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 Épopées hivernales : Hautval

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MessageSujet: Épopées hivernales : Hautval   Épopées hivernales : Hautval I_icon_minitimeLun 4 Sep 2017 - 16:58



9e ennéade de Karfias an 10, Cycle XI


« Grimsel… fit Adolias dans un souffle. La passe de Grimsel, on y est. » Derrière lui, Humfroid et Provin arrivèrent à sa hauteur, haletant, transis de froid qu’ils étaient malgré la ardeur avec laquelle ils s’étaient adonnés à une marche forcée de plusieurs jours. Les trois archers hautvalois avaient bien cru ne jamais revoir le Val et pourtant, le voilà, hérissé d’un manteau blanc. Depuis qu’ils avaient quitté Diantra en catimini, alors que les généraux débattaient encore de ce qu’il adviendrait des troupes en poste dans la capitale déchue, ils étaient allés de malencontres en mésaventures. À la vue de la gorge qui fendait le Massif de Grimsel et celui des Dents-de-Veltres, les trois hommes faillirent à genoux, la morve au nez et les larmes aux yeux. Mais ce retour n’aurait su leur procurer aucune joie, tout juste l’ivresse du soulagement, celle de celui qui, face à la mort, se réjouit de se trouver chez soi plutôt qu’ailleurs. Ces bons amis avaient gardé le silence pendant une bonne partie du trajet, par discrétion d’abord car leur accent hautvalois aurait mis grandement en danger ces allongeurs de syllabes, par effort de réserve aussi comme il devint rapidement essentiel que leurs forces s’attardassent dans leurs jambes en lieu de leur langue, mais surtout par honte, la honte du déserteur. Et puis, il y avait eu la mort de Jalbert en rase campagne du pays de Plestin alors que le quatuor s’apprêtait à passer la frontière en Esteria. Le maître-archer s’était sacrifié pour permettre la fuite à ses compagnons au moment où des troupes, marquées du blason d’or à la salamandre de gueules, étaient remontés au nord de manière inopinée et les avaient pris par surprise. À couvert, ils se défirent de toute marque qui pourrait trahir leur allégeance, allant jusqu’à dépouiller le chouette de Hautval et le loup de Carruw de leur uniforme. Mais le plus dur fut indéniablement l’abandon forcé de leurs arcs longs si reconnaissables au grenat foncé du bois des arbres de Valombre et à leur confection hautvaloise de renom. Ce fut donc trimardeurs qu’ils mirent les pieds en Esteria, mais en vie.



La passe était déserte. Une image pétrifiante pour ces hommes du pays qui l’avaient connue si fréquentée en d’autres temps. Les grandes portes et le bastion fortifié qui barraient la Route Intérieure faisaient office de sinistre frondaison de pierre aux environs. Le froid et la neige ne pouvaient être les seules raisons de cette stupeur ambiante, après tout, le Val en avait connu d’autres. Ainsi, à l’approche du passage, les trois archers furent rencontrés par une dizaine de gardes hautvalois. Leur attitude fut des plus hostiles. On les prit d’abord pour des espions. Mais avec leurs accents et l’état de leurs habits, les mots de traitres et de déserteurs commencèrent à circuler, sonnant le glas de leurs espoirs de revoir Carruw, la ville qui, tous les trois, les avait vu naître. Sommairement, les archers furent déshabillés et une corde leur fut attachée autour du cou avant d’être fixée à la selle de trois cavaliers. Le capitaine de la garde avait décidé que les fuyards seraient ramenés à leur famille respective. Il leur conseilla de prier Tyra pour que leur cou n’offre aucune résistance à la corde, ou pour que leur tête heurte le sol suffisamment fort au départ des cavaliers au grand galop afin qu’ils ne souffrent point d’une mort atroce des suites de l’écorchement lent de leur chair. L’ordre fut sur le point d’être donné lorsqu’une voix grave retentit dans tous les massifs alentours.



Un vieil homme embobeliné de pelisses de fourrure fit irruption. Il montait un âne suranné qui loupait des postérieurs. En provenance d’Ancenis, visiblement, l’homme mit rapidement pied à terre et se dirigea vers le capitaine à pas mesurés. Adolias remarqua la légère inclination de la tête que le hautvalois eut en reconnaissant son interlocuteur. Les deux hommes échangèrent quelques paroles à voix basse et, finalement, penaud, tel un jeune garçon qui venait de se faire vertement tancer, le capitaine de la garde ordonna la libération des trois archers et leur garantit passage dans le Val. « Nous ne savons comment te remercier, vieil homme, dit Adolias une fois qu’ils furent de l’autre côté des portes de Grimsel. Donne-nous ton nom afin que notre descendance te soit à jamais redevable, à toi et aux tiens.
- Il est fort présomptueux de votre part de contempler l’idée même d’une descendance par des temps pareils, mon ami, répondit le vieil homme. Le Nord gronde et le Val dort. Ceux qui ont survécu à l’hiver risquent bien, au printemps, de trouver la mort.
- Alors pourquoi nous avoir sauvé la vie si c’est pour nous annoncer un trépassement imminent ?
- La mort est inévitable, répondit le vieillard en menant sa monture vers un chemin de montagne. La guerre ne l’est pas. Balardin, serviteur de Néera. » Sur ces paroles, le prêtre disparut au détour d’un sentier en lacets.

 

Texte?

Balardin arriva finalement au temple de Grimsel. La petite bâtisse était située en contre-haut du hameau du même nom et avait été choisie pour les rencontres discrètes de quelques prêtres locaux. L’endroit avait l’avantage d’être peu visité et relativement isolé du fait de l’unique chemin escarpé qui en permettait l’accès. À son arrivée, le vieil homme remarqua qu’une douzaine de curaillons étaient déjà présents. Les différentes couleurs de robe indiquaient que plusieurs cultes étaient représentés et la pauvreté des tissus, qu’on avait bien affaire au plus bas de l’échelle ecclésiastique de la région. Balardin fut salué par plusieurs de ses confrères et alla s’asseoir auprès de Gontard, prêtre d’une bourgade du fief de Cassel et instigateur de ces assemblées obreptices. L’heure qui suivit vit la venue de plusieurs autres religieux et cette convergence continua bien après que la réunion eut débuté ; certains d’entre eux ayant fait longue route pour y assister.

 

Les visages avaient l’air grave, beaucoup se murèrent dans un silence prolongé, on était fatigué, on se sentait las jusque dans la moelle des os, on avait faim. Les routes commerciales de la région s’étaient effrangées au point où la vue d’une caravane de marchands suscitait la frénésie des habitants des abords de la Route Intérieure. Malgré l’importance des réserves du Val, un marasme économique avait entravé la région. On ne savait pas où étaient passées les dernières récoltes. Isolé du reste de la péninsule, le Hautvalois était devenu ladre, par instinct de survie. Les seigneurs avaient escamoté les greniers pour les stocker dans des caches en prévision de l’invasion ennemie. Dans bien des villages, les populations étaient livrées à elles-mêmes au cœur de l’hiver. Le tissu social s’effilochait ; on suspectait son voisin de dissimuler ses provisions, on hésitait de moins en moins à croiser le fer avec les commerçants qui faisaient monter les prix des denrées les plus élémentaires. Les clivages ancestraux entre les Hautvalois des montagnes et ceux des valons avaient réveillé des querelles immémoriales. Des bruits couraient déjà que des clans du nord se livraient à des razzias en aval du Massif de Grimsel. Dans ce contexte, la vacuité du commandement avait donné lieu à la hantise du doute. Les rumeurs les plus invraisemblables se propageaient au sujet de la Baronne et de son époux.

 

Au milieu du désarroi général que l’incertitude du printemps semblait disputer aux affres de l’hiver, la prêtraille était devenue le dernier rempart contre la débâcle du Val. Depuis plusieurs ennéades, la gueusaille s’était tournée vers les temples où elle avait plus de chance de trouver chaleur et subsistance. Le moral de la populace ne tenait qu’à un fil et ce fil s’était ourdi de dévotion divine. L’assemblée du temple de Grimsel palabra longuement de l’état du Val et de ses environs. Balardin rapporta des nouvelles d’Ancenis où des troubles apparaissaient également. Mais le sujet qui retint le plus l’attention des prêtres fut la missive du Culte envoyée de Diantra à toutes les cathèdres du Royaume. Balardin eut l’occasion de la lire lorsqu’Orderic de Fonrac, Grand-Prêtre d’Ancenis, la reçue lui-même. Le pays édelysien, récemment érigé en Grand Prieuré de Néera, offrait l’asile aux fidèles de la DameDieu. Ceux qui voulaient fuir la guerre, ceux qui ne voyaient rien d'autre que la mort venue du nord se déverser dans le Val au printemps, ceux qui voulaient vivre, tous étaient invités à marcher au sud sur les chemins de la rémission. Les prêtres discutèrent longuement de cette éventualité. Certains étaient peu enclin à quitter le Val, quitte à y trouver la mort, quand d’autres s’affirmaient prêts à guider leurs ouailles vers l’exil. Finalement, la seule décision qui fut prise fut celle de se conformer aux enseignements du Choix de la DameDieu. Mais pour que la populace puisse décider de son destin, il fallait d’abord la mettre au courant. Ainsi, dès que l’assemblée fut levée, chacun repartit d’où il était venu et, sur son passage, sema les graines de l’espérance.



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