien compris, avait trop puisé dans la magie. Lorsque les hurlements s'arrêtèrent enfin, le jeune guérisseur put enfin s'occuper du patient dont le régent avait demandé des nouvelles : les Seigneur-Protecteur d'Eteniril. Lui aussi venait du même endroit que la Dame-Protectrice d'Ardamir et du pauvre elfe, et lui aussi était dans un sale état. En fait, chose fort étonnante à première vue, le guerrier avait une respiration légère et le visage détendu, comme s'il dormait d'un sommeil paisible – ce qui était tout à fait ironique lorsqu'on savait qu'il était insomniaque. Et, fait qui lui sembla quand même quelque peu étrange, le protecteur n'avait même pas fait un seul geste, même infime, dans son sommeil lorsqu'il y eut les cris. Et il devait bien être le seul... Enfin. Maintenant il lui fallait faire un pronostique, sinon il se ferait gronder par le régent lui-même. Et vu comme ce dernier semblait être irritable, le jeune adulte préférait tout faire pour que cela n'arrive pas !

Le mage de la vie passa ses mains au-dessus du corps du blessé, commençant par les zones mortelles puis allant du moins en moins grave en cas de blessure. Il décela de nombreuses blessures au niveau des os comme des muscles, blessures causées par de très petits objets tranchants mais aucunement uniformes. Les organes vitaux n'avaient pour la plupart pas été touchés, heureusement protégés par une armure qui ne pourrait plus jamais être portée. Les bras n'avaient pas été épargnés, les jambes non plus, mais le pire... Les mains étaient dans un état catastrophique que même le mage qui avait prodigué les premiers soins à cet elfe n'avait pu réparer correctement. L'hémorragie avait été arrêtée, les fragments d'épée avaient été retirés et reposaient pour la plupart dans un récipient à côté du mage, mais cela s'arrêtait là. L'elfe se demandait carrément s'il ne faudrait pas amputer le politicien de ses deux mains... en tout cas pour l'index droit c'était sûr et certain, même un archimage comme Anornedellon n'arriverait pas à en retirer quoi que ce soit. Pour les mains, là, il serait au régent d'en décider en fonction de ses aptitudes. Et hormis tout cela, rien qui ne demandait d'urgence médicale.

Le guérisseur recula de quelques pas et se retourna. Voyant le régent toujours en train de travailler il ne le dérangea aucunement et attendit qu'il soit disponible pour aller le voir et lui faire le bilan de ce qu'il avait pu déceler, ne se doutant pas que ce qui risquait d'être le plus mortel était bien loin de ce à quoi il avait l'habitude.


Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Lun 15 Aoû 2016 - 18:41, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeMer 20 Avr 2016 - 15:22


La fatigue, et une désagréable sensation de faiblesse avaient envahi le régent lorsqu'il avait finalement tourné le dos à Estiam. Sa vue se brouilla un instant quand il se referma au flux, et il s'asseoir dans un coin, pour reprendre ses esprits. Il avait emmagasiné une telle quantité d'énergie qu'il lui était difficile de reprendre le contrôle de ses membres, et il savait pertinemment qu'il devait s'accorder quelques minutes de répit, ou il ne serait plus bon à rien. Les yeux fermés, il massait doucement ses tempes, son crâne, et jouait de ses muscles pour s'assurer de leur bon fonctionnement. Il fallait qu'il reprenne pieds avant d'aller vers Neraën. Il savait qu'il était blessé, et qu'il devait être mal en point. Que son état était certes stabilisé, mais qu'il pouvait replonger à tout moment. C'était le problème, dans ce genre de cas. Les blessures pouvaient se rouvrir, avec un faux mouvement, les organes pouvaient lâcher pour une raison inconnue, alors qu'il soit relativement stable pour l'instant ne voulait pas dire grand chose. Il savait ne pas pouvoir prendre énormément de temps, mais il savait aussi que s'il n'en prenait pas un minimum, il risquait de ne pas être assez compétent. La journée avait été longue, et Estiam avait énormément puisé dans ses réserves. Plus qu'il ne l'aurait cru sur l'instant. Autour de lui, un brouhaha constant, des cris, et des pleures, l'odeur du sang et de la peur. Inconsciemment, sa main droite vint trouver son focalisateur, et la bague au bout de sa chaîne vint se perdre dans le creux de sa main. Où il la serra comme si sa vie en dépendait. Faisant un instant abstraction de son environnement, il se força à se remémorer Aldartha. A partir loin d'ici, le temps que son organisme récupère le strict minimum. De son frère, il passa subitement à son épouse, mais ne s'en formalisa pas. Il pouvait désormais presque sentir ses doigts contre sa peau, la paume de sa main sur son bras. Entendre son cœur battre à un rythme des plus apaisant, et se confondre bien vite avec le sien. Ce fut cet instant que choisit l'un des mages pour interrompre son moment de répit.

 - Anornedellon ? Désolé de vous déranger, mais, je viens vous transmettre l'état de Neraën Yeldoreï, comme vous me l'avez demandé, dit-il en insistant sur le vous. Je vois bien que vous prenez un peu de temps pour récupérer, mais comme je suis là, et que je dois soigner d'autres blessés, ça vous ennuie si je vous fais mon rapport maintenant ?
 - Par Kÿria, ne te fais pas prier, parle ! Je suis réveillé, par tes soins, alors ais au moins l'obligeance de me donner une bonne raison. Et essaye de réfléchir un peu de toi même, la prochaine fois, on est en temps de guerre, alors prends des décisions et tiens les. Ne demande pas sans cesse l'accord de quelqu'un, parce qu'il se pourrait que tu te retrouves seul un jour. Donc, Neraën ?
 - Entendu, mon régent, j'y veillerai. Neraën Yeldoreï oui, j'ai vérifié son état physique, il est actuellement inconscient, et j'ai repéré pas mal de petites blessures, rien de très important. A part sa main, elle a l'air vraiment en mauvais état, et je ne crois pas qu'elle est soignable... Sans ça, son épaule gauche est démise, son genoux droit est en miettes, sûrement à cause d'une épée qui aurait explosé, et son armure est en piteux état.
 - Je n'ai rien à faire de l'état de son armure, je ne suis pas forgeron. Enfin, vas, je ne te retiens pas plus longtemps, vois ce à quoi tu peux te rendre utile. Regarde au tri si on peut t'assigner un blessé. C'est un ordre, ajouta-t-il quand il jugea que le mage ne déguerpissait pas assez vite.

Le repos relatif qu'il avait pu s'octroyait allait devoir suffire pour qu'il s'occupe au moins du Seigneur Protecteur d'Eteniril. Il ne se sentait plus si faible, et il s'ouvrit rapidement au flux, lorsqu'il le souhaita. Sentant l'énergie couler dans ses veines, il lui intima une direction et une puissance qu'elle acquit aussitôt, sans qu'il ait besoin de forcer. Ce serait parfait pour soigner les blessures superficielles qu'avaient décrit le mage. Hormis pour sa main, il n'allait pas devoir forcer, et c'était une bonne nouvelle. Lestement, il se releva, et se dirigea vers le lit de l'elfe qu'il allait devoir soigner. C'était la première fois qu'il le revoyait, depuis Alëandir, et la discussion qu'ils avaient eu à propos d'Aldartha. Bien malgré lui, il sentit la colère poindre à nouveau, parce qu'il n'avait pas la force de la retenir, et parce qu'il n'avait pas réussi à pardonner sincèrement. Son cœur se gonfla, et il l'entendit battre sourdement à ses oreilles. Ses lèvres se pincèrent, et sa mâchoire se serra, bien malgré lui. L'idée folle de ne pas le soigner, de le laisser dans cet état intermédiaire, lui traversa l'esprit, et dire le contraire aurait été mentir. Il ne put s'empêcher d'imaginer l'immense soulagement qui l'envahirait si le détenteur de son secret venait à disparaître subitement. Mais vint bien vite la raison, et elle lui ordonnait de ne pas être égoïste. De sauver un frère, parce que là était son devoir. Parce qu'il avait promis de ne rien dire, et parce que le laisser agoniser n'était en aucun cas une solution viable. Alors, il se força à se détendre, et il fit abstraction de tout. Sauf du lien qu'ils avaient, et qu'il sentait si faible en cet instant. Etait-ce parce qu'il était inconscient ? Parce que son esprit était loin d'eux, loin de lui ? Peut-être, il n'avait pas la réponse. Mais ce n'était pas actuellement le plus important. Il devait se concentrer sur son corps, et, particulièrement sur sa main. Elle était réellement en piteux état, et d'ailleurs les deux n'étaient pas très belles à voir, mais c'était surtout la droite qui l'ennuyait réellement.

Quand il s'approcha de Neraën, il put constater par lui même ce que le mage lui avait rapporté, et tandis qu'il remettait son épaule sans réellement y penser, il sonda les doigts du mage de l'esprit. Ils étaient dans un sale état, les os de son index étaient totalement broyés, et les autres étaient fracturés. Ses muscles étaient en charpie, son poignet disloqué, et le pire était sans aucun doute l'absence d'irrigation de son second doigt, qui l'avait, à ce stade, totalement rendu inutile, et insoignable. Anorn allait devoir amputer. Sans quoi la nécrose risquait de remonter dans le poignet, et de paralyser sa main entière. Les siennes bougeaient au rythme de ses soins, le long du corps de Neraën, et elles effaçaient les égratignures, refermaient ce qui risquait de le gêner, ou de s'infecter. Et s'il était presque complètement absorbé par son travail, une partie de son esprit restait à l'affût, guettant l'instant où celui du Seigneur Protecteur referait surface.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeJeu 21 Avr 2016 - 21:35

Poupoum...

Ses yeux s'ouvrirent brusquement, sa respiration se fit forte. Les images passèrent devant ses yeux, au point qu'il en avait le tourni. Il essaya de bouger mais se retrouva être enchaîné par ce qui ressemblait fortement à des racines. Il ne comprenait pas. Il se débattit mais plus il semblait pouvoir se défaire de ses entraves, plus celles-ci se refermaient.

Poupoum...

C'était étrange. Cela lui faisait mal. Tout autour de lui ce n'était que nature riche et sereine : le soleil filtrait à travers les denses frondaisons des arbres, envoyant des ombres vertes sur les écorces brunes des aînés. A côté de lui se trouvait un lac, il pouvait le voir parce que l'eau projetait de douces ondes lumineuses bleues et blanches sur tout ce qui se trouvait à portée d'elle. Comme si chaque reflet était un éclat de cristal coloré mis en valeur par l'astre diurne. Les quelques clapotis qu'il pouvait entendre étaient à ses oreilles des rires cristallins comme seuls les enfants encore innocents pouvaient espérer avoir, le vent était un souffle calme et heureux, les chants des oiseaux étaient des notes d'une beauté telle qu'il n'avait jamais entendue et, de la sorte, chaque être était un infime morceau d'une somptueuse symphonie. Symphonie qu'il aurait aimé rejoindre tant le son crystallin l'appelait. Symphonie qu'il ne pouvait rejoindre.

Poupoum...

"Qui es-tu ?

Poum !

Arrêt sur image. Sa tête arrêta soudainement de lui tourner. Qu'était-ce ? Que... Pourquoi cette question soudaine au sein de sa tête ?

- Qui es-tu ?

Cette voix... il l'avait déjà entendue quelque part. Mais où, et quand ? Il ne savait plus. Il ne savait plus rien, pour tout dire. Qui était-il ? Qu'était-il déjà ? Rien ; ou quelque chose. Un son, une note peut-être. Même pas. Alors il écouta, regarda attentivement, essaya de ressentir : les herbes ne chatouillaient pas sa peau, il n'en avait pas ; son coeur ne battait plus, il 'en avait pas ; aucune respiration, il n'en avait pas besoin. Aucune tangibilité. Et pourtant, il était bloqué. Bloqué par ce qui était en réalité une multitude de racines faites de lumière blanche. Il tourna la tête et le vit. Enfin. Cet esprit de lumière, cette douce lumière blanche chargée de ressentis, d'émotions, de souvenirs... Esprit de quoi ? Il n'en savait rien là non plus.

- Qui es-tu ?

Il ne répondit pas à cet esprit étrange. Enfin, étrange... disons qu'il n'arrivait pas à deviner à quel corps cette âme était liée. Mais lui-même ? Fille ou gars ? Chose ou être vivant ? Animal ou Elfe ? Bonne question. Il tourna la tête vers la lumière non loin de lui et essaya de se souvenir. Au bout d'un très long moment une image lui vint enfin et, ne voyant pas quoi dire d'autre, il répondit :

- Une goutte d'eau.

Mauvaise réponse. Il ne sut comment, mais il le ressentit. La question qui suivit sa réponse alla malheureusement dans ce sens.

- Qui es-tu ?

Pourquoi toujours cette question ? Ne pouvait-il pas tout simplement lui donner la réponse, puisqu'il semblait la connaître ? Et pourquoi ne le laissait-il pas aller vers cette si belle musique qui l'appelait ? Aucune idée. Mais la certitude qu'il pourrait enfin se libérer de l'étreinte lorsqu'il aurait trouvé la bonne réponse commençait à s'installer en lui, alors il continua à chercher, constatant que l'autre était manifestement trop fort pour lui. Il continua donc à chercher dans le trop peu de souvenirs qu'il avait. Ce n'est que de nombreuses heures plus tard qu'il arriva à quelque chose de plus ancien.

- Une chouette... une chouette hulotte. Des petits...

Le silence.

- Qui es-tu ?

Ce dialogue des plus surréalistes continua encore longtemps, jusqu'à ce que le soleil ait depuis longtemps entammé sa descente vers l'inconnu ; jusqu'à ce que l'être amnésique ne donne une réponse correcte.

- Un elfe.
- Quel elfe ?
- Le coeur bat... je...

Des images passaient dans sa tête, des souvenirs qui semblaient revenir d'un passé extrêmement lointain : il revoyait deux elfes, auprès d'un arbre. L'un était attaché au tronc de l'arbre, l'autre plus vieux était libre de ses mouvements et surtout conscient. La main du guérisseur était posée sur le coeur de l'autre elfe et il avait les yeux fermés. Il écoutait et discutait. Il parlait à cet esprit qui n'était pas forcément celui lié à l'arbre. Ce même esprit auquel il s'adressait aujourd'hui.

- Nous nous sommes déjà parlés. Je suis Anornedellon Nedi Lûcannui, gué... non, combattant. Combattant dans l'armée royale, chez les Aigles.
- Es-tu sûr ?
- Anorn n'est pas un guerrier.
- Alors qui es-tu ?
- L'autre elfe... enfin je crois. Ne... Neraën Yeldoreï.
- En es-tu sûr ?

L'elfe réfléchit. Il arrêta de regarder l'esprit pour se laisser à admirer la nature qui était autour d'elle. Cela lui rappelait tant de sensations, tant d'émotions... et pourtant rien d'aussi beau que ce qui s'offrait à lui. Mais cela lui rappela également de nombreux souvenirs : un elfe portant une épée particulière au côté, se baladant entre les arbres tout en frôlant leurs écorces de sa main ; un elfe à terre dans une salle, implorant qu'on en termine avec lui, que cette magie qu'il ne connaissait pas arrête de le torturer ; un soldat heureux de retrouver un frère druide ; un enfant apprenant avec émerveillement à connaître l'Anaëh et la vie de noss. Un enfant qui viendrait à devoir protéger les siens ainsi que cette forêt qui l'habritait.

- Oui. Je suis Neraën Yeldoreï, Seigneur-Protecteur d'Eteniril. Mon but est de protéger l'Anaëh et ses gardiens."

Alors les racines de lumière se déserrèrent jusqu'à venir disparaître dans le sol, laissant l'esprit de l'elfe désormais libre de ses mouvements. Il se rappelait maintenant. Il se rappelait quel était son rôle et ses devoirs. Il se rappelait pourquoi il ne devait pas s'évanouir dans la Symphonie.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeVen 20 Mai 2016 - 15:05


Au fur et à mesure qu'il soignait Neraën, le régent sentait que quelque chose remuait. Celebrand avait fait son entrée depuis quelques instants désormais, mais Anorn ne l'avait pas réellement intégré. Il n'avait pas fait attention à son apparition, laissant les remarques désobligeantes et la mauvaise humeur de côté. Lui répondre ne servirait à rien, il le savait pertinemment, alors il était resté concentré sur son travail, ne prenant pas en compte la présence du mage de l'esprit. Mais à présent qu'il sentait quelque chose s'intensifier, il faisait un peu plus cas de lui. Se demandant s'il y était pour quelque chose, s'il le sentait aussi, ou si tout simplement il n'en avait pas connaissance. La dernière solution paraissait la moins probable, puisqu'il connaissait bien mieux Neraën que lui. Les mains toujours posées sur son corps, il savait que le flux diminuait à mesure qu'il sentait qu'on le titillait. Il n'était plus tant concentré, parce qu'il y avait cette chose, au coin de son esprit, qu'il n'arrivait pas à identifier. Il ne savait dire si l'esprit du Seigneur Protecteur revenait vers lui, s'il reprenait doucement conscience, ou s'il réintégrait seulement son corps. Celebrand avait parlé d'une sorte de délocalisation, comme s'il n'était plus réellement là, comme s'il avait été transporté ailleurs l'espace d'un instant. Ce n'était clairement pas de son ressort, alors il avait préféré se concentrer sur ce qu'il connaissait et ce qu'il contrôlait. Parce que c'était ainsi qu'il serait le plus efficace. En effaçant craintes, peurs et hésitations. En fixant son esprit sur une chose, une seule. Sur ce qu'il pouvait influencer, sans se préoccuper du reste.

 - Tu le sens ? Il me déconcentre. Enfin je dis il, je n'en sais rien, mais ça me déconcentre, en tous cas. Comme une présence. Quelque chose qui force et qui s'impose à moi. De plus en plus.
 - Je le sens. On peut s'avancer en disant que c'est son esprit, je suis entrain d'essayer de le ramener. Il se montre plutôt difficile à atteindre, mais si tu le sens, alors c'est que je ne fais pas n'importe quoi !
 - Très bien. Mais fais vite alors, il me dérange. Et ça ne va pas en s'arrangeant. Je n'aimerais pas le blesser.
 - Tu rigoles j'espère ? Si tu crains de le blesser, arrête de le soigner. Je ne peux pas aller plus vite, c'est très délicat. Neraën est très délicat. Alors ne me demande pas de faire l'impossible. Que je sois là pour le relever encore une fois est déjà quelque chose d'extraordinaire. En même temps, il se fourre toujours dans des pétrins pas possible, je me demande comment il fait. A croire que je suis sa béquille, mais quand je ne serai plus là, hein ? Qu'est-ce qui se passera ?
 - Il n'y a plus beaucoup à soigner, je termine et je me retire ensuite. Essaye de le maintenir pour le moment, si tu n'y arrives pas tant pis. Je ferai avec. Et quand tu ne seras plus là, quelqu'un d'autre prendra le relais.

Quelqu'un d'autre de plus supportable, avec un peu de chance. Parce qu'il avait du mal à supporter son arrogance et ses râleries. Et que malgré eux, ils étaient toujours amenés à se côtoyer à un moment ou à un autre. Alors tandis que le mage de l'esprit maintenait ou non l'esprit de Neraën, celui de la vie s'activait, essayant de se concentrer au maximum sur ce qu'il devait faire à présent. Soit s'occuper de ses mains. La première, bien que morcelée, n'était pas totalement en miettes et aucune partie n'avait commencé à se nécroser. Il mit un petit temps avant de remettre le tout en place, ainsi que beaucoup d'énergie, mais ce fut la seconde qui fut plus compliquée. Presque totalement réduite en miettes, son index était déjà nécrosé et il allait devoir amputer avant de rétablir la circulation sanguine dans cette extrémité. S'il ne le faisait pas, alors les tissus nécrosés passeraient dans les veines et infecteraient son organisme entier. Il savait ne pouvoir gérer cela, à cet instant, avant que des dégâts irréversibles ne soient faits. Alors immobilisant son avant bras, il posa la paume de sa main sur ses doigts et, d'une précision chirurgicale, commença à détacher les chaires mortes des os. Vint bientôt le tour de ces derniers, qu'il dut sectionner proprement. Amputer ainsi Neraën n'était pas une partie de plaisir, mais il ne voulait pas réellement y penser. Rester concentré. Il devait rester concentré.

Ce ne fut que lorsqu'il eut fini qu'il se rouvrit au monde extérieur. Aux autres. Et principalement au Seigneur Protecteur d'Eteniril. Il était présent, il le sentait maintenant. Il savait qu'il était là, quelque part. Même s'il n'arrivait pas à revenir vers eux, même s'il était flou et ténu. C'était assez perturbant, à vrai dire. Parce qu'il sentait aussi Celebrand s'agiter à côté de lui, qu'il pouvait presque voir son empreinte, laissant dans son esprit un point plus lumineux, qui voulait lui aussi son attention. Bientôt il le sentait, Neraën ouvrirait les yeux. Bientôt il serait là. Et bientôt, il risquait d'avoir mal. Parce qu'il serait confus et parce qu'il ne saurait pas ce qui se passait. Parce qu'il voudrait reprendre le contrôle trop rapidement et qu'il serait dangereux. Voilà pourquoi le mage de l'esprit était là. En partie.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeLun 23 Mai 2016 - 13:48


Ca y est, il avait enfin réussi à le bon cordon. Il avait enfin réussi à recréer un lien assez fort pour pouvoir ramener son ancien élève parmi eux. Un travail fastidieux, même pour un mage de l'esprit qui a plus de mille ans de pratique derrière lui. Cela faisait déjà un bon moment que Celebrand était assis au chevet de Neraën, ses deux mains fermement posées sur la tête de celui-ci, suite à l'appel du régent. Un régent trop pressé de ne plus être gêné par une démangeaison particulière liée au fait que l'esprit du blessé inconscient n'était plus dans son enveloppe corporelle. Un vide que le mage de l'esprit ressentit assez vite lorsqu'il arriva auprès du blessé, sans pouvoir expliquer de façon claire et précise pourquoi. Neraën était très délicat, ça il venait de le dire. Mais cet énergumène qui se voulait encore être le soldat de sa jeunesse n'était pas que délicat, loin de là : il était surtout très particulier et donc très difficile à comprendre. Qu'un mage de la vie ait pu ressentir une forte gêne en commençant à guérir un blessé et comprendre que cela relevait certainement de la magie de l'esprit était aux yeux du vieux bougon choquant. C'était quasi impossible que cela arrive, et pourtant... Mais quelle pouvait être la force des liens que créait son énigmatique élève ?

"Il n'y a plus beaucoup à soigner, je termine et je me retire ensuite. Essaye de le maintenir pour le moment, si tu n'y arrives pas tant pis. Je ferai avec. Et quand tu ne seras plus là, quelqu'un d'autre prendra le relais."


Ah, enfin. Il allait pouvoir arrêter de rouspéter après ce mage qui voulait tout tout de suite et terminer son boulot. Sa considération pour l'étrange mage dont il s'occupait étant plus forte que sa tendance à la râlerie - que voulez-vous, un spécimen pareil ! - il se retint de répondre à son collègue de la vie que lorsqu'il ne serait plus de ce monde pour s'occuper de Neraën, il y aurait de gros risques pour qu'aucun mage ne puisse lui succéder tant le sujet était délicat et demandait à ce que le mage et Neraën se connaissent bien. Alors Celebrand vida complètement son esprit de tout parasite et se laissa aller au lien qui existait encore entre le corps allongé sur le lit de fortune et l'âme affiliée. Parce qu'il ne sagissait pas tout à fait de ramener l'âme dans son corps : dans ce cas précis il lui fallait aller la chercher.

~~~~~~~~

C'était un monde à part, où chaque être capable d'y aller voyait ce qui l'entourait de manière complètement différente des autres. Pour Celebrand c'était une multitude de vagues et de couleurs qui ne se stabilisaient que s'il prenait le temps de faire vraiment attention et de se concentrer sur elles. Le temps passa, son esprit voyagea tout en tenant le cordon spirituel de sorte à pouvoir remonter la seule piste qu'il avait pour pouvoir retrouver son homologue. Puis il sentit qu'il était assez prêt. Alors il s'arrêta et tout autour de lui prit quelque forme plus "naturelle".

Assis au pied d'un arbre se trouvait un enfant. Tout le petit être était de la couleur de la lune, ce qui dénotait complètement avec le reste. L'enfant, un jeune garçon d'une quarantaine d'années, se tourna vers lui et fit de grands signes avec ses bras, des yeux écatant de joie et un grand sourire aux lèvres.

"Maître Celebrand ! Maître Celebrand !"

Curieusement, celui qui n'était autre que Neraën enfant se tourna vers l'arbre, laissa une minute s'écouler, acquiesca puis se leva avant de courir jusqu'au vieux mage. Il s'arrêta juste en face de son ancien maître et le regarda droit dans les yeux. Celebrand n'y trouva que bien peu de mimiques enfantines dans son regard, comme si toute la sagesse de l'elfe multi-centenaire était restée malgré la forme qu'il avait prise. Pourtant, dans ses paroles se trouvait bien l'innocence des jeunes de cet âge... un mélange surprenant que Celebrand n'avait pu que peu constater tout au long de sa carrière.

"Je ne pensais pas que tu viendrais... mais sois le bienvenu ! Nous étions en train de discuter sur la Symphonie, peut-être cela t'intéresserait-il ?
- Nous ?
- Ben oui ! Tu ne le vois pas ?

Neraën se retourna vers l'arbre... Celebrand n'y vit pas d'esprit en particulier, chose qui l'intrigua. Malheureusement, il savait pertinamment ne pas avoir le temps de faire son curieux. Le temps passait et les effets néfastes allaient en s'amplifiant.
- Neraën... Cela aurait été avec joie que j'aurais discuté avec vous, mais le temps nous manque malheureusement. C'est déjà beau que j'ai pu retrouver votre âme !
- Comment ça ?
- Cela fait à peu près une journée que vous vous êtes battu contre les Drows et il aura fallu de nombreuses heures avant que quelqu'un de compétent ne vienne s'occuper de vous et remarque que quelque chose d'anormal se passait ! Et en effet, depuis je ne sais combien de temps votre esprit n'est plus dans votre corps. Or vous savez très bien ce qu'il arrive à une âme lorsqu'elle reste trop longtemps hors de son enveloppe corporelle, surtout lorsqu'elle n'y est pas habituée ?
- Elle finit par se perdre d'une manière ou d'une autre... et elle ne peut plus revenir à la vie physique. C'est ce qui est en train de m'arriver, n'est-ce pas ?
- Le lien est devenu difficile à suivre, même pour moi, Neraën."


L'enfant baissa les yeux. Il était bien, ici, à écouter ce Chant mélodieux et cristallin tout en parlant avec celui qui l'avait sauvé par deux fois. Mais il savait quelles étaient ses obligations et ne pouvait donc se permettre de se laisser disparaître. Il avait promis de protéger son peuple ; il le ferait quoi que cela lui en coûte. Alors il demanda quelques instants à Celebrand puis courut pour parler une dernière fois à l'être que lui voyait comme n'importe quelle personne avec qui il avait tissé un lien magique : un être de lumière. Ses mots ne furent pas entendus du vieux mage. Neraën s'inclina humblement et repartit vers celui qui était venu le chercher.

~~~~~~~~

Au fur et à mesure que les deux esprits se rapprochaient du dispensaire, ayant à quelques moments des difficultés à se repérer, Neraën reprenait une forme plus adulte. Les deux elfes allaient en discutant à certains moments, Celebrand s'intéressant fortement à ce qui s'était produit au sein-même d'Eraïson ainsi qu'au voyage spectral de son interlocuteur. Fort malheureusement pour lui, Neraën ne se souvenait pas de tout et même que plus il se rapprochait de son corps, plus sa mémoire refusait de vouloir refaire surface. Comme si ce qui n'appartenait pas tout à fait à la partie matérielle de ce monde devait y rester. Le reste du temps, Neraën semblait vouloir garder ces souvenirs pour lui-même, ne répondant volontairement pas à la question.

Puis ils arrivèrent dans le dispensaire. Neraën s'arrêta immédiatement et serra ses mains sur sa tête tout en réfrénant un cri que Celebrand entendit dans sa tête. C'était un hurlement de douleur et de peur. Une nouvelle fois, la magie de l'esprit ne voulait plus être domptée par le pauvre elfe qui la subissait de plein fouet. Celebrand posa une main rassurante sur l'épaule de Neraën et essaya de l'aider à surmonter ce moment et continuer à aller de l'avant. Il dut user de nobreuses paroles pour que l'âme tourmentée n'accepte de continuer, chancelant toujours plus au fur et à mesure qu'il avançait vers Anornedellon et le Neraën abîmé allongé là où on avait pu le mettre. La première chose que le protecteur aperçut fut l'état misérable dans lequel il était rendu : blessé de partout, un genou bandé que la magie ne semblait pas avoir totalement réparé, et surtout des mains...

"Qu'est-il en train de faire ?
- Hum... visiblement il est en train de terminer de vous amputer votre index droit. Et n'ayez pas l'air dégoûté, vu l'état de vos mains j'aurais plutôt parié à ce qu'il vous les ampute toutes les deux !
- Je... Mais... vous ne m'avez pas attaché ?
- Non, en effet. Mais rassurez-vous, je serai là pour que tout se passe bien. Retournez dans votre corps avant qu'il ne soit trop tard, Neraën. Ne vous redoutez pas vous-même."


Neraën, qui avait désormais beaucoup de mal à ne pas se laisser submerger par tous les ressentis et toutes les pensées des uns et des autres, ne réagit pas. Son regard était braqué sur son propre corps et le manque d'attaches pour l'empêcher de blesser autrui lors de son réveil. Il avait déjà failli tuer l'un des siens il y a de cela trois cents ans... il ne voulait vraiment pas que cela recommence.

Un regard de son maître mage.

L'esprit s'obligea enfin, après de longues minutes, à rentrer dans son corps.


~~~~~~~~

"C'est bon, il est de retour. Et ne me remerciez pas."

Celebrand s'était relevé de son tabouret mais restait prêt à intervenir si son élève se réveillait trop brusquement. Mais Neraën ne se réveilla pas, même après plusieurs minutes. Au départ il fut inquiet mais après avoir vérifié plusieurs fois l'état de l'esprit du protecteur, il conclut que son patient avait besoin de dormir avant de retrouver assez de forces pour revenir à lui.

"Je ne sais pas combien de temps cela lui prendra... peut-être quelques heures, peut-être quelques jours. Je vous conseillerais volontiers de placer des gardes pour l'assommer si jamais il se réveille trop brusquement, mais bon... vous faites comme vous pouvez. En tout cas son esprit va plutôt bien. Et son corps ?"


Dernière édition par Neraën Yeldoreï le Mar 17 Jan 2017 - 14:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeMer 25 Mai 2016 - 9:28


Anorn faillit rire jaune quand le mage de l'esprit lui demanda de ne pas le remercier. Ce n'était absolument pas dans ses intentions, penser qu'il puisse obtenir un quelconque remerciement, un signe de gratitude de sa part était hallucinant. Il avait seulement fait son travail, aidé son prochain comme il était censé le faire, il avait ramené Neraën comme Anorn l'avait soigné. Parce que c'était là leur rôle, parce que c'était leur devoir. Attendait-il lui même des remerciements ? Certainement pas. Il n'avait jamais réellement apprécié Celebrand et il savait pertinemment pourquoi. L'arrogance dont il faisait preuve était une chose qu'il ne pouvait se permettre. Autant certains ne la portaient pas si mal, certains la maniaient avec une certaine dextérité, autant lui n'apportait strictement rien de pertinent avec, laissant même parfois un goût amer en bouche, comme actuellement. L'Archimage se retint pourtant de tout commentaire, jugeant plus judicieux de ne pas créer de tension inutiles. Il savait qu'il était particulièrement sensible en ce moment, que la fatigue, l'angoisse et la peine ne faisaient pas un bon mélange et le laissaient facilement irritable. Actuellement, il savait pouvoir prendre sur lui, alors il le ferait.

 - Il est hors de question que je le laisse seul, sans surveillance. Il va de soi que des elfes resteront autour de lui pour minimiser les dégâts lors de son réveil. Je ne vais pas pouvoir rester à côté, je pense que tu comprends parfaitement pourquoi, mais je reviendrai aussitôt qu'il y aura du mouvement. Quant à son corps, il n'est pas si abîmé que cela, j'ai vu bien pire. Son armure l'a bien protégé, je n'ose même pas imaginer l'ampleur des dégâts s'il ne l'avait pas portée. Ses mains étaient en charpie, j'ai du amputer son index droit. Les reste mettra du temps à être de nouveau fonctionnel, mais il ne risque plus grand chose. Ses mains restent difficilement utilisables, ce pour un certain temps, mais à long terme il en retrouvera l'usage, au moins partiel si ce n'est complet. Il va lui falloir énormément de repos.

Tant physique que mental, il en était entièrement conscient. Les prochains jours allaient être longs et éprouvant, pour le seigneur protecteur d'Eteniril, il savait qu'il allait devoir être sur ses gardes. Parce qu'il aurait sans doute besoin de lui, parce qu'on aurait besoin qu'il prenne certaines décisions. Il savait qu'ici, au sein des mouroirs, il était la référence, la seule voix qui comptait réellement. Sa parole n'était pas remise en cause et lorsqu'il fallait trouver rapidement une solution, lorsqu'il fallait ordonner quelque chose, on finissait toujours par se tourner vers lui. Et Neraën serait certainement un souci, une personne qui nécessiterait qu'on prenne des décisions et qu'on ordonne. Se laissant choir un instant aux côtés de l'ancien lieutenant des Aigles, il inspira profondément et ferma les yeux. Bientôt, il devrait se relever pour aller soigner ses frères et ses sœurs. Bientôt, il devrait revenir à la dure réalité et affronter les blessures et les peines, les chagrins et les peurs de chacun, parce qu'ils n'auraient plus la force de se battre. Il devrait redevenir ce rempart, cet espoir. Ce lendemain qu'il dessinait tant bien que mal, peu à peu, pour chacun. Mais pour l'instant, il avait seulement besoin de fermer les yeux. Fermer les yeux et partir.

Si les cris et les pleurs s'imposaient toujours à ses oreilles comme bruit de fond, ce fut bien rapidement qu'il trouva l'image d'Arwain. Sa présence lui manquait, sa douceur était une chose qu'il nécessitait chaque fois qu'il se retrouvait seul face à la nuit et ses conseils, chaque fois qu'il avait à prendre une décision. Elle était son repère, quand il hésitait, elle était son amante, quand il se sentait délaissé. Elle était sa femme et elle lui manquait. C'était dans ces moments qu'il se rendait compte à quel point elle était importante pour lui, à quel point elle lui était nécessaire. Il avait hâte de la retrouver. Hâte de revoir son visage, hâte de sentir sa peau contre la sienne, hâte de la savoir à ses côtés. Ce n'était qu'une question de jours, certes. Mais cela lui paraissait être une éternité.

***

Adressant une énième prière à Tari, sa main se posa délicatement sur son torse et ses yeux se plongèrent dans les siens. Il ne connaissait pas cet elfe. Il ne le connaissait pas et pourtant il savait qui il était, qu'il avait aimé, ce qu'il avait fait. Doucement, il fit ralentir son cœur. Calmant quelque peu l'inquiétude, jusqu'à la réduire à néant. Laissant au fond de ses iris qu'une pâle inquiétude, comme lorsqu'on s'apprêtait à découvrir l'inconnu. Il finit par le ralentir tant et si bien qu'il s'arrêta. Il ne le relança pas, attendant juste que l'air quitte définitivement ses poumons pour fermer rabattre ses paupières. On vint rapidement chercher le corps, laissant Anorn passer à un autre blessé. Refermer d'autres entailles. Ressouder d'autres os. Réparer d'autres organes. A peine eut-il le temps de se concentrer qu'on arriva en courant derrière lui, s'appuya lourdement sur son épaule et souffla avec peine quelques mots. Neraën s'était réveillé. Il était revenu parmi eux et on l'avait bien senti. Son cœur se gonfla légèrement, parce qu'il se demandait ce qui venait d'arriver. Il se demandait s'il avait blessé d'autres elfes, s'il avait détruit certaines choses. Certains êtres. S'il avait été si violent que Celebrand n'avait pu le contenir, ou si on avait pu éviter le pire. Alors cédant sa place à celui qui était venu le prévenir, il se précipita vers le lit du Seigneur Protecteur.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeMar 7 Juin 2016 - 21:36

Il ouvrit brusquement les yeux. Comme un être depuis fort longtemps endormi qui soudainement revenait à la réalité. Et en un sens, c'était bien le cas : deux jours entiers que le seigneur-protecteur dormait, son corps inerte faisant se demander à plus d'un s'il n'était pas mort, la respiration si légère qu'il fallait faire attention pour pouvoir distinguer sa poitrine se lever puis se rabaisser à intervalles réguliers. Et là, hormis ses yeux froids grand ouverts, rien ne changeait... pour l'instant du moins. Conscient ou non, le corps de l'elfe resta plusieurs minutes sans bouger, les yeux braqués sur le toit du dispensaire, sans qu'aucun médecin ne se rende compte de cet infime changement pourtant si important. Ils étaient encore trop occupés à s'occuper des blessés, notamment de ceux qui avaient des blessures assez graves pour qu'ils se trouvent encore en cet endroit deux jours après la bataille. Ceux qui souffraient le plus. Ceux ne pouvaient qu'endurer en des plaintes la douleur. Et, à côté de ces gens-là, ceux qui passaient leur temps à penser et à agir, dont leurs voix résonnaient plus qu'ils ne le pensaient.

Neraën était loin de la majorité des blessés, mais son esprit désormais éveillé était suffisamment ouvert à la magie pour ressentir et entendre tout ce qui se trouvait autour de lui : peine, douleur, haine, confusion... Etait-ce ses propres sentiments, ses propres douleurs ? Il n'en savait rien. Tout était confus, instable. Il commençait seulement à comprendre qu'il était. Et pourtant, c'était comme si tout son corps était broyé, déchiré en d'innombrables morceaux. Cette douleur infernale finit par lui faire prendre une longue et profonde inspiration qui fit naître une douleur semblable à mille aiguilles s'enfonçant dans sa gorge sèche. Qu'était-il exactement ? Qui était-il ? N'était-il pas douleur ainsi qu'une multitude de voix ?

Il ne savait pas. Il ne savait plus. Ce fut la raison pour laquelle il finit rapidement par se défendre, de la seule manière qui était à sa disposition : détruire ce qui provoquait tant de douleur. Cela commença par un silence aussi malsain que soudain dans cette aile du mouroir, avant que toute personne essayant d'approcher le blessé ou de se mettre à crier ne vienne à hurler de douleur. Et alors que le chaos commençait à naître autour de lui, la folie qui l'habitait le faisait se lever.


~~~~~~

"Ecartez-vous, espèces d'idiots !"

Celebrand se trouvait debout au beau milieu de l'aile, les traits tirés par la fatigue, face au guerrier. Une main sur son bâton, l'autre caressant doucement l'air, paume tournée vers à son ancien élève, il semblait être à l'instant le genre de mage qui ne pouvait rien laisser passer, comme si aucune magie ne pouvait lui résister dans son domaine. En criant de sa voix profonde tout en envoyant des sentiments à Neraën, il avait réussi à suffisamment le gêner pour qu'il se soit tourné vers lui. Mais le vieil elfe n'était pas encore sorti d'affaire... surtout avec d'autres personnes présentes autour du protecteur. C'était un cas fort délicat et surtout dangereux. Celebrand se souvenait parfaitement des nombreuses séances qu'il avait fallu pour que son nouvel apprenti commence seulement à pouvoir maîtriser la magie et à ce moment précis il avait l'impression de revoir une perte de contrôle totale qui, il l'avait su bien malgré lui, pouvait si la magie était assez puissante briser une volonté de fer ou encore même tuer un être. Enfin, tuer un être... cela dépendait de comment c'était fait.

"Neraën, calmez-vous. Vous êtes actuellement dans un dispensaire. Vous êtes un elfe d'Eteniril et avez été sérieusement blessé lors d'un combat. Si vous ressentez de la douleur, c'est normal. Vos mains ont beaucoup pris. Neraën, pouvez-vous me répondre ?
Aucune réponse à part une tentative d'attaque que le mage para adroitement. Aussi ce dernier s'adressa au pauvre elfe qui était tombé à ses côtés.
-Votre camarade, il est parti il y a longtemps chercher notre régent ?"

L'elfe n'eut pas le temps de répondre qu'en faisant un nouveau pas Neraën tomba genou à terre tout en se prenant la tête entre les mains et en commençant à crier de douleur. Du coin de l'oeil, Celebrand put remarquer qu'à quelques disaines de mètres un mage s'efforçait de ne pas perdre sa concentration tout en soignant un archer qui mordait sa main à en faire couler le sang. L'empathie... Celebrand se concentra immédiatement sur Neraën en suivant la direction du blessé physiquement. Lorsqu'il rencontra la volonté de celui qui au départ n'était pas mage, il fit en sorte de la bloquer et de la suivre quelle que soit la direction qu'elle prenne, afin de protéger ceux qui étaient proches. Il allait falloir faire quelque chose, rapidement. Mais allait-il pouvoir falloir le faire...

A ce moment précis arriva Anornedellon, qui aperçut rapidement les quatre elfes entourant le protecteur mais ne l'approchant pour autant pas.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeJeu 9 Juin 2016 - 17:34


Ca n'allait pas. Ca n'allait clairement pas. Il aurait du le mettre à l'écart, comme il l'avait pensé au début. Il aurait du insister pour que ce soit le cas, insister pour qu'il ne reste pas au milieu des autres. Il y avait pensé un instant, puis n'y avait plus pensé juste après. Pourquoi ? Parce que les mouroirs lui avaient embrumé l'esprit. Parce qu'on lui sans doute posé mille et une questions dans la foulée, qu'on l'avait appelé en urgence pour traiter un autre patient, et qu'il n'avait pas eu le temps d'énoncer clairement ses directives. Il arriva au milieu du chaos. Certes les mouroirs n'étaient pas calmes, loin de là. Ils étaient ordonnés au possible, une certaine coordination avait émergée entre ceux qui y travaillaient. Sauf que là, tout avait été détruit. Tout avait été bouleversé. Les douleurs amplifiées, les soigneurs complètement déboussolés, parce que Neraën s'était réveillé. Prenant une  profonde inspiration par le nez, il n'eut qu'à hausser légèrement le ton pour se faire entendre.

 -  De la concentration, s'il vous plait. Tous ceux qui n'ont rien à faire autour de Neraën vont se rendre utile ailleurs, j'ai laissé un blessé derrière moi, prenez ma place. Que personne n'approche à moins qu'on ne le demande.

Les soigneurs s'activèrent aussi rapidement qu'ils le purent, quand ils le purent, mais l'influence du Seigneur Protecteur était bien trop forte par instant pour qu'ils agissent totalement de par leur volonté. S'approchant à la limite de la zone qu'ils avaient malgré eux délimité, il serra les dents quand il ressentit pleinement la présence de l'esprit de Neraën. Celebrand n'arrivait à le contenir qu'in extremis et il se dit que bientôt, il lui faudrait trouver un mage plus compétent. Certes il n'avait pas à faire à un cas classique, loin de là. Mais l'elfe qu'il tentait de faire revenir à la raison n'était pas non plus un mage des plus puissants. Et de le voir peiner ainsi le laissait de plus en plus douteux quant aux réelles limites de ses capacités.

 - On ne va pas pouvoir le laisser ici. Il va falloir le bouger aussi rapidement qu'on le pourra. Il perturbe beaucoup trop les autres mages. Sans parler du fait qu'il s'attaque visiblement aux blessés par réflexe. Ce n'est pas possible de le laisser au milieu de tant d'elfes. Certains risqueraient d'y passer.

Une telle attaque, dans un état des plus incertains, les achèverait sans aucun doute. Et s'ils étaient encore là, vivants, c'était parce qu'ils pouvaient encore être sauvés. S'ils n'avaient pas succombé aux suites de leurs blessures ou s'ils n'avaient pas été achevés, c'était uniquement parce qu'il restait de l'espoir. Il refusait catégoriquement que Neraën le leur enlève, parce qu'il n'arrivait pas à maîtriser son état, ou parce qu'il était impossible pour Celebrand de le faire. Il ne pouvait le laisser être responsable de la mort de plusieurs camarades, de plusieurs frères d'arme. Le Seigneur Protecteur n'en avait pas besoin. Il avait déjà pour lui la lourde tâche de se maintenir en vie, de tenter de se contrôler, tant bien que mal. Alors pourquoi lui rajouter une peine qu'il aurait causé sans en être réellement conscient ? A cet instant, Anorn sut qu'à leur retour, Neraën devrait retourner à l'Académie. Parce que ce n'était pas possible de le laisser dans cet état. Ce n'était pas humain et ce n'était pas sans risque. Il était plus un danger pour les autres que pour lui même. Son trouble était plus un poids pour son entourage qu'il ne pourrait jamais l'être pour lui. S'ils n'en étaient pas là, il y pensait tout de même, malgré lui. L'ancien lieutenant était devenu bien trop lourd à gérer, bien trop coûteux en soins, en énergie, en vies.

 - Qu'attends-tu de moi, Celebrand ? Veux-tu que je fasse quelque chose de particulier ?

Assister au spectacle sans y participer n'était pas vraiment dans sa nature. Voire même pas du tout. Il fallait qu'il agisse. Là ou ailleurs. Mais il devait agir. On avait besoin de lui, partout. Et il se devait d'être efficace pour minimiser les pertes. Alors s'il pressait quelque peu le mage de l'esprit, c'était entre autre parce qu'il ne souffrait pas de pertes de temps. C'était inconcevable qu'on puisse le faire poireauter. Pour un cas de cette ampleur ou une simple égratignure. L'efficacité était primordiale.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeVen 10 Juin 2016 - 21:02

Tant que le régent arrive, du côté de Celebrand et de Neraën les choses commençaient à se stabiliser malgré la difficulté incofortable qu'était devenu l'esprit de Neraën. Que le seigneur-protecteur de la Quatrième Saison doute des capacités magiques du vieux mage de l'esprit, cela passait complètement à côté de toutes les craintes de Celebrand. Parce qu'il se retrouvait en ce moment-même face à quelque chose de nouveau, quelque chose qui ne ressenmblait pas au Neraën qu'il avait pu connaître. Etait-ce l'évolution de sa relation à la magie en trois cents ans qui faisait qu'il ne fallait plus s'occuper de lui de la même manière ? Ou bien ce qu'il s'était passé à Eraïson avait-il modifié sa relation à la magie ? Il était incapable de pouvoir le dire, mais il trouvait cette question tout à fait fascinante. Ah si seulement... hum... bref... il avait encore un Neraën à gérer et maintenant que le régent avait donné ses indications, il allait falloir lui expliquer qu'il faudrait le temps qu'il faudrait avant de pouvoir bouger le protecteur de là où il était.

"Je suis tout à fait d'accord avec vous quant au fait qu'il ne faudra pas le laisser là où il est, sinon je crains qu'effectivement il y ait des morts. Par contre à moins que vous ne puissiez faire quelque chose de particulier, le déplacer ne pourra pas être possible de suite. Pour une raison qui ne m'est pas encore connue, l'emprunte de notre patient n'est pas tout à fait la même que lorsqu'il était mon élève. Et bien que cela ne fasse en soit pas une grande différence, en cas de crise comme c'est le cas ici c'est le genre de détail qui fait qu'un mage de l'esprit ne peut pas gérer son collègue de la même manière qu'il le devait initialement et peut venir à devoir le prendre complètement autrement pour arriver au même résultat. Encore une chance que tous ne fassent pas des crises comme celles-ci... Enfin cours à part, j'ai pu lui donner l'impression qu'une barrière était créée autour de lui et donc le forcer à se défendre au lieu d'attaquer. Mais tant qu'il sera ainsi sur la défensive il est inutile d'essayer de l'approcher."

Il était cathégorique, comme toujours. Ce n'était pas comme s'il avait été habitué à ce genre de crises depuis trois cents ans, mais il était venu à savoir de quoi il parlait bien au-delà de la théorie. Neraën avait toujours été un cas à part, une exception à la conception actuelle de la magie, à savoir comment exactement et pour quelles raisons. Cet elfe était un mystère vivant des plus complexes qu'il fallait prendre délicatement ; là où il avait certainement le plus échoué dans ce domaine, certainement, était de faire en sorte que son apprenti s'accepte en tant que mage et ne s'attarde pas à essayer (en vain) de redevenir celui qu'il était avant. Et, mine de rien, ce n'était pas un élément qui aidait à ce que tout se passe au mieux. L'esprit est complexe et plus le patient est réticent à s'ouvrir à la magie de l'esprit, plus il est compliqué d'oeuvrer avec lui même si c'est pour l'aider.

Voyant le régent s'énerver parce qu'il avait des tas de personnes à gérer et qu'il ne pouvait se permettre de perdre du temps pour rien, Celebrand soupira comme un petit vieux après une bonne marche puis reprit la parole.

"Anornedellon, peut-être pouvez-vous en effet aider à ce que la situation se débloque concernant ce petit gredin de Neraën. Si je puis me permettre, il me semble que vous faites partie des personnes qui, tout comme moi, partagent un "lien" avec cet elfe. Un lien particulier dû à sa sensibilité à sa magie. Est-ce que vous voyez de quoi je veux parler ? Il attendit d'avoir une affirmation avant de continuer. Pourriez-vous me dire, si vous en avez connaissance, quelle est l'importance de ce lien je vous prie ?

Il écouta la réponse, qui ne devait certainement pas être la véritable réponse puisque Neraën lui avait déjà mentionné le fait qu'il avait un lien semblant plus fort que les autres avec le régent, mais cela était tout ce qu'il lui fallait.

"Bon, peut-être que ça suffira... Pensez-vous que vous pourriez arriver à assez focaliser son esprit sur vous pour qu'il ouvre une brèche dans la barrière qu'il s'est créée ? Cela pourrait éviter de perdre du temps avant d'arriver à le contrôler."
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeVen 17 Juin 2016 - 12:24


Celebrand lui exposa rapidement la situation, lui signifiant au passage qu'ils ne pourraient pas l'emmener ailleurs avant qu'il ne se soit calmé. C'était un cauchemar. Un véritable cauchemar, de l'un de ceux qu'on espère ne jamais se voir réaliser, qui glaçaient les sangs et qui retournaient le cerveau. Pourquoi ne l'avait-il pas transporté ailleurs quand ils le pouvaient encore ? Il lui fallut un court instant pour chasser le goût amer du regret qui s'insinuait lentement mais sûrement sur sa langue, emplissant sûrement l'entièreté de sa bouche. Personne n'aurait pu y penser à sa place, peut-être ? Personne n'aurait eu assez de jugeote pour le déplacer, pour l'emmener ailleurs ? Parce qu'il pouvait sans doute attaquer, blesser, peut-être même tuer les elfes qui l'entouraient. Alors était-ce vraiment si compliqué de prendre la décision de l'emmener à part ? Non. Non non non et encore non. A cet instant, il avait l'impression d'être le seul être sensé dans ce mouroir.

 - Bien, attendons donc de pouvoir l'approcher. Mais une fois que ce sera fait, il ne passera pas un instant de plus ici.

Il ne s'adressait pas tant à quelqu'un d'autre qu'à lui même. Il était certain qu'il ne pouvait pas le laisser plus longtemps les autres en danger, il ne pouvait pas tout risquer parce que personne n'était capable de transporter le Seigneur Protecteur d'Eteniril dans un endroit plus propice à ses maux. Sa mâchoire se serrait et se desserrait au rythme de ses réflexions et c'était chose aisée que de comprendre l'état d'Anorn actuellement. Heureusement qu'il n'était entouré que de Celebrand et de Neraën, parce que le premier venu qui lui aurait posé une question à cet instant en aurait sans doute pris pour son grade.

 - Effectivement, nous partageons un lien. Qui est bien trop intrusif à mon goût, parfois. Je pense donc pouvoir dire qu'il est d'une intensité non négligeable. Pour te dire, je sens son esprit quand il est dans les parages et je suppose qu'il sent tout aussi bien le mien. Qu'il le reconnaît, disons.

Il n'aimait pas avouer ainsi qu'il n'avait pas le contrôle de tout ce qu'ils pouvaient bien s'échanger, mais c'était nécessaire. Enfin, l'imaginait-il. La réponse dut suffire à Celebrand puisque ce dernier enchaîna. Focaliser son esprit sur le sien. Etait-ce une chose dont il était capable ? Il n'en savait rien. Il n'était pas un mage de l'esprit, n'avait jamais essayé de près ou de loin ce qu'on lui demandait de réaliser maintenant, alors comment savoir ? En le faisant, pardi.

 - Je ne pense rien du tout à ce sujet, je ne suis pas dans mon domaine de prédilection, si tu n'avais pas remarqué. Mais je vais essayer de faire au mieux. Je ne promets rien.

Comment promettre un résultat quand on se lançait dans l'inconnu ? C'était tout bonnement impossible. Mais avant qu'on ne puisse lui répondre, avant qu'on ne lui explique quoi que ce soit, qu'on ne lui demande quelque chose, il ferma les yeux et s'ouvrit. Un frisson parcourut son corps quand il sentit le flux couler en lui, l'emplir d'énergie, et un instant il resta ainsi. Profitant seulement de la sensation délicieuse que cela lui procurait, de l'apaisement certain dont il bénéficiait. Et l'idée de l'utiliser pour autre chose que soigner quelqu'un était d'un réconfort que peu pouvaient imaginer. Savoir qu'il n'allait pas travailler sur un corps, mais sur un esprit, qu'il allait se servir du  flux bien différemment lui redonnait du baume au cœur. Consciemment, il se focalisa alors sur ce qu'il s'évertuait à ne pas remarquer depuis qu'il était revenu. Soit sa présence, son esprit. Parce que lorsqu'il devait soigner quelqu'un, ce point lumineux le gênait, le perturbait. Pas énormément certes, mais suffisamment pour qu'il veuille l'effacer. Alors cette fois, il fit en sorte de ne pas le négliger. Il lui donna de l'importance, lui accorda de l'attention. Se rapprocha de lui, jusqu'à l'envelopper entièrement. Il n'avait pas de réponse, pas encore. Aucun geste vers lui, aucun mouvement dans sa direction. Alors il l'appela. Encore et encore. Doucement, finissant presque par scander son nom dans une litanie étrange. Autour de lui, tout avait disparu, ne restait plus que Neraën. Personne d'autre n'importait, personne d'autre ne savait ce qui se passait. A vrai dire, il était muet, figé, seuls ses yeux s'agitaient de temps à autre sous ses paupières fermées. Les mains jointes devant lui, il ne laissait aucun son s'échapper de ses lèvres, il respirait à peine. Et rien ne pouvait venir briser cette concentration.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeVen 17 Juin 2016 - 15:02


Tout n'était que douleurs, aussi bien physiquement que psychologiquement. Des milliers de voix semblaient vouloir assaillir son crâne au point de le rendre fou et il était incapable de vraiment ressentir son propre corps. Aussi ne savait-il pas ce qu'il faisait ; il sut qu'il voulut se lever, qu'il se leva même, mais après... une douleur particulièrement forte nacquit au niveau du genou droit, mais il était incapable de seulement essayer de deviner qu'il se trouvait dorénavant à genous par terre, en plein milieu d'un mouroir. Dans sa tête, tout ce qu'il désirait était qu'on arrête de le torturer, qu'on lui enlève ces voix, ces ressentis de mort et de peur, qu'on le laisse juste respirer. "On"... Instinctivement il savait que ce "on" était constitué de ces êtres lumineux qu'il ne pouvait que voir, dont plusieurs étaient auprès de lui. Et ces êtres lui transmettaient bien plus que les autres personnages présents non loin de lui. Et acculé qu'il était à l'intérieur de lui-même, Neraën ne put que comprendre ce qu'il se passait que comme étant une attaque ou pire, une torture. Alors il se défendit. Il essaya en premier lieu de créer une barrière face à tout cela mais rien. Alors, face à la douleur et l'incompréhension de ce qui lui arrivait vraiment, il attaqua. Détruire pour faire reculer, détruire pour ne plus exister, détruire pour ne plus pouvoir être torturé. C'était là tout ce qu'il pouvait faire.

Rapidement, trois êtres de lumière l'encerclèrent. Une impression de déjà vu... une impression d'une souffrance encore plus importante imminante, l'impression que c'était la mort qui s'approchait, lente mais en constant mouvement. Il ne savait pas où il était, n'avait qu'une vague notion de qui il était, ressentait autant l'odeur du sang que le goût de ce liquide désagréable dans sa bouche, et avait donc peur. Peur d'être détruit. De plus, la désagréable impression de commencer à se dédoubler n'aida aucunement à le tranquilliser. Alors il s'attaqua à ces êtres de lumière mais se retrouva face à un mur incassable. Il essaya, réessaya, et partout où il allait c'était comme si un serpent le suivait pour mieux se dresser contre lui lorsqu'il arrivait à destination. Un serpent qui lui collait à la peau, devinant peut-être vers où il se tournait. Il se sentait faible, de plus en plus acculé. Il avait envie de crier pour ne pas exploser ; peut-être le fit-il réellement. Il n'en pouvait plus. Aussi la seule chose qu'il réussit à faire tant sa volonté de s'éloigner de ces êtres était forte fut de créer un bouclier autour de lui. Une zone dans laquelle ils ne pouvaient plus avancer. Lorsqu'il comprit qu'il avait réussi à créer cette zone miraculeuse, il trembla moins et commença à respirer. Mais toutes ces voix étaient toujours là, à le faire saigner de l'intérieur. Tous ces ressentis qui étaient à la fois les siens et ceux d'étrangers restaient. Et l'envie de crier à la mort restait.

*Neraën... Neraën !*

Parmi ce trifouilli d'agonies, il entendit son nom être prononcé, comme si on l'appelait. Avec faiblesse, l'esprit du concerné se tourna vers l'être de lumière qui l'appelait. Encore un... et il voulait s'approcher, briser sa défense ? Non il ne le pouvait pas ! Et pourtant... avec stupéfaction et horreur, il ressentit cet être s'approcher, entrer dans l'abri qu'il s'était créé. Non... les autres ne pouvaient pas, lui ne devrait pas... il allait... NON !

Afin de se défendre, Neraën attaqua cet être qui pouvait passer outre sa défense, désira même le tuer. Et c'est alors que son esprit partait pour le faire qu'il se produit quelque chose d'étrange : il vit, comme si cela venait du plus profond de son être, l'image d'un elfe des cités aux longs cheveux châtain-clair, penché sur un énorme livre et tenant une plume dans la main. Cet elfe était chalereux et avait un regard tout à fait amical, comme s'ils se connaissaient depuis de nombreuses décennies. Puis le souvenir changea, il se vit sans une once d'hésitation briser le cou de cet elfe qui avait veillé sur lui jusqu'à son réveil. Quelqu'un de bien, pas l'un de ces êtres de lumière. Sa volonté vacilla, son esprit flancha avant d'atteindre celui qui avait pénétré dans son abri - dont le bouclier s'était renforcé suite à l'entrée d'Anorn, rendant le passage désormais infranchissable. Neraën commença alors à ressentir pleinement la présence de cet individu, une chaleur bienfaisante mais trop étrangère pour être acceptée. Alors la première image revint à son esprit, l'elfe châtain le regardant à nouveau tout en souriant. A côté de lui se trouvait le fameux être de lumière, mais à moitié de consistence physique à moitié de lumière. Neraën remarqua que malgré leurs nombreuses différences physiques, il pouvait ressentir en eux une telle similarité qui lui fit aussitôt penser à des frères proches l'un de l'autre, comme pourraient l'être des jumeaux.

Il ne sut pourquoi, mais à ce moment précis les voix qui le torturaient s'aténuèrent. Il les connaissait, tous les deux. Il était même lié à eux. Et cela il en était sûr, sans pouvoir comprendre pourquoi. Aussi se retrancha-t-il juste sans plus vouloir lui faire de mal, en désirant presque pouvoir lui faire confiance. Aussi arrêta-t-il de crier. L'être de lumière était désormais proche de lui et continuait doucement à l'appeler par son prénom. Au fur et à mesure que les mots se répètaient, Neraën ne les percevait plus comme de simples mots prononcés dans une langue quelconque mais les percevait de plus en plus comme des ressentis, une onde envoyée directement à son coeur et pourvue d'un son. Un son qui devint cristallin, d'une beauté comme il n'avait jamais entendue auparavant. Non... il se trompait... il avait déjà entendu tel chant quelque part, mais où ?

Au bout de plusieurs longues minutes, Neraën accepta enfin de se laisser approcher assez par l'être pour que celui-ci l'enlace de son esprit, apaisant ainsi les différentes souffrances de celui qui était une nouvelle fois frappé par la folie de la guerre. Puis tout autour d'eux tout commença à changer, les souffrances disparurent au même titre que le dispensaire pour laisser place à une clairière en plein milieu de la forêt, où trônait un immense arbre magnifique. Le protecteur d'Eteniril le reconnut aussitôt : c'était là où se trouvait l'Eäla protégée par la noss Wen'Dorïl, au sein du protectorat d'Eteniril. Là où il avait vécu une partie non négligeable de son enfance, au point que cela lui avait laissé la volonté d'arrêter les combats idiots entre noss et cités. Une fois qu'il eut admiré cet arbre qu'il n'avait pas eu l'occasion de revoir depuis la mort de son ami druide, il se tourna et vit avec incompréhension Anornedellon (sous sa forme d'esprit).

"Anorn ?"

Il ne comprenait pas. Qu'est-ce que faisait le guérisseur ici ? D'ailleurs pourquoi se trouvait-il lui-même là ? Il y avait eu la bataille, le combat contre le mage sombre avec Halyalindë... Non, il ne devait pas être déjà rentré chez lui. Non ils avaient dû faire comme au palais, essayer de voir jusqu'où leur lien pouvait aller. Mais cela lui paraissait étrange puisqu'il ne se souvenait aucunement avoir accepté de renouveler l'expérience. Surtout après le cauchemar qu'il avait fait concernant Aldartha.

"Que faisons-nous ici ?"

Il n'avait pas ouvert la bouche pour poser sa question. Mais fallait-il que le régent puisse le comprendre.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeSam 18 Juin 2016 - 10:19


Il sentait de la distance. De l'agressivité. Du rejet. Mais il n'en tint pas compte. Parce qu'il devait être effrayé, parce qu'il ressentait lui même cette angoisse, au fond de lui. Il ressentait la peur qu'il éprouvait à l'instant. Le besoin de s'enfuir. De redevenir libre. La pression l'étouffait sans aucun doute. Mais il se devait de ne pas y penser, il se devait de rester lui même. N'en tenir compte que brièvement, pour lui apporter autre chose. Du réconfort, de la sécurité. Ce qu'il avait voulu lui apporter depuis le début. Réussir ne serait-ce qu'un minimum là où il avait plus tôt lamentablement échoué. Le faire se sentir bien, briser son sentiment d'insécurité n'allait pas être chose aisée. Mais Anorn se démenait. Il continuait à l'appeler, sans relâche. Restait aussi près de lui qu'il pouvait l'être. Ne tournant pas les talons, ne l'abandonnant pas à son sort. Et finalement, il vint vers lui. Les deux elfes se retrouvèrent au milieu d'une clairière, qu'Anorn ne connaissait pas. Y trônait un arbre qui paraissait être aussi âgé que lui si ce n'était bien plus. Mais il ne s'attarda pas sur le décor, ne resta pas fixé sur ce qui les entourait. C'était important, parce que cela découlait de son esprit, qu'il avait du les amener ici pour une raison. Sauf qu'à vrai dire, il se souciait bien plus des mots qui résonnèrent ensuite.

 - Tu nous as amenés ici, Neraën. Je ne connais pas cet endroit, mais à vrai cela a peu d'importance. Sauf si tu en accordes plus que je ne le pense ?

Ou plutôt, s'il en accordait tout bonnement. S'il voulait lui parler de ce lieu avant qu'il n'attaque un sujet plus sérieux, plus terre à terre. La réelle raison de sa présence ici. Il devait le ramener parmi eux, le distraire, ou peu importait, en fait. A présent, tout ce qui avait une importance était Neraën. Que l'angoisse disparaisse, que le crainte n'ait plus lieu d'être, que le Seigneur Protecteur se calme. Parce qu'il n'y avait aucune raison de s'affoler ainsi. Pas tant qu'Anorn était là, pas tant qu'il faisait rempart à tout le reste. S'avançant d'un pas, il posa doucement une main sur son bras et sourit.

 - A vrai dire, tout ceci n'est pas réel. Ou cela ne l'est que pour nous deux. C'est une construction de ton esprit dans laquelle tu m'as emmené. En réalité, tu es au milieu des blessés de la bataille d'Eraïson, dans ce que j'appelle les mouroirs. Je ne m'attends pas à ce que tu te souviennes de tout. Mais je voulais juste te dire que tu n'es pas en danger. Que tu n'es pas la cible d'une attaque. Et que je suis là pour veiller sur ton corps le temps que tu retrouves ton chemin.

Si cela devait lui prendre des années, alors il passerait des années à ses côtés. Parce que maintenant qu'il avait ressenti ce qu'il ressentait, il ne pouvait plus faire la sourde oreille. Actuellement avec lui, il ne pouvait penser à autre chose si ce n'était à faire taire la peur et la peine. Elles sourdaient dans son cœur à chaque battement, accaparant chaque fois un peu plus d'attention. Et s'il arrivait pour l'instant à les étouffer, il savait pertinemment qu'il ne sauverait pas la face bien longtemps. Il devait faire vite. Il sentait qu'autour d'eux, il y avait comme une pression, presque indécelable mais constante. Qui les oppressait sans qu'ils ne la remarquent vraiment, qui leur pesait un peu plus à chaque instant. Bientôt, se fit ressentir l'indicible besoin de rejoindre son corps. De ne pas s'éterniser ici, entre deux. Mais il ne pouvait pas partir maintenant, pas tant que Neraën ne lui avait pas répondu. Et surtout, pas avant qu'il n'ait été utile. Comment le savoir ? Comment pouvait-il être certain que son intervention avait servi ? Il ne le pouvait pas. Il ne voyait aucun moyen si ce n'était celui de repartir et de vérifier tout cela par ses yeux.  

 - Je crains que le temps ne soit compté, pour nous. Nous n'allons pas pouvoir rester bien longtemps ici, tu sens cette pression ?

Il n'était pas claustrophobe, mais cette force invisible qui les comprimait peu à peu l'en ferait douter. Il ne se sentait pas bien, un poids venait incontestablement écraser sa poitrine. Il peinait à respirer, peinait à expirer. Il savait que bientôt, il suffoquerait. S'il ne faisait rien, on allait le réduire à néant. On allait le tuer.
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MessageSujet: Re: Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé]   Le chant de la vie {PV Anorn} [Terminé] I_icon_minitimeSam 18 Juin 2016 - 20:57

"Tu nous as amenés ici, Neraën. Je ne connais pas cet endroit, mais à vrai dire cela a peu d'importance. Sauf si tu en accordes plus que je ne le pense ?
- Bien sûr que oui..."


A genoux sur le sol, Neraën se releva et jeta un dernier coup d'oeil à Anornedellon avant de marcher vers le grand arbre. Peut-être ne fit-il que dix pas, mais cela suffit à son esprit pour se rapprocher d'un souvenir qui risquait de n'en rester qu'un. Sans même regarder celui qui avait la particularité de pouvoir entrer en connivence avec son propre esprit, il répondit pensif à sa question. Dans les paroles du protecteur, Anorn pouvait ressentir une certaine peine accentuer certains mots.

"C'est l'arbre que protège la noss Wen'Döril, un Eäla y habite. Tous les printemps cet arbre fleurit et laisse tomber de magnifiques fleurs. Une renaissance fêtée chalereusement. C'est en ces lieux que j'ai appris la vie de noss et près d'ici que j'ai rencontré Tinrael. Je suppose que tu te souviens de qui c'est... Ayant eut tous deux accès aux souvenirs de l'autre, Neraën ne se faisait pas de soucis sur le fait qu'Anorn devait avoir compris qui était son vieil ami druide. Peut-être dois-je te paraître étrange, mais c'est cette influence qui fait que j'aimerais pouvoir faire tout mon possible pour qu'Elfes des cités et Elfes des noss arrêtent de tracer des chemins trop éloignés pour permettre de vraiment prendre soin de la Première Oeuvre. Enfin cela n'a pas d'importance, pas maintenant du moins. Cela m'étonnerait fort que nous soyons réellement devant l'arbre."

En effet, tout ceci n'était qu'un mirage créé par son propre esprit, à savoir pourquoi. Neraën n'avait aucune idée de pourquoi c'était cette image qui avait été choisie en présence d'Anorn, alors qu'il y avait de nombreux souvenirs qui concernaient directement le régent. Le guerrier écouta le guérisseur, ne pouvant à un moment s'empêcher de se retourner vers son interlocuteur. Son visage était de marbre mais Anorn pouvait parfaitement ressentir l'incompréhension de l'elfe. Qu'il retrouve son chemin... il ne comprenait pas, qu'est-ce qu'il pouvait dire par là ? Et pourquoi lui tenir de tels propos ? A cause des voix ? De la douleur ? S'il lui parlait ainsi, c'était... non... il n'avait pas "recommencé" ? Le régent s'était rapproché de lui, posant une main sur son bras tout en souriant. Mais cette marque de confiance n'était pas assez puissante pour refouler toutes les craintes du guerrier.

"Anorn... ne me dis pas..."

Cet endroit calme et paisible était trop beau pour être vrai ou encore pour durer. Des images revinrent dans l'esprit de Neraën alors qu'il comprenait ce qui était en train de se passer en-dehors de la connexion que leurs deux esprits pouvaient avoir. La douleur... il était en train de tous les attaquer avec sa magie et c'était la raison pour laquelle eux deux étaient entrés en lien. Pourquoi fallait-il que cette horreur recommence, après tout ce qu'il avait pu endurer pour arriver à maîtriser sa magie ?!

Tout d'un coup il sentit sa poitrine être compressée au point qu'il avait énormément de mal à respirer. Les voix revinrent en nombre dans sa tête, alimentées par la peur qui tiraillait les entrailles de Neraën. Tout commença à devenir flou et, déséquilibré, il perdit l'équilibre et tomba à genoux. Son corps devenait à nouveau douloureux, atrocement... et il avait froid, très froid. Il ne se sentait pas bien, avait à la fois envie de sombrer dans le comas, à la fois celle de se battre, à la fois celle de juir... Il entendit difficilement Anornedellon lui parler, lui poser une question qu'il ne comprit que trop peu malgré le fait qu'il soit juste à côté. Il eut l'impression que son confrère fit un geste en sa direction aussi l'etenirilien se mit-il à hurler, se sachant malheureusement trop dangereux lorsqu'il perdait le contrôle de lui-même.

"Ecarte-toi !"

Il ne pouvait plus, déjà. Alors que tout autour d'eux disparaissait pour laisser place à la réaliter, Neraën serra à nouveau ses mains contre ses tempes dans l'espérance que cela calmerait les sons de plus en plus incohérents qui le tiraillaient de l'intérieur. Revinrent alors les êtres de lumière et la désagréable impression qu'ils l'oppressaient, qu'ils désiraient le tuer ou le prendre pour torturer d'une manière ou d'une autre son esprit. Ils étaient des elfes, de ce que lui avait fait comprendre le guérisseur... Il ne fallait pas... il ne devait pas... mais c'était sans compter des cris qui lui donnèrent l'impression que son cerveau allait exploser et une haine si puissante que c'était comme si un pieu l'avait transpercé de par en par en plein milieu du torse. Il suffoquait. Il implosait. Et ce qui le tuait sans même user de ses mains se trouvait assez loin. C'était un autre être de lumière. Alors il n'avait pas le choix. Pour lui-même survivre, il lui fallait détruire ce qui éteindrait sa vie. Aussi son esprit attaqua-t-il celle qui était en fait Halyalindë Yassaïrava.

Puis, alors que la douleur était trop forte pour que Neraën puisse se contenir en quoi que ce soit, il ressentit un froid l'atteindre, une caresse apaisante se poser sur lui. Tout devint noir autour de lui... et l'esprit s'effondra dans les lymbes des rêves.


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