Des nouvelles du pays [Walther]

À Walther Hohenburg, chevalier d'Ernal, Premier conseiller du Comté d'Arétria,

Cher ami,

Je vous envoie par la présente quelques nouvelles de notre campagne de guerre. Pour le moment les ost du nord avancent bien et font une bonne percée dans le Médian. Si on m'avait regardé d'un mauvais oeil, j'ai le sentiment que les choses s'apaisent quelque peu et que si l'on n'accepte toujours pas ma présence, au moins, je ne suis plus regardée avec méfiance. Les mentalités seront difficiles à changer mais je me contenterai de la froide tolérance.

Nous venons de nos heurter à nos premières troupes combattantes du Médian. On s'attendait bien évidemment à rencontrer tôt ou tard de la résistances mais il était fort étonnant de se rendre compte que notre nombre faisait la surprise. Désormais c'est un luxe que nous n'aurons plus.

Durant cette bataille nous avons perdu près de 100 âmes. Je sais que c'est inutile mais je compte sur vous pour faire procéder à des prières au nom de Néera pour qu'ils soient recueillis dans ses bras. N'hésitez pas à inviter nos gens à se joindre à vous. La victoire a toujours un prix malheureusement et j'espère perdre le moins d'homme possible afin de voir leur joie se dessiner lorsqu'ils retrouveront les leurs à la maison.

Du point de vue plus terre à terre, je vous remercie de nous avoir envoyé les ressources suffisantes à notre maintien dans la campagne. Les nains de Külm nous ont fournis en armes qui sont d'une grande efficacité. Il me faudra les remercier à mon retour. De mon côté, je me suis engagée dans une alliance commerciale avec Erac.

De votre côté, j'espère que vous ne souffrez pas de grandes difficultés en ce début de printemps et que le vieux Stern ne vous donne pas trop de fil à retordre. Je n'ai pas de doute que vous ayez pu surmonter les difficultés qui se sont offertes à vous et j'espère que le mariage à venir nous apportera suffisamment de bienfaits pour que le Comté ne souffre pas trop de l'effort de guerre. J'ai toute confiance en vous, c'est pourquoi je vous ai confié ce que j'ai de plus cher.

Oui, je n'avais pas eu jusque là le loisir de vous mettre dans la confidence. Les choses se sont passées tellement vite. J'ai repensé à notre dernière conversation avant votre départ et vos paroles m'ont amenées à beaucoup réfléchir durant votre absence. Vous avez raison, je ne dois pas laisser mes idéaux aller à l'encontre du bien être des personnes qui se trouvent sous ma responsabilités. De ces terres dont j'ai la régence et que j'ai le devoir de rendre un jour dans les mains de mon cher neveu. Arétria a toujours eu un grand capitaine à sa tête mais qui n'est jamais resté suffisamment longtemps pour pouvoir doter cette terre de la stabilité politique dont elle a besoin pour s'assainir et s'enrichir. Il est temps de faire la paix et c'est pourquoi il m'est apparu plus raisonnable d'accepter la demande d'Arnaud de Stern de faire de moi sa femme.  Il a ma main mais mon coeur reste quant à lui libre de ses choix. J'espère que l'union de nos seigneuries nous permettra de rendre Arétria plus stable qu'elle ne l'a été jusque là.

Par ailleurs, comment se porte mon cher neveu ? Les nourrices s'en occupent-elles bien ? Ne souffre-t-il pas trop de mon absence ? Il est encore très jeune, peut être ne s'est-il même pas rendu compte de mon absence.

Et vous mon ami, comment vous portez-vous ? Comment va votre famille ? Ils devaient sans doute être ravis de vous revoir, apportant d'aussi bonnes nouvelles.

Au plaisir de très prochainement vous lire,

Aliénor de Wenden, Seigneur de Wenden et Régente du Comté d'Aretria et de la seigneurie de Karlsburg.

A Alienor de Wenden, régente du comté d'Arétria, de la seigneurie de karlsburg et châtelaine de Wenden,

Chère Aliénor,

Je suis heureux de pouvoir enfin lire vos mots. Mes inquiétudes et peurs sont maintenant caduques et j'en suis fort aise bien que ce soit avec la plus grande peine qui soit que j'apprends le trépas de nos hommes. Le destin veut qu'il n'y ait nulle guerre sans son lot de sang versé et de sacrifiés. Mais je gage déjà que la fin de la guerre arrivera très vite et que vous pourrez de nouveau fouler les terres de vos aïeux. Aussi pourquoi je resterai à votre disposition pour continuer de vous envoyer les provisions et les nouvelles nécessaires afin que cette entreprise puisse avoir un terme. Rassurez-vous donc en apprenant que la vie suit son cours en Arétria et que le printemps nous fait enfin sortir de notre torpeur. Bien qu'il y ait eu néanmoins quelques faits de brigandages, ceux-ci ont été résolu dans les plus brefs délais par l'entremise de vos hommes loyaux. L'ordre du Calice s'est d'ailleurs prit l'envie de battre la campagne afin de donner soins et nourritures aux plus démunis.

Je suis fort bien surpris d'apprendre pour votre nouveau partenariat avec l'eracien. Arétria étant la terre des chevaux, est-il vraiment judicieux d'en importer d'ailleurs ? Non pas que le partenariat ne nous soit pas profitable, mais nos chevaux de laboure actuels font déjà merveilleusement bien leur travail en aidant nos hommes à ensemencer les champs.  A cela j'ajouterai, ma dame, que tous nos hommes et femmes se sont mis au travail et que nous n'aurons à craindre de mauvaises récoltes si le temps reste de notre côté.

Ne vous souciez guère du vieil Arnoul, je le connais assez bien pour savoir le dresser dans le sens du poil. Si l'homme paraît vouloir mordre, il n'en est qu'un agneau pour qui sait l'apprivoiser. Ce pourquoi je vous congratule pour votre future union avec l'héritier de Stern. Vous avez fait le choix de la raison et le comté tout entier saura reconnaître votre sacrifice. Adonc nous nous marierons tous deux au retour de l'ost, avec un sternois. Puissions-nous trouver chacun notre bonheur dans ces unions d'intérêts.

Soyez rassuré quant à votre neveu, Aliénor. Les nourrices s'en occupent fort bien. L'enfant pleure l'absence de sa mère à n'en point douter, mais je sais désormais comment le calmer et l'emmener dans un profond sommeil. Bien que sa nourrice s'offusque en me voyant procéder, je lui chante les faits et récits de ses glorieux ancêtres. De chevalier, me voilà dorénavant fait ménestrel de la citadelle. Quant aux miens à présent, ils se portent bien et vous remercient déjà pour toute l'aide que vous leur avez apporté.

Puissiez-vous revenir en vos contrées saine et sauve, Aliénor. Par la grâce des cinq, je souhaite qu'ils vous aident dans vos futures entreprises.

Walther Hohenburg, Chevalier d'Ernal et conseiller d'Arétria.

À Walther Hohenburg, chevalier d'Ernal, Premier conseiller du Comté d'Arétria,
Christabel, le 6ème jour de la 6ème ennéade du mois de Barkios, 10ème année du 11ème cycle

Cher ami,

Voici longtemps que je n'ai pas pris le temps d'avoir de vos nouvelles et je tiens tout d'abord à m'en excuser. Ici, même si la situation militaire n'a pas beaucoup évolué, nous faisons actuellement le siège de la forteresse de Christabel. Vous serez heureux d'apprendre que l'ordre du Calice ne manque pas une occasion d'organiser au sein de notre campement des veillées durant lesquelles nous prions la Damedieu. Durant mon absence il fut également célébré la veillée d'Othar. Espérons qu'il nous apportera bonne fortune dans nos entreprises.

J'ai eu l'occasion de faire la rencontre du seigneur de Kelbourg, personnage en effet haut en couleurs. Je m'efforce de créer des liens afin de renforcer nos relations avec nos voisins. J'ai également accompagné le Sénéchal du royaume dans son voyage au sud du royaume afin de réunir l'armée royale. Nous avons eu l'occasion de beaucoup parler de feu mon frère ainsi que des relations entre Serramire et Arétria. S'il souhaite un rapprochement entre nos peuples, j'ai peine à croire qu'il ne garde pas de rancune envers la Malelande, bien trop souvent instable et surtout envers Roderik qui a fait le choix de soutenir Cléophas. Malgré le fait qu'il ait soutenu Aymeric pour le poste de Sénéchal du royaume, j'ai eu le sentiment qu'il ne lui avait pas pour autant pardonné. J'ai eu aussi l'occasion de rencontrer Aurel de Lantenes, autre important vassal de Sainte-Berthilde avec nous. Il s'agit d'un jeune seigneur charmant et fort aimable, autant de qualités qui pourraient être là également à l'origine d'un rapprochement entre nos terres et qui serait bénéfique à l'ensemble du marquisat. Espérons qu'avec toutes ces nouvelles relations nous arrivions à développer la puissance économique de notre Comté afin que l'effort de guerre ne soit pas un fardeau trop lourd pour nos gens, d'autant plus que le Conseil de guerre a décidé de pousser plus loin la campagne. Nous n'allons pas rentrer demain au pays, j'ai le malheur ou le bonheur de vous l'apprendre. J'ai eu également des nouvelles de mon amie Cécilie de Missède qui par la grâce de la Damedieu a réussi à éviter la guerre sur ses terres.

Toutefois la nouvelle la plus importante de ces derniers mois a été sans conteste celle que l'on m'a rapportée hier et qui m'a le plus bouleversée, qui me bouleverse encore pour tout vous dire. Roderik mon bien aimé frère serait en vie. Il a eu beau avoir lui-même envoyé un messager au Sénéchal du royaume qui m'a fait mandé pour m'apprendre la nouvelle, je n'ose croire à un tel bonheur. En même temps, il m'est inconcevable de me dire qu'il ne viendrait pas immédiatement de lui-même à moi afin de me montrer qu'il est toujours en vie. Est-il possible qu'il se montre plus attaché à la chancellerie qu'au bonheur de sa propre soeur ? Je me sens confuse avec cette affaire.

Comment se porte d’ailleurs son fils, mon cher neveu ? Il a dû bien grandir depuis que je l'ai quitté ? Vous fait-il donc toujours des crises de pleurs ou a-t-il enfin réussi à s'adapter à son environnement ?

Et pour Arétria, j'ai eu vent des soucis de brigandages trop nombreux sur Sainte-Berthilde, qu'en est-il de nous ? La milice vous est-elle suffisante pour mater les hors la loi ? Comment se portent nos récoltes ? Le temps vous a-t-il été favorable en ce printemps ?

De vôtre côté, votre charge ne vous semble-t-elle pas trop lourde ? Vous m'êtes d'un tel secours Walther, j'ai honte à l'idée de vous avoir laissé ainsi tenir ce rôle, pas que je regrette d'être partie accompagner nos hommes à la guerre, au contraire, il semblerait que je sois parvenue à me faire accepter d'eux finalement. Toutefois, je ne veux pas être un poids de plus sur vos épaules en plus de votre famille. A ce propos, comment se portent-ils ? Arnoul de Stern a-t-il tenu parole ? Ont-ils reçu l'aide d'Arétria que je leur avais promis?

Au plaisir de vous lire,

Aliénor de Wenden, Seigneur de Wenden et Régente du Comté d'Aretria et de la seigneurie de Karlsburg.