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 Vieux frères [pv]

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Walther Hohenburg
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Walther Hohenburg


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MessageSujet: Vieux frères [pv]   Vieux frères [pv] I_icon_minitimeMar 11 Juil 2017 - 15:02



-TIREZ ! hurla Walther.

Le blizzard commençait à recouvrir leur position. La situation serait bientôt désespérée. Pourtant, Walther continuait de tirer de toutes ses forces sur la corde avec les autres hommes du patelin. Petit Meinhard et Onfroi participaient aussi à la manœuvre. Tout le monde avait été réquisitionné pour sauver la chèvre enlisée dans la boue. Alors, voyant la brume s'installer petit à petit, Walther accéléra la cadence. Sans succès, la chèvre resta empêtrée.

-C'est trop tard pour elle, lança Onfroi, tétanisé par le froid. Il faut rentrer mon oncle !

-Non !

Walther s'enfila une nouvelle corde autour de lui et s'en alla dans la petite marre boueuse recouverte d'une fine pellicule de neige. Sans réfléchir sur le moyen de retour, il y alla en se précipitant. Bientôt, la boue et l'eau s'immisceraient à l'intérieur de ses vêtement et le paralyseraient. Il fallait faire vite. Ce n'est qu'en arrivant au près de l'animal en détresse qu'il put tenter de l'extirper de là. Usant de ses dernières forces, la chèvre bougea de quelques centimètres jusqu'à ce que son corps finisse par se déplacer.

-Tirez !

Les hommes obéirent et poussèrent des cris d'effort. Mais le blizzard était dorénavant sur eux et Walther perdit tout le monde de vue. A l'ouïe, il comprit que la chèvre s'en était finalement tirée.

-Messire Walther ! Cria le petit Meinhard. Où êtes vous messire  ?

-Ici ! répondit-il en sachant éperdument qu'on ne le verrait pas. Tirez moi de là !

Il sentit une pression autour de sa taille et entendit les hommes restés sur la berge reprendre leur concert d'effort. Le sentiment d'être prit à son tour dans un piège le submergea, mais il se cramponna de toutes ses forces à la corde, priant la sainte mère pour qu'elle ne cède point. Son corps bougea, de peu au début, puis bien plus vite lorsque les gars trouvèrent le bon rythme. Plusieurs mains vinrent ainsi le cueillir lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques centimètres de la berge et finit par se faire lever en l'air comme une poupée en chiffon.

Allongé sur le sol glacial et enneigé, il peina à reprendre son souffle. Toujours gêné par ses dernières blessures reçues lors du faide, il crut ne jamais pouvoir se relever. Le petit Meinhard et son neveu ne lui laissèrent pourtant guère d'autres choix et le remirent sur ses pattes.

-On rentre maintenant.

Ses habits étaient tout crottés. Ses membres, gelés et tétanisés. Le paysan qui était venu le chercher pour lui demander de l'aide lui donna une malheureuse couverture qui sentait l'urine. Sans broncher, Walther l'enfila et savoura tant bien que mal la chaleur octroyée.

-Merci m'sire Walther, vous êtes un brave !

-Ne laissez plus vos bêtes seules à l'avenir, Albert, sinon quoi je les ferais rôtir moi-même pour nourrir le village.

-Promis, m'sire !

-Mon oncle ! L'alerta le jeune Onfroi. Regardez là-bas !

Malgré le brouillard qui rendait la visibilité quasi impossible, il vit plusieurs ombres au loin. Grandes et menaçantes, il se demanda s'il pouvait s'agir de gens du village. Les seuls étaient pourtant déjà avec lui en ce moment-même en comprenant le vieux Will, Albert, Fergus le forgeron et ses fils Aldrik et Vlad. Les autres étaient soit trop vieux et malades pour se déplacer par ce temps, soit morts en sgardie avec son père et son frère.

-Onfroi et Meinhard, retournez à Ernal tout de suite !

-Non...

-C'est un ordre !

Les deux jeune hommes rechignèrent un bref instant à lui obéir mais finirent par s'y résoudre en voyant son insistance. Il les vit disparaître à leur tour dans la brume tandis que les ombres étaient encore figées. Elles les regardaient comme si elles avaient été prêtes à bondir à n'importe quel instant. Celui lui rappela les puysards qu'il avait combattu à Amblère. Des créatures sournoises et foutrement bien entraînées à tuer de la pire façon qui soit. Walther se risqua dès lors à faire quelques pas en avant après avoir saisi l'un des bâtons utilisés pour le sauvetage. Piètre arme, se dit-il. Surtout si ceux d'en face étaient armés jusqu'aux dents.

-Qui va là ? Répondez ! gueula-t-il en voulant être menaçant.

Il entendit quelqu'un gémir, mais le souffle du vent l'empêcha d'y comprendre quoique ce soit. De nouveau, il avança.

-Qui va là ?!!

Il n'était plus qu'à quelques pas des trois ombres et crut distinguer des épées à leurs ceinturons. L'une d'entre elle s'avança alors vers lui et il sentit son cœur défaillir.

-Ne bougez plus ! Qui êtes-vous ? cria-t-il de nouveau en brandissant son bâton devant lui.

-C'est bien vous capitaine Hohenburg ?

Cette voix, il la connaissait. Elle était celle d'une vieille connaissance. Il l'avait entendu à des milliers de reprises.

-Wilfrid !

-C'est bien moi capitaine, n'ayez crainte !

Son ancien frère d'arme s'arrêta en face de lui et Walther resta figé comme si un mort venait de réapparaître. Wilfrid avait visiblement vieilli depuis leur séparation sous les murs de Serramire. L'ancien prisonnier Lourmellois portait la cotte d'arme de l'ordre du calice sous sa longue cape pour se protéger du froid. L'on eut dit un vrai homme d'arme de la damedieu. Cela le ramena une année en arrière. Il se souvint brusquement de ce compagnon qui avait failli donner sa vie pour protéger la sienne lorsqu'ils s'étaient retrouvés à lutter contre une monstruosité dans le temple néeraïte d'Amblère.

-C'est bon de te revoir, mon ami, fit Walther en lui prenant le bras.

-C'est bon de vous retrouver, capitaine, rajouta le lourmellois en faisant signe aux deux grands gaillards restés derrière pour qu'il s'approche. Voici deux recrues que vous ne connaissez point encore, messire Walther. Ulrich et Jonas.

Celui qui se nommait Ulrich avait l'air bien plus vieux. Un vétéran des dernières guerres se dit-il. Sa barbe virait au gris et était recouverte d'une fine pellicule de neige. Le frère de l'ordre s'inclina longuement pour le saluer. Tout comme le susnommé Jonas, qui alla même jusqu'à mettre le genou à terre. Gêné de les voir exprimer autant de respects à son égard, Walther releva le jeune homme présentant un certain embonpoint et les invita à se rapprocher.

-Ne restons pas là, mes amis, la nuit va tomber. Nous serons bien mieux chez moi.

Les hommes acquiescèrent sans tergiverser. Alors une fois qu'il eut présenté ses anciens camarades à ceux d'Ernal, la petite troupe s'activa pour retourner se réchauffer devant un bon feu. En arrivant dans la cour du petit château fortifié, il vit surgir son neveu et son écuyer, armés grossièrement jusqu'aux dents. L'un avec son harnois et son épée, l'autre avec sa cotte de maille et une vulgaire hachette. L'on eut dit que les deux gamins étaient prêts à faire la guerre vue les cris et les braillements qu'ils firent. Ce n'est qu'en l'apercevant au devant des frères de l'ordre qu'ils cessèrent toute vindicte et redevinrent des enfants.

-Nous pensions qu'il vous était arrivé du mal, mon oncle, raconta Onfroi en scrutant les frères de la tête aux pieds. Qui sont ces hommes ?

-De vieux frères.
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MessageSujet: Re: Vieux frères [pv]   Vieux frères [pv] I_icon_minitimeMar 11 Juil 2017 - 15:41




Une table avait été dressée à la hâte pour accueillir les nouveaux venus. L'on avait redoublé le tirage de la cheminée pour que les flammes s'élèvent au plus haut et réchauffe au mieux la grande pièce. Edwina et Hilda, sa soeur, avaient mit la main à la patte pour préparer un repas consistant à base de ragoût. Walther, lui, était resté devant la cheminée afin de recouvrir ses forces. Wilfrid à ses côtés, il en profita pour lui poser les questions qui le taraudaient depuis leur rencontre impromptue.

-Que venez vous faire par ici ? S'enquit-il. Ou sont les autres ?

-L'on a eu vent de vos prouesses, messire Walther. Et l'on a crut aussi à votre disparition. Frère Ecbert a souhaité retourner dans votre contrée pour en avoir le cœur net et proposer aux vôtres notre aide. Alors j'ai pris avec moi Jonas et Ulrich et nous sommes retourner dans votre fief d'Ernal dont vous nous aviez tant parlé. Les autres, quant à eux, sont restés à Wenden le temps que je leur apporte la preuve de votre mort ou de votre vie.

-Tous seront heureux d'apprendre que vous n'avez point rejoint les rangs de Tyra, messire, rajouta Jonas qui se délesta de son ceinturon et de ses armes au même moment.

-Combien êtes-vous à stationner dans Wenden ?

-Une trentaine messire Walther, l'informa Wilfrid. Peut-être plus à l'heure qu'il est. L'Ordre recrute tous les volontaires désireux de rejoindre les rangs de Néera afin de servir une noble et juste cause.

-De quelle cause parles-tu ?

Wilfrid parut surprit en entendant sa question.

-Il se dit, messire, qu'une grande guerre va avoir lieu dans le centre du royaume. Le nord en entier se prépare à partir en guerre. Son air était grave et ne pouvait être dénué de sincérité. Les deux autres eurent également la même sinistre mine. L'Ordre a besoin de son capitaine, messire.

Ce dernier point le mit mal à l'aise. D'autant plus que sa soeur avait tout entendu et ne tarderait point à faire part de son désaccord. Pourtant, elle ne fit rien d'autre que s'asseoir à la tablée pour commencer à servir les auges.

-Le frère Ecbert est votre capitaine dorénavant, je ne saurai reprendre la place qui lui appartient en arrivant le dernier.

-Non, non messire, c'est lui-même qui en a eu l'idée. Toutes les nouvelles recrues connaissent vos faits de guerre et ceux de messire Meinhard. Il ne peut y en avoir un autre que vous à notre tête.

Il ne put répondre. Rien de ce qu'il avait en tête n'aurait été suffisant pour freiner la volonté de son ancien frère. Lui qui avait abandonné la damedieu pour retourner chez les siens. Il avait retrouvé une certaine forme de sérénité. Il y avait pourtant eu les faides contre le sire de Lauzac durant lesquelles il avait manqué de perdre la vie. Autant dire qu'il n'y avait point d'endroits sûrs pour pouvoir vivre de beaux jours. Qui plus est si l'avenir allait être ponctué d'une nouvelle grande guerre.

-Puis-je partir avec vous mon oncle ? S'enquit Onfroi. Je pourrais être aussi utile que Meinhard !

-Termine ton assiette ! objecta Hilda brusquement avant de regarder de nouveau dans leur direction. N'avez-vous point eu assez de morts sur la conscience pour souhaiter reprendre celle de mon frère ? Sa place n'est nulle part ailleurs qu'auprès des siens et de son seigneur.

Un silence pesant avait gagné la salle. Hilda avait pourtant raison. Sa place était à Ernal et non sur les chemins du royaume à sauver la veuve et l'orphelin. Que dirait d'ailleurs le vieil Arnoul s'il apprenait que son vassal s'en était allé rejoindre quelques illuminés de la dame. Lui qui avait d'ailleurs proposé de lui donner sa petite en épousailles. C'eut été aller à l'encontre de sa volonté.

-Ma soeur dit vrai, Wilfrid, je ne puis redevenir celui que j'ai été autrefois. Cela appartient au passé et ne peut être autrement, j'en suis navré, avoua-t-il en voyant peu à peu la déception gagner les regards de ses invités. Je puis néanmoins me rendre à Wenden pour y rencontrer nos frères et les saluer avant le départ en campagne.

-Je pourrais venir ? reprit le jeune Onfroi entre deux cuillères de ragoût.

-Ernal aura besoin de son seigneur. Meinhard restera avec toi.

-Mais ! protesta son écuyer.

-Pas de « mais », je ne serai pas parti longtemps.
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