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 Du fumier naît la rose | Rodichou

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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMar 29 Nov 2016 - 19:37




6ième ennéade de Favrius de la 9ième année du XXIième cycle [Automne]



« Qu’attends-tu, petite fleur ? Tue. Tue. »
« Non. »
« Pourtant, j’ai bien été claire quant à ta rémission. Il te faut ça. »

Blanche ferma alors les yeux et enfonça la pointe de sa lame dans le cœur de la créature sans défense. Le farfadet rendit son dernière soupire dans un craquement sinistre.

« Bien. Bien. Maintenant fais disparaître les preuves. Tu n’imagines pas la difficulté que j’ai eu à te le ramener ici. Ces choses-là sont franchement désagréables »
« Bien. »

La voix était sans vie et Blanche s’attela à sa basse besogne. Dépecer, vider, charcuter, manger. Les membres répondaient à l’appel sans que sa conscience l’eut voulu. Il fallait le faire. Donc elle le fit. Et sous couvert de ces nuages sombres chassant les rayons des astres lunaires, elle nettoya.



« Suszanna ! Suszanna !? »

Voilà déjà deux bonnes heures que la Duchesse avait disparu comme par magie. Et voilà deux bonnes heures que la garde d’Obsidienne la cherchait. La nuit était tombée et l’angoisse de se ne pas la retrouver prenait aux tripes d'Odeline. Dans l’obscurité rode toujours des personnes ou des choses malvenues. Prudente, Odeline repoussait lentement une branche d’arbres, menant à cette petite clairière. Une orbe lumineuse illuminait alors la silhouette d’une femme qui lui faisait face.

« Banche tu es là ! C’est quoi ce sang… Tu es blessée ? »

Elle se précipita vers Blanche, entreprenant un examen minutieux de la Dame qui ne souffrait d’aucune blessure apparente.

« Blanche d’où vient ce sang !? »
« Suszanna. »
« Oh par pitié. On est seules, pas besoin de t’appeler ainsi. »
« Il me l’a demandé. »

Les traits d’Odeline se crispèrent.
« Il t’a demandé quoi… ? »
« De le tuer puis de le manger… Je l’ai fait. »
« Non. Non. Non. Blanche, tu ne peux pas faire ça ! »
Les mains attrapèrent les avant-bras d’Odeline alors qu’elle plantait son regard noir dans le sien.
« Il le faut… Il le faut ! »
Ce qui lui valut une belle droite de la part de la magelame.
« BON MAINTENANT TU LA FERMES ET TU TE REPRENDS, d’accord ? Tu as des terres à gouverner ! Tu as des enfants à élever ! Tu as une guerre à éviter ! »

Abasourdie, les lèvres de l’ancenoise demeuraient grandes ouvertes. Choquée, c’était le mot. Et puis vint une sorte d’élan de conscience. Elle amorça trois pas en arrière, les yeux balayant çà et là le décor en glissant ses mains contre ses joues froides.

« Tu… Tu as raison. »
« J’aimerais pouvoir en être seulement sure… Viens là, je vais te nettoyer les mains. Et excuse-moi pour la gifle. »

La cerbère se rapprocha pour vider sa gourde et débarbouiller les mains de la valoise.

« Allez, viens… Il faut se trouver un abri. »

Attrapant sa main, elle l’entraina sans attendre pour rejoindre la monture qu’elle avait harnaché à un arbre et rallier un chemin menant à un petit bourg.

₪₪₪

Ce petit village comportait une seule auberge qui fut bien vite indiquée après avoir toqué à la première porte qui se présenta au poing de Friedich. Seulement voilà, cette dernière semblait déjà avoir été réquisitionnée.  Non sans espoir malgré tout, le commandant ne désespérait de trouver un compromis avec l’occupant des lieux dont l’identité était encore inconnue. Des sentinelles montaient sans doute la garde devant la porte et virent d’un œil méfiant l’irruption d’une autre compagnie armée. Alors Friedich mit pied à terre. C'était un homme prévenant. Il se souciait des apparences. C’est donc ce grand gaillard vêtu d’une armure d’ébène qui se présenta devant les deux soldats. Avant de s’adresser à eux, il se délesta de son casque embrigadé d’un foulard.
« Salutation, serait-il possible de s’entretenir avec votre officier ? »

Si écusson renvoyant aux armoiries de sa mesnie, il rajouta.
« Ou votre maître ? »
« Au nom de quoi ? Et de qui ? »
Le commandant jeta un coup d’œil à Blanche qui descendait désormais de sa monture.
« De la baronne de Hautval. »

Oh, Friedich eut tout le loisir de saisir l’animosité latente dans les yeux d’un des veilleurs. Il était vrai que la Duchesse du Médian ne faisait pas l’unanimité. Pour le premier, ce nom éveillait peu de bon sentiment, pour le second, c’était plutôt là de la curiosité. Vla donc la putain du Médian dont il se susurrait que la beauté envoûtait les hommes. Malheureusement pour lui, il n’en reçut pas un fragment, cette dernière étant affublée de la même étoffe couvrant son minois, comme sa suite.

« Hmm un instant. »

Et le chien alla trouver son maitre afin de lui faire part de la requête. Après une bonne dizaine de minutes d’attente. Il revint et tel le bon père prêcha la bonne parole. Ils pouvaient entrer. Les sagouins auront juste à se serrer pendant les nobles, eux, jubileraient de leur sang-bleu.

« Nous vous remercions… Irving… Clyde… Les chevaux. Le reste suivez-moi. »

D’un hochement de tête, il attendit que la sentinelle l’invite à entrer. Les malelandois firent donc la connaissance avec les hautvalois, ceux de la garde rapprochée de la baronne qu’on aimait aussi appeler les cavaliers d’ébène ou encore les Sigisbées-de-Suie. De cette masse fuligineuse s’extirpa la plus menue silhouette, celle de Blanche. Un long manteau brun cintré à la taille, présageant les rondeurs de ses hanches était boutonné jusqu’à son cou enlacé par un foulard. Deux mains gantées découvraient un minois encadrée d’une longue chevelure de jais. Une longue mèche blanche courrait désormais le long de sa joue alors qu’elle balayait la salle à la recherche du conquérant des lieux.

« Regarde leurs yeux. Certains te dévorent. D’autres te méprisent. »

La Dame du Val se courba d’une maigre révérence en silence.

« Ils te baiseraient comme une vulgaire putain. »
Sa mâchoire lentement se crispa.
« Ils te prendraient par le cul. »
Sa respiration s’accéléra.
« Ils t’éventreraient ensuite et brandiraient ta tête sur un pique. »
Sa vision devint floue.
« Ils… tueraient tes enfants… ihihihihih ahahahahahahaha… »
Son souffle devint court.
« Et tu sombreras l’oubli. »
Elle tourna de l’œil et s’effondra.
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Roderik de Wenden
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMer 30 Nov 2016 - 11:21


Elle arriva tard dans la nuit.

Roderik était encore éveillé ; vautré dans une chaise dont les coussins de plume rehaussaient l'assise, de telle manière qu'elle se rapproche le plus dans cette pièce à ce qui pouvait ressembler à un trône, il veillait avec ses hommes. Une bougie achevait de se consumer tristement sur le rebord de la fenêtre, laissant la salle dans une demi-pénombre, et certains commençaient déjà à somnoler. On avait passé la journée à cheval, et Roderik savait qu'il aurait dû aller s'étendre dans un lit pour apaiser les courbatures de son corps ; mais il répugnait à se lever, son postérieur engourdi appréciant le douillet confort des coussins. La fatigue aidant, il commençait peu à peu à s'assoupir, n'écoutant même plus le murmure des conversations ; et il se demandait s'il n'allait pas carrément dormir assis - ce qui n'arrangerait rien à ses courbatures - quand elle arriva.

Lorsqu'on l'informa que des hautvalois voulaient partager le logis, Roderik crut d'abord à une mauvaise plaisanterie. Allons donc ! Des hautvalois débarquant ici, à cette heure ? Des bandits, plutôt, même si la différence est peu de choses. Il s'amusa de son propre trait d'esprit, qui lui arracha un sourire ; sourire qu'il perdit aussitôt car il lui fallait comprendre ce qui se tramait. Que viendraient foutre des hautvalois par ici ? La Dame du Val était venue au mariage des Clairssac elle aussi, c'est vrai, Roderik se trouvait à côté d'elle pendant la cérémonie ; mais selon toute logique, elle avait dû partir vers le sud pour regagner sa terre impie. Que viendrait-elle faire sur cette route à l'opposé de son chemin, et en pleine nuit ? Nous tuer jusqu'au dernier, pensa Roderik, réalisant qu'il n'avait avec lui qu'un faible nombre d'hommes, et que cette sorcière pourrait bien avoir le dessus. Bah ! Nous verrons bien. Avec un calme proche de l'inconscience, Roderik ordonna qu'on laisse entrer le loup dans la bergerie.

Les hautvalois émergèrent de la pénombre dans un bruyant remue-ménage, rompant tout net le silence de la nuit. Le battant de la porte s'ouvrit et livra passage à la garde de la baronne, et hautvalois et arétans s'observèrent un moment en chiens de faïence. Puis la Dame du Val s'avança, et les arétans reculèrent prudemment, moins par révérence que par la crainte qu'elle inspirait chez certains. Roderik, jouant les maîtres des lieux suivant l'adage « premier arrivé, premier qui est chez lui », demeura assis dans son « trône » de bois.

D'entrée de jeu, Roderik remarqua que quelque chose clochait chez elle. Cette démarche mal assurée, ce silence désarmant, cette maigre révérence, tout cela cachait quelque chose qu'il ne parvenait pas à deviner. Certes, les deux fois qu'il l'avait vue, à Serramire et Etherna, elle s'était montrée plutôt discrète : elle avait opté pour la sobriété, sans doute pour mieux rompre avec l'image de femme acariâtre qu'on lui prêtait, cette image qui lui collait à la peau depuis le plaidoyer acerbe qu'elle avait tenu lors de la proclamation du règne de Bohémond, presque deux ans plus tôt. Elle avait opté pour la sobriété, plutôt que de fanfaronner ouvertement des actions de son mari au beau milieu de gens la considérant comme félonne.
Mais cette fois, c'était autre chose. Elle ne se contentait pas de faire profil bas ; il y avait chez elle une tension inexplicable qu'il ne pouvait expliquer, à moins que...
Pendant un bref instant, Roderik crut vraiment qu'elle était venue le tuer.

Puis Blanche s'effondra au sol.
Un silence de mort s'abattit dans la pièce ; les hautvalois considéraient leur maîtresse avec des yeux ronds, les arétans restaient cois, incrédules devant ce spectacle. Roderik lui-même mit un certain temps à réagir ; puis il se leva d'un bond et se précipita vers la baronne, la prit par les épaules pour la redresser, glissa une main sous sa nuque pour maintenir sa tête droite. Il ignorait comment la ranimer, et craint pendant un bref instant qu'elle soit morte.

Relevant la tête alors que certains hautvalois revenus de leur surprise venaient l'aider, Roderik croisa le regard de la suivante de Blanche ; un regard énigmatique qui le mit mal à l'aise.
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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMar 6 Déc 2016 - 4:14


Loin d’une effervescence présumée, la réaction appartenait davantage à un stoïcisme à peine contenu. Si les cœurs s’étaient serrés un instant, le sang-froid avait pris le pas. Il n’était pas rare – à vrai dire – que la Dame du Val ne s’effondre à des moments impromptus ou ne disparaissent sans laisser de traces. Ce pourquoi, l’Obsidienne était souvent sous si bonne escorte et chaque jour se trouvait témoin d’une nouvelle réflexion pour éviter qu’elle ne leurs filent entre les doigts. En fait, tout le problème résidait en le fait qu’elle se volatilisait comme par enchantement.

Sans attendre, les mains expertes d’Odeline s’emparaient de cette frêle silhouette pour la redresser. Les yeux croisèrent un instant ceux de Roderik et il se serait juré qu’elle avait froncé les sourcils avant de se détourner.


« Un lit. »

D’un revers, elle s’enquit de la température de sa dame. Le front était un peu chaud. Ses doigts se faufilèrent bien vite dans le repli de sa cape, à sa ceinture et en soutira une fiole qu’elle déboucha avec les dents après avoir chassé son foulard. La décoction avait une odeur forte qui prenait au nez et vous aurait arraché une larme à l’œil. Les arétans auraient sans doute crier à la sorcellerie s’ils ne connaissaient pas les fondements de l’herboristerie. Le contrecoup fut maigre, arrachant une simple grimace à Blanche. Si elle n’était pas morte, cette situation les tenait néanmoins tous en haleine.

« Sire… »

La tête s’en tournait vers Friedich qui comprit bien vite le rôle que Odeline désirait lui donner. Les bras filèrent sous le corps pour le soulever et la femme-soldat renchérit à l’intention de Roderik.

« Nous permettez-vous d’occuper au moins une pièce, juste le temps que je lui administre quelques soins, je vous en prie. »

Alors sans doute s’opéra un choix cornélien à Roderik. Il pouvait refuser et en profiter pour mettre fin aux jours et à la suite de l’épouse de l’ogre du Médian avec toutes les conséquences que cela présuppose. Cette réaction serait certainement le fruit d’une impulsivité meurtrière... totalement irréfléchie. Ou il respectait ses principes de chevalier et sa noblesse de cœur en acceptant d’aider une dame sans défense. Sans doute la priorité irait à la seconde option. En attendant, Odeline le sondait sans vergogne. Son regard était insistant et surtout dérangeant. Il pouvait la sentir tendue. La sentinelle connaissait pertinemment les tensions opposant leurs deux maisons. Elle en avait serré les poings, ceux-ci avaient retrouvé les recoins de sa cape, non loin de ses lames. Oh, elle n’hésiterait pas à lui trancher la gorge s’il faisait le mauvais choix et dans sa perte, elle l’entrainerait avec elle que Tyra lui soit témoin.

A des lieues de se douter des enjeux gorgeant cette pièce, les paupières de l’ancenoise se froncèrent. Un soupire lancinant s’extirpa de lippes. Que lui arrivait-elle ? Ses membres étaient engourdis. Elle avait cette perturbante sensation d’avoir été enchaînée dans une position ankylosante durant des heures. Ses muscles étaient bandés, fruit de crispations involontaires. Des bruits lui parvenaient. Vague. Effrayant. Et lentement, elle battit des cils. La lumière n’était pas aveuglante. Elle voyait de masses informes noires qui masquaient en partie cette silhouette-là, un visage qu’elle reconnaissait malgré qu’il soit un lointain souvenir, celui du Comte d’Arétria. Cette femme qui lui faisait face n’avait rien de terrible. Sa fragilité en était même déconcertante. Elle paraissait si … Lamentable ? Et cela en était franchement navrant ! Comment cette femme aurait pu mener aux côtés de son époux tant de natifs à la mort ? Comment se serait-elle arrogée des droits présupposés par d’autres illégitimes si sa chétivité en était risible ? Où était cette engeance perfide et maléfique que beaucoup racontait, l’habiter ? En cet instant pourtant, elle était l’égale des plus miséreux : inoffensive, éteinte, malingre. Ne lui faisait-elle pas pitié ?

Et pourtant…


Dernière édition par Blanche d'Ancenis le Sam 10 Déc 2016 - 20:34, édité 1 fois
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Roderik de Wenden
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMer 7 Déc 2016 - 10:29


« Bien sûr », répondit Roderik avec un naturel qui ne manqua pas de surprendre les gens de Hautval, mais également ceux de sa propre maisonnée, tant l'on aurait pu croire que l'arétan saisirait cette opportunité de frapper le Médian au cœur. Mais quoique Blanche fut son ennemie, il avait résolu de respecter les lois de l'hospitalité, celles-là mêmes dont le marquis de Serramire lui avait rappelé l'importance quelques jours plus tôt. De toute façon, hospitalité ou non, il ne pouvait s'abaisser à un crime aussi vulgaire ; on ne venge pas un royaume en laissant crever une baronne dans une sordide auberge de campagne. Il avait bien assez décrié la manière dont les osts hautvalois et velteriens avaient massacré des hommes en les surprenant à la nuit dans leurs tentes, et en faisant passer cela pour une glorieuse victoire militaire ; il n'allait pas faire la même chose.

Quoiqu'il en soit, la mort de Blanche ne lui serait d'aucun intérêt. Bien au contraire, il imaginait déjà son ogre de mari en profiter pour faire exécuter ses belles-filles, éliminant deux princesses de sang qui devaient forcément l'encombrer dans ses sinistres projets de destruction du royaume.

Il soutint le regard de la femme-soldat qui accompagnait Blanche comme son ombre, et dont il avait parfaitement saisi la menace ; s'il avait condamné à mort la Dame du Val, elle se serait chargée, elle, de l'expédier lui aussi dans l'Outre-monde. Et elle aurait probablement réussi, la salope, songea Roderik, plus que jamais conscient que la situation était un poil tendue. S'il ne devait rien craindre de Blanche, et si elle n'avait rien à craindre de lui, l'on ne pouvait en dire autant de leurs entourages respectifs ; hautvalois et arétans n'attendaient que le premier signal pour se lancer dans la foire aux empoignades. Et ça ne serait pas joli à voir.

« Il y a une chambre à l'étage », dit-il, « vous pouvez la prendre. » Il hésita à y poster un ou deux hommes à lui pour veiller à ce que ses « invités » n'en profitent pas pour fomenter un sale coup, mais de toute évidence, la femme-soldat voulait un peu d'intimité pour soigner sa maîtresse, et mieux valait éviter qu'un reître de l'entourage du comte n'en vienne à faire un commentaire graveleux lorsqu'on désaperait la baronne ; ça ferait mauvais genre. « Y' vont la foutre à poil ? » susurra justement Bovon, un reître à la peau parcheminée qui souriait constamment en découvrant une rangée de dents disgracieuses ; Roderik lui jeta un regard sévère, et Bovon n'en dit pas plus, mais cela ne fit pas taire les ricanements autour de lui.

Se rasseyant dans son fauteuil de bois, Roderik se contenta de regarder les hautvalois emmener leur dame à l'étage, et lorsqu'ils passèrent près de lui il s'étonna de la trouver aussi faible. Il était rassuré qu'elle ne soit pas morte, mais ressentait une sourde inquiétude, car elle pouvait encore leur claquer entre les pattes.
Et si cela se produisait, il aurait l'air con, quand bien même il n'y était pour rien.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeDim 11 Déc 2016 - 2:46



« Nous vous remercions infiniment »

Si la nature de cette phrase se voulut d’une douceur incommensurable, le ton rude employé par Odeline était en dissonance complet. Cette femme était dangereuse, il en avait la conviction. Si sa force n’égalait sans doute pas le plus fier de ses gaillards, la magelame avait tiré profit de ses faiblesses et avait forgé ses propres atouts. On aurait cru que le commentaire de ce cher Bovon lui aurait arraché une réplique cinglante mais il n’en était rien. La sentinelle s’en contrefichait éperdument et prenait déjà les devants pour monter les marches des escaliers. Pourtant, elle avait la conviction personnelle que ce notre Bovon était un « pauvre type » et ça, elle le pensait très fort.

Mais là n’était pas la réaction de tous. Par Othar, non ! Les plus impulsifs de notre Garde Obsidienne bouillonnaient déjà pour cet « affront » qui en fait n’en était pas franchement un. L’intelligence n’était malheureusement pas distribuée de manière égale. Puis il suffisait d’un coup de gourdin de trop à la tête pour faire des ravages. Ce pourquoi Friedich prit les devants et calma ses ouailles avant qu’une empoignade ne mette les feux au poudre. Il se retourna en appuyant un regard univoque en précisant.


« Allez donc chercher les effets de son altesse et ceux d’Odeline. »

Au moins, le froid leurs rafraîchirait les idées. Dans un grognement, trois protecteurs de la petite troupe se détachèrent pour sortir et aller récupérer, les sacs. Friedich se détourna et se figea face à Roderik.

« Nous vous prions de nous excuser, votre Grandeur, pour tous ces désagréments. »

Le Commandant paraissait sincèrement sincère puis s’inclina autant que faire se peut avec une dame en détresse dans les bras. Difficile à croire que l’homme qui se tenait devant lui faisait partie de l’effroyable armée du Médian. On aurait presque de la sympathie pour lui. Minutieux. Calme. Charismatique. Se détournant, il ne tarde pas à suivre la lieutenante à l’étage pour préparer le terrain. Un homme se démarqua du reste de la compagnie restant là, il avait comme point commun avec le comte qu’il portait tout simplement le même nom. Après avoir balayé la pièce d’un regard, il fit un signe de la main et se dénicha un petit coin pour y faire son nid. Le sigisbée se délesta de son casque et foulard, découvrant ainsi un visage avec une barbe naissante et des marques noires grimant le contour de ses yeux. On amena les sacs et le reste de la Garde d’Obsidienne se retrouva tous au même point. L’heure était désormais au débat. Qui prendrait ce fameux tour de garde ? Cela se décida à coups de dés. Et malheureusement cela tomba sur ce bon vieux Roderik – notre Roderik. Accompagné de deux camarades, et d'un naturel sympathique, il proposa aux arétans leurs aides dans cette besogne qui n’était pas franchement commode : le guet ! Premièrement, on se gelait les miches par ce temps. Et plus que les autres, on se retrouvait en première ligne donc susceptible d’être les premiers à passer l’arme à gauche.

Une heure plus tard, Friedich redescendit de la chambre, détendu... Visiblement. Sa prétendue invitée n’avait pas clampsé. Il adressa à Roderik de Weden un bref résumé sur l’état de la Duchesse du Médian. Son état était stable. Là était davantage de la politesse. Il retrouva ses ouailles puis disparut dans les cuisines. Il avait faim.

Une demie heure plus tard, Odeline fit son apparition. Elle semblait éreintée.  Elle avait tombé le casque et l’armure pour demeurer en simple pantalon et chemise. Ses yeux ambrés balayaient désormais l’assemblée et les malelandois encore réveillés devaient soit s’insurger contre une seconde présence féminine et soit croire qu’ils rêvaient. Plutôt familière, sa main où se dénombraient nombre de cicatrices, se posaient sur le bras du comte. Le minois se pencha un instant vers lui pour murmurer.


« Messire, elle vous… » Elle se rappela que Roderik n'était pas un simple reître qu'on hèle ainsi et donc se ravisa et reprit. « Auriez-vous l’amabilité malgré l’heure tardive et la fatigue d’accorder un peu de votre temps à Dame Blanche. Cela ne durera pas longtemps… Je suppose. »

Aussitôt, la sentinelle relâcha son poignet et tournait d’ores et déjà les talons, attendant qu’il la suive. Une fois là-haut, elle entrebâilla la porte de la chambre pour le laisser entrer puis la referma. Quelques bougies éclairaient faiblement la pièce. Roderik pouvait deviner la silhouette de la Dame du Val. Elle était assise sur le lit. La lueur des chandelles illuminait un visage sur lequel le temps ne semblait plus avoir d’emprise. Sa chevelure d’ébène était éternelle, à ceci près qu’une épaisse mèche blanche ruisselait désormais le long de sa joue gauche. Ses yeux marins étaient toujours les mêmes, une étendue d’eau d’un bleu sombre mais intense. Une couverture bordée de fourrure couvrait ses épaules et se refermaient sur sa fine silhouette, ne laissant apparaître que deux mains. Celles-ci étaient bandées soigneusement. Lorsqu’il approcha, il put sentir ce parfum, cette fragrance mentholée plutôt forte. Perdue dans ses pensées, les billes finirent par s’amarrer à la silhouette de Roderik. Par où commencer ? Elle entrouvrit les lippes, désireuse d’échanger mais aucun son ne fut soufflé. Elle s’y reprit une seconde fois et une vague soupire exaspéré fusa. Elle détestait se sentir si faible. Finalement…

« Merci. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeDim 11 Déc 2016 - 16:05


Les pas de Roderik faisaient doucement craquer le plancher alors qu'il approchait du lit. Debout dans la semi-pénombre, il fixait la frêle Dame du Val, alitée et faiblarde comme à l'article de la mort ; et il se demanda si elle ne voulait pas faire de lui le témoin de ses dernières volontés. Un choix tout à fait saugrenu en vérité, mais les mourants ont parfois de drôles d'idées quand ils sentent approcher la dernière heure... ou peut-être un certain sens de l'humour.

Elle finit par le remercier et cela le surprit. Quoi, s'était-elle attendue à autre chose de sa part ? Avait-elle pensé qu'il profiterait de l'occasion pour l'embastiller dans une tour, à l'image de Saint-Aimé, ou, pire encore, qu'il la livrerait à l'appétit de ses hommes ? Il fit une moue vexée, pas franchement ravi d'être assimilé à un vulgaire assassin, surtout venant de l'épouse de l'homme le plus lâche de toute la péninsule. Mais enfin ! Il devait reconnaître, tout de même, que si les rôles s'étaient trouvés renversés, il n'aurait pas été très rassuré de se trouver entre les griffes de la Dame du Val. Encore moins celles de cette horrible Odeline. Et puis, il était arétan ; et les arétans ne sont pas réputés pour leurs vertus chevaleresques...

Il alla chercher une chaise en bois de noyer qu'il traîna jusqu'au bord du lit. Puis il s'installa auprès de Blanche et il la dévisagea, peu soucieux que la chose fut inconvenante. Ses yeux bleus nuit fixaient les siens, et ses traits, à la lueur des bougies, semblaient plus lisses que jamais ; le temps semblait n'avoir que peu de prise sur ce visage juvénile, et Roderik, qui n'ignorait pas qu'elle avait déjà enfanté une progéniture nombreuse, dont deux princesses de sang, se demandait quel âge elle avait. Son regard descendit sur les mains bandées de la baronne ;quel genre de blessure pouvait bien l'obliger à les cacher ainsi, il n'eut su le dire, et peut-être valait-il mieux ne pas savoir. La baronne exhalait une odeur fraîche et forte qui vous prenait le nez jusqu'à vous imprégner la tête ; un bref instant, Roderik prit peur, craignant là quelque sorcellerie, mais ne voulut rien en montrer. Il détourna le regard, puis se mit à palabrer, exhumant de vieux souvenirs longtemps enfouis.

« Ma première épouse perdait parfois connaissance, elle aussi. On ne savait pas ce qu'elle avait. Les prêtres néerites se succédaient les uns les autres à son chevet, et il n'en était pas un pour me donner la même réponse. Bénédiction, malédiction, peu me challait ; tout ce que je voulais, c'était la voir recouvrer la santé. »

Le visage fermé et les sourcils froncés, tourné vers un coin de la pièce, il avait les yeux dans le vague ; pourtant il semblait guetter quelque chose, comme s'il y avait devant lui, tapi dans l'ombre, quelqu'un que lui seul pouvait voir.

« Un drôle de type s'est pointé un jour. Il s'est présenté à la poterne du fort et a dit qu'il pouvait la guérir. Mon père m'a mis en garde : c'était un de ces hommes qui se présentent sous le nom d'astrologue, mais les gens de chez nous leur préfèrent le terme de rebouteux ou de sorcier. Je n'avais pas confiance, et je l'aurais fait sortir par la garde si ma femme ne m'avait pas convaincu d'accepter. » Il grimaça ; le souvenir lui serait toujours amer. « Alors... j'ai laissé cet envoûteur entrer dans ma maison, je lui ai carrément ouvert ma porte. Et il s'est permis de proférer des insanités sous mon toit, affirmant que ma femme était de faible constitution et qu'elle ne mangeait pas assez, que c'était aussi pour cela que mon fils était malingre. Je l'ai fait battre et jeter dehors, mais j'avais sous-estimé l'esprit retors de cette engeance de nécromant : il a maudit ma maison. Quelques ennéades plus tard, nous étions sous la bannière du comte Anseric dans le Berthildois, et mon père était poinçonné d'un méchant trait de flèche dans la gorge. » En parlant de gorge, il sentait la sienne se nouer ; il serra les dents, et il y avait une espèce de hargne dans sa voix alors qu'il poursuivait : « le temps que je regagne le pays, un seigneur de guerre avait mis à profit notre absence pour s'emparer de Wenden, et ma femme et mon fils et mes gens étaient morts. De leur dépouille, je n'ai jamais rien retrouvé ; je n'ai même pas pu leur rendre les derniers rites. Oh, je me suis vengé de ce scélérat, mais le responsable, le vrai responsable, je ne l'ai jamais retrouvé... je n'ai jamais revu le magicien, et chaque nuit, je me dis que j'aurais dû le mettre à mort quand je le pouvais encore. »

Il hocha la tête, ruminant sa haine pour le sorcier qui avait maudit les siens. Son regard revint à la baronne et se noya dans l'océan bleuté de ses yeux, contemplant ce visage qui ne voulait pas vieillir ; à l'image de la première épouse de Roderik, elle semblait devoir éternellement rester jeune.

« Lorsque les dieux sont sourds à nos suppliques, nous sommes parfois tentés de nous tourner vers d'autres protecteurs. C'est une erreur à-laquelle on ne me reprendra pas. Ne la commettez pas non plus, Blanche. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeLun 12 Déc 2016 - 17:31

Qui sait ? …
L’histoire du Comte était presque touchante… Presque ! Un tendre sourire rehaussait désormais ses pommettes donnant l’illusion que son inquiétude la touchait. Ce sourire avait énormément de significations cachées. Il était aussi celui qu’on accord à ceux qui se vouvoyaient à cause de leur ignorance. Mais pourquoi le blâmer ? Il n’y pouvait tout simplement rien. Chacun possédait son petit jardin et Roderik n’était certainement pas une exception.
Non le mal qui empoisonnait ses veines était d’une toute autre nature. Les billes roulèrent un instant vers le coin de la pièce et la fit perdre son sourire. L’attention fut aussitôt détournée comme si cette simple vision l’horrifiait.
Blanche avait presque oublié cette haine envers les mages dans la partie nord de la Péninsule. A dire vrai, elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi ces nordiens la diabolisait tant. Les prêtres et prêtresses des cultes pentiens n’utilisaient-ils par ces arcanes ? Et ils étaient certainement ravis de pouvoir bénéficier des soins des consacré(e)s de Néera quand leur mal était si grand que les remèdes de grand-mère ne suffisaient plus. Si la stupidité de ce rejet vis-à-vis de la magie était pour elle ridicule, la cause de cette malveillance était sans doute la peur. L’histoire avait montré plus d’une fois cette pratique. Face à l’inconnu, la réaction la plus humaine demeurait la violence. Cocasserie, il en est.
En vérité, au plus profond d’elle-même, la fable de l’arétan la mettait réellement mal à l’aise bien qu’elle ne laissa rien paraître. Si, sa condition était à la faiblesse, elle savait encore sauver les apparences. Machinalement, ses doigts vinrent cueillir la main de Roderik. Elle la pressa délicatement, désireuse de lui offrir toute son empathie. Alors certes, son récit était pour elle, étrange et elle saisissait tout l’orgueil de l’homme qui lui faisait face. Le sorcier disait sans doute vrai : sa femme et son fils étaient certainement de mauvaise condition – par nature ou par mauvaise alimentation –  mais il refusait tout simplement d’y faire face. L’arrogance encore et toujours. La noblesse transpirait l’arrogance dont l’odeur asphyxiait peu à peu leur détenteur.  
Alors que la Dame sentait le corps du chevalier se crisper, ses prunelles vinrent quérir les siennes. Les phalanges bandées pressèrent davantage sa main rugueuse. N’était-ce pas là désopilant que la baronne réconforte l’un de ses ennemis alors que celle-là même était tombée dans les pommes, une heure plus tôt.


« Qu’il est con ! »

Les billes marines roulèrent vers l’auteur de cette voix qu’elle seule pouvait entendre. Il n’en resta pas là et renchérit.

« Con comme ses chausses ! Je lui pisserais bien à la raie ! »

Blanche déglutit, fuyant le regard furieux de l’hybride qui s’était laissé choir sur une malle posée dans un coin, celui-là-même vers lequel s’était tourné le seigneur de Weden sans le voir, évidemment. Un petit tremblement secoua ses frêles épaules de Blanche tandis que sa main s’agrippait désormais à celle de Roderik. Ses dents mordillaient désormais sa lèvre inférieure, anxieuse. Si l’hybride avait sa propre façon de pointer les superstitions grotesques de l’arétan, sa peine n’en était pas moins réelle. Il avait perdu les siens ! Alors d’un regard extérieur, c’était plus le fait de circonstances tragiques que d’une réelle malédiction mais là n’était pas le débat.

« Vers qui pourrais-je me tourner d’autre, votre grandeur ? Je n’ai personne, seuls les Cinq. »

Sa main relâchait la sienne et ses paumes se posaient sur la couverture couvrant ses jambes. Elle bascula légèrement avant pour s’agenouiller sur le lit.

« Ne croyez pas que je sois dupe, votre grandeur, malgré vos élégantes manières… Vous me détestez… Ce qui est malheureux, c’est que votre haine à mon égard n’a pour seul argument nos désaccords politiques. En soi, vous ne me connaissez pas ! Vous ne savez pas quelle femme, je suis… Alors, seigneur Roderik, vers qui pourrais-je me tourner alors que tous m’ont tourné le dos ? Vers qui ? »

Ses dernières mots se perdirent dans un murmure.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMer 14 Déc 2016 - 14:31


Le contact des doigts fins de la baronne sur sa paume le fit frissonner. Elle avait une main légère, et il devinait au travers du bandage leur douceur rafraîchissante. Ce geste, tendre et familier, apaisa le comte ; mais il ne se fit aucune illusion quant à sa signification. La terrible Dame du Val pouvait-elle céder au sentimentalisme et témoigner de l'affection à un homme qu'elle savait être son ennemi ? Nenni. Derrière les apparences, cette caresse résonnait plutôt comme un défi. Roderik en tira pourtant du réconfort. Ce qui le rendait si réceptif à cette simple attention, lui-même n'en avait guère conscience ; sans doute était-ce le dépit qu'avait laissé en son coeur le piteux mariage auquel il venait d'assister, sans doute était-ce son orgueil froissé par la perte d'une femme dont il avait espéré l'amour éternel et inconditionnel. Il sentit Blanche trembler alors que sa main se refermait sur la sienne, et il souhaita intérieurement qu'elle maintienne son emprise ; si bien que lorsqu'elle la relâcha pour se redresser sous ses couvertures, et qu'elle avoua d'une petite voix combien elle était malheureuse, seule et méprisée, Roderik se sentit chavirer ; et il s'empara du poignet de l'Obsidienne pour s'entendre fermement répondre :

« Je ne vous hais point, Blanche. Fiez-vous à moi : je vous protégerai. »

La promesse était scellée ; quoique lancée à l'emporte-pièce sans qu'il n'ait prit le temps d'y réfléchir, elle fut prononcée dans l'instant avec la plus vibrante des sincérités, et la plus grande des imprudences. Ainsi le comte, qui avait pourtant fait de la vengeance des Fiiram son cheval de bataille, cédait subitement du terrain, adouci par les mièvreries d'une femme qui lui révélait ses faiblesses, chaviré par la détresse de la pauvresse. Il n'en fallait pas moins pour qu'il se mette, de sa propre initiative, à lui chercher des excuses : n'avait-elle pas été abusée par les mensonges de son ambitieux mari ? N'avait-elle pas été dans l'erreur parce que ses sentiments de femme et de mère, attisés par la mortelle jalousie qu'elle avait voué à Arsinoé d'Olyssea, l'avaient emporté sur sa raison ? Oh, oui, il pouvait se permettre de l'excuser. Après tout, aussi coupable que fut la Dame du Val, le comte ne désirait point sa mort ; la tête de son mari suffirait bien pour l'exemple. La tête de Blanche, elle, Roderik tenait à la voir demeurer sur ses délicates épaules, et que nulle violence ne vienne rompre l'harmonie de ce corps si bien fait.

« Croyez-le bien, je ne désire pas votre malheur », poursuivit-il, sa main rude caressant gauchement celle de la baronne comme pour lui porter à son tour réconfort. « Il ne m'appartient pas de vous juger », rappela-t-il, ce qui d'ailleurs était vrai, car il n'était qu'un comte parmi les autres et qu'il ne pouvait parler au nom du royaume ; « mais je me battrai pour que l'on vous épargne, car toutes les infamies furent commises au nom de votre époux, non le vôtre. » Il passa sur le fait qu'Hautval ait participé activement au massacre des champs pourpres, car il était des choses sur-lesquelles Roderik fermait plus facilement les yeux en présence d'une belle femme. « Ah ! Il suffirait que vous reniassiez cet homme, madame, et à mes yeux vous seriez libre de tout reproche. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeDim 18 Déc 2016 - 2:02


Cet instant parut durer une éternité. Les yeux perdus dans ceux du Comte, Blanche retint son souffle. Ce geste pourtant anodin était là bourré d’une myriade de significations dangereuses. La scène était d’ailleurs plutôt irréelle. Lui, l’arétan désirant occire le Médian pour sa félonie venait de lui promettre à demi-mot qu’il la protégerait. Sans savoir pourquoi, quelques larmes bourgeonnèrent et vinrent à ruisseler contre ses joues. La Dame du Val écarquilla les yeux. Était-ce l’effritement de sa carapace qu’elle avait mis des années à se construire ? Était-ce un trop plein de tous ces événements qui ne demandèrent qu’à être vomi ? Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas pris la peine de prendre soin d’elle. Elle s’était oubliée avec la personne qu’elle se devait d’incarner. Cette rencontre avec cette femme, cette Lyarra, lui revint de plein fouet. Peut-être était ce fardeau auquel la sauvage faisait allusion.
Sa mâchoire se crispa alors qu’il poursuivit sur sa lancée. La mort de son époux n’était-il pas un malheur de plus pour elle ? Un troisième homme à enterrer. Savait-il combien Blanche doutait d’elle-même? Tous les hommes qui l’avaient côtoyé dans l’intimité étaient morts et les deux seuls qui avaient survécus étaient le Dragon qui s’il n’avait pas passé l’arme à gauche, s’était éteint sur la scène politique jusqu’à n’être plus qu’un fantôme morbide. L’autre était l’Albinos dont la mortalité était à discuter. Il avait de nombreuses fois braver la Déesse qui saurait tôt ou tard venir le chercher et ce jour arriverait bientôt à en juger par cette mésestime violente que lui témoignait les nobles péninsulaires.


« Roderik… » Soupira-t-elle.

Sa main se déroba et vinrent chasser ce vilain sanglot. Elle en avait oublié la présence de l’Impie qui demeura complètement désabusé face à cette dégoulinante supplique larmoyante. Il finit par se lever pour quitter la chambre. Si des envies meurtrières le prenaient aux tripes, il saurait trouver un divertissement en ce village perdu, répandre quelques maladies çà et là ou encore provoquer un drame dans la vie monotone de quelques paysans.
D’ailleurs ses larmoiements finis, elle cligna plusieurs fois de ses yeux rouges, constatant qu’il n’était plus là. Ses sourcils se froncèrent un instant tandis que ses lippes se pincèrent l’une contre l’autre. Les billes marines roulèrent désormais sur les différentes courbes que présentaient le mobilier sans oser s’ancrer dans les châtaignes du seigneur.


« Renier mon époux… »

Il est vrai qu’elle n’éprouvait que de l’affection - et encore - pour Nimmio malgré sa distance et son désintérêt total. Et ne parlons même pas l’accusation à l’encontre d’Aetius qui par extension était une attaque latérale à l’encontre de ses enfants.

« J’ai peur d’être seule… Roderik… Je n’ai jamais été heureuse en amour… Deux de mes maris sont morts… Tous les hommes qui ont partagé ma vie ont connu un destin tragique. »

Et elle ne faisait pas seulement allusion à ceux qui ont partagé son intimité mais aussi ceux de sa famille comme ses cousins. Les yeux se rivèrent sur ses propres mains bandées qui s’étaient reposées préalablement sur ses genoux. Une sensation oppressante montait désormais dans sa gorge et elle se mordit bientôt la lèvre inférieure tandis que son cœur s’emballait dans sa poitrine.

« Par… Parfois, j’ai la dérangeante et effroyable impression de semer la mort… »

Son minois se redressa vivement et elle plantait désormais ses perles bleues-nuit dans ceux de Comte. Ses mains se cramponnèrent vivement aux épaules de Roderik alors qu’une bouffée de panique la saisit, laissant sa voix s’étouffer dans sa gorge.

« Je n’ai jamais voulu la mort de quiconque ! Il faut me croire ! Je n’ai jamais voulu tout cela ! Je suis comme la plupart des femmes… banales… Je rêve d’une vie paisible aux côtés de mes enfants et d’un homme à qui je pourrais sourire à chaque réveil… »

La tête fléchit vers le bas comme si tous les poids de ses pêchés lui faisaient courber l’échine. Pourtant ses mains demeuraient accrochées à cette carrure, résignée à ne pas faillir.

« Tout cela m’est désormais impossible pour le restant de mes jours… »

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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeLun 19 Déc 2016 - 15:55


« Je vous crois, chuchota doucement Roderik, je vous crois. » Et ce faisant il restait immobile, un peu gêné par la proximité intime de la Dame du Val, par la présence de ses mains sur ses épaules, par son joli minois levé vers le sien, si proche qu'il pouvait sentir son souffle sur son visage. L'Ancenoise était couverte jusqu'aux épaules d'une épaisse couverture de fourrure, et alors qu'elle ouvrait son cœur et s'épanchait sur ses tourments, Roderik se demandait si elle portait quelque chose là-dessous ; c'était cela, sans doute, qui le laissait tout guindé sans oser prendre la baronne dans ses bras, tant il craignait de se compromettre dans l'interdit. « Vous n'êtes pas seule. » Il avala sa salive, mal à l'aise ; était-il bien dans son rôle à cet instant ? Il savait pourtant qu'il devait se défier d'elle, mais quelque chose en lui l'inclinait à penser que le désespoir de la dame était sincère. « Ce n'est pas vous qui semez la mort, Blanche », murmura-t-il en détournant le regard pour ne pas avoir à affronter les iris bleutés de la belle. « Vous méritez un homme, un vrai ; un homme qui ne vous couvre pas d'opprobre et qui ne cherche point à voler un trône qui aurait pu, et pourrait encore, revenir à vos filles. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeLun 26 Déc 2016 - 13:16


Les paroles du comte sonnaient comme creuses. Le menton obliqua et ses yeux bleus-nuit s’ancrèrent dans ceux du chevalier au regard galopin. Une simple camise couvrait sa fine silhouette. Dans l’ombre de son décolleté, il pouvait apercevoir les mêmes atours qui cerclaient ses mains. Des bandages encore et encore. Elle en était couverte des pieds à la tête. Il détourna les yeux et elle se pinça les lèvres l’une contre l’autre à ce geste.

« N’êtes-vous pas en faveur de Bohémond, que vous sous-entendez que mes filles soient toujours légitimes ? »

Ses doigts délaissèrent les épaules de l’homme et elle redressa son buste. Fébrilement, elle chassa la couverture qui tomba dans le creux de ses reins. Des couvertures, elle extrayait ses jambes pour les étendre en travers du lit posé dans ce coin de la pièce ce qui lui laissait tout la latitude d’adosser son dos au mur.

« Dans le cas où vous reconnaissez cet enfant… Vous seriez certainement désireux que le Duché de Médian redevienne Comté de Velteroc que nous en retournions à notre vassalité envers Erac, alors qu'il voulut se déclarer roi… »

Machinalement, sa main se faufila jusqu’à son genou qu’elle gratta. Cette mixture qui la tartinait, était fortement désagréable. Elle la soulageait autant qu’elle la faisait paradoxalement souffrir. Ces paroles n'étaient que suppositions. Il fallait envisager toutes les configurations.

« Vous voulez donc me faire la guerre. Et il y aura forcément un perdant… et alors qu’adviendra-t-il ? Je serais bannie comme ce vieux-dragon ? Moi et toute ma maison, ma descendance ? »

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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMar 27 Déc 2016 - 10:46


Intrigué et refroidi tout à la fois par la vision des linges blancs qui recouvraient le corps de la dame sous l'épaisse couverture, Roderik cessa de jouer les voyeurs ; l'espace d'un instant de latence, il ne fit pas attention à ce qu'elle lui disait, tout occupé à se demander quel étrange mal la frappait, et à se dire qu'il valait peut-être mieux demeurer dans l'ignorance de ces choses. Il ne lui rendit son attention que lorsqu'elle s'extirpa de la couverture pour s'adosser au mur, révélant la fine tenue qu'elle portait et qui laissait s'épanouir sa silhouette de façon fort peu convenante en présence d'un étranger. Là, s'efforçant de la regarder dans les yeux, Roderik l'écouta ergoter sur toutes ces choses qui la tracassaient tant. Bohémond, l'enfant de sa rivale, qui ne voulait pas mourir ; ses filles à elle, dont personne ne semblait tenir compte, son mari le dernier ; le Médian et Erac ; la guerre, la victoire et la défaite et, enfin, la vengeance. En toute objectivité, la dame du Val avait bien de quoi se faire quelques cheveux blancs. Il était inutile que Roderik lui mente ; elle n'était que trop consciente de la réalité des choses. Il avait manqué de franchise depuis le début de cette conversation, car la rigidité de ses convictions avait été émoussée par le charme de Blanche, et qu'il s'était laissé attendrir par sa détresse ; mais si ce charme continuait d'agir, il n'en résolut pas moins de dire ce qui devait être dit.

« La place de vos filles est auprès de leur demi-frère dont elles sont les légitimes héritières, et cela je ne l'ai jamais nié. Tout comme la place de Velteroc, et celle de Hautval d'ailleurs, sont dans l'allégeance au duché d'Erac, dont le dépositaire n'est pas Harold mais son père Léandre, celui-là même qui croupit toujours au fonds de vos geôles. » Il avait durci le ton sur ces dernières paroles, car il trouvait inadmissible qu'un vieil homme de sang aussi noble que celui de Léandre fut traité ainsi. En vérité, le sort de ce Léandre l'émouvait, et il s'en expliqua : « Léandre d'Erac a bataillé toute sa vie pour un duché qui lui revenait de droit, et qu'avait usurpé Trystan l'Aveugle au mépris de toutes les lois. Je ne vais pas vous apprendre cette histoire, Blanche ; vous êtes ancenoise, et vous la connaissez probablement mieux que moi. Mais voyez : malgré tous les griefs qu'il a pu nourrir à l'encontre de l'Aveugle et de son fils Eliam, Léandre n'a jamais contesté la légitimité royale de son rival. Eut-il écrasé les osts royaux pour le gagner, son duché d'Erac, qu'il eut aussitôt ployé le genou devant le roi vaincu pour s'en proclamer le plus fervent défenseur. Là est la noblesse que j'estime, celle qui respecte le droit du sang. Mais bon sang sait mentir : le propre fils de Léandre est un flagorneur et un voleur qui, non content d'avoir usurpé le duché de son père encore en vie, pactise désormais avec ses pires ennemis. Harold est symptomatique de ce qui ne va plus dans le Médian, ce cœur du royaume et de la chevalerie où l'on oublie ce qu'est le droit et la coutume. La coutume, Blanche, est parfois le prétexte à toutes les guerres ; mais la coutume demeure le premier rempart contre l'ambition et la cupidité. La coutume, finalement, est la garantie de l'ordre et, par là-même, de la paix. »

Prenant une pause après cette poussée d'éloquence, Roderik étudia la dame du Val, cherchant à savoir si son discours avait fait mouche ou s'il sonnait creux dans son esprit. Puis, reprenant son souffle, il lança :

« Demandez-vous ce qui compte le plus pour vous. Vous faire appeler duchesse par une bande de rebelles, ou réintégrer le royaume, le vrai, et rendre à vos filles la place qui est la leur ? Point n'est besoin que le duché du Médian redevienne comté de Velteroc, Blanche : il l'a toujours été, il l'est encore, car le duché du Médian n'existe pas et n'existera jamais, sinon dans l'esprit malade de votre époux. Renoncez à cette futilité. »

Les choses étaient simples de son point de vue ; elles l'étaient toujours. Mais ces choses qu'il lui conseillait, Blanche ne les ferait pas. Il en était certain. Velteroc et Hautval avaient poussé la révolte trop loin ; ce qu'ils avaient dérobé, il leur serait difficile de le rendre tant qu'ils n'avaient pas perdu tout espoir de le conserver. Quand bien même ils pourraient s'y résoudre, ils ne ploieraient pas le genou devant un duc qu'ils avaient enfermé et contraint à l'abdication ; ils ne reconnaîtraient pas un roi dont ils avaient tué la mère et qui, en grandissant, nourrirait immanquablement un appétit de vengeance. Quand bien même les faux duchés du Médian et du Garnaad seraient démantelés, quand bien même l'ensemble des domaines royaux seraient rendus, quelqu'un devrait forcément payer.

« Je ne peux vous dire ce qu'il adviendra, Blanche. Je ne peux vous promettre que tout se passera bien, mais je vous promets mon aide ; je ne vous demande que de faire ce qu'il faut pour faciliter votre pardon. Vous ne seriez pas la première des Ancenis à l'obtenir après vous être élevée contre le trône. Léandre d'Erac, à force de patience, a fini par l'avoir, son duché. Vous auriez dû le prendre pour exemple plutôt que l'en déposséder. Faites la paix avec la couronne, Blanche, faites-le tant qu'elle a encore intérêt à la faire avec vous. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMar 10 Jan 2017 - 23:33


Où était donc les relents charnels de cette indolente inconvenance ? Ces linceuls immaculés préservaient sa pudeur qui avait tôt fait de glacer l’incandescente sous-jacente du Comte. D’un geste traduisant un épuisement latent, ses bras vinrent encercler ses genoux sur lesquels elle déposait son menton. Ses deux grands saphirs s’assombrirent plus la sentence que Roderik lui déclamait, effritait ses défenses

Léandre d’Érac ne croupissait pas dans les geôles de Rochenoire comme les détracteurs du Boucher de Médian aimaient à le dire. Malgré tout l’assentiment que pouvait lui porter Blanche, en dépit des altercations décennales entre Ancenis et Erac, la Dame du Val avait néanmoins du respect que cela soit envers sa lignée qu’en raison du poids des années qui alourdissaient un peu plus chaque jour ses guiboles. Léandre d’Érac était un prisonnier et avant tout un otage qu’elle traitait à égard de son rang. Il ne moisissait donc pas dans un cachot mais était logé, nourri et lourdement surveillé au sein de sa citadelle, au même titre que Phillinte d’Odélian.

Si Roderik était attentif, il put certainement saisir l’infime ondulation de ses lippes et la crispation de sa mâchoire trahissant son irritation. Sa frimousse s’enfouit un peu plus entre ses rotules, se noyant ainsi dans l’abime noirâtre qui composait sa chevelure. Contre qui portaient-ils réellement ses accusations ? Etaient-elles destinées uniquement à son époux ?  Là était la question qui martelait désormais ses tempes. Sa flamboyante parure de chevalier servant n’était qu’un lointain souvenir qui faisait place à l’hydre vorace et destructrice.

Si son discours avait fait mouche ou non, sa seule certitude était qu’il ne l’avait pas laissé indifférente. C’était déjà là de bien beaux préliminaires.

Elle ravala un grondement sourd à la seconde estafilade initié par son deuxième laïus. Si elle avait su apprécier sa nouvelle condition et son nouveau titre, le perdre ne serait pas un drame en soi, même s’il sous-entendait l’état d’une déchéance qui serait certainement un plat avarié qu’elle aurait du mal à digérer. Ce qui dérangeait réellement Blanche était ces deux mots « l’esprit malade ». Elle aurait voulu lui crier qu’ils n’étaient uniquement deux à composer cette folie ! Le Duché de la Garnaad et éraçien les avaient reconnus tout autant. Ils n’étaient donc pas seuls et si sa raison ne lui criait pas de se taire, elle lui aurait rappelé prestement en lui crachant tout son fiel.

Désormais, seul le front de la Duchesse était dépassait ses genoux. Sa chevelure épaisse lui offrait désormais une alcôve impénétrable dont elle appréciait l’intimité. Ce qu’elle déduisait de ce pamphlet enfiévré était que le Comte ne respectait pas les vœux de son Marquis et qu’il s’était trahi. Il put mirer son dos se soulever signe qu’elle venait de prendre une grande inspiration. Son expression figée, à demi-morte, faisait désormais place à un sourire moqueur dans le plus grand secret.

Était-ce là l’œuvre de l’Hybride ? Cette perfidie… dormante…

Lentement, ses paupières dissimulèrent ses deux saphirs ternis, simulacres des orages grondant son sein. Elle s’accorda quelques secondes pour gommer ce sourire carnassier. Le minois se redressa subitement vers lui. Ses yeux brillants, symptomatique de ces gens qui se retiennent de pleurer fixaient Roderik. Les traits semblaient crispés. Ses lippes s’entrouvrirent.


« Je… Je ne comprends pas… »

Elle en mesurait pourtant toute l’ampleur.

« Bohémond n’est-il pas mort ? Votre Marquisat n’a-t-il pas donné des funérailles ? Roderik… ne me dites-pas que vous trahissez votre propre suzerain ? »

Ses bras se délièrent alors qu’elle rampa jusqu’au bord de la couche. Elle lui faisait face, agenouillée au bord de la couche.

« Depuis quand votre allégeance est-elle à ce Bohémond, détenu par le baron mervalois ? Et d’ailleurs, qui êtes-vous pour me parler de serment alors que vous n’avez jamais prêté serment à votre Roi !? »

Pris la main dans le sac.

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Roderik de Wenden
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMer 11 Jan 2017 - 11:13


Roderik mit un certain temps à réagir. D'abord surpris, il resta là, déconcerté, à la fixer dans une espèce de mine de sidération ; il n'aurait pas cru que la dame, vu sa situation, se permettrait de mettre en doute son honneur à lui. Il n'aurait pas cru que cette femme, dont les osts avaient fait main basse sur les terres royales au moment où lui-même combattait les drows en Oësgardie, aurait l'audace de lui reprocher d'avoir manqué au royaume. Mais elle ose, se rendit-il compte ; dans un pitoyable effort pour masquer ses propres forfaitures, elle osait lui faire la leçon. Le comte réprima une bouffée de colère ; il s'était laissé attendrir par la détresse de cette drôlesse au point de lui proposer son aide, il lui avait tendu la main, et elle lui crachait dessus, la méchante femme ! Ça l'avait singulièrement refroidi, au point qu'il commençait de nouveau à penser, maintenant, que tout ce qui sortait de la bouche de la Dame du Val était poison.

« Apprenez, madame, que le marquis Godfroy lui-même ne clame plus haut et fort la mort du roi Bohémond. Et quoiqu'il ne l'ait pas encore reconnu officiellement, il a cessé de soutenir les prétentions de vos filles, sans doute parce qu'il croit probable la survie de leur demi-frère. Alors, trahir ? Non, madame. » Il esquissa un rictus. « Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai tiré l'épée contre personne. Quant à prêter serment, vous oubliez que le comte d'Arétria ne doit serment qu'au marquis de Sainte-Berthilde, et non au roi. »

Le reste, il n'entendait évidemment pas en parler ; le fait qu'il projetât de renverser Godfroy de Saint-Aimé, marquis illégitime de Sainte-Berthilde, pour rendre le marquisat au roi, n'avait pas à être connu de Blanche d'Ancenis. Oh, l'idée traverserait sans doute l'esprit de la dame ; c'était sûrement déjà fait, d'ailleurs. Mais il ne lui donnerait pas de certitudes. Elle l'avait dit elle-même : pour l'heure, elle demeurait l'ennemie, et il ne lui donnerait aucune arme qu'elle risquât d'employer contre lui.

« Vous seriez bien avisée de ne pas m'insulter, moi qui vous écoute et qui vous ai promis mon aide », poursuivit-il d'une voix calme mais empreinte de sévérité. « A force de vivre dans une cour de flagorneurs et de menteurs, à force de composer avec trois faux ducs, je conçois que vous ne sachiez plus distinguer un traître d'un prud'homme ; mais ne vous méprenez pas sur mon compte, Blanche. Ne crachez pas sur ceux qui vous tendent la main, surtout quand le geste est désintéressé. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeLun 16 Jan 2017 - 20:42


Le silence.

Blanche observait toutes les expressions du noble se soustrayant les unes aux autres. Et à en juger par la tête qu’il tirait, le Comte ne serait pas commode. Ceci dit, Roderik n’avait certainement pas compris où elle voulait en venir. A moins que ce fut le contraire et que justement ses paroles étaient habilement menées pour lui rejeter la faute. Blanche devrait composer avec ce qu’elle avait.

Le Marquis de Sainte-Berthilde avait encore changé de bords ? Une fois de plus. Les sourcils se froncèrent tandis que sa mine se renfrogna. Elle aurait bien laissé échapper un rire narquois à cette annonce. Au lieu de ça, elle se complut dans une grimace à peine refoulée.

En effet, l’idée lui avait traversé l’esprit. Si Godfroy de Saint-Aimé reconnaissait Bohémond Ier, il devrait abandonner ses prétentions sur le marquisat de Sainte-Berthilde. Cela ne lui avait évidemment pas échappé.

Il fallait qu’elle bouge. Cette situation l’étouffait. Cette tension dans cette pièce la démangeait. Quelque chose en elle fourmillait et lui serrait la gorge. Un premier pied nu se posait sur le plancher en bois et fut aussitôt rejoint par le second. L’appui fut dans un premier temps peu stable et elle manqua de retomber sur ses fesses sur le lit. Instinctivement, elle attrapa la première chose qui fut à sa portée, l’épaule de l’arétan. Elle ôta bien vite sa main en détournant le regard. La main saisit sa couverture dans laquelle elle s’emballa. Elle fit quelques pas alors qu’il lança sa menace à peine voilée.


« Sérieusement, comment puis-je savoir que votre Marquis reconnait désormais Bohémond Ier ? Cela n’a jamais été ébruité ! Comment aurais-je su qu’il a abandonné la prétention de mes filles ? Comment Roderik ? En plus vous savez tout comme moi que s’il en vient à reconnaitre cet enfant, il devra abandonner son titre de marquis… Mais pour cela, peut-être qu’il s’arrangera avec le sire d’Angleroy. »

Elle marqua une courte pause, inspirant profondément pour tenter de calmer les tempêtes grondant en son sein.

« Vous devez sans doute votre serment au marquis et non au roi, mais le moindre de vos gestes transpirent d’allégeance à la royauté plutôt qu’à votre marquisat. »

Elle avait rencontré Godfroy et elle savait qu’un tel plutôt qu’un autre, il n’en avait cure tant qu’un ou l’autre parti lui donnerait le plus à profit. Pour ce qui était de Roderik et de ce qu’elle avait pu déduire, c’était différent. Il était un fervent défenseur des traditions et sa vision était parfaitement manichéenne. Les principes chevaleresques prévalaient sur les intérêts personnels.
La suite par contre. La réponse fut cinglante. Elle avait pour la première fois hausser le ton. Une voix étonnamment puissante s’était extraite de ce corps malingre. Le timbre était catégorique.


« Je ne vous insulte pas ! »

Elle avait même serré les dents l’instant d’après. Non ce n’était pas là son but premier. Les personnes qu’elle se plaisait à insulter, la plupart des péninsulaires pouvait connaitre leurs noms. Elle ne s’en cachait pas. Ses billes désormais orageuses se plantaient dans celles du comte. Les lèvres étaient pincées et tout son corps se voyait par moment secouer de quelques tremblements de colère qu’elle tentait de maîtriser comme elle le pouvait. Finalement, elle s’était saisie de son col et avait articulé, la voix suintante d’émotions contradictoires.

« Par contre, vous ! Vous le faites sans vergogne, Roderik ! Je ne crache pas sur votre aide. Croyez-vous seulement que ma position est facile ? Quoique je fasse, quoique je dise, tout est décrié. La preuve, que faites-vous là ? Et puis… Vous le savez que dans les guerres, un accident est vite arrivé. Imaginons un seul instant que vos armées envahissent mes terres, croyez-vous sincèrement que dans le chaos, je serais épargnée ? Au mieux, on me souillera ! Au pire, on me souillera et me tuera ! Nous savons tous deux ce que provoquent la victoire chez les hommes, ce sentiment de puissance et d’exaltation qui coule dans nos veines. Cette perte de contrôle… Que ressentez-vous, vous qui avez plus d’une fois fait la guerre, que ressentez-vous lorsque vous êtes victorieux ? »

Peut-être, savait-il désormais ce qui dérangeait les hommes chez elle ? Blanche était une femme impétueuse. Elle n'avait pas froid aux yeux. Elle était semblable à ces tornades qui dévastent tout sur leur passage lorsqu'elle était en colère. Elle était une femme qui ne pliait pas le genou si facilement. Elle était une femme passionnée.



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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMer 18 Jan 2017 - 15:45


La colère la rendait belle, terrible - et désirable. Roderik s'en rendit compte alors que la Dame du Val, heurtée dans sa susceptibilité, se répandait en reproches ; il n'écouta qu'à moitié le discours, accaparé par le charme dangereux de Blanche qui se tenait maintenant debout face à lui, fasciné par ses traits délicats qui se crispaient en une moue redoutable ; il y avait en elle une fermeté confondante, qu'il aurait voulu saisir, palper pour mieux l'étouffer, pour mieux la dompter. Ah ! Elle l'avait presque dupé, à jouer les damoiselles en détresse, lui qui était si prompt à se donner le rôle du chevalier servant ; mais elle laissait peu à peu tomber le masque, et se posait en femme insoumise, puissante et orgueilleuse - tout ce qui lui répugnait, et étonnamment, l'attirait tout à la fois. Tôt ou tard, elle aura à rentrer dans le rang, d'une manière ou d'une autre.

« Pourquoi me demander à moi ce que l'on ressent dans la victoire, Blanche ? Demandez à votre mari. Demandez-lui ce qu'il a ressenti, ce fameux jour où il égorgea des hommes dans leur lit pour les punir de leur loyauté. La guerre est sale, nous le savons bien ; mais il ne tient qu'à vous de ne pas la faire. Il ne tient qu'à vous de faire amende honorable, et votre orgueil en souffrira peut-être, mais vous seriez sauve et votre droiture, bien que tardive, serait reconnue. Entêtez-vous, persistez à faire front, et alors vous la subirez, cette guerre, je vous le garantis ; et ce que vous craignez pourrait bien se produire. Vous avez vu comment mes hommes vous regardaient ; vous savez ce qu'ils vous feraient, si je les laissais faire. » Il y avait une froide logique dans les mots du comte, un réalisme à vous faire froid dans le dos ; mais il avait compris que Blanche d'Ancenis n'était pas la petite chose frêle qu'elle avait feint d'être depuis le début de leur entrevue, et qu'il pouvait se permettre avec elle la réalité crue. « Dénoncez cette Ligue qui ne vous protège de rien », enchaîna-t-il, « demandez pardon au roi, et confinez-vous dans le Val le jour où le roi ira exercer sa justice en Velteroc. Alors vous serez sauvée. Alors la paix reviendra sur le royaume des Hommes », conclut-il finalement avec un calme désarmant.

Et comme elle se tenait encore là, devant lui, il osa poser une paume sur sa joue. Pendant un instant, il guetta le regard de la dame, et dans leur proximité il pouvait sentir son souffle ; il se demanda ce qu'elle ressentait en cet instant. Obstination, résignation ? Rancœur ? Haine ? Peut-être un peu de tout cela à la fois. Lui-même était troublé ; la frustration de ces derniers jours aidant, il s'étourdit dans cet instant d'abandon, et chavira.

« Je suis prêt à parler en votre faveur, Blanche », murmura-t-il, et il se sentit brusquement emporter par une vague de désir, car il était marié à une femme qui ne l'aimait point, car la femme qu'il aimait venait d'en épouser un autre, et que Blanche était là, belle et farouche, et qu'il devinait sous la couverture dont elle s'était enveloppée sa silhouette plantureuse, si proche, si vulnérable... « je ne veux que votre bouche, pour prix de ce que fera la mienne », dit-il. Et, peu soucieux de ce que ses propos sonnassent comme un indécent arrangement commercial, il inclina la tête pour baiser ses lèvres et entourer le corps de la belle de ses puissants bras.

Il était, lui aussi, un homme passionné.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeSam 21 Jan 2017 - 20:34



Lequel des deux écoutaient le mieux l’autre ?

La question du comte la heurta. Il put saisir dans ce regard surpris un effort de réflexion.  Il pouvait caresser ce trouble qu’il avait insinué en elle. Les billes cérulées fixèrent à présent le sol tandis qu’elle donnait du mou à sa prise. Que ressentait Nimmio après chaque victoire ? Dans un premier temps, elle lui aurait sifflé avec dédain qu’elle n’en savait rien. Elle n’avait jamais été là lors de ses triomphes. Elle ne pouvait mesurer toute l’autosatisfaction que lui procuraient ses conquêtes. Puis l’image frappante que lui dépeint avec brusquerie l’arétan la révolta. Ces gens-là aimaient dramatiser leur défaite car si Arétria n’avait pas forcément été parti pris – mise à part le fait que Sainte-Berthilde était leur suzerain – ses armées n’avaient pas souffert de l’attaque. Oh oui, Roderik avait certainement l’orgueil de cette défaite. Tout le monde l’avait au-delà du fait que le Veltérien était félon. Nimmio n’était déjà pas très populaire et la plupart du temps, il était même raillé vis-à-vis de sa différence physique. Il avait le corps malingre. Il était manchot. Il était albinos. Sa seule existence enlaidissait le tableau des nobles péninsulaires. Comment cette engeance dissemblable pouvait à la fois être victorieux et être marié à la Dame du Val ? Il n’était sans doute que trop chanceux. Une chance qu’on devait désormais exterminer au nom du Roi. Il ne méritait pas de vivre.

A contrario, l’opposition avait elle aussi ses torts au même titre que le démon-blanc. Mais... Blanche se remémora cette fois où le Serpent Opalin avait désavoué le fruit de ses entrailles. Cette seule pensée fit frémir sa chair qui s’hérissa sous son ire. Nimmio avait voulu devenir roi alors elle s’interrogea… Et si… Ils avaient raison d’une certaine façon. Le doute s’écoulait désormais dans ses veines tandis que ses pupilles se dilataient. Ses mains relâchaient le comte et remontèrent lentement jusqu’à venir couvrir cette bouche s’écarquillant.

Les derniers mots de sa longue tirade faisaient écho en une âpre menace. Ses yeux s’embuèrent. Elle ne voulait pas souffrir. Pas encore. Elle ne désirait pas finir comme Astrid, mort ou pire encore. Elle rejetait d’emblée le destin de ces pauvres femmes, victimes collatérales des affres de la guerre. Elle se tuerait bien avant que tout cela n’arrive !

Les yeux étincelants s’ancrèrent à nouveau dans ceux du malelandois osant ce geste tendre. Ainsi son regard se durcit brusquement balayant d’un revers la fugace fragilité dont elle avait fait preuve. Si Blanche était une femme forte et téméraire, il existait aussi chez elle un curieux paradoxe, celle de cette dame atrocement labile.

L’Ancenoise ne saisit pas tout de suite les paroles du comte dont elle vit la bouche se rapprocher bien trop vite. Au même moment, ses bras avaient ceinturé sa taille et la couverture avait échoué contre le lit. Il s’était accaparé ses hanches et son buste s’était heurté à ce torse musclé qu’elle devinait sous son pourpoint. Par réflexe, ses lèvres avaient épousé les siennes et s’étaient abandonnées l’ombre d’un instant à cette tentation charnelle dont elle n’avait plus gouté depuis bien des ennéades. Ces moments, Blanche avait feint l’indifférence pourtant être chérie par la musculature puissante d’un bellâtre lui manquait terriblement. Son corps avait répondu instinctivement à la suppliante demande d’attention dont elle était victime. A fort peu affectionner vos femmes, vous, les hommes, vous le payerez tôt ou tard. C’était là une faute de plus commise par Nimmio et sans doute, s’en mordra-t-il les doigts une fois le Royaume de Tari foulé.

Lorsque Roderik se recula – si jamais, il le fit – la Dame du Val cligna plusieurs fois des yeux. Que s’était-il passé ? Elle avait du mal à réaliser. Elle était troublée, déboussolée. Elle venait de fauter ! Elle s’en voulait déjà terriblement. On aimait la vêtir de cette réputation de catin et elle venait ici de lui donner raison. Elle avait déjà failli avec Arichis bien que personne n’était au courant et elle emporterait ce secret dans sa tombe… un de plus. Pantoise, elle demeurait désormais inerte. Elle s’était raidie et sa respiration s’était tue. Elle n’osait pas même respirer. Elle se mura donc dans le silence en attente d’un quelconque jugement – divin ou non –.



HRPJet de dés :



  • Il l’embrasse et elle le repousse en s’indignant 0 à 16
  • Il l’embrasse et elle le repousse mollement avant de céder par faiblesse 17 à 33
  • Il l’embrasse et elle lui rend son baiser, troublée et perdue puis bouge plus 34 à 49
  • Il l’embrasse et elle le gifle par réflexe 50 à 66
  • Il l’embrasse et elle ne bouge pas et reste anesthésiée 67 à 84
  • Il l’embrasse et elle lui rend son baiser avant de se laisser aller contre lui [AKA GROS FRENCH KISS GLUANT DE LA MORT]. 85 à 100



Résultat : 43




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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMar 24 Jan 2017 - 18:01


Lorsqu'il s'arracha de lui-même à leur étreinte, Roderik observa longuement la Dame du Val ; immobile, elle lui rendait son regard, le visage fermé dans une expression indéchiffrable. Roderik s'était attendu à la voir s'offusquer ; sa petite incartade aurait pu lui coûter fort cher si la baronne avait appelé sa Garde d'Obsidienne à la rescousse, et dans toute la bâtisse on se serait joyeusement étripé entre arétans et hautvalois. Mais sur le moment, il n'en avait cure ; il était à la fois soulagé et surpris qu'elle ne l'ait pas repoussé lorsqu'il s'était imposé à elle.
Pourtant, elle ne s'offrait guère. Le visage fermé, la mise dépenaillée mais le front haut, elle lui faisait face et l'observait sans ciller. Le comte ressentait encore le goût des lèvres de Blanche contre les siennes, il éprouvait encore leur contact froid, stoïque, et la manière dont elle s'était figée lorsqu'il avait serré son corps contre le sien... elle ne l'avait point repoussé, mais elle ne s'était pas pour autant abandonnée à lui. Roderik devinait entre eux la barrière morale de l'adultère ; n'était-il pas, comme elle, engagé devant les dieux ? N'avait-il pas, en échange d'un comté, lié son destin à celui d'une femme, ne s'était-il pas voué corps et âme à une union pourtant dépourvue d'amour ? Mais il n'était pas plus question d'amour en cet instant ; il lui suffisait de regarder Blanche pour savoir qu'il la voulait, et sentir monter en lui la douce pression que suscitait la tentation de l'interdit. Empêtré dans un enchevêtrement de frustrations à la fois politiques et personnelles, miné par la jalousie mortelle qui lui rongeait le coeur depuis qu'il avait vu Maélyne de Lourmel épouser Guillaume de Clairssac, il sentait s'amenuiser dangereusement la foi qu'il avait toujours observée dans ses préceptes moraux, jusqu'à vouloir piétiner ses principes et jouir enfin de la vie, savourer le fait d'être vivant et d'être un homme, embrasser et baiser littéralement les plaisirs de l'existence. C'était un élan bestial, un besoin viscéral que de la prendre et de la dominer, de faire fi de leurs antagonismes, du protocole et de toutes ces raisons qui devaient faire d'eux des ennemis mortels ; il voulait balayer tout cela l'espace d'une nuit et, qu'alors, ils ne soient plus l'un pour l'autre qu'un homme et une femme.

D'un geste à la fois doux et ferme, il releva le menton de Blanche et contempla ses yeux irisés sans mot dire, lui caressant la joue alors que dansait sur elle l'ombre tremblotante d'une bougie dont la flamme vacillait doucement, laissant la pièce dans une semi-pénombre. La respiration profonde du comte trahissait son désir, s'il était encore besoin. Il ouvrit la bouche comme pour parler, hésita un instant, pensa qu'ils ne devraient pas faire cela, puis se contenta de ne rien dire, car rien n'avait besoin d'être dit.
Puis il s'empara à nouveau de sa bouche, avec cette énergie folle qui mêlait le désespoir, la colère et la passion charnelle. Il la sentait toujours réticente, mais cela ne l'arrêta pas ; et alors qu'il l'enlaçait avec une ardeur nouvelle, et que sa chaleur imprégnait le corps froid et raide de la baronne, il résolut de lui montrer ce que c'était qu'un homme, un vrai ; considérant le silence de Blanche comme un consentement tacite, il n'hésita plus guère à se montrer entreprenant et la jeta littéralement sur le lit, pour l'y rejoindre après avoir ôté son pourpoint.

Ce soir, il envahissait Hautval.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeVen 3 Fév 2017 - 18:03

Ce regard-là la marquerait sans doute à jamais et éveilla en son sein des sentiments qu’elle croyait éteints. Dans les yeux du comte dansaient les lueurs charnelles d’un désir si grand qu’elle se sentit submergée. Dire que cela la répugnait serait mentir. Elle se sentit soulagée d’être toujours désirable. Encore fallait-il qu’il découvre ces abjectes stigmates tatouant son échine. Si le veltérien ne la désirait plus, ce n’était donc pas de son fait. Cependant derrière cet apaisement, Roderik soulevait un instinct tout aussi primaire qu’était la peur. Ce n’était qu’une question de secondes avant qu’il ne fonde tel un loup vorace sur la biche qu’elle était.

Lorsqu’il redressa son menton, Blanche inspira profondément alors que lentement un frisson parcourait tout son corps, hérissant sa chair en l’attente de cette sentence imminente. Son cœur s’accéléra, tambourinant comme jamais dans sa poitrine ce qui lui provoqua un vertige.
Et alors, il vint.

Sa bouche s’accapara la sienne. Il goûtait une nouvelle fois ses lèvres aussi douce que la caresse de la soie malgré l’apparente froideur qu’incarnait la Dame. Bien que réticente, elle n’était pas comme ces demoiselles rougissantes dont la timidité apparente était un leurre qui renfermait bien souvent des ardeurs de grosses chaudasses. Elle ne savait si c’était par désespoir, formalisme ou réel appétit mais cette étreinte, elle la poursuivit. La fougue du bellâtre fut rejointe par celle de l’ancenoise qui vint mordiller la lippe inférieure du comte. Ses mains se cramponnaient vivement à ses poignets, qu’elle dut bien vite lâcher tant il se montra téméraire. La « violence » de ses actes avait ce quelque chose d’excitant qui faisait rugir en elle une appétence brulante qui littéralement lui montait à la tête.

Débarrassé de son pourpoint – et certainement en camise –, la silhouette de Roderik ne tardait pas à investir la couche. Il la surplombait, l’assujettissant de ce seul fait. Les bras de la Dame enlacèrent bientôt son cou, l’attirant davantage à elle afin de baiser une fois de plus ces lèvres gourmandes. Plus encore, sa langue s’unit à la sienne faisant fi de tous ses principes moraux. En cet instant, elle ne pensait plus. Seuls ses membres œuvraient à l’accomplissement d’un besoin à assouvir. Ses doigts ruisselèrent bientôt dans la chevelure de l’arétan qu’elle ébouriffait. Sa bouche et ses dents écumaient désormais son cou en de lascives promesses silencieuses.

Ce soir-là, Hautval courberait-il l’échine ?
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeDim 5 Fév 2017 - 0:15


Là, dans la couche, il la sentit peu à peu se faire moins réticente, plus captivée ; enfin, elle s'offrait. Oui, elle s'offrait à lui, ouvrant sa bouche à la sienne, et il sentait contre lui son souffle, sa respiration plus rapide, et son corps jusque-là inerte, indifférent, qui s'était mis à remuer délicieusement. Elle frissonnait, cela aussi il le sentait ; elle avait sans doute conscience, comme lui, de ce que tout cela n'avait aucun sens, mais elle le voulait. Elle me veut, répéta Roderik dans sa tête, alors que sa langue se mêlait délicieusement à celle de la Dame du Val, et qu'ils échangeaient un long baiser humide dans un concert de bruits de succion. Cette étreinte buccale éveilla chez le comte d'Arétria une trique monumentale. Elle me veut, elle me veut, se répéta-t-il, et, Néera lui pardonne, mais lui aussi il la voulait ! Le sang s'était mis à lui battre aux tempes, et sa gorge était aussi desséchée que les sables d'Estrévent. Il embrassa la bouche de Blanche avec l'énergie du désespoir, comme s'il en allait de sa survie, et ses mains se mirent à caresser, à travers le tissu de la camise, les courbes lascives de ses hanches, de ses seins dont il voulait goûter la rondeur et l'opulence ; mais là où la fine camise n'étendait pas son voile de pudeur, le corps de la baronne était couvert de ces curieux bandages blancs qu'il avait remarqués un peu plus tôt sur ses mains. Il voulut d'abord les arracher sans ménagement pour pouvoir la dénuder au plus vite, mais se fit violence pour ne pas simplement ignorer le problème ; et si elle avait attrapé un mal quelconque, une saloperie qu'elle pouvait lui refiler ? Il frissonna, un peu embêté, mais il éprouvait toujours cette envie sauvage de la besogner, aussi décida-t-il de tirer ça au clair ; le souffle court, entre deux baisers, il vint se glisser dans le cou de Blanche et, à moitié enfoui sous ses épais cheveux noirs, murmura, hors d'haleine :

« C'est quoi ça ? »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeDim 2 Avr 2017 - 13:10

HRP:


Lentement, ses doigts ondulèrent sur le torse du Comte. Les phalanges retraçèrent en de caresses somptueuses ses pectoraux. Elle vint bien vite sous sa camise pour avoir ce contact si particulier de sa peau. Là, elle ruissela encore et rencontra certainement les marques de quelques cicatrices, souvenir de guerres ou de combats… Qu’importe. Son bassin se cambra sous la pression de ses mains puissances et sa respiration s’accéléra à mesure qu’il s'aventurait sur des zones plus sensible. Tendue à l’extrême, ses paumes n'eurent cessé de dégringoler le long de son corps pour venir caresser l’objet premier de sa luxure. Et alors qu’elle avait glissé ses mains entre son pantalon et son pubis vint la question. Les yeux alors clos se rouvrirent et elle s’interrompit.
Ah oui « ça ». Que dire ? C’est vrai que pour ce conservateur en chef des traditions et superstitieux jusqu’à la moelle, ce serait difficile d’expliquer la vraie raison.


« Hm… »

Attrapant les épaules de Roderik, elle redressa son buste – et le sien –, ses jambes s’étaient enroulées tels de ses serpents autours de ses hanches sans lui laisser une possibilité de retraite. Elle entreprit de se délester de ses bandages autour de l’un de ses bras. Sa peau était blanche comme la porcelaine ce qui allait à merveille avec son épaisse crinière d’un noir corbeau et ses lèvres rosées. Il put découvrir lesdites marques, de petites stries couleur encre parsemant ce grain de peau qui ôtait sa superbe à son grain de peau.

« Ceci est le fait de la sorcellerie... une malédiction d'un mage... vous savez comment ils sont... Je n’ai pas la peste ou quelconque autre mal… cela disparaît petit à petit avec les bienfaits d’herbes médicinales… »

Ses billes cérulées s’étaient alors ancrées dans celles de Roderik afin de mesurer l’effet que ces choses auraient sur lui. Elle se mordit la lèvre inférieure, furieuse et angoissée à la fois. Et s’il la rejetait ? Et si…

« Me…trouvez-vous repoussante ? » dit-elle avec une grimace alors qu’elle se cachait d’une main la moitié de son minois.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeMar 4 Avr 2017 - 19:51

Sorcellerie. Le mot résonna dans l'esprit embrumé de Roderik, et il sentit un frisson lui parcourir l'échine. Entre sa conscience qui lui chuchotait que c'était mal et immoral, et le désir enflammé qui le tenaillait, il avait peur ; peur de se compromettre non plus seulement dans l'adultère, mais de se mêler aux forces obscures dont il savait si peu et craignait tant. Mais il était prisonnier de l'étreinte de la Dame du Val ; elle avait enroulé ses jambes autour de lui, remuant joliment son beau corps contre le sien, toute à la fois provocante, lascive et délicieusement vulnérable ; il était prisonnier mais, parce qu'il se savait pris en piège, il se sentait incapable de résister, comme si un charme ensorceleur l'avait privé de toute volonté.

Mais pourquoi devrait-il s'en faire, après tout ? Il n'avait finalement même pas à se sentir coupable. Parce qu'elle l'avait envoûté au moyen de quelque mauvais sort, il n'avait eu d'autre choix que de s'abandonner à elle. Et si elle n'avait point employé sa magie pour le convaincre, elle n'aurait jamais pu le pousser à la faute, n'est-ce pas ? Il était sauvé ! Parce qu'il était victime d'un mauvais sort, il n'avait pas à se sentir coupable ; il ne commettait sciemment aucune faute. Fort de ce prétexte moralement satisfaisant, il l'aida à se défaire de ses bandages et, tâchant d'ignorer les sombres marques qui ornaient le corps pâle de Blanche, lui chuchota :

« Il faudrait être aveugle pour vous trouver repoussante. Enfin... non, pas aveugle. Un aveugle ne verrait rien. Disons plutôt bigleux. Ou sodomite. »

Poursuivant sur cet élan de romantisme, il prit la main de Blanche qui cachait à demi son visage et entrelaça ses doigts dans les siens. Puis il entreprit, avec moult précaution, de lui ôter sa fine camise en passant le vêtement par-delà ses épaules. Il avala sa salive, sentant le feu lui prendre aux joues lorsque se dévoilèrent à lui ces courbes insolentes, et cette poitrine ronde, arrogante et délicate, que tentaient pudiquement de couvrir de longs et fins cheveux noirs. Du coin de l’œil, son regard s'attarda sur les cuisses de Blanche, resserrées de telle sorte qu'elles dissimulaient l'ombre de sa féminité. Et Roderik songea que s'il devait mourir entre elles, cela ne serait pas si mal.
Ses dernières réticences morales cédaient à mesure qu'il sentait s'épanouir sa virilité. Et d'un geste souple, il invita la Dame à s'allonger sur le lit, et se défit lui-même de son dernier habit.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeSam 8 Avr 2017 - 18:00


Si cela lui donnait bonne conscience qu’il en soit ainsi. Cela lui donnait peut-être l’illusion de se prémunir contre cet abject caractéristique qu’est la : faiblesse. Oui, il l’était. Nullement ensorcelé, juste un homme pris par ses passions… dévorantes ? Cependant, il pouvait se rassurer, il n’était pas seul. Blanche l’était aussi. Mais était-ce foncièrement mal ? Non. Qui y’a-t-il de mal dans le fait de profiter de sa vie ? Ils n’avaient pas la longévité des daedhels. A tout moment, ils pouvaient mourir d’une guerre, d’un assassinat. Il fallait savoir profiter. Qui sait d’ici la nouvelle année, la Dame du Val ne serait plus de ce monde. Pour sa part, elle n’avait plus aucun regret à proprement parlé. L’immoralité de l’acte n’était rien face à ses pêchers et écarter ses cuisses pour sauver des vies plus tard gardait sa conscience tranquille. Tout n’était pas calculé. Elle en avait aussi envie, évidemment ! Se sentir désirable par un homme aussi viril, chevaleresque que Roderik était un merveilleux compliment. Inconsciemment, son orgueil était aussi satisfait : détourner du droit chemin un homme si « vertueux » était grisant. Et puis qu’on se le dise, cela a plus de gueule que de coucher avec un manchot albinos.

D’une chasteté hypocrite, la Dame, une fois dénudée, crispait ses cuisses l’une à l’autre, laissant un bras venir masquer avec une candeur toute calculée sa fleur, prête à être cueillie. De ce même élan, l’un de ses seins, lourds et ronds aimés par les hommes, étaient pudiquement dissimulé. Le reste de sa chevelure cascadant jusqu’aux creux de ses reins se chargeaient d’offrir cette vision idyllique. Les perles bleutées vinrent à la rencontre de leur homologue alors que le comte entrelaçait ses doigts aux siens. Elle lui sourit, un sourire charmeur et attendrissant. Elle avait ri à sa blague ce qui avait fait tressauter sa poitrine d’une manière alléchante. L’aidant à se défaire du son dernier voile de pudeur, Blanche fit preuve d’une certaine initiative. Sa main vint sensuellement caresser l’âtre de son désir afin qu’il s’embrase définitivement. Après un dernier baiser, sa silhouette chut. Avec lenteur, elle écarta ses cuisses. En son sein, une certaine appétence grondait. L’impatience engendrée par l’appel du stupre accélérait sa respiration fiévreuse alors que sa peau brûlait d’envie.
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeJeu 13 Avr 2017 - 0:11


D'abord ce fut l'euphorie.
Il ne s'était arraché à la contemplation de la plénitude de ses courbes lascives que pour mieux étreindre à pleins bras le corps qui lui était offert ; le souffle haletant, le cœur battant à tout rompre, il étreignit Blanche comme s'il craignait de la voir lui échapper à tout instant. Ses mains éprouvèrent avec fermeté la rondeur de ses seins, sa bouche s'empara rageusement de la sienne, et tandis qu'il la cherchait, il sentait avec acuité le contact de ses cuisses, ouvertes dans une attitude provocante qui mêlait la soumission et le défi. Elle était brûlante comme l'été, et sa chaleur irradiait son corps tout entier. Il la voulait tant que peu lui challait, désormais, de se compromettre avec elle ; n'était-il pas déjà trop tard ?

Alors survint la tempête ; il la pénétra facilement, tant et si bien qu'il en oublia tout le reste, et s'abandonna à la douce tentation du vice. Peu importait la guerre ; peu importaient les intrigues berthildoises et sa confrontation prochaine avec l'Effroyable ; peu importaient les femmes qu'il aimait, qu'il avait aimées ou qu'il aurait dû aimer ; peu importait le douloureux souvenir du fils qu'il avait perdu ; peu importait la mémoire de son père, peu importait tout ce qu'il avait manqué ; peu importaient toutes ces choses, tant qu'elle était là, elle, et que le monde pouvait se réduire à leurs deux corps entremêlés, à sa bouche charnue, à ses seins, à sa chevelure qui cascadait le long de ses épaules nues. Que Tyra l'emporte, tant qu'il pouvait aller au bout des choses ; il allait montrer à la baronne de Hautval ce que c'était qu'un homme, un vrai.

« Dites mon nom », gronda-t-il d'une voix excessivement rauque, alors qu'il se redressait et lui soulevait les jambes, les plaçant au niveau de ses épaules pour s'insinuer plus avant en elle. « Dites-le. Dites-le. »
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MessageSujet: Re: Du fumier naît la rose | Rodichou   Du fumier naît la rose | Rodichou I_icon_minitimeDim 23 Avr 2017 - 17:43


Que lui inspirait-il ? La surprise d’abord.

Ses bras puissants assujettirent sa frêle silhouette comme si elle n’était autre que le plus précieux des trésors. Ce simple fait sema en elle un trouble si grand qu’elle se paralysa. Les lèvres entrouvertes, ses grands yeux mirèrent Roderik à la fougue ravageuse. Bientôt son expression ne fut qu’un vague souvenir puisque sa bouche toute entière prit possession de la sienne ce qui lui redonna un second souffle. Ses paupières se fermèrent et elle se livra en d’ardents baisers plus goulus les uns que les autres. Sa langue s’entortillait autours de la sienne dans une danse plus qu’indécente, imprégnant les alentours de ce bruit dérangeant de succion. S’il dorlotait sa lourde poitrine, il ne fut pas en reste. Ses propres doigts fourmillaient en de tendres caresses, traçant la musculature de son dos. Ses ongles allaient et venaient le long de ses flancs.

L’empressement du Comte fit qu’il ne perdit pas de temps à s’insinuer en elle. Elle put sentir toute l’ardeur braver ses chairs ce qui lui arracha un petit grognement plaintif. Malgré ses nombreuses grossesses, l’Ensorceleuse demeurait diablement étroite. Et puis qu’on se le dise, ce recoin de son anatomie était si peu sollicité qu’il oubliait bien vite ce genre de passage tempétueux.

Elle s’était raidie un instant, le temps qu’il se calle confortablement entre ses cuisses. Et là, elle se détendit. Les paupières se rouvrirent sur les deux perles d’un bleu si pénétrant. Alors qu’il se redressait, il put déceler ce regard dérangeant. Un sourire en coin enjolivait ses lèvres pour lesquelles il se serait damné. Ses pupilles se fendirent à sa demande, signe de son étonnement. Ainsi ce sourire sournois fit place à l’expression d’une candeur indécente. Ramenant « innocemment » ses bras contre sa poitrine, il lui arracha un nouveau couinement lorsqu’il s’immisça plus profondément encore. Blanche fut d’abord hésitante face à cette requête qui se mua en une injonction autoritaire. Masquant ses lèvres d’une main, elle souffla un faible.


« Ro…Roderik… »

Peu audible, sans doute n’était-il pas satisfait puisqu’il se retirait pour asséner un nouveau coup de rein plus puissant, ébranlant ses généreux seins. Ceci lui arracha un nouveau soupire et elle se tortilla en grondant plus fort.

« Comte Roderik ! »
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