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 La Reconquête d'Almia - V. Almia la nouvelle

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Dun Eyr
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MessageSujet: La Reconquête d'Almia - V. Almia la nouvelle   La Reconquête d'Almia - V. Almia la nouvelle I_icon_minitimeSam 12 Nov 2016 - 15:10

Premier jour de la première ennéade de Favriüs de l’an 9 du XIème Cycle

      « Alors Agrarald fit remonter des profondeurs d’Almia le corps de Racherk, celui qu’on appelait le Dieu-Gobelin, et il le brûla. Le bûcher flamba trois jours et trois nuits. Lorsqu’il s’éteignit, tous virent qu’il restait une cendre verte, plus dure que l’airain. C’est sur ces restes que Dun Eyr fit rebâtir le Grand-Temple de Mogar, et on proclama Almia reconquise. »

      Le Prêtre-Archiviste conclut ainsi son récit, qui fut accueilli avec un grand silence. Dans le vertigineux hall du Grand-Temple de Mogar, les derniers mots de la saga roulèrent avec un écho redoublé sous l’immense voûte de pierre. Tout Almia ou presque se tenait là : c’était une collection de gueules ravagées par la guerre, épuisées par les combats. Mais, ici et là, entre les trognes vétéranes, apparaissaient quelques barbes plus jeunes, quelques joues moins lardées par les griffes des Gobelins. Almia changeait. La Perle du Nord avait ouvert grand ses portes aux colons venus de l’Ouest – de Thanor, de Lante – ainsi qu’à quelques repentis des clans sauvages de la Nérania. C’était pour cela que, en ce jour d’Automne, plusieurs années après l’arrivée d’Agrarald à Almia, Dun Eyr avait ordonné qu’on fasse le récit public de la grande Reconquête. Et à en juger par les mines parfois surprises des Nains, ils étaient nombreux à ne pas en avoir connu la genèse. D’ailleurs, certains murmuraient entre eux, et commentaient ce qui venait d’être conté.

      « Seigneur Prêtre ? » glapit une jeune voix, à droite de l’assistance. Tous les regards se tournèrent vers le Nain qui avait parlé. Il avait une barbe d’un rouge vif, mais qui sembla bientôt pâle à côté du reste de son visage, lorsque le Nain s’aperçut que tous les Almiens le dévisageaient soudain. « Seigneur Prêtre ? » répéta-t-il, timidement, comme une question.
      « Oui ? » l’invita doucement le Prêtre-Archiviste.
      « Qu’est devenu le Seigneur Agrarald Dolbarg’Ma ? » demanda le Nain roux.

      Un murmure fébrile parcourut la foule. Beaucoup semblaient avoir retourné cette question dans leur tête, sans oser la poser. Certains même parmi les plus anciens, les plus marqués par la guerre, échangeaient des grognements dubitatifs sur le devenir de celui qui les avait guidés à Almia en premier lieu.

      « Le Seigneur Agrarald Dolbarg’Ma », commença le Prêtre-Archiviste d’une voix lente, comme s’il soupesait chacun de ses mots, « a continué à œuvrer pour le redressement d’Almia, bien après avoir triomphé du Dieu-Gobelin. Mais il s’est fait plus rare au combat. Des rumeurs disent qu’il serait redescendu dans les profondeurs non-reconquises d’Almia, guidé par la Voix du Père… »

      Un nouveau silence tomba sur l’assemblée. Le jeune Nain roux ne semblait plus avoir d’autres questions ; ou ne pas oser les poser. Ce fut un grand Nain à la barbe de bronze, l’œil droit fracassé par une immense balafre encore vive, qui jeta d’une voix anxieuse :

      « Le Seigneur Agrarald Dolbard’Ma est mort ?
      – Non »
, répondit le Prêtre-Archiviste de la même voix lente, presque hésitante. « En tout cas, son corps n’a pas été retrouvé. C’est notre espoir qu’il vive encore, quelque part, loin sous Almia, dans les profondeurs que nous n’avons pas encore reprises. Peut-être que … –
      – Alors il demeure notre Roi ? »
coupa brusquement le même Nain à la barbe de bronze.

      Le Prêtre-Archiviste fronçait à présent les sourcils. Visiblement, le débat dérivait loin de là où la saga aurait dû les porter. Pourtant, les visages de tous les Nains amassés ici l’écoutaient avec une grande attention ; plus un seul murmure ne troublait les réponses du Prêtre.

      « Non, nous n’avons pas de Roi », répondit-il, d’une voix douce, mais résolue. « Almia n’a plus de Roi aujourd’hui. Malgré l’effondrement du Royaume, nous ne reconnaissons toujours qu’une seule souveraineté : celle du Trône de Kirgan, avec le Seigneur Garmin pour dernier Roi. Même si les nouvelles récentes de ce qui se passe à Kirgan … »

      Le Prêtre-Archiviste laissa mourir sa phrase, sans la conclure. Les Nains s’échangèrent des regards, cette fois sans murmurer. L’écho de ce que Dun Eyr avait vu à Kirgan s’était rapidement propagé dans la Perle du Nord ; tous avaient eu vent de ce que ce Hardrek Poing-de-Fer prétendait usurper dans le charnier de la Colère du Père.

      « Nous avons des Prophètes », reprit rapidement le Prêtre-Archiviste, comme pour distraire les Almiens de leur courroux. « Le Seigneur Agrarald Dolbarg’Ma a été notre premier prophète. Après lui, le Seigneur Dun Eyr est devenu notre Prophète, depuis maintenant –
      – Pourquoi lui ? »
grogna un autre Nain, aux yeux d’un vert brillant, à la barbe noire. « Pourquoi Dun Eyr ? » répéta-t-il, et un autre silence s’abattit sur le hall du Grand-Temple, tandis que le Prêtre-Archiviste se tournait lentement vers lui.
      « Le Seigneur Dun Eyr », corrigea doucement le Prêtre, « est un Almien de pure extraction. Il a connu l’Almia d’avant la Colère du Père. Il a ensuite rejoint le Seigneur Agrarald –
      – Mais il n’était pas là dès le début ! »
tempêta le Nain aux yeux verts. Et il ajouta avec défiance : « Moi, j’y étais !
      – Il a rejoint le Seigneur Agrarald Dolbarg’Ma »
, reprit le Prêtre-Archiviste en élevant la voix, « dès les premiers mois de la Reconquête. Il avait toute la confiance de notre premier Prophète ; sûrement il aurait voulu qu’il lui succède pour conduire Almia.
      – Et la preuve ? »
lança une autre voix, à la gauche de l’assemblée. « Quelle preuve ? »

      Des grognements fusèrent, certains d’approbation ; d’autres, plus nombreux, de menace. La masse des Nains semblait onduler sous la voûte du Grand-Temple, comme une mer secouée par la houle.

      « Le Seigneur Dun Eyr », reprit le Prêtre-Archiviste d’une voix forte, « a reçu le Morgagrund, le Marteau du Père, qui –
      – Des mains d’un Sombre, il l’a reçu ! »
cracha un autre Nain, court et trapu, aux épaules étonnamment carrées.

      Le Prêtre-Archiviste battit d’un pas en retraite. Les derniers mots avaient déclenché un tonnerre de protestations dans le Grand-Temple : l’évocation d’Ust’Chath et de ses Drows, apparus un jour dans la vallée du Nivor, et reçus dans Almia comme des alliés, avait réveillé des plaies amères. La foule grondait à présent comme l’orage, et leurs paroles furieuses allaient rebondir confusément, loin au-dessus de leurs têtes, sur la voûte chargée d’écho.

      « Un Sombre, oui », concéda le Prêtre-Archiviste en parlant rapidement à présent, « mais qui était une autre voix du Père, même si éloignée, et étrangère. Oui, lui aussi compte parmi nos Prophètes … »

      Un éclat de rage accueillit ces derniers mots. Soudain l’assemblée ressemblait à une armée sur le pied de guerre. On pointait des doigts vengeurs vers le Prêtre, on crachait dans sa direction, on brandissait même des haches et des maillets. Le Nain aux yeux verts s’était avancé de quelques pas, et il paraissait prêt à bondir sur le Prêtre-Archiviste, quand soudain …

      « Silence ! » C’était une voix forte, et grave, et froide, qui avait parlé ; mais cela aurait été de peu d’effet, face à la foule en colère, si le mot n’avait pas été accompagné d’un immense fracas. La scène se figea soudain, et les Nains, comme aphones, tournèrent la tête sur la gauche du Prêtre-Archiviste. Là, derrière lui, une silhouette s’était relevée de la pénombre d’où elle avait assisté à la saga et aux débats qui avaient suivi. C’était un Nain au visage plus battu, tordu, et couturé, qu’aucun autre des guerriers, même ceux de la première heure. Ses cheveux et sa barbe battaient sur ses épaules comme une crinière de fauve. Il avait des yeux étranges, profondément enfoncés dans leurs orbites, et à moitié recouverts par des paupières fatiguées. Mais ce qui attirait le regard, c’était sa main droite, d’où pendait un terrible Marteau noir, parsemé de runes mystérieuses. Tous les Nains se souvinrent alors que, depuis le début, Dun Eyr se tenait à dix pas derrière le Prêtre-Archiviste, dans l’ombre d’un pilier.

      « La preuve », gronda Dun Eyr de sa même voix rauque et froide, en balayant de son regard l’ensemble des Nains, « la preuve, c’est le Père lui-même qui vous l’a donnée, en permettant à Almia de se relever. Regardez les couloirs vidés des peaux-vertes, et les niveaux reconquis ! Regardez les portes d’airain qui ont été relevées ! Regardez ce Grand-Temple, que nous avons reconstruit pour Lui ! Qui donc a permis tout cela, si ce n’est pas le Père ? »

      Mais le Nain aux yeux verts ne baissa pas le regard. Bien au contraire, il murmura une réponse dans sa barbe, et dans le silence, tous entendirent distinctement : « Et Kirgan, ils ne la reconstruisent pas contre la volonté du Père, peut-être … »

      Un autre silence tomba encore sur l’assemblée, mais cette fois il était glacial. Tous les Nains portèrent leurs yeux sur Dun Eyr, dont le visage semblait décomposé : les derniers centimètres carrés de peau intacte, ni brûlée, ni balafrée, avaient viré à un blanc teinté de vert. On regarda le Prophète, devenu livide, sans savoir si c’était le malaise ou la rage qui l’emportait sur sa face figée.

      « La nouvelle Kirgan est une abomination », grogna Dun Eyr en détachant chaque syllabe. « Elle sera anéantie, par la Colère du Père, une nouvelle fois – ou par nos propres haches, s’il le faut. C’est cela que je vous promets, moi, votre Prophète. » Il marqua une pause, puis se tournant vers le Nain aux yeux verts, il lui lança : « Mais si quiconque ici croit mieux connaître les volontés du Père, qu’il le prouve, et qu’il prenne le Morgagrund. »

      Et ce fut encore un silence qui s’abattit sur le hall du Grand-Temple.
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