Sujet: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Lun 8 Mai 2017 - 14:36
Hiviène. Le début de l’hiver était encore doux sur le domaine familial des Clairssac, l’automne avait été fort agréable mais on prévoyait pourtant les premières neiges dans les jours à venir. L’humeur s’en ressentait d’ailleurs dans le petit castel. Chacun faisait grise mine, prédisant déjà un hiver rude et long. Mais celle dont l’humeur était la plus sombre, celle qui passait de longues heures dehors à cheval quel que soit le temps, c’était bien la maîtresse des lieux. Tant de choses s’étaient produit ces dernières ennéades. Depuis l’abdication de Jérôme, plus rien n’allait en Etherna…. Même Guillaume avait dû plier… Ah … la politique… Non décidément, elle ne s’y intéressait pas et elle ne voulait rien à voir à faire avec ces Seigneurs hautains, imbus de leur personne et de leur pouvoir, incapable de voir et de comprendre la souffrance de leur peuple. Mais plus que tout, plus que la politique, que l’éloignement de ses frères, que sa solitude à Hiviène… c’était la perte de son fils qui lui pesait chaque jour un peu plus. Cela faisait un an et demi que les yeux de son fils s’étaient fermés pour ne plus jamais s’ouvrir… Elle se souvenait parfaitement de ce jour, au début du printemps de la 8ème année … Son cœur lui avait été arraché de la pire des façons.
Chaque jour, elle se rendait dans le petit cimetière, comme s’il s’agissait d’un devoir. Elle s’était même imaginé qu’elle ne pouvait pas le laisser là… tout seul… qu’il fallait qu’elle vienne lui tenir compagnie. Aujourd’hui, il aurait eu trois ans… Elle se demandait souvent quel petit garçon il aurait été s’il avait pu continuer à gambader dans les couloirs d’Hiviène, elle repensait à son sourire et à son rire cristallin qui illuminait ses journées…. Et à chaque fois, elle finissait en larmes, rongée par la douleur de sa perte qui ne la quittait plus. Elle ne pouvait montrer sa souffrance à personne, même avec ses frères elle n’osait plus, de peur de les inquiéter ou de ternir leurs propres bonheurs tellement mérité. Elle ne voulait être un fardeau pour personne, mais à mesure que les jours passaient, elle ne supportait plus non plus les murs qui la retenaient, comme prisonnière de sa souffrance. Elle était si proche de lui, et pourtant jamais plus elle ne pourrait le voir… C’était encore plus dur à supporter… Elle devait s’en aller, partir loin… Il le fallait avant qu’elle se noie dans son chagrin, qu’elle commette l’irréparable comme elle l’avait tant de fois souhaité… Partir.
Oui mais où ? A Thaar ? Loin de la Péninsule, loin de la politique, de son titre, de son rang qui lui empoisonnait la vie. Oui elle devait partir en voyage. Quelques temps. Peut-être quelques ennéades ou un mois. Le temps de se retrouver. Elle se trouvait à Caerlyn, au rassemblement des armées, et là encore sa position rajouta du poids dans sa décision. Elle n'avait rien à faire ici, savoir qu'elle participait à ce genre de rassemblement, en vue d'une guerre qui pourrait provoquer la mort de tant de gens... Non c'était hors de question, elle devait rentrer à Hiviène et préparer son projet. Dans un premier temps elle fit savoir qu'elle remettait le commandement de ses troupes à Guillaume, après tout il s'y entendait bien mieux qu'elle. Ensuite elle fit savoir qu'elle retournait à Hiviène pour régler quelques affaires pressantes.
A peine rentrer au domaine familial et suivant toujours son coup de tête, Mathilde se précipita dans sa chambre, sans réfléchir elle commença à remplir un sac, traçant mentalement le trajet qu’elle devait prendre. Elle pensait à mille à l’heure, parant à toutes les éventualités. Et puis soudain, elle lâcha tout et se laissa glisser le long du mur, secouée par de douloureux sanglots. Son projet était décidé. Elle voulait partir. Quitter cet endroit. Mais pour l’amour de ses frères, elle ne pouvait pas leur imposer un départ aussi précipité. Et puis elle était Dame d’Hiviène … elle avait des responsabilités.
Les jours suivants, elle mit de l’ordre dans les papiers du domaine et annonça son projet à l’intendant. Elle ne lui laissa aucune chance de la convaincre de renoncer et il finit par respecter sa décision. Alors qu’il voyait avec elle comment gérer le domaine en son absence, il finit par lui demander si elle comptait prendre une escorte avec elle.
« - Bien sûr que non ! Je n’ai pas besoin de nourrice. » « - Ma Dame, loin de moi l’idée de vous imposer une troupe de soldats, mais vous savez parfaitement que vos frères ne vous laisseront pas partir sur les routes seule. » « - Je sais me défendre. » « - Je vous en prie… soyez raisonnable. Si vous souhaitez partir voir le monde, faites-le, je souhaite que vous nous reveniez avec votre si beau sourire. Cela fait si longtemps que l’on ne l’a plus vu à Hiviène… Mais vous savez que Jérôme et Guillaume seront bien plus coriaces à convaincre que moi…. Si vous ne prévoyez pas une escorte, ils vous en imposeront une... Je vous demande seulement d’y réfléchir. Peut-être connaissez-vous quelqu’un, un gentilhomme bien sûr, qui accepterait de vous accompagner. »
Mathilde resta silencieuse une minute. Oui effectivement, Jérôme ne la laisserait plus jamais partir seule sur les routes. Et même si elle parvenait à lui tenir tête, son aîné était bien capable de la faire suivre quoi qu’elle en dise. Mais si elle se présentait à Jérôme en compagnie d’un homme respectable… Peut-être qu’elle parviendrait à le convaincre. Elle pouvait choisir un homme de sa garde à Hiviène… mais ils étaient tous mariés et elle refusait d’imposer un tel voyage à un homme, loin de sa famille, surtout connaissant les tensions actuelles dans la baronnie. Et puis, soudain, elle se figea. Si elle devait réellement engagé à son service un homme chargé de sa protection durant son périple, alors elle ne voyait qu’une seule personne qu’elle jugeait digne de confiance. Mais oserait-elle lui demander une chose pareille ? Oserait-elle lui demander de tout quitter du jour au lendemain pour partir à l’aventure ? Un bref soupir lui échappa avant qu’elle ne relève les yeux vers son intendant un fin sourire aux lèvres.
« - Je connais quelqu’un… mais de là à dire qu’il acceptera de m’accompagner… rien n’est moins sûr. Je vais lui envoyer une lettre … et si nous n’avons pas de réponse dans deux ennéades, je vous laisserai le soin de choisir l’homme de la situation. Cela vous convient-il ?»
Après cette conversation, ils reprirent leur travail et se mirent d’accord sur une date de départ. Il faudrait d’abord qu’elle se rende auprès de Guillaume et Maélyne pour les prévenir de son départ et ensuite, elle entamerait son voyage par un passage à Froissart, chez Jérôme. Une fois cela fait, elle prendrait la route vers Thaar. Quand elle fut enfin seule, assise à son bureau, elle se saisit de sa plume pour écrire à l’homme vers qui dérivait ses pensées depuis qu’elle avait souhaité le voir prendre part à son voyage. Elle ne l’avait rencontré qu’une fois … mais jamais elle n’avait ressenti une chose pareille. Elle s’était sentie si bien en sa présence, c’était la première fois depuis … Depuis le père de Kiel.
«Messire De Léjante,
J’espère que cette lettre vous trouvera en parfaite santé et d’aussi bonne humeur que le jour où je vous ai rencontré… dans la rivière près d’Hiviène ! Je vous demande pardon d’avoir tant tardé à vous écrire, peut-être par crainte que cela ne soit pas convenable, même si je me rends compte à présent que cela n’est pas une raison suffisante. Et je m’excuse une fois de plus, car l’objet de ma lettre n’est pas seulement de vous demander de vos nouvelles ni de vous donnez des miennes. A vrai dire j’ai une chose à vous demander. Et là encore c’est bien loin d’être convenable, mais je pense que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Il se trouve que j’ai besoin des services d’un Chevalier. Je ne veux pas entrer dans les détails de ce projet dans cette lettre, mais sachez que cette mission serait évidemment rétribuée et que tous les frais entrepris durant le voyage seront à ma charge. J’ai bien conscience que vous donner si peu d’informations ne vous aidera pas à prendre votre décision, aussi je peux vous confier qu’il s’agirait d’escorter une personne dans un voyage qui conduirait dans un premier temps à Thaar. Si vous souhaitez en savoir plus, vous connaissez la route jusque chez moi, je me ferai une joie de vous expliquer tout cela plus en détail. Seulement sachez que cette mission est … presque vitale et que je ne saurai la confier à quelqu’un d’autre que vous.
J’espère que vous prendrez le temps de réfléchir à ma proposition. Quoi que vous décidiez sachez que vous serez toujours le bienvenu à Hiviène et que j’espère vous y revoir bientôt.
Avec toute mon amitié. Mathilde De Clairssac, Dame d’Hiviène »
Une fois le pli scellé, Mathilde fit appeler un coursier. Elle ne savait pas du tout où pouvait bien demeurer le chevalier, mais il lui avait dit lors de son passage qu’il se rendrait à Alonna. C’est donc là bas qu’elle fit partir son pli en espérant qu’il soit remis rapidement à son destinataire. En attendant, elle devrait prendre son mal en patience et peaufiner les derniers détails.
Tancrède de Léjante
Humain
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Dim 14 Mai 2017 - 22:19
Cette journée-là, à scintiller de la sorte, le soleil venait à nous faire oublier quel calvaire nous faisait vivre jour après jour cette damnée saison de l’hiver. La froidure de Verimios, par contre, elle, vous rappelait qu’elle était loin encore la saison chaude, car même harnaché d’une bonne bardache, d’une paire de braies bien rembourrée et d’une cape de fourrure, la température savait vous arracher quelques frissons à la volette. Cette clarté pourtant, quand bien même ne compensait-elle point la fraîcheur de cette brillante journée, suffisait pour convaincre le hardi à enfiler ses éperons jusqu’en lice, où il pouvait s’entraîner à ce qu’il savait faire de mieux ; jouter. Reconnu comme étant l’un des chevaliers de la Baronne, son nom ainsi que le sobriquet qu’on lui affublait ne portaient guère fortement, mais le fait qu’icelle soit de surcroît sa cousine, aidait à ce qu’on lui accorde une certaine autorité. De ce fait, lorsqu’il demanda à ce qu’on tienne propre l’aire d’entraînement consacrée aux joutes, quelques larbins épousèrent la présence de leur pelle pour déblayer ce vaste étendu de merde blanche qui recouvrait l’endroit. Car oui, après une ennéade à affouiller l’endroit à la recherche d’un peu de sable à mettre sous le sabot des chevaux, cette féerique chose qu’on nommait usuellement neige, avait acquis un nom bien moins édifiant
Qu’à cela ne tienne, enfin, la première lance de Léjante pouvait enfin se dégourdir et battre le sol en compagnie de son fidèle Naros. Cibles, anneaux et même quelques barres à obstacles constituaient sa salle d’entraînement extérieure, de sorte à pouvoir y pratiquer chaque aspect de cet art que constituait la joute : la précision, la force et l’agilité. Ainsi, des matines jusqu’à la vêprée, le hennissement si particulier de son revêche compagnon accompagné des cocasses exclamations de Tancrède faisaient vivre la lice pour l’une des rares fois en hiver. « Je veux te voir voler, canasson! » « Tudieu, cet anel à la bougeotte pour se mouvoir de la sorte! « Palsambleu! Haridelle boiteuse! Pour sûr si tu avais couru de la sorte au tournois, j’aurais eu la panse bien pleine! Pleine de sable, oui! » S’amusait-il à incendier sa monture d’insultes, en le taquinant comme on le ferait à un ami de longue date.
Avant la brune, quelques curieux spectateurs avaient gagnés les estrades envahies de neige. Parmi eux, guère de frileux! Certains adeptes de ce sport se laissèrent capter par l’adresse du chevalier, tandis que d’autres profitaient du spectacle en se lovant l’un contre l’autre, comme si l’activité avait quelque chose de romantique… Enfin, jusqu’au moment où un deuxième joueur fit son entrée en lice, harnaché comme pas deux et en compagnie d’un percheron tout aussi endimanché pour la joute. « Tancrède de Léjante, je te défie à la joute! » Jappa-t-il sans autres ambages ni cérémonies, de suite après avoir enjambé d’une traite la selle de son animal. Interpellé, Tancrède redressa le menton vers le molosse, mais ce ne fût guère sans amusement car à nouveau son sang commençait à bouillir d’envie de vaincre. « Mouston, cesse de faire le pitre et de t’escambiller devant nos admirateurs, va plutôt quérir ma targe, pardi! » Ordonna le chevalier à son écuyer, l’œil brillant et de nouveau plus vivant que jamais.
Dans les estrades, la scène en avait amusé plus d’un, car il ne fallut pas grand temps pour qu’à l’instar de la hase, se prolifère les spectateurs. Par tans, ce qui devait être rien de plus qu’un entraînement solitaire, soulevait tant d’enthousiasme de la roture que c’était à s’y méprendre, un tournoi était en cours!
Et Tancrède serait sacré seul vainqueur, cette fois.
Le sable gelé par le frimas se fit battre à plein fouet par les sabots des chevaux, lorsque décolèrent en toute hâte les deux chevaliers, lance sous l’aisselle et targe fixé à l’avant-bras. Ainsi, Tancrède s’était fait défié par le premier venu, comme si le coq s’était senti menacé par le Léjantais! Les secondes seraient courtes avant l’impact, mais encore étaient-elles suffisantes pour réfléchir à la manière d’aborder ce grossier personnage. Se devait-il de viser le heaume, ceci malgré sa vision réduite par son propre haubert? Ou bien viser le plastron de son harnois était choix plus avisé ? Non, celui-ci pourrait glisser et alors, il le lui ferait payer sa faute au centuple! Ah! Et s’il déviait son épaule gauche pour que la pointe de son adversaire manque, de sorte à ce que Tancrède lui, puisse l’atteindre ? Un coup d’as, pour sûr, mais non sans danger ; le rustre pourrait voir venir la feinte et du coup, oblitérer le chevalier de plein fouet … Et le sol n’ayant rien de moelleux, ajouterait à sa honte une douleur non négligeable. Alors, que jouer ?
La foule se tût pendant une longue seconde, au même moment qu’il plut des copeaux de bois lorsque vola en éclat la lance de Léjante qui avait atteint sa cible : directement à l’épaule gauche de son adversaire. Alors sans autres ambages, il tomba à la renverse, le pied emprisonné dans l’étrier de son molosse équidé, traînant sa défaite d’un bout à l’autre de la lice! Loin d’être aussi nombreuse qu’une foule officielle, mais tout aussi bruyante, les spectateurs hurlèrent leur joie face à la sauvagerie du coup porté, tant l’échange avait été violent. Le sourire fendu jusqu’aux oreilles, Tancrède ôta son heaume en le balançant à son fidèle écuyer Mouston, s’abreuvant des « Houra! » de ceux qui l’imploraient de réitéré une telle prouesse d’arme.
Et ce fût la fin de son entraînement …
***
Le soir, une fois que le tout nouveau champion d’Alonna gagna ses appartements, une missive patientait sa venue, sagement posée sur l’écritoire de sa chambrette. À la renverse, il empoigna l’un de ses menus coutelas et en fit sauter le sceau, de sorte à y parcourir les lignes …
Ses jambes devinrent molles et il eut la sensation que son cœur cessa de battre pendant un moment. Il se serra, tant et tant qu’il dû s’asseoir sur le rebord de sa couche, incapable de soutenir le poids d’une telle nouvelle. Il resta là, sagement assis sur la pesante couette de son plumard, à relire du début jusqu’à la fin les mots si brillamment étalés de sa Dame … Puis, emporté par une soudaine envie de voyager, de devenir l’égide de la femme de ses rêves, il retomba brusquement sur terre, durement heurté par le souvenir de ses obligations. Enfin de retour en Alonna qu’il demanderait congé à sa Suzeraine ? Cela n’aurait rien de chevaleresque … Mais esseuler une pauvre âme telle que la Dame d’Hiviène, la priver de l’homme qu’elle aimerait voir chevaucher à sa dextre, ceci aussi n’est en rien chevaleresque, se disait-il …
Il ne pouvait seul prendre de décision. Il irait à la rencontre de sa Suzeraine plus tôt que tard, afin qu’icelle prenne la décision pour lui, alors il pourrait voguer l’esprit tranquille …
Mathilde de Clairssac
Humain
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Ven 19 Mai 2017 - 12:58
Aucune réponse ne vint. Même lorsque le coursier revint de sa mission, il n’apportait dans sa besace aucune réponse qui ne lui soit destinée. Rien. Pas un mot seulement. Il n’avait pas pu remettre le pli en main propre, mais on lui avait assuré que le Chevalier le trouverait le jour même de son passage. Il était reparti sans attendre de réponse pour prévenir sa maîtresse. Celle-ci dû se retenir de lui expliquer qu’il aurait été plus sage qu’il patiente un jour ou deux et qu’il revienne avec une réponse, mais elle n’en fit rien, libérant le pauvre bougre après lui avoir remis les quelques pièces promises. Si le Chevalier de Léjante refusait sa demande si particulière, il lui faudrait demander à l’intendant de lui trouver un homme de main fidèle et loyal. Et train sincèrement, elle rechignait à l’idée de faire la route avec un inconnu. Peut-être aurait-elle pu essayer de contacter le Chevalier qui l’avait accompagné, la première fois, alors qu’elle fuyait Etherna avec son bébé tout juste né et une Lyse bien plus jeune. Mais qu’était-il devenu depuis ? Avait-il poursuivit sa quête et trouvait ce qu’il cherchait tant ? Elle aurait aimé lui écrire, prendre de ces nouvelles, mais il ne lui avait laissé aucune adresse. Seulement un prénom. Arthur.
Repenser à son compagnon de voyage lui rappela ces journées de fin d’été, alors qu’elle se retrouvait enfin libre. Libre de toute obligation, libre de pouvoir aimer son fils sans cacher le lien qui les unissait. Elle conservait de beaux souvenirs de ce voyage tant elle avait été émerveillé par tout ce qu’elle découvrait à chaque ville qu’ils traversaient. Elle qui n’avait jamais quitté Etherna, elle avait vu plus de paysages durant ce seul mois que durant toute sa vie. Mais ces souvenirs lui étaient douloureux, comme tous ceux qui lui rappelaient l’absence de Kiel. Comment avait-elle réussi à tenir jusqu’à aujourd’hui ? Pourquoi se sentait-elle sombrer maintenant … alors qu’il avait rejoint le Royaume de Tyra depuis plus d’un an ?
La réponse elle la connaissait … aussi égoïste qu’elle fut, elle savait parfaitement que le fait de se retrouver seule ici, à Hiviène, lui donner tout le loisir de ressasser ses souvenirs et sa douleur. Ses frères menaient leurs vies, ils avaient leur famille à construire… Tandis qu’elle…. Elle restait seule, dans ce domaine qui l’avait vu grandir, près de cette tombe qui chaque jour un peu plus aspirait son âme et les fragments de son cœur brisé. Si elle restait à Hiviène, elle finirait folle… ou pire…
Thaar. Cette seule pensée parvenait encore à chasser les nuages qui assombrissaient sa vie. Il fallait qu’elle retourne là-bas. Ce n’était peut-être pas la meilleure saison pour voyager, mais qu’importe, elle était prête à braver l’hiver pour s’éloigner de ce qui lui pesait tant ici. Il fallait qu’elle fasse ce voyage. A tout prix. Pour se retrouver elle, pour qu’elle sache enfin ce qu’elle devait faire. Peut-être se trompait-elle lourdement, peut-être que ce voyage ne lui apporterait aucune réponse… Mais il fallait qu’elle essaie.
Et elle ne voulait personne d’autre à ces côtés que le Chevalier de Léjante. Comment expliquer un tel excès dans ses sentiments ? Elle ne l’avait pourtant côtoyé que très peu de temps… Mais cela avait été suffisant pour qu’elle retrouve le sourire le temps de son passage. Il avait réchauffé son âme par ses sourires, ses manières et sa bonne humeur. Si elle devait entreprendre un tel voyage au cœur de l’hiver, alors elle voulait être avec lui.
Mais il ne lui avait pas encore répondu et les jours défilés… Devait-elle retarder son projet ? Devait-elle attendre un signe de sa part ? Ses journées se ressemblaient tant … depuis combien de temps avait-elle écrit sa lettre ? Depuis combien de temps le coursier était-il revenu ?
« - Ma Dame … Souhaitez-vous que je vous présente Messire Henri. Il a guerroyé aux côtés de vos frères, il… » « - Non, merci Hector. » « - Vous m’avez pourtant promis de ne pas partir seule sur les routes … » « - Et je tiendrai parole. J’espère juste … J’aimerai juste attendre encore quelques jours. »
De cet instant, l’intendant ne fit plus jamais mention du voyage que prévoyait la jeune Dame d’Hiviène. Peut-être espérait-il ainsi qu’elle oublierait son projet et qu’elle reviendrait à la raison. Mais c’était mal connaître la jeune femme. Son projet était bel et bien ancré en elle, de toute façon elle était à présent persuadée de ne plus avoir le choix. Toute sa vie elle avait cherché sa place, elle n’avait jamais su exactement ce qu’elle devait faire, qui elle devait être. On avait voulu lui apprendre les manières d’une noble Dame douce et délicate ? on avait voulu faire d’elle une future bonne épouse, ce qu’elle ne deviendrait peut-être jamais, on avait voulu l’éloigner de tout ce qu’elle aimait faire pour l’emprisonner dans le carcan des femmes de nobles naissance. Et pourtant, elle ne s’était jamais sentie aussi heureuse que lors de sa fuite, lorsqu’elle avait posé les yeux sur le monde. Depuis ce jour elle ne rêvait que d’en découvrir davantage… et c’est bien ce qu’elle comptait faire à présent. Découvrir le monde pour peut-être parvenir à se découvrir elle-même.
Tancrède de Léjante
Humain
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Lun 29 Mai 2017 - 20:32
Mathilde de Clairssac
Humain
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Mer 7 Juin 2017 - 11:53
De retour de Seram, après avoir rendu une brève visite à son frère, Mathilde s’enferma dans sa chambre sans un mot. Une fois seule à l’intérieur de cette pièce qu’elle connaissait depuis toujours, elle se permit de laisser échapper les sanglots qu’elle retenait depuis sa rencontre avec Guillaume. Un mariage… Par les dieux … Voilà une chose qu’elle n’aurait jamais imaginée possible venant de Guillaume. Evidemment elle se doutait bien que cela pourrait arriver mais elle s’était toujours bêtement obstinée à penser que ses frères n’en viendraient jamais là. Arranger un mariage pour leur petite sœur… avec un homme qu’elle ne connaissait même pas, tout ça pour gagner une stupide guerre... Et encore peut-être ne s'agissait-il que d'un faible avantage. Une vulgaire marchandise. Voilà ce qu’elle était dans cette affaire. Bon il fallait reconnaître tout de même que c’était elle qui avait refusé de connaitre l’identité de son futur époux et puis prévenu ainsi, au milieu d’un couloir, sans la moindre douceur… comme s’il s’agissait d’un ordre militaire. Les sentiments de la jeune femme oscillaient entre la rage profonde et la tristesse. Pleurer. Pleurer elle ne savait faire que ça depuis des ennéades, des mois… des années même. Son sang battait tellement à ses tempes qu’elle s’était forcée à faire les cent pas dans sa petite chambre, cherchant à calmer sa colère autant qu’à contenir ses larmes.
Si elle avait eu le courage de tout abandonner, elle aurait fait son sac, pris son cheval et aurait galopé jusqu’à ne plus exister dans ce monde de guerre, de trahison et de conspiration. Un monde d’Homme, où elle ne trouvait plus sa place. Et où elle ne voulait plus en trouver une. Mais elle ne pouvait pas abandonner ses frères une fois de plus, ni Lyse qui s’épanouissait chaque jour un peu plus à Hiviène, ni ce domaine qui l’avait vu grandir et qu’elle chérissait malgré qu’il soit hanté par les pires souvenirs de sa vie. Un cri de rage lui échappa tandis qu’elle fit voler à travers sa chambre la première chose qui lui passa sous la main. A savoir : une chaussure. Oui, oui, une chaussure. Evidemment tout de suite la scène devient presque ridicule mais ce geste lui permit d’évacuer une partie de sa colère et pour finir de se calmer elle se laissa tomber sur son lit, les bras en croix, fixant les lattes de bois du plafond.
Sa main droite triturait les draps du lit et bientôt ses doigts rencontrèrent un élément qui n’avait rien à voir avec du tissu. Glissant son regard vers l’objet en question, la jeune femme fut surprise de voir qu’une lettre avait été déposée sur son lit. Après un bref soupir, Mathilde s’assit convenablement sur le bord de son lit et pris la lettre entre ses doigts. L’écriture lui était inconnue aussi fronça-t-elle légèrement les sourcils tandis qu’elle décachetait le sceau de cire. Ses yeux se portèrent sur la signature et presque aussitôt son cœur manqua un battement en même temps que ses joues se teintaient de rose. Elle dévora le premier paragraphe et il fut fort heureux qu’elle soit déjà assise sans quoi elle se serait écroulée sur le plancher. Ces quelques phrases la bouleversèrent si profondément qu’il lui fallut plusieurs secondes afin de s’en remettre. Etait-il, sans la moindre gêne, en train de lui déclarer sa flamme ? Elle ne pouvait le croire … jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse éprouver de tels sentiments à son égard… Des sentiments tellement semblables aux siens.
La suite lui fit manquer un autre battement de cœur. La Baronne d’Alonna en personne souhaitait la rencontrer pour évoquer le voyage qu’elle souhait entreprendre et pour lequel elle comptait lui ravir les services de son cousin… Par Néera, voilà une chose qu’elle n’avait pas imaginée… Elle avait encore en mémoire les minutes passées avec Guillaume et elle se doutait que celles qu’elle passerait avec Jérôme risquait d’être semblables. Oserait-elle évoquer les raisons de son voyage devant la Baronne ?
Les minutes défilèrent et elle regardait toujours fixement cette lettre, parcourant à nouveaux les lignes écrites par cet homme qui faisait secrètement battre son cœur. Elle aurait voulu galoper vers lui, lui avouer ses propres sentiments pour lui… mais les mots de Guillaume résonnèrent à ses oreilles et lui brisèrent le cœur. Fallait-il que les Dieux souhaitent encore s’amuser d’elle ? Pour qu’elle apprenne que l’homme qu’elle aimait était aussi épris d’elle, le jour même où on lui annonçait qu’elle devrait se marier à un autre ?
Cette fois elle ne lutta pas le moins du monde pour retenir ses larmes, elle les laissa couler de longues minutes jusqu’à ce qu’enfin elle se décide à se lever. Du revers de la main elle chassa les larmes qui s’étaient attardées sur ses joues et elle quitta sa chambre pour se rendre dans son bureau. En quelques minutes elle rédigea sa lettre, comme si elle avait oublié les dernières minutes écoulées, comme si son cœur était toujours intact.
A Messire Tancrède de Léjante,
Si vous saviez comme votre réponse me comble de joie. J’ai longtemps cru que mon coursier ne vous avez point trouvé, mais le voyant revenir, j’ai pensé ensuite que vous n’aviez peut-être pas envie de vous lancer dans pareil voyage. Je sais que la saison est très mal choisie, on me l’a assez répété ici, et j’aurai pu comprendre votre refus. Mais les mots que je viens de lire me rassure autant qu’ils m’enchantent. Me savoir sous votre protection durant ce voyage me permet de l’envisager plus sereinement.
Je comprends votre demande concernant votre cousine, la Baronne, et je me plierai à sa demande si cela me permet de vous soustraire à elle quelques temps. Hélas, je n’aurais pas grand-chose à lui raconter concernant ce voyage. Il ne s’agit pas de politique ou d’économie. Seulement d’une visite que je souhaite rendre à une vieille connaissance dont j’ai reçu de tristes nouvelles récemment. J’espère ne pas trop décevoir votre cousine.
Il y a tant de choses que je voudrais vous dire, mais je ne peux les écrire ici, il me faudrait couvrir des pages et des pages. Je n’ai qu’une hâte monter en selle et prendre la route. Je ne doute pas qu’Alonna soit une région merveilleuse, j’espère d’ailleurs que vous m’en ferez visiter quelques endroits afin que je puisse me rendre compte de la beauté de ces paysages que vous me décrivez.
Je dois me rendre chez mon frère aîné, Jérôme, à Froissart pour l’entretenir de ce voyage dont il ignore tout pour l’instant. Peut-être pourriez-vous me retrouver là-bas ? Nous ferions route ensuite vers Alonna afin de rôder notre petite équipe au futur périple qui nous attendra. Qu’en pensez-vous ?
Je prie les Cinq pour que cette lettre vous trouve en pleine santé et que les jours nous séparant de notre prochaine rencontre défilent aussi rapidement qu’un battement de cil.
Mathilde de Clairssac
Tancrède de Léjante
Humain
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Jeu 8 Juin 2017 - 18:25
Les hommes avaient ça pour eux ; leur soucis paraissaient toujours moindres que ceux de la gente féminine. C’était vrai, quels étaient les hommes qui se plaindraient d’être mariés à une femme, aussi jolie soit-elle, pour des questions d’obligation ? Et puis, dans le pis des cas, l’adultère pourrait sauver la mise, puisqu’elle n’était pour l’homme, considérée que comme de petites bagatelles. Ah par contre, la femme, elle, si elle advenait à être infidèle, elle embrasserait pour sûr les flammes d’un bûché bien prospère et fumant et plus tôt que tard, on sentirait le fumet des grillades au menu. En ce qui concernait le hardi, ces soucis qui harassaient sa dulcinée lui était complétement inconnus : au contraire, il la pensait en belle position. Il l’imaginait prendre soin de son étalon, puis de parcourir les pleines enneigées avec amusement sur son dos, avant de terminer son sport pour prendre le repos qui lui était mérité, dans ses confortables appartements … Non, il était loin de se douter que ses deux frères feraient tout pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Lorsqu’il reçut la réponse de la dame d’Hiviène, le souffle lui manqua pratiquement. Derechef, il retrouva ses dix ans, où il trépignait d’impatience à savoir si la petite fille d’une des dames de la cours de Léjante, daignerait répondre à ses avances : à savoir à l’époque, deux biscuits ainsi qu’un dessin auquel on y aurait gribouillé un cœur. Hahhh les jeux de l’amour, ceux-ci pouvaient changer n’importe qui, du cœur le plus froid au plus volage. Ses yeux dévorèrent sa réponse encore, encore et encore ! Tant de fois qu’il aurait su la réciter au grand complet sans même jeter un coup d’œil au vélin. Il laissa ses pensées s’évader, s’imaginant les retrouvailles qu’il aurait avec elle. Lui volerait-il directement un baisé, où se montrerait-il en serviteur dévoué qu’il était ? Après tout, à bien s’en souvenir, ils n’en étaient restés qu’aux formalités, quoi que certains regards entendus en avaient dit longuement … Il serait fol pourtant, de croire que le premier chevalier pourrait séduire la dame d’Hiviène, un chevalier qui plus est, qui n’a pour lui que son honneur et les maigres pièces que lui fournissaient sa rente de garde d’Alonna.
Enfourchant une tenue moins … désastreuse, contrairement aux guénilles qu’il avait habitude de revêtir, il piqua du nez dans les couloirs du castel, à la recherche de l’illustre Alanya. Sa cousine avait des fourmis dans les jambes et c’était peu dire, elle devait bien parcourir le château d’un bout à l’autre plus d’une dizaine de fois dans une journée! C’était suffisant pour vous dire la difficulté qu’il eut pour mettre le grappin dessus. Elle était là, à deviser avec quelques conseillers qui lui étaient siens, entre deux salons du castel d’Alonna. Arrivé sur place, Tancrède abaissa les yeux au sol avec diligence, presque en guise de soumission, main posée contre le pommeau de son épée rangée en son fourreau. « Madame la Baronne. Excusez-moi de vous interrompre … Est-ce possible de vous faire la commande d’un peu de votre temps ? Il me faudrait vous entretenir à propos d’un sujet … » Il jeta un coup d’œil aux conseillers légèrement agacés par l’interruption. « Un sujet houleux, oui. »
Esseulés des oreilles indiscrètes, Tancrède changea de ton, adoptant plutôt la confidence comme elle l’avait toujours été, entre eux deux. « J’ai reçu via une série de dépêches, les intentions de la Dame d’Hiviène … Comme vous m’aviez demandé lors de notre chevauchée jusqu’en Serramire, elle est toute disposée à être reçue par nulle autre que vous … » Il avait hésité, comme s’il craignait que sa cousine fasse d’elle de la bouillie. « Pour se faire, elle me propose d’aller la rejoindre à Froissard et compte tenu de la météo –par la grâce de la Damedieu, qu’elle nous préserve du pis-, je ne peux me résoudre à la laisser convoyer jusqu’ici toute seule. Je suis venu ici, humblement, vous demander l’autorisation de quitter votre cours pour faire l’escorte d’icelle jusqu’au castel d’Alonna, là où elle trouvera protection et pourra jouir de l’hospitalité légendaire de votre maison. »
Alanya de Saint-Aimé
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède Ven 9 Juin 2017 - 15:05
D’un geste de la main elle fit taire ses conseillers. Si quelques-uns trouvaient grâce à ses yeux – de par leurs idées novatrices et leur jeunesse qui conférait une certaine effronterie envers les choses établies – la plupart n’était autre que des vieux administratifs à l’odeur de papier usé dont les mains tremblaient sous le poids du temps. Ces gens-là avaient certes la sagesse de leur âge, qui lui faisait encore défaut mais qu’elle veillait à acquérir peu à peu, mais ils étaient trouillards. Nul événement au monde n’aurait pu les faire dévier de l’ordre établi, aussi regardaient-ils dubitativement le règne de leur suzeraine. Eduquer la gueusaille et fractionner l’ordre judiciaire à travers la baronnie ne semblaient point les faire chavirer. Bien au contraire, à chaque jour sa peine ! Elle se devait d’entendre toujours les mêmes discours de pitié et de tempérance, sur toutes les affaires de la vie du territoire. La Grande Néera en soit témoin, qu’elle était heureuse de ne point avoir la gestion d’une plus vaste terre ! Ici, les choses n’avaient guère bougé mais elle s’en contenta. Elle avait laissé le castel plus tôt dans l’an et l’avait retrouvé dans le même état. Ni trop bien ni trop mal. Une situation certes forte délicate puisqu’il ne faudrait guère beaucoup pour faire pencher la balance du mauvais côté mais loin d’être catastrophique. Et bientôt, son travail et ses absences porteraient leurs fruits. Elle ferait taire le Corbac et tous les médisants du même coup. Heureusement certaines personnes lui restaient fidèles, comme son cher cousin qu’elle laissa parler jusqu’à la fin sans congédier les croulants. Qu’ils entendent pareille chose lui était assez indifférent et cela ne semblait chagriner outre mesure le chevalier.
« Êtes-vous seulement certain que vous pourrez voyager avec un temps pareil ? La Damedieu n’est point clémente cette année, et même si le chemin n’est guère long, il sera pénible pour vous comme pour la Dame d’Hiviène ». Elle ne prêtait guère plus d’attention à ses conseillers, préférant se tourner complètement vers le pauvre Tancrède souffrant d’amour. « Si vous estimez que vous le pouvez, je ne vois pas pourquoi je vous refuserai ce départ. Nous n’avons point d’impératif pour vous céans mais veillez toutefois à ne point éterniser votre absence ; il se pourrait que je vous quémande sous peu ». Et cela était vrai. A contrecœur elle avait décidé qu’il était une personne essentielle dans ses projets à venir, des projets qui l’éloignerait d’elle et de l’Alonnan pour quelques temps – mais il était encore trop tôt pour lui en toucher deux mots.
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Sujet: Re: L'art de savoir prendre le large /Tancrède