| | Un soir de Lune Rouge [PV Loup-Gris] | |
| | Auteur | Message |
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Endre
Humain
Nombre de messages : 5 Âge : 27 Date d'inscription : 14/04/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 41 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Un soir de Lune Rouge [PV Loup-Gris] Lun 6 Juin 2016 - 19:48 | |
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L’odeur de la mer. L’odeur de la mer est insupportable et aucune quantité d’eau douce ne saurait la gommer. L’air salé griffe tes narines fragiles et gratte ta gorge encore enflammée, toujours loin d’être remise du froid des hauteurs du Sigolsheim. Ton corps sculpté dans la boue et la tourbe des eaux croupies des Myriades, même après les dizaines d’années d’errance se refuse à tolérer la réalité de l’océan. L’eau doit être douce. L’eau est là pour être bue. L’existence même de ces immenses nappes d’un liquide rageusement imbuvable et impossible à traiter, avalant goulument chaque jour des rivières entières est une hérésie, si ce n’est une simple punition divine, infligée aux vivants par les démons créateurs du déserts pour les emprisonner sur les lieux de leur naissance. Sous quelle démente autorité alors avais-tu choisi d’avancer contre le vent et vers la Grande Mort Bleue des légendes ? Quelle démente autorité est celle qui te prive de toute sensation sinon celle de la soif ? Quel est l’esprit dangereux qui te prive de nourriture et de sommeil, te forçant à te contenter de l’eau du cours que tu suis depuis plusieurs jours maintenant ?
Probablement un esprit comblé.
Tu ris, tu ris sans explication depuis des heures maintenant. Tu ris au point d’en trébucher parfois, trop épuisé pour lutter contre les soubresauts provoqués par les coups de ton diaphragme. À ces moments tu rampes un instant, avance à quatre pattes comme le chien bien dressé que tu es, et ne te relève que lentement, sur l’espace de plusieurs pas. Tu ris parce que tes maîtres ici sont euphoriques. Tu ris parce que les esprits sont heureux. Tu ris parce que l’odeur du sang t’es montée à la tête. D’abord attiré par des âmes excitées, voilà que tu partages en cette nuit leur satisfaction. Tu te baignes dans le bonheur des vengeurs de l’outre-tombe venant de recevoir ample sacrifice.
Tu es un fou, avançant sans la moindre attention pour les sentinelles posant leurs yeux sur ta frêle figure. Tu es un demeuré, t’esclaffant au nez des guerriers te prenant de haut, imaginant ta mort si proche qu’ils ne prennent pas le temps de t’achever. Mais au plus fort de tes éclats, quand l’explosion de ta clameur coïncide avec le réveil de la sombre armée du ciel, alors ils comprennent que tu es un fou dangereux. Les bibelots pendant à ta ceinture sont une arme de dissuasion suffisante à les tenir en respect, mais c’est ton attitude non-conventionnelle qui terminera de véritablement les effrayer. Qu’il en soit ainsi et tout sera pour le mieux. Seul importe pour toi de trouver la source de ton Euphorie et le noyau d’où émergent les spectres. Seul importe pour toi de faire participer tes vassaux au festin… si seulement ton corps affaibli tiens jusque-là. Tu tombes, une nouvelle fois. Tentes de te relever, une nouvelle fois. Cette fois cependant le corps ne suit pas. La douleur n’est pas là, mais la faiblesse n’en est pas moins réelle. Tu n’as pas faim, mais tu as besoin de nourriture, et sans cela, tu ne peux plus avancer. Mais même sur tes genoux, au bord de l’évanouissement, tu continues de rire, de rire face vers le ciel. Ton index, dans un immense effort, vient caresser ta lame d’ivoire jusqu’à s’en saigner. Une goutte de sang de plus, un sacrifice de plus, mais u sacrifice qui compte. Un sacrifice faisant monter la clameur des âmes égarées, leur implorant de souffler ta peine à l’oreille des dormeurs, et d’attiser la curiosité du magicien à l’origine de leur bonheur. À l’aide ou merci ? Peut-être simple salutations ? Te voilà soumis au message transmis à leur ouïe par ceux de l’autre monde.
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| | | Loup-Gris
Humain
Nombre de messages : 62 Âge : 27 Date d'inscription : 29/06/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Près de 35 ans Taille : Niveau Magique :
| Sujet: Re: Un soir de Lune Rouge [PV Loup-Gris] Lun 20 Juin 2016 - 9:58 | |
| Le spectacle de la Lune Rouge avait été quelque chose de fascinant. Pour Loup-Gris, c’était un signe des Dieux et des Esprits, et une grande félicité avait gonflé son cœur, apportant un souffle et une détermination encore plus grands pour ses projets. Gare à celui qui viendrait se frotter au Chef de la Horde du Sigolsheim ! Les derniers à avoir essayé étaient couchés dans la plaine, le buste défoncé par les bœufs des Wandres, ou criblés de coups et de flèches. Des clameurs guerrières vivaces ne restaient plus que le son du vent, qui avait soufflé sur la plaine après la tempête sigole. Les fiers Sicambres et leurs précieux alliés avaient compris le véritable sens du mot défaite, et les Hommes du Sud pouvaient se targuer d’avoir admiré la puissance brutale dont pouvaient faire preuve les fils de la Montagne. Tout fonctionnait comme prévu, pour l’instant. Et c’était tout ce dont Loup-Gris avait besoin pour que la Horde reste solidaire.
La tête d’Osa vira soudain vers la droite, les yeux plissés. Quelque chose venait d’attirer son attention, mais Maugrim n’entendit rien du tout, mis à part la légère brise qui soufflait. La sorcière huma l’air ambiant, puis fit un léger sourire énigmatique. Ses prunelles à nouveau posées sur le chef de guerre, elle lui dit :
« Viens mon fils. J’ai quelque chose à te montrer. »
Sur le chemin menant à Fort-Norkan, des milliers d’hommes s’affairaient devant les feux nocturnes, pendant que d’autres paradaient et exhibaient leurs prisonniers. On pouvait voir le clan des Vètres partir subrepticement vers le nord, après avoir entendu des rumeurs sur des rassemblements des restes éparpillés de la coalition sicambre. Les chefs se félicitaient, et échangeaient chacun leur expérience du combat. Il était étrange de voir que tous avaient oublié leurs inimitiés, le temps d’une bataille. Car une fois de retour dans le Sigolsheim, les choses changeraient sûrement. Pas énormément pour les Ulfednars, qui conserveraient beaucoup d’alliés après cette campagne. Mais les Ernols feraient à nouveau la guerre aux Séquoïs, et les Garaths violeraient à nouveau les jeunes filles des Sigiles, les Mordalbars auraient à récupérer leurs terres sacrées des mains des Guerriers-Jaunes… Mais tout cela n’appartenait qu’au futur. Et chaque Wandrais regardait d’abord le présent, lorsque celui-ci était fait de bière, de combat, et de victoire.
Osa mena son enfant encore plus en dehors du camp, passant même des sentinelles sigoles. Loup-Gris était intrigué… Où voulait-elle l’emmener, par cette nuit particulière ? Ils s’enfonçaient déjà dans une partie de la forêt, ne dépassant cependant l’orée, pour suivre le cours du fleuve. Il faisait sombre, et même si la lune éclairait faiblement le passage, Maugrim évita de tomber seulement grâce à sa mère, dont il suivait les pas, et qui ne semblait pas rencontrer de racine sur son chemin, ou de pierre traître qui la ferait glisser dans le torrent. Ils continuèrent ainsi encore quelques dizaines de pas. Puis, soudain, Osa s’arrêta net. Loup-Gris dut plisser les yeux pour voir la silhouette se distinguer devant lui, mais à vrai dire, il était bien plus reconnaissable par son rire mesquin et dément, dans les abysses de la nuit. Le chef des Ulfednars arqua un sourcil. Quelle était donc cette créature nocturne, qui ne cessait de glousser tout en marchant ? Il porta la main à son arme, mais sa mère le retint de faire ce geste. Elle se porta sur le côté, et le regarda avec les yeux luisants d’une étrange lueur.
« Tu t’apprêtes à rencontrer un être très spécial… Je l’ai vu dans ton avenir. Il vient de loin, très loin. Au-delà des montagnes, par-delà les marécages poisseux et grouillants de bêtes. Il a été formé à de sombres secrets, lesquels s’avèrent cruciaux pour la suite de tes plans. Réfléchis bien, chef de guerre… Et n’oublie pas. Je suis à tes côtés, si les Esprits s’agitent… »
Maugrim fut soudain un peu moins sûr de lui, et serra les dents. Il n’avait jamais aimé les mystères qu’entretenait sa mère tout autour d’elle, et notamment sur son avenir, qu’elle disait connaître. Pourtant, si cette silhouette se rapprochant faisait réellement partie de ses visions, alors Loup-Gris se devait d’interagir. Regagnant de sa superbe, il fit un pas en avant, croisant ses musculeux bras sur sa puissante poitrine, observant ce qu’il assumait être un vieil homme s’avancer encore vers lui en ricanant. Là, Loup-Gris employa le dialecte de son pays natal, à défaut d’en connaître d’autre.
« Hættu! Hver ert þú, að þú sem koma frá langt? Hví komið þér til að trufla rauða Sigols fagna sigri sínum? »
Une fois que la fière voix du chef eut tonné dans la nuit, celle plus féminine, mais également plus inquiétante, d’Osa traduit doucement les paroles de l’Ulfednar, dans une forme de langage que ne comprenait point Loup-Gris, et qui provenait des vieux marécages d’au-delà des peuples Fjalldir.
« Loup-Gris, puissant chef des Ulfednars et de la Horde du Sigolsheim, te somme de t’arrêter, et d’expliquer qui tu es, et pourquoi tu souhaites ainsi déranger ses hommes durant leur victoire. »
Les yeux bleus et glacés de Maugrim lorgnaient sur la silhouette petite et rabougrie qui se présentait devant lui… Quelle réponse attendre d’un personnage aussi mystérieux ?
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| | | Endre
Humain
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| Sujet: Re: Un soir de Lune Rouge [PV Loup-Gris] Dim 26 Juin 2016 - 1:20 | |
| Tu hoquettes comme un petit enfant repus. Tes poumons peinent à se gonfler entièrement, menacés qu’ils sont par ton diaphragme au bord de l’implosion. Tu n’as plus la force de rire, mais quelle importance, quand tu n’en as plus l’envie. Les ombres de la mère et du fils te surplombent, t’avalent, te ridiculisent et t’écrasent. Sa voix, sa voix tonitruante t’étouffe alors que tu n’as pas besoin de l’entendre. Il ne fait que te briser les tympans de paroles incompréhensibles, ce jeune impétueux. Pourquoi ? Pourquoi ne laisse-t-ils pas simplement les esprits parler pour lui ? Pourquoi ne laisse-t-il pas simplement la femme parler pour lui ? Elle tu la comprend. Elle tu prends plaisir dans son timbre caverneux. La sorcière parle comme ceux qui s’expriment plus souvent devant les fantômes que devant les vivants. Une voix délicieusement inquiétante qui ne te laisse plus aucun doute quant à l’origine des festivités.
Ta face creuse se soulève autant qu’elle peut, exposant entièrement la contradiction entre ton regard vide d’expression et ton faciès rieur à l’œil de celui qui te juge. C’est lui qui t’a parlé, c’est à lui que tu dois répondre… si seulement tes cordes vocales affaiblies par les longues ennéades passées sans utiliser le moindre dialecte retrouvent suffisante coordination pour te faire comprendre. La position qu’il a pris te plaît. Le voir ainsi flatter la puissance de son corps face à ton apparente faiblesse t’es exquis, car peu de choses sont plus délectables que de voir les forts de ce monde ployer devant l’immatériel. Tu essuies nonchalamment ton doigt ensanglanté contre le tissu de ta poupée fétiche, adressant par le même temps un sourire tout ce qu’il y a de plus carnassier, de tes dents pointues, au guerrier. L’os taillé vient à peine toucher le ventre du fétiche, que ton vis-à-vis se retrouve forcé de plier le genou sous la douleur, se rapprochant à l’occasion juste assez pour que tes murmures atteignent son oreille.
- Vic… toire.
Les spectres dansent de plus belle, viennent hurler tes murmures aux oreilles de la mère et du fils dans une langue qui leur est propre. Quoi qu’aient fait les Sigols, c’est à l’outre-monde que revenait la véritable victoire.
- Sacrifice… sang.
Mais pourquoi ne lui dire que ce qu’il sait ? Pourquoi ne lui dévoiler que ce dont il est lui-même l’auteur. Ce n’est pas ton langage cryptique qui lui donnera les clefs de ta venue, il lui fallait autre chose, autre chose. Alors tu plantes aussi violemment que tu le peux ta dague dans le sol, et envoie ton torse chercher le ciel dans une ultime convulsion. Ton cœur bat la chamade, ta poitrine se soulève sous un effort trop intense pour ta condition, mais tu appelles, tu appelles sans mots, ceux qui sauront expliquer mieux que toi.
- Sacrifice… profanes.
Les ombres dansent dans la nuit, et l’espace d’un instant, deviennent visibles à un Homme moins aveugle que tu ne l’es. L’épouvantable cortège de draps d’ombres et de sang chante de ses milliers de mâchoires déformées, glisse au sol dans une danse macabre, créant de ses châles l’illusion du sang s’engouffrant dans le ventre des ténèbres. Ce soir les ombres ont bu, mais elles en veulent plus. Les damnés de ces lieux veulent leur revanche sur l’envahisseur. Les honteux spectres des peuplades déchues ne retrouveront pas la paix tant que leur terres ne seront pas libérées, et profitant de leur éphémère connexion avec leur descendant guerrier, voilà qu’ils font preuve de toute la haine accumulée au cours de leurs errances.
Et puis ton estomac se noue, te rappelle à la réalité, et avec la fin de ta transe l’illusion disparaît. Ta bile remonte tes tripes jusqu’à ce que tu te retrouves forcé de la cracher et de déguster la brûlure récompense de ceux qui oublient de s’alimenter. Ton message passé, tu reprends ta dague, essaie de te lever, mais te voilà bien trop faible maintenant pour soulever ta propre masse. Il peut se réjouir maintenant le chef d’entre les loups. Te voilà bien aise de l’avoir humilié, maintenant ta vie ou ta mort, c’est lui qui va en décider.
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| | | Loup-Gris
Humain
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| Sujet: Re: Un soir de Lune Rouge [PV Loup-Gris] Mer 27 Juil 2016 - 10:10 | |
| L’homme était dérangeant. Il était vieux et faible, doté de dents pointues typiquement myriennes, aux yeux laiteux et aux tatouages mystérieux. Mais le plus étrange restait son expression de complète béatitude. Loup-Gris avait toujours craint les mystiques, car il se savait bien petit face à leur immense pouvoir, octroyé par les dieux et les esprits. Aussi, quand le petit vieillard rabougri avait levé ses yeux sur lui, et commencé une sorte de rituel étrange sous ses yeux, il avait frissonné. Osa, quant à elle, faisait passer son regard de l’étranger à son fils, avec ce petit sourire qui ne disait rien, et qui pourtant faisait tout. Elle savait ce qui allait se passer. Elle laissait à son fils le soin de voir par lui-même la puissance de l’être qui courbait son corps malade devant lui.
Soudain, il sent une force invisible le saisir aux entrailles. Une main, qu’il ne peut voir, le force à ployer le genou, dans une douleur lancinante. Il essaye de résister, d’abord. Puis, lorsqu’il croise le regard de sa mère, horrifié, il se laisse faire. Elle ne bougeait pas, comme si elle était l’auteure de ce tour de magie. Mais la vérité, il le savait, c’était le petit homme qui était responsable. Loup-Gris ressent alors la peur. Pourquoi sa propre mère le laisse-t-il donc ainsi souffrir des mauvais sorts d’un étranger ? Elle qui était censé le conseiller, et le protéger… lui son propre enfant !
Les mots du Myrien résonnèrent doucement dans la nuit. Rauques, ils susurraient dans l’oreille du Loup de simples syllabes. Mais est-ce réellement sa voix ? Il lui semble en entendre plusieurs, malgré la douleur qui lui prend les tripes. Rêverait-il ? Il lui semblait voir des ombres danser… et sa mère, impassible spectatrice, ne levait toujours pas le petit doigt. Maugrim regarda l’énigmatique sorcier planter sa dague dans l’humus frais, et se soulever dans une position non-naturelle, comme si son torse était attiré inexorablement vers le ciel et les dieux, telle une offrande impétueuse. Alors commence la Grande Danse. Le Carnaval des Ombres. La Farandole de l’Au-Delà.
De sombres silhouettes gesticulent devant les yeux écarquillés de Loup-Gris. Il veut reculer, mais la douleur le fait rester sur place. Il est fort, mais quelque chose semble annuler cette force. Sa volonté fond comme neige au soleil, alors qu’il fait face au cortège médusant des esprits frappeurs. Osa applaudit, ricanant tout son saoul, comme s’il s’agissait d’une véritable fête. Mais Maugrim, lui, tétanisé, ne peut ni rire ni se réjouir. Il se sent revenu à une époque lointaine, celle des grands orages de son enfance. L’époque où il craignait les dieux du ciel, et les lances de foudre qu’ils faisaient pleuvoir sur la terre, pour punir les mécréants. En ce temps-là, sa mère bienveillante lui expliquait qu’elle le protégerait du tonnerre et de son feu ravageur.
Et ici, pourtant, elle riait.
Il peut sentir l’envie de vengeance, et l’ivresse de sang. Loup-Gris ne peut comprendre réellement ce qu’il se déroule face à lui. Il ne pense qu’à la douleur, alors que le reste de son esprit n’est focalisé que sur la peur. Oui, la peur, celle qu’il n’avait plus connue depuis si longtemps… si dévorante, si obsédante… et tout à coup, les ombres disparaissent. Le voile s’estompe, emportant avec lui à la fois les silhouettes spirituelles, et la douleur qui était née dans son ventre. Maugrim met quelques instants à calmer sa peur, alors qu’il essaye encore de voir si quelques ombres ne sont pas encore cachées dans les fourrés. Quelques secondes passent, dans un silence absolu. Ses yeux bleu glace retombèrent inévitablement sur l’origine des maux qu’il venait de subir. Un profond souffle de haine remplaça alors le vide laissé par la peur.
En quelques pas, le puissant chef de guerre était sur son adversaire, qui avait eu le temps de rendre ses tripes à la nature. Faible, le petit bonhomme avait été soulevé de terre, et rejeté vers l’arrière. Loup-Gris marchait fermement vers la silhouette couchée du Myrien, qui peinait à se relever. Maugrim avait des envies de meurtre. Alors qu’il était presque sur lui, il entendit une voix derrière lui.
« Assez. »
Il s’arrêta net. Sa colère ne retombait cependant pas, et avec de l’amertume dans la voix, il cracha :
« Laisse-moi lui régler son compte, mère. Toi qui l’as laissé me jeter un maléfice… »
Osa ricana un grand coup, ce qui fit se retourner l’Ulfedhnar. Ses yeux lançaient des éclairs. La vieille mère du Loup, quant à elle, se rapprochait de son fils.
« En es-tu mort ? Souffres-tu le martyr ? Ta peur était-elle si intense que ton cœur n’aurait pu supporter de voir les véritables maîtres de ce monde ? »
La colère de Maugrim s’estompait peu à peu. Un sentiment de malaise commençait tout doucement à la remplacer, à mesure que sa mère réduisait la distance qui les séparait.
« Nous sommes tous des pions des dieux, mon fils. Tous ont une place. La tienne est de diriger les hommes. La mienne est de t’épauler dans ta quête, et d’interpréter les volontés du monde spirituel. »
Elle désigna ensuite le Myrien de son menton.
« Lui a pour nom Endre. Il est très spécial. Sa place n’est pas véritablement définie… mais ce qui est sûr, c’est qu’il t’aidera à accomplir les volontés des puissances occultes. Il te fallait voir son potentiel, pour te convaincre de sa nécessité. »
Elle sourit en regardant l’homme des Myriades. Elle l’avait vue dans ses rêves. Elle avait appris son nom des Esprits, alors même qu’elle arrachait le cœur encore palpitant de la poitrine d’un prince de l’Ouest. Elle le regarda un instant, comme si elle allait dire quelque chose, puis ses pupilles se rétractèrent, et elle tourna les talons, pour rentrer en direction du camp. Alors qu’elle s’éloignait, elle lança :
« Relève-le. Nous l’emmenons au campement. Il ne nous sert à rien s’il meurt de faim. »
Maugrim attendit que sa mère fasse quelques pas, avant de se retourner pour regarder le dénommé Endre. Ce dernier avait encore un genou dans la boue, sur la rive du fleuve. Il fit un pas, ses yeux bleus posés à nouveau sur lui. Puis, après deux longues respirations, il lui tendit une main, appréhendant sa réaction. Il n’avait jamais été à l’aise avec les sorciers et les shamans…
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