[Pan du passé] L'ingratitude des enfants.

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T'sisra Do'ath
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MessageSujet: [Pan du passé] L'ingratitude des enfants.   [Pan du passé] L'ingratitude des enfants. I_icon_minitimeLun 13 Fév 2017 - 0:53

Eté, Julas, première ennéade de Vermios, an neuf cent quatre vingt quinze, dixième cycle.


Les flammes dansantes de l'âtre, outre que propager une chaleur agréable, dessinaient des ombres qui s'accrochaient et se déchiraient sur les ornements torturés de ces murs froids et grisâtres, creusés et sculptés à même la roche caverneuse. Une jeune daedhel aux cheveux noirs de jais, vêtue d'un drapé aux teintes foncées, était assise sur une l'une des chaises d'ébène, à la grande table sombre qui trônait au centre de la pièce. Elle avait le regard lourd, tendue de tout son être, elle n'osait à peine respirer, transie de peur. Pourtant il n'y avait personne d'autre dans le salon.

Un claquement retentit. Un cri étouffé parvint jusqu'à elle depuis le couloir. T'sisra tressaillit.

La sombre baissait la tête, se triturant les doigts avec nervosité, allant jusqu'à arracher des bouts de peau autour des ongles. Amalghar, le patriarche, punissait l'esclave qui s'occupait d'entretenir armes et armures de la maison. Plus tôt dans la journée, le père de T'sira s'était rendu compte de la disparition d'une de ses dagues, apparemment un cadeau d'une personnalité importante, c'était du moins ce qu'il avançait. Il ne lui fallu qu'une demi seconde pour trouver un coupable.

Un nouveau claquement de fouet fit tressaillir la puysarde.

Elle savait bien que Balir n'y était pour rien, et que son père n'avait eu besoin de personne pour égarer cette lame. Peut-être même se l'était-il faite voler ? Il la portait toujours si ostensiblement à sa ceinture, affichant les pierreries incrustées dans la poignée de l'arme à tous. Qu'une telle oeuvre ait accroché le regard d'un œil avide était plus que probable.
Et désormais, il passait sa frustration sur ce pauvre nain. Peu fréquentée par les autres habitants du Puy, Balir avait toujours su l'écouter et lui raconter ces histoires, dont lui seul avait le secret, et qui lui faisait oublier son quotidien solitaire et pesant.
Le sang commençait à perler au bout de son doigt, à force d'en arracher les peaux.

La claquement de fouet suivi de la complainte du nain la fit sursauter à nouveau.

Elle se sentait mal, elle voulait faire quelque chose, mais affronter son père avait toujours été au dessus de ses forces, et rien que d'y penser, elle avait l'estomac noué. T'sisra craignant ses colères démesurées plus que tout. Amalghar était un véritable bipolaire qui pouvait passer du calme le plus plat à la fureur la plus dévastatrice, et les dieux savent qu'il a la main leste.

Encore un claquement suivit, non pas d'un hurlement de douleur du nain, mais de la voix tonitruante d'Amalghar « Je t'envoie aux champignonières dès demain ! »

La jeune daedhel qui avait la peau plus pâle que ceux de sa race pu se le permettre : Elle blêmit.
Il y eut ensuite comme un silence, l'âtre lui même avait cessé de crépiter, le temps semblait avoir arrêté sa course.
La chaise était renversée. La sombre s'était dressée d'un bond. Avant même de réaliser, elle se trouvait déjà dans le couloir, fondant sur la porte de l'armurerie, qu'elle ouvrit d'un coup de pied sec et violent.

Son père posa un regard interloqué sur sa fille, avant de se tourner à nouveau vers le nain, roulé en boule au sol, brandissant déjà le bras qui tenait le fouet.
L'arcaniste qu'elle était devenue réalisa instinctivement une courte série de signes avant de lever le poing droit.
Amalghar tenta de frapper sans succès, son bras ne lui obéissait plus.

_ Qu'est-ce que...

T'sisra ouvrait le poing de sa main droite, tandis que le fouet échappait aux doigts de son père, qui alors lui fit face.

_ Comment oses-tu ? Demanda-t-il surpris. Comment oses-tu ?! Tonna-t-il le visage déformé par le colère.

_ Il est à moi. Tu me l'as offert pour mon centième anniversaire. Lâcha-t-elle sèchement.

_ Je l'ai acheté ! Je te nourris ! Tu vis sous mon toit ! Je suis ton père ! Scandait-il furieux.

Elle relâchait son emprise. Et il ne fallut qu'un seconde au patriarche pour aller saisir sa fille par la gorge.

_ Ne t'avise jamais... Jamais ! De recommencer.

La douleur le fit reculer, une douleur sourde et lancinante qui lui tenaillait les entrailles. Sa fille répondait. Elle saisit le poignet de son père et serra en psalmodiant, la peau d'Amalghar se mit à pourrir et se défaire.

_ Il est à moi. Répéta-t-elle les sourcils froncés. Ne t'avises pas de toucher ce qui m'appartient où je te brise les os.

Le père contemplait son oeuvre, enfin elle s'affirmait, enfin elle agissait et cessait de subir. Mais il aurait préféré ne pas en être la victime. Il avait peur de la magie, et à raison. Sa progéniture, avec toutes ses tares, restaient néanmoins une nécromancienne, et douée qui plus est.
D'un geste sec il se soustrait à son emprise, reculant tout en frottant la zone décharnée de l'autre main. Il quitta la pièce sans un mot, sans pouvoir lâcher le regard perçant et froid de T'sisra, et sans fermer la porte de la pièce.

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MessageSujet: Re: [Pan du passé] L'ingratitude des enfants.   [Pan du passé] L'ingratitude des enfants. I_icon_minitimeMar 14 Fév 2017 - 21:29

Eté, Julas, première ennéade de Vermios, an neuf cent quatre vingt quinze, dixième cycle.


Sourcils froncés, narines retroussées, mâchoire crispée, poitrail secoué. La colère et l'adrénaline l'empêchait de conserver le contrôle de ses muscles, la jeune daedhel s'était mise à trembler. Elle balayait la pièce du regard, sans s'attarder ni sur les armes et armures qui y étaient entreposées, ni sur les ustensiles nécessaires à leur entretien, cherchant désespérément un exutoire.

La porte, en bois d'ébène, ouvragée des heures durant avec une minutie d'horloger.
Claquée, frappée, insultée. T'sisra déchaînait sa colère à grands coups de poings sur le bois.
Geste rapidement regretté. Elle regardait, silencieuse, ses phalanges endolories et rougissantes, percées d'échardes.

Balir gémissait en redressant le buste, désormais en appui sur ses genoux. Il soufflait et réprimait la grimace avec difficulté. La puysarde observait le vêtement déchiré dans le dos du nain, qui laissait apparaître les marques ensanglantées laissées par le fouet. Il ne disait rien, ne bougeait pas, et respirant calmement. Il lui semblait être un roc de granit, une montagne inébranlable.

_ Je vais faire ce que je peux...

Pour toute réponse, il tira sur son haut taché de sang, pour l'envoyer balader à l'autre bout de la pièce, fixant le sol devant lui.
T'sisra approchait du nain, l'estomac noué, puis s'agenouilla derrière lui, approchant des mains endolories et tremblantes des lacérations. Elle eu besoin de souffler de longues minutes pour se calmer. Mobiliser sa capacité à user de magie sous le coup de la colère lui était aisé, du moins lorsqu'elle souhaitait faire souffrir, briser et déchirer, en revanche, pour réparer, elle avait besoin d'un calme relatif et personnel, de trouver une certaine forme de plénitude propice à la concentration.
Elle parcourut les lacérations de l'index, les unes après les autres, avec lenteur et minutie, et les peaux s’entrelaçaient, se raccrochaient et se reformaient dans un murmure organique. L'effort lui coûtait, la sueur perlait à son front, la migraine lui saisissait le crâne.



Balir finit par se lever, faisait rouler ses épaules musculeuses.

_ Ça irra comme ça.

_ Mais...

_ C'est trrès bien. Coupa-t-il en allant récupérer son vêtement. C'est pas la prremièrre brranlée qu'je prrends, et cerrtainement pas la derrnièrre.

La jeune sombre était épuisée, réparer les chairs ou les os lui avait toujours été une tâche bien plus ardue que l'inverse, elle observait les paumes de ses mains, ne sachant que trop penser de cette confrontation avec son père. Elle appréhendait d'hors et déjà sa réaction, ou plutôt le retour de bâton. Et qui allait en être la cible ? Balir ou elle-même ? Rien d'y penser, elle frissonnait. Jamais elle n'avait osé aller à son encontre, et ce jour la plongeait dans un futur qu'elle ne pouvait discerner.

_ Mmh... Quand tu fais cette tête toi...

T'sisra levait les yeux vers le nain, bien qu'il soit en train de souffrir, il n'en montrait rien, et afficha même un bref instant un sourire en coin. Voilà ce qu'elle admirait chez lui, malgré le nombre faramineux de pelletées qu'il avait prise, dont certaines par sa faute, Balir gardait le face, paraissant inébranlable.

_ J'aimerai ne pas dîner ce soir. J'aimerai quitter la maison et ne pas y revenir... Soupira-t-elle, toujours agenouillée, lasse et fatiguée.

_ Moi qui pensait que les arrcanistes faisaient de courrageuses perrsonnes...

Elle roula des yeux. Il n'avait pas tord. Cela faisait tant d'années qu'elle se confortait dans sa solitude et son quotidien, et bien que pas toujours agréable, elle ne manquait pas de grand chose. Cet événement surprenant, même pour elle, avait brisé, T'sisra en était sûre et certaine, ce fleuve dont elle connaissaient tous les mauvais courants et qui lui paraissait alors si tranquille.
La daedhel se dressa sur ses deux jambes encore flageolantes, bombant le torse après une grande inspiration. La migraine qui lui tiraillait le crâne lui arracha une grimace au passage.

_ Je reviens te voir après le dîner. Repose-toi. Lui dit-elle en se dirigeant vers la porte. Il y a des bandages dans la vieille commode de ma chambre. Ajouta la noirelfe avec un sourire compatissant, en quittant l'armurerie, le ventre noué à l'idée de rejoindre le salon.



◈ ◈ ◈


Amalghar se tenait assis en bout de table, devant son assiette. Le couvert attendait T'sisra à l'autre bout.
Elle rejoignit sa place sans un mot et s'installa, les jambes croisées, poignets sur la table, le regard résolument fixé ailleurs que vers son père.
Ainsi s'écoulèrent quelques minutes gênantes, alors que le patriarche bâfrait son plat, les bruits désagréables de mastication et de succion faisant écho dans le salon.

_ Tu ne manges pas, T'sisra ? Finit-il par demander.

Elle ne répondit pas.

_ Tu n'as pas faim ? S'enquit-il à nouveau, et face à un nouveau silence, il frappa la table du plat de la main avec violence.

La jeune daedhel leva les yeux vers son père, le regard attiré par un bandage rapidement appliqué à son poignet, là où sa chair avait pourrie.

_ Répond-moi quand je te parle.

_ Tu me coupes l’appétit. Lâcha-t-elle sèchement, sans vraiment savoir où elle trouvait le courage de lui balancer cela en pleine figure.

_ Ha... Haha ! Il frappa à nouveau sur la table. Qui aurait cru que le vermisseau que tu es finirait par s'affirmer un jour ?

T'sisra ne disait rien, elle était assez surprise même.

_ Plus sérieusement, ne lève plus jamais la main sur moi. Je ne te le pardonnerai pas une seconde fois. Est-ce bien clair ?

Elle acquiesça, le regard plongé dans celui de son père, tout à coup plus strict et assuré.

_ Concernant ton nain... Commença-t-il en agitant la main, un geste vague qui montrait tout l'intérêt qu'il pouvait lui porter.

_ Il est à moi.

_ Oui, oui... Mais les choses doivent être claires. Je n'ai jamais apprécié que tu côtoies cette sous-race d'esclave, dit-il sur un ton plat avec un air de dégoût non dissimulé, et si toutes ces années, je t'ai laissé faire à ta guise, c'est uniquement parce que personne de sain d'esprit ne désire approcher l'erreur de la nature que tu es. Tu veux le garder, c'est ton choix. Tu apprendras à tes dépends que ce genre de... Relations est une faiblesse.

_ Pourquoi me racontes-tu ça ?

_ Il est temps que tu comprennes la mesure des sacrifices que j'ai fait pour toi, ma fille. Et que tu assumes tes choix.

_ Et ma mère ? Un sacrifice aussi ?

_ Exactement.

La femme d'Amalghar, et mère de T'sisra, voilà un sujet qu'il n'aimait guère aborder. Près d'un siècle avait passé sans que la daedhel ait pu la voir. Tout ce qu'elle savait de sa mère, est que cette dernière était une talentueuse mage, membre de la Zho'us Raghar, et que c'était très certainement par ses relations qu'elle avait pu intégrer ce cursus si particulier que la jeune sombre avait suivit depuis sa plus tendre enfance.

_ Je sais ce dont tu rêves, T'sisra. Reprit-il des plus sérieux. J'ai trouvé tes livres sur les langues étrangères, tes croquis et autres sottises. Et si c'est ce que tu veux, je ne t'en empêcherai pas. Et sais-tu pourquoi ?

_ N... Non ? Hésita-t-elle.

_ Parce que tu n'es pas comme les autres, je l'ai bien remarqué. Incapable d'avaler ni la leçon ni la culture. Incapable de faire comme tout le monde, il faut que cherches, que tu vois les choses par toi-même et te fasses ton propre avis. Moi qui espérais une fille docile, à défaut d'avoir engendré une véritable drow. Il marqua un court silence, les lèvres pincées. Enfin... Tu verras par toi même que le monde n'est pas ce que tu crois, quand tu seras reçue à coup de pierres ou de flèches, que tu pataugeras dans la merde... Tu reviendras, ici, à genoux devant moi, suppliante. Et tu rentreras dans le rang, crois-moi. Conclu-t-il avec un vilain sourire.

T'sisra se leva, agacée, et commençait déjà se diriger vers le couloir.

_ C'est cela, retourne donc voir ton nain ! Qu'il t'abreuve d'histoires fantasques et te nourrisse de rêves idéalistes ! La désillusion n'en sera que plus forte, et la chute plus dure !Tonitrua-il amusé.

La puysarde claqua la porte du salon.

_ Sale teigne. Dit-il avec un sourire narquois, avant de boire une gorgée de sa liqueur de Zat'kyr.

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