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 Pour une nouvelle génération | Solo

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Krish Al'Serat
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Krish Al'Serat


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MessageSujet: Pour une nouvelle génération | Solo   Pour une nouvelle génération | Solo I_icon_minitimeMer 24 Aoû 2016 - 11:34


6e ennéade de Karfias en l'an 9 du XIe Cycle
tout juste revenue du front elfico-dow
après avoir proposé à Halan d'habiter chez elle

Lorsque son pied toucha l'herbe de l'immense jardin qui entourait son cher Palais, Krish se sentit... étonnamment heureuse de retrouver son domaine... Même si ce n'était pas encore au point d’apprécier le soleil. Accompagné d' Eshk'Oroth et du mage du C'nros, elle enleva elle-même la bride de Tril, lui donna une friandise, évita une morsure de l'étalon, lui frappa l'épaule en signe de remontrance et s'éclipsa vers l'ombre bienfaisante de l'intérieur du Palais. La porte à peine passée, une douce fraîcheur s’abattit sur la peau d'encre de la drow... Qui loucha sur ses bras avec un œil critique. Elle avait encore l'impression d'avoir grisaillé. Enfin... Au moins, elle était de retour à l'abrit et elle comptait bien dormir... hmmm... une bonne centaine de jours...

« Maîtresse. »

Le visage de Wik choisit ce moment là pour surgir d'un couloir et se plier en deux... et merde...

« J'espère que votre voyage s'est bien passé.
-Long et fatigant mais j'y survivrai, comme toujours. »

Elle allait repartir vers les entrailles souterraines de sa demeure... Mais il semblait avoir encore envie de lui tenir la jambe à ses risques et périls.

« Wydrin est partie réglée une affaire au près de l'un des membres de la corporation.
-Très bien. Merci. Maintenant, considère que je suis en train d'hiberner. »

Trois pas.

« Maîtresse...
-Wik... Tu es gentil mais empêche moi d'aller prendre un bain encore une fois et je te jure c'est toi qui me servira de repas ce soir.
-Je suis heureux de vous voir de retour, Maîtresse. »

Elle fronça les sourcils face à l'infime sourire de son esclave détesté... Et décida qu'elle avait autre chose à faire que de se poser des questions inutiles pour l'instant.

« Soit utile et fait prévenir Ekmir de mon retour. Dit lui qu'elle est la bienvenue dès qu'elle le souhaite.
-Bien Maîtresse. »




Trois coups retentirent à la porte des appartements de la Forgeronne. Après un bref accord qui ressemblait plus à un feulement qu'autre chose, Wik glissa un dernier regard vers l'invité qu'il escortait, lui intima de rester là où elle était avant de décidé de se glisser à l'intérieur malgré l'humeur massacrante de sa Maîtresse. De toute façon, il était trop heureux pour que la terreur prenne le dessus... Même si son visage restait froid et distant, comme il le devait pour contenter Krish.

A l'intérieur, l'air était bien moins enfumé que ce à quoi il s'attendait. Allongé à plat ventre sur un amoncellement démesuré de coussins, le dos labouré par les main d'un gaillard blanc comme un linge, elle ne sembla pas accorder la moindre importance à celui qui venait d'entrer. La mâchoire de Wik se serra légèrement alors qu'il tentait de défaire son regard des courbes qui étaient dévoilées devant lui. Ce n'était rien par rapport a ce qu'il avait déjà vu, mais c'était plus que suffisant pour que le reste lui revienne... Surtout après près d'un mois sans la voir. Le Palais avait été bien calme...

-Elle est là, Maîtresse.

Cette fois, ce fut comme un diablotin sortit de sa boite. Les yeux de sang de la drow se posèrent un instant sur ceux de son Intendant, le faisant imperceptiblement frissonner. Elle avait attraper sa tunique dans le mouvement qu'elle avait fait pour se relever.

-Ne la fait pas attendre. Qu'elle entre !

Sans un mot pour le ton rude de sa Maîtresse, Wik baissa les yeux s'inclina solennellement et disparut pour laisser passer une grande femme encapuchonnée de noir. L'apparition ne se formalisa pas de l'atmosphère encensée, de la coiffure plus qu'approximative de Krish ni du champ de bataille de pouf et de cousin qui tonnaient sur le sol. Elle avança tout simplement, le sourire au lèvre en découvrant celle qu'elle était venue voir. Les bras de Krish se refermèrent sur elle en une brève accolade.

- Ekmir, je suis heureuse de voir que tu te porte bien !

- Moi de même Krish. Cela faisait longtemps…

La nouvelle venue lui rendit son étreinte avec un rire narquois puis elle s'éloignèrent d'un pas, s'examinant l'une l'autre avec autant de minutie que si elles avaient voulu acheter une esclave de premier ordre.

- Tu exagères, cinq ou six ans à peine.
- Si peu ?
- J'apprécie ta compagnie que veux-tu… acheva Krish sur un sourire amusé que lui rendit volontiers son vis à vis.

D'un bras, la forgeronne invita sa très chère amie à s'installer comme elle l'entendait sur les monceaux de coussins qui formaient un cercle plus ou moins patatoïde autour d'une pipe à eau de fort belle facture (et de fort belle taille). Ekmir nota la présence d'une femme hybride mais ne dit rien. Les fréquentation de son hôtesse avaient toujours été douteuses, ce n'était pas maintenant qu'elle avait dépasser le Cycle d’existence qu'elle allait changer. Son armement visible laissait cependant supposer qu'elle n'était pas là que pour faire joli... quoi qu'elle soit déjà un bel élément de décor.

Longeant presque les murs, plusieurs jeunes gens à la peau noire ou grise se tenaient debout ou s’affairaient le plus silencieusement possible. Un homme âgé tiraient une mélodie en sourdine sur une cithare sol'dornienne. Un geste de la forgeronne et une jeune femme apporta un plateau sur lequel trônaient diverses bouteilles de toutes les formes et de toutes les couleurs.

Ekmir huma quelques flasque avec un sourire expert. Certaines choses ne changeaient pas... et c'était tant mieux.

- Amande, cannelle et sang-mêlé, comme tu l'aimes.
- Merci. Il n'y a presque que chez toi qu'on peut trouver une liqueur eldéenne buvable…
- Importation directe. C'est ça le secret.

Les deux femmes s'installèrent côte à côte avec un soupire de soulagement synchrone qui ne fit qu'augmenter leur sourire de connivence. Les deux femmes s'inspectèrent une nouvelle fois des pieds à la tête. Facile pour Krish de deviner la cause de ce soulagement étant donné le ventre globuleux de son invitée mais il fallait un peu plus d'expertise pour remarquer les formes naissantes de la forgeronne. Expertise qu'Ekmir avait à ne plus savoir quoi en faire.

L'esclave avait servit le breuvage épais. Après avoir bu une première gorgée, les deux femme échangèrent leur verre pour boire une seconde gorgée selon la tradition avant de se ré-échanger les contenants. Un rituel anti-empoisonnement qu'elles pratiquaient toute deux sans même y penser.

Dé-li-cieux. La mystérieuse invitée reposa son verre avec un soupire de contentement parfaitement imité par la forgeronne. Sa peau, grise à l'origine, avait été soigneusement poudrée pour que seules les signes cabalistiques de son culte ressortent sur son visage, si bien qu'on aurait put la prendre pour une créature à moitié morte, mais sa tenue fendue sur l'avant laissait fièrement apparaître un ventre bombé en plus d'une poitrine opulente.

Sans prêter attention aux protestations de son dos, la prêtresse reposa son verre et se cala plus confortablement dans la montagne de coussin.

-Bien. Mon petit doigt me dis que je ne suis pas là que pour prendre un verre aujourd'hui.

-Tu as trouvée ça toute seule ?
-On fait plus discret comme vêtement de grossesse, tu sais ?
-Parle pour toi ! Ricana la forgeronne en posant une main  sur la tunique ample qu'elle portait pour ne pas comprimer sa douloureuse poitrine.

La dénommée Ekmir ne sembla pas s'en formaliser le moins du monde et parti même d'un franc rire.

-Alors ? C'est pour quand ?
-Entre Verimios et Karifas. Après je ne suis pas vraiment sûre…
-Oh je vois… laissa-t-elle tomber d'une vois sibylline.

Elle se redressa sur son trône de satin et se pencha vers Krish. Ses yeux rouges si sombres qu'ils en paraissaient noirs scrutaient la drow avait intérêt... un intérêt amusé. La dernière fois qu'elles s'étaient vue dans de telles circonstances, le défit avait été à la hauteur de ses connaissances. Elle scruta chaque détail de l'anatomie de la maîtresse des lieux avant de susurrer.

-Tu vas encore me demander l'impossible…  Humain ? Drow ? Un peu des deux ?

-Humain, drow, Wik ou elfe.
-Mazète ! Elfe ! Madame se paie des esclaves de grand luxe.
-Même pas. Enfin, maintenant j'ai deux elfes ramené de la campagne en Anaëh. Deux survivant d'une Cité appelée Erazon il me semble. Mais je te parle d'un sauvageon, un vrai. Autrement plus intéressant qu'un esclave ou qu'un négociant d'ici, tu peux me croire.
-Peuh ! Tu sais ce qu'on dit sur cette engeance. A baiser une fois par Cycle, m'étonnerait qu'il soit particulièrement intéressant...
-Pense ce que tu veux, traînée.
-C'est tout toi ça, Krish. Toujours dans des affaires étranges.

Déjà à sec, Ekmir se resservit un verre sans même relever l'insulte. Après tout pourquoi s'insurger d'une provocation aussi prévisible ? … Et passé outre lui permettait en plus d'agacer son hôte, elle le savait pertinemment. Aussi, elle prit le temps de soigner chacun des geste nécessaire à la dégustation d'un bon verre.

-Enfin... ça ne règle pas notre problème et tu le sais… Qu'attends-tu de moi ? Je ne peux pas faire d'identification sur commande.
-Je ne veux pas de nom, je veux une fois de plus tes soins experts. Ne te fais pas moins puissante que tu ne l'est Grande-Prêtresse. Et si tout ne se passe pas comme prévu, un sacrifie pourra toujours avoir lieu. Qu'en dis-tu ?

Les yeux de Krsh étaient d'un rare sérieux. Le genre de regard qu'Ekmir n'avait vu qu'une ou deux fois mais qui ne l'avaient jamais déçu. Elle leva un sourcil intrigué. Jamais elle n'avait minaudé comme ça pour aucune de ses grossesse... Plus les secondes passaient, plus elle était convaincue qu'il y avait baleine sous gravier.

Alors autant en profiter... Elle prit le temps de la réflexion, prenant une gorgée, échangeant un regard avec la demi-sang en armure qui restait là, silencieuse. Elle minaudait comme un dogue amoureux, se laissant désirée jusqu'à ce que Krish craque.

-J'ai toujours été bonne joueuse avec toi non ? Pas de problème, quelques sacrifices de valeur. Tu es la meilleure, je te connais. Allez, un peu de cœur Ekmir.
-Tu va me faire rougir…

Le regard de la prêtresse en demandait d'avantage. Mais le sourire de chat de la forgeronne se tordit en un rictus moins doucereux.

-Ne pousse pas ta chance trop loin.
-Très bien, très bien. J'accepte. Répondit-elle agitant les mains en signe de capitulation. Alors commençons par le commencement. Tu comptes cherché qui est le père ?
-Dit moi si mon enfant est immortel ou non et tu en sauras plus.

Elles féraillèrent du regard... Ekmir sourit de plus belle approchant ses mains de Krish pour les poser de part et d'autre de son ventre. Elle ferma les yeux. Sentir le petit être qui se développait était tout un art. Savoir en tiré plus que quelques informations inintéressantes était un exercice de haute voltige. Sa respiration était parfaitement égale. Krish ne bougea pas d'un cil pendant toute la durée de l'opération. Un fin rictus prit sa place sur les lèvres de la prêtresse. Puis enfin, elle rouvrit les yeux.

-Tout ce qu'il y a de plus immortel.

Le visage de Krish s'illumina.

-Bonne nouvelle ?
-Tu n'as pas idée !
-Alors le père ?
-Tu penses pouvoir garder ce genre de détail pour toi, même envers tes ouailles ?
-Je t'en prie ! Tu me prend pour une commère ?
-Non ? Je sais que tu peux en être une quand tu le souhaites.
-Je jure sur la vie de ton enfant à naître et du mien que mon silence t'es tout acquis... Sinon je n'aurait plus le droit au récit de tes aventures les plus foireuses alors c'est pas comme si j'avais le choix...
-Tu parles, sur la vie du gamin que tu portes ? C'est le numéro combien ce siècle ?
-Premier. On a pas encore fini la première décennie. Tu préfères que je le jure sur ma tête ? Sur les préceptes de Natha ? Tu sais, j'en ai encore pas mal en stock.

Krish renifla bruyamment.  

-Très bien.

Oui, ça lui arrachait la gueule. Mais Krish n'avait pas vraiment le choix si elle voulait arriver à ses fins. Alors en bonne fidèle, elle soupira avant de confier ce qu'il en était à son... amie.

-Alors voilà la scène : Il n'y a que deux pères possible.
-Tu te ramolli avec l'âge...
-Et bien si tu trouve que ne pas savoir si le père de son enfant est le Maître des forges elfiques ou le Haut Prêtre Velkyn, alors oui. Je me ramollis.

Silence.

L'esprit vide, Ekmir mit bien une vingtaine de seconde avant de réussir a faire un geste.

-... Tu...
-Oui. Coupa la Maîtresse des forges.

L'homme qui décidait de la politique militaire de tout un peuple quasiment à lui seul ou...

-Le maître des forges c'est...
-C'est ça.
-Ils savent ?
-Yep.

… Les conséquences pouvaient être dévastatrices. S'il s'avérait que cet enfant était un elfe, le Haut-prêtre n'était pas connu pour sa bonté d'âme et son flegme... Mais si c'était le fils de Velkyn Xeran en personne et de cette furie...

-Par les dieux... Cet enfant...
-Oui. C'est pour ça que je te veux toi et nulle autre.
-Reprend tes orgies, cent pères potentiels sont moins complexe à gérer que ces deux là ! Ronchonna la prêtresse. Tu te retrouve toujours dans des situations impossibles.
-C'est pour ça que tu accepte toujours de rester, avoue.
-... J'avoue. Très bien, très bien ! Par Natha, j’accepte !

Dans un mouvement magistral, Ekmir souleva son verre avant de le finir cul sec. Elle devait être complètement stupide... ou d'un orgueil sans nom. Se mêler des affaires privées de Krish étit une chose, se mêler de celles du Haut-prêtre en était une autre... Mais la curiosité était trop forte. On murmurait depuis trop longtemps qu'il avait été choisi par les dieux eux-même. Et s'il avait été choisi, quitte a ne pas porter elle-même la progéniture de cet exemple parmi leur peuple, elle voulait au moins participer à sa mise au monde... Et voir ce qu'il en retournerait... Si seulement elle avait put en être la mère...

-J'ai encore une chose à te demander.
-Hm ?
-Je veux que l'enfant que je porte soit plus puissant qu'aucun fils ni qu'aucune fille d'Elda.

La voix de Krish la sortait bien malgré elle de ses pensées.

-Et bien il faudra t'en remettre aux dieux. A moins que... Non...

Non ! Elle ne pouvait pas sous entendre cela. Et pourtant le regard appuyé de la forgeronne lui disait tout autre chose.

-Tu ne me demande quand même pas ce que je crois... Tu risquerais ta vie pour cela ? Tu n'as pas gardé près de toi ne serait-ce qu'un seul de tes enfants
-Mais celui-ci sera différents. Tu le sais. Toi aussi tu le pressens...

Sans crier gare, Krish s'empara de la main de la prêtresse pour la poser sur son ventre. Peu importait l'identité finale du père, elle savait que l'un comme l'autre était béni des dieux. Elle savait que cet enfant serait spécial. C'était plus qu'une certitude : une évidence. Yeux dans les yeux avec la prêtresse de Natha qui l'avait si souvent suivit pendant des grossesses passées, elle ne pouvait pas lui transmettre ça avec des mots. Mais qu'elle accepte ou non de l'y aider, elle trouverait le moyen de mettre toutes les chances de son côté. Elle ne risquait pas sa vie. Son destin n'était pas de mourir maintenant en tentant de donner la vie. Sinon elle serait morte bien plus tôt et de façon bien différente. Alors pour être bien sûre, elle passa en mot ce qu'Ekmir avait déjà compris.

-Je veux accomplir les anciens rites de la Vrai Voie.

La prêtresse dévisagea la forgeronne. Les anciens rites... Les premiers rituels sacrés qui avaient permis à leurs ancêtres de révéler puis d'affirmer rapidement leur véritable nature d'elfe noir, la perfection de leur race. Un chemin de perfection qui commençait dès les premières heures de vie. Des histoires oubliées. Depuis que les drows étaient suffisamment nombreux et suffisamment parfait pour perpétuer leur sang, ils n'étaient plus nécessaires. Dangereux pour la mère et pour l'enfant, ils n'étaient pas assez fertile pour pouvoir se permettre ce genre de chose indéfiniment. Depuis plus de deux Cycles, seules les prêtresses de Natha ou les primas les plus ferventes les pratiquaient et il n'était pas rare que l'une d'elle ne survive pas au processus...

Ekmir en personne les avaient suivit cinq fois dans près de quatre-cents ans de prêtrise. Deux d'entre elles l'avaient laissée tellement affaiblit qu'elle n'avait pas put se lever pendant plus de deux mois. Alors qu'elle venait d'être ordonnée, elle avait vu des novices fanatiques s'y risquer avant de bien connaître les limites de leur endurance et de bien maîtriser leur corps... Elle n'oublierait certainement pas de si tôt leur état à la fin...

-Tu n'es ni une Prima, ni une prêtresse et à ce que je sache tu es tout sauf une extrémiste fanatique. Alors ne fais pas l'imbécile avec ça. Tu vas laisser ta peau pour de vieilles histoires de pureté du sang...
-J'ai peu de chance d'y passer si c'est toi qui me suis.
-Tu es folle.
-si passé son premier Cycle d’existence on ne prend pas quelques risques, on fini par s’encroûter.

Ses deux yeux brûlaient comme les flammes de sa forge. Elle n'en démordrait pas... Et Ekmir ne put s'empêcher de ressentir un certain respect pour cette décision totalement folle. Elles savaient toutes deux ce que signifiait de choix... L'une plus précisément que l'autre, certes, mais le risque était parfaitement clair. Elle se soumettait d'avance à trois mois de rituels magiques, d'interdits et d'obligations qui lui rendrait la vie difficile. Si la grossesse arrivait à terme, et qu'au moins l'enfant ou la mère y survivait, la Prêtresse voulait voir ce qu'il adviendrait... cela ajouté à sa curiosité de départ... Un pari intéressant... Une profession de foi qu'elle ne pouvait pas refuser.

-Je t'aiderai. A une condition.
-La quelle ?
-Tu respectera à la virgule près chacune de mes recommandation sans poser de question.
-C'est une évidence.
-Bon... On va avoir besoin de sacrifice sérieux si tu ne veux pas y passer par contre... Tu as un meilleur ennemis ?

Krish voulut porter le verre à ses lèvres avant de répondre mais la main intraitable d'Ekmir l'arrêta.

-Première recommandation. Dorénavant, tu ne boira que le sang d'un être que tu as tué de tes mains et tu ne mangeras que la chair du prédateur que tu auras vaincue seule. Cette nuit, tu auras le droit à ta première Initiation. Nous verrons bien si tu es digne d'aller plus loin.

-J'ai hâte !





Thaar ne désemplissait jamais. Une fois le soleil couché, les vendeurs à la sauvette faisaient place aux prostitués, les mercenaires aux assassins, les buveurs... aux buveurs. Vu du ciel, les lumières rouges et dorés devaient être magnifiques. Mais ce soir là, Krish était bien loin de l'agitation de la ville.

Assise en tailleur dans une petite pièce du temple, elle respirait à fond. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Ses poumons s'emplissaient de la substance qui s'élevait lentement du brasero. Plongée dans l'obscurité la plus totale, elle ne pensait qu'à cette respiration calme, décontractant chaque infime parcelle de sa musculature, équilibrant jusqu'au plus petit os qui tenait sa posture. La température de la pièce était si haute que de longs filets de sueurs détrempaient son dos, son front, glissaient entre ses seins. Suspendue dans un non temps, l'éternité se brisa lorsqu'un rayon de lumière perça derrière la silhouette qui venait d'ouvrir la porte.

Une voix lointaine demanda à Krish de se lever. Elle le fit. A chaque mouvement, elle sentait l'air et la fumée heurter sa peau, le tissus de sa tunique frotter sur ses côtes. Pas à pas, elle suivit l'apparition dans une succession de kaléidoscope lumineux. Le monde brumeux dans lequel elle s'enfonçait recelait des détails incroyables qu'elle notait avec la plus grande attention. Le bruit d'un pas inégale. Le reflet d'une perle d'eau sur un mur. L'ombre chamarrée de son guide.

Elles débouchèrent dans une pièce sombre dont la lumière suffisait cependant à lui faire mal aux yeux. Une atmosphère violacée, enfumée d'un encens entêtant était doucement chauffée par un immense cercle de braise. Au centre de la salle, huit cercles semblaient gravés dans le sol. Certains d'eux semblaient bouger très légèrement, d'autres rayonnaient d'une lumière étrange. Au centre, une chose oblongue était allongée.

Alors que les yeux de l'Initié s'habituaient doucement à la pénombre, elle inspira de plus belle, replongeant dans l'odeur bien plus soutenue que celle de la salle de préparation. La chemise en soie d'araignée qui couvrait sa peau était si légère qu'il lui semblait être nue, mais elle pouvait sentir précisément chaque fil et son emplacement exacte le long de son corps. La chaleur des braises s'infiltrait dans chacun des pores de sa peau. Les murmures mélodieux de quatre femmes faisaient vibrer ses tympans. Un frisson la foudroya des pieds à la tête. Ce qui se passerait ici était plus que Mystique. Elle sentait le sanctuaire vibrer d'une seule force, murmurer sourdement.

Un visage connu s'approcha depuis le centre de la salle, franchissant huit cercles tracés au sol pour venir s'emparer de des mains de la femme qui se présentait.

« Toi qui requiert la protection de Natha, toi qui te présente devant les Dieux pour leur promettre une nouvelle vie, oublie ton nom. Au sein de ce sanctuaire, tu est la mère d'une prochaine génération et une descendante d'Elda. Sache qu'Elda en personne a accomplit les rites que tu as choisi de suivre. Prend exemple sur elle car tu seras mise à l'épreuve de la même façon.
Toi qui aspire à la perfection de notre peuple, montre toi digne des enseignements de nos dieux. »


Chaque son rebondissait sur elle avant de s'enfoncer sous sa peau comme un millier d'écharde. Elle aurait voulut courir à toute jambe vers la sortie mais le regard qu'elle connaissait l'en dissuadait. Elle se souvenait encore plus ou moins... qu'elle avait choisit. Qu'elle voulait cela.

Une main la conduisit jusqu'au premier cercle. La rigole taillée dans la pierre était emplit de fines créature sinueuse aux couleurs improbables. Une voix douce demanda.

« A la vérité que répondras-tu ?
-A la vérité d’autrui, j'offrirai ma vérité. »

Comme si cela ne faisait que passer par sa bouche, elle s'était entendu répondre. Elle ne cherchait pas, de trompait pas. A cet instant précis, elle était. D'un pas, on la tira de l'autre côté des serpents. Puis ce fut le tour d'une voix éraillée.

« La vie n'est-elle que douleur ?
-L'une et l'autre sont inévitables. »

Cette fois elle passa au dessus d'une rigole remplit d'un liquide trouble. L'odeur en était acide, brûlante. Puis cela recommença, encore et encore. A chaque pas, elle franchissait un nouveau cercle, à chaque fois qu'elle posait le pied, une nouvelle question. A chaque question, une voix différente.

« Quand la maladie frappera ?
-Je rirai de ses victimes.
-Feras-tu ton devoir ?
-Je ferai mon désir.
-Que diras-tu à la guerre?
-Je ne parle qu'à la victoire.
-A la Mort ?
-Merci.
-Ton enfant ou toi ?
-Le futur. »

Elle s'immobilisa. Elle était au centre d'une foule. Une foule bruyante et bruissante. Les cercles se rapprochaient. Le sol fondait, s'enfonçant lentement sous ses pieds. Un léger bourdonnement s'éleva du cercle de silhouette noires. De plus en plus fort. Des mots. Différents. Discordants. Étranges. Mystérieux. Attirants. Intrigants.

Elle avait un couteau dans la main. La chose oblongue qu'elle avait aperçue sans s'y attarder était un corps. Une personne couchée sur le côté, les bras refermés sur ses genoux, remonté contre son buste. La position d'un enfant dans le ventre de sa mère. Peau pâle. Longs cheveux blancs. Oreilles pointues. Son corps à nu était couvert des traces que l'on trouvait habituellement sur les travailleuses de la nuit. Sa poitrine menue se soulevait légèrement.

Au centre de tout, bercée par le chant des ombres qui se tenaient en limite des braises. L’Initiée releva la tête vers son guide. Un regard rouge la foudroya. Rouge sang. Elle regarda le couteau. Immonde. Fragile. Grisâtre.

« Pour Leka, Kiel, Isten, Natha, Teiweon... » murmuraient les voix.

Elle regarda le couteau. Immonde. Fragile. Grisâtre. Avec un mouvement de dégoût, elle jeta l'arme comme si elle avait été brûlée par son contact. Les voix se turent. Elle ne s'en rendit pas compte. Son regard était de nouveau absorbé par la poitrine de la créature blafarde. Elle se levait. S'abaissait. Se levait... Elle se laissa tomber à genoux pour la voir de plus près. Sa main noire se posa sur la peau blanche. Glissa sur son épaule jusqu'à sa gorge. La deuxième l'y rejoignit. Remonta sur ses tempes. Elle s'immobilisa... Longtemps ?

Jusqu'à ce qu'apparaissent deux iris bleues comme le ciel. Limpides. Vaseuses. Ensommeillées... Terrifiées. Un cri perçant.

D'un seul mouvement, la tête de la créature tourna dans un axe étrange. Le cri s'arrêta net.

Elle contemplait son œuvre sans savoir quoi faire de plus. Doucement, une voix la guida, lui expliquant geste après geste ce qui lui restait à faire. Pressée par la voix, elle reprit le couteau. La poitrine qui se soulevait et s'abaissait n'était qu'un souvenir. A sa place : un océan de sang chaud à l'odeur cuivrée. Le cœur était encore agité de soubresauts. Élastique. Caoutchouteux. Un goût métallique. Baignée dans le son, le parfum, la sensation du liquide coulant le long de son menton, le goût de la mort d'un être dévoyé glissant dans sa gorge. La fumée lui tournait la tête. Les voix reprirent leurs incantations. Haine. Vengeance. Volonté. Espoir.

Alors que le fluide vital de l'elfe se répandait sur la pierre et la peau, les prêtres formèrent un cercle de plus. Leurs incantations devinrent plus fortes, plus rythmées, plus rapides. Elle le sentaient percer dans son crâne, dans son esprit, dans chaque fibre de son corps. Un mouvement dans son abdomen la fit sursauter. Une violente douleur la plia en deux. Les voix s'intensifiaient encore. La douleur suivait.

Elle hurla. Un moment sans fin. Puis tout disparut.




Allongée sur la rive, je regarde les nuages. Un appel. Une voix. Il est là-bas. Joueuse, j'entre dans l'eau à sa suite. Sa peau blanche me tend les bras. Ses yeux rougeoient dans l'ombre de la nuit. Son touché est de feux. Les marques des dieux l'ornent comme les plus beaux des bijoux. Un halo de flamme nous coupe du reste du monde. Son sourire change.
La douleur.
Le monde devient froid. Lourd. Je ne peux plus respirer. L'eau m'écrase. Mes vêtements m'alourdissent. Je n'ai plus qu'une pensée: remonter. Mais je ne sais plus par où aller. Le courant m'entraîne. Je glisse vers le fond. Je panique. J'ai beau battre des jambes et des bras, pas moyen de retrouver la surface.  
L'air me manque.
Je cogne quelque chose. C'est fluide et aussi froid que l'eau dans laquelle je suis tombée. Un éclat blanc attire mon regard. Ça bouge. J'essaie de me débattre pendant qu'il repasse près de moi. Le courant m'entraîne, mais la chose s'interpose. Elle s'enroule autour de moi.
Je ne bouge plus, de peur d'être couper en deux.
Elle sert. Sert. Sert. Sert...

Dans un sursaut désespérée, Krish se redresse entre ses draps. Ses poumons oppressés par le manque d'air crache un hurlement d'effroi. La pièce est lumineuse. Une ombre s'abat sur elle, la saisit par les épaules. Elle se débat, essaye de reprendre son souffle. Ses cheveux lui collent au crâne. Chacun de ses muscle cri de douleur mais elle frappe, tente de glisser en arrière pour se dégager... Jusqu'à ce que les mots de l'ombre perce la coquille du rêve.

« Tout va bien ! C'est moi Krish. Tu es en sécurité. Regarde moi. »

Les yeux de la forgeronne croisent ceux de la prêtresse... Elle la connaît. Oui. C'est ça. C'est Ekmir. Elle la connaît. A grand renfort de patience, Krish se calme peu à peu. Elle est... Elle est dans sa chambre. Dans son palais. Elle est entière... enfin elle avait bien un petit doute mais cela ne devait pas duré.

« C'est normal. Tes rêves risquent d'être très prenant pendant encore quelques jours à cause du rituel. Tu auras peut-être également des flashs de souvenirs qui referont surface. Mais tout cela sera calmé d'ici la fin de l'ennéade. Tout va bien.
-Si tu me répète tout va bien encore une fois, c'est ton cœur que je mangerai... grogna la forgeronne, la tête toujours dans les mains.

Un léger rire lui répondit.

« Ton initiation a été fabuleuse d'ailleurs. C'est la première fois que je voyais quelqu'un refuser d'utiliser une arme pour prendre la vie de l'offrande à main nue... Et encore moins attendre jusqu'à son réveil pour voir la vie quitter ses yeux. Bon, certaines de tes réponses étaient étranges, mais tu as beaucoup impressionner certaines personnes.
-Ce sont les dieux qu'il faut que j'impressionne pour l'instant...
-Je ne doute pas que ça soit le cas si tu continues à te comporter comme ça. »

Si c'était pour finir dans cet état à chaque fois... Non. Elle ne devait pas abandonner sa résolution maintenant, ce n'était que le tout début après tout. Elle s'était jurée qu'elle ne renoncerait pas et elle ne renoncerait pas.

« Quelle sera la prochaine étape ?

-Toi alors...
-Ouais moi. Et je voudrais savoir quelle est la prochaine étape.
-Tout les soirs, tu devras subir un rituel magique pour renforcer ton enfant et l'imprégner de l'essence des Dieux.
-C'est tout ?
-Attend de voir ce que ça donne avant de dire ça...
-... En attendant, j'ai faim.

Ekmir dégaina son couteau et le posa sur la couverture. Krish loucha dessus comme si elle venait de poser un énorme étron à côté d'elle.

-Je t'avais prévenu. Tout ce que tu manges, tu dois le chasser toi même. Je me suis arrangé avec un éleveur pour qu'un choix assez varié de bête avec asse de crocs de griffes et de sang dans l'estomac pour être considérés comme des prédateurs te soit livré sous peu.
-Oui... ça j'avais compris... Mais je suis obligé d'utiliser ce truc ?
-Tu veux les tuer à main nue... ?
-Non, mais je préfère utiliser une arme digne de ce nom si cela ne te gène pas...
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MessageSujet: Re: Pour une nouvelle génération | Solo   Pour une nouvelle génération | Solo I_icon_minitimeMer 31 Aoû 2016 - 1:53


8e ennéade de Karfias en l'an 9 du XIe Cycle

Enfin de retour dans sa chambre, soutenue par Ekmir et Wydrin, Krish se laisa tomber sur son lit. Les traits tirées de la forgeronnes incitaient ses deux accompagnatrices à la laisser prestement se reposer... Mais une voix brisée retint la prêtresse.

-Ekmir... d-dit moi... Comb-bien de bé... de bénédiction j'aurai en-ore à sub-ir ?

-Les autres seront moins éprouvantes. Celles de Kiel et de Kiran sont les pires et de loin.

Les deux femmes échangèrent un sourire complice.

-Tu parles vraiment n'importe comment, tu sais...

-J'ai... j'ai ff... j'ai ffff... fffffffffffff

Malgré toute l'application qu'elle semblait mettre à articuler, cette phrase ne semblait pas vouloir trouver de fin. Sans un regard pour la futur mère, Ekmir siffla deux esclave qui se tenaient dans l'ombre de la chambre pour leur demander d'amener trois couvertures de plus, ramener une bassine d'eau fraîche pour faire baisser la température au cas ou, et leur faire promettre que quoi qu'il se passe, Krish ne boirait et ne mangerait rien d'autre que du sang frais en son absence. En attendant que ses ordres soient exécutés, elle ramassa une large chemise pour l'étendre sur la fine couverture sous laquelle la maîtresse des lieux était déjà blottie.

-me-rci.
-Ne parle plus. Il faut que tu reprennes des forces. Ton corps se bat contre la maladie qu'on vient de t'inoculer. C'est normal. C'est un travail d'expert. Demain je reviendrai avec Es'lrak, le prêtre de Kiran qui présidait cette nuit. Il vérifiera ton état.

Les esclave revinrent en courant. Les trois couvertures supplémentaires furent étendues et bordées. Ainsi, Krish paraissait... misérable.

-Surveillez sa température. Si elle se remet à transpirer, appliquer des compresses d'eau froide sur son visage. Je reviendrai demain, Krish. En attendant, essaie de dormir un maximum.

Un hochement de tête frissonnant répondit à la prêtresse alors qu'elle faisait déjà demi-tour. Devant la chambre, dans le large couloir souterrain, elle fut pourtant interrompue sans vergogne par l'hybride de bleu vêtu.

-Comment va-t-elle ?
-Mal. Mais c'est normal. D'ici trois jour, la fièvre ne devrait plus être dangereuse.
-Trois jours... Et si elle ne passe pas ce délais... ?
-Ce n'est pas ton enfant, Wik. Elle te l'a dit n'est-ce pas ?

Ils s'affrontèrent du regard mais il garda le silence. Décidément, cet homme était bien étrange...

-Ce n'est ni ta femme, ni ta protégée. Elle est ta maîtresse... Et elle a du te dresser de façon incroyable pour que tu n'aspires plus à rien d'autre tout en occupant un poste aussi élevé...
-Vous l'avez dit, madame. Elle est ma Maîtresse... Et s'il lui arrive le moindre mal, il est de mon devoir de la venger... même si je dois y laisser la vie...

Le regard de la prêtresse croisa les iris dorées de l'hybride. Une flamme y brillait nettement... Une flamme de menace et de défi. Ni une ni deux, elle leva les main et psalmodia en langue sombre. La figure de Wik se décomposa sous ses yeux alors qui portait les mains à son abdomen. Sa bouche formait un cri silencieux. Ses yeux étaient exorbités... Mais il ne semblait pas capable de crier.

En une poignée de seconde, il gisait au sol, à demi inconscient. Du sang maculait le sol autour de sa bouche. Sa respiration sifflante se terminait invariablement en quelques sursaut d'une toux faible.

-C'est la qu'est ta place, esclave. Ne l'oubli jamais. Et si je t'épargne aujourd'hui c'est uniquement pour le respect que je porte à ta maîtresse. Je ne voudrais pas l'obliger à trouver un nouvel intendant pendant sa convalescence.

Elle le toisa une dernière fois avant de l'enjamber pour partir. Moins bien dressé que ce qu'elle pensait finalement... Il perdrait sûrement sa langue avant la fin du mois s'il continuait ainsi.
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MessageSujet: Re: Pour une nouvelle génération | Solo   Pour une nouvelle génération | Solo I_icon_minitimeDim 25 Sep 2016 - 11:31


2e ennéade de Favriüs en l'an 9 du XIe Cycle

Une créature muette de forme humanoïde passa une chemise de soie sur les épaules de la l'elfe noire qui se redressait en soupirant après avoir été examinée sous toutes les coutures par Ekmir.

« Tu tiens bien le coup pour l'instant. Ta vie n'est plus en danger. » Laissa tomber la prêtresse avec un sourire satisfait. « Il n'y a plus de trace de maladie dans ton organisme et le poison commence à se dégrader. D'ici une ou deux ennéade tu devrais être parfaitement remise.
-Oh joie... »

Épuisée, Krish s'assit sur le bord de son lit. Chaque muscle de son corps lui faisait un mal de chien. La patience n'avait jamais été son fort et pourtant elle était obligée de rester étendue sur cette fichue couche depuis trois ennéades presque sans interruption. La fièvre était partie, mais il lui semblait qu'elle n'avait jamais été aussi fatiguée de sa vie. Et comme si ça ne suffisait pas, son corps affaibli avait du composé avec une série d'injection de venin qui lui brûlait les veine et ralentissait chacun de ses geste. Des crampes douloureuses la prenaient à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ses doigts étaient engourdit en permanence. Elle n'avait plus ni réflexe, ni précision, ni force dans ses mouvements. C'était... RAGEANT !

« De quoi te plains-tu ? Tu es envie et ton enfant également.

-De quoi je me plains ? A part le fait que l'odeur de la viande cuite me donne envie de vomir, que j'ai plus de poison dans les veines que de sang, que je ne contrôle plus mon corps normalement et que je dois supporter des douleurs aussi aiguës qu'aléatoires ? Ça va trèèèès bien ! Regarde moi ça ! S'exclama-t-elle en montrant son bras gauche. Si ça continu il va fondre, LITTERALEMENT !
-ça va aller Krish, c'est le lot des femmes enceintes d'être un peu grognon... 
-c'est ça, moque-toi... J'aurai le droit à une part de gâteau au moins pour mon anniversaire ?
-Non. »

Un grommellement indistinct répondit à la prêtresse qui ne put s'empêcher de sourire... Avec une légère pointe de sadisme.

« Mais j'ai quand même une bonne nouvelle pour toi.
-Un verre d'alcool ?
-... Non. Mais tu ne va plus avoir à t'en faire pour tes muscles. En plus des séances que tu as avec moi pour fortifier ton enfant dans la Magie, à partir de maintenant, tu t’entraîneras quatre heures par jour avec Rak'Shaza, un vieil Urizite qui officiait à Sol'Dorn encore récemment.
-... Tu n'es pas sérieuse.
-Je ne plaisante jamais sur ce genre de choses, tu devrais le savoir.
-Tu veux que je me batte dans mon état... Contre un prêtre d'Uriz... Mais je ne pourrais même pas faire plier une petite cuillère !!
-Il faut donner le goût de l'affrontement, du défit, du courage et de la persévérance a ton enfant.
-Et si je lui inculquait ça en te chassant de chez moi à coup de pied ?
-Ce ne serait pas un bien grand exploit... A toi de voir si tu veux faire de lui un futur chef ou un troufion.»

Le rictus de défit de la forgeronne se transforma en moue boudeuse. Les deux femmes se jaugèrent pendant  une bonne minute et Krish lâcha un soupire à fendre les pierres. L'esclave qui était près d'elle pour répondre au moindre de ses désire l'aida à se lever. Ses jambes étaient si faibles qu'elle avait du mal à marcher seule... pourtant le regard sévère d'Ekmir disait que c'était précisément ce qu'elle attendait.

« Je te déteste... » murmura la forgeronne en se hissant seule sur ses pieds.
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MessageSujet: Re: Pour une nouvelle génération | Solo   Pour une nouvelle génération | Solo I_icon_minitimeDim 16 Oct 2016 - 0:28



9e jour de la 6e ennéade de Favrius
An 9 du 11e Cycle - Automne
Quelques jours après la rupture avec Velkyn
Veille du début des célébrations des 1000ans dans le palais de Krish
Quelques ennéades avant la remise en question de Krish

Seule, dans l'informe chemise de soie rouge qui lui tenait lieu de vêtement, Krish descendait pas à pas les innombrables escaliers de son palais. La mélodie d'une vieille chanson raisonnaient entre les arches des couloirs sur son passage guilleret. Dans les entrailles de la terre, à mi-parcours de l'immense volée de marche qui séparaient sa forge des étages d'habitation, elle obliqua vers une porte en bois sombre pouvant aisément passée inaperçue dans les ombres que projetaient le chiche éclairage. Tournant la clef d'acier dans la serrure, elle se glissa dans l'étroit couloir, referma la porte et recommença à descendre dans un boyaux bien moins fastueux que les autres sans se départir de sa bonne humeur.

Une seconde porte, en métal cette fois. Elle frappa. La petite trappe qui s'ouvrit au niveau de ses yeux se referma sur le champ et les grincements et claquement de barre de fer qui coulissent n'attendirent pas plus longtemps pour se faire entendre. En quelques  secondes, la lourde porte tournait sur ses gonds et le gardien qui lui avait ouvert se mettait au garde à vous.

« Amenez-le moi. » demanda-t-elle simplement.

Aussitôt, les deux guerriers en faction quittèrent la salle de repos et s'engouffrèrent dans la salle des trappes. Un système ingénieux s'il en était. Une fois le prisonnier conduit dans sa cellule par une petite porte blindée de la fabrication de la maîtresse des lieux, il n'était plus nourri et approché que par l'intermédiaire d'une petite trappe par laquelle il ne pouvait passer. Un sceau descendait juste assez de nourriture pour le maintenir en vie au plus bas de sa forme et remontait ce que le prisonnier voulait voir disparaître, sans garanti que le dit sceau soit lavé entre les deux, bien sûr. Les cellules étaient taillées de façon à ce qu'un homme, même grand, ne puisse se servir des parois comme d'une cheminée pour monter, parois qui étaient de plus soigneusement polies directement dans la roche, dépourvue de la moindre aspérité.

« Tiens toi loin de la porte, on va venir te chercher. »


Un nouveau claquement appris à la forgeronne que la trappe avait été refermée. Le chuintement d'une lame que l'on tire. Une volée de marche qu'on descend. Le chaos de chaînes sur la pierre. Une remonté difficile. Enfin, l'objet de sa visite apparaissait aux yeux de la forgeronne. Au milieu de la large pièce, croulant sous le poids de chaînes bien plus lourdes qu'il n'y paraissait, avec sur le dos des guenilles qu'elles n'auraient même pas offertes à ses esclaves, son frère l'observait d'un œil encore farouche. Bien...

Elle lui sourit, l'invitant à s'asseoir face à elle à la petite table... Et contre toute attente, ce fut le renégat qui commença d'une voix rauque.

« Comment va ta tête ?
-Mieux que la tienne. On est plutôt solide dans la famille, tu le sais. »

Un nouveau silence s'installa, les deux drows se toisant du regard. Les traits si familier de Ren étaient si semblables à ceux de leur tarée de mère... Ses yeux d'un rouge si sombre qu'ils en tiraient sur le grenat sondaient ceux de sa sœur avec une calme attention qui avait de quoi surprendre étant donné la situation... Et le côté irréfléchi qu'il avait déjà démontré à Naélis.

Elle le revit, enfant, lorsqu'ils s’entraînaient tout deux à la lutte ou à l'épée. Plus jeune de huit ans, avoir un frère ou une sœur si proche en âge était une véritable rareté chez les drows... Et elle savait que lui l'avait considéré comme une malédiction. Toujours second. Le petit écart d'années, il ne l'avait jamais comblé au court de leur formation. Mais ce qu'il n'avait pas en force, à l'époque, il l'avait en cœur et en ambition. Kiel et Isten s'était penché sur lui dès la naissance et il ne désirait rien tant que le pouvoir et la reconnaissance des dieux.

Alors comment en était-il venu à être marqué du sceau de l'infamie ? Défiguré par la marque d'hérésie du clergé d'Uriz. Quel acte abjecte avait-il commis ?

Après un long moment passé dans le silence le plus total à ne discerner qu'une froide colère dans le regard de son frère, elle tira de son corsage la clef qu'elle avait utilisé pour venir pour la jeter au garde le plus proche.

« Donnez moi les clefs de ses chaînes et laissez-nous. »

Ce que les deux hommes, après une brève hésitation compte tenu de la dangerosité supposé du prisonnier mais un regard appuyé de leur employeuse les fit abandonner les clefs et déguerpir par la porte en métal. Elle ramassa les clefs, les enfermant soigneusement dans son poings avant de se lever.

« Mon cher, cher frère... »

Elle marchait à pas lents, son profil exhibant son ventre rebondi à chaque pas. Ce ne fut qu'un long moment qu'elle s'immobilisa face à lui, à bonne distance, l'observant avec attention.

« C'est fou de voir à quel point tu es resté physiquement le même malgré toute ces années... J'ai pris quelques rides mais alors toi... Tu as été marqué, chassé, banni, et tu es toujours aussi lisse qu'un nouveau né... Mis à part ce truc sur ton visage.
-Je fais ce que je peux... répondit-il sans trop savoir si c'était un compliment ou une menace.
-Au fait, merci pour ton réseau. Continua-t-elle. J'ai bien fait attention à tenir ta petite entreprise en un seul morceau. Ton second attend fébrilement de tes nouvelles d'ailleurs. Je me demande par quel miracle et quelles manipulations tu as pu t'attacher une loyauté à ce point inébranlable...
-Tu le sais aussi bien que moi qu'il est plus simple de s'attacher la loyauté que de gérer la méfiance. Chacun de mes hommes me doit tout et chacun d'eux mourrait pour moi...

En l'écoutant, elle s'était rapprocher jusqu'à s'accroupir face à lui, les coude posés sur ses genoux meurtris. Il n'aurait eut qu'un geste à faire pour la frapper en plein ventre, la jeter sur le côté, la bâillonner ou lui voler les clefs... Mais il n'en fit rien.

-Parce qu'ils pense que tu mourrais pour eux ?  Murmura-t-elle avec un sourire moqueur.
-Parce que je mourrai pour eux.

Cette fois, Krish ne put réprimer une expression de réelle surprise... Puis ce fut le dégoût qui colora son visage.

-Imbécile...

Elle se releva d'un bond, s'éloignant de quelques pas en lui tournant le dos. Le raclement de chaînes lui apprit qu'il tentait de rester sur ses pieds... Mais avant qu'il puisse prendre la parole, elle coupa court à cette désagréable conversation.

-En tout cas j'ai été assez surprise de voir l'ampleur de ton groupe. Naélis, Thaar, Sol'Dorn, plusieurs principautés de la côte... Et même quelques rumeurs dans les hautes sphères du Puy. De nombreuses personnes passe par tes services et pourtant tu n'as jamais fait parler de toi... Tu as le bras long et tu as su le dissimuler avec brio. C'est suffisamment rare pour être salué.
-Tu me complimente en qualité de sœur ou de cliente ? Plaisanta-t-il.

Ils partagèrent un fin sourire complice. Dire qu'ils ne s'étaient jamais entendus aurait été un mensonge... Mais dire qu'à une époque, ils s'étaient véritablement compris en était un bien plus éhonté. Élevés dans une éducation commune, leurs souvenirs étaient pourtant bien différents. Les espoirs que leur parents avaient mis en l'une, cela même qui avaient fini par la détournés d'eux, ils ne les avaient jamais offert à l'autre... Ce qui l'avait lui aussi fait tourné les talons.

-... Et pourtant, il y a encore une chose que je ne comprend pas. Murmura-t-elle en se rapprochant à nouveau. Tu parles de cliente mais je n'ai jamais eu recourt à tes services... Et pourtant un de tes larbins est mort pour moi. Il a donné sans hésiter sa vie pour sauver la mienne... Pourquoi ?
-Ce n'est pas pour sauver ta vie. C'est simplement pour répondre aux ordres. A mes ordres.

Les yeux dans les yeux, désarmés l'un comme l'autre, cette intense proximité laissait Krish apercevoir tout le chemin qu'il avait fait depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Non pas à Naélis, encore avant. Lors de sa dernière tentative d'assassinat, cinq siècles plus tôt. Une vie entière pour certains drows.

-Alors pourquoi voulais-tu me sauver la vie ?
-Tu es ma sœur. Cela ne te suffit pas comme raison ?
-Laisse moi rire. La dernière fois que nous nous sommes vu tu m'a droguée et poignardée. Si mon amant de l'époque ne t'avait pas arrêté nous n'aurions pas cette discussion.
-C'était avant que tu sois ma dernière famille...
-Bon sang ! Arrête tes apitoiements stupides et répond moi !

Elle l'avait repoussé sur sa chaise, lace de ce petit jeu. empêtré dans ses liens, l'hérétique avait manqué le banc et c'était étalé sur le sol. Après avoir repris difficilement son souffle, il avait de nouveau posé son regard sur sa sœur sans un mot. Sans un geste. La main portée à son épaule presque démise. Les poings de la forgeronne se serrèrent, près à s'écraser sur la figure de ce présomptueux et pompeux personnage. Après un autre silence, elle se détourna.

-Très bien. Comme tu veux...

Elle avait déjà la main sur la poignée de la porte quand la voix grave de son fraternel prisonnier l'arrêta.

-J'avais soixante-et-onze ans, tu en avais soixante-dix-neuf. Tu te souviens ?

Elle se retourna, les sourcils froncés.

-Tu nous a annoncer que tu refusais d'entrer dans l'armée.
-Encore cette histoire...
-Oui ! Encore et toujours cette même histoire ! Tu avais juré sur les dieux, Krish ! Nous...
-Juré sous la contrainte ! Tesso m'en a été témoins. Tu sais très bien ce que Mezar ét...
-Oui je sais. Il marqua le coup en faisant un mouvement vers son poignet, mais comme a l'époque, il se retint de se refermer dessus. Et je m'en moque éperdument.

Elle recula d'un pas, à deux doigts de le frapper entre les côtes.

-Je me fiche que tu ais choisi une autre voie. Je ne pouvais te pardonner de m'avoir tourner le dos. Celui que tu as le plus lésé, c'est moi. Nous avions prévu de gravir les échelons ensemble. Nous avions prévu d'être Barra... d'être Karliik. De déferler sur le monde pour éteindre la flamme des Cinq Usurpateurs...
-Tu aurais du être prêtre, mon frère...
-Cela n'a rien de drôle.
-Ce n'étaient que des rêves d'enfants.
-Regarde tout ce potentiel gâché... Loin du Puy. Loin de nos ancêtres. A batifoler avec des hérétiques. Nous aurions pu être ce que le Puy a de mieux à offrir au monde. Nous aurions pu le mener à la victoire. Anaëh flamberait sous nos pas car ni toi ni moi n'aurions fait l'erreur de nous y prendre frontalement avec un tel ennemi. Aujourd'hui notre peuple est décadent. Il oublie la raison de tous ces combats. Il oublie l'objet de sa vengeance. Et nous, nous qui aurions dû être sa gloire et sa victoire, nous ne sommes que sa honte et sa risée.
-Parle pour toi, prisonnier.
-Tu crois que ce que tu fais à le moindre poids sur les décisions de notre peuple ?

Elle fronça plus encore les sourcils. Une once d'hésitation passa dans le regard de la forgeronne. Si furtive que quiconque aurait put douté de l'y avoir vu. Puis elle fit un pas en arrière, reprenant ses distances comme si de rien était, un sourire supérieur sur les lèvres.

-Je n'en ai que faire. Je n'ai pas dédier ma vie au pouvoir et ce n'est pas a moi que revient la maudite tâche de gouverner. Très peu pour moi. S'ils ne veulent pas écouter la voix de la sagesse tant pis pour eux. Je préfère concentrer mon attention sur les personnes qui peuvent changer les choses plutôt que de me laisser engloutir par la masse sans importance qui grouille à nos pieds.
-Alors à quoi ? Un simple artisanat ne peut...
-Simple... artisanat... Ne peut quoi ? Ne peut pas remplacer les dieux ?
-Ne te fait pas plus b...

Elle le coupa d'un geste, son regard ne souffrant aucune contradiction. Elle n'avait pas porté la main sur lui. Pas encore. Mais elle se félicitait de ne pas avoir emporter ses jouets de métal... car se retenir aurait été bien plus complexe.

-Tu penses encore que ma forge est un simple artisanat... Une once de métal tordu par ma main vaut plus qu'un esclave elfe et tu penses encore que mon Art est un simple artisanat...

N'arrivant plus à le fixé sans sentir la colère monter de seconde en seconde, elle se détourna pour faire quelque pas et se calmer. Inspirer. Expirer. Le petit feu qui crépitait dans un coin pour assainir l'atmosphère viciée était d'un grand secours. Les flammes avaient toujours eut un effet apaisant quasi hypnotique...

Lorsqu'elle se retourna vers Ren, il était de nouveau debout. Glissant le lourd trousseau de clefs à son poignet comme un improbable bracelet, elle planta son regard dans celui de son frère.

-Tu n'as jamais pu comprendre ça... Je vais partir pour aujourd'hui. Mais je reviendrai te voir. Je veux des réponses et je les obtiendrai. De gré ou de force. A commencer par la raison qui t'a poussé à envoyé tes hommes mourir pour moi. Mais avant, je vais t'expliquer une bonne fois pour toute à quoi j'ai dédié ma vie comme tu le dis si bien. Peut-être que tu comprendras à quel point tu es con, mais j'en doute... On est butté, il faut l'avouer.

Elle lui ordonna de s'asseoir d'une voix impérieuse. Il ne finit par s'exécuter que lorsqu'il fut déséquilibré par un violent coup à la mâchoire. Son regard brûlait de rage mais il ne leva pas la main, sachant qu'au moindre geste contre elle, il serait exécuté sur le champ. La douleur de sa lèvre éclaté n'était qu'une douleur de plus à ajouter aux autres. Il n'était plus vraiment à ça près...

Puis, son maintient redevenant aussi détendu qu'à son arrivée, Krish retrouva ses airs suaves et dégagés. Il l'observa minauder en venant s'asseoir sur ses genoux.

-Bien. Je t'ai abandonné sans le moindre remord car l'art de la forge me fascinait. Mon maître a apprit à ses dépends qu'en plus d'être une élève modèle et rusée, j'avais ça dans le sang. Son fichu titre, il ne m'a pas fallu plus de deux ou trois siècle pour le lui prendre avec les honneurs, lui qui avait travaillé toute sa vie. Mais, vois-tu, l'art de la forge est bien plus précis, bien plus mystique, bien plus... divin que ce que lui  ou n'importe qui d'autre n'avait pu le comprendre. Elle planta plus intensément son regard dans celui se son frère, appuyant ses bras sur ses épaules tiraillées par la douleur. Mon Art, Ren, est celui du travail perpétuel d'Uriz et Teiweon. La lutte de la destruction et de la création. Je forge des instruments de pouvoir. Je ne créer pas. Je ne fais que révéler la réalité d'une idée, d'un projet, d'un objet. Ce que les dieux ont prévus s'exprime à travers le talents au service duquel j'ai mis ma vie entière. Par le travail de ce talent, c'est à leur grand Dessin que je rend hommage. Dans les flammes des combats d'Uriz, j'arrache à mes œuvres leurs illusions, jusqu'à la dernière impureté, jusqu'à ce que l'essence que Teiweon convoite avec tant d'avidité tinte comme du cristal...

Se penchant contre son torse, ses doigts s'emberlificotaient dans les cheveux de son frère, dégageant son oreille dentelée. Elle y posa presque son oreille, murmurant d'une voix torve que jamais personne d'autre ne devait entendre...

-Et si tu crois que mon Art se limite au métal c'est que tu ne n'as jamais compris que les pièces ne jouent pas seules sur l'échiquier...  

Elle revint face à lui, découpant chacun de ses derniers pots avec exactitude, voulant voir dans ses yeux qu'il saisirait leur sens réel, ce sens qu'il était sûrement le dernier à pouvoir comprendre.

-Une reine reste une pièce, aussi puissante soit-elle sur le champ de bataille.

Puis, aussi rapidement qu'elle s'était approchée, elle s'envola dans un froissement de tissus rouge, passant la porte sans un regard en arrière. En passant devant les deux gardes, elle troqua leurs trousseaux de clef et lança à peine quelques mots avant de s'éclipser.

« Ne lui donnez plus rien à manger jusqu'à mon retour... et ne faites plus descendre ce fichu sceau. »

Quelques minutes plus tard, seul dans l'obscurité de sa geôle, Ren songeait à cette étrange visite. S'il avait changé depuis son départ du Puy. S'il avait mûri dans sa foi et dans la bonté qu'il voulait offrir au monde, il ne pouvait nier que les mots de Krish résonnaient en lui avec une certaine amertume... Lui qui avait cru être abandonné... Avait peut-être été le seul à abandonner quoi que ce soit...

Il secoua la tête sous l'effet d'un bien trop vieux souvenir.

...

« Et celle-ci, mère ?
-la Reine. Elle peut atteindre tous les coins du plateau en un seul coup. C'est la pièce la plus dangereuse. Celle que les joueurs cherchent le plus souvent à abattre sans y parvenir. Elle peut entièrement déséquilibrer une partie si tu l'utilise bien.
-Je veux être la Reine ! S'exclama innocemment la petite fille qui regardait le plateau de jeu récupéré lors d'un pillage récent.
-Et tu le seras, ma petite reine. Avait répondu la mère en déposant la pièce dans les mains de la gamine qui frissonna en entendant la suite, son regard se voilant un instant d'effroi. Si tu écoutes bien ton père.
-Et moi !? Et moi ?!

Les deux femmes avaient alors tourné les yeux vers le visage presque inquiet du garçonnet. La mère regarda un instant les pièces avant d'en choisir une bien plus petite et moins travailler que les autres.

-Voilà. Toi, tu seras un pion.

Le gamin grimaça.

-Mais je veux pas être un pion, moi.
-Alors tu n'as qu'à traversé le plateau. Avait mystérieusement répondu la drow aux yeux rouge sombre avec un rire amusé.

Il avait entendu la moquerie derrière ce rire franc. Par contre, il n'avait pas vu le regard de sa sœur sur la pièce qu'il tenait entre ses doigts.



Krish secoua la tête en posant son pied sur la dernière marche de l'escalier pour dissiper un bien trop vieux souvenir. Décidément, avoir retrouver son frère n'était pas seulement une bonne nouvelle... Mais elle avait encore beaucoup à faire.






9e jour de la 7e ennéade de Favrius
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Les mains d'Ekmir retombèrent le long de son corps alors qu'elle se mettait à chanceler légèrement. Ces séances drainaient autant l'énergie de la praticienne que de sa patiente. Mais cette fois, cela avait été particulièrement éprouvant et Krish s'en était parfaitement aperçu.

La main sur le ventre, le regard suspicieux, sa voix ne trembla pourtant pas un instant lorsqu'elle prit la parole, plus cinglante qu'angoissée.

« Que s'est-il passé ?
-Je ne sais pas... Je n'avais jamais eu ce genre de problème...

Les deux femmes échangèrent un regard avant qu'Ekmir n'arrive à trouver ses mots.

-C'est comme si une autre volonté tentait de tisser une prière qui n'est pas la mienne...
-Et pour ceux qui n'ont jamais pratiqué la magie, cela veut dire ?
-Que quelque chose interfère avec la magie que j’essaime... Ces séances quotidiennes sont sensées renforcer ton enfant, endurcir son corps et son esprit pour purger toute trace de faiblesse, quelle que soit son origine. Pour qu'il soit parfait. Mais également l'habituer à la présence des dieux en en faisant circuler leur énergie à travers lui. Je devrais sentir des changements en lui au fur et à mesure, mais avec vous deux... Je ne sais pas si ma magie a un quelconque effet. Les prières que je tisse autour de lui semblent fonctionner, mais je n'ai aucun retour. Je ne le perçoit pas dans son entier, comme tu pourrais apercevoir un inconnu dans la brume, et à chaque fois que je tente de le sonder plus en profondeur, c'est comme si quelqu'un s'empressait de s'emparer de mon énergie pour la détourner, la...  dévorer... Je n'ai aucune idée de ce qui est en train de se passer...
-Splendide ! Alors il ne nous reste qu'à continuer.
-Krish... elle sembla sur le point de dire quelque chose mais se repris. Ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère.
-Je sais. Mais cela ne m'empêchera pas de mener les rites à leur terme. En plus, la mixture que tu m'a donné pour la durée des festivité est incroyable. La fatigue n'est plus qu'un mauvais souvenir.

La prêtresse stoppa le geste de sa patiente pour porter à ses lèvre la petite flasque mauve qu'elle avait sur elle depuis le début des festivités. Une odeur à la fois sucrée à âcre s'en dégageait dès que le bouchon sautait, le goût était écœurant, et pourtant, Krish ne se gênait pas pour y revenir. Grâce à ce mystérieux breuvage, elle avait enfin retrouvé des forces. Un cadeau d'anniversaire, lui avait dit Ekmir, juste pour la durée des célébrations.


-N'en abuse pas. Ou elle te tuera plus efficacement que tous les rites du monde.


La forgeronne laissa son bras se faire rapatrier manu-militari, la regarda sa sage-femme reposer l’élixir sur sa table de chevet... et ne put s'empêcher d'avoir un sourire assez bon enfant.

-Ne fait pas cette tête, Ekmir... Je savais dès le départ que cet enfant n'aurait rien de normal. Nous le savions toute les deux... et c'est pour cela que tu as accepté. Tout comme je savais que tu ne te contenterai pas de m'imposer les rites les plus classiques et que c'est pour ça que je t'ai choisie...  Alors je suis prête à courir ce risque. Je n'ai pas changé d'avis. Un petit risque de plus en mille ans d'existence, ce n'est pas un bien grand sacrifice.



Elle retomba sur le matelas, lâchant les larges épaules de celui que venait de la porter au sommet de l'extase physique. Sombrant dans se moment de bien heureuse léthargie dans laquelle son corps fatigué et assouvi entraînait ses pensées chaotiques, elle sentit à peine son partenaire retombé près d'elle et ne songea même pas à se blottir contre son épaule brûlante... Pourtant c'est ce qu'elle fit avant de laisser son esprit partir totalement à la dérive.

Elle inspira profondément, profitant avec un sourire de l'odeur de cet homme, de sa respiration fébrile et du rythme effréné de son cœur sous son oreille. Décidément, autant elle s'amusait bien plus longtemps avec des femmes, autant le corps des hommes la rassasiait bien différemment. Et quand cet homme se trouvait en plus la connaître sur le bout des doigts...

Avec le nombre de fois qu'il l'avait satisfaite - et qu'elle l'avait également satisfait, elle était bien placé pour en avoir la certitude – elle se demandait encore par quel étrange hasard l'enfant qu'elle portait n'était pas le sien... Après tout si on devait parler en terme de probabilité, il aurait bien du décrocher la palme des deux tiers de chances... C'était amusant... Ou peut-être pas tant que ça.

Wik sursauta soudain, se tournant vers elle, la délogeant assez peu délicatement de son oreiller vivant. Tous ses sens en alerte, elle  avait déjà levé une main pour parer le moindre coup qui s'approcherait d'elle... Mais le visage de l'esclave était tout sauf agressif. Il était plutôt surpris... Et Krish oublia même qu'elle était en rogne d'avoir été délogée lorsqu'elle comprit pourquoi, voyant la bosse disparaître furtivement de son ventre. Elle passa une main... tendre ? sur les alentour de son nombril sans quitter son serviteur des yeux.

« Cela va faire quoi... cent... cent-vingt ans que je t'ai à mon service ?
-cent-dix-huit ans. Répondit-il avec son calme et sa distance habituels malgré le choc qu'il semblait supporter.

Sans un mot, elle s'empara de la main du jeune homme pour la poser à l'endroit ou la petite forme venait de disparaître, s'allongeant sur le côté en attendant que le polisson refasse des siennes.

« Cela fait déjà une ennéade qu'il bouge comme ça mais cela fait bien plus longtemps que je le sens. Un infatigable combattant. » ajouta-t-elle avec un sourire.

Wik frissonna lorsqu'il sentit un nouveau petit coup, les yeux happés par ceux de la drow, illuminés par un sourire de pure fierté. Elle relâcha sa main et se laissa aller sur le dos, les chaînettes pendues à ses oreilles cliquetant dans le mouvement.

« Maintenant c'est quand je ne le sens plus bouger que je commence à l’inquiéter. »


Elle soupira mais ne fit pas un geste pour chasser la main qui était revenu sur poser sur elle, caressant son corps de sa poitrine à son nombril.

« Tu sais... Je préférerai parfois que cet enfant soit le tien. »

Les mots résonnaient dans l'air, mais Wik n'arriva pas à les intégrer. Puis, lorsqu'enfin ils se frayèrent un chemin jusqu'à ses neurones, il cru avoir une syncope, son regard cherchant celui de sa Maîtresse, emplit d'un espoir aussi fou qu'interdit... Un espoir qui devait bien vite mourir, comme tous les autres.

« Il irait rejoindre les offrandes de Natha comme tant d'autres. Ou mieux encore, je n'aurai pas eu à le porter à terme. Mais non. Cet enfant voudrait me forcer à choisir entre les deux voies qui me constituent... Deux voies entre lesquelles je ne peux choisir et sans lesquelles je m'éteindrais... »

Il ne l'interrompait pas, s'allongeant près d'elle sans la moindre prétention, sans laisser paraître la moindre émotion. Il ne s'approchait pas, ne tentait rien de plus que ce qu'elle lui avait implicitement autorisé à faire. Il observait ses traits tirés dans la pénombre de la chambre et écoutait chacun de ses mots... Ces mots qu'elles ne prononçaient pour personne d'autre. Ces mots qu'il pouvait entendre, justement parce qu'il n'était rien ni personne.

« C'est pour ça que je ne veux pas savoir qui est le père. Qu'ils le veuillent ou non, ils le sont tous les deux. Si l'enfant résiste aux rites de Natha, c'est qu'il est drow. Il n'y a rien à savoir de plus. Ekmir m'a assuré qu'aucune autre race ne pourrait survivre à un tel traitement et que c'était par eux que la transformation des Exilés s'était accomplie en l'espace d'une seulement deux générations. S'il n'est pas digne de nos dieux, il ne verra jamais le jour et je mourrai sans doute avec lui... »

Il faillit la couper, s'insurger... Mais il réussit à rester silencieux.

« Mais s'il est drow... »

Ce qu'il vit alors passer dans le regard de la drow le fit frisonner. Un univers de possible s'était ouvert dans cette voix vibrante. Elle se tourna vers lui, le poussant à se rallonger d'une main distraite. Il se laissa faire, glissant sur le drap de soie jusqu'à ce qu'elle revienne s'appuyer contre lui, son visage à un souffle du sien cette fois.

« Je ne l'ai pas dit à Ekmir, mais j'ai fait de nombreux rêves depuis mon initiation. Ils ne se sont pas arrêté après quelques jours comme elle me l'avait dit. Et je les fais toujours avec la même netteté. Je sens que ces rêves relèvent d'une vérité que je peux à peine effleurer... Mais il y a une chose que j'ai parfaitement comprise. Un rêve que je fais depuis bien plus longtemps : Mon chef d’œuvre sera un enfant. Élevé dans la vrai foi. Initié par tous les dieux avant même sa venu au monde. Il sera l'enfant des dieux eux-même. Engendré par leur élu. Engendré par notre passé et notre idéal. Conçu dans la colère, la passion, la soif de vengeance et de sang. Ses mains forgeront l'Avenir de ce monde... »

Il sentit la moindre syllabe s'écraser sur ses propres lèvres lorsqu'elle prononça sa dernière phrase avant de se lever pour exiger un bain.

« Mon fils sera le bourreau des Faux Dieux. »
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Krish Al'Serat
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MessageSujet: Re: Pour une nouvelle génération | Solo   Pour une nouvelle génération | Solo I_icon_minitimeMer 14 Déc 2016 - 23:54


Automne - 2e ennéade de Barkios
9e année du XIe Cycle
quelques temps après le Conseil de Thaar concernant les 7 monts
quelques jours avant son trait de génie

Tous les rites étaient enfin passés.

Honorée par les prêtres de Nata.
Mise à l'épreuve par les suivants d'Uriz.
Amenée aux portes de la mort par les adeptes de Teiweon.
Infectée, droguée, empoisonnée, pour la gloire de Leetha et Kiran.
Torturée chaque ennéade pour tenter de lui faire abjurer sa foi et renier les préceptes de Kiel jusqu'à ce qu'Ekmir elle-même vienne mettre le hola par peur que sa protéger ne survive pas à une séance de plus. Ce traitement avait duré plus d'un mois. Ses os maintes fois brisés et reconstruits n'avaient sûrement jamais été aussi solides...

Les rites de Zhak'Bar et Meingal avaient été les plus déroutant. Mais de le contenu, seuls les initiés ont le droit de parler.

Être Invitée une nouvelle fois aux désirs abyssaux d'Isten avait finalement été une douce (bien que fatigante) récompense.

Et depuis la mi automne, Ekmir n'était plus la seule à pratiquer des rituels magiques sur le ventre rond de son amie. Un prêtre de Valas ajoutait désormais son grain de sel, allongeant les séance d'une heure chaque jour et épuisant le peu de force qui restaient encore dans le corps ravagé de la future mère.

D'une nature bien charpentée mais tout aussi voluptueuse, Krish s'était asséchée et musclée. Malgré la grossesse, avec la perte de poids sa poitrine n'avait pas grossie d'un pouce. Ses hanches et ses fesses s'étaient amaigries et durcies, déséquilibrant cette impression de rondeur souple et fluide que dégageait la silhouette de la forgeronne. Son bras droit avait rattrapé l'aspect d'acier de son bras gauche. Ses joues devenaient creuses, son nez saillant. La peau autour de ses yeux grisaillait avec la fatigue, faisant ressortir son regard rouge sang.

Son corps était à la fois parfaitement musclé et plus disgracieux qui ne l'avait jamais été... Et la fatigue... la fatigue...

Plus les jours passaient, mois elle sortait de chez elle. Chaque jour la même rengaine. Trois heures d’entraînement avec ce fichu prêtre d'Uriz. Puis deux heures de rites magiques. Puis une heure de prière. Puis une nouvelle heure de rituels pendant lequel elle sentait la magie glacial de l'adepte de Valas glissée comme un serpent dans son corps et contre son esprit. Une heure chaque jour à résister à force de volonté et de concentration aux assauts mentaux d'un homme entraîné à faire plier les esprits, qu'ils soient morts ou vif. Plus d'une fois elle avait fini en sueur, hurlant sous les coups d'un quelconque souvenir, lorsqu'elle ne perdait pas simplement connaissance, son énergie vidée par un combat perdue d'avance. Puis elle se payait une bonne partie de chasse pour se sustenter ou regagnait sa chambre pour dessiner toujours plus de plans, n'ayant même plus la force de prendre la direction de sa forge.

Fallait-il qu'elle l'estime ce bout de chou pour le faire passer avant son art...

Ne buvant que du sang frais et de mangeant que la viande d'êtres tués de ses propres mains, son corps ne tenait en un seul morceau que par les interventions magiques quotidiennes de sa sadique de sage femme. Mais depuis la veille des célébrations sombres de son millénaire, cela n'avait plus jamais été pareil. L'enfant dévorait toujours la magie qui était à sa portée sans que la prêtresse ne comprenne pourquoi ni comment. C'était comme jeter de l'eau sur une plage de sable fin. Pas une fois depuis Ekmir ou le prêtre de Valas n'avait réussi à percevoir l'enfant dans son entier. Une part de lui semblait happer toute forme de magie, empêchant tout arcaniste d'évaluer sa nature.

Après [url=les événements de son anniversaire, la résolution qu'elle avait été forcée de prendre puis la mort de Tebirahc se posant là dessus comme une dernière preuve de la nécessité et de la valeur des choix récents de la forgeronne, elle avait hésité à tout arrêter. A quoi bon souffrir de la sorte pour des dieux ingrats ? La torture était devenu plus difficile à supporter, les combats plus ennuyeux. L'admiration de celles et ceux qui lui faisaient passer les rites était de plus en plus affichée... et ne lui faisait plus ni chaud ni froid.

Mais finalement, elle avait pris sur elle de terminer ce qu'elle avait commencé. Si ce n'étaient pas pour les dieux directement, cela n'enlevait rien à la force de dépassement qu'offraient ces rites. Son enfant en sortirait plus fort et après tout ce qu'ils avaient déjà passé comme épreuve, elle ne voulait pas que cela soit en vain. Le statut que ça lui offrirait n'était que secondaire. Pour sa propre grandeur et celle de son fils, elle continuerait jusqu'au bout.

Mais c'était à ce moment que les douleurs s'étaient accentuées...








A genoux. La main crispée sur la poignée de la porte. L'autre poing sur le sol, serré à s'enfoncer les ongles dans la paume. Elle gardait les yeux clos à s'en fendre le paupières, ses cordes vocales refusaient d'émettre le moindre son.

Sa chute au ralenti, adoucie encore par la présence de la porte, n'avait averti personne, elle en avait la certitude... Et elle en était terrifiée. Une lame fouillait ses entrailles sur le côté de son ventre. A l'endroit exacte ou elle avait senti ce premier coup de poignard lors de sa visite chez Shynrae. la lame pernicieuse fourrageait allègrement sa chair.

Elle qui avait subit les rites de Kiel ne pouvait même pas crier tant la douleur était intense. Elle vrillait chaque nerf de son corps. Arrachait chaque sensation pour la remplacer par une brume terrifiante.

Sans pouvoir articuler le moindre son, elle sentait l'inconscience la gagner.

Non...

Elle...




Une silhouette musculeuse et déliée me tourne le dos. Il est jeune. Ses cheveux grisailles encore. Les pieds englués. Les jambes tétanisées. Je ne peux que tendre un bras vers lui, mue par une irrésistible envie de voir son visage.

Mon cœur rate un battement lorsqu'il se tourne légèrement. Un fond de lumière blafarde découpe un profil anonyme au lieu de me laisser deviner ses traits.  Mais je sais qu'il sourit.

Une seconde silhouette apparaît soudain. Immense. Démesurée. Noire comme la nuit. Son regard brûle d'un feu qui aveugle par sa puissance et terrorise par grandeur. Son être flamboie. A sa main une simple été alors qu'il se glisse derrière le frêle jeune homme.

Je crie pour l'avertir. Rien n'y fait. Le jeune homme continue de sourire plus ardemment encore. De ses dents de porcelaines, ne dépassent qu'un mot :

« Traîtresse. »


« Imparfait. » répond l'ombre en embrochant le cœur du garçon.

Je tente de hurler. Aucun son ne s'échappe de ma gorge






Un drap de satin recouvrait sa peau nue.

A son chevet, Ekmir souriait paisiblement.

-Enfin réveillée ?
- Que s'est-il...
- Chhhh... Ne tente pas de te lever. Glissa la femme à la peau fardée en maintenant fermement les épaules de sa consœur.

Krish se mordit l'intérieur de la joue pour réprimer une douleur sourde sur le bas de son abdomen et se laissa rallonger sans protester. Le sourire d'Ekmir avait quelque chose d'étrange. Il y avait un loup. C'était...  

Sa main venait de se poser par réflexe sur son ventre... Et était tombée bien plus bat que prévu. Un frisson désagréable lui remonta le long du dos, lui serrant l'estomac. Un goût de bile envahie sa gorge.

-Qu... est-ce...

Ses descendirent lentement, s'arrondissant en ne trouvant que... du vide.

- Non... Non ! NON !

Cette fois, la douce main d'Ekmir n'avait pas suffi. Krish s'était redressée malgré la douleur, se débarrassant prestement du drap pour découvrir un bandage taché de rouge qu'elle n'avait même pas senti jusque là. Sa respiration erratique était au bord de la panique.

- QUE C'EST-IL PASSE ?!
- Calm...
-QUE JE ME CALME ?! … MON ENFANT ! QU'AS-TU FAIS ?!
- Nous avons réussi à te sauver, mais il était trop tard pour l'enfant. Il est mort à l'intérieur de ton ventre. Il n'a pas survécu.

Comme une douche glacée.

Elle retomba sur la masse de coussins.

Après tout ça...

Son esprit restait blanc. Vide.

Vide...

- C'est impossible...
- Allons... tu ne devrais pas être si choquée. Il était imparfait. Il n'a pas survécu. C'était ton choix.
-... impossible...
- Ressaisi toi bon sang ! C'était une monstruosité. Heureusement que je l'ai tiré de là. Il n'avait pas a voir le jour.

Cet enfant... Elle posa doucement la main sur son ventre mollasson. Elle se sentait... Vide. Alors c'était tout... C'était fini. Rien de plus. On s'arrêtait là...

L'image de la silhouette juvénile s'imposa de nouveau à sa mémoire. Il ne verrait jamais le jour... Mais...  

- Il n'avait pas a voir le jour... Mais tu as dit qu'il était déjà mort...


Un sourire entendu se traça sur les lèvres pâle de la femme qui était sensé veillée sur leur sang à tous. Sur ce don des dieux qui leur avait donné une apparence et une force digne d'eux. Son ventre gonflé comme un fruit trop mûr narguait avec arrogance le vide abyssal que Krish ressentait.

- Je vais te tuer...
souffla-t-elle d'une voix à peine audible. JE VAIS TE TUER !

La forgeronne se jeta violemment sur la prêtresse en hurlant. Les deux femmes roulèrent au sol. On tenta de les séparer mais les rares personnes qui arrivèrent à en saisir une se fit rapidement mettre hors de combat par la furie noire. La rage au ventre, ignorant la douleur, Krish tentait pas tout les moyens de coincer la meurtrière.

Elle lui avait fait confiance, même de façon infime. Elle avait suivi les rites. Elle avait souffert pour cet enfant... Mais en cet instant elle s'en moquait éperdument. Parce qu'elle l'avait perdu...

Perdu...

Et pour la première fois, elle avait l'impression qu'elle aurait tout fait pour le protéger... Et la certitude qu'elle ferait tout pour le venger.

Lorsque ses puissantes mains, forgées par son art, réussirent à enserrer la gorge de la prêtresse,  elle ne tenta plus rien d'autre. Son regard se fit absent... Et des bruits écœurant se firent entendre. Krish hurla de douleur alors que ses os de brisaient et repoussaient en désordre, ses organes se rompaient sous l'effet de la magie. Mais elle ne lâcha pas prise. Les muscles durement travaillés durant tout ce temps se tendirent sans une hésitation. Serrant plus fort. Toujours plus fort. Encore plus fort.

Un craquement sinistre se fit entendre.

Ekmir cessa de se débattre, glissant entre les bras déformés de son bourreau comme une poupée de chiffon.

Le silence.

Une main se posa sur l'épaule de Krish.

Elle se retourna, l'impression d'une chute sans fin la prenant au creux de l'estomac.

Elle se redressa d'un coup.

Un drap de satin recouvrait sa peau nue.

Assise dans son lit, une boursouflure toute caractéristique l'empêcha de se pencher plus qu'à angle droit. Une main fine et parcheminé saisi son menton. Les yeux de prêtre de Valas l'obligèrent à fixer sa concentration sur lui. Ils restèrent ainsi quelques instant avant qu'il ne relâche son oppressante attention.

Elle prit une respiration fébrile, posant une main tremblante sur son ventre sans réussir à articuler la question qui lui brûlait les lèvres.

Ce ne fut pas le Valasite qui lui répondit mais une voix bien plus douce qui se posa près d'elle.

- Tu as passé le jugement de Nata. Tu te demandais ce qu'était l'instinct maternel ? C'est ça. Tu es une mère à présent. Et il me semble que pour toi, ce sera la première fois.
- Et si j'avais échoué ?

Ekmir ne répondit pas, se contentant de son petit sourire entendu. Un éclat de rire brisé s'échappa de la gorge de Krish sans que sa main ne quitte son ventre.

-Tu n'es vraiment que salope sadique...
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