[Une fête en l'honneur d'Arcam]Comme on se retrouve... [PV Aleth/Hend]

Il resta stoïque quand elle lança rageusement son corset au loin, même lorsqu’elle lui fit face avec un air farouche. Mais lorsqu’elle lui toucha délicatement le bras, remontant doucement sa main laiteuse en direction de sa nuque, il se relâcha légèrement. Une autre main se posa au-dessus de l’une de ses hanches, et Diane fut tout à coup sur lui. Le baiser qui s’ensuivit fut tout aussi ardent que désespérément court, du point de vue d’Hendrick. Il avait fermé les yeux, et avait posé ses pattes sur les épaules gracieuses de la demi-elfe, profitant de l’instant. Le moment était exquis, sans doute pour l’un comme pour l’autre.

Apparemment, seulement pour l’un.

Le regard de Diane fit redescendre Hendrick sur terre, comme une bonne claque ou un seau d’eau administrés en plein visage. Ce ‘voilà’ sorti tout droit du fin fond du Royaume de Tyra le laissait autant perplexe qu’amer, et son visage jusqu’alors serein se terra dans une expression oscillant entre la neutralité et le dépit. Il ne bougea pas lorsqu’elle s’éloigna de lui, pas plus qu’il ne se retourna pour lui faire face alors qu’elle se rechaussait. Il lui fallut un moment pour se remettre de ce parfait foutage de gueule, après quoi il décida de se rhabiller lui aussi, vaincu. Diane fut prête bien avant lui, qui n’avait toujours pas recouvré l’entièreté de ses guêtres un peu éparpillées. Il lui lança un ultime regard.

« Bien. Je n’te retiens pas plus longtemps alors. A une prochaine fois... »

Il l’avait dit comme ça, jeté entre le fromage et le saucisson pour paraphraser l’un de ses vieux amis. Un léger soupçon de déception était audible dans sa voix, sorti du creux de sa gorge. Et pourtant, qu’est-ce qu’il voulait la revoir. Désespérément la revoir.

Hendrick finit de s’habiller que Diane était partie depuis une bonne minute déjà. Assis sur le lit chiffonné et défait sur lequel leurs vifs ébats avaient pris place, il avait envie de se prendre une mine monumentale, comme auparavant. Au diable la sobriété, et au diable les feulements de sa sœur. Ce soir, ce serait comme au bon vieux temps. Il irait pisser sa solde avec ses meilleurs amis, et ne reviendrait peut-être pas chez lui, à moitié mort sur les pavés. Trois jours qu’il n’avait plus ingéré une seule goutte d’éther ou de bière, et ses envies remontaient à nouveau pour le hanter, comme des cadavres sortis de leurs tombes pour jouer des farces aux vivants.

Finalement, il se releva en reniflant, et rabattit la couverture derrière lui. Il sortit machinalement de la pièce, descendit les escaliers. Il s’attendait à voir à chaque coin de rue la silhouette de Diane s’éloignant dans une autre venelle, mais il ne vit rien de tout cela. Sur le chemin pour la taberna, évitant au mieux les festivités presque bacchanales dues au dieu des Amours, il rencontra son fringant compagnon de toujours, Maurice le Croustillant. Un sourire illumina les traits harmonieux du comparse, dont les cheveux roux se teintaient d’une ligne de blanc.

« Ha bah tiens, Hend ! On t’attend au Sanglier ! On a négocié avec Rolf, Gilles est plus interdit d’séjour ! »

Hendrick sourit mollement, et acquiesça.

« Allons tuer les maladies, alors ! »

Et ils se dirigèrent, côte à côte, vers l’une des beuveries les plus colossales de ces deux derniers mois...