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 Mise en bouche[Louis PNJ]

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Thibaud de Kelbourg
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MessageSujet: Mise en bouche[Louis PNJ]   Mise en bouche[Louis PNJ] I_icon_minitimeMar 12 Sep 2017 - 20:46



Début Favrius, an 9, XIe cycle




-Qu'en dites vous donc, messire ? S'enquit son sergent d'arme.

-J'en dis qu'il est temps d'aller manger, dit-il le plus simplement du monde.

-Ce ne sera qu'une bien piètre prise, à n'en pas douter.

-Il est fort vrai, Robert. Mais ne nous a t-on point ordonné d'agir plutôt que lambiner ?

Un seul regard de son sergent suffit à acquiescer ses dires. Derrière, la troupe montée, attendait à la lisière d'un bois. Tapis dans son ombre, seuls les hennissements des chevaux indiquaient leur présence. Au loin, devant, se tenait un petit bourg sans une once de défense. Un village somme toute banale comme il en existait des centaines ici et là à l'orée du Val. Sire Antoine de Brigny, petit noblion d'Argonne, passa en revue ses hommes. Armés légèrement pour se mouvoir efficacement, sa coterie relevait plus d'une bande de brigands que d’honorables combattants du berthildois. Bien que leur provenance divergeait et que l'on en trouvait des quatre coins du marquisat, tous s'étaient portés volontaires pour partir en premier sur les terres du Médian. De Brigny abaissa la visière de son heaume avant de venir à l'encontre d'un solide gaillard venant lui de la capitale.

-Menons l'assaut céans, ce village me semble idéal pour se dégourdir les guibolles et tâter de l'acier !

Si-tôt dit, si tôt fait, la compagnie entama sa procession. Lente dans un premier temps, puis bien plus rapide lorsque les chaumières devinrent plus visibles. Les premiers à entrer ne tardèrent pas à croiser la route de pauvres badauds se situant au mauvais endroit, au mauvais moment. Les derniers à pénétrer dans le bourg quant à eux, munis de torches, finirent pas s'en délester en les jetant sur les toitures des maisons. Une odeur de bois brûlé ne tarda pas à envahir les lieux tandis que les cris d'effrois redoublaient à chaque nouvelle ruelle prise.

-Quel était le nom de ce village, Robert ?  

-Alors là, messire... répondit le sergent en s'affairant encore à la tâche.

-Bien bien.... Brûlez tout et retirons-nous.  
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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Re: Mise en bouche[Louis PNJ]   Mise en bouche[Louis PNJ] I_icon_minitimeSam 23 Sep 2017 - 21:39






De la troupe, s’étaient réunis chevaliers, guerriers solitaires, jouteurs et même cavaliers lourds, tous œuvrant sous la même bannière de ceux qui ne se pouvaient plus d’attendre qu’enfin éclate les hostilités. Si de métiers tous ou plusieurs différaient, une chose restait certaine : leur envie d’en découdre dépassait l’entendement! Était-ce lié au fait qu’ils s’étaient motivés entre-deux, le temps de piéter jusqu’à destination, où tout simplement l’adrénaline qui commençait d’ores et déjà à affecter le cœur vaillant des rustres cavaliers. Ainsi, comme va et vient le mauvais temps lors du passage tempétueux des bourrasques, sans crier gare, le souffle d’infortunés innocents vinrent s’étouffer dare-dare au passage impardonnable de la cavalerie. Si certains hurlaient, criaient, gueulaient et même, riaient, cela n’était en rien le cas du chevalier Leudaste. Intrépide, un éternel buveur d’émotions fortes, mais surtout, un vaillant au cœur bon, le costaud talonna son canasson jusque dans la petite bourgade, pour arriver bon dernier. Sa tâche? Ratifier les moindres recoins du coquet village afin de s’assurer que leur message était entendu de tous et que d’aucuns ne viendraient se plaindre d’avoir été épargné! Était-ce tactique du chef des troupes, que d’attribuer telle tâche au plus miséricordieux d’entre-deux?

Tandis que le sol grondait toujours du piétinement des chevaux endiablés, que les maisonnées s’unissaient afin de former l’un des plus grands bûché de l’année, faisant monter haut dans les cieux une colonne noircie et épaisse de fumée étouffante, main au pommeau de son épée, Leudaste inspectait calmement les lieux. Au détour d’une rue jusqu’alors encore épargnée, il fit la rencontre d’une famille déconstruite : deux jeunes filles et leur mère, cherchant à éteindre le feu de ce qui semblait être, a priori, leur petit nid familial. Alors que nombreux seraient tétanisés de voir le visage d’un de leurs assaillants, les trois jouvencelles poursuivaient de manière affolée leur labeur sans freiner leurs ardeurs. Alors, pieds joints, il sauta en bas de la selle de son destrier, s’approchant froidement du trio. Son pas était lourd, mais pas plus que l’était son regard, alors qu’il s’apprêtait à renvoyer à la Damedieu trois de ses filles.

Ce ne fût qu’une fois arrivé près d’elles, qu’un flot de pleurnichement se joint au crépitement des maisons embrasées et des cris d’horreurs de certains. Elles chialaient comme jamais, jusqu’à s’en pisser dessus ; pourtant, avait-il seulement la gueule d’un envahisseur cruel et sadique?
« Foutez-moi le camp! Votre cabane à moineau est perdue, tout est perdu! Partez, MAINTENANT! » Ce qu’elles firent bien évidemment sans autres sommations, en prenant les jambes à leur cou. Il en fut incapable, elles étaient innocentes, sans défenses et complétements détruites, jamais il n’aurait eu le courage d’abréger leurs vies …

La chaleur montait, toujours et encore, alors que le feu devenait totalement hors de contrôle, alors prestement Leudate conquis sa bête afin de la monter et de la talonner pour reprendre ses recherches. Alors, enfin, ce fût son moment. Un cri non pas de guerre, mais de désespoir, l’avertit in-extremis, sortant son glaive à la dernière minute afin de faire se cogner l’acier. Peut-être le père du trio des chialeuses, qui sait! La guerre était maintenant déclarée entre eux deux et de côté se plaçait le cœur d’or du chevalier : car la compassion n’avait pas sa place entre deux hommes armés. Du haut de son percheron, Leudaste rudoyait son adversaire de coup, comme si son allonge bénéficiait des hauteurs. Enfin, une attaque bonifiée de haine déstabilisa le cavalier, faisant glisser le fil de sa lame le long de la sienne pour aboutir sur sa garde et ainsi, le désarmer d’un coup de poignet. Une manœuvre qui lui assurait la victoire, n’eut été de l’intervention revêche du cheval. Imposant et puissant, ce fût d’un risible effort qu’il balaya de sa tête et de son cou large comme un tronc d’arbre, l’impudent homme. Se retrouvant sur son séant, un brin étourdi, sa vie s’acheva non pas de la main d’un chevalier, mais des sabots crottés de boue d’un cheval un brin trop affolé. La mâchoire du pauvre se disloqua, carrément, alors qu’une partie de cet organe se retrouva un peu plus loin, après avoir bouffé la pesanteur des sabots, tandis que son crâne émit moult craquements peu encourageants en ce qui attrayait ses chances de survie. Leudaste avait vaincu, de peine et misère, mais tout de même. Comme quoi, même les plus petites bourgades avaient en leur sein, quelques talents cachés.

En rejoignant les prés, là où s’était rameuté la troupe de cavalier, il croisa sur son chemin le corps de trois malchanceuses, pour l’une décapitée, pour les deux autres tailladées dans le dos. D’un air un brin désolé, il se dit qu’il aurait au final, sans doute mieux fait de les forcer à pousser leurs derniers souffle plus proprement, à l’abri des regards et dans la dignité.

Par tous les dieux, faites que la résistance soit de mise au prochain exercice, car Leudaste n’entendait pas tourmenter plus longuement les sans défenses.


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Thibaud de Kelbourg
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MessageSujet: Re: Mise en bouche[Louis PNJ]   Mise en bouche[Louis PNJ] I_icon_minitimeDim 24 Sep 2017 - 13:52






Combien de villages au juste étaient passés au fil de leurs épées et de leurs torches ? De Brigny n'aurait su dire. Ils se ressemblaient tous. Une seule chose les empêchait d'aller encore plus loin. Le Garnaad, qui long et large comme six maisons, constituait une frontière naturelle insurmontable. Il existait pourtant quelques passages et ponts pour le franchir, mais tous étaient gardés par les couilles-molles du Val, bien à l'abri derrière leurs murailles. Que diantre ces foutus pleutres, ils continueraient de manœuvrer sur les terres de la baronne en prenant soin de toujours mettre un peu plus de cœur à l'ouvrage. Les hommes ne demandaient que ça après tout. D'autres en arrivèrent d'ailleurs durant les jours qui se succédèrent et se ressemblèrent. A croire que l'ost nordien allait bientôt arriver entier et complet, fraîchement garni de toutes les lames que le nord eut connu.

Dans l'un des derniers arrivages de cavaliers berthildois, se fit annoncer le fameux Renaud de Castillon, fidèle bras droit du seigneur de Kelbourg. Un homme peu recommandable et à l'attitude toute aussi brutale et bestiale que son suzerain de surcroît. Alors qu'ils avaient prit possession d'un village vidé de ses habitants qui dominait la vallée, Antoine vit la visite du rustre Castillon. L'homme, à la stature d'un bœuf, avait la barbe rousse. A cause du vin ou du sang, quiconque dans la chaumière n'aurait été jusqu'à le lui demander tellement la nervosité du gars contamina la place. A ses côtés se tenait Robert et le courtois sire Leudaste. Les hommes l'avaient surnommé comme tel à cause de sa manière de parler et de guerroyer.

-Renaud, quel bon vent vous amène ?! Lança De Brigny en feignant de manger une cuisse de poulet.

-Un vent du nord, sire Antoine, un vent d'Argonne.

-Arf.. comment se porte notre seigneur ?

Renaud fit semblant d'ignorer la remarque et prit une place à la tablée déjà pleine.

-Il vaut mieux que ce soit moi qui vous parle plutôt que lui, en cet instant. Je ne donnerais point cher de vos têtes sinon.

-Qu'y a-t-il, Renaud pour que vous fassiez une si vilaine trogne ? Nous avons ratissé tous les hameaux et villages de ce côté-ci, que lui faut-il de plus ? Que l'on prenne Hautval avec trente hommes ? S'enquit De Brigny, un brin vexé par les derniers mots de son voisin.  

-C'est pourquoi je suis là avec trente hommes de plus, des bretteurs, archers et canailles en tout genre.

-Vous n'avez pas été envoyé ici pour simplement razzier et piller, avouez.

-Tout juste, sire Antoine. Nous sommes là pour vous aider à passer le fleuve et à mener les premières saignées au plus près.

De Brigny se redressa dans son fauteuil afin de faciliter le transit intestinal. Un brin perplexe vis-à-vis de cette soudaine nouvelle mission, il chercha à savoir si la tâche ne relevait pas plus du suicide que de la prouesse.

-Qu'en pensez-vous messire Leudaste ? Est-il possible de franchir le fleuve, vous m'aviez dit connaître la région ?



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