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 Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]

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May'Inil Baenrahel
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MessageSujet: Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]   Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern] I_icon_minitimeDim 10 Juil 2016 - 22:40

Le cheval progressait doucement au milieu de la malelande. Son cavalier solitaire était drapé dans une longue cape imperméable, le visage couvert d'un capuchon. C'était une sombre silhouette qui n'avait rien de rassurante. C'était peut-être pour ça qu'il n'avait jamais été menacé par quelques maraudeurs que ce soient, à moins que la cause ne soit à chercher plutôt du côté de son apparente pauvreté -il ne portait visiblement rien d'autre que ses vêtements et ses bottes- ou du sabre fait en bon acier qui pendait à ses hanches.

Il arriva à proximité de Sternburg. Il avait pu trouver l'endroit en conversant avec les occasionnels voyageurs. La bourgade était, pour ce qu'il en savait, de plutôt belle taille. Non pas qu'il eut pu en juger de lui-même, tout dans ce voyage était nouveau pour lui qui n'avait avant cela jamais quitté les riches terres de l'Ithri'Vaan, où les cités s'étalaient paresseusement sous le soleil. En cette région nordique, les gens se tassaient les uns sur les autres comme des paysans autour du feu à la veillée. Il donna un petit coup de talon à son cheval pour l'engager sur la route du bourg. Il ne passait plus guère inaperçu. Il avait relevé un peu sa capuche, dévoilant en partie son visage et son étrange teinte de peau, certainement pas coutumière des gens du cru. Il ne releva pas les regards menaçant ou les crachats sous les sabots de son cheval et choisit finalement de s'arrêter à l'entrée d'une taverne.
Accrochant la longe de son cheval non loin de la porte, il pénétra dans l'établissement qui n'était pas encore plein. Il s'approcha d'un vieux mais robuste comptoir en bois, derrière lequel se tenait le patron des lieux. L'étranger s'adressa à lui :

« Servez moi de quoi boire, » il laissa tomber quelques pièces sur le bois : « et dites-moi, quel âge a donc votre seigneur ?
-Qu'esse à peut vous foutre ?
-Je suis venue rencontrer quelqu'un et ce que je sais c'est que cette personne est d'un certain âge. Se pourrait être votre seigneur. Donc, quel âge à votre seigneur ? »

Il laissa tomber deux pièces de plus. Le commerçant regarda les pièces. La devise venait, pour ce qu'il pouvait en juger, d'Olyssea et probablement du port de Sharras. Il regarda le visage de l'étranger, cette peau bizarre et ces yeux pire encore. Il parlait bien leur langue, mais il ne sonnait pas naturel à un seul moment. Un étranger venue d'au-delà l'Olienne, pas de doute, mais il avait payé au moins dix fois le prix de sa chope de bière. Il fit disparaître les pièces derrière le comptoir.

« Notre bon seigneur a environ quatre-vingt ans.
-Merci. »

L'étranger se retourna sans se préoccuper de la bière qu'on avait posé devant lui. Il se retrouva aussitôt face à un homme assez musculeux, au visage balafré de ceux qui passent trop de temps à se faire des ennemis. Le bagarreur cracha aux pieds de l'estréventin qui ne sembla pas s'en soucier et voulut le contourner quand un bras massif l'attrapa par le col. Suivit un rapide mouvement, un bruit sec, précis et un peu trop organique pour ne pas être dérangeant et l'homme s'effondra au sol en gémissant et une main plaquée sur le bas de sa cage thoracique. Les autres clients relevèrent les yeux sur l'étranger mais celui-ci était déjà dehors, juché sur son cheval à qui il faisait faire demi-tour et prendre la direction du castel.
Il monta la petite butte qui menait au castel. Le genre de bâtiment auxquels il n'était pas familier. Hormis, peut-être, la vieille forteresse de sa ville natale mais il n'y avait pas vraiment de ressemblance dans le style. Au pied de l'édifice imposant, il se demanda vaguement s'il s'agissait d'une bonne idée. Il était cela dit un peu tard pour faire demi-tour. Il posa le pied à terre et s'approcha du garde en faction. Il avait rabattu sa capuche, révélant plus encore son visage aux traits anormalement fins. Ses longs cheveux sombres cachaient ses oreilles. La cape était plus ouverte, révélant des vêtements de bonne qualité et aucune arme, mis à part le sabre, ou protection. Il avait l'air presque inoffensif.

« Je veux rencontrer votre seigneur.
-L'est occupé. Dégage.
-Je viens de loin. De la part d'une vieille connaissance. Je ne vais pas bouger d'ici sans avoir eu ce que je voulais. Alors appelez un type plus gradé que vous et épargnez-vous de devoir me gueuler dessus et d'essayer de me faire dégager. »

Il sembla que son argument fit mouche, à moins que ça ne soit la très légère emphase sur le mot essayer qui toucha un coin un peu en veille de l'esprit du garde et lui fit dire que c'était quand même plus simple de refiler le bordel à quelqu'un d'autre. Il interpella un valet quelconque en lui demandant d'aller chercher quelqu'un dont le nom échappa aux oreilles de l'étranger, avec cette langue qui nécessitait qu'il reste parfaitement concentré pour réussir à la comprendre.
Arriva au bout d'un certain temps, pendant lequel l'estréventin attendit tranquillement, un type assez grand et basané, aux cheveux châtains. Il interrogea du regard le garde qui lui désigna le visiteur. Celui-ci s'approcha doucement et réitéra sa demande :

« Bonjour, je veux voir votre seigneur. En privé.
-Et pourquoi il accepterait de recevoir quelqu'un comme vous.
-Je viens de la part d'une vieille connaissance à lui. Lorsqu'il est allé en Ithri'Vaan. » Légère lueur d'incompréhension : « En Estrévent, comme vous dites. »

L'homme étudia un peu la question, avant de l'entraîner un peu avant dans la forteresse et de lui faire passer les portes. Ils n'allèrent pas loin, juste assez pour ne pas que les mots tombent dans l'oreille du premier venu :

« Vous n'avez pas un nom ? Vous, ou celui qui vous envoie ?
-Le mien ne servirait pas à grand chose mais vous pouvez lui dire que je m'appelle Draven. Et personne ne m'envoie. Nous avons simplement, comme qui dirais, une connaissance en commun. Essayez de lui mentionner May'Inil. » Haussement de sourcils : « C'est une elfe. Oui. »

Il ne précisa pas qu'il s'agissait d'une drow, bien sûr, car il n'était pas idiot. Le chevalier sembla avoir eu les réponses qui l'intéressaient et lui intima d'attendre ici tandis qu'il allait chercher une réponse. Draven en profita pour contempler le décor, rustique mais nouveau, et pour se remémorer comment il avait fait pour en arriver là. Les heures passés à chercher dans de vieux parchemins, à essayer d'obtenir le moindre indice de sa mère -sans aucun succès- ou de ses proches collaborateurs de l'époque. Il avait finis par obtenir un nom : de Stern. De là il avait fallut se renseigner auprès de tout un tas d'érudits et d'informateurs avant d'avoir une information : la localisation d'un bourg en Arétria. L'autre bout du monde autant dire. Organiser le voyage dans le dos de sa mère n'avait pas été facile non plus. Heureusement il pouvait se permettre de partir seul, ce qui facilitait les choses. Et il avait souvent du traiter avec la racaille de Thaar et des environs pour le compte de May'Inil, mais il avait eu d'intéressant contacts grâce à ça.
Il ne doutait pas qu'à l'heure actuelle sa mère savait parfaitement où il était partit et pourquoi, mais elle ne pouvait pas vraiment envoyer quelqu'un le chercher. Elle devait attendre qu'il revienne. Il était un peu honteux de la laisser seule et de confier sa sécurité à d'autres que lui, même des gens en qui il avait toute confiance, tant dans la loyauté que dans les capacités, mais il n'avait pas le choix. Il voulait savoir depuis trop longtemps.
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MessageSujet: Re: Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]   Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern] I_icon_minitimeLun 11 Juil 2016 - 0:16

« Apporte-moi du vin, bougresse ! »

La jeune femme de chambre fit une légère courbette, avant de s’éloigner de la chambre de son seigneur, Arnoul de Stern, qui venait tout juste de la rabrouer gratuitement. Charlotte faisait partie de ces femmes qui tapaient vite sur le système… Arnoul n’était pas non plus un homme très patient avec la gent féminine, surtout lorsqu’elle disait s’offusquer du manque de compliment qu’elle recevait pour ses services rendus. N’était-elle pas bien, là ? A dormir à l’intérieur du château pendant que les infâmes paysans crevaient à la tâche dehors, sous une chaleur de plomb ou une pluie torrentielle ? Si le Vieux Bouc n’avait pas envie d’être sympathique avec l’une de ses servantes, où était donc le problème ? Il en avait le droit, de toute façon…

Assis en face de la table qui lui servait occasionnellement de bureau, Arnoul regardait les lettres de menace des Pyk et des Leuze. Les premiers n’étaient que des Olysséans pleurnichards, dont le patriarche Symphorien réclamait justice pour la mort de l’un de ses chevaliers. Les seconds, Arétans pur souche avec un poil de sang de lâches dans les veines, reprochaient à Karla de Stern d’avoir provoqué l’hilarité des chevaliers de Stern en refusant la demande en mariage de Cadoc. Le vieux seigneur pissait sur ces pleurnichards, qu’ils aillent aux Drows ! Durant toute sa vie, il avait affronté des familles bien pires que ces fieffés ribauds se prenant pour de grands guerriers. Il avait vu la véritable mêlée, les chevaux montés se rentrant allégrement dans le lard. Il avait plus de faides à son actif que tous les Nordiens réunis, et il ne craignait pas les jeunes imbéciles qui osaient encore le pointer du doigt.

Soudain, l’on frappa sur la porte de sa chambre. Arnoul haussa les sourcils. Charlotte se serait-elle trouvé une bonne paire de nouvelles gambettes ? Elle qui d’habitude était encore plus lente que le cerveau d’un Serramirois… Il se redressa sur sa chaise, grimaçant en direction de la porte.

« Quoi ?! »


Sa voix était un peu râpeuse. Il le regretta un peu lorsqu’il entendit Wilfred Log lui rétorquer, calmement :

« Monseigneur… c’est Wilfred Log. »

Arnoul se releva du plus vite qu’il le put, s’appuyant sur sa chaise.

« Rentre donc ! »


Le chevalier s’exécuta, ouvrant la porte pour se présenter à son seigneur. Il courba légèrement l’échine, avant d’annoncer la raison de sa venue.

« Messire, un… homme souhaite vous parler. Il dit être envoyé par une certaine May’Inil. Une Elfe… »


En une seule phrase, Arnoul changea tout de suite d’aspect. Un profond sérieux prit la place de son léger dédain, qu’il arborait à chaque fois que le mortel ennui le frappait. Ici, il venait d’entendre un nom d’outre-tombe, un nom qu’il avait déjà entendu, mais dans une autre vie. May’Inil. Le voilà revenu soixante ans en arrière, alors qu’il était encore le jeune, grand et bel héritier de Stern, flamboyant chevalier ayant déjà participé à deux faides, au port altier et à la réputation déjà glorieuse. Parmi toutes ces nobles dames qu’il avait mises dans son lit, ce nom était resté. Il n’avait pas réellement compris pourquoi, après tout, il s’agissait bien là d’un péché majeur devant les Cinq… Pourtant, rien qu’à y repenser, sa mémoire voulait qu’il s’en rappelle. Qu’il s’en souvienne. Et pendant un moment, Arnoul ne dit mot.

Wilfred Log était un peu ennuyé, de rester ainsi debout sans rien faire à regarder son seigneur perdu dans ses pensées. Les yeux sombres d’Arnoul se posèrent finalement sur son épée lige.

« Apporte-moi cet homme. »

Le chevalier se courba, et s’exécuta. Patiemment, le vieillard attendit la venue de cet envoyé, commençant à se demander la raison d’une telle venue. Pourquoi May enverrait-elle quelqu’un auprès d’un vieil amant rencontré plus d’un demi-siècle auparavant ? Cela n’avait aucun sens. Mais pouvait-il prétendre que chaque action des Drows avait un sens ? Eux qui envoyaient volontiers des fanatiques se faire briser les noix en Oësgard, pour le plus grand plaisir des osts du Nord… Comment pouvoir prétendre à les connaître, après cela ?

La porte s’ouvrit promptement, laissant alors Wilfred et l’homme invité dans les appartements du vieil Arnoul. Le seigneur de Stern le toisa un instant, les yeux rivés sur son visage elfique. Sa peau ne mentait pas… il partageait ses origines avec celle qui l’avait envoyé dans le trou du cul de la Péninsule. Ses traits rappelaient les Noirelfes, mais il y avait quelque chose d’autre. Il n’était pas complètement puysard, Arnoul en aurait mis sa main au feu. Mais, plutôt que de s’attarder sur de pareils détails, il préféra congédier le valeureux Log d’un geste de la main.

« Qu’on me laisse seul avec lui, Wilfred. »

Les gonds se refermèrent derrière le chevalier, laissant dans la chambre le vieux seigneur de Stern, et cet inconnu à la peau sombre qui le toisait avec autant de curiosité qu’il le faisait lui-même. Le silence s’était installé, gênant. Il accompagnait les œillades suspectes, et les mirettes calculatrices. Que ce soit le Bélier ou l’étranger, tous deux se regardaient en chiens de faïence.
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MessageSujet: Re: Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]   Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern] I_icon_minitimeSam 16 Juil 2016 - 23:28

Draven attendit patiemment que le chevalier revienne et lui fasse signe de le suivre. Il le guida jusqu'à la porte d'une chambre dans laquelle ils pénétrèrent. S'y trouvait un vieil homme qui, s'il avait simplement cessé de bouger, aurait pu sans trop de problèmes passer pour mort. Le seigneur ordonna qu'on les laisse tous les deux seuls, ce qui surprit Draven : il s'attendait vaguement à devoir donner forces explications sur sa présence et ses raisons. Pas à pouvoir discuter sans problème en tête-à-tête avec... son géniteur.
Il ne parvenait pas à le quitter des yeux. Il s'était tellement demandé à quoi il pouvait ressembler que désormais il tâchait de mémoriser chacun de ses traits dans sa mémoire comme s'il n'en aurait plus jamais l'occasion. Ce qui était probablement le cas, de fait. Et surtout il essayait de s'imaginer ce à quoi il avait pu ressembler il y avait soixante ans de ça. Mais il n'était pas un physionomiste averti et son imagination des plus pragmatiques -d'aucun dirait limitée- ne lui facilitait pas la tâche. Il abandonna finalement.

Il ne savait pas quoi dire. Il s'exprimait essentiellement par la violence normalement, ou par quelques gestes éloquents. Il n'aimait pas parler. Pourtant, il se décida finalement à desserrer les mâchoires. Sa voix lui semblait affreusement hésitante quand il parla, donnant l’étrange impression de faire un pas en arrière pour deux pas en avant. Comme si les mots ne voulaient pas vraiment sortir.

« Je sais que vous avez rencontré une prêtresse dénommé May'Inil, lorsque vous étiez en Ithri'Vaan il y a plus de soixante ans. Et que cette rencontre est allé au-delà de la simple discussion entre étrangers.
Ce que je suis venu vous dire, et que vous n'avez probablement jamais su, c'est que cette brève 'union' a été fertile. »


C'était une étrange façon d'amener le sujet sur la table, il était bien forcé d'en convenir. Néanmoins il se voyait assez mal lui annoncer sans plus de précautions qu'il était son fils, bâtard de droit autant que de sang.
Si jamais quelqu'un s'énervait, il n'était pas du tout sûr de retrouver son chemin dans ce château.
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MessageSujet: Re: Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]   Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern] I_icon_minitimeMer 3 Aoû 2016 - 13:10


L’invité n’avait pas bien l’air sûr de ce qu’il souhaitait dire. Arnoul s’attendait plutôt à une grande assurance, chose bien commune chez les Sombres, du plus loin qu’il se souvenait. Et s’il lui parut hésitant un moment, son message n’en restait pas moins direct et percutant. En moins de quelques phrases, Arnoul fut comme désarçonné pendant une joute. La dernière l’avait comme cloué sur place, alors qu’il regardait toujours intensément le demi-sang devant lui. Une union fertile. Un enfant. Un bâtard au sang impur. Dans ces régions, il aurait été abandonné en pleine forêt d’Hedda, à la merci des loups et des renards. Les dieux furent néanmoins cléments de l’avoir fait naître en Ithri’Vaan, auprès d’une mère qui ne saurait le faire manquer de rien. Car, si l’on venait jusqu’ici lui annoncer cela, c’était bien que le bâtard en question était vivant, et que peut-être viendrait-il réclamer…

Arnoul interrompit le fil de ses pensées. Une autre réalisation l’avait frappé. Devant lui ne se tenait pas n’importe quel messager. Il lorgna un instant sur ses traits, qui même s’ils rappelaient sans aucun doute possible les caractéristiques des Drows, partageaient avec eux un héritage par certains points semblables à celui des enfants de Néera. Il s’arrêta un instant sur ses yeux, typiques des habitants du Puy. Le vieux seigneur inspira profondément, brisant le silence qui s’était installé une fois encore entre les deux interlocuteurs. Toujours debout, Arnoul dit alors de sa voix vieillie mais toujours portante :

« Un fils ? »


Son regard resta plongé dans les yeux du semi-drow, à la recherche de vérité. Et si face à lui ne se trouvait pas une simple estafette ? Si face à lui, son dernier véritable fils avait passé les portes du castel, en quête de ses racines, et peut-être même de son dû… Le doute était insoutenable pour Arnoul. Il allait poser la question, il le savait. Et s’il passait pour un imbécile, tant pis pour lui. Mais s’il y avait une chance qu’il soit en présence de son premier-né, il fallait qu’il sache.

« Tu… Tu es mon fils ? »

Fallait-il qu’il se réjouisse ? Ou qu’il craigne que cela se rapprenne ? Au fond, il se souvenait qu’il y a soixante ans, il avait prié les Cinq pour que cette aventure reste sans conséquence. C’était une époque où il écoutait bien plus son entrejambe que sa propre raison. Mais aux yeux des Hommes, une telle créature pouvait jeter le discrédit sur Arnoul. Il avait bien trop œuvré à la grandeur de sa maison, pour que ses efforts soient balayés par un bâtard noirelfique sorti tout droit de son passé. Et pourtant, au fond de lui, il commençait à nourrir un étonnant sentiment envers sa supposée progéniture. Après tout, s’il l’était réellement, cela faisait de lui son dernier fils à encore marcher sur la terre des vivants. Il croisa doucement les bras.

« Hmmm… Si c’est le cas… Pas trop déçu ? »


Faire tout ce chemin pour trouver un vieillard dans un château, ce n’était pas vraiment ce qu’Arnoul appelait une réussite. Et il ne pouvait malheureusement pas revenir en arrière…
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MessageSujet: Re: Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]   Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern] I_icon_minitimeMer 31 Aoû 2016 - 16:06

Draven était resté d'un silence peu engageant tandis que le vieux seigneur réfléchissait. Un bref hochement de tête fut la seule réponse qu'il obtint à la question qu'il posa. Il avait un instant songé à le tromper, lui inventer un quelconque mensonge. Mais si son but premier dans ce voyage était simplement de pouvoir voir de ses propres yeux ce père qu'il n'avait jamais connu, même pas de nom, il sentait son estomac se nouer à la perspective de lui mentir sur leur lien, sans qu'il n'en comprenne la raison. Il ne dit donc rien de plus.

Puis Arnoul de Stern lui posa la question à laquelle il n'arrivait pas à trouver une réponse depuis le début. Un peu pris au dépourvu, habitué aux cours estréventines où jamais un prince quelconque n'aurait sorti cette phrase, il lâcha sans y penser une réponse, d'abord en langue oliyanne, puis, voyant l'incompréhension se peindre sur le visage du vieil homme, se corrigea en péninsulaire.

« Je ne sais pas. »

Il savait plus ou moins à quoi s'attendre après tout. Merde, il avait tout fait pour éviter de placer trop d'espoir dans ce voyage et s'était répété quasiment tout le long qu'il n'allait sans doute trouver qu'un demi-frère voir un vague neveu à la tête du château. Les humains avaient une vie si courte, que celui-ci soit encore debout -ou au moins assis-, dans ce pays de guerres et de combats, tenait pour ainsi dire du miracle. Aussi pitoyable soit le vieux seigneur, il avait encore meilleur mine qu'un cadavre -peu s'en fallait, cela dit-.

« Mais je ne crois pas. Je ne m'attendais même pas à ce que tu sois encore vivant, en fait. »

Toutefois et bien qu'il se fut préparé autant que possible -mais c'était chose difficile, même s'il côtoyait des humains chaque jour, de vraiment comprendre ce que signifiait une telle rapidité à vieillir- il restait une question sans réponses. Pourquoi cet homme ? Car, tout autant que de savoir de qui il descendait, c'était de comprendre pourquoi il avait vu le jour qui l'intriguait. Sa mère était... n'avait jamais été quelqu'un de chaste, pour dire les choses ainsi. Et l'on était loin de la vérité. Personne, pas même elle sans doute, ne pouvait tenir le compte des amants qu'elle avait eu, qu'ils soient drows, humains, sang-mêlés et même, en une occasion, nain. Pourtant, de toutes ces unions, temporaires ou longues, passionnées ou insipides, il était le seul enfant qu'elle n'ait jamais eu jusque là. Bien sûr la natalité des drows était notoirement basse -et ce malgré leur tendance à consacrer beaucoup de temps à la procréation- mais Draven ne pouvait s'empêcher de se demander : y avait-il quelque chose de spécial dans l'union qui l'avait conçu ? Ou n'était-ce, finalement, que le pur hasard ?

Il avait follement espéré que quelque chose lui permettrait de comprendre en rencontrant cet homme, si particulier à ses yeux et pourtant si longtemps inconnu. Mais rien. Il n'était qu'un homme vieillissant, guère plus qu'un souvenir de ce qu'il avait du être en rencontrant May'Inil, qui ne lui apprenait rien, ou peu s'en fallait.

« J'espérais... je ne sais pas trop. Comprendre. Tu accepterais de me parler de ta rencontre avec ma mère ? »

Il s'attendait plutôt à essuyer un refus, et se rendit compte que c'était peut-être la première fois de sa vie. Ou plutôt, d'essuyer un refus qu'il accepterait comme une réponse.
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MessageSujet: Re: Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern]   Sur les chemins du père [Privé : Arnoul de Stern] I_icon_minitimeMar 13 Sep 2016 - 8:59

Si une chose était sûre, c’était que les deux parties étaient aussi mal à l’aise l’une que l’autre. En le voyant bredouiller son langage de barbare, Arnoul ne se rappela que trop bien à certains souvenirs. Des souvenirs qu’il avait fini par enterrer et oublier dans un coin de son esprit. Le regard que lui portait le demi-sang ne lui plaisait pas. C’était le même regard que lui portaient sans cesse les gens qui le rencontraient pour la première fois, mais à force, Arnoul le prenait assez mal, lui rappelant ce que c’était de vieillir et de se décrépir, pendant que Tyra oubliait son existence parmi les vivants pour le laisser gambader dans les limbes du monde, tel un mort-vivant. Il ricana à la remarque du semi-drow.

« Peu de gens s’y attendraient… Mais je suis coriace. Et bien trop vieux. »

Arnoul se sentait étudié, observé. Le Drow cherchait peut-être des réponses, que le vieillard se refuserait à donner. Il y avait un grand nombre de choses prohibées dans la société, des choses jetant le discrédit, la honte, l’opprobre… Se mêler à une Noiraude le temps de quelques nuits était une chose. Accueillir le bâtard de cette union contre-nature en était une autre. Il souhaitait presque qu’il reparte aussi vite qu’il n’était venu. Mais, au fond de lui, sans se l’avouer réellement, il souhaitait lui aussi connaître cet enfant. En quelque sorte son dernier enfant. Sa chair et son sang, qu’il le veuille ou non. A la dernière question de son sombre interlocuteur, Arnoul répondit par un petit grognement.

« Comprendre ? Qu’y a-t-il à comprendre… Et pourquoi donc parler d’une époque où j’ai mêlé mon sang au plus grand ennemi de l’Humanité ? J’ai souvent prié pour que cette erreur reste sans lendemain… »

Il avait conscience des mots peut-être durs qui étaient sortis de sa bouche. Mais il était seigneur de Stern. Il avait toujours parlé avec franchise. Et tout cela l’avait fait réfléchir sur son passé, sur l’image qu’il en avait encore. Son regard, celui qui avait posé ses yeux sur cette femme, dont les courbes tentatrices lui brûlaient la mémoire. La cascade de ses longs cheveux et sa lascivité, qui lui avaient fait bouillir le sang. Pourquoi la honte et le désir étaient-ils deux amants si inséparables ? Il enrageait rien qu’à l’idée de souhaiter la revoir, ne serait-ce qu’une fois. Ce n’était pas bien, il le savait. Était-ce parce qu’il n’avait plus touché une femme depuis des années, que ses pensées étaient tout à coup si lubriques ? Arcam le tourmentait peut-être un peu trop à son goût…

Il soupira.

« Ecoute… demi-sang. Je vais passer un marché avec toi. Un marché qui nous arrangera tous les deux. »

Il lui proposa une chaise, n’attendant pas pour rejoindre la sienne, ses jambes légèrement fatiguées. Une fois assis, sentant ses articulations craquer, il soupira à nouveau, mais cette fois d’aise. Puis, son regard se reporta sur le sang-mêlé.

« Je te raconterai mon épopée estréventine. A deux conditions. La première, c’est que tu me racontes la tienne, dès maintenant. Je suis curieux de nature, et, pour tout te dire… tu m’intrigues beaucoup. Il y a des choses que j’aimerais savoir, tu comprends ? »

Peut-être que non, mais Arnoul s’en foutait. Il obtiendrait satisfaction, de toute manière.

« Ma deuxième condition est simple… n’ébruite rien. Ni cette histoire, ni ton origine. Ni ton père… Je me suis déjà donné assez de mal pour cacher les traces. Quant à mon nom, tu rejetteras toute velléité d’héritage sur le domaine. Mon petit-fils dort quelque part dans ce château, et ce sera lui, le Seigneur de Stern. »

Il se renfonça dans son siège, mains sur les accoudoirs, le regard posé sur les traits presque parfaits du demi-sang. Il cherchait la moindre trace qui pourrait lui signifier qu’il s’agissait bien de son rejeton.

« Alors ? »

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