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 Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)

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Cinnaeth Kielendar
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Cinnaeth Kielendar


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MessageSujet: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeSam 11 Fév 2017 - 18:42

IDENTITÉ

Nom/Prénom : Cinnaeth Kielendar
Âge/Date de naissance : 393 ans – 609e année du Xe cycle
Sexe : Féminin
Race : Elfe Taledhel vivant dans la cité d'Alëandir
Faction : Cité d'Anaëh
Alignement : Chaotique Bon

Particularité : Excepté son obsession pour la couleur bleue, provenant peut être d’un narcissime non avoué pour ses yeux d’un bleu céruléen intense, Cinnaeth a une tendance à délibérément soulever son sourcil gauche, que ce soit lorsque quelque chose attire son attention ou bien pour se moquer du récit de son interlocuteur.
Métier : Membre du Conseil d'Alëandir en charge des relations entre Noss et Taledhels
Classe d'arme : Corps à corps
Capacités magiques : Bien que Cinnaeth ait des connaissances théoriques sur le sujet, elle ne pratique pas l‘Art.



Possessions & Equipements :
De par sa mère tisserande, Cinnaeth a développé un goût pour les belles tenues ; de par son père marchand et collectionneur, un amour des belles armes et armures. Ces deux influences se retrouvent bien évidemment dans la tenue quotidienne de la jeune elfe. Son armure est un mélange entre moyenne et légère : par-dessus un pantalon et une tunique en broadcloth* de couleur bleu ardoise lui arrivant au niveau des mollets, elle porte un plastron et une épaulière fait d’un métal léger, finement gravés de motifs floraux et par endroit relevés de touches dorées, ainsi qu’une tassette, de brassards lui couvrant le dos des mains et de bottes, le tout en cuir et ayant par endroit des motifs floraux. Ne manquant pas à une certaine coquetterie, elle porte un cache cou de cachemire bleu azure et ses cheveux, souvent portés relevés au moyen d’un bun tressé, sont attachés à l’aide d’une broche en argent sertie de liroconite. Elle a aussi une bague en argent, qu‘elle porte toujours à l‘auriculaire droit, dont l‘anneau imite le coprs d‘un renard s‘enroulant autour du doigt. L‘anneau est monté de la tête dudit animal minutieusement ouvragée d‘ornements géométriques gravés, et dont les yeux sont sertis de saphirs.

On pourrait imaginait Cinnaeth munie d’une épée et d’un bouclier, jouant les paladins sur les champs de bataille. Cependant cela n’est pas tout à fait exact. Elle porte en réalité deux lames : une de taille, qu’elle utilise avec sa main gauche, et une d’estoc, qu’elle manie avec sa main droite. Tout comme le plastron, les poignées des deux lames sont finement travaillées avec des entrelacs. Bien que possédant deux épées, elle les utilise rarement et seulement dans les cas extrêmes, préférant utiliser la parole comme arme.

Dans la catégorie objets excentriques, Cinnaeth possède un carnet. Quiconque aura l’occasion de l’ouvrir s’en retrouvera bien déçu. Pas que celui-ci soit vierge, mais plutôt rempli d’une série de chiffres. De fait, l’elfe écrit de manière chiffrée dans son carnet pour s’assurer que personne ne puisse le lire, ou tout du moins, sans prendre un certain temps et faire des efforts considérables.

*Je n'ai pas trouvé de traduction pour le terme broadcloth qui est un tissu fait à base de laine ou de cotton.  


Apparence :

EN BREF
- Petite (1,74m), stature menue, taille marquée, bonne condition physique, démarche gracieuse.
- Air espiègle, yeux bleu céruléen, regard perçant, cheveux argentés et ondulés, visage harmonieux mêlant féminité et jeunesse enfantine.
- Elle porte toujours des tenues raffinées témoignant d'un goût prononcé pour les belles choses.

« Cela faisait une éternité que je ne l’avais pas vue et au premier coup d’œil, je crus que c’était une humaine : elle n’était effectivement pas très grande. Néanmoins, elle se déplaçait d’une démarche souple et gracieuse, rarement constatée chez les humains. C’est alors que j’aperçus ses oreilles, elles aussi petites, mais pointues. Peut être était-elle une elfe, ou bien une demi-elfe... Mes derniers doutes se sont envolés lorsqu’elle a embrassé d’une étreinte Ardryl Larenthanil revenant de son dernier voyage en Ardamir : elle ne pouvait qu’être Cinnaeth, fille d’Ardryl et d’Edraelä Kielendar ! Je n’osais m’approcher. Cela faisait plusieurs mois qu’Ardryl avait quitté la cité, et je ne voulais pas troubler leurs retrouvailles.

Alors qu’ils entamaient une conversation, j’examinais Cinnaeth. Elle n’était qu’une enfant la dernière fois que je l’avais vu, mais je fus surpris de voir que ses yeux en amande étaient toujours de la même couleur bleu céleste qui, une fois vous fixant, vous transperçaient l’âme. Tout comme sa mère, ses cheveux, qu’elle portait relevés, étaient d’une couleur grise argentée. Au vue de ses quelques mèches folles, je soupçonnais qu’ils étaient d’une nature ondulée. Son nez fin et courbé ainsi que ses lèvres légèrement pulpeuses apportaient une note de féminité et sensualité aux traits harmonieux, mais encore juvéniles, de son visage. Le tout lui donnait un air charmant et espiègle.

La côté mutin du visage était sans nul doute renforcé par la stature menue de la jeune elfe. Elle paraissait effectivement fragile, prête à se briser en milles morceaux au moindre choc. Cette impression fut vite anéantie lorsque Cinnaeth aida son père à décharger les quelques caisses qu’il ramenait de son voyage à Lante, et ce sans aucune peine apparente. Je me rappelais alors qu’Ardryl avait poussé sa fille à apprendre le maniement des épées. Selon la rumeur, Cinnaeth s’entraînait tous les matins au réveil, mélangeant maniement de ses épées, exercices mêlant force et  souplesse, et étirements en tout genre. Cela expliquait sans doute le décalage que j’observais entre son apparence et sa condition physique.

Le déchargement fini, elle prit les rênes du chariot, sûrement pour le conduire chez le forgeron le plus proche afin de vérifier l’état des roues. Je me dis que je reverrai la jeune elfe dans un siècle ou deux. »

Témoignage d’un badaud dans une rue d'Alëandir, 880e année du Xe cycle.



Personnalité :

EN BREF
- Moderniste, visionnaire, curieuse, volontaire, dévouée
- Rusée, calculatrice, observatrice, empathique, intuitive
- Flegmatique, détachée, froide
- Secrète, double, comédienne
- Impertinente, ironique, pince-sans-rire




« A l’aube, elle est chercheuse d’or, interpellant chacun pour l’aider à trouver son chemin.

Lorsque le soleil est à son zénith, elle est intrigante, au centre de toutes les affaires mais d’aucune attention, elle conte avec art, conseille avec discrétion et manipule avec délicatesse.

Entre chien et loup, elle se retire, secrète, pour ne devenir qu’un lointain murmure, un souvenir s’évanouissant lentement de toute mémoire.

En mettant un unique être au monde, j’ai le sentiment d’avoir accouché d’une myriade d’âmes. Le monde est un théâtre. Un théâtre social dont elle apprend les règles avec diligence. Elle observe avec des yeux de lynx. Elle analyse, dissèque, apprend et n’oublie aucun détail. Elle se métamorphose à chaque nouvelle rencontre. Elle joue cette comédie humaine avec une habilité redoutable. Cinnaeth, ma fille, que cherches-tu ? N’oublie pas que ce monde n’est pas une de tes élaborées fantaisies. »


Edraelä Kielendar, mère de Cinnaeth, 702e année du Xe cycle.




Résolument moderniste dans son mode de pensée, Cinnaeth, si elle s’exprimait franchement, serait d’écrite par nombreux de ses concitoyens comme irrévérencieuse envers la culture et l’histoire elfique. Bien qu’elle respecte la plupart des préceptes elfiques, elle ne peut néanmoins s’empêcher de déplorer certains comportements arrièristes et conservateurs parmi ses concitoyens, ce aussi bien chez Taledhel que Noss. C’est en grande partie pour cela qu’elle a un vif intérêt pour les autres cultures de Miradelphia, ou les avis déviants d’elfes d’Anaëh, y cherchant des sources de renouveau pour la société elfique, paraissant coincée dans un conflit idéologique dépassé. Cela la rend toujours disposée à écouter et comprendre les opinions des autres.

Qui plus est, Cinnaeth est très intelligente, une intelligence s'exprimant doublement. D'une part elle est doté d'un esprit d'analyse très fin. Tel un lynx, elle examine les choses avec un œil curieux et pénétrant, aucun détail ne passant outre ses observations. Combinés à cela, elle a une excellente mémoire lui permettant de se rappeler des moindres détail d'une situation, se souvenant des discussions échangées au mot près, du pendentif en forme de lys plaqué d'or rose et serti de rubis de son voisin, ou du chat roux traversant hâtivement la rue derrière ses interlocuteurs. D'autre part, Cinnaeth possède une intelligence sociale et empathique plus que redoutable. Elle sait lire au travers des dires, expressions et postures des personnes autour d'elle, lui permettant de deviner secrets et mensonges, mais aussi animosité ou tristesse dissimulée. L'association de ces deux formes intelligences lui permettent de pressentir les choses rapidement et d'agir en fonction. Certain dirait que cela relève même de la voyance ou de la prémonition, mais détrompez-vous, aucune sorcellerie n'est à l’œuvre. Cinnaeth a juste une intuition très fine reposant sur la mise en relation d'éléments qu'elle aura observés, appris ou entendus. Si les crimes étaient monnaie courante en Anaëh, elle ferait une excellente détective.

Ces qualités sont mises au service de la diplomatie. Notez que, pour la jeune elfe, c'est un terme recouvrant une multitude de réalité, et pas seulement celle du compromis. Rusée et calculatrice, elle peut mettre au point des stratégies élaborées et utilise tous les subterfuges à sa portée afin de parvenir à ses fins, que ce soit pour brouiller deux personnes ou réconcilier deux clans, tant que cela sert ses idéaux, dont l'un est d'unifier Anaëh. Cet art de la manœuvre et du subterfuge l'amène à avoir un certain sang-froid et détachement des choses et personnes l'entourant. Dotée d'une volonté de fer, tel un général qui est capable de sacrifier ses troupes pour conquérir une ville, elle est prête à faire tous les sacrifices personnels pour atteindre son but. Cette apparente froideur n'est pour autant pas révélatrice du fond de Cinnaeth, pour qui chaque sacrifice laisse une profonde cicatrice et une mélancolie certaine.En effet, Cinnaeth est au fond une personne empathique et pouvant éprouver de très vives émotions et attachements envers ses proches, mais étant de nature secrète, elle ne révèle jamais le fond de ses pensées ou de ses sentiments.

Elle détourne ce genre de sujet en se réfugiant derrière une multitude de masques, masques tantôt doux et bienveillant, tantôt narquois et ironique. Ironie qu'elle manie avec habilité, surtout avec un humour pince-sans-rire rendant difficile de savoir si ses dires sont sérieux ou si elle se moque de vous. Elle entretien cet art de la confusion grâce, ou peut être à cause, de talents de comédienne très poussés. Cette sorte de schizophrénie lui permet notamment de s’adapter à la plupart des situations se présentant à elle, n’ayant qu’à changer de masque. En dépit de ce caractère quelque peu insolent, elle n’a que peu de vanité et d'orgueil. Actrice qu'elle est, elle ne cherche absolument pas à être sur le devant de la scène. Dans une pièce de théâtre, elle serait plutôt la scénariste tirant les ficelles de l'histoire que l'acteur ne faisant que subir le récit. En effet elle préfère s'affairer en arrière-plan, un visage multiple aux contours flous servant Anaëh.







« Soudain, tu m’aies apparue tel un feu-follet,
Lueur éphémère, discrète et imprévisible.
Approchant ta chaleur, mes doigts se sont brûlés,
Malgré la peine, ton éclat est irrésistible.

Hélas, pour ce rêve secret, tu te détaches.
Douce folie qui éteindra ta belle flamme,
Pour cet idéal de paix tu t‘énamouraches.
Prend garde ! Sache qu’elle n’épargne nulle dame.

Mais tu te joues du péril avec ironie,
Sciemment, dans cette chimère tu t‘emprisonnes.
Mes tendresses ne te feront changer d‘avis,
Déjà, dans un sombre chagrin, tu m‘abandonnes.

Quand, de notre amour, je doute qu‘il ait eu lieu,
Alors, hante mes songes un renard à trois queues*. »




Nárisca (ou feu-follet), par Iolrath Nirhon, supposé poète et amant, 998e année du Xe cycle.
*Référence aux kitsunes japonais (cf image), qui parfois sont décrits comme des feu-follets.





Histoire

CHRONOLOGIE
> 408e année du Xe cycle : Rencontre des parents de Cinnaeth.

609e année du Xe cycle : Naissance de Cinnaeth.

> 657e année du Xe cycle : Une scène du quotidien de la petite enfance de Cinnaeth avec son père revenant de voyage.

689e année du Xe cycle : Au cours du Double Choix, elle choisit de suivre les pas de son père. Celui-ci se chargea de lui enseigner l’art du commerce et du marchandage. Elle l’accompagnait dans ses missions, tout d’abord dans le protectorat de d'Alëandir, et ensuite dans le reste d'Anaëh.

> 701e année du Xe cycle : Son oncle Saeweth commence à lui apprendre le maniement de l'épée ainsi que quelques ficelles du métier de marchand.

727e année du Xe cycle : Naissance de son cousin Arlernil.

729e année du Xe cycle : Cinnaeth devient « officiellement » marchande. Elle s’associe à son père : elle est s’occupera majoritairement des échanges dans le reste du Royaume, tandis que son père s’occuperait de la redistribution des marchandises au sein du protectorat d'Alëandir.

793e année du Xe cycle : Naissance de sa sœur Nänalethaleë.

> 803e année du Xe cycle : Pour la première fois elle est directement responsable d'échanges commerciaux auprès des Noss.

> 882e année du Xe cycle : Elle est prises sous l'aile d'Arahaelon Mithalvarin, l'un des conseillers du protectorat d'Alëandir. Elle se charge pour lui de nombreuses missions diplomatiques avec les Noss.  

>996e année du Xe cycle : Arahaelon lui annonce qu'il compte quitter le Conseil d'Alëandir. Cela implique le choix de successeurs au sein de l'office, puis une validation de l'un des candidats de la part du conseil. Il souhaite que Cinnaeth se présente.

1e année du XIe cycle : Cinnaeth intègre finalement le Conseil d'Alëandir. Elle est en charge des relations entre Noss et Taledhel, comme Arahaelon avant elle.


Dernière édition par Cinnaeth Kielendar le Dim 26 Fév 2017 - 11:43, édité 14 fois
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeMar 21 Fév 2017 - 22:37





Enfance et Adolescence








« Tu n'es définitivement pas le roi de la discrétion. Railla Saeweth, son frère aîné.

Leur dernier client venant de partir, Saeweth revenait à son occupation favorite : se moquer d'Ardryl, à chaque fois qu'ils venaient à Alëandir c'était la même histoire... Tout, ou presque séparait, Ardryl de son frère. Ce dernier était grand. Lui était de taille moyenne. L'un avait les cheveux châtains foncés, l'autre blonds, une originalité pour un Noss. Son frère avait un visage allongé mais aux traits saillants. Lui, ses traits étaient fins et délicats. Son frère avait des yeux d'un marron cuivré, lui d'une couleur vert-gris pâle. Dans leur clan, beaucoup blaguait qu'ils n'étaient pas du même géniteur. Pour autant dès qu'on les connaissait un peu, il était évident qu'ils étaient bien les fils de leur père. Les chiens ne font pas des chats après tout...
Les deux frères provenaient d'un clan Noss fort peu apprécié par leur pairs. Non pas qu'ils soient une bande de malotrus sans bornes, mais leurs interactions régulières avec les cités les faisaient paraître comme de faux Noss qui ne tarderaient pas à rejoindre les rangs de « l'ennemi ». Une vision bien rétrograde qui faisait rire les anciens du clan. Cela faisait très longtemps que celui-ci avait penché pour une relation pacifiste avec les Taledhels, ne voyant aucun bénéfice à se braquer contre eux. Ils avaient choisis de vivre dans des maisons de pierre, et alors ? Pour leur part, les Taledhels ne les avaient jamais ennuyés plus que cela. Ils s'étaient même révélés être des partenaires commerciaux de choix. Le clan avait effectivement un accès exclusifs à quelques ressources dont les elfes de pierre raffolaient. Sachant que ces derniers sortaient bien rarement de leurs cités pour aller chercher ce dont ils avaient besoin, le clan n'avait donc eu aucun mal  à établir des relations commerciales avec plusieurs cités, dont la capitale elfique.
Depuis des générations, la famille d'Ardryl avait été désignée comme celle en charge des échanges avec les autres clans et les cités. En effet, cette famille, et ce depuis des temps immémoriaux, se transmettait de génération en génération l'art du bavardage et de la négoce. Deux choses auxquelles les deux frères excellaient. Ainsi, suivant les pas de leur prédécesseurs, Saeweth et Ardryl étaient à leur tour devenus des marchands ambulants au service de leur clan. Ils voyageaient de cité en cité afin de troquer des ressources collectées par le clan avec des biens produits par les elfes de pierre. C'était ainsi que ce jour-là, les deux frères avaient installés leur étale sur la place du marché du Quartier des Fontaines de la capitale.

Cela faisait donc cent ans que la même histoire se répétait. Cela en devenait très certainement grotesque, en particulier aux yeux de Saeweth. Cent ans que lorsqu'il quittait le clan, Ardryl était rempli d'espoir. Un espoir pur d'une naïveté touchante. Tout le long de leur voyage jusqu'à la cité il espérait comme un fou. Cette pensée tournait sans cesse dans sa tête, au point d'en devenir une réelle obsession. Cela ne faisait qu'empirer lorsqu'ils arrivaient à Alëandir. Là, chaque seconde devenait plus pénible. L'attente était insupportable, surtout que rien ne promettait de répondre à son espoir. Cette idée le terrifiait. Mais à chaque fois, et ce depuis cent ans, il l'apercevait.

- Tu sais, vu ta complexion et tes cheveux, tu peux passer pour un Taledhel sans trop de problèmes. Continua son frère, goguenard.

Ardryl ignora ce-dernier qui s'appuyait nonchalamment sur le mur de pierre derrière leur étale. Cela faisait donc cent ans que toutes les deux saisons il l'apercevait. C'était une elfe de pierre menue mais ayant une grâce et élégance sans égal. Elle portait toujours des tenues ravissantes. Aujourd'hui, c'était une robe à dominance rouge, mélangeant du vert au niveau des jupes, le tout rehaussé de fils d'or. Elle avait une petite tête bien bien proportionnées portée par un long cou. Ses traits étaient fins, mes durs, dénotant sans nul doute un caractère déterminé.  Ses cheveux d'or étaient toujours coiffés en un bun imposant. Ses yeux étaient d'une couleur azure intense. Elle se baladait avec un port altier dans le marché, regardant avec attention les étoffes et parfois discutant avec les marchands lorsque l'une d'entre elle retenait son attention. Face à une telle beauté, Ardryl se sentait minable. Il restait donc un misérable admirateur. Sur ces cent dernières années, il s'était fait à l'idée.

Absorbé par sa contemplation, il n'avait pas remarqué que Saeweth s'était agité pour sortir quelques nouveaux biens qu'il disposait avec soin sur l'étale. Jetant un coup d’œil, Ardryl fut abasourdi. Mine de rien, son frère aîné avait disposé quelques  tissus de grande qualité fait de soie ou de laine.

- Ou as-tu dégotté cela ?
- Ça c'est un secret cher frère.


Ardryl resta interdit. Quel tour fantasque était en train de lui jouer son frère ? Il n'eut pas le temps de s’enquérir plus au sujet de ces étoffes mystérieuses qu'elles avaient déjà retenu l'attention d'une personne bien précise. Une personne à laquelle il vouait une admiration secrète depuis cent ans. En s'apercevant de cela, son cœur manqua un battement. La belle elfe s'était approchée furtivement et prenait à ce moment précis une des étoffes de soie entre ses doigts longs et fins.

- Je ne savais pas que les Noss travaillaient avec temps de subtilité la soie...
Dit-elle doucement.
- Les clans réservent de nombreuses surprises ! Cela m'étonne qu'une auguste personne telle que vous s'attarde sur notre étale. Répondit Saeweth du tac au tac.
- Je suis tisserande, il serait bien malheureux que je ne sache reconnaître un tissu de qualité, et ce qu'importe son origine.

En disant cela elle avait détourné son regard de l'étoffe pour examiner son interlocuteur. Puis, elle tourna son regard, qui s'attarda, vers Ardryl. Ce dernier était totalement paralysé et pensait en tout honnêteté qu'il était sous l'emprise de quelque drogue. Voyant le malaise de son frère, Saeweth commença son discours commerçant. Il avait un certain don pour vendre tout et n'importe quoi. Don qui se retournait de temps à autre contre lui lorsqu'il vendait des biens de moindre qualité qu'attendu. Malgré tous ses efforts, la belle elfe restait de marbre. Elle finit par dire :

- Je crains que je ne puis m'offrir aucune de ses étoffes. Peut être une prochaine fois.

Bien que ceci ait été dit d'une voix ferme, Ardryl lu une sorte de déception sur le visage délicat de la Thaledel. Il était convaincu qu'intérieurement elle regrettait de ne pouvoir mettre la main sur l'un des tissus. Son frère avait certainement mis le prix haut. Lui même doutait que quiconque puisse le payer. Alors qu'elle partait, il s'aventura :

- Nous pourrions peut être imaginer que vous réalisiez quelques travaux pour le clan. Il est vrai que nous manquons cruellement de tisserands et vos talents nous serons bien utiles. Cela était un demi-mensonge mais Ardryl se sentait quelque peu désespéré de la voir partir ainsi. Elle se retourna et le dévisagea, une expression indécise sur le visage, comme si elle flairait quelque piège.
- Vous semblez beaucoup présumer de mes compétences. Remarqua-t-elle.
- Nullement. Seuls des mains habiles pourraient réaliser une telle robe. En échange de trois ans de vos services, je vous propose de prendre cinq des étoffes de votre choix.

La belle fit une pause, évaluant l'offre. Elle le regarda alors dans les yeux, une lueur dansante au fond de ses yeux azur. Elle répondit :

- Très bien j'accepte. Pouvez-vous me livrer les soies bleu et verte ainsi que les laines blanche à l'atelier où je travaille. Il est situé le long des quais, au coin de la rue en face du maréchal ferrant. En arrivant, dites que c'est pour Edraelä Kielendar. »

Cent ans plus tard, Ardryl emménageait à Alëandir. Et cent années encore après, une certaine Cinnaeth vit le jour.









Le soleil de midi commençait à chauffer avec ferveur les pierres blanches entremêlées de racines de la cité d'Alëandir. L’enfant trépignait devant les portes de la ville. Elle tentait de cacher son excitation en suivant les préceptes de bonnes conduites que sa mère lui avait enseignés, mais elle échouait lamentablement. Les gardes de la porte considéraient cette petite chose qui s’agitait devant la porte avec curiosité et bienveillance. L’un d'eux pensa que l’enfant était perdue. Ils se ravisa lorsqu’il sentit quelque chose l’observer. Il remarqua, un peu en retrait, une elfe distinguée, habillée d'une robe rouge brodée de fils jaune, étant sans doute la mère de l'enfant, qui veillait comme une louve sur sa progéniture. Il comprit qu’il n'avait point à s’inquiéter et qu'il pouvait laisser la petite en paix, même si, dans l’immédiat, l’expression s’appliquait difficilement à celle-ci.

De l’agitation de l’autre côté de la porte détourna son attention de la petite et l’obligea à aider ses frères d’armes à ouvrir les portes de la ville. En effet une caravane approchait, sûrement celle annoncée trois jours auparavant. Les portes s’ouvrirent, et à peine la tête du convoi émergea de l’arche que l’enfant bondit :

« Papa !
- Cinnaeth fais attention tu…
Ardryl n’eut pas le temps de finir sa phrase que sa fille lui avait déjà sauté au cou. Il ria.

Ardryl était l’un des rares elfes de la capitale à faire des voyages fréquents dans tout l'Anaëh pour échanger des ressources entre les différents protectorats, mais surtout avec les clans Noss. Il partait généralement que pour un ou deux mois, mais parfois il lui arrivait de partir quelques années. Cette fois-ci, il avait quitté la capitale cinq mois durant.
L’arrivée de la caravane avait troublé l’habituelle quiétude des rues d'Alëandir, et une certaine effervescence se formait au niveau de la porte. Les elfes du coin se rassemblaient pour accueillir la compagnie caravanière. L’un, gastronome et chercheur culinaire, demandait s’ils avaient ramenés les racines de Solch poussant dans les forêts de la Quatrième Saison. L’autre, tavernier local, ramenait et distribuait des boissons rafraîchissantes aux voyageurs qui les accueillirent avec plaisir. Certains citadins venaient retrouver leurs amis et proches. D’autres voulaient savoir qu’elles étaient les nouvelles à l’extérieur de la capitale. Au milieu de toute cette agitation, Cinnaeth n’avait pas quitté les bras de son père. Elle le pressait de questions sur son voyage. Il lui répondit avec un sourire attendri :

- Je te conterai cela ce soir.
Elle lui répondit avec une moue boudeuse :
- Qu’est ce qu’attendre une demi-journée après plus d’un an ? Pour toute réponse, il lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

Le soir arriva. Une sacrée fête avait lieu sur la place Hithu, non loin de là où résidait la famille de Cinnaeth, se trouvant au nord des Habitations Communes.  Voisins, famille, amis, tous célébraient le retour d'Ardryl avec joie. Les conversations allaient de bon train et Ardryl contait avec talent les aventures de son dernier voyage. Parfois on gloussait , parfois on s’offensait, souvent, on débattait. L’histoire d’un groupe d'un clan Noss inamical rencontré au détour d'un chemin retint beaucoup l’attention. Ceux-ci étaient en migration, automnale pour trouver un climat plus clément pour l'hiver. Trop confiant, l'un des marchands de la caravane s'était approché, avenant, vers le clan. Bien qu'il n'ai eu aucune intention belliqueuse, la réaction des Noss fut immédiate. Se sentant menacés, ils encerclèrent la caravane, les marchands n'avaient eu le temps de faire quoi que ce soit, stupéfaits et effrayés d'une telle agressivité. Seul Ardryl eut la présence d'esprit de montrer patte blanche au clan en déposant à terre les armes qu'il portait, et, avec un regard insistant, incita ses compagnons à en faire de même. Il savait par expérience qu'un clan en mouvement était vulnérable. Tous les membres du clan, enfants inclus, faisaient parti du voyage. Cela rendait l'intégralité des membres tendus, très tendus. Le dépôt des armes apaisa les chasseurs Noss, certain débandant leurs arcs mais restant aux aguets. Alors ils entamèrent une conversation. Ardryl commença à présenter leur plus plates excuses pour les avoir dérangés. Il expliqua ensuite qu'ils cherchaient à rattraper la grande route reliant Ardamir et Alëandir. Les Noss étaient attentifs, l'un d'eux, qu'Ardryl identifia comme le chef guerrier du clan, leur expliqua qu'ils fonçaient droit dans un piège, piège dans lequel ils étaient eux même tombés la veille. En effet, la petite rivière longeant le chemin qu'ils empruntaient actuellement était hors de son lit suite aux pluies torrentielles ayant eu lieu sur les derniers jours. La nouvelle n'enchanta guère la petite compagnie, et ils commencèrent à débattre entre eux sur la marche à suivre. Cette petite discussion sembla agacer au plus haut point le chef guerrier et quelques Noss commençaient à s'agiter. Comprenant qu'ils feraient mieux de déguerpir en vitesse, Ardryl trancha sur le sujet et proposa de rebrousser chemin vers Ardamir pour reprendre la route principale un peu plus haut. Cela leur ferait sans doute perdre trois jours de route, mais aucune autre solution viable semblait s'offrir à eux. Surtout, il souhaitait mettre de la distance entre la caravane et les Noss, dont la patience s'amenuisait à vue d’œil. Les autres membres de la compagnie acceptèrent à contre cœur, lançant un regard quelque peu rancunier aux Noss, les considérant sans doute coupables de leur mésaventure. Ardryl remercia le chef guerrier pour son conseil et leur souhaita une migration exempt de toute autre infortune. Le chef acquiesça, les chasseurs reculèrent. La caravane partit, mais tous pouvaient sentir le regard des Noss dans leur dos.

Nombreuses furent les réactions à cette histoire. Tour à tour stupéfié et outré de ce manque de civilité, chacun avait un commentaire à faire connaître. L'un remarqua que les Noss étaient de vrais rustres. L'autre lui rétorqua qu'ils avaient juste été surpris dans leur voyage et était convaincu qu'en temps normal ils n'auraient pas réagi de la sorte. Chacun y allait de son avis personnel, dans une vaine tentative de gagner ce débat sans fin. C'était comme chaque invité était devenu un expert en culture Noss alors qu'il n'y avait jamais songé plus que cela. Cinnaeth était un peu égarée dans ce débat lui semblant bien creux. Du haut de ses jeunes années, elle n'avait jamais perçu les Noss comme une menace quelconque, au contraire même. Des contes que son père lui faisait des clans Noss, elle en avait conçu une sorte d'affection fraternelle. Elle regarda son père qui s'était tu.  Il affichait un sourire conciliant, mais elle pouvait lire une certaine tristesse dans ses yeux. Bien que Noss lui même, peu semblait le savoir parmi les convives présents. En vérité et à l'étonnement même d'Ardryl, il s'était intégré avec une certaine aisance à ses confrères de la Cité. Son apparence physique proche des Taledhel avait grandement aidé. On le prit pour un elfe de pierre d'une autre cité et personne ne posa plus de questions que cela. La petite, quelque peu perdue dans ce déluge d’âneries au sujet des Noss, ne fit de commentaire. Elle se contenta d'écouter les paroles en l'air de ses aînés tout en mangeant les racines amères de Solch présentes dans son assiette.

Le lendemain, Cinnaeth passa toute la journée avec Ardryl. C'était en soit toujours le cas lorsque celui-ci revenait de voyage. La petite ne le quittait pas d'une semelle pendant une semaine entière.
Le matin ils assistèrent Edraelä dans la réception de plusieurs sacs de laines et de soies brutes. Elle allait devoir les préparer afin de pouvoir les utiliser dans des travaux de coutures. Chaque tisserand d'Alëandir avait ses avait ses propres techniques de préparation des matériaux, de filage, de tissage, et de techniques de coutures. Sa mère faisait partie des artisans les plus prisées : elle travaillait la laine et la soie comme nul autre. Les étoffes produites étaient d’une finesse et douceur sans égal. Leur éclat donnait immédiatement une allure princière à n’importe quelle tenue.  Les couturiers de la ville s’arracher les tissus sortant de l’atelier. Les armuriers eux aussi venaient chercher les tissus de l’atelier, utiliser comme doublure pour leurs armures. Ils appréciaient particulièrement la résistance et souplesse des tissus d’Edraelä. Victime de son succès, son carnet de commande n'avait donc fait que croître et embellir sur les dernières décennies. Sans prendre de nouvelles commandes, elle pouvait travailler sans relâche sur le prochain siècle. Elle songeait à prendre de jeunes apprentis pour l'assister dans son travail car cela devenait ingérable.  
L'après-midi, père et fille se rendirent à la place Tyral. Cinnaeth avait remarqué que son père aimait particulièrement cet endroit. Lorsqu'elle lui avait demandé pourquoi, il lui avait répondu que cela lui rappelait sa jeunesse. Ce qui avait été le plus dur au final dans sa transition vers la Cité fut le manque de nature autour de lui, mais aussi l'organisation spatiale de la ville quelque peu aliène pour lui. La place Tyral, collant aux traditions Noss dans sa construction, était un havre de paix où il venait se ressourcer. Il avait pris pour habitude d'emmener Cinnaeth sur cette place, celle-ci semblant tout autant l'apprécier pour des raisons qu'elle gardait secrètes. Ils pouvaient ainsi rester là des après-midis entières, assis côte à côte, observant les passants et autres curiosités de la place. Mais ce jour là, une question taraudait Cinnaeth. Une question qu'elle avait ressassée toute la nuit durant :

- Papa, tu es toi même Noss. Alors pourquoi ce clan t'as attaqué ? Ils ne t'ont pas reconnu ?
- Les Noss sont très différents d'un clan à l'autre. Mon clan n'a pas grand chose à voir avec celui que nous avons rencontrés il y a quelques jours. Nous sommes sédentaires et avons adopté des positions modernes sur de nombreux points. Ils sont nomades et traditionalistes, révérant Kÿria et ses nombreux cadeaux dans leurs moindres actions. Pour autant, même s'ils ne l'ont pas indiqué, ils ont dû reconnaître mes manières Noss, ce qui explique pourquoi ils n'ont pas directement attaqués. Je n'aurais pas été là, je ne suis pas certain que l'issue de cette histoire eut été la même.
- Et pourquoi ils n'aiment pas les elfes comme moi et maman ?


Entendant cette question, Ardryl eut un pincement au cœur. Combien étaient-ils, à peine nés, déjà jetés dans un conflit sans queue ni tête qui duraient depuis des millénaires ? Il doutait que Kÿria souhaitait cela pour ses enfants. Opinion qui poussait certains à adopter des positions extrêmes. Y avait-il un moyen de sortir de cette impasse ? Réfléchissant à cela, il se rendit compte que son frère n'avait jamais vu sa fille. Il se demanda même si sa famille était en fait au courant... Son départ pour la ville avait été reçu avec une certaine froideur et les aux revoir avaient été cordiaux. Pour autant il était prêt à parier que Saeweth aurait été heureux d'apprendre qu'il était l'oncle d'une adorable petite elfe. Peut être que cela était un premier pas...

- Je vais te prouver que tous les Noss ne détestent par les petites citadines comme toi. » Lui répondit-il souriant et passant tendrement sa main dans ses cheveux d'argent.

La petite souleva un sourcil avec curiosité.









Cinnaeth bondit sur le côté. Elle esquiva un premier puis un deuxième coup. Se dégageant de l’offensive de son adversaire, elle fondit sur celui-ci en effectuant une rotation pour lacérer ses flancs. Son coup fut arrêté net par le bâton de son opposant. L’énergie du choc la fit reculer et perdre quelque peu son équilibre. Cet instant de flottement fut assez pour que son adversaire lui assènent un coup sec au niveau de l’abdomen. Elle vola et tomba sur son postérieur, une douleur irradiant du bas de son dos et en remontant tout le long. Reprenant ses esprits elle s’exclama :

« Saeweth tu va finir par réellement me blesser avec de tels coups !

C’était la sixième fois qu’elle mordait la poussière. Avec ses yeux cuivrés, son oncle la regardait amusée du haut de ses deux mètres. Il avait tiré en arrière ses longs cheveux châtains au moyen d'une natte, mettant en valeur son visage anguleux.

Cinnaeth avait finalement découvert son oncle il y a de ça une trentaine d'années. En toute franchise, elle ignorait le fait qu'elle avait un oncle avant cela. Un beau jour, son père ramena un parfait inconnu à leur maison. A cette première surprise, s'ajouta celle de voir sa mère accueillir chaleureusement celui-ci. Cinnaeth compris que les trois devaient se connaître, mais c'est seulement lorsque son père l'introduisit qu'elle apprit la vérité. Sur le coup elle ne sut quoi dire ou quoi faire. Elle n'avait songé au fait d'avoir d'autres membres dans sa famille hormis ses parents, et un grand-père du côté maternelle qu'elle voyait rarement. Saeweth lui avait paru être un géant, faisant facilement une tête de plus que son père. Son visage saillant encadré par ses cheveux foncés lui donnait un air dur. Air renforcé par son regard pénétrant. Ces caractéristiques étaient rares chez les elfes de pierre. Elle qui se démontait rarement était quelque peu intimidée. Un silence malaisé c'était installé. Silence que son oncle avait rompu avec une boutade à l'encontre de son frère, car n'oublions pas que cela était son passe-temps préféré :

- Je ne remettrai jamais la parenté d'Edraelä en cause ; elles ont les même yeux. Quant à toi, je veux bien que tu sois blond de cheveux, mais non blanc-argent... Tu es certain que c'est bien ta fille ?


La seule réponse qu'il eut de la part de son frère fut un long soupir quelque peu exaspéré, tandis que sa mère eut un léger rire. Cinnaeth, qui même impressionnée, n'était pas prête à laisser un autre malmenée son père, car oui, elle aussi prenait un malin plaisir à se moquer de son père et à le faire tourner bourrique. Plaisir qu'elle n'aimait pas partager. Sentant que son oncle ne lui en tiendrait pas rigueur, elle rendit la pareille à ce-dernier :

- Et vous, qui me prouve que vous êtes effectivement le frère de mon père ?

A cette réponse inattendue, son oncle s’esclaffa tandis que ses parents la sermonnèrent pour montrer si peu de respect envers son aîné. Malgré ce faux incident diplomatique, Saeweth était tout de suite tombé sous le charme de sa nièce. Elle avait quelque chose d'exotique à ses yeux en comparaison aux enfants du clan, mais surtout, elle avait un esprit terriblement fin et adroit et apprenait très vite. Il portait à la petite une affection paternelle et il s'était considérablement attachée à elle, même s'il ne l'admettait pas ouvertement. Cette affection était  réciproque et Cinnaeth était toujours heureuse de voir son oncle. Il restait généralement un mois en ville, un mois pendant lesquelles les deux ne se quittaient pas. Cet attachement avait rassuré Ardryl qui pendant longtemps n'avait plus eu de contact avec son frère suite à son départ du clan. Pour une raison obscure, il s'était persuadé que son frère rejetterait sa fille sans grande considération.

- Soit heureuse que j’utilise un bâton et non une lance ou une épée. Elle t’aurait transpercé l’abdomen au lieu de t’envoyer voler.
- Et soit heureux que maman ne voit pas cela, elle t'enverrait voler par-dessus les murs de la cité.
- Sur ce point, tu as sans nul doute raison. Mais comme elle est absente, j'en profite.


Cela était malheureusement vrai. Plus Cinnaeth grandissait moins elle voyait sa mère. Cette dernière était tellement absorbée dans son travail qu'elle ne passait plus que de rares moments avec sa fille. C'était certainement une des raisons pour laquelle Cinnaeth aimait autant son oncle. Il comblait d'une certaine manière un manque affectif de la part de ses parents, tous deux ayant des occupations très prenantes. Elle n'avait pour autant jamais fait de remarques à ses parents sur ce sujet. Elle ne voulait pas leur apporter un soucis supplémentaire et elle se doutait qu'ils étaient conscients de la situation. Surtout elle ne voulait pas attristée sa mère plus que nécessaire. Malgré une certaine absence de la part de ses parents, elle s'ennuyait rarement. Elle allait quotidiennement aux bibliothèques de l'académie d'Alëandir. Elle lisait beaucoup, en particulier sur les Noss et les autres peuples de Miradelphia. Elle passait aussi régulièrement aux quartiers des fontaines où elle était connue comme le loup blanc. Elle aidait volontiers les divers artisans qui, en échange au cours de leurs conversations, lui apprenaient de nombreuses choses sur la vie de la cité, et ce allant des dernières grandes nouvelles politiques aux derniers ragots. Ce qu'elle aimait particulièrement était d'entendre les expressions populaires au sujet des derniers événements en Anaëh. Cette sorte d'espionnage innocent lui permettait d'en savoir énormément sur la ville. Lorsque des choses lui paraissaient intéressantes, elle les remontait à ses parents, étant certaine qu'ils les mettraient à profit, chacun à leur manière. La voix de Saeweth la tira de ses pensées :

- De plus, la douleur est un très bon moyen d'apprendre.

Cinnaeth leva un sourcil à cette remarque. Une semaine auparavant, Saeweth s'était mis en tête de lui apprendre à se battre et à manier l'épée. Elle avait tout d’abord refusé catégoriquement n'ayant aucun intérêt pour le maniement des armes et la guerre en général. Alors débuta une longue négoce entre les deux elfes, qui tous deux pouvaient faire preuve d'une très grande obstination. Il commença par affirmer qu’il était essentiel d’avoir un corps sain pour toute jeune fille d’esprit. Cinnaeth lui rétorqua qu'elle faisait déjà quantité d'activité physique et voyait difficilement en quoi sa proposition pouvait améliorer sa santé pour le moins parfaite. Il déclara alors que l’art du combat était tout aussi riche que l’art de l’éloquence. Cela piqua la curiosité de Cinnaeth mais n'était pas suffisant pour la convaincre. Après tout, elle pouvait aller lire sur l'art du combat à l'académie. Après une semaine d'échanges d'arguments plus ou moins honnêtes, Cinnaeth finit par accepter d'essayer au moins une fois. Lorsqu'elle vit le sourire radieux et victorieux s'épanouir sur le visage de Saeweth, elle regretta quelque peu ses paroles. Quoiqu'il en soit, le matin même ils avaient commencé cette première séance, qui se révélait être douloureuse pour Cinnaeth. Saeweth vint s'accroupir à côté d'elle et, sérieux, il continua :

- Il y a quelque chose que je ne comprend pas, toi qui passe ton temps à observer ce qui t’entoure. Elle leva un sourcil interrogateur. Il lui paraissait quelque peu incongru qu’un elfe quatre fois centenaire lui demande d’éclairer ses lanternes. Pourquoi te précipites-tu sur ton adversaire sans même réfléchir ?
- Pour faire en sorte que cet enfer se termine aussi rapidement que possible ?
La remarque arracha un sourire à son oncle.
- Et bien, tu fais fausse route si tu penses que ton soudain abrutissement va me décourager de t'apprendre quelque chose.

Elle sourit à son tour. Elle n'en attendait pas mois de lui. Il l’aida à se relever et rangèrent ensuite leurs armes sur un porte-épée. Ils sortirent dans la rue et se dirigèrent vers l’atelier d’Edraelä, Cinnaeth avait promis à sa mère de l'aider à finir quelques tenues dans l'après-midi. Sur le chemin, il expliqua à Cinnaeth toutes les fautes qu’elle avait commises lors de cette première séance. Elle laissait ses flancs à découverts. Elle s’agitait en tout sens sans avoir d’objectif précis. Il lui manquait de la sérénité dans ses mouvements et actions. Elle était trop dans la réaction et non dans la planification. Mais le plus important était qu’elle n’observait pas assez son adversaire. Le langage corporel que ce dernier pouvait avoir, si lu correctement, était le meilleur moyen de gagner un combat.

- D'ailleurs cela est aussi vrai lorsque tu marchandes avec quelqu'un. Savoir lire son langage corporel est encore plus important que d'écouter ce qu'il peut dire. Cette dernière phrase retint particulièrement l'attention de Cinnaeth.
- M'apprendrais-tu cela si j'accepte de continuer tes séances de tortures ?
- Je pensais avoir été clair sur le fait que je n'allais pas abandonner ton apprentissage en la matière.
- J'ai accepté pour essayer, point pour m'engager.
Il vit immédiatement où elle voulait en venir et sur ce coup là, il reconnut qu'elle l'avait eu.
- Très bien, le matin nous nous entraînerons au maniement de l'épée. En début d'après-midi nous irons faire le tour des différents marchés d'Alëandir pour que je t'apprenne à lire le langage corporel. Et ensuite nous reviendrons aider Edraelä. Ça te va ? »

Cinnaeth acquiesça. Les semaines qui suivirent passèrent en un clin d’œil. Les séances suivantes ne furent pas des plus glorieuses et alla embrasser à plusieurs reprises le sol. Malgré ses chutes et ses muscles douloureux, elle continua, avec une détermination de fer, les entraînements, s'appliquant à lire les mouvements de son adversaire. Petit à petit elle savait deviner la direction des coups et les évitait avec un temps d'avance. Ensuite elle réussissait à faire quelques attaques sans pour autant être prise à revers la seconde d'après. A la fin des neufs semaines, elle réussit même à porter un coup à son oncle. En parallèle de cet entraînement intensif, ils passaient une bonne partie de leurs après-midi à traîner sur les marchés de la ville. Une fois, observateurs attentifs, l'autre acteurs vigilants. Saeweth commença par traduire les comportements qu'ils observaient. Puis il envoya la jeune elfe marchander, à chaque fois l'observant et lui faisant des retours sur sa manière de procéder. Elle était avide de s'améliorer, et écouter avec attention les remarques de son mentor. Même si Saeweth trouvait toujours quelque chose à corriger, il trouva que sa nièce était très prometteuse. Elle s'adaptait rapidement à son interlocuteur, et en une après-midi elle pouvait jouer différents rôles s'en s'embrouiller.

À la grande tristesse de Cinnaeth, Saeweth repartit finalement pour son clan. Même s'il adorait sa nièce, vivre dans une ville et être loin de son clan et du reste de sa famille lui pesait. C'était toujours avec un mélange de tristesse et de joie qu'il quittait la capitale. Sur le chemin du retour, il se promit d'écrire rapidement à Ardryl au sujet de sa fille. En vue de ce qu'il avait observé, elle ferait une excellente marchande. Rien d'étonnant en soit, après tout, cela faisait des générations que le don inné de la négoce coulait dans leurs veines non ?








Dernière édition par Cinnaeth Kielendar le Dim 26 Fév 2017 - 20:36, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeMar 21 Fév 2017 - 22:47





Vie Adulte






Assise en tailleur en face de la forêt, Cinnaeth se ressourçait tranquillement. Elle venait de finir une séance d’entraînement avec son oncle. Cela faisait bien longtemps que les deux n'avaient pas pu faire cela. Depuis la naissance de son fils Arlernil, les visites de Saeweth à Alëandir se faisaient rares.  Le regard de Cinnaeth scrutait les profondeurs de la forêts. La première fois qu'elle était sortie de la capitale avec son père pour rendre visite au clan, elle s'était sentie très mal à l'aise à être entourée d'une nature si sauvage. La sécurité apparente des murs et des habitats de pierre lui avait manqué cruellement. À force de voyages dans les Noss du protectorat, et de séjours au sein du clan Peth'Idhren, elle avait fini par s'accoutumer à la forêt d'Anaëh. Tout du moins, à celle du protectorat d'Alëandir. À en croire les membres du clan, les forêts recouvrant Anaëh avait toute leur propre atmosphère. La chef spirituelle du clan, Ma'hëlnoss, lui avait expliqué que cela était lié à la Symphonie des Arbres, termes qu'elle entendait rarement dans la cité, sauf de la bouche de son père.

Respirant profondément, elle se préparait mentalement à la journée qui allait se dérouler. Elle n'était effectivement pas en simple visite de courtoisie au près du clan de son père. En effet, depuis une centaine d'année son père avait travaillé de concert avec le clan afin d'en faire un lieu d'échange stable entre les clans Noss avoisinants et la cité Alëandir. Les choses s'étaient construites lentement avec quelques accrochages de temps à autres. Grâce à la persévérance et la patience infinie de son père, ainsi que le support de plusieurs membres du clan, la Noss Peth'Idhren était devenue la plaque tournante du commerce entre Noss et Taledhel, même si la seule vraie Taledhel y ayant mis les pieds était Cinnaeth, son père étant originellement du clan. Toutes les décennies, plusieurs clans vivant dans le protectorat ou dans sa vicinité envoyaient un représentant pour exposer leurs besoins. Alors commençaient de longues discussions pour savoir la nature des échanges, les plus problématiques étant habituellement ceux avec la capitale, mais surtout de définir l'organisation de ces échanges, pouvant parfois s'étaler sur un siècle. D'une poignée lors de la première réunion, ils étaient maintenant une quinzaine de membres. Bien qu'encourageant, cela voulait dire que les négociations devenaient d'autant plus complexes et dureraient d'autant plus longtemps. Il était prévu que celles-ci durent un mois entier, avec dix-huit membres présents. La grande nouveauté pour Cinnaeth était qu'elle allait devoir représenter  Alëandir. Au cours des précédentes réunions, son père s'en occupait, elle, restant soigneusement dans l'ombre. Il y a de ça dix ans, après la naissance de sa seconde fille, c'est à dire la petite sœur de Cinnaeth, il ne se déplaçait plus en dehors de la cité. La responsabilité de s'occuper des ces échanges étaient retombées sur les épaules de Cinnaeth, jugée comme étant la plus qualifiée à remplir ce rôle. Même si ce changement pouvait paraître anodin, elle était bien consciente que cela allait être difficile à accepter dans un premier temps de la part des autres Noss. Même si son père vivait dans une cité, il restait un des leurs. Cinnaeth, elle, ne l'était pas, et ne le sera sans nul doute jamais. Elle n'était pas née dans un clan ; les mœurs et traditions du clan de son père sonnaient quelque peu comme de fantastiques fables à ses oreilles. Cela ne voulait pas pour autant dire qu'elle ne les respectait pas. À vrai dire, elle avait pour le clan Peth'Idhren une grande admiration et curiosité. Après presque quatre-vingt ans à les côtoyer, elle avait le sentiment de commencer à peine à réellement comprendre leur culture. Avoir l'occasion de rencontrer d'autres Noss avait quelque chose d'excitant, mais aussi de périlleux. Elle était consciente du fait qu'elle allait devoir faire très attention à ses moindres gestes et paroles...

L'arrivée impromptue de son cousin la sortit de ses pensées. Arlernil avait maintenant soixante seize ans et faisait deux têtes de moins qu'elle, chose qui changerait sûrement dans les prochaines décennies. Bien que son visage conservait une rondeur propre à celle des enfants, il était clair qu'il avait pris de nombreux traits de Saeweth, en particulier le nez droit et les cheveux. Cinnaeth se souvenait encore parfaitement du jour où il l'avait vu pour la première fois. Il l'avait regardé avec des yeux ronds comme si elle sortait tout droit d'une légende du clan. D'abord timide, il lui tournait autour sans trop savoir comment se comporter. Puis petit à petit, il devenait plus téméraire, se rendant sans doute compte que cette étrangère n'allait pas le manger. Lors du dîner il s'était assis à côté d'elle et avait passé sa soirée à trifouiller ses cheveux d'argent qui semblait particulièrement le fasciner. Les jours d'après, il ne la quittait plus. Cela était sans doute un trait de famille... Cinnaeth s'attacha à son cousin sans grande difficulté, celui-ci étant d'une gentillesse sans égal avec elle. Dans une certaine mesure, elle prit le rôle de grande sœur pour lui. Même si cela pouvait paraître qu'une fraternité innocente, Cinnaeth se rendit compte progressivement que cela lui donnait aussi des responsabilités envers l'enfant, dont celle de dépeindre une image aussi neutre que possible des Taledhels. Elle souhaitait que son cousin ait conscience que tout ce qu'il pouvait entendre au sujet de ses concitoyens de la part des Noss n'était pas nécessairement justifié. Elle ne savait pas si cela fonctionnait réellement, mais elle s'évertuait à le faire. En soit, elle ne faisait que planter des graines et espérait qu'elles poussent. Peut être en verrait-elle les bourgeons dans les décennies ou siècles à venir. L'affection que les deux cousins se portaient avait fortement réjouis Saeweth. Pour autant, Cinnaeth savait que cela n'était pas partagé par l'intégralité du clan. Non pas qu'ils y étaient opposés, mais ils la considéraient comme une étrangère, ce qu'elle ne pouvait leur reprocher. Tout au plus la considérant avec curiosité, peu lui accordait beaucoup d'importance et ne faisait que la tolérer au sein du clan lors de ses séjours avec son père. Ce-dernier ne connaissait pas la même froideur de la part des membres, car il avait grandi en leur sein. Arlernil avait sans nul doute conscience de cette situation, et c'était sans doute à cause de cela qu'il s’efforçait à divertir Cinnaeth de cette réalité.

Quoiqu'il en soit, son cousin était venu l'informer du déroulé de la réunion de l'après-midi. Cinnaeth supposa que sa mère, Amarthandis, en charge de l'organisation n'avait pas daigné apporter la nouvelle elle-même. Ceci dit, elle ne s'en plaignait pas. Elle préférait de très loin son cousin. Arrivé à la fin de son rapport, Cinnaeth fronça les sourcils. Un détail la chiffonnait. Elle allait être positionnée à l'ancienne place de son père. Au premier abord il pouvait paraître logique qu'il en soit ainsi, mais les positions autour de la table de discussion se faisaient de manière circulaire par la droite et étaient déterminées en fonction de la proximité avec le clan Peth'Idhren. La chef spirituelle qui présidait les réunions servait de point de départ. À sa droite était toujours Saeweth, membre du clan. Ensuite venait son père, qui bien que représentant Alëandir, était aussi un membre, ou ancien membre, cela dépendait des avis. Ensuite venaient  les autres participants.  Cinnaeth considérait que de prendre la place de son père serait d'une grande maladresse. Elle serait, à juste titre une réelle étrangère aux yeux des autres participants de la réunion. La mettre à une telle place risquait de sérieusement les contrarier. Ce n'était pas la meilleure stratégie pour commencer des négoces, surtout qu'elle avait beaucoup de demandes à faire passer... Remerciant Arlernil de lui avoir apporter ces informations, elle sauta sur ses pieds, et se décida à aller voir  Ma'hëlnoss qui dans sa grande sagesse comprendrait sans difficulté le problème. Sur le chemin, elle réfléchit à la façon dont elle allait aborder la chose, mais surtout quel jeu elle allait elle-même endosser. Elle décida d'adopter une attitude soumise, mais ferme dans ses intentions. Arrivée aux alentours de la tente de la chef spirituelle, Cinnaeth vérifia que sa seconde n'était pas dans les parages. Celle-ci avait une tendance à toujours lui faire barrage. N'apercevant personne, elle se faufila furtivement à l'intérieur de la tente. Ce n'était certainement pas la manière la plus polie de faire les choses, mais elle était quelque peu pressée, la réunion commencerait d'ici deux heures. À peine eut-elle franchi le rideau de la tente qu'une voix l'accueilli:

- Il est rare que l'on se présente dans ma tente non annoncé, qui plus est d'une façon si inopiné.
- Je vous prie de pardonner mes manières Ma'hëlnoss. Je dois m'entretenir avec vous d'une question urgente.


Cinnaeth penchait légèrement la tête en signe de respect à son aînée. Elle attendit une quelconque réaction de la part de la chef spirituelle pour continuer son histoire, qui lui vint sous une forme d’acquiescement discret. Alors, elle exposa le problème qu'elle avait décelé. La chef l'écouta attentivement. Cinnaeth remarqua qu'elle détaillait méticuleusement son attitude et ses expressions. Elle remarqua aussi une légère expression d'étonnement chez son aînée. Une fois le compte-rendu terminé, cette dernière prit la parole :

- Pourquoi te soucis-tu de cela Cinnaeth ? Cela entachera la réputation du clan, non la tienne.
- Ma'hëlnoss, vous faites preuve, vous-même et le clan, d'une grand patience et tolérance à mon égard. Je ne peux que vous en remercier. Ainsi, il me paraîtrait plus que déplacer de ne pas faire parvenir ce problème à vos oreilles. Je ne souhaite pas que ma présence atteigne de quelque manière l'image et la réputation du clan.


Cinnaeth répondit avec franchise. En son fort intérieur, elle commença à se demander si cela n'était pas un test manigancé par la personne se tenant en face d'elle. La chef cherchait-elle à tout hasard à la juger ? Cette impression était d'autant plus renforcée par le regard insistant que  Ma'hëlnoss portait sur elle. Un regard d'un vert profond, autant que celui de la forêt environnante. Cinnaeth avait évalué l'âge de la chef spirituelle à plus d'un millénaire. L'une des particularité du clan, l'intriguant énormément, était son fonctionnement matriarcal. Les sociétés elfiques étaient habituellement neutre en termes de gouvernance, sexes faible et fort étaient considérés comme aptes à gouverner. Dans la plupart des conseils, la parité existait entre les membres de chaque sexe. Le clan Peth'Idhren différait quelque peu de cette constante elfique. En effet, depuis plusieurs millénaires, le clan avait toujours était mené par des femmes, ce aussi bien du côté spirituel que militaire. Il n'existait pas réellement de règle arrêtant cela, mais dans les faits une sorte de matriarcat c'était installé dans le clan. Les femmes en général y avait une très forte influence. Ceci dit, cela ne semblait pas affaiblir le clan, au contraire. Il semblait aux yeux de Cinnaeth que cette dominance féminine avait poussé un esprit hautement pacifiste et conciliant avec les autres peuplades elfiques. Depuis plusieurs millénaires, le clan n'avait pas connu de conflits avec quiconque, ce qui, en soit, relevait presque du miracle. Cette appétence pour la diplomatie expliquait pourquoi aujourd'hui il jouait le rôle d'entremetteur entre les différents clans Noss et les Taledhels. Se positionnant ainsi en tant qu'intermédiaire, le clan Peth'Idhren avait gagné une certaine affluence sur les Noss environnantes, mais surtout avait sécurisé une certaine paix entre eux et ces mêmes Noss. Tout du moins, tant que les différents partis voyaient un intérêt à de telles relations.

- Une considération fort altruiste de ta part. Tes remarques sont effectivement pertinentes. En vue de ton origine et de ton statut au sein du clan, tu te trouveras alors à ma gauche, la personne la plus éloignée et étrangère au clan. Conclut Ma'hëlnoss d'une voix calme.

Même si rationnellement Cinnaeth ne s'était jamais considérée comme faisant partie du clan, ces derniers mots la laissèrent légèrement amère. Pour autant, elle n'en fit rien paraître. Elle acquiesça et répondit :

- Je vous remercie encore de votre bienveillance.  

Elle prit alors congé. Dans l'attente de la réunion, elle se décida à marcher dans la forêt environnante à la Noss. Errant ainsi, elle se demanda si, au lieu de chercher à la juger, la chef n'avait pas organisé cela plutôt pour lui rappeler sa place par rapport au clan, c'est à dire à l'extérieur. Si cela était le cas, elle considérait que l'intention était d'une certaine bassesse, mais elle retint la chose, et le nota de manière chiffrée dans son carnet. Elle pensa de nouveau à ce qui l'attendait cette après-midi. Pour faire passer le temps, elle commença à imaginer quelles seraient les réactions des Noss conviés...

Elle ne fut pas déçue. Messes basses et  regards dédaigneux, voir carrément menaçants, à son encontre se firent dès la première seconde où les regards se posèrent sur elle. En effet, avec ses yeux bleus céruléen et ses cheveux d'argent, elle détonnait avec le reste du décor. Elle ignora royalement la chose, presque amusée d’observer que ses prévisions étaient justes, et répondit à cette hostilité avec un sourire, si ce n'est chaleureux, tout du moins affable. Il y avait en tout quinze Noss différentes de représenter, en plus de la Peth'Idhren. Ils étaient tous répartis, en fonction de leur lien au clan Peth'Idhren, autour d'un tronc mort s'étant écrasé au sol il y a de ça quelques décennies. La session commença avec Ma'hëlnoss récitant des paroles à la gloire de Kÿria. Même si ce n'était pas la première fois qu'elle observait une séance de négoces au sein du clan, Cinnaeth trouvait ce genre de rituel incongru pour ce type d'affaire. Sur les marchés d'Alëandir, personne n'avait l'idée de mentionner Kÿria avant d’entamer un troc. Elle ne fit aucun commentaire. Ce petit temps mort lui permit de détailler ses interlocuteurs. Elle jugea qu'ils étaient tous plus âgés qu'elle, et tous écoutaient avec révérence les paroles de Ma'hëlnoss. Cinnaeth remarqua une sorte de continuité physique entre les différents participants. Leurs corps avaient une musculature plus développée que leurs homologues citadins, sans pour autant leur enlever la finesse légendaire des elfes. Les traits de visage étaient pour la plupart plus marqués que ceux des elfes de pierre. Les cheveux avaient généralement des couleurs naturelles, adoptant les tons châtains, roux ou noirs. Les teintes de peau étaient légèrement plus bronzées que celle des elfes de pierre. Les yeux étaient vifs, se parant de couleurs brunes, cuivrées, émeraudes ou turquoises. L'ensemble de ces caractéristiques leur donnait quelque chose de plus pur, plus vrai. La beauté naturelle que les Noss dégageait, si différente de la sienne et des Taledhels, avait toujours captivé Cinnaeth. Elle nota aussi la diversité des tenues des différents Noss. Il semblait que chaque clan avait son propre style. Cela allait de tenues en cuir recouvrant l'intégralité du corps à de la presque nudité. Après avoir remercié Kÿria pour tous ses bienfaits et cadeaux fait au peuple elfique et la priant de bénir cette assemblée, Ma'hëlnoss continua :

- Pour entamer cette session, je tiens à vous introduire Cinnaeth Kielendar ici à ma gauche. Elle sera aujourd'hui, et pour le reste de ces négoces, la représentante des besoins recueillis dans la cité d'Alëandir.

Cette première annonce ne sembla pas émouvoir plus que cela le reste de l'assemblée. L'un d'entre eux demanda :

- Pouvons-nous connaître les raisons de l'absence d'Ardryl ?
- En raison de la naissance récente de sa fille, il n'a pu se déplacer. Répondit la chef.

Cinnaeth nota qu'elle n'avait pas mentionné son lien de parenté avec Ardryl. Les autres acquiescèrent, une certaine joie dans leur regard. La naissance d'un elfe était toujours un grand événement. La chef de clan continua :

- En tant que nouvelle arrivante, j'aimerai laisser la parole à Cinnaeth pour qu'elle puisse nous exposer les raisons de sa venue.

Cela était surprenant qu'on lui donne la parole en première. L'idée lui plaisait moyennement, mais si la présidente de l’assemblée le demandait, elle ne pouvait s'y soustraire. Après avoir humblement remercier le groupe d'avoir accepté sa présence ainsi que de son accueil, point sur lequel certains auraient pu déceler une certaine ironie, elle se mit à décrire les divers besoins des citadins d'Alëandir qu'ils avaient fixés avec son père. Ils avaient reçus un nombre considérable de demandes et avaient dû réduire cela à une trentaine seulement. Il leur avait fallut quatre mois entiers pour que tout le monde se mette d'accord dans la cité. Une chance, cette réunion ci se ferait plus rapidement, aucun n'avait le désir de séjourner plus que nécessaire dans un clan étranger. La moitié des demandes provenaient de l'Académie, de nombreux chercheurs et mages avaient besoins de matériaux spécifiques pour continuer leurs expérimentations. Vint ensuite quelques demande de la part des armateurs de la ville ainsi que des forgerons. Lorsqu'elle énonça les deux derniers besoins, émanant de la garnison de la capitale, certains se raidirent. L'un d'entre eux demanda froidement :

- Et pouvons-nous savoir quelle sera l'utilisation d'autant de cuir par la garnison d'Alëandir ?
- N'étant qu'une intermédiaire, on ne me confit pas ce genre d'informations. Répondit-elle simplement.
- Vous nous demandez donc de fournir des cuirs en sacrifiant les créatures de Kÿria sans pour autant nous fournir la raison exacte ? Continua son interlocuteur.
- En toute bonne foie, je penserais que, de la part de la garnison, cela serait pour faire des armures légères ou des selles, et non des mocassins, dernière mode dans la capitale. Du coin de l’œil, elle vit son oncle avoir un léger sourire. Une autre Noss, ignorant cette pique, enchaîna :
- Y-a-t-il une raison particulière pour laquelle la garnison souhaite s'armer alors ?
- Pour pouvoir venir attaquer nos Noss et voler nos femmes... Ce fut cette fois-ci la voix railleuse de Saeweth qui s'éleva. Il était connu pour être régulièrement piquant dans ses propos. Il ajouta : Mais nous sommes bien en paix de ce point de vue là. Ils sont incapables de se repérer dans les forêts d'Anaëh, ils s'épuiseront doucement en se perdant dans la forêt. Alors pourquoi s’inquiéter de l'utilisation qu'ils auraient du cuir qu'on leur fournit, la forêt s'occupera d'eux si leurs intentions sont malvenues.

Cette dernière boutade en dérida plus d'un. Cinnaeth n'exprima qu'un sourire entendu. Elle se demanda à quel point les paroles de son oncle étaient vraies. L'elfe lui faisant face et arborant une crinière rousse s'adressa à elle, changeant de sujet. Décidément, ils avaient décidés de se liguer contre elle.

- J'aimerai revenir sur la demande du mage de l'Académie travaillant sur les espèces de lézard vivant dans la forêt du protectorat. Je vois difficilement en quoi les queues de tégus tigrés lui apporteront quelques connaissances nouvelles.
- Pourriez-vous alors lui fournir protection afin que ce mage puisse observer ces lézards dans leur milieu naturel, et ce en toute quiétude ? Demanda Cinnaeth.
- Notre clan n'admet pas les Taledhels en son sein. Et nous n'accepterons pas de tuer ces lézards pour d'obscures recherches. À cette remarque, Cinnaeth leva un sourcil. Avec un ton quelque peu désobligeant elle nota :
- Kÿria dans sa grande bonté et son extrême sagesse a prévu que la queue des lézards repousse. Ainsi, vous n'avez point à les tuer pour récupérer leurs queues et ce mage farfelu pourra continuer ses expériences et recherches.

Cette dernière remarque arracha un sourire à deux ou trois Noss. Cinnaeth apprit plus tard que l'elfe à la crinière rousse était fameux pour être des plus ennuyants et butés sur certains sujets. Même les autres Noss s'accordaient sur ce sujet. L'après-midi continua ainsi. A la fin de la journée, tous les besoins avaient été exprimés, il leur restait désormais un mois pour voir lesquels étaient acceptés et quelles étaient les priorités. En voyant le déroulé de cette séance, Cinnaeth se dit que cela serait très laborieux, et qu'ils allaient tout faire pour lui mettre des bâtons dans les roues. Toutes les excuses étaient admissibles pour lui refuser une demande. Cela ne la découragea pas, ils se fatigueraient avant elle, et elle savait qu'elle les aurait un à un à l'usure. La plupart, contrairement à elle, ne semblait pas avoir beaucoup de patience ni de passion pour ce petit jeu de pourparlers.

En début de soirée, après cette première réunion, Cinnaeth avait décidé de s'isoler. Elle s'était assise aux abords de la Noss, dans le creux d'un arbre. Elle écrivait dans son carnet les différents éléments qu'elle avait observés dans l'après-midi. Cela lui servirait sûrement par la suite. Une fois n'est pas coutume, elle n'était pas très alerte à son environnement, elle doutait en effet que quoi que ce soit vienne la déranger. Les Noss étaient en train de discuter entre eux des dernières nouvelles des différents clans, et elle pensait bien qu'ils n'allaient pas pleurer son absence. À part son cousin, elle ne voyait personne qui pourrait venir la chercher, et en vue de ces circonstances particulières, elle était persuadée que Saeweth avait demandé à Arlernil de ne pas trop la côtoyer. C'est ainsi qu'elle n'aperçut pas immédiatement un elfe appuyé nonchalamment, bras croisés, sur un tronc quelques mètres plus loin à sa droite. Sa voix indiqua sa présence :

- Passe-temps intéressant...  

Elle aurait eu un mouvement de recul si elle n'avait pas était aussi bien calée dans le creux de l'arbre. Elle releva les yeux vers l'inconnu, ce-dernier observant sa prise de note d'un regard impassible. Reprenant ses esprits, elle se souvint aussitôt de l'elfe. Il participait effectivement aux négociations. Pour être honnête, il tranchait presque autant qu'elle avec le reste des Noss. Chaque clan avait eu la bonne idée d'envoyer un représentant à minimum apte à la diplomatie. Celui-là semblait manquer particulièrement d'intérêt envers l'intégralité de la réunion et avait eu l'air de s'ennuyer tout du long. Lorsque vint son tour de s'exprimer, son ton était dur et glacial. Personne ne l'interrompit, et personne ne fit de remarques a posteriori non plus. Tout, dans ses expressions et sa posture, indiquait qu'il n'avait aucunement envie d'entendre une quelconque contradiction. Il avait nettement refroidi l'atmosphère, et Cinnaeth cru déceler une tension sous-jacente des Noss envers cet individu précis, ou peut être ceux qu'il représentait. Elle détailla rapidement l'elfe. Son visage était fin et symétrique. Ses joues étaient légèrement concaves et ses pommettes saillantes lui donnant un air sec, confirmé par le caractère semblerait-il. Son visage était encadré par des cheveux mi-longs et lisses d'une couleur de jais. Ses yeux, étirés en amande, étaient d'un vert tilleul. Il portait un haut vert anglais matelassé et un pantalon de toile noire, ainsi que des bottes et des gants en cuir épais. Une étoffe était nouée autour de sa taille. Bien qu'incomplet, cette attirail ressemblait à un ensemble militaire. C'est alors que Cinnaeth remarqua les deux épées pendantes sur le flanc gauche de l'étranger, ainsi que l'arc et flèche dans son dos. La vue, qui semblait quelque peu inadéquate le contexte de négociations commerciales, la fit se raidir.

- Vous pouvez vous détendre, ceci ne sera pas utilisé aujourd'hui, ajouta-t-il.

Elle fut surprise qu'il détecte aussi rapidement sa soudaine tension. Elle ne s'attendait pas à une telle acuité de sa part. Cela n'était pas pour la rendre plus à l'aise. Ceci dit, elle ne comptait pas se démonter, ni se laisser lire si facilement, encore longtemps. Elle reprit son sang-froid et se releva, frottant négligemment quelques brindilles s'étant posées sur le bas de sa tunique. Elle lui répondit, d'une voix affable et affichant un léger sourire :

- J'espère juste qu'aucune de ces flèches ne me seront destinées demain alors.
- Vous n'êtes décidément pas en haut de la liste. Gäelin me fera perdre patience bien avant vous.
Répondit-il d'une voix où une pointe d'exaspération pouvait être devinée.

Il devait sans doute référer à celui qu'elle avait surnommé « crinière rousse », celui-là même qui avait fait une remarque à la moindre des demandes qu'elle avait pu rapporter. Ceci dit il n'avait pas était en reste sur celle des autres... En soit, il avait sérieusement agacé la petite assemblée. Maintenant qu'elle était debout, son interlocuteur lui paraissait assez grand, bien que tout la plupart de ses congénères étaient grands pour elle, il devait facilement faire deux têtes de plus. Ne préférant pas laisser de silence trop long s'installer, l'étranger n'étant apparemment pas très loquace, elle demanda :

- Vous ne discuter par avec les autres ?
- Je crains ne pas être beaucoup plus le bienvenu que vous même.


Cinnaeth leva un sourcil à cette réponse. Cela avait quelque peu piqué sa curiosité, ou peut être plutôt son inquiétude, surtout en vue des armes de l'elfe. Une fois de plus, cette inquiétude avait dû transparaître dans son attitude car il eut un léger soupir exprimant un amusement las. Il s'anima soudainement, décroisant ses bras et se repoussant du tronc sur lequel il était appuyé. Il fit quelques pas puis dit :

- Pensez-vous vraiment que les Noss soient unifiées ?

Cela était une question rhétorique. Même si elle n'était pas Noss, elle savait que les clans étaient très variés, et beaucoup d'éléments changeaient de l'un à l'autre. L'attitude de l'elfe était assez perturbante. Cinnaeth, malgré des années de pratique, dont les premières leçons lui avaient été données par son oncle, était bel et bien incapable de déchiffrer son interlocuteur. Cela la frustrait, surtout que ce dernier semblait lire en elle comme dans un livre ouvert, et ce en dépit de ses efforts pour cacher ses réactions. Elle persista dans son comportement gracieux et aimable, même si elle se doutait qu'il voyait à travers.

- Je n'utiliserai pas nécessairement ce terme, mais est-ce pour autant une raison d'être ainsi armé à un rassemblement pacifiste. Dit-elle, pointant du menton les deux lames.
- Cela vous gêne-t-il ? Demanda-t-il calmement.
- Ceci est juste surprenant.
- Les lames les plus impitoyables sont celles que l'on ne fait qu'entendre.


En plus d'un comportement insondable, il semblait aussi apprécier les phrases sibyllines... Décidément, un personnage bien intriguant. Il passa devant elle d'une démarche souple. Il s'arrêta quelques secondes à peine près d'elle, examinant son visage avec attention, puis reprit son chemin pour retourner vers le cœur de la Noss. Alors qu'il allait disparaître derrière l'une des tentes, elle lui demanda :

- Quel est votre nom ? Il se retourna et répondit :
- Vous pouvez m'appeler Iolrath. Il marqua une pause et continua, doucement : Aussi, pensez à cela : dans la nuit, le hibou devine même le renard... Un proverbe de mon clan.

Puis il disparut, laissant Cinnaeth seule et déconcertée. Cette rencontre avait quelque chose de bien étrange. Elle soupira et se réinstalla au creux de l'arbre. Ouvrant de nouveau son carnet, elle y inscrit cette dernière parole.

Le mois continua. Les matinées étaient calmes, Cinnaeth se préparait pour les après-midis qui eux se révélaient être une toute autre histoire... Elle avait déjà assisté son père dans des échanges compliqués, mais être livrée seule à l'exercice apportait un nouveau niveau de difficulté. La première semaine se révéla être la plus difficile. Les Noss l'utilisaient comme un bouc émissaire pour éviter de régler leurs propres différents entre eux. Ma'hëlnoss dû même intervenir pour mettre fin à des attaques personnelles finement masquées. Cinnaeth endura leurs incivilités avec calme et patience. Elle savait que cette cohésion n'était qu'une facade fragile. Celle-ci commença à s'émietter à partir de la deuxième semaine. Certains commencaient à se chamailler sur des questions de divisions de ressource ou bien sur la quantité des ressources échangées considérée comme inégale. Malgré cela, elle jugea qu'il était encore trop tôt pour qu'elle entre dans ce petit jeu. Elle n'avait qu'à attendre qu'ils s'entredéchirent avant de revenir dans les négoces. Une fois leurs arguments épuisés les uns contre les autres, marchander avec la cité leur semblerait une bonne affaire. Elle attendit. Ce fut seulement à la fin de la quatrième semaine, une fois que l'apparente solidarité des Noss était totalement écroulée, qu'elle commenca à tâter le terrain. Celui-ci se révéla favorable, en particulier grâce à son oncle lui offrant rapidement son support. De manière très habile, il appuyait les propositions qu'elle pouvait faire sans pour autant impliquer les intérêts du clan Peth'Idhren. Les semaines qui suivirent furent plus calmes, chaque représentant s'était quelque peu résigné à l'idée de devoir composer avec une Taledhel. Lentement, mais sûrement, Cinnaeth obtint des accords avec chaque clan pour récupérer les ressources qui lui avait été demandées en ville, ce en échange de divers services et produits de la part de la cité. Elle veilla aussi à ne pas trop empièter sur les trocs que pouvaient faire les Noss entre eux, de manière à ne pas les braquer plus qu'ils ne l'éTaient déjà contre les Taledhels sous couvert de concurence déloyale ou tout autre argument de mauvaise foi. Lorsque deux partis n'arrivaient à se mettre d'accord, Ma'hëlnoss, la plupart du temps silencieuse, tranchait, alors on se pliait à son jugement avisé.  

Le soir, après ces après-midis tourmentés, ce que Cinnaeth avait cru être qu'une rencontre fortuite, se transforma en une sorte d'habitude. D'abord courtes, ses entrevues avec Iolrath s'allongèrent. Parfois ils discuttaient longuement, parfois ils restaient principalement silencieux ; parfois ils étaient assis en tailleurs près de la Noss, parfois ils marchaient dans la forêt environnante. Bien que s'exprimant souvent de manière nébuleuse, Cinnaeth réussi à dresser un portrait de l'elfe et de son clan. Il fallait avouer qu'elle était particulièrement intriguée de découvrir les caractéristiques d'un autre clan que celui de son père, et avait fait tout son possible pour soutirer des informations à Iolrath. Le clan était de nature guerrière, l'art du combat était pour eux une danse prenant des siècles à maitriser. Bien qu'ils étaient peu nombreux, le territoire qu'ils occupaient commencait au niveau des montagnes bordant Mera, puis suivait ensuite le fleuve passant par Ardamir et longeant Alëandir, pour enfin comprendre les terres à l'ouest du lac Uraal. Ceci dit, ils émettaient rarement d'objection à ce que d'autres Noss traversent ou s'installent temporairement sur cette zone. Elle n'en sut pas beaucoup plus sur l'organisation interne de la Noss, ni sur la raison de l'animosité des autres Noss à l'égard de celle-ci. Pour autant elle remarqua que ce clan éprouvait un mélange d'aigreur et de dédain à l'encontre des Taledhels, que Iolrath savait lui faire comprendre avec une certaine courtoisie. Cela la questionnait sur l'intérêt de celui-ci à discuter avec elle, mais paradoxalement, elle n'avait pas le sentiment que ces remarques étaient  dirigées à son encontre.

Ce fut ainsi qu'au bout de quatre-vingt deux jours, les négoces se terminaient. Cinnaeth se sentait vidée de toute énergie. Les choses s'étaient mieux passées qu'elle n'avait pu l'espérer au premier jour. Elle avait sécurisé toutes les demandes de ses concitoyens, même si les délais de certaines d'entre elles seraient plus longues qu'initialement prévues. Désormais, tous les participants de cette fructueuse négoce étaient sur le départ. Réunis au centre de la Noss, ils s'échangeaient leurs dernières paroles et vœux, puis prenaient leur congé pour retourner joyeusement dans leurs clans respectifs. Au compte goutte, la petite assemblée se dissolvait. Cinnaeth faisait parti des derniers encore présents. Alors que crinière rousse venait juste de lui dire adieu et de s'en aller, Saeweth vint à sa rencontre, accompagné d'Arlernil, qui avait adopté une expression boudeuse. Ce-dernier lui reprocha de ne pas s'être occupé de lui. Désolée, elle lui ébouriffa les cheveux et lui promit de ramener deux paquets d'esgalins, une confiserie amère à base de racines de Solch, la prochaine fois qu'elle serait de passage dans le clan. Cela sembla ravir son cousin qui en oublia sa bouderie et lui lança un sourire resplendissant. Alors que Saeweth la félicitait pour ces affaires rondement menées et le sang-froid dont elle avait fait preuve, elle remarqua du coin de l’œil Ma'hëlnoss discuter avec Iolrath. Cela lui parut étrange, l'animosité que les autres avait eu envers lui ne s'était pas améliorée sur le mois, et la chef du clan Peth'Idhren ne semblait pas beaucoup plus sympathique à son égard. Ce qui la dérangea d'autant plus était qu'ils avaient tous deux des expressions sombres sur leurs visages.

Après que son oncle lui dit adieu, et qu'elle dût promettre une énième fois à son cousin de revenir rapidement visiter le clan, elle alla remercier la chef spirituelle de son accueil et de sa bienveillance. Étonnement, celle-ci la remercia de sa patience envers les autres Noss, puis lui souhaita un bon voyage. Alors qu'elle sortait de la Noss, elle aperçut Iolrath quelques mètres plus loin, qui semblait attendre. Elle alla à sa rencontre et lui lança avec facétie :

- Avouez-le, à peine finie et vous avez déjà la nostalgie de cette incroyable réunion.
- Je vous laisse imaginez la souffrance que j'éprouve à ce moment même.
Répondit-il légèrement amusé. Allez-vous vers la route reliant Ardamir et Alëandir ?
- Tout à fait.
- Puis-je vous accompagner jusque là ?
- Vous avez peur que je me perde en chemin ?
- Bien que cela soit probable, je dois traverser cette route et partir plus au sud. Si vous prenez cette même direction, autant faire la route en votre compagnie.


Agréablement surprise par cette proposition, elle accepta. Ils partirent côte à côte en direction du sud. Le chemin dura deux heures pendant lesquelles ils discutèrent vivement. Elle remarqua que son compagnon de voyage semblait plus léger dans ses propos que ce qu'il avait pu être au cours du mois passé. Sans doute le soulagement de savoir cette épreuve derrière soi. Arrivant au sommet d'une petite colline, ils aperçurent la route pour Alëandir en contrebas. La vue sembla assombrir Iolrath, et leurs conversations se firent plus rares sur la dernière partie du voyage. Une quinzaine de minutes plus tard, ils atteignaient enfin la route. Il annonça :

- Je suis fortuné que vous faisiez part de cette assemblée. Cela aurait été infiniment plus pénible sans votre présence.
- Cela en devient extraordinaire : une elfe des pierres de meilleure compagnie que des Noss ?
Répondit-elle, un brin railleuse. Cela ne sembla pas amuser Iolrath qui la fixa avec attention de ses prunelles vertes. Après un court silence il demanda d'une voix dure :
- Pouvez-vous juger de la forêt par l'arbre, ou de l'arbre par la forêt ? Sans qu'elle sache l'expliquer, cette question fit naître une certaine tristesse chez Cinnaeth qui détourna le regard. Observant sa réaction, il changea de sujet : Ces réunions ont lieu tous les dix ans n'est-ce-pas ?
- Si les choses se passent sans accrochage oui.
- Chose rare, il me tardera de voir passer une décennie.


Surprise, elle le fixa de son regard azur. Il lui adressa un faible sourire, prit congé en lui souhaitant un voyage sans encombres, et disparut dans la forêt, continuant sa route vers le sud. Cinnaeth reprit sa route, un léger sourire traînant sur ces lèvres. Elle considérait cela comme une promesse.

Cinq jour plus tard, les portes d'Alëandir s'ouvrirent. Dans l’entrebâillement, Cinnaeth vit immédiatement deux figures familières, l'une d'entre elle portant tant bien que mal un petit enfant agitant ses bras avec vigueur. Elle se dirigea gaiement vers ce petit attroupement et embrassa ses parents et sa petite sœur, Nànalethaleë, cette dernière tentant maladroitement de l'appeler par son prénom. Elle sentit soudainement la fatigue des négoces et du voyage s'envolaient.  Elle fut étonnée d'être aussi heureuse d'être de retour en ville. Il était fort agréable d'être enfin de retour chez soi...

Le soir même, une fête eu lieu sur la place Hithu.







« C'est ainsi, qu'empêtrés dans des conflits d'intérêts sans fins, les Noss ne peuvent faire évoluer leur structure sociétale.

Cela faisait sans nul doute parti des remarques les plus aberrante que Cinnaeth avait pu entendre au sujet des Noss, et cela sortait de la bouche de l'une des étoiles montante de l'Académie, spécialisée sur le sujet. Elle était intimement convaincue que cet académicien n'avait jamais rencontré un clan de sa vie. Ce n'était pas que cette conclusion qui était totalement ahurissante, mais en réalité, l'intégralité de la conférence. Elle pouvait facilement imaginer quelles auraient été les réactions de certains Noss à cette conférence. Gäelin aurait sans nul doute interrompu l'orateur à chaque phrase pour la critiquer. Saeweth aurait guettés les propos les plus abracadabrants pour lancer une pique et ridiculiser le conférencier. Iolrath l'aurait réduit au silence par un regard d'une froideur inouïe. Très certainement, quelqu'un aurait fini par lui décocher une flèche, l'empêchant à jamais de proférer de telles foutaises...

Mais ce qui l'inquiétait le plus était les réactions au sein de l'audience. Elle avait été témoin dans la salle de signes d'approbation, sourires dédaigneux et paroles vilipendeuses. Ses voisins de droite ne cessaient de rajouter des commentaires médisants, s'enfonçant dans un gouffre sans fond de stupidité. Comme à chaque fois, Cinnaeth était choquée de voir à quel point ses concitoyens étaient aptes à faire fi de toutes autres pratiques ou opinions différentes de la leur, les jugeant arriérées. Seul un individu, quelques rangs plus loin, n'avait pas eu l'air convaincu par le discours de l'illustre orateur. Cet elfe avait un air quelque peu enfantin et facétieux. Il avait des cheveux blonds miels bouclés, coupés courts. Ses yeux bleus ciels parcouraient analytiquement la salle. Son visage était ovale, avec des traits doux et fins, une ébauche de sourire sur ses lèvres.

Le traditionnel débat post-conférence commença, chacun exprimant son opinion. Cela réveilla dans sa mémoire des souvenirs de son enfance. Cinnaeth était attristée de voir que les opinions n'avaient pas évolué depuis lors... Après avoir côtoyé de manière régulière pendant plus d'un siècle la culture Noss, elle ne pouvait consentir à de tels propos. Certes les Noss manquaient d'unité et pouvaient se quereller régulièrement. Pour autant leurs différences étaient leur vraie richesse et leur plus grande force. Ils ne dépendaient pas d'une seule autorité ou d'un seul arrangement social. Si l'un des clans venaient à disparaître, bien que leurs caractéristiques spécifiques seraient perdues, la culture Noss et ses valeurs les plus fondamentales seraient préservées, car cela n’entraînerait pas la chute de tous les autres clans. Cinnaeth considérait que la société Taledhel à l'échelle d'un protectorat était à cet égard bien plus fragile... Si la cité principale du protectorat s'effondrait, celui-ci s'enfoncerait dans un certains chaos, pouvant facilement entraîner d'autres dans sa chute. Dégoûtée de tant d'ignorance, elle s'éclaircit la voix et prit la parole :

- Éminent Professeur, j'aimerai ajouter quelques points à votre théorie, qui, je l'espère, l'éclairerons d'une lumière nouvelle. Votre argument est construit sur l'apparente division des Noss. Ce fait ne peut être nié car nous avons régulièrement écho de conflits inter-clans. De cette division, vous en concluez que par manque de dialogue entre les clans, ceux-ci se condamnent à un enfermement définitif dans une forme sociale que vous qualifiez vous même d'archaïque. Pour autant réduire la structure sociale des Noss de la sorte est, si je puis me permettre, une grossière erreur. Auriez-vous fréquenté des clans Noss, vous vous seriez rendus compte que certains d'entre eux ont des fonctionnements extrêmement élaborés, mariant à la perfection idéaux envers Kÿria et obligations de la réalité, pour lesquels n'importe quel elfe d'Anaëh serait admiratif. Vous me rétorqueriez alors que malheureusement ces gemmes de gouvernance sont perdues, car elles ne sont pas partagées par manque d'ouverture des clans les uns aux autres, mais aussi envers les cités. À ceci j'aimerais y confronter deux éléments. Tout d'abord, sachez  que, pour l'avoir observé personnellement, les clans se communiquent de nombreuses choses, et vous seriez étonné de voir les échanges de mœurs, traditions et valeurs pouvant avoir lieu sur plusieurs décennies et siècles. Les Noss ont en réalité une plasticité étonnante comparé aux cités, mais subtile. Qui plus est, la diversité des Noss, que vous décrivez comme une faiblesse, est en fait leur meilleure arme pour préserver le cœur de leur culture et de leurs traditions. Lors de la disparition d'un clan, il est vrai que ses spécificités ne perdurent pas en tant que telles, mais croire qu'elles sont perdues est une méprise. Elles sont en fait diluées et reformulées chez d'autres clans, mais dans une certaine mesure, existent toujours. Ainsi, par ces échanges imperceptibles, les sociétés Noss évoluent de manière indépendantes mais en préservant les meilleurs éléments auxquels ils ont pu être confrontés, tout en gardant leur base vouée à un respect authentique de l’œuvre de Kÿria. De ce point de vue, je pense que la culture Noss est bien plus résiliente que la notre.

Cinnaeth avait construit ses phrases avec soin, choisissant chaque mot avec parcimonie, un silence malaisé s'étant progressivement installé dans la salle. Qu'une personne élève la voix pour prendre la défense des Noss était quelque chose d'inconcevable. Mais surtout, son propos avait une justesse que seule l'expérience directe de la réalité pouvait conférer. L'intégralité de la démonstration du grand penseur sonnait soudainement creuse sous ce nouveau jour. Ce dernier tentât tant bien que mal de rattraper sa rhétorique, mais elle venait d'en prendre un sacré coup. Le débat continua, mais les propos étaient soudainement plus mesurés.  Elle sentit des regards accusateurs autour d'elle, comme si elle venait de gâcher le meilleur moment de divertissement de la décennie. Elle remarqua que seul l'elfe blond la regardait avec curiosité, un certain amusement dessiné sur ses lèvres.


Quelques jours plus tard, Cinnaeth s'étirait après son entraînement martial quotidien. Puis elle sortit de chez elle. Elle prit à gauche et descendit la rue pour aller jusqu'aux quais. Alors qu'elle s’apprêtait à entrer dans l'atelier de sa mère, une voix l'interpella :

- Vous avez joliment mouché cet académicien l'autre jour !

Elle se retourna pour faire face à son interlocuteur. En vue des dires, elle ne fut pas étonnée de voir le jeune elfe, semblant sortir de nul part, qui l'avait épiée à l'Académie.

- Vous semblait avoir été très attentif.
Répondit-elle d'un ton neutre. Un grand sourire illumina le visage de l'elfe.
- Où sont mes manières ! Je me prénomme Faerveren. Vous êtes Cinnaeth Kielendar n'est-ce-pas ?
- Un admirateur ?
Dit-elle sarcastique. Il ria gaiement.
- Ha ! Qui n'admirerait pas une personne avec tant d'éloquence et de charisme ! Bien que le dénommé Faerveren avait l'air charmant, Cinnaeth n'avait absolument pas le temps pour des bavardages. Elle lui répondit aimablement :
- Cela me ravie de savoir que ces qualités en inspirent certain. Malheureusement je ne peux m'attarder plus longtemps. Elle s'apprêtait à se retourner pour entrer dans l'atelier de sa mère lorsqu'il la retint une nouvelle fois :
- Êtes-vous libre cet après-midi ? Elle leva un sourcil, il était pour le moins direct.
- Pour ?
- J'aimerais vous présenter à un ami.


Cinnaeth évalua quelques instants Faerveren. Avec son sourire omniprésent et sa mine enfantine, il affichait tous les signes d'une personne sympathique et généreuse. Pour autant, elle sentait une intention cachée derrière tant d’amabilité. Ceci dit, elle n'avait rien prévu de son après-midi, et il avait quelque peu piqué sa curiosité. Elle n'eut pas le temps de formuler une réponse qu'il lui dit :

- Que pensez-vous après le déjeuner ?
- En quel lieu ?
- Que dites-vous de l'Esplanade ?
- Très bien j'y serais.
Un grand sourire s'étendit sur ses lèvres et il répondit :
- Parfait ! A tout à l'heure alors !

Elle n'eut pas le temps de répondre qu'il avait déjà pris une rue adjacente et s'enfuyait vers une autre partie de la ville. Cet elfe était définitivement bien singulier... Et elle, elle ne savait pas dans quoi elle s'était embarquée... Chassant cette pensée de son esprit, elle entra dans l'atelier. Sa mère l'y attendait. Maniant deux peignes avec une habilité remarquable, elle était en train de filer une laine livrée à l'aube. Elle avait eu plusieurs demandes de la part des forgerons de la ville pour la création de chemise en laine portées sous les armures, et l'aide de Cinnaeth était la bienvenue. Elle s'installa près de sa mère et commença à son tour à filer la laine. Elles discutèrent de tout et de rien. Elles commencèrent avec Nànalethaleë, approchant les quatre-vingts dix ans, et de sa soudaine passion pour la musique et le luth. Ensuite, elles parlèrent brièvement de politique, et plus particulièrement de Tebryn, le Drow conseiller du Roi, chose que peu d'elfes acceptait réellement. Elles en vinrent finalement au prochain voyage que Cinnaeth allait faire au près du clan. Une nouvelle négoce allait avoir lieu. Cinnaeth la préparait depuis au moins cinq ans, devant à la fois ramener les produits promis lors de la dernière séance mais aussi récupérer les nouvelles demandes. Qui plus est, le nombre de participants Noss avait sensiblement augmenté et cela allait rendre les pourparlers encore plus longs... À chaque fois qu'une négoce avait lieu sa mère s'inquiétait pour elle, et ce malgré le fait qu'elle lui assurait que les Noss la recevaient convenablement, que Saeweth veillait à sa sécurité, que ses deux cousins lui tenaient compagnies, et qu'elle avait un ou deux amis là-bas.

La matinée passa rapidement, et après un déjeuner frugal avec sa famille, Cinnaeth partit pour l'Esplanade. En sortant de chez, elle prit cette fois-ci sur sa droite et remonta la rue vers le centre de la ville. Elle traversa la place Tyral puis remonta une longue pente pavée menant jusqu'à l'une des extrémités de l'esplanade. Celle-ci, reliant les quatre points cardinaux de la cité, en était le centre névralgique. Il y avait ainsi beaucoup de passants, et sur sa route de nombreux elfes la saluèrent. Elle connaissait un grand nombre de personne du fait de son métier. Arrivée à l'Esplanade, elle réalisa qu'ils n'avaient pas convenu d'un point précis où se retrouver. Elle soupira. Cela compliquait la chose... Elle décida de s'avancer sur la place, fouillant du regard la foule autour d'elle dans l'espoir de voir une tête blonde avec un sourire resplendissant. Elle finit par trouver ce qu'elle cherchait, qui attendait bras croisés appuyé contre un arbre. Faerveren ne l'avait pas encore vue, et il était plongé dans ses pensées. Elle s'approcha, et lorsqu'il l'aperçut, son visage s'illumina. Ils échangèrent quelques courtoisies, chose qu'il pratiquait avec habilité, et remontèrent l'Esplanade vers le nord. Après quinze minutes de marche, Cinnaeth doutait que son compagnon avait une réelle idée de sa destination. Cela ne semblait pas le perturber plus que de raison et il continuait ses bavardages incessants. Elle était impressionnée par sa capacité à parler pour ne pas dire grand chose. C'était en soit une très bonne technique pour gagner la confiance des autres pour qu'ils se livrent à vous. Ceci dit, Cinnaeth ne se laissa pas duper, et elle lui répondit avec des anecdotes de peu d'importance. Il lui jetait des regards de biais de temps à autre, espérant sans nul doute obtenir quelques informations intéressantes. Son espoir fut déçu. Finalement, après avoir tourné pendant au moins trente minutes, il s'exclama :
 
- Ah enfin ! Venez !

Il se dirigea droit vers un elfe plus âgé qu'eux se tenant à côté d'une fontaine. Le voyant de profil, Cinnaeth estima qu'il était dans son neuvième siècle d’existence, son visage était légèrement marqué et il dégageait une aura propre aux elfes approchant le millénaire. Il avait de longs cheveux blancs et lisses descendant jusqu'à son bassin. A leur approche il se tourna vers eux. Ses yeux gris détaillèrent Cinnaeth pendant que Faerveren dit :

- Je pensais ne jamais vous trouver Arahaelon. Je vous présente Cinnaeth Kielendar.
- Je suis enchantée de faire votre connaissance Cinnaeth.
- Le plaisir est partagé.
Répondit-elle simplement. Vous souhaitiez me rencontrer ?
- Tout à fait. J'ai entendu grand bien des relations que vous-même et votre père menées avec les Noss. J'aimerais user de vos services et de vos talents.
- Cela serait une joie de vous rendre service. Malheureusement nous ne pouvons faire passer votre demande auprès des Noss avant les dix prochaines années.
- Pardonnez moi, je me suis mal exprimé, où avais-je la tête ! Je n'ai, pour le moment, point de troc à faire avec les Noss. Mon nom est Arahaelon Mithalvarin. Je fais parti du Conseil d'Alëandir et je suis en charge des relations diplomatiques entre Noss et Taledhels. J'aimerais employer votre expertise pour m'assister dans cette mission.


La proposition surprit Cinnaeth. Cela était un réel honneur, mais aussi très soudain. Il y avait multitude de choses dont elle devait s'occuper, et s'imaginait difficilement tout abandonner du jour au lendemain. Humble, elle répondit :

- Vous me faites un grand honneur en me proposant un tel rôle, mais je crains n'être qu'une simple marchande et ne pas avoir les compétences nécessaires pour vous aider en tant que diplomate.
- Détrompez-vous, marchands et diplomates ont beaucoup en commun, et Faerveren m'assure que vous possédez les qualités requises. Le marchand doit être observateur et connaître ses interlocuteurs. Il sait lire au travers de leur dire et comprend le sens caché de leur langage corporel. Il doit savoir quand parler et quelles paroles utiliser. Il en va de même pour le diplomate. L'un amadoue, l'autre charme. Mais les deux sont des intermédiaires, au final seul leur but diffère. Et la chose bien plus notable que vos compétences, est votre intérêt sincère pour les Noss et leur culture, comme l'atteste la défense que vous avez prise des Noss.
- Et quels seraient les missions que vous confieriez à une telle personne ?
- Cela se résumera principalement à régler des conflits d'intérêts entre Noss et Taledhels en tentant d'y trouver des réponses aussi justes que possible. Mais cela inclura aussi d'entrer en contact avec des clans reculés, voir même dans certains cas régler des disputes entre clans si celles-ci sont jugées aptes à déstabiliser la région. Dans tous ces cas de figures, nous manquons cruellement de personne ayant les talents et la passion pour s'en occuper. Je crains que sans cela le peuple elfique finira par se diviser irrémédiablement, et nous savons tous deux quel en à été le résultat la dernière fois que cela s'est produit. Je rêve d'une paix durable en Anaëh, et je m'y consacre nuit et jour. Je souhaiterai sincèrement que vous m'aidiez dans cette tâche.


Cinnaeth pouvait voir l’honnêteté des dires de son aîné et la passion qui l'animait. Elle réfléchit. Les paroles d'Arahaelon résonnait avec nombre de pensées qu'elle avait développées sur ce dernier siècle. La proposition était dans cette perspective alléchante. Œuvrer pour tisser de nouveaux liens et améliorer les relations entre Noss et Taledhels à l'échelle d'Anaëh était quelque chose qui la faisait frémir d'excitation. Pourtant, cela voulait dire qu'elle allait laisser son père s'occuper seul des échanges, et cela n'était pas une charge négligeable. Elle craignait que tous leurs efforts soient réduits à néant si elle partait. En outre, cela lui demandait aussi un certain sacrifice personnel.

- Ceci est une belle opportunité que vous m'offrez dont je vous suis plus que reconnaissante. Cependant, j'ai besoin de mûrir ma réflexion.Puis-je vous donner ma réponse dans cinq saisons ?
- Cela est naturel. Prenez tout le temps dont vous avez besoin, mais plus votre réponse sera rapide, plus mon esprit sera en paix. Sur ce, je vous laisse.


Le conseiller salua puis partit, Faerveren, prenant à son tour congé avec sa jovialité naturelle, le suivit. Cinnaeth s'en retourna songeuse chez elle, elle devait régler quelques affaires avec son père avant de partir pour le clan Peth'Idhren.



– Karfias, 882e année du Xe cycle

Cinq saisons plus tard, Cinnaeth arrivait aux alentours de la maison d'Arahaelon. Dire que cette période fut mouvementée était un euphémisme. En une poignée de mois, elle avait dû aussi bien finir des affaires qu'elle avait commencées avec plusieurs habitants d'Alëandir mais aussi s'assurer que son père avait tous les éléments nécessaires pour prendre en main celles qui n'allaient aboutir avant une décennie ou deux. En parallèle, elle avait dû trouver quelqu'un pour la remplacer et épauler son père. Son choix s'était très vite porté sur son cousin, qui, progressivement, avait développé un goût prononcé pour la parlotte et l'art de la magouille. Cela n'était en soit pas très étonnant en vue des antécédents familiaux. Elle avait donc prit Arlernil sous son aile, celui-ci heureux de passer de nouveau du temps avec Cinnaeth. Elle l'emmena pour a première fois dans la cité d'Alëandir. Ce fut d'une certaine manière un choc pour lui. L'ambiance de la ville était quelque chose de foncièrement alien pour lui. Il se sentait une coupure nette avec l’œuvre initiale de Kÿria. La culture et les traditions des elfes de pierre lui parurent toutes aussi étranges. Arlernil lui demanda avec une sincérité touchante comment elle survivait dans un tel environnement, où plutôt comment elle avait su s'adapter à celle du clan. Elle lui répondit simplement qu'elle avait ressenti des émotions similaires lorsqu’elle même avait découvert pour la première fois le clan Peth'Idhren avec son père. Avec le temps, toute cette étrangeté finirait par paraître familière. Elle rassura son cousin en lui affirmant que ses passages en ville seraient de courte durée, tout comme les siens chez les Noss. Cela sembla avoir l'effet recherché, et Arlernil fit preuve d'une grande motivation pour en apprendre autant que possible sur la capitale et ses habitants.

Pour autant cette activité frénétique ne fut pas le plus éprouvant pour Cinnaeth, cela lui apporta même une forme de distraction salvatrice. Ce fut en réalité un certain Iolrath qui la tourmenta le plus. Au fil des siècles, les deux elfes s'étaient rapprochés. D'abord attirés par une curiosité réciproque, ils avaient développé une grande complicité. Il était évident qu'ils se portaient une affection allant bien au-delà de la simple camaraderie. Pourtant, les choses étaient toujours restées floues entre eux, aucun n'ayant exprimé clairement ses sentiments respectifs. À croire qu'ils se complaisaient dans cette zone d'incertitude, jouant éternellement au jeu du chat et de la souris. Lors de la dernière réunion de troc au clan Peth'Idhren, elle lui avait parlé de sa rencontre avec Arahaelon et de la proposition que ce dernier avait faite. Iolrath avait tout d'abord eu une réaction neutre. Il chercha à en apprendre d'avantage sur l'opinion de Cinnaeth sur le sujet. Creusant, il s'aperçut que, même si elle n'en était pas encore consciente, Cinnaeth s'était entichée de ce rôle de diplomate. Reconnaître cela assombrit le cœur du Noss, et au fil des jours et de leurs discussions, elle sentit tristesse et mélancolie progressivement habiter Iolrath. Il était évident que devenir diplomate allait rendre leurs rencontres difficiles. Contrairement à la situation actuelle, ils n'auraient plus de rendez-vous décennal fixe. Qui plus est, elle n'avait aucun moyen de garder contact avec Iolrath, celui-ci ayant une vie nomade et ne s'aventurant jamais dans une cité. Cela pouvait signifier qu'ils ne se recroiseraient jamais. Un détail dérangea Cinnaeth. Elle devinait une colère cachée chez Iolrath, sentiment qu'elle n'avait jamais perçu auparavant chez lui, mais elle n'arriva jamais à en définir l'origine. Il y avait de nombreuses choses qu'elle ignorait au sujet de son amant, celui-ci évitant soigneusement un certain nombre de sujet, surtout lorsque cela se rapportait à son clan. Iolrath ne tenta jamais frontalement de la dissuader d'accepter ce nouveau rôle de diplomate, car il était intimement convaincu qu'elle faisait parti des rares à être apte à la tâche. Cependant, son subconscient semblait hurler le contraire. Chacun de ses gestes et chacune de ses actions trahissait un redoublement d'affection à son égard, suppliant qu'elle ne s'engage pas dans cette nouvelle voie. Ce message double ne rendit pas la décision plus aisée pour Cinnaeth. Au final, malgré une relation semblant compromise, aucun ne se résolut à achever définitivement celle-ci. Leur situation resta toute aussi confuse que ce qu'elle était auparavant. Quelques mois après un adieu déchirant Cinnaeth, un elfe lui apporta une lettre, la première d'une longue série. L'ouvrant, elle y découvrit un poème lui étant adressé. Bien que l'auteur ne s'était pas identifié, elle devina facilement qui il était. Au dos était inscrit la phrase suivante : « Ilcënil nàrisca imbë i thévath quië di menn hiri. ». Iolrath tint sa promesse avec constance au cours du siècle qui suivit.


Après ces diverses péripéties, Cinnaeth était désormais devant la maison d'Arahaelon. Ce fut Faerveren qui l'accueillit, un sourire éclatant dessiné sur son visage. Il lui lança.

- Te voilà enfin, Arahaelon t'attends. Elle nota ce soudain tutoiement. Elle répliqua :
- Tu sembles assumer certaines choses ? Avec un sourire radieux il lui répondit :
- En vue de tes dernières activités, il m'a semblé à peu près certains que tu avais accepté la proposition.
- Tu m'espionnais ?
- Tout de suite les grands mots ! Je ne faisais que me renseigner.
Comme s'il devinait, ou savait, les difficultés qu'avait connu Cinnaeth sur ces derniers mois, il enchaîna : Tu verras, tu ne regretteras pas ! »

Elle ne pouvait rester de marbre devant une telle bonne humeur et joie de vivre. Elle lui sourit, puis ils entrèrent tous deux dans la maison. Arahaelon attendait.







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Cinnaeth Kielendar
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeDim 26 Fév 2017 - 11:40





Cinnaeth grimpait les marches irrégulières de pierres blanches composant l'escalier en colimaçon de la petite tour accueillant l'officine d'Arahaelon. Elle revenait juste de sa dernière mission ayant duré dix ans et l'ayant conduite dans la ville la plus au nord du royaume. À peine était-elle rentrée qu'un coursier était venue la chercher l'informant que le conseiller souhaitait la voir au plus vite. Elle s'arrêta au deuxième étage et prit à droite. Elle passa quelques portes, puis s'arrêtant devant la troisième à gauche, frappa doucement sur sa surface. Une voix étouffée lui répondit. Elle entra. Elle découvrit Arahaelon debout face à la fenêtre. Ses cheveux blancs lui tombait toujours de la même manière majestueuse que la première fois qu'elle avait pu le rencontrer. Pourtant, son visage avait changé. Avant, empreint d'une grâce et d'une noblesse sans égal, aujourd'hui, il accusait les années de dur labeur mais surtout le lourd chagrin de la perte d'un être cher. Faerveren avait appris à Cinnaeth qu'il avait perdu sa fille lors de l'empoisonnement de l'Uraal, celle-ci ayant été en contact avec l'eau du lac. Les feus héritiers du trône avaient résolu la situation rapidement, mais malheureusement pas assez pour la fille d'Arahaelon. Elle considérait cela comme une grande injustice. Cet homme avait passé sa vie à œuvrer pour le bien d'Anaëh, et c'était ainsi que les dieux le remercier.

Arahaelon n'était pas le seul à avoir changer en sa décennie d'absence de la capitale. L'état de ses parents, en particulier de sa mère, l'inquiétait. Sa douceur et gentillesse s'en étaient allées. Des années à tisser à un rythme effréné l'avait drainé de toute énergie. Pourtant, elle continuait cette course insensée de peur que si elle arrêtait elle en mourrait. Son père, lui, semblait connaître un mal croissant de son éloignement de la forêt. Il était désormais facilement irritable. Cinnaeth avait le pressentiment que ces éléments, et beaucoup d'autres qu'elle avait pu observé, étaient liés à la fin de ce cycle. Une sorte d'appréhension délirante prenait le cœur des elfes de pierre petit à petit. Personne ne savait exactement ce qu'il allait se passer dans trois ans. Certains attendaient cela avec une impatience fébrile, d'autres semblaient être habités d'une crainte révérencieuse.

Cinnaeth s’avança vers le conseiller qui fixait obstinément l'horizon au Sud, là où se trouvait le lac Uraal. Presque à contre cœur, il finit par la regarder et détailla son visage avec une assistance dérangeante. Recherchait-il les traits de sa fille dans ceux de Cinnaeth. Cherchant à briser ce moment troublant, elle dit :

« Vous souhaitiez me voir ? Il hocha la tête. Ses yeux, où l'on pouvait y lire une tristesse infini, examinaient toujours son visage. Lentement, il prononça quelques paroles :
- Je vais me défaire de mes fonctions. J'ai annoncé la nouvelle ce matin au Conseil.

Un nouveau silence s'installa. Cinnaeth ne se sentit pas plus étonnée que cela par la nouvelle. En voyant le visage d'Arahaelon, elle s'était doutée qu'il allait lui annoncer quelque chose de grave. Elle n'était pas non plus émue. Elle lui devait beaucoup, et avait pour lui une profonde reconnaissance. Cependant, maintenant qu'elle le voyait dans cet état, elle considérait cette décision avec un certain détachement. Il était évident qu'il était fatigué et las. Son cœur n'était plus à se battre pour une cause qui devait lui paraître bien dérisoire depuis la mort de sa fille. D'un point de vue objectif, il n'était effectivement plus en mesure d'exercer ses fonctions. Cinnaeth en était pleinement consciente, chose qu'il semblait partager. Dans d'autres circonstances, elle n'aurait sans doute pas pris la nouvelle avec tant de froideur.

- Ceci est une décision lourde de conséquence Arahaelon. Surtout en vue de cette fin de cycle.
- Point que je ne peux te contester Cinnaeth. Mais c'est aussi pour cela que je pense qu'il est nécessaire que je m'en aille. Le prochain cycle aura besoin d'une personne forte à la volonté de fer pour mener des combats difficiles. Je ne saurais être cette personne.
Elle ne répondit rien, acquiesçant seulement. Il continua : le Conseil souhaite que nous organisions une élection parmi les différents citoyens d'Alëandir ayant des contacts avec les Noss, , ou tout du moins un intérêt prononcé pour ceux-ci, de manière à déterminer trois candidats qui seront ensuite évalués par le Conseil.
- Cette procédure prendre énormément de temps, pouvons-nous nous permettre cela maintenant ?
- Je crains que cela soit une nécessité.
- Selon vous, qui se présentera à ces élections ?
- Boridhren et Thaeweth, deux émissaires de l'armée de la capitale. Cerenil, un chercheur de l'Académie spécialisé dans la faune du protectorat. Une rumeur court que Rinàer, le responsable de la zone de renouvellement, souhaite se présenter. Une dénommée Elvedüi, artisanne Noss vivant dans la capitale, a aussi fait part de son intérêt au poste.
- Et non Faerveren ?
- Non, il n'a aucunement l'âme de mener une telle entreprise.


Cela était vrai. Autant elle avait été la parole et le geste d'Arahaelon là où il ne pouvait se trouver, autant Faerveren en était ses yeux et oreilles. Ce-dernier n'avait jamais semblé avoir le désir de remplacer d'une quelconque manière le conseiller, trouvant la position bien trop pénible à tenir. Il se complaisait dans cette position de petit oiseau chantant les informations qu'il glanait.

- J'aimerais que tu te présentes Cinnaeth.

Contrairement à leur début de conversation, cela surprit l'elfe. Elle n'avait jamais désiré être au Conseil, trouvant la position bien trop exposée, et allant à l'encontre de sa nature secrète. Elle préférait en effet être dans les coulisses que sur la scène. Mais à l'entente des noms prononcés par son aîné, la demande ne lui paraissait pas être une totale aberration. Bien que les prétendants avaient de nombreuses qualités, ils manquaient tous d'une compréhension sincère de la culture Noss, la considérant comme inférieure à celle des elfes de pierre. Si de telles personnes s'installaient au Conseil, les efforts qu'avait pu faire Arahaelon pendant des siècles auraient pu se retrouver réduits à néant. Encore incertaine, elle répondit :

- Une fois de plus, c'est un grand honneur que vous me faites. Je vais y réfléchir.
- Très bien, tu peux me laisser maintenant.


La voix d'Arahaelon avait été d'une sécheresse inattendue qu'elle ne lui connaissait pas. Elle n'insista pas et se dirigea vers la porte. Ouvrant celle-ci, elle se retourna une dernière fois vers le conseiller qui fixait de nouveau l'horizon par la fenêtre.

- Je voudrais aussi vous présenter mes sincères condoléances.

Il hocha distraitement la tête.




– Karfias, 1ere année du XIe cycle

Cinnaeth était assise sur un socle en pierre dans la salle du Conseil. Faisant face à elle en arc de cercle, la dizaine de conseillers de la capitale étaient installés sur des gradins en pierre blanche de forme arrondis. Elle pouvait difficilement voir beaucoup plus de l'architecture de la pièce. Le Voile était à son apogée, et l'obscurité qu'il projetait sur Miradelphia était des plus impénétrable. La salle était donc plongée dans le noir, des cristaux lumineux avaient été installés, mais ils étaient utilisés principalement pour éclairer le centre de la pièce et les personnes présentes, non pas les motifs recouvrant les murs blancs.

Trois années étaient passées depuis l'annonce de son mentor. Elles furent des plus chaotiques. Ce fut pour Cinnaeth une alternance incessante entre réunion de succession, affaires mineures mais tendues dans le protectorat avec les Noss et gestion d'une crise montante dans sa famille.
Cinnaeth, après avoir mûrement réfléchi la question de succession à Arahaelon, avait accepté de se présenter élections. Elle avait donc dû assister à un nombre inconcevable de réunions rassemblant les différents corps de métier associés aux différents participants, et présentant les arguments et les positions de chaque prétendants. Bien entendu, lors de ces débats, les candidats ne se faisaient aucun cadeau, et chacun trouvait tous les éléments nécessaires pour mettre hors course les autres. Il y avait à ses joutes verbales quelque chose de fascinant. Même si chaque mot prononcé était de vrai poison, à aucun moment le ton s'éleva. Le tout se passait dans une bonne humeur apparente. Cela était sans doute lié au fait qu'il n'y avait que des elfes à la fibre diplomates présents. Cinnaeth fut miraculeusement épargnée par les perfidies échangées. En réalité, ils n'avaient que peu d'éléments contre elle. Contrairement à ceux-ci, elle ne faisait pas parti à un corps de métier spécifique, mais elle était la main droite d'Arahaelon. En cela, sa position par rapport aux autres candidats différait énormément. Arahaelon l'avait envoyée à maintes reprises en soutient auprès de l'un ou l'autre afin de les aider à règler des situations spécifiques avec les Noss. Ainsi, elle ne s'était jamais retrouvée en confrontation avec les autres prétendants, mais toujours dans une optique de collaboration. En vérité elle avait aidé la plupart à sortir de vrai cul-de-sac diplomatique. Suivant les conseils de son mentor, Cinnaeth avait constamment veillé à entretenir de bonnes relations avec chacun de ses collaborateurs, ce qui faisait qu'aujourd'hui ils avaient que peu d'arguments allant à son encontre. La plupart lui était même redevable.
En parallèle de ces assemblées, Cinnaeth continuait son activité de diplomate classique, même si ses missions devinrent de plus en plus rares par manque de temps. En effet, en vue de la décadence lente mais inéluctable d'Arahaelon, il fallut trouver une solution pour assurer la permanence habituellement prise en charge par le conseiller. La chute inexorable du conseiller était terrifiante. Il était en effet dur pour de nombreux elfes d'admettre et de voir la mort à petit feu de l'un des leurs. Petit à petit, peu de ses anciens contacts osait encore aller lui parler dans son bureau. Cinnaeth et Faerveren faisaient parti des rares à le faire, par respect et attachement à l'elfe qu'il fut. Pour pallier à cette débâcle, Cinnaeth se retrouva à gérer ces affaires avec le soutient infaillible de Faerveren. Au fil des années un respect et une confiance réciproque s'était développés entre le conseiller et Cinnaeth. Alors qu'au début de sa prise de fonction, elle ne faisait qu'incarner les décisions prises par le Conseil, Arahaelon lui donna de plus en plus d'autonomie dans les missions qu'elle menait, lui indiquant seulement des principes généraux émis par le Conseil à respecter. Assurer une permanence dans ces temps difficiles était presque un développement naturel des choses. Pour autant, Cinnaeth eut la sagesse de ne pas exclure ses concurrents de cette administration provisoire. Elle considérait qu'il était important que chacun ait un aperçut de la réalité avant d'être élu conseiller. Aussi, elle ne voulait pas se retrouver accusée de s'être accaparée le pouvoir, ne serait-ce que quelques années.
Ce conseil interne provisoire eut la vie dure, en particulier à cause des tensions montantes entre Noss et Talhedels. Il fallait redoubler de subtilité pour ne froisser aucun parti. Subtilité qui semblait s'épuiser rapidement parmi les diplomates. Ceci devint d'autant plus compliqué avec le Voile. L'appel de Kÿria déchirait Noss et elfes de pierre. Une partie des clans étaient convaincus que cela était le message ultime de Kÿria pour rappeler ses enfants à elle et à la nature d'Anaëh. Suite à cette croyance, des altercations violentes entre les deux factions avaient eu lieux dans plusieurs protectorats, notamment Malhereg. Alëandir était pour le moment épargné, ce grâce aux efforts surhumain de l'office d'Arahaelon ayant cherché par tous les moyens de faire crever l’abcès. À maintes reprises, Cinnaeth se retrouva à prendre les décisions les plus difficiles, les autres prétendants n'arrivant à se mettre d'accord ou se décider.

Arahaelon était ce jour présent au Conseil, qui était sans nul doute sa session finale. Cinnaeth était la dernière à passer le jugement du Conseil. Son mentor semblait avoir soudainement retrouvé une énergie l'ayant totalement abandonné sur les dernières années. Il se tenait droit sur son banc, son visage ayant retrouvé sa noblesse d'antan. Ou était-ce un tour que lui jouait la lumière bleuté des cristaux ? Quoiqu'il en soit, Cinnaeth ne considéra pas plus longtemps la question. La voix d'un conseiller situé à la gauche d'Arahaelon résonna dans la salle.

- Cinnaeth Kielendar, nous vous accueillons en ce jour pour considérer votre candidature à la fonction de conseiller siégeant au Conseil d'Alëandir. Comme vous le savez, cette fonction incombe de grandes responsabilités. Cinnaeth acquiesça et le conseiller continua : Nous ne pouvons nous prononcer sans de plus amples considérations.Bien entendu le conseiller Arahaelon nous as fait un rapport détaillé de votre activité et de vos actes en tant que diplomate l'assistant dans sa mission de conseiller. Un parcours semble-t-il remarquable, en particulier sur ces dernières années. En vue de ses informations, le Conseil a pour vous trois questions.

Le conseiller s'arrêta. Cinnaeth attendit la question, pensant qu'elle émanerait de la même source, mais ce fut un autre conseiller, diamétralement opposé qui reprit le flambeau :

- Nous aimerions tout d'abord savoir en quoi vous êtes aptes à être conseiller. Vous avez démontré des talents remarquables pour négocier avec les Noss, pour autant ces situations sont bien différentes de celles du Conseil.
- Conseillers, je vous remercie tout d'abord de me recevoir aujourd'hui. En vue de la période troublée que nous vivons, je devine que votre temps est précieux. C'est pour cela que je vous fournirai des réponses aussi succinctes que possible. Bien que mon activité s'est orientée tout au long de ma vie à mener des échanges avec les Noss, cela m'a demandé d'échanger tout autant avec mes concitoyens si ce n'est plus. En effet, deux défis existent lorsque l'on est au contact des Noss. Outre le fait de comprendre un minimum leurs cultures, il est important en tant que représentant des cités d'avoir une connaissance fine de celles-ci et de sa situation politique, culturelle et sociale. Cela est une nécessité pour pouvoir proposer des solutions viables aux deux parties prenantes. Ensuite, il faut aussi faire preuve d'une grande pédagogie lorsque l'on rapporte une demande, d'un côté comme de l'autre. Certaines différences culturelles sont inconnues de l'un ou l'autre des parties. Il faut donc être capable de leur expliquer les incompatibilités en des termes auxquels ils puissent s'identifier. Même si, comme vous l'avez indiqué, les situations rencontrées au cours de négoces avec des Noss est différente de celle du Conseil, je considère que ces deux qualités sont toutes aussi utiles qu'essentielles. Il faut être capable de comprendre ses confrères dans leurs domaines d'expertises spécifiques tout en contextualisant ceux-ci de manière plus globale, mais aussi savoir rapporter en des mots adaptés la situation rencontrée au travers de son propre rôle.


Elle se tut. Tout en parlant, elle avait examiné ses interlocuteurs. La plupart était restée impassible, mais à certains de ces mots des conseillers avaient hoché la tête en signe d'approbation. Un autre conseiller pris la parole :

- Des mots justes en toute mesure. Nous aimerions aussi savoir si vous vous sentez capable de reprendre la fonction du conseiller Arahaelon, en particulier en ces temps tourmentés ?
- Estimés Conseillers, en vue de l'indisposition du conseiller Arahaelon, j'ai assumé sur ces dernières années et en étroite collaboration avec les autres candidats, la suppléance du conseiller quant aux affaires lui étant habituellement remontées. Celle-ci, s'est déroulée sans accroc. Nous avons su trouver ensemble les meilleures compromis mais aussi prendre des décisions cruciales. Bien que nos avis divergent parfois, nous nous portons un respect mutuel, et tous les membres de ce comité temporaire ont voués une dévotion remarquable aux tâches qu'il leur était confiées.


Elle avait soigneusement évité de centrer cette question sur elle. Par rapport à un futur rôle basé principalement sur la prise de décision collégiale , elle considérait que de démontrer d'un trop grand égocentrisme n'était pas le bienvenu. Après un léger silence, ce fut alors la voix d'Arahaelon qui s'éleva, chose qui sembla étonner plusieurs conseiller. En effet, il avait été de plus en plus absents aux sessions, et lorsqu'il était présent, il ne s'exprimait plus. Il prononça ses paroles avec calme, sa voix n'ayant pas perdu sa fermeté d'antan :

- Une dernière question taraude l'esprit du Conseil. Imaginons que les tensions entre Noss et Talhedels devaient continuer à escalader, elles pourraient déboucher sur une guerre civile. Dans un tel cas de figure, que feriez-vous ?


Les paroles de son mentor raisonnèrent quelques instants dans la salle à haut plafond suivit d'un lourd silence. Les visages des conseillers étaient graves, et Cinnaeth y devinait une pointe d'anxiété. Elle devinait aussi que les paroles de son mentor avaient un double-sens. Il était évident que c'était une question que le Conseil se posait réellement, signifiant que cela était un réel test pour évaluer sa capacité à agir et décider en tant que conseiller. Le deuxième point, que elle seule aurait pu deviner, était propre à Arahaelon lui même. Il cherchait à savoir quelle était la vision qu'elle portait pour le futur d'Anaëh.

Cinnaeth marqua une pause. Elle ne pouvait répondre à la légère à cette interrogation. Elle repensa aux paroles de Ma'hëlnoss qu'elle avait vu deux saisons avant que ne commence le Voile. La chef de clan avait en effet demandé à la rencontrer personnellement. En apprenant cela, Cinnaeth ne put s'empêcher de penser que la chef voulait s'entretenir avec elle à un moment bien opportun par rapport à sa potentielle élection au sein du Conseil. Mais elle s'empressa d'aller à la rencontre de la sage car si elle demandait sa présence, c'est que quelque chose de sérieux se tramait. Elle fut reçue avec amabilité au sein du clan. Cela faisait un siècle qu'elle n'était pas venue. Elle eu la joie de partager un long repas avec son oncle et ses cousins. Ils étaient restés en contact régulier au travers de courriers échangés, mais se revoir physiquement avait une toute autre saveur.
Son entrevue avec Ma'hëlnoss fut moins réjouissante, cette dernière ayant toujours témoigné d'une certaine froideur à l'égard de Cinnaeth. Son aînée l'informa en détail de la situation des Noss au sein du protectorat. Les négoces décennales avaient été dissolues, celles-ci étant devenues trop difficiles à gérer. Elles faillirent même dégénérer en bain de sang si Ma'hëlnoss n'avait su asseoir son autorité millénaire. Depuis, la relative bonne entente qui s'était tissée entre les clans avoisinants s'étiolait. Non pas que les clans devenaient hostiles les uns aux autres, mais ils se refermaient progressivement sur eux-même, ne cherchant plus à entretenir de contacts avec les autres. Cependant, ce n'était pas directement ses semblables qui inquiétaient la sage, mais les elfes des cités. La fragmentation des Noss favorisait la recrudescence de visions extrémistes chez certains clans. Cela les rendait belliqueux, en particulier à l'encontre des Talhedels. Ma'hëlnoss craignait, et sans doute à juste titre, que des elfes de pierre soient un peu trop enclins à prendre sérieusement des propos hostiles et des accrochages mineurs pour une déclaration de guerre. Même si Cinnaeth doutait que tout Conseil autorise une purge des Noss, une situation de guerre civile pourrait facilement s'installer, des groupes et individus isolés s'attaquant de manière indépendante aux représentants de l'autre partie. Cela impacterait le clan Peth'Idhren fortement, il n'était pas un clan guerrier, et dans un contexte aussi hostile, ils étaient vulnérables. Cinnaeth avait écouté avec attention les inquiétudes de Ma'hëlnoss, et elle éprouva une profonde empathie pour celle-ci. Même si elle se considérait elle-même Talhedel, les expériences qu'elle avait pu vivre dans le clan avaient façonné sa vision des choses. Elle promit à la chef du clan de prendre ses paroles en comptant et de faire de son mieux pour empêcher la situation de dégénérer à ce point de non retour. Ces mots semblèrent apaiser un peu l'ancienne qui la remercia sincèrement.  

Elle commença sa réponse, pesant soigneusement ses mots.

- Avant de se demander ce que je ferais dans une telle situation, il me paraît nécessaire d'identifier clairement quel serait le point de bascule. Elle observa rapidement son audience, tous étaient silencieux, attendant attentivement la suite de sa pensée. Elle continua : je crains que la plus grande menace d’instabilité proviennent au final des cités. Nous en avons des exemples concrets en Eteniril, Daranovar ou l'Épine Dorée. Certes, les premières hostilités provenaient la plupart du temps de certains clan Noss, mais ils sont en aucun cas représentatif de la majorité d'entre eux. Malheureusement les réactions des cités ont été de se refermer sur elle-même. Ces actions ne peuvent être interprétées que d'une seule manière de la part des Noss : une scission nette entre les deux peuples elfiques. À termes tous les clans finiront pas se liguer contre les Talhedels, alors que cela n'était pas les intentions de base de la plupart.
Ainsi, si une situation de guerre civile devait s'installer dans le protectorat d'Alëandir, je serais d'avis de tout d'abord identifier les clans Noss opposés à celle-ci. Établir des relations bénéfiques d'entre-aides permettrait de stabiliser la région et de ne pas rompre intégralement les discussions entre Noss et Talhedels. Les clans extrémistes seront petit à petit isolés et perdront de leur ardeur belliqueuse avec le temps. Qui plus est, il sera nécessaire de rendre une justice impartiale envers tout Talhedel nourrissant les hostilités. Nous ne pouvons espérer une bonne coopération avec les Noss si nous sommes indulgents envers nos concitoyens commettant des actes haineux.


Elle s'arrêta. Les visages des conseillers étaient impénétrables. Cinnaeth doutait que ses paroles étaient appréciées, elle prenait dans une certaine mesure la défense des Noss. Mais elle parlait avec sincérité et était intimement convaincue de ce qu'elle avait avancé. Elle ajouta quelques mots :

- Pour autant, je ne pense pas que la situation dégénérera à ce point dans la décennie à venir. En vue des événements récents, l'ironie du sort voudrait que ce soit les actions agressives des Drows qui empêcheront temporairement Noss et Talhedels de s’entre-tuer.




– Favrius, 1ere année du XIe cycle

Cinnaeth aidait ses parents à emballer quelques derniers biens. Ils avaient décidé d'un commun accord d'aller vivre au sein du clan Peth'Idhren. À titre personnel, Cinnaeth avait été quelque peu imperméable au Voile et à ses effets, c'était très certainement lié à son activité frénétique à l'office. Ses parents beaucoup moins, en particulier sa mère. Ce fut pour elle comme une décharge électrique. L'année durant, elle quitta entièrement son atelier, passant son temps songeant auprès de l'Estel. Elle prit conscience qu'elle ne souhaitait plus exercer son métier de tisserande et voulait changer d'environnement. Pour son père, le Voile lui rappela ses origines et il lui parut impossible après celui-ci de rester en ville. C'est ainsi qu'à la fin de Favrius ses parents fuyaient la capitale. Leurs adieux furent émouvant, mais Cinnaeth en éprouvait un certain soulagement. Elle espérait que ce changement soit bénéfique pour sa mère et son père. Elle leur souhaita un bon voyage et leur demanda de présenter ses salutations respectueuses à Ma'hëlnoss.
Elle se retrouva ainsi seule dans la capitale, sa sœur étant partie pour Ardamir. Seule, mais pas désœuvrée. Le Conseil avait tranché. Elle serait la nouvelle conseillère en matière de relations avec les Noss. La décision semblait avoir apporté un dernier apaisement à Arahaelon qui se retira. Cinnaeth doutait qu'il vécut encore longtemps.
Alors qu'elle remontait les rues de la cité pour retourner à l'Esplanade, Faerveren, souriant comme à son habitude, vint la rejoindre. Ils discutèrent vivement des prochaine épreuves qui allaient se présenter à eux. Une montagne de choses les attendait. Il conclut gaiement:

- Les choses enfin palpitantes commencent on dirait !

Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Cinnaeth.





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Dernière édition par Cinnaeth Kielendar le Mar 14 Mar 2017 - 20:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeDim 26 Fév 2017 - 11:47

Je pense avoir fini cette fiche, désolée pour le pavé What a Face
Bon courage pour la relecture !

Et surtout, merci à tous ceux m'ayant donné un coup de main pour construire la présentation. En espérant avoir bien pris en compte tous vos éléments =)
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeJeu 2 Mar 2017 - 21:15

Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) Tampon13
chapeau bas! et encore bienvenu!

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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeMar 14 Mar 2017 - 20:10

déplacé dans le présentoir pour modification
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitimeMer 15 Mar 2017 - 11:29

On est bon :D
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MessageSujet: Re: Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé)   Cinnaeth Kielendar -- Membre du Conseil d'Alëandir (Terminé) I_icon_minitime

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