Pour en avoir le cœur nette (Franco)

Rester dans l’ignorance, voilà une chose que Tibéria ne supportait pas. En épousant Franco, elle avait accepté de lui faire confiance. Les efforts n’avaient pas été ménagé de son côté, mais pour Franco, c’était une autre histoire. La jeune femme avait conscience de son propre caractère. Elle se savait parfois difficile à vivre, mais elle ne demandait qu’un peu d’attention et surtout de la collaboration de la part de l’autre moitié. Mais voilà, Tibéria avait l’impression qu’un mur s’était dressé entre eux. Ils ne parlaient plus vraiment et Franco était toujours parti de son côté. Elle ne doutait aucunement de son attachement pour Soltariel et qu’il œuvrait pour sa protection, mais que faisait-il exactement? Tibéria voulait avoir le cœur net, quitte à mettre le nez dans ses affaires. C’est ainsi que, d’un pas résolu, elle se planta devant le bureau de son cher époux. Il n’était pas là, elle le savait. Tibéria avait tout juste posé la main sur la poignée que le garde à la porte déclara.

— Le duc est absent.

— Je sais.

Elle entra sans rien ajouter de plus et referma derrière. Le garde ne pouvait pas l’empêcher d’entrer, cela reviendrait à dire que Franco avait donné l’ordre d’empêcher quiconque d’entrer, y compris la duchesse. Hors, bloquer la route à Tibéria aurait sans doute soulevé l’ire de la duchesse et grandement nuit à la carrière du pauvre garde. La porte refermé, l’homme se demandait s’il devait aller avertir le duc ou pas. Si ça avait été n’importe qui autre que Tibéria, il n’aurait pas hésité un seul instant, mais là… Le jeune homme adorait Franco. Calme et bienveillant, il n’hésitait pas à échanger des amabilités avec les gens à son service. Quant à la duchesse… Oh, elle était belle, ravissante même, mais quel tempérament! Douce et gentille, elle pouvait se transformer en lionne sans avertissement. Au début, elle n’était pas si pire pourtant, mais depuis la fin de l’hiver, elle était plus que jamais sur les nerfs. Certains disaient qu’elle avait du mal à dormir la nuit. Peut-être que le stress l’affectait trop. Là, il se demandait bien ce qu’elle pouvait bien vouloir faire dans le bureau de son époux. Le dos appuyé au mur, il commença à prier Néera que le duc face son apparition.

À l’intérieur du bureau, Tibéria observa attentivement autour d’elle. Voilà donc le refuge de Franco. Elle n’y était pas entrée souvent, laissant à son époux cet espace privé. Aujourd’hui, la nécessité l’amenait ici. Elle avait des questions et elle trouverait les réponses. Tibéria se dirigea aussitôt vers le cœur de son investigation : le bureau. Sans se soucier d’y mettre le bordel ou pas, elle commença à survoler les différents documents qui s’y trouvaient à la recherche d’informations qui l’aiguilleraient sur les activités de Franco. Tibéria était effectivement plus fatiguée qu’à l’habitude. Elle avait toujours envie de dormir et elle souffrait également d’une perte d’appétit et de nausées. Étrangement, certaines choses qu’elle adorait manger lui font horreur. Pourtant, elle ne pouvait pas s’arrêter et se reposer. Une courte missive venait de lui annoncer l’arrivée d’une flotte ennemie sur Ydrill. Que devait-elle faire? Qu’avait-elle fait pour mériter cela alors qu’elle mettait toute son énergie à maintenir la paix sur le duché.

Elle parcouru rapidement toute une liasse de documents, surtout des rapports quant à la flotte et son entretient. Rien d’anormal jusqu’ici, c’était le domaine de Franco, mais elle ne put s’empêcher de grimacer en voyant les chiffres.

— Qu’est-ce que ça coute cher… et ce n’est pas demain la veille que la couronne pourra le faire elle-même.

En tassant les papiers, elle tomba sur un petit portrait, une esquisse délicatement exécutée qui représentait un tout jeune enfant. Tibéria savait qui s’était. Le premier fils de Franco n’avait pas survécu à sa deuxième année. Il n’en parlait pas, mais il ne l’avait pas oublié pour autant. Étrangement, la vue de ses yeux tendres et de ses joues rebondis fit larmoyer Tibéria.

— Ce n’est même pas mon fils!

Pourtant, voilà qu’elle pleurait à chaudes larmes pour un enfant qu’elle n’avait jamais rencontré. Elle en oublia le pourquoi de sa présence dans ce bureau et resta assise, seule, à pleurer pour toutes et aucune raisons à la fois.

~ Les rois du monde de demain sont les enfants du monde d'aujourd'hui ~

Franco était affairé. Comme souvent en fait. Il détestait n’avoir plus rien à faire. Car n’avoir rien à faire c’était laisser à son esprit une opportunité de vaquer et de se plonger dans la tourmente.  Alors il préférait s’occuper. Parfois avec des choses futiles, parfois avec des choses utiles. S’il ne le laissait pas apparaître auprès des autres, Franco était néanmoins un homme tourmenté. Peu de gens étaient assez proches de lui pour le savoir. Tibéria, elle, le savait. Elle l’avait vu dans certain de ses moments de faiblesses. Il aurait préféré que ce soit autrement, mais on ne choisit pas toujours tout dans sa vie. Et bien qu’elle répète régulièrement que son mari et elle ne soient pas assez en osmose à son goût, elle savait déjà tout un tas de choses sur lui que peu de monde savait en ce bas monde.

Le duc revenait vers son bureau quand il fut surpris par quelque chose. Son garde personnel qui était en poste à cette heure-là semblait agité, on aurait dit qu’il  ne se sentait pas bien. Franco l’avait vu depuis l’autre bout du couloir, on aurait dit qu’il se balançait d’un pied sur l’autre comme s’il avait une douleur incontrôlable au niveau des intestins. Le duc l’interpella pour en savoir plus.

- Que vous arrive-t-il, Romain ? Etes-vous … indisposé ?
- Non votre Altesse, je vais bien. Je vous remercie de vous en inquiéter. C’est juste que …
- Que … ?
- Que votre femme elle, elle …
- Allons Romain, reprenez-vous. Un jeune homme comme vous ne doit pas avoir l’air désarçonné ainsi. On dirait que vous venez de perdre votre pucelage.
- Votre femme est à l’intérieur.
- A l’intérieur ? De quoi ? De mon bureau ?!

Le jeune garde hocha timidement la tête. S’il avait été réticent à délivrer l’information c’était parce qu’il savait pertinemment que la suite des évènements serait … tempétueuse. Entre le caractère bien trempé de la duchesse et l’autorité sans faille du duc. Franco se savait relativement apprécié par sa garde personnelle. Aussi, avant de pénétrer dans le bureau, il tint à rassurer le jeune homme.
- C’est la duchesse. Vous ne devenez pas avoir peur de me parler de ce genre de choses, Romain. Je dois pouvoir compter sur vous, c’est compris ?

Franco posa une main qui se voulait apaisante sur l’épaulette droite de son garde. Même s’il trouvait le jeune homme très mignon, il ne voulait pas avoir de geste déplacé envers lui. Qui plus est en plein milieu du palais. Sans attendre une minute de plus, le duc s’élança pour franchir la porte. Le duc fit une entrée pour le moins fracassante. Il ne voulait pas spécialement surprendre sa femme ou quoique ce soit d’autre. Il lui faisait confiance et il savait que si elle était là c’est qu’elle avait une bonne raison d’y être. Cependant, il n’appréciait pas qu’on s’immisce dans ses affaires. Pas spécialement parce qu’il avait des choses à cacher mais plutôt parce qu’il était assez possessif et qu’il n’aurait pas supporté qu’on mette du désordre dans son organisation.

Le duc découvrit une Tibéria effondrée. Sa mine était déconfite et ses yeux étaient enflés par les larmes. Ne sachant que trop peu la raison de sa tristesse, il se dit qu’il devrait prendre des pincettes pour éviter de réveiller le dragon qui sommeille parfois en elle. Alors il s’avança, timidement et calmement, jusqu’à arriver à ses côtés. Il fit un geste qu’il n’aurait pas fait en temps normal, il se pencha vers elle et enroula un de ses bras autour de ses épaules.

- Que vous arrive-t-il, Tibéria ?  

Même si ce n’était pas dans le tempérament de Franco de laisser s’échapper un torrent d’émotions, il n’appréciait pas particulièrement de voir ses proches pleurer ou se mettre dans de pareils états. Et quoiqu’elle en pense, Tibéria était aujourd’hui une personne de l’entourage proche de Franco, donc une personne qui lui était chère.

- Puis-je faire quelque chose pour vous apaiser ?

Lorsque la porte s’ouvrit sur Franco, Tibéria leva les yeux. Normalement, elle aurait bondi sur ses pieds, prête à affronter le duc de son tempérament orageux. La jeune femme était l’une des seules personnes à lui tenir tête aussi ouvertement, même si elle gardait le plus souvent ses reproches pour les moments où ils étaient en tête à tête. Ils ne filaient peut-être pas le parfait bonheur, mais la duchesse ne tenait pas nécessairement à l’humilier en public. S’ils avaient quelque chose de privé à discuter, ça se faisait derrière les portes closes. Malheureusement pour eux, les gardes pouvaient être de vraies pipelettes et comme ils n’étaient jamais très éloignés du couple et que les portes ne coupaient pas toujours très bien les conversations, ils discutaient entre eux et les bruits de leurs mésententes conjugales se répandaient comme une traînée de poudre à travers tout le palais. Tibéria savait que trop bien la réputation qu’on était en train de lui faire. Franco était la force tranquille, autoritaire, mais calme, solide comme un rock alors que Tibéria était la mer déchaînée et imprévisible qui se heurtait inlassablement contre lui sans grand résultat. Elle voyait bien maintenant que les gens la prenaient de plus en plus avec des pincettes comme s’ils craignaient de déchaîner sa colère. Elle n’était pourtant pas si imprévisible. Le seul à avoir vraiment fait les frais de son caractère était Franco. Sinon elle se montrait généralement calme et patiente. Elle pouvait s’enflammer parfois et elle tenait fermement ses positions dans les discussions, mais de là à crier à la tête des gens…

Cette fois pourtant, le combat ne s’engagea pas. Tibéria baissa simplement les yeux vers le petit portrait qu’elle tenait toujours. Ironiquement, quand elle cherche Franco elle ne le trouve jamais, mais dès qu’elle fait quelque chose dans le but de l’embêter, il apparaît comme par magie. Elle eut plus ou moins conscience que le duc s’avançait dans la pièce. Tibéria s’attendait quand même à une remarque ou à un reproche de la part de Franco, mais celui-ci passa un bras autour de ses épaules. Honnêtement, il n’avait pas beaucoup de gestes tendres envers elle depuis le début de leur relation. Il lui faisait des compliments et lui offrait parfois des fleurs. Pour Franco, elle savait que c’était pour lui des banalités déconcertantes, mais ça faisait plaisir à Tibéria. Ils n’étaient pas très proches non plus physiquement et la jeune femme trouvait ça particulièrement difficile. Ils avaient eu une conversation durant la nuit de noces où Franco avait avoué ne pas être très attiré par la chose ou même par les femmes en général. Il ne la touchait pas vraiment… Enfin, il le faisait par devoir. Donc, la prendre ainsi par l’épaule dans un geste tendre et spontané… Peut-être sentait-il que la situation était sérieuse. Après tout, elle avait l’air vraiment bouleversée. Elle s’essuya les yeux du revers de la main.

— Je voulais savoir ce que vous trafiquez dans votre coin sans rien me dire quand je suis tombé sur ça…

Elle posa le portrait sur le bureau à travers les papiers qu’elle avait dérangés dans sa recherche de réponses à ses inquiétudes.

— Honnêtement, je ne pourrais même pas dire pourquoi je pleure. J’ai pensé en le voyant… Je sais que sa mort vous a beaucoup attristé et à quel point vous avez tout fait pour le sauver. Je me suis dit que j’aurais aimé m’en occupé et… et je me suis sentie très triste en le voyant… et… j’ai pensé aussi à tout ce qui se passe présentement avec Ydril et… peut-être que les gens ont raison, peut-être que je suis en train de perdre la tête.

Son visage se plissa alors qu’une nouvelle crise de sanglots éclatait. Elle enfouit son visage contre le torse de son époux à la recherche du réconfort dont elle avait désespérément besoin. Mais voilà, presque aussitôt, la jeune duchesse fut saisit à la gorge par une puissante odeur de nourriture. Ça n’avait rien à voir avec les agréables effluves que dégageaient les plats préparés en cuisine; Franco donnait plutôt l’impression de s’être roulé dans des oignons et d’autres trucs particulièrement odorants. Nauséeuse, Tibéria repoussa Franco d’un geste brusque.

— J’ai besoin d’air.

Elle se précipita à la fenêtre la plus proche et l’ouvrit. Agrippée à son rebord, elle inspira profondément l’air frais de l’extérieur. Elle était vraiment à un cheveu de simplement vomir devant Franco. Heureusement, son estomac finit par se calmer, mais il se passa un bon moment avant qu’elle ne parle enfin.

— Désolée, je ne me sens pas très bien… J’ai la nausée depuis… je ne sais pas, quelques jours au moins. Les odeurs me prennent à la gorge. Je ne veux pas vous vexer, mais vous sentez franchement mauvais. Vous n’êtes pas le seul, j’ai dit la même chose à Cassio ce matin. Avez-vous mangé quelque chose avec de l’oignon? L’odeur est accrochée à vos vêtements…

À cette simple évocation, elle sentit son estomac se tordre comme si elle se trouvait sur le pont d’un bateau. Elle posa une main sur sa poitrine puis inspira à nouveau profondément.

— Ce n’est vraiment pas le moment d’être malade.

Franco fut presque surpris par la réaction de Tibéria lorsqu’il la prit dans ses bras. Il avait l’habitude que sa femme soit à la recherche d’attention mais il avait aussi l’habitude qu’elle ne réagisse jamais de la manière qu’il attendait. Il avait cru en la prenant dans ses bras que cela remettrait un peu d’eau à son moulin et aurait tendance à lui permettre de retrouver sa colère légendaire. Mais même pas, la jeune femme avait enfoui son visage contre lui comme si elle cherchait à se réfugier et avait besoin d’être protégée. Alors, le duc se permit même de glisser un petit mot doux, à voix basse, visant à la rassurer.

- Du calme, tout va bien …

Le cœur du duc s’était serré en voyant le dessin qu’il avait fait quelques jours plus tôt. En fait, il dessinait rapidement quand il laissait son esprit vaquer. C’était d’ailleurs pourquoi il essayait de ne pas trop se laisser aller au quotidien. Car il avait une forte propension à être nostalgique et mélancolique. Il ne préféra pas commenter le croquis que lui montrait Tibéria. Il se contenta de quelques mots simples visant à rassurer son épouse.

- Vous n’êtes pas folle Tibéria. La vie au palais est peut-être tout simplement différente de ce que vous aviez connu auparavant. Et peut-être que cette vie n’est pas forcément à la hauteur des espoirs que nous avions avant d’y arriver …

Le duc laissa sa phrase en suspens. Elle était lourde de sens. Il ne savait pas si Tibéria l’interpréterait à sa juste valeur mais dans tous les cas elle était lourde de sens. Puis, les espoirs de Franco concernant la prévisibilité de sa femme furent rapidement réduits à néant. Elle le repoussa prestement en l’invectivant de sentir mauvais. Chose qu’il ne comprit pas vraiment dans un premier temps. S’il n’était pas un don juan, le duc avait pourtant tendance à prendre plutôt soin de lui comme tout nobliau suderon qui se respecte. Il laissa donc la duchesse se remettre de ses émotions avant d’essayer de lui parler à nouveau. Il la vit avoir quelques haut-le-cœur avant d’essayer de retrouver son calme et le contrôle de sa respiration. Puis, une question toute simple vient à l’esprit de Franco.

- Tibéria … J’ai une question un peu indiscrète à vous poser. Avez-vous été indisposée ces derniers temps ? Je veux dire, vous voyez … Ce que vous les femmes …

Il savait qu’elle comprendrait et n’en dit pas plus. Son cœur se serra dans sa poitrine en attendant une réponse. Il était très rare que quelque chose angoisse le cœur froid de Franco mais le sujet était quelque chose qui le touchait particulièrement. La première fois qu’il avait vécu cela, les choses s’étaient terminées d’une manière tellement … Inattendue. Franco espérait que, cette fois-ci, il serait un peu moins impuissant.

Elle comprenait ce que Franco voulait dire. Tibéria avait pris le pouvoir pleine d’espoir pour se rendre compte peu après à quel point tout était complexe. Il était facile de poser un jugement d’un point de vue extérieur, mais il y a bien des choses qui échappaient au regard du spectateur. Rien ne préparait vraiment à la réalité du pouvoir. Devant Franco et Tibéria défilaient chaque jour une foule de gens aux idées et aux goûts différents qui s’entrechoquaient parfois avec violence. Ils faisaient quelque chose pour plaire à l’un, mais ils en frustraient systématiquement un autre. Si cette personne jouissait d’une puissante réputation, alors ils s’attiraient la menace d’importants problèmes s’ils ne changeaient pas d’idée. Toutefois, s’ils décidaient de plier, alors on les accusait de privilégier certaines familles sur d’autres. Ça, c’était seulement pour les gens de leur propre cour. À eux, il fallait ajouter les visiteurs de l’extérieur, ces hommes et ces femmes venus de loin pour créer des alliances ou encore pour vous reprocher de parler aux mauvaises personnes. Malgré tous les efforts déployés, les critiques fusaient toujours de partout. Ça rendait la chose tellement frustrante et après on se demandait pourquoi Tibéria est caractérielle. C’était une vraie maison de fous!

Voilà maintenant qu’elle était malade…

— Je ne vois pas en quoi cela vous regarde, les hommes n’ont…

Tibéria s’arrêta. En fait la question était drôlement pertinente même si les hommes ne parlaient jamais de ce genre de chose. Depuis le jour où, à 14 ans, elle hurla à travers toute la villa Beronia qu’elle était en train de mourir en se vidant de son sang et jusqu’à aujourd’hui, Tibéria n’avait jamais manqué un seul rendez-vous avec la nature. Elle pouvait même calculer et prédire le début de ses prochaines règles, très pratique pour ne pas tacher malencontreusement l’une de ses robes. Toutefois, elle ne se souvenait pas d’y avoir porté particulièrement attention depuis quelque temps. En fait, depuis le bal, rien n’était arrivé. Tibéria aurait remarqué cette absence normalement, mais elle était si occupée que ça lui était sorti de l’esprit. Elle commença à calculer dans sa tête. Franco vit peut-être ses lèvres remuer silencieusement alors que les chiffres se succédaient dans son esprit.

— Non, ça ne se peut pas…

Tibéria recommença, mais arriva au même résultat. Si son calcul était bon, ses règles devaient débuter dans la deuxième ennéade de Favriüs aux environs d’Elenwënas. Or, ils n’étaient maintenant au début de la quatrième ennéade et toujours rien.

— 15 jours… Normalement, ça aurait dû arriver il y a 15 jours.

Puis, elle comprit.

La surprise sur son visage mélangé à l’incrédulité parlait suffisamment pour qu’elle n’ait pas à dire un mot lorsqu’elle regarda Franco dans les yeux. À cet instant précis, leur univers tout entier venait de changer.