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 [Solo] Le fond du gouffre

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Lœthwil
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MessageSujet: [Solo] Le fond du gouffre   [Solo] Le fond du gouffre I_icon_minitimeMer 25 Jan 2017 - 17:23




suite de déchéance

Tariho de la sixième ennéade de Bàrkios
Neuvième année du Onzième cycle
Bois de Wyslena


Ta langue caresse goulêment le pourtour de tes lèvres satisfaites. Pas une goutte de la poisse écarlate ne doit t'échapper. Un doigt après l'autre, tu râcles de tes dents les restes de victuailles accrochés sous tes doigts abîmés, terminant par la même occasion ton méticuleux nettoyage de la scène de crime. Ce n'est pas la première fois que tu voies ces baies tirer un elfe d'entre les griffes de la folie. Avant toi il y avait eu Halyalindë. Halyalindë qui tu l'espères aujourd'hui a su convaincre les fantômes de son passé de la laisser aller de l'avant. Elle n'est pas toute jeune la Protectrice, et bien loin des douces contrées de l'infantine innocence, mais elle n'a pas encore passé son premier demi-siècle. Il lui reste encore tant à voir, tant à faire, tant à découvrir... elle a encore le temps de se transformer, d'à nouveau bourgeonner pour s'épanouir en une fleur nouvelle. Toi, tu commences à te faire trop âgé pour cela. Quel que soit la force avec laquelle tu batailles contre eux, tes souvenirs sont déjà fermement ancrés en ta personne. Quel que soit la volonté que tu as de vouloir trouver un équilibre, ton être est déjà scellé dans le marbre, le bois et la cendre.

Tu es un Ornedhel qui a connu la ville, un Taledhel né dans les profondeurs des bois, un Anedhel ayant vu l'Estrévent. Tu es un elfe ayant touché à trop de cultures pour en embrasser une seule, un elfe ayant sa place partout, mais n'ayant son foyer nulle part. Tu es une forteresse de dangereux secrets bâtie sur un mensonge, et force t'est de constater qu'entièrement t'ouvrir mènerait à destruction plutôt qu'à la sécurité de l'empathie.

Vois ta propre face dans l'eau qui dort. Vois tes traits tirés par la colère qui attend d'exploser. Vois ton crâne échevelé par l'anxiété. Vois tes yeux dont l'or n'a plus rien de précieux. Il est temps de prendre la place qui te revient de droit depuis le début. Il est temps de reprendre la place que tu as finalement occupé tout au long de ta vie, celle que tu n'as que trop récemment décidé de quitter. Il est temps de redevenir l'observateur solitaire et silencieux, près des yeux et loin du coeur. Souriant d'une moue qui se veut vraie, une image de complète insouciance que tu veux être la tienne, une figure de sympathie et d'empathie qui aurait pu être la tienne, si seulement ton désir de voir la lumière ne t'avait pas pousser à te brûler.


~~~~~~~~~~~~~~~~


Arcamenel de la huitième ennéade de Bàrkios
Neuvième année du Onzième Cycle
Cité de Wyslena


Qu'as-tu entendu de plus que les roulis du métier à tisser depuis ton arrivée en ville ? Les voix des omniprésents gardes et vigies, les claquements de langues insatisfaits des elfes avec qui tu partageais l'atelier, les bruits de pas dont le rythme était presque systématiquement enjoué, autant de messages paradoxaux qui faisaient l'atmosphère de la Cité Sud d'Ardamir. Pourquoi étais-tu venu ici déjà ? Tu ne t'en rappelles plus, ou alors tu ne l'as jamais vraiment su. Tu n'es plus sûr de rien. Au moins les joyeux échos que renvoient les pierres de la ville te calment.
Tu n'en attendais pas tant de l'édifice Taledhel le plus proche des bois maudits. Tu aurais imaginé régner en ces lieux un air lourd et maussade, des visages creusés, dignes d'elfes ayant fait leurs vies à quelques lieues des grondements du Linoïn. À ton heureux étonnement tu t'étais trompé. Ici en Wyslena, justement parce que l'Aduram est si proche, ni la violence ni les virulents élans de peines et de frustration n'ont leur place. C'est une contrée de libératrices restrictions, où des Taledhels ayant foi en la protection offerte par leurs murs s'accrochent avec sincérité à des sourires véritables.

- Alors qu'en dites vous ?

Les soies d'araignées ont trouvé leur utilité dans un vêtement t'épousant comme une seconde peau imperméable aux coupures. Un parfait dessous d'armure à tes yeux, la tenue d'appârat parfaite aux siens.

- Magnifique ! Et avec cette carrure en plus ! Ce serait parfait pour...


~~~~~~~~~~~~


Calimehtarus de la Neuvième ennéade de Bàrkios
Neuvième année du Onzième Cycle
Cité de Wyslena

Un théâtre de guerre. À ceux qui ne reconnaissent que les elfes de la cité du Grand-Chêne comme fervents amateurs des arts du spectacle, les elfes de Wyslena pourraient apprendre que c'est bien l'entièreté des Terres Ancestrales d'Ardamir qui fut bénie par le toucher d'Arcamenel. Les sacrifices donnés à l'Oeuvre à Eraïson étaient encore brûlants, en particulier pour les habitants d'une cité si proche de celle qui a été perdue et reprise dans le sang, la sueur et la chair purulante. Pour beaucoup d'entre eux c'étaient des amis et de la famille qui avaient injustement disparu ; au moins à défaut d'une sépulture propre, ils pouvaient leur faire honneur en jouant leur glorieuse histoire.

Les épées factices jouent des batailles aux chorégraphies plus haletantes encore qu'elles ne le furent en réalité, les comédiens grognent, crient et lancent leurs tirades avec une affolante conviction. Ils n'ont pas vu la bataille, mais ils portent le poids du deuil, et en jouent savemment pour faire de leur récit le conte le plus poignant que la scène verrait jouer pour les prochains siècles, ou jusqu'au prochain tragique affrontement.

Tu entres en lice, ténèbres au regard. Ta puissante musculature roule avec une sordide élégance, magnifiée par son mariage avec le dramatique costume qu'il fut fait de ta création. Sous les applaudissements rugissants de la foule, tu joues à provoquer le grand blond et la fausse rousse. Dans cette populaire mascarade, ton rôle n'existait pas, pas plus que ceux d'Ardar, de Talin et d'Ealistera, et bien qu'une part de toi s'en offusque presque autant qu'elle s'offusque que le marionettiste ait vu en toi un parfait Noirelfe, tu trouves une inexplicable fascination à apposer ta signature au rôle du puissant mage Eldéen qu'était Haldren.

- Magnifique, n’est-ce pas ?

Entre tes doigts se tendent essences contradictoires, de feu et d'eaux glaciales, d'onyx et de cristal, en une masse informe dans laquelle tu plonges l'oeil avec une insatiable passion. Ta magie prend lentement forme, se stabilise en une sphère dont les constituants semblent encore vouloir s'écarter et se réunir, parcourus d'une vibration comme celle d'un véritable être vivant.

- Je suis déjà mort, elfes. Ou tout du moins cela s’y apparentait. Kyrïa m’a banni de ce monde, et mon âme a erré au-delà de notre réalité durant des années. Ou des siècles, peut-être ? En ces lieux, le temps ne signifie plus rien et chaque seconde y parait telle une éternité de souffrance.

La matière se condense au sein du petit bout d'univers auquel tu as donné vie. Exil et souffrance prennent un rythme à ton âme qu'une seule image sait véhiculer, l'effroyable majesté de la forêt d'Aduram. Pierres précieuses au sein des flammes tournoyantes, les arbres tordus et les animaux souffreteux se voient offrir une conscience, et animent leurs carcasses ankylosées.

- Mourez, maintenant.

Tes bras s'écartent, et la sphère s'ouvre comme une véritable faille sur un monde d'abominations, préparant leur saut vers de vaillants Protecteurs d'adversaires, alors qu'au sein d'un public en émoi, quelques visages angoisseux faisaient messes basses.
Pourquoi étais-tu venu dans cette cité ? Parce qu'elle connaissait une partie de ton secret. Et que faisais-tu ? Tu leur en offrais les clefs. Toi seul parmi eux a vu l'Aduram s'animer, respirer et vivre. Toi seul parmi eux a le souvenir de l'ancien Linoïn tel qu'il est réellement. Eux n'en possèderont jamais que le semblant d'étude qu'en a fait ton esprit dérangé en ce temps-là. Réflexion simpliste peut-être, conclusion hâtive pour un peuple habitué à longuement débattre des décisions dans lesquelles il se lance, mais à logique sans faute menée sans opposition peu de place pour la contestation.
Tu n'eus droit à aucun plaidoyer lorsque brisant le flot d'une réplique, l'accusation tomba. Ils ne te laissèrent pas le temps d'inventer une excuse tandis que pleuvaient les cordes d'un raisonnement ficelé d'une main de maître. Le penseur qui t'attire l'inimitié de la foule devrait pourtant savoir ce qu'il risque. Il t'appelle fou dangereux et instable mais prend malin plaisir à tirer d'entre les limbes tes plus douloureux souvenirs. Il t'appelle mage du chaos mais porte à peine son regard vers toi quand les mentons commencent à acquiescer. Il est si fier de son implacable logique le jeune chercheur qu'il oublie qu'aux causes qu'il énumère il y a conséquences.

C'est trop.

- Assez !

Ton myocarde manque un battement quand ton poing se ferme sur sa sentence. La langue flamboyante de ton Aduram se jette voracement sur l'inconscient et le râpe en dehors de l'existence même, laissant à peine quelques cendres comme témoins de sa vie passée.
Tu as tué un innocent.

Tu as pris une vie sans l'aval de la Mère.

Tu as perdu le combat Estiam.

Tu es maintenant un enfant du Linoïn.

Ton focaliseur sonnaille périlleusement. Tu sais avec quelle facilité tu t'offres entièrement aux flux. Tu sais quel intense bonheur c'est pour toi que de te perdre dans l'éther. Seulement tu ne sais plus si ta raison saura faire barrage contre le pernicieux lien qui peut se former entre ce bonheur et l'imminente détresse dans laquelle tu te trouves. Alors tu as fui. Tu as préféré fuir plutôt que de te faire leur bourreau. Tu cours au travers de la cité, à la recherche de la plus proche échappatoire, meurtrier inlassablement poursuivi par ses victimes. Tu abuses de l'agilité développée au coeur des forêts pour trouver route qui leur est moins praticable entre les quelques branchages se levant aux coins des rues et les toits de leurs édifices. Tu embrasses plus que tu ne l'aurais espéré le rôle d'oiseau de mauvais augure qu'il t'a été offert de jouer, et tu réalises que c'est bien ce qui te fais le plus peur.

C'est de voir disparaître la culpabilité au profit de l'excitation à chaque pas qui t'effraie le plus. C'est le risque que l'adrénaline efface tes inhibitions qui te terrorisme. C'est l'envie montante de faire face pour leur montrer qu'ils n'ont aucun pouvoir sur toi qui te pousse à mettre un pied devant l'autre. C'est pour eux et non pas pour toi que tu t'en vas. Le coeur de l'Aduram est loin, et voilà qu'à la vue des arbres rougeoyants de l'Anaëh d'Automne tu l'entends t'appeler. Ton temps au sein de la Prime Oeuvre est révolu. Pour toi l'Anaëh a déjà trop tenté sans jamais réussir.

Tu as perverti ta double sensibilité en dénaturant l'une pour comprendre l'autre.

Tu as ignoré ses inconnues merveilles à la recherche de celles d'autres contrées.

Tu n'es revenu la défendre que lorsqu'il était déjà trop tard.

Enfant de Mëlien, suis ta démente maîtresse. Puisque c'est de la curieuse que tu tiens, puisque comme elle tu veux voir les règles et les convenances ployer au nom de l'adaptation, il ne tient qu'à toi d'aller là où les bois sont changeants. Là où les esprits sont chaque jour celui d'une personne différente et où les branches se meuvent librement. Puisque c'est le mouvement ta philosophie, ferme les yeux sur la destruction laissée dans ton sillage, et cours vers ton inavouée amante. Kÿria te pardonnera, car elle sait comme il est difficile de résister aux chants de la maudite jumelle de Liltalaima.
Tu as résisté longtemps et c'est tout à ton honneur, longtemps le futur t'a préservé du passé, mais le doute fut la clef de ton malheur. Puisque tu t'es retourné, il est temps pour toi de replonger.







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