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 Un deuil ne se fait pas en un jour | libre

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Un deuil ne se fait pas en un jour | libre   Un deuil ne se fait pas en un jour | libre I_icon_minitimeVen 7 Juil 2017 - 16:12

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Hiver - 6e jour de la 8e ennéade de Verimios
9e année du XIe Cycle


Le froid lui mordait le visage... Ou plutôt, il le mâchonnait tranquillement depuis plusieurs heures, attendant que la plus infime goutte d'eau de son corps se transforme en glace. Même l'épais jaque qu'il portait sous sa chemise de maille ne suffisait pas à lui tenir chaud. Le tabars et la cape réglementaires aidaient un peu mais il avait du se résoudre à oublier le port stricte de l'uniforme pour protéger ses extrémités du froid. Un cache nez, d'épais gants de cuir et de laine. Il ne fallait même pas penser pouvoir pisser contre un rempart pendant son quart au risque de rester coincé en une forme grotesque de fontaine gelée.

Et pourtant cela faisait presque une heure qu'il tenait sa ronde sur les chemins du palais, remplissant son devoir avec le sérieux qui le caractérisait depuis toujours aux yeux de ses supérieur... Et cela même si depuis quelques mois, tout était devenu un peu plus difficile.

Il chassa ses pensées sombres pour se concentrer de nouveau sur la surveillance des jardins poudrés dans l'accalmie que connaissait le ciel ces derniers jours : au moins le vent était tombé... tout comme les toits de plusieurs bâtiments, croulant définitivement sous la neige. Main sur le pommeau, son oreille fini par le démanger. Quelqu'un le suivait depuis quelques instants. Il resserra sa prise sur son arme, fit deux pas un peu plus long et décida de faire volte face.

Le visage surpris et l’œil brillant d'une jeune femme aux joues creuses, au visage taillé sèchement et aux magnifiques cheveux bruns relevés en un chignon distingué se retrouva à quelques pas de lui. hébété, il ne pensa même pas à rengainer sa lame à demi sortie. Il ne put que s'empourprer et s'embourber dans des syllabes indistinctes avant de se plier un peu en avant pour saluer l'apparition.

«  Rose .
- Bonjour Anthoine. »

L'expression décidée de la jeune femme revint bien vite, à la fois radieuse et autoritaire. Le lieutenant déglutit, cherchant quoi répondre avant de se rendre compte de l'état de son épée et de la remettre au fourreau. Il allait enfin trouvé la phrase d'accroche qu'il cherchait si désespérément lorsqu'il se rendit compte de la présence d'une certaine dame au bras de celle qui avait soudain accaparé tous ses yeux.

« Votre Grandeur... ?!

- Je vous en prie, Lieutenant... Anthoine. Inutile de sacrifier à te tels cérémonies lorsque nous sommes en privé. Je suis désolée de m'imposer ainsi.. »

La voix de la Comtesse était hésitante... Celle de l'homme d'arme le serait tout autant. Il ne s'attendait pas à la voir... Dire qu'il ne s'attendait plus à la voir aurait été bien mieux. Après près de deux mois pourtant, elle était là... Anthoine passa une main sur sa nuque, frissonnant au contact froid sur sa peau jusque là protégée par ses ajouts de lainage disparates.

« Non. Vous ne vous imposez pas. Je... J'aimerai pouvoir vous proposer un siège mais...
- Inutile. Je suis bien assez souvent assise quelque part. Je voulais vous parler... directement.
- Ah... »

Rose sourit au militaire par dessus l'épaule de son amie et laissa sa main glisser hors d'atteinte avant de dire exactement ce que le jeune homme redoutait.

«  Je vais vous laisser, des notes m'attendent. Anthoine, je peux te la confier ?

- Oui... Bien sûr... C'est un honneur... » ajouta-t-il à l'intention de Cécilie même si le cœur n'y était pas.

Les pas de la suivante crissant sur la neige disparurent.

Le silence s'étira.

Il s'étira jusqu'à ce qu'Anthoine ne puisse plus soutenir le malaise de cette rencontre. Elle était venu le voir non ? Alors elle devait bien avoir quelque chose à dire. Pourquoi restait-elle muette ? Il l'observait minutieusement. Elle et ses joues d'ivoires à peine rosie par le froid. Ses cheveux auburn cachés sous une capuche fourrée. Sa tenue immobile et altière. Les souvenirs qu'il avait d'elle. Le mystère de son expression indéchiffrable. La promesse qu'il avait faite la concernant.

Si bien qu'il fini par exploser.

« Vous vouliez me dire quelque chose ?
- Je suis désolée... »

Elle se tut un instant. Il allait reprendre, croyant qu'elle s'excusait pour la difficulté qu'elle avait à trouver ses mots, mais elle le prit de court.

«  Je suis désolée de ne pas être venu vous voir avant, Anthoine... J'ai essayé... Mais... »

Une main plus massive qu'elle ne l'aurait pensé saisit la sienne. Ce n'était certainement pas dans les habitudes du jeune homme qui faillit la lâcher en se rendant compte de son geste... Et se retrouva stupidement avec les doigts de la jeune femme sans savoir quoi en faire. Mais il fit de son mieux pour garder sa composition. La gorge nouée, il parvint à trouver comment mettre en mot ce qu'il voulait faire comprendre à la Comtesse.

« Je sais. »

Il la sentit frissonner.

« On m'a dit que vous étiez à ses côtés... comme toujours... »


Il opina doucement avant de se rappeler la stupidité d'un tel geste.

« Non... Enfin... J'étais avec lui au début. Mais j'ai aidé votre père à s'enfuir, pendant qu'il tenait le couloir. » Et il ne se le pardonnait pas...

Deux mois s'étaient écoulés... Et il n'arrivait pas à dire un mot de plus. Qu'il se trouvait bête ! Il en avait voulu à la Dame de ne pas avoir prêté plus d'attention à tout cela, mais maintenant qu'elle le faisait, il était incapable d'aller plus loin. Etait-il un homme ou un lave-pont ?!

A la place, il serra un peu plus fermement les mains délicate de la jeune Comtesse. Ils restèrent un moment là, écartés d'une encablure qui donnait un côté étrange à leur position. Aurait-il du la prendre dans ses bras ? Non. Ça ne se faisait pas. Et puis cela n'aurait certainement rien changer. Mais alors il aurait du lâcher ses mains ou la prendre à son bras ? La raccompagner ou reprendre sa ronde ? Raaaah... Tant de questions inutiles alors qu'entre eux se dressait ni plus ni moins que la silhouette fantomatique d'un géant qu'ils avaient fort bien connus.

Il déglutit. Refusant de se laisser aller à imaginer ce qu'elle pouvait vivre.

Et soudain sa langue se délia d'elle-même.

« Puis-je vous poser une question indiscrète, ma dame ?
- Allez-y.
- Vous tenez bon ? »

Il sentit un léger sursaut dans les mains qu'il tenait. Bientôt, elles se dégagèrent pour se poser sur la longue canne de marche que la dame gardait toujours avec elle dorénavant. Avec un maintient impeccable et un sourire qui n'avait pas subit le moindre accroc, il la regarda s'éloigner d'un pas et lui offrir un salut distinguer avant de se retourner, cherchant du bout de son bâton le bord de l'allée de gravier pris dans le gel.

« Prenez soin de vous, Anthoine. »

La neige et le givre crissèrent sous ses pas. Deux empreintes nettes étaient visible dans la couche meuble. Quand soudain...

« Ma dame ! Attendez ! »

Elle s'immobilisa.

« J'ai refusé de rentré avec votre frère après votre mariage mais pour l'instant je ne suis ici qu'en tant que messager du Capitaine et je donne un coup de main pour ne pas m'ennuyer. Acceptez que je fasse partie de votre garde personnelle. Je sais qu'il y a sûrement des chevaliers bien plus compétents qui attendent cet honneur mais je vous le demande comme une faveur. Ou même si cela doit être en tant que valet de pied. Je veux rester ici avec vous.

- Il n'en est pas question. »

Rapide. Simple. Sans appel. Il n'avait jamais entendu Cécilie s'exprimer sur un ton si tranchant... Planté comme un navet dans les jardins du Palais de Missède, sa requête balayée d'un revers de la main, il mit un temps infini à reprendre sa route.






Hiver - 2e jour de la 1ere ennéade de Karfias
10e année du XIe Cycle


Il en avait de bonnes le capitaine... Les nouveaux s'occupent de l'inventaire sur leur temps libre. Il leur en foutrait du temps libre... Enfin d'un autre côté, il ne pouvait nier qu'il avait donner le même genre de consigne à Beaurivages... Mais merde ! Il était déjà passé par là ! Goûter deux fois la même merde ça avait un côté amère.

La tête rentré dans les épaules pour atténuer l'effet du vent glacial, il tournait au coin d'un rempart lorsqu'il tomba nez à nez avec une jeune femme bien connue. Debout, une main sur la partie basse d'un créneau, l'autre accrochée au bâton ouvragé qui lui servait à marcher seule dans l'enceinte du palais, elle restait là, face au paysage grisâtre qui se déroulait en contre-bas. Sa capuche était tombée, donnait à sa chevelure coiffée avec précision un air de de tâche de couleur sur le fond blanc de l'hiver. Anthoine fronça les sourcils et sa bouche se tordit de concert. Que faisait-elle là, et seule en plus... Elle était ingérable.

« Vous ne devriez pas rester seule dehors et par un temps pareil...

- Tout va bien alors. Il semblerait que je ne le soit pas. »

Déception : elle n'avait même pas sursauté. Avec un soupire contenu, il vint se poster à son côté, s'appuyant des coudes contre le granite froid.

«  Dans ce cas, il est de mon devoir de faire en sorte que cela continue.
- J'ai l'impression de l'entendre lorsque vous parlez ainsi...

Sans qu'elle n'ai esquissé le plus petit mouvement vers lui ou ne serait-ce qu'ouvert les yeux, il distingua pourtant un sourire un peu plus franc sur son profil, ce détail le faisant sourire lui-même. Il reporta son attention sur ce qui leur faisait face. Dans le sens du vent, il fallait déjà réussir à garder les paupières levées, mais même une fois l'exploit accomplit, il n'y avait rien de bien attrayant. De ce côté, il n'y avait que quelques toits et encore d'autres toits. Du blanc. Du gris. Du maronnasse. L'image même de la ville engloutie par la neige et le gel se mêlant à la boue.

Comme à chaque fois qu'ils se rencontraient depuis qu'elle était venue à lui un peu avant le nouvel an, le silence s'étirait entre le soldat et la Comtesse. Mais contrairement à la première fois, ils semblaient en avoir pris leur parti, l'un et l'autre. Après tous ils n'avaient jamais été particulièrement proche, même dans le Nord, et ce qui les rapprochait aujourd'hui était un même sentiment de perte. Alors l'absence de son s'y prêtait bien.

« Je ne pouvais plus supporter la légèreté d'Augustine. » soupira la Dame sans s'expliquer davantage. «  Elle est charmante mais elle est encore trop jeune pour savoir quand le silence est le meilleur des soutiens...
- Au moins elle vous semble attachée.
- Oui. » sourit mollement la Dame. « Et elle a un côté solaire qui me fait beaucoup de bien, surtout avec les négociations actuelle entre les Rivegeois et les Chiardis. Parfois je me plais à imaginer qu'Aline serait devenue une jeune femme comme elle. Elle était d'une telle générosité. »

Un léger rire échappa au militaire alors qu'il se redressait pour commencer à se passer une mains sur la nuque avant d'arrêter son geste avec une légère crispation de la mâchoire. Il détestait ce tic. Aussi préféra-t-il reprendre.

« Et comment se porte Rose ?
- Comme un charme. A présent, bien qu'un peu étrange, sa position de courtisane et de noble dames ne soulèvent plus de débats. Les rumeurs ne disparaîtront jamais mais elle sera à l’abri quoi qu'il puisse m'arriver. Peut-être va-t-elle enfin pouvoir passer un peu de temps à courir le guilledou maintenant que ... »

Une quinte de toux interrompit la tirade. Le visage inquiet de la Comtesse se tourna pour la première fois vers le jeune garde qui s'était étranglé avec sa propre salive et qui tentait maintenant de la rassurer, heureux que le froid lui donne une bonne excuse pour avoir les joues cramoisies... avant qu'il se rappelle qu'il était en présence d'une personne devant laquelle il pouvait rougir tout son saoul sans que cela ne prête à conséquence. Deux boutades et quelques instants pour reprendre son souffle allégèrent un peu l'atmosphère. Anthoine toussait encore à demi, la main posée sur l'avant bras de la Dame lorsqu'elle se décida à reprendre leur discussion.

« Comment vous portez-vous ces derniers temps ?
- Bien... Bien » articula-t-il entre les dernières protestations de son diaphragme. « Je m'intègre à la garde du Palais. Je voulais vous remercier pour ça d'ailleurs. Après votre réponse, je ne m'attendais pas à ce que vous me trouviez une place, même dans la simple gente soldatesque.
- Ne me remerciez pas. Vous repartez de zéro ici. Vous n'êtes même plus Lieutenant et votre promotion au grade de capitaine vient de s'éloigner de plusieurs années.
- Je sais. Mais ce n'est pas gênant. C'est proche de ce que je voulais.
- Alors je m'en réjouie... » Elle réajusta son col avant d'ajouter un ton en dessous « Faites moi plaisir, trouvez-vous vite des alliés sur lesquels vous pouvez vous appuyez en toute circonstance ou, encore mieux, trouver un autre métier. Je ne voudrais pas que le maintien de l'ordre vous soit fatal.
- Ne vous en faites pas pour moi, c'est en bonne voie. Je n'ai jamais été très téméraire en plus. Mais et vous... Vous avez réussi à trouver des alliés sur lesquels vous pouvez vous appuyé depuis votre arrivée ?
- A quoi bon ? Ma confiance va à des connaissances de bien plus longue date. »

Il put observé un nouveau sourire sincère et son propre moral remonta un peu. C'était pour ça qu'il était là après tout, et savoir qu'elle en avait parfaitement conscience malgré la distance qu'elle affichait avait quelque chose de rassurant. Ils restèrent encore là à respirer l'air froid jusqu'à ce que la température ne s'incruste sous leurs vêtements.

« Je devrais vous raccompagner...
- Vous avez raison. J'ai encore des solutions miraculeuses à trouver. » glissa-t-elle avec un sourire à la fois mordant et désabusé qu'il lui avait rarement vu. « Pouvez-vous m'accompagner jusqu'à mon bureau ? »

Elle avait changé sur tant de points... Et pourtant certaines choses ne bougeaient pas. Anthoine se retint de rire en se souvenant de l'application avec laquelle la jeune dame se mettait au service de Lourmel dans une autre vie. Il répondit plutôt :

« Ce sera un honneur. »

Avec une révérence un peu trop emportée, il pris la Comtesse à son bras, marchant à grands pas vers les chaudes entrailles du Palais aux fenêtres calfeutrées.

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