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 La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]

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Thibaud de Kelbourg
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MessageSujet: La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]   La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] I_icon_minitimeMar 5 Déc 2017 - 9:40

La chute de l'aigle



La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] Ht8g

Résumé des derniers événements survenus en Favrius.

La bataille de Valdrant marqua très vite un tournant décisif de la guerre. Car la nouvelle se propagea comme une mauvaise peste et les châtelains isolés eurent bientôt la peur d'être les prochains. C'est que l'on avait point lésiné sur les méthodes du côté nordien et que si le début de la campagne avait vu des centaines de cavaliers retourner la terre, il y en avait désormais dix fois plus avec la motivation de faire payer en centuple les morts tombés à Valdrant. Le nord n'avait peut-être pas les plus imminents penseurs du royaume, mais leur mémoire était tenace, l'oublie inexistant. Le restant de Favrius se déroula dans le feu et le sang et l'on vit s'élever en quelques endroits isolés de la campagne, des champs de morts empalés. Certains jeunes gentilshommes de l'ost découvrirent ainsi la gravité de l'événement. Eux qui étaient partis avec  les légendes de preux chevaliers pourfendant l'ennemi, plein la tête. Voilà qu'ils se mettaient désormais à ne plus pouvoir distinguer l'ennemi de l'ami, ni si la cause valait vraiment la peine que l'on égorge les femmes et les enfants dans le seul but d'éradiquer non pas la génération guerrière de maintenant, mais celle d'après.

6e jour de la première ennéade de Barkios, an X du XIe cycle.



La guerre était sale, mais indispensable. Ce pourquoi, après que les petites places fortes eurent été défaite la plupart du temps sans résistance, on mena l'ost devant les murailles de la grande et sombre Rochenoire. En ce début du nouveau mois de Barkios donc, la terreur était prête à s'abattre sur le nid d'aigle. Le campement s'installa de sorte que chaque contrée bénéficie d'une partie des remparts et d'un angle d'attaque. Mais aucun assaut ne fut ordonné dès la première ennéade. On attendit seulement que les machines de siège soient construites pour qu'elles se mettent à décharger toute leur fureur sur les hauts-murs de la cité.

Rochenoire n'avait jamais été prise. Réputée pour être imprenable tout en étant encrée dans la montagne. Ses fortifications donnaient presque l'impression d'avoir été directement sculptées dans la roche. Autant dire dès lors que les premières salves envoyées n'eurent que peu d'effets et que la plupart se perdirent dans le décor. Toujours est-il qu'on utilisa ses premiers jets défectueux pour rectifier la portée afin de viser non plus les murs, mais les habitations se trouvant derrière. On fit bientôt ajouter de la poix enflammée au menu pour provoquer des incendies. Les velteriens s'évertuèrent alors à puiser dans leur dernière force pour les éteindre. Tous les jours, une fumée noirâtre s'échappait de la ville et l'on parvenait à sentir le bois brûlé à plusieurs lieux à la ronde.

Les habitants de la cité comprirent sans-doute que l'objectif dans tout ceci n'était peut-être point de les envahir, mais simplement de leur faire entrevoir qu'ils étaient fait comme des rats et qu'ils finiraient par mourir les uns après les autres. Adonc la question n'était pas de savoir comment la cité tomberait, mais jusqu'à quand l'espoir des velteriens résisterait. Comme pour saper un peu plus leur moral, les nouvelles d'Hautval et d'Ancenis tombèrent bien vite. La socière du Val avait ployé le genou devant le roi et obtenu son pardon tandis que l'Ancenois était sur le point de céder devant la force et la brutalité de l'ost du Sénéchal.

Malgré tout cela, Thibaud trépignait. Habitué à agir avec force et rapidité, les sièges nécessitaient bien trop d'effort et de patience. Quand bien même l'aigle du Médian était sur le point de flancher, on ne pourrait tenir éternellement la position. Il n'était pas nécessaire d'être un maître stratège pour comprendre que la vigueur des hommes était étroitement liée à leur solde. Même si certains avaient bon espoir de rançonner les prisonniers de Valdrant, les autres se mettraient bientôt à chouiner pour le manque à gagner. C'est fort de cette pensée que le connétable prit la direction du campement des chauffeurs de pâturons afin d'y retrouver son plus prestigieux prisonnier. Il était temps que les choses changent, peu importe les moyens utilisés pour y parvenir.
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MessageSujet: Re: La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]   La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] I_icon_minitimeJeu 7 Déc 2017 - 8:00



Les choses s'étaient accélérées en Velteroc, et pas que. Les nouvelles de Hautval avaient causé un énorme agacement pour Renaud, contre sa Baronne, mais aussi contre la couronne qui venait de revenir sur une promesse que le Régent avait faite au Duc, yeux dans les yeux. Renaud avait d'ailleurs écrit pour demander des explications sur ce pseudo serment de la baronnie directement à la couronne, envers et contre toutes les règles de la féodalité. Un sacrilège qu'il ne laisserait pas passer, et qui l'énervait au plus haut point. Il devait donc encore plus faire des ronds de jambes vis à vis de ceux qui se disaient ses alliés, se les attacher afin qu'ils le soutiennent lorsqu'il serait temps de se retrouver devant la cour royale. Le Duc d'Erac détestait être dépendant d'autrui, et il avait cette impression de servitude qu'il exécrait. Pire, il ne savait pas si ses alliés n'étaient la que pour rendre justice royale, ou s'ils le soutiendraient jusqu'au bout dans sa démarche de récupération de ses terres de jurés. Quand l'heure serait la, il serait temps de voir sur qui il pouvait vraiment compter.

Sinon, du côté de Velteroc, les choses allaient pour le mieux, après la victoire de Valdrant, les Seigneurs des places fortes se rendaient les uns après les autres, souvent sans même opposer la moindre résistance. Renaud ne manquait jamais de se montrer pour illustrer le fait que le suzerain légitime de Velteroc, c'était Erac, et que même si c'était Sainte-Berthilde et ses vassaux qui faisaient le boulot, il était bien présent et que c'était lui qui revendiquait ses terres et leur serment, enfin celui de leur Comte, bien entendu, et que jamais ce bâtard de félon n'aurait dû se parjurer, et que c'était de sa faute si la ruine s'abattait aujourd'hui sur Velteroc.

Renaud avait divisé sa troupe en deux, une partie étant partie vers Palmepeyre, dirigée par Ernest de Rochefouchart afin d'aller chercher sa reddition, ce qui ne devrait pas poser de problème vu que l'armée comtale avait été défaite et qu'elle était partie se réfugier à Rochenoire. L'autre partie, sous la direction de Renaud, avait suivit l'ost berthildois en direction de la capitale du Comté, traquant les restes de l'ost velterien, et la tête du félon Nimmio. C'était maintenant devant la citadelle que tout ce beau monde s'était posé, en même temps que le siège qu'ils imposaient à la forteresse. Renaud faisait de gros efforts pour ne pas être exécrable, il en était revenu de tous les contes guerriers qui avaient bercé son enfance. Il était sale, et l'odeur pestilentielle qui se dégageait du campement n'aidait en rien. Alors certes, des latrines avaient été creusée au loin, pour éviter les maladies, mais pas suffisamment apparemment si l'on se référait à son odorat. De plus la proximité avec la gueusaille et la soldatesque le dérangeait. Il aurait grassement payé pour un bain dans son château, avec un bon feu de cheminée pour le réchauffer. Mais non, il devait se contenter d'un peu d'eau pour un brin de toilette dans une cuvette, en attendant que la place forte ne tombe, ou se rende. Renaud se montrait peu, et c'était Robert qui s'occupait du gros du travail. Les armes de sièges avaient été monté, et l'on avait commencé à tirer. Le peu de temps que Renaud passait en dehors de sa tente était parce que son Sénéchal lui demandait d'apparaitre pour le moral des troupes, ou encore pour aller visiter ses partenaires de guerre qu'étaient Louis, Aurel, et Aliénor, voir quelques autres Seigneurs qu'il croisait.

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Thibaud de Kelbourg
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MessageSujet: Re: La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]   La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] I_icon_minitimeSam 9 Déc 2017 - 8:57



Premier jour de la deuxième ennéade de Favrius, an X du XIe cycle


-Avons-nous seulement des chances d'obtenir la paix ? s'enquit l'un des conseillers du régent.

-Probablement aucune, trancha Thibaud.

-Mais alors, pourquoi envoyer notre plus précieux prisonnier ?

Thibaud regarda l'homme avec dédain en souriant grassement.

-Pour rire, reprit-il sans l'ombre d'un sourire.

La demande de négociation avait été accepté par les velteriens la veille. En échange du commandant des forces velteriennes, le grand maître de l'ordre écarlate s'en irait du côté royaliste. Si l'événement n'avait rien d'extraordinaire, tous ignoraient les véritables motivations derrière cette entreprise hormis le jeune faon de Saint-Aimé. Thibaud l'avait tenu au courant des avancées quant au prisonnier de Kastelord. Il ne restait plus qu'à voir si la stratégie prendrait où serait tuée dans l’œuf. Les dés étaient désormais jetés et les royalistes regardaient dès lors celui qui avait mené l'embuscade de Valdrant, s'en retournait dans sa cité. Darius de Sémilank, quant à lui, s'approcha lentement de leur position, craignant probablement qu'on l'exécute si-tôt arrivé parmi eux.

-Bien le bonjour, messire de Sémilank. Quelles sont les nouvelles de votre fief ?  

-Allez vous faire mettre.

Thibaud regarda le Saint-Aimé en souriant de nouveau.

-J'apprécie déjà cet homme.  
 
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MessageSujet: Re: La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]   La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] I_icon_minitimeDim 10 Déc 2017 - 14:36


Les portes de la citadelle de Rochenoire s'entrouvrirent pour laisser passer le cavalier solitaire qui venait du camp royaliste dont la marée de tentes s'étendaient jusqu'à l'horizon et même au-delà. Hanegard Kastelord poussa un soupir d'amertume en repensant à son dernier passage sous ces voûtes massives, à la tête d'un ost certes amoindri par de multiples défections mais plein d'espoir dans l'accomplissement d'un plan de bataille aussi hardi qu'aventureux et apte à inverser le cours de la guerre. Le-dit plan aurait pu fonctionner si son concepteur n'avait pas reçu de fausses indications quant au nombre de soldats ennemis, ce qu'Hanegard ne digérait toujours pas et encore moins depuis les révélations pour le moins troublantes du connétable de Sainte-Berthilde.

Un cavalier apparut face à lui, venant de l'intérieur de la citadelle. Darius de Sémilank, Grand Maître de l'Ordre de la Main Écarlate et devant servir d'otage aux royalistes durant les négociations, arrêta sa monture tout en posant un regard aussi méprisant qu'hautain sur l'ancien baron d'Alonna. Visuellement, tout séparait les deux hommes, l'armure étincelante et la mine impeccable de l'un contrastant avec le tabard souillé de sang et les bandages recouvrant les nombreuses blessures de l'autre.


Le duc vous en veut beaucoup, Kastelord. Vous l'avez déçu et votre défaite à Valdrant nous met en bien fâcheuse posture.

Dédaignant de répondre à un homme qui préférait rester lécher les bottes de son maître plutôt que d'affronter l'ennemi sur le champ de bataille, Hanegard continua son chemin en direction du donjon principal où l'attendait le Duc du Médian. Sur son passage, les soldats de la garnison le scrutaient du regard avec une visible appréhension, conscients que le châtelain portait des nouvelles pouvant décider de leur vie ou de leur mort. Allait-on se battre ? Allait-on négocier ? La pluie de pierre et de feu qui s'abattait sur la ville depuis plusieurs jours cesserait-elle enfin ? Tous savaient que le Grand Conseil du Médian se tenait près à recevoir l'ancien général et le message qu'à travers lui envoyaient les chefs royalistes.

Alors qu'Hanegard mettait pied à terre, les portes du donjon s'ouvrirent et un vieux chevalier  au visage buriné par une vie de combats se rua à sa rencontre, l'agrippant dans une étreinte digne d'un ours.


Les Dieux soient loués, je vous ai cru mort, s'exclama Gaspard de Jüs, qui avait commandé l'aile droite velterienne lors de la bataille de Valdrant puis mené la retraite jusqu'à Rochenoire.
Le Duc ? demanda simplement Hanegard d'une voix fatiguée.
Mieux vaut voir par vous-même. Suivez-moi, il vous attend.

Les deux hommes montèrent les escaliers jusqu'à la salle du conseil dont un hallebardier leur ouvrit la porte. A l'intérieur, rien ne paraissait avoir changé depuis la dernière venue d'Hanegard : Nimmio gisait toujours sur son fauteuil au bout de la grande table tandis qu'autour de lui se tenait le dernier carré des fidèles. Sur les visages blafards se mêlaient la peur, le désespoir et la colère, mais nul visage n'était aussi effrayant que celui du Duc. On aurait dit un mort-vivant, ses traits tirés et ses yeux rougis soulignant l'état de délabrement tant physique que moral de l'aigle du Médian.

Alors vous voilà donc, messire. Du beau travail que vous nous avez fait, oui ! Je vous confie une armée, vous ne trouvez rien de mieux que de me la perdre au combat !
Votre Altesse, je vous apporte un message des seigneurs royalistes.

Hanegard s'attendait aux récriminations ou aux injures et n'en tenait pas rigueur à son seigneur dont l'état de fatigue devait avoisiner le sien, bien que pour des raisons différentes. Nimmio lui ayant d'un geste signifié de continuer, il reprit :

Les seigneurs royalistes indiquent ne pas en avoir après Velteroc mais uniquement envers vous. Ils exigent votre vie, en échange de quoi ils s'engagent à cesser leurs exactions sur nos terres.

Le silence revint dans l'assistance, brisé quelques secondes plus tard par la voix sèche du Duc.

Ces conditions sont inacceptables. Nous allons nous battre et vaincre. L'ennemi ne peut rester éternellement devant Rochenoire et ces pleutres jamais monter à l'assaut. Dès qu'ils se replieront nous attaquerons et balaieront ces vermines.
Votre Altesse, osa un des vassaux venu du Sud-Est de Parmepeyre, aussi cruelles que soient ces conditions nous devons penser à l'avenir de cette terre et de ses habitants.
Foutaises ! Cet ultimatum n'est là que pour nous diviser. Je ne m'étonne pas que ces crapules vous aient choisi comme émissaire, messire Kastelord. Lâcheté et traîtrise font toujours bon ménage et n'amènent que la défaite.

Pâlissant sous l'injure, Hanegard tenta de s'approcher mais il  fut empêché d'approcher par plusieurs fidèles de Nimmio qui craignaient que les deux hommes n'en viennent aux mains.

Votre Altesse, nous avons été vaincu car l'ennemi alignait huit mille hommes et non quatre mille comme vous me l'aviez indiqué.
Vous chercheriez-vous des excuses, messire le couard ? demanda perfidement le Duc.
Non, juste des explications. Lors de ma détention, le connétable de Sainte-Berthilde m'a affirmé que vos espions ont pu aller et venir sans être interceptés tandis que l'ost royaliste s'assemblait. Et pourtant vos chiffres étaient faux.
Qu'insinuez-vous ?
Soit vos espions vous ont tous trompé dans leurs rapports... soit vous connaissiez les forces exactes de l'ennemi et vous m'avez menti.
Quoi ? Vous délirez !
Votre Altesse, laissez-moi accéder aux rapports d'espions reçus de Sainte-Berthilde avant l'invasion. Nous verrons bien quels chiffres s'y trouvent indiqués.

Le regard de l'aigle qui pouvait autrefois figer sur place les plus valeureux ressemblait désormais à celui d'une bête prise au piège. Tout autour de lui, les courtisans et vassaux n'osaient intervenir face à la gravité de l'accusation portée par Hanegard et qui remettrait en cause leur serment de loyauté si elle s'avérait fondée. Nulle allégeance ne pouvait survivre à une trahison aussi grave.

Je devrais vous faire pendre pour avoir osé me parler ainsi, menaça sèchement Nimmio.

S'avançant un peu, Hanegard plaqua ses deux poings sur la table du conseil et fixa du regard son seigneur.


J'ai mené des centaines d'hommes à la mort sur la base d'informations erronées. Alors pour la dernière fois je vous demande de me laisser accès aux rapports de vos espions.
Vous n'êtes qu'un lâche, voilà tout ! Vous tentez de justifier votre défaite mais ça ne fonctionnera pas !
SAVIEZ-VOUS QUE LES ROYALISTES ÉTAIENT HUIT MILLE ? rugit Hanegard, à bout de patience.
OUI JE LE SAVAIS ! MAIS VOUS AURIEZ EU PEUR SI JE VOUS L'AVAIS DIT !

La foudre tombée au beau milieu de la salle n'aurait pas causé un choc plus conséquent que cet aveu. Comprenant subitement l'impact de ses paroles, Nimmio bégaya et tenta de se reprendre.

Je... je ne voulais pas dire... non, ce n'est pas...
Nimmio de Velteroc, le coupa sèchement Hanegard, vous avez trahi vos vassaux en nous envoyant délibérément à la mort dans un combat inégal. Je suis délié de mon serment d'hommage-lige envers vous et ne vous reconnais plus comme mon suzerain. Puissent les Dieux vous pardonner votre félonie, car moi je ne le peux pas.

Tournant les talons, Hanegard s'avança vers les portes, refusant d'avoir encore affaire à un homme n'ayant récompensé une loyauté adamantine que par la plus infâme manipulation possible.

Traître !

L'exclamation du Duc éclata avec rage. Se retournant, Hanegard vit Nimmio lui foncer dessus en brandissant le poignard qu'il portait à la ceinture. La lame s'abattit vers l'ancien général des armées velteriennes mais n'atteignit jamais son but. La main d'Hanegard jaillit et bloqua le poignet du Duc, le lui tordant et retournant l'arme vers son possesseur. Le Duc cracha du sang lorsque la dague plongea profondément dans ses entrailles. Ses jambes faiblissant, il s'agrippa vaille que vaille aux épaules d'Hanegard tandis qu'une écume sanglante lui montait aux lèvres. Puis ses pupilles se voilèrent et l'homme qui avait un temps tenu la Péninsule dans le creux de sa main tomba au sol, raide mort.

Personne n'avait réagit dans l'assistance. Ni les courtisans ni les vassaux ni les gardes n'étaient intervenus, encore trop choqués pour faire autre chose que fixer la scène de leurs yeux ronds.


Envoyez un héraut au camp royaliste. Dites leur que le Duc est mort et que nous nous rendons.

Tout d'abord personne ne bougea, puis le capitaine des gardes aboya un "à vos ordres, seigneur" et sortit pour donner les ordres en conséquence. En cet instant, l'ancien baron d'Alonna savait qu'il pouvait donner n'importe quel ordre et être obéit, le choc de la mort du Duc ôtant un carcan qui enserrait les esprits et au fond tous en ressentaient une sorte de libération mêlée de honte. La défaite et la soumission aux nordiens paraissait un faible prix à payer pour que cesse cette folie qui les engloutissait depuis des mois. Un par un, les membres du Grand Conseil quittèrent la salle sans même accorder un regard au cadavre de leur ancien suzerain qui gisait au sol dans une mare de sang allant en s'élargissant.

Mais Hanegard ne prêtait déjà plus attention à tout cela. Un mot venait de marquer son esprit au fer rouge, un mot qu'il n'oublierait jamais quel que soit le nombre d'années qui lui restait à passer sur cette terre.

Le dernier mot murmuré par Nimmio à son oreille alors que la vie fuyait son corps.

"Merci"
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Thibaud de Kelbourg
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MessageSujet: Re: La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]   La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] I_icon_minitimeMar 12 Déc 2017 - 10:29



Un silence glacial gagna le camp des nordiens lorsque les portes s'ouvrirent. Le grand maître de la main écarlate semblait anxieux contrairement aux autres grands seigneurs et capitaines qui attendaient avec une étonnante décontraction. C'est que selon les mots du connétable, aucune trêve ni paix définitive ne devaient résulter de cette mascarade. Alors on avait seulement attendu de voir ce que le boucher avait mijoté en envoyant l’honorable prisonnier velterien dans l'antre du manchot. Une majorité de nobles seigneurs s'y étaient opposés, jugeant que l'on se soumettait à la condition d'égale. Hors, on ne traitait pas avec celui qui avait décimé une grande partie de la noblesse royale aux champs pourpres. Que ne fut pas leur stupeur lorsque le héraut d'arme se mit à gueuler à tout va dans leur direction, mettant ainsi un terme à l'interrogation grandissante qui avait gagné le camp.

-Notre seigneur Nimmio de Velteroc est mort ! Rochenoire se rend ! Nos hommes jettent leurs armes !

Sa mine enjouée dénota avec la stupéfaction générale. Quand bien même aurait-il prévu pareil scénario, jamais la réalité aurait pu prendre autant le dessus sur ses rêves. Oncques mais, certains flairèrent la ruse velterienne et sommèrent le régent de Saint-Aimé de ne point céder si facilement à la nouvelle. Comment faire confiance à une race de parjurés qui les avaient maints fois trompés ? Un simple regard d'approbation du jeune faon lui suffit néanmoins à lancer les directives, car heureusement pour lui, il n'obéissait à aucun autre.

-Prenez possession de la cité une fois à l'intérieur, les autres avec le régent et moi, ordonna-t-il à plusieurs de ses capitaines.

Lui et tous les grands seigneurs du nord et d'Erac firent marche en direction des portes autrefois gardées par une centaine d'hommes. Nulle embuscade n'éclata à leur approche et c'est une atmosphère étouffante et paralysée qu'il découvrit une fois à l'intérieur de la première enceinte. Les habitations avaient été fortement éprouvé par les attaques incessantes. Nombre de masures et autres bâtiments accusaient le coup et ne tenaient plus que par miracle. Pour d'autres, il ne restait plus que des tas de pierre sur lesquelles étaient assis leurs anciens propriétaires. Il vit ainsi bon nombre de regards se poser sur lui, mélangeant haine et peur. Guidés par le héraut d'armes, ils franchirent les multiples portes fortifiées intérieures et comprirent à quel point la cité méritait son titre d'imprenable. Sans-doute aurait-il fallu plusieurs années afin de prendre ne serait-ce que la première enceinte. Puisque chaque enceintes semblaient être indépendantes l'une de l'autre. Ce n'était donc pas un seul nid d'aigle à affronter, mais trois ou quatre.

La chevauchée s'arrêta devant la citadelle. Monumentale et massive, l'architecture quoique rustique, présentait les armoiries des Velteroc un peu partout sur sa façade. La pierre sombre donnait une apparence générale angoissante. Sans compter l'ombre qui avait déjà gagné la place alors que l'on ne faisait que sortir des matines.  La faute aux pics enneigés tout autour qui absorbaient les rayons lumineux pour laisser la cité dans le noir. De fait, peu importe l'heure du jour, l'on pouvait facilement sombrer dans une profonde mélancolie rien qu'en vivant entre ces murs.

-Ma foi, il eut été préférable de raser à blanc cette cité et ses gens plutôt que de les cueillir de la sorte, grommela le vieux sire d'Hautségur.

Le vieil homme avait parfaitement raison. Rochenoire eut été bien mieux totalement saignée que libérée avec tous les loyalistes et autres partisans de Nimmio encore vivants.

-Cela ne sera bientôt plus notre problème, mais celui du sire d'Erac, reprit-il en regardant les loups-blancs jeter leurs armes au sol. Menez-nous au corps de votre seigneur !

Le héraut s'empressa de mettre pieds à terre en les invitant à faire de même, puis les attendit à l'entrée de la citadelle afin d'entamer la procession. Les hommes du nord prirent place à leur tour et l'ascension dans la grande salle débuta. Ils croisèrent bon nombre de serviteurs apeurés sur leur passage, craignant assurément qu'on les estourbisse. Mais les nordiens se préoccupèrent uniquement de suivre le messager qui leur avait apporté la nouvelle. Ce n'est qu'une fois arrivée dans la gigantesque salle du trône qu'ils virent un corps inerte sur le sol. Machinalement, Thibaud s'en alla dans sa direction, ignorant les loups-blancs ayant montés la garde tout autour. Seuls quelques centimètres le séparaient enfin de la dépouille de l'ancien homme fort du médian. Il put même observer son visage qui affichait une étonnante sérénité.

-Votre dette est réglée Nimmio, murmura-t-il.  
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Aurel Fribourg d'Escault
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MessageSujet: Re: La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian]   La chute de l'aigle [Rochenoire - Guerre du Médian] I_icon_minitimeJeu 28 Déc 2017 - 21:58


Debout au milieu des ruines et des cadavres, Aurel contemplait le macabre spectacle avec un goût écœurant en bouche. Il serrait toujours entre ses doigts son arme qu'il ne pouvait ranger car elle était maculée de sang. Il avait fait bien des choses dans sa vie dont certains auraient pu avoir honte. Il avait été jusqu'à tuer ses propres compatriotes pour défendre ceux qu'il servait, et qu'Olyssea aurait dû servir également. Mais ses adversaires avaient toujours été armés et ses raisons de se battre étaient justifiées. Cependant, aujourd'hui, il ne trouvait aucune justification valable. Louis et lui en avait débattu longuement, le ton était même monté, mais aucun d'eux n'était parvenu à convaincre l'autre, sûrs qu'ils étaient tous deux de leur position.

Si jusqu'ici Aurel percevait son jeune Seigneur comme un homme au noble cœur, il constatait à présent que certaines choses les distinguaient très nettement. Le Régent se souciait de son peuple, il n'en doutait pas une seconde, mais il n'avait pas les mêmes préoccupations pour le peuple de son ennemi. Et il avait impliqué tous ses vassaux, les forçant à agir selon sa volonté. Le Général avait bien essayé de s'y opposer, de faire au moins en sorte de ses hommes n'est pas à faire cela, mais il n'y avait rien eu à faire. Il risquait de perdre le titre qu'on lui destinait s'il n'obéissait pas. En son for intérieur, il n'en avait que faire de devenir Baron... Le problème c'est qu'il n'y avait pas d'autre prétendant ou qu'il n'était pas sûr de ce que ces derniers pourraient bien faire de leur titre.
Son père avait su le convaincre d'habile manière avant de mourir... Et, en ce jour, il le maudissait presque pour cela.

-Général ?

Aurel tourna à demi la tête. Ce n'était pas assez pour voir celui qui s'adressait à lui mais c'était suffisant pour lui faire savoir qu'il l'avait entendu. De toute manière, il n'avait pas besoin de poser son regard sur son visiteur pour le reconnaître, sa voix avait suffit. Curieusement, ce n'était pas Lambert. Il accusait le coup différemment tandis que lui se mettait face à la réalité de ce qu'il venait de faire.
L'officier s'approcha en silence. Il avait simplement voulu faire savoir à son supérieur qu'il n'était plus seul. Il vint se poster à sa droite et ils observèrent l'immonde spectacle côte à côte dans le silence. Personne n'avait apprécié l'ordre qu'il avait donné d'attaquer ce village et de ne pas laisser de survivants mais Rubens avait cru déceler quelque chose dans l'attitude de son Général... Une chose qu'il voulait vérifier. Et il y avait de nombreuses manières de procéder.

-Quelle vision. Nous réduisons la future génération mais c'est le genre de choses dont ils se souviendront encore dans mille ans.
-Et ils n'oublieront certainement pas les noms de ceux qui y ont participé. Peu importe qu'ils aient eu le choix ou non.

Le Capitaine se tourna vers Aurel.

-Vous auriez pu rester en retrait et observer du haut de la colline...
-Et laisser mes hommes faire les basses besognes à ma place ? Ma conscience n'en aurait pas été plus légère.

Rubens lui adressa un sourire sans joie. Sourire que le Général ne vit pas, continuant d'observer autour de lui.

-Et ce que vous faites à présent ne doit pas être bien mieux. Beaucoup vont plutôt essayer d'oublier.
-Seulement ils ne le pourront jamais. Leurs actes reviendront les hanter lorsqu'ils s'y attendront le moins. Puisque je n'ai pas le choix, je préfère y faire face, accuser le coup et repartir. Je n'oublierai pas davantage et je vivrais moi aussi avec le remord et les cauchemars mais au moins je ne me voilerai pas la face.

Le Capitaine acquiesça. Le point de vue se défendait, même si tous ne seraient pas capables d'en faire autant. La preuve en était : ils étaient seuls au milieu de cette hécatombe. Ils restèrent ainsi quelques minutes encore, Rubens n'ajoutant rien. Il avait l'information qu'il était venu chercher. Son Général était contre ce qu'ils venaient de faire et n'étaient pas du genre à laisser les autres se salir les mains pour lui. Il ne doutait pas qu'il avait essayé de leur éviter cela mais qu'il n'avait pas eu gain de cause.
Alors qu'ils étaient à mi-chemin entre le village et les troupes qui attendaient pour repartir, Rubens se retourna une dernière fois.

-Général !

Aurel s'arrêta et se tourna vers son subordonné avant de suivre le regard de ce dernier. Au loin, on apercevait deux silhouettes qui s'enfuyaient dans le jour déclinant. Ils étaient juste assez près pour les distinguer et deviner qu'ils s'agissaient d'enfants que les parents avaient probablement cachés dès le début de l'assaut.

-Vous avez vu quelque chose ?

Le Seigneur de Lantenes attendit que Rubens se soit tourné vers lui pour plonger son regard dans le sien. Le Capitaine ne pouvait pas douter qu'il avait aperçu les fuyards. Cependant, c'était à lui de jauger son interlocuteur cette fois.
L'officier lui adressa un sourire en coin avant de répondre.

-Non, mon Général.

Aurel lui adressa un signe de tête entendu et tous deux reprirent leur marche pour rejoindre leurs hommes.


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