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 [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir

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Cinnaeth Kielendar
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MessageSujet: [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir   [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir I_icon_minitimeSam 21 Oct 2017 - 22:56



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De retour sur les routes de l'Anaëh

An 10 du XIe Cycle
Deuxième ennéade de Favriüs

Julas



Cinnaeth était étendue sur le sol. L'air frais de la nuit lui caressait le visage, ses bruits et murmures parvenant à ses oreilles... Combien de temps cela faisait-il qu'elle n'avait été dans une telle situation ? Alëandir était silencieuse la nuit, seules les voix des citadins se faisaient entendre de temps à autre. Ardamir était plus animée et emplie de sons, mais l'écorce des arbres abritait des dangers. Là, rien ne la protégeait. Elle était la potentielle proie de n'importe quelles créatures de l'Anaëh. Et Kÿria sait combien celles-ci pouvaient être dangereuses...

Idée inconfortable, tout autant que l'était l'agitation permanente des ténèbres, qui fit s'enfuir tout sommeil de la Taledhel. Son oncle Saeweth ne semblait pas le moins du monde dérangé par ces éléments et dormait d'un profond sommeil. Résignée, Cinnaeth se releva, se retrouvant désormais assise à même le sol, une simple couverture de laine recouvrant celui-ci.

- Tu n'arrives toujours pas à dormir ?

Elle se retourna à-demi pour entre apercevoir Arlernil, montant la garde, le dos appuyé contre le tronc d'un chêne centenaire. Cela faisait peut être bien un siècle qu'ils ne s'étaient pas vus... En se retrouvant aux portes de la capitale, elle l'avait trouvé vieilli. Pourtant, elle n'avait pas connaissance d'un quelconque événement qui aurait pu causer un vieillissement prématuré chez son cousin. Ceci dit, ils n'étaient plus aussi proches que ce qu'ils avaient pu être malheureusement. Les nouvelles qu'elle avait pu avoir sur ces dernières décennies étaient sous forme écrite, de sa part ou celles d'autres membres de la Peth'Idhren... La Noss... Sa dernière visite lui semblait si ancienne et lointaine. Elle se demandait comment elle serait reçue. Est-ce que cela l'inquiétait ? Sans doute, malgré les réassurances de Saeweth. Après tant d'années passées à marchander auprès de la Noss, elle avait l'impression de tout avoir perdu. Non pas qu'elle n'avait pas eu des contacts avec d'autres Noss entre, loin de là, mais le contexte de ces échanges était fort différent... moins authentique... Cette perte se traduisait dans son malaise grandissant depuis le départ d'Alëandir. Sur les quatre derniers jours, elle se sentait de plus en plus menacée par la nature qui l'entourait à laquelle elle n'était plus habituée. Elle se sentait foncièrement étrangère et en insécurité. Points qui ne semblait pas avoir échappé à son cousin... Se relevant et s'étirant elle lui lança :

- On ne peut rien te cacher...

La seule réponse du Noss fut un vague haussement d'épaules. Cinnaeth soupira, scrutant l'obscurité avoisinante et s'apercevant qu'elle était incapable de distinguer quoique ce soit. Entre ça et avoir les yeux fermés, elle aurait peut être dû persister dans la seconde option. Finalement, Faerveren avait peut être raison : ce n'était plus à elle de se déplacer auprès des clans. Ils avaient débattu plusieurs jours durant l'hiver pour s'accorder sur sa visite de la Noss. Son ami lui indiquant clairement que cela n'était pas dans ses fonctions de se promener ainsi dans les forêts de l'Anaëh et que les membres de l'officine étaient des plus aptes. Elle avait rétorqué que même si elle comprenait son avis, elle avait une obligation morale de commencer ainsi les échanges avec la Peth'Idhren : elle savait que Mä'helnoss, et la Noss de manière générale, n'accorderait pas la même confiance à un complet étranger. La confiance... voilà ce qu'elle cherchait à ré-instaurer avec la Voix du clan. Seulement après elle pourrait autoriser d'autres à être accueillis dans la Noss. Qui plus est, elle avait une raison toute personnelle de venir en personne auprès du clan : sa mère. Lors de son séjour hivernal à Ardamir, on lui apprit qu'elle avait été victime d'un mal. Elle avait cherché à visiter le clan directement, mais les conditions météorologiques peu clémentes l'en empêchèrent, la forçant à rentre à Alëandir et se contenter de maigres lettres pour toute source d'information. Saeweth et Arlernil n'ayant voulu lui en apprendre d'avantage sur les tenants et aboutissant lorsqu'elle leur avait demandé des nouvelles de sa mère le jours de leur réunion au niveau de la capitale. Elle restait donc dans le flou le plus total pour le moment... Cinnaeth s'approcha de son cousin :

- Combien de temps de marche nous reste-t-il jusqu'au clan ?
- Nous devrions le trouver demain à la tombée de la nuit.
- Je ne te cacherai pas que la présence du clan sera rassurante. Un léger sourire se dessina sur les lèvres d'Arlernil
- Quelle citadine !
- Dois-je te rappeler la première fois ou tu as mis les pieds à Alëandir ?
- Pas la peine, je m’en souviens très bien... Un environnement tellement étrange... Mais toi ce n'est pas la première fois que tu viens ainsi dans les forêts.
- À croire que j'ai oublié ces sensations...
- Vous oubliez vite, vous Taledhels... Elle le dévisagea quelques instants, étonnée d'entendre cela de sa bouche. Au moins cela lui donnait un aperçu de ce à quoi elle pouvait s'attendre dès le lendemain.
- Nous nous souvenons de choses différentes. Laquelle est la meilleure, je doute que ni l'un ni l'autre soit capable de le dire. Rétorqua-t-elle posément. Un silence s'installa entre les deux elfes. Ce fut-elle la première qui le brisa, à croire qu'elle ne le supportait pas par ces ténèbres. Qu'as-tu fais sur ces dernières années ?
- Moi ? Demanda-t-il comme étonné. J'ai suivi la vie du clan, ni plus ni moins. Je m'occupais d'aller voir les autres Noss lorsque des conflits menaçaient d'éclater entre nous et elles. Je t'écrivais de temps à autres quand des informations me paraissaient pertinentes... Rien de bien extraordinaire. Il marqua une pause, hésitant. Je suppose que tu as de nombreuses aventures à conter ? Elle posa son regard bleu sur son cousin, détaillant son expression. Quelle bien étrange question de sa part. Y décelait-elle une once d'envie ou de jalousie ?
- J'ai eu l'occasion de voyager, mais aucune aventure grandiloquente ne m'est jamais arrivée je le crains. La plupart des choses que j'ai pu être amenée à faire était surtout de la diplomatie auprès des citadins...
- Je...

Arlernil s'arrêta net, son corps se tendant imperceptiblement, tournant la tête vers l'obscurité sur leur droite. Il attendit quelques secondes avant de se repousser du tronc et de prendre en main la lance qui reposait à côté. Instinctivement, Cinnaeth recula vers Saeweth, s'accroupit à son côté et le secoua fermement pour le réveiller. Son oncle reprit ses esprits immédiatement, comprenant la situation au regard de la Taledhel. Ils se relevèrent tous deux, elle portant ses mains aux poignées de ses épées, lui ramassant arc et carquois. Nul ne pipait mot. La Taledhel était incapable de discerner une quelconque menace, mais faisait confiance à ses proches pour la sentir, eux étaient sensibles à la Symphonie, tout du moins plus qu'elle. Les secondes passèrent, se transformant lentement en minute, les trois elfes tendus et aux aguets. Alors, Arlernil fit un léger mouvement de lance vers le haut. Elle eut le temps de vaguement discerner un corps de serpent au pelage gris.

- Un mirguna...
Murmura Saeweth tout en bandant son arc.
- Une... Répondit Arlernil.
- Nous devons être sur son territoire, ou encore pire, près du lieu où elle a pondu ses œufs... Rebroussons chemin, et passons par le Nord, même si cela nous rallonge le chemin pour le clan.

Saeweth n'eut pas à le répéter deux fois. Protégée par les deux Ornedhels, Cinnaeth ramassa rapidement les rares affaires qui traînaient au sol. Se relevant, son sang se figea dans ses veines. Face à eux se dessinaient distinctement la tête de la créature, suivie par son long corps de serpent, ses deux pattes appuyées sur le tronc de l'arbre lui servant d'appui. Un mouvement sur leur gauche attira leur regard. Plissant légèrement les yeux, Cinnaeth discerna une second forme similaire se mouvoir lentement et silencieusement. Deux mirgunas... Ils étaient donc très certainement face à un couple de ces créatures. Son oncle lui tapota le coude, signe pour qu'elle commence à reculer. Lentement, ils s'éloignèrent du premier animal, veillant à lui faire toujours face. Celui-ci restait immobile, ses deux pupilles fixant le groupe d'elfes. Ceci dit, l'autre les suivait discrètement en parallèle, même s'il ne faisait pas mine de se rapproche, cela n'avait rien de rassurant. Progressivement, l'obscurité leur voila le premier mirguna leur étant apparut, le second seulement vaguement devinable à leur gauche. Après quelques temps, celui-ci s'immobilisa aussi, mais ne quittant pas du regard les trois elfes qui s'étaient eux-aussi arrêtés, regardant le serpent. Une créature des plus impressionnantes s'il en était une. Cinnaeth estimait sa taille dépassant largement les 2m30. Ce fut la voix de Saeweth qui la tira de sa contemplation :

- Nalyë senda celva.*

Lui et Arlernil s'inclinèrent légèrement vers l'animal, puis se redressant entraînèrent Cinnaeth vers la direction opposée de celui-ci. Elle n'était pas bien sûre de savoir à quoi elle venait d'assister. Est-ce que le mirguna avait compris ce que son oncle avait prononcé ? Elle même n'était pas totalement sûre du sens des ces paroles. Elle n'osait poser de question. Tout du moins pour le moment. Menés par Saeweth, ils marchèrent d'un pas rapide, du moins aussi rapide que leur permettait la nuit, pendant une bonne heure. Ils finirent par s'arrêter au pied d'un chêne massif.

- Linyenwa Olba ! Ici nous sommes sûrs d'être tranquilles. S'exclama-t-il, content de lui.
- Est-ce moi qui ai mal entendu, ou bien prénommes-tu cet arbre de « vieille branche » ?
- Et pas qu'un peu ! On se connaît depuis que je suis petit, à cette époque c'était encore qu'un jeune arbre cherchant à faire sa place. Maintenant, regarde le ! Cinnaeth crut lire une certaine expression de fierté sur le visage de son oncle. Celui-ci se tourna alors vers Arlernil : Et bien désormais je sais pourquoi tu as une telle réputation en tant que chasseur. Tu ne traques pas le gibier mais tu fonces droit dans le nid des prédateurs.
- Désolé tatanya**... Et surtout désolé Cinnaeth. Je ne voulais pas vous mettre en danger... Il eut une légère hésitation. Lorsque je suis passé par là la dernière fois, ces deux mirgunas n'étaient pas présents, je vous le promet !
- Je doute que tu nous mettrais sciemment en danger, tenta-t-elle de le rassurer.
- Tu devrais faire plus attention à la Symphonie onya***...
- Je ferais en sorte d'être plus attentif...
- Ah ! Les deux autres sursautèrent. Je parie que tu as la tête dans les nuages à cause de Nibenwel !
- Tatanya, non ce...
- Nibenwel ? Demanda Cinnaeth, un air narquois sur le visage.

Arlernil poussa un soupir exaspéré, les deux autres se mettant alors à rire. Après l'épisode qu'ils venaient de vivre, un peu de légèreté était la bienvenue. Ils réinstallèrent leur campement minimal, puis après avoir discuté une heure durant, Saeweth leur conseilla de prendre un peu de repos avant la marche du lendemain qui s'annonçait plus longue que prévue. Les deux jeunes elfes s'exécutèrent, et Cinnaeth réussit, à son agréable surprise, à s'endormir. Ce fut Saeweth qui la réveilla à l'aube, Arlernil déjà prêt à partir. Ils reprirent chemin après qu'elle eut bu quelques gorgées d'eau et engloutie une portion de pain accompagnée de quelques baies.
 
La marche se passa sans encombre ou péripétie et alors que le crépuscule s'installait, le clan fut enfin en vue. Angoisse ou soulagement, Cinnaeth était incapable de le dire.





* Soyez en paix.
** Mon père
*** Mon fils



Dernière édition par Cinnaeth Kielendar le Mer 24 Jan 2018 - 23:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir   [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir I_icon_minitimeLun 27 Nov 2017 - 23:26



Discussion avec les Sages

An 10 du XIe Cycle
Deuxième ennéade de Favriüs

Panahos



Combien de temps cela faisait-il qu'elle ne s'était pas retrouvée ainsi ? Elle, enfant d'une union tabou, une Perelda était le terme dédié avait-elle appris récemment, face aux guides de la Peth'Idhren : Ma'hëlnoss, dite la Parole, l'aînée du clan à laquelle les années avaient accordé une grande sagesse ; Ôthel, dite la Rêveuse, mêlant mysticisme et magie dans un art divinatoire d'une justesse et clairvoyance rare ; Fà'hellwen, dire la Tempérance, mère de tous les membres du clan et apte à calmer toutes les tensions, du corps ou de l'esprit. Maintenant qu'elle y songeait, Cinnaeth ne s'était jamais retrouvé en telle compagnie. Tout du moins jamais seule. Cela n'était pas pour la mettre à l'aise. Le Haut-Conseil lui paraissait presque une partie de plaisir en comparaison. Au moins, elle y connaissait parfaitement les règles du jeu. Ici, elle ne pouvait pas en dire autant. Malgré les nombreux efforts qu'elle avait fait pour comprendre la vie et la mentalité de la Peth'Idhren, elle n'était pas des leurs. Elle ne le serait jamais. Les Noss savaient le lui rappeler, chacun à sa manière.

Les trois chefs la détaillaient avec attention. Elle n'arrivait à lire leurs expressions, si aucune paraissait. Cela en devenait frustrant, et le silence s'étant installé depuis plusieurs minutes maintenant se faisait pesant. Attendaient-elles qu'elle prononce les premières paroles ? Peut être. Mais elle savait mieux que de briser le silence. C'était à l'aînée de le faire et d'entamer cette discussion aux allures si formelle.

Fà'hellwen fut celle qui se désintéressa en première de la citadine arrivée la veille. Assise en tailleur, elle pencha légèrement le buste en avant pour attraper un pot recouvert dans lequel des herbes infusées depuis une bonne trentaine de minutes. Elle enleva le couvercle et le déposa à côté avant de verser un liquide aux couleurs dorées avec attention dans les quatre bols disposés à même le sol. Sa tâche finit, elle reposa le pot et remit le couvercle, avant de distribuer les bols à chacune des personnes présentes, commençant par Cinnaeth, car même si elle n'était pas une Noss, elle était l'invitée, et la Peth'Idhren avait toujours honoré leurs invités, quelque soit leur origine. Mais il fallait savoir que même s'il était servi le premier, ce n'était pas à lui de prendre la première gorgée, mais à l'elfe le plus ancien présent. Dans ce cas c'était Ma'hëlnoss, et contrairement à la parole, elle porta rapidement le bol à ses lèvres dégustant la boisson. Elle reposa le bol à terre et commença alors à parler :

« Les années ne semblent pas avoir terni ton souvenir des traditions du clan Silruscu*. Cela aurait presque pu être considéré comme un éloge. Cinnaeth n'en fit rien et répondit simplement, accompagnant ses mots d'un léger signe de tête respectueux :
- Je ne saurais les oublier après les années à m'avoir gracieusement accueilli au sein de la Noss, Ma'hëlnoss.
- Il est dommage que les nouvelles que tu sembles nous apporter soient de mauvais augure, continua Fà'hellwen.
- J'espère que les lettres de ce message ne vous ont pas inquiétées outre mesure. La situation dont je souhaite vous entretenir est encore loin de ces terres et je souhaite faire en sorte que cela reste ainsi.
- Une situation où le sang de nos frères et sœurs coule, et la colère de l'Anaëh gronde contre les coupables. Cinnaeth faillit tiquer aux paroles d'Ôthel. Savait-elle déjà ? Même si elle était des plus douées dans l'écoute de la Symphonie, était-elle réellement capable de connaître les détails de cette histoire ? Si c'était le cas, cela pourrait être fort bénéfique pour résoudre la situation, mais le pragmatisme de Cinnaeth la retint de fonder trop d'espoirs là-dessus. Elle avait toujours eu un certains scepticisme sur les croyances religieuses trop extrêmes, même si les événements d'Ardamir auxquels elle avait participé avaient ébranlé ses convictions.
- En effet. Je pense que nous ne pouvons que tomber d'accord qu'il faut éviter que cette situation se propage dans le reste de l'Anaëh.
- Avant de tomber d'accord, il serait bon que tu nous donnes les détails de cette histoire. Cinnaeth acquiesça.
- Je ne passerai donc pas par quatre chemin : une guerre civile opposant Ornedhels et Taledhels s'est déclarée dans le protectorat d'Eteniril, se cristallisant au niveau de la cité principale de ce protectorat. L'un des haut-conseillers de la Cité d'Eteniril a été assassiné. Nous ne savons pas qui est le coupable mais...
- Chacun se rejette la faute ? Mä'helnoss finit la phrase pour elle.
- Cela est-il si facile à deviner ?
- Lorsque l'on est conscient des dissidences grandissantes entre les peuplades elfiques, peu de choses sont surprenantes, malheureusement. »

Un silence s'installa, Cinnaeth pu lire des expressions sombres sur le visage des trois Noss lui faisant face. Cela ne la rassura pas. La situation était peut être déjà pire que ce qu'elle pensait dans leur propre protectorat. Si cela devait éclater ici... Non elle ne pouvait laisser cela se produire. Le Régent de l'Anaëh l'avait chargée d'éviter cette situation et de tout faire pour. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle était aujourd'hui présente au sein de la Peth'Idhren, le seul clan à sa connaissance qui lui paraissait pouvoir offrir un soutient dans cette tâche. Elle souhaitait à ce titre être au clair sur l'état des choses dans le protectorat d'Alëandir au plus vite :

« Pensez-vous que cela puisse se produire en Alëandir ?
- Qui sommes-nous pour juger des cœurs et des envies des autres Noss Silruscu ? Cela arracha un léger sourire à la Lëandrine.
- Je doute sincèrement que l'agitation provoquée par de tels désirs ne soient pas remarqués de la Peth'Idhren, et finissant sa phrase, elle fixa quelques secondes Ôthel. Cela était suffisant pour que toutes comprennent son sous-entendu. L'avez-vous ?
- Le trouble règne sur l'ensemble de l'Anaëh fille des pierres, mais pour le moment il gronde au loin, dans les contrées où les rancœurs ont déjà pris racines depuis de nombreuses décennies.
- La chance d'Alëandir réside peut être uniquement dans le fait que nombreux sont les Noss pacifistes en son sein. Et ceux belliqueux n'ont que peu d'intérêt pour les Taledhels. Ils y sont habitués de par des actions passées, auxquelles tu as participé toi-même. Seuls quelques clans semblent avoir des revendications bien spécifiques et agressives envers la capitale.
- Cinnaeth, tu as dis vouloir éviter que les choses s'enveniment ici. Je suppose que tu as déjà une idée en tête. Le flair de Fà'hellwen se révélait, comme à son habitude, juste. Sachant qu'il était inutile de jouer les jeux diplomatiques à n'en plus finir, Cinnaeth expliqua la situation cartes sur table.
- Plusieurs à vrai dire. L'une concerne une possibilité qui a une faible profitabilité d'arriver : la constitution d'un tribunal réunissant Ornhedels et Taledhels pour juger les meurtriers d'Eteniril. Mais je doute que le Régent souhaite voir les Noss s'ingérer dans cela, l'idée ne semblait pas l'enthousiasmer plus que cela, et surtout cela n'arrivera que si le meurtrier est un Noss.
- Sous-entends-tu qu'il ne l'est pas ? Était-ce une pointe de surprise qu'elle discernait dans la voix d'Ôthel ?
- Nous n'avons aucun élément indiquant cela, ou son contraire. Mais il me paraît fort improbable qu'un Noss est réussi à s'infiltrer dans une Cité totalement fermée à ceux-ci jusqu'à aller dans les appartements les mieux gardés de toute la Cité. Si le but était de choquer ou semer la terreur, il aurait été plus avisé et facile de juste assassiner les premiers habitants venus. Ce meurtre me paraît trop rusé et perfide pour être de la main des Noss.
- Cela serait presque un compliment de la part d'une elfe de pierre.
- Cela est juste un esprit humble et critique à l’œuvre, Ôthel.
- Si tu ne penses que ce tribunal se produise, alors que souhaiterais-tu voir apparaître à sa place ? Question essentielle certes. Cinnaeth prit une grande inspiration avant de commencer :
- Tous les grands changements de la société elfique se sont faits lorsque nous étions pressés par des éléments nous déchirant. Je pense que nous vivons actuellement une de ces périodes, et je crois donc que le moment est venu pour unifier Ornedhels et Taledhels. Elle laissa quelques instants pour laisser ses premiers mots être clairement intégrés par ses interlocutrices. Il nous faut travailler au-delà de nos différences, sans cela nous laisserons notre forêt dépérir, en proie à ceux qui n'ont de respect pour elle. Car même si de nombreux maux sont reprochés aux Taledhels, jamais nous ne manquons de respect à l'Oeuvre. Quelques images d'Ardamir lui vinrent alors en mémoire. Elle était en soit l'image de la cohésion parfaite, ou presque, entre les civilisations et cultures elfiques. Si cela était possible là-bas, elle était convaincue que ce le serait ici aussi. Il fallait juste qu'ils trouvent communément leur propre voix. Dans cette optique, je propose donc remettre d'aplomb les assemblées décennales pour lesquelles la Peth'Idhren jouait un rôle central. Mais cette fois-ci le but ne serait de troquer des biens et services, mais de construire ensemble le futur de ce protectorat.
- Perspective intéressante Silruscu, mais est-ce que ton plan a été... validé par ton Régent ? Ma'hëlnoss avait un don pour trouver les questions embarrassantes.
- Pour le moment non, il n'était pas opportun de lui proposer cela, ses pensées sont trop tournées vers d'autres priorités. Je pense d'ailleurs que le meilleur moyen de convaincre mes concitoyens est de les mettre devant le fait accompli et que celui-ci leur prouve qu'une collaboration éclairée est possible.
- Et penses-tu que les Noss se prêteraient plus aisément à ce jeu ?
- Si je croyais le contraire, cette conversation n'aurait pas lieu d'être. »

Ma'hëlnoss répondit par un soupir, Ôthel fronça les sourcils, Fà'hellwen regardait pensivement le fond de son bol encore rempli, passant son doigt circulairement sur les bords de celui-ci. Cinnaeth avait-elle fait mouche ? Peut être. Pour le moment il lui fallait patienter. Elle venait de planter une graine, il fallait le temps que celle-ci germe dans l'esprit de ses trois aînées. Elles ne se prononceraient pas tout de suite, elle la Lëandrine ne leur en demandait pas autant. Elle s'était déjà récité les nombreux contre-arguments que l'on pouvait lui soumettre : et si tous refusaient de collaborer ? Et si le pouvoir royal et les membres du Conseil refusaient cette initiative alors que les Noss auraient quant à eux accepter, ne serait-ce pas perçu comme une injure aux yeux des clans ? Et si cela, à force de compromis non satisfaisant de part et d'autres, alimenter des ressentiments donnant lieu à la situation qu'elle cherchait à éviter ? Elle y avait réfléchi et à chaque fois elle jugeait que le jeu en valait la chandelle. D'ailleurs, elle espérait que les trois elfes lui faisant face lui amènent d'autres questionnements, ceux auxquels elle n'aurait pas encore pensé. Mais cela ne vint pas. D'un accord tacite, elles avaient décidé que la Peth'Idhren ne prononcerait d'avis ou de questions sur ce sujet. Elles allaient y réfléchir et en débattre entre elles dans un premier temps. Ensuite, peut être, daigneraient-elles à lui fournir une réponse claire. Fà'hellwen fut celle qui reprit la parole, sa voix calme et apaisante :

« Nous te remercions de partager les inquiétudes de la Cité avec nous Cinnaeth. Il est rare que tes semblables prennent cette peine. Nous méditerons tes paroles et agiront en conséquence, mais n'attend pas à une réponse rapide. Tu es néanmoins la bienvenue pour rester au sein de la Peth'Idhren le temps nécessaire pour préparer ton voyage de retour vers ta cité. Nous devons néanmoins t'informer de quelque chose, décorréler du sujet précédent. Elle marqua une pause, comme hésitante. C'est au sujet de ta mère.
- La lettre mentionnait un mal étrange qui l'a frappé subitement. Mon père m'a assuré qu'elle se remettait bien de celui-ci.
- T'a-t-il dit la provenance de ce mal ? À ces mots, la Lëandrine fronça les sourcils.
- Non, le sait-il lui même ? Suite au Voile elle a développé une sensibilité et fragilité nouvelle à son environnement.
- Ardryl ne sait la cause de son mal, mais nous si. Nous avons préféré la taire, mais nous croyons qu'elle te concerne directement. Cinnaeth appréciait de moins en moins la tournure de cette discussion.
- Et donc ? Quelle est la source de la maladie de ma mère ?
- Un poison, fait à partir des plumes d'un rapace vivant uniquement dans l'Anaëh. Noble animal domestiqué par un clan bien spécifique : la Min'Nolwë.
- Pardon ? Elle regretta immédiatement sa réaction. Remettre si ouvertement les paroles de la Tempérance en cause faisait preuve d'un manque de diplomatie flagrant. Elle sentit une boule se nouer au creux de son ventre. Était-ce par peur de la potentielle erreur qu'elle venait de faire, ou bien par peur des autres informations qu'elle pouvait entendre ?
- Tu as très bien entendu Cinnaeth. Le poison est produit uniquement par cette Noss, et la flèche que nous avons retrouvé fichée dans le dos de ta mère portait les marques de leur fabrique. Face au silence, et sans nul doute l'air interloqué et perdu de la citadine, Mä'helnoss ajouta : nous n'avons aucune explication de ce geste. Cela était-il censé la réconforter ? Pour toute réponse elle murmura :
- Je vois... »






* Terme employé par Ma'hëlnoss signifiant « renard blanc » pour s'adresser à Cinnaeth.


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MessageSujet: Re: [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir   [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir I_icon_minitimeVen 1 Déc 2017 - 23:56



Entre mère et fille

An 10 du XIe Cycle
Deuxième ennéade de Favriüs

Arkuisa



Le regard de Cinnaeth suivait les mains habiles de sa mère travailler les fils de lin sur le métier à tisser qu'elle avait amené d'Alëandir au moment de son départ de la cité après le Voile. Des mains au doigts longs, agiles et précis, qui volaient inlassablement au dessus de la trame du métier, entrelaçant les fils, façonnant le textile, empreignant une texture, sculptant une tenue.

« Tu as nullement perdu tes talents de tisserande maman, dit-elle, fascinée par le travail de maître qui se déroulait sous ses yeux. Un faible sourire se dessina sur les lèvres de l'interpellée.
- Des années que ces mains répètent cette danse, elles ne sauraient l'oublier. Mais tout le talent du monde ne saurait compenser l'envie... »

Le silence retomba entre les deux elfes. Cinnaeth, le regard dans le vague, n'était pas des plus à l'aise. Ce sentiment de mal-être l'habitait depuis son départ de la capitale, et elle ne pouvait dire qu'il s'était amélioré. Au contraire. L'annonce que lui avait fait les trois Sages du clan sur les raisons de l'empoisonnement de sa mère avait assombri son cœur. Avant cela elle s'était déjà demandé comment quiconque aurait pu considérer sa mère comme une menace et lui décocher une flèche. Mais savoir que cette flèche était l'une de la Min'Nolwë l'avait d'autant plus perturbée. Cela était-il pour autant si étonnant ? Cette Noss avait déjà connu plusieurs accrochages violents avec d'autres du protectorat. Elle était connue pour son hostilité envers les étrangers, les Taledhels devant se trouver en haut de la liste. À la vue d'une citadine errant dans la forêt, la décision de l’agresser avait dû être rapidement prise... Non cela n'avait rien de surprenant. Ce qui la troublait réellement était le doute sur l'identité de la personne ayant commis cet acte. Peut-être était-ce Iolrath ? Elle pinça anxieusement ses lèvres à cette pensée

« Qu'est ce qui te préoccupe autant Cin ? Elle releva subitement les yeux vers sa mère, se maudissant intérieurement d'avoir laissé transparaître une once d'inquiétude sur son visage.
- Rien de bien important...Quelques soucis diplomatiques, rien de plus. »

Elle se força à afficher un sourire rassurant. Pouvait-on vraiment dire forcer ? Elle avait appris depuis tant d'années à faire cet exercice, afficher le masque convenant à la situation, que même si le cœur n'y était pas, les muscles de son visage et de son corps savaient automatiquement adopter la bonne position. Edraelä la regardait avec attention. Rare était les personnes qui arrivaient à percer les déguisements de Cinnaeth, mais sa mère semblait être douée pour cela. Sans doute était-ce lié à la nature même de leur relation, elle qui l'avait vu grandir depuis sa naissance, elle qui l'avait portée en son sein pendant plusieurs mois... La fille détourna la tête vers la forêt, dans le vain espoir de fuir l'examen gênant de sa mère. Quelques secondes s'écoulèrent avant que cette-dernière arrêta son activité au niveau du métier à tisser et porta ses mains au visage de Cinnaeth qu'elle saisit délicatement. Sa peau dégageait une douce chaleur. Elle ramena le visage de sa fille vers elle et planta son regard dans deux puits céruléens. Un regard tendre, bienveillant et... attristé. Cela était un comble que sa mère s'inquiète pour elle. De ce qu'elle avait pu observer depuis son arrivée à la Peth'Idhren, c'était elle qui avait réellement besoin d'aide. Non pas que les membres du clan la traitait mal, Cinnaeth avait été agréablement surprise de remarquer, lors de leur déambulation matinale, que bon nombre des Ornedhels avaient salué sa mère à leur passage. Des saluts pas toujours chaleureux, mais c'était au moins une preuve de reconnaissance. Mais Edraelä ne parlait presque plus et les rares paroles qu'elle prononçait étaient pesantes et n'auguraient rien de bon. En quelques jours, Cinnaeth s'était convaincue que son retour vers un mode de vie originel n'avait en rien soigné le Mal qu'elle avait contracté après le Voile, contrairement à ce que son père avait pu lui décrire par courrier. Peut être avait-elle eu un regain d'énergie à son arrivée, mais celui-ci semblait s'être épuisé, et tout effet positif avait disparu suite à la blessure empoisonnée qu'elle avait reçue. Face à cette situation, la Conseillère se sentait totalement démunie et impuissante... Soutenant le regard de sa mère, elle finit par pousser un soupir suivit d'un léger sourire désolé. Portant ses mains sur celles de sa mère elle lui dit :

« Je m'inquiète pour toi maman...
- Ce qui ne m'étonne pas de ta part. Ton père aussi s'inquiète, même s'il ne veut l'avouer. »

Un silence, une nouvelle fois. Mère et fille se tinrent ainsi mutuellement pendant de longues minutes. Échange chargé en émotion, au cours duquel Cinnaeth eut la désagréable impression que sa mère lui transmettait ses dernières forces. L'arrivée d'une elfe interrompit ce moment. Combien de temps seraient-elles restées comme cela sinon ? Elles ne le sauraient jamais.

Ce n'était pas n'importe quelle elfe qui vint à leur rencontre, mais Fà'hellwen. La Tempérance du clan affichait un sourire apaisant aux deux Taledhels qui se défaisaient de leur étreinte. Cinnaeth lui était des plus reconnaissante, non pas qu'elle mette un terme à ce moment, mais à l'accueil chaleureux qu'elle avait fait à sa mère et aux divers soins qu'elle lui avait prodigués depuis son arrivée. Même si ceux-ci semblaient vains.  

« Je m'excuse de vous déranger ainsi. Cinnaeth, tes affaires sont prêtes pour ton départ selon ton oncle. La dénommée hocha la tête. Aussi Ma'hëlnoss souhaiterait s'entretenir avec toi.
- A-t-elle indiqué la raison ?
- Non, mais elle m'a fait savoir que c'était impératif avant que tu nous quittes.
- Je vais alors aller la voir maintenant. Mon départ doit se faire avant que la nuit ne tombe.
- Très bien. Puis s'adressant à Edraelä : je reviendrais plus tard pour te donner tes concoctions. »

Fä'hellwen les salua avant de disparaître vers le centre de la Noss. Les deux Taledhels se relevèrent et se firent face à face une nouvelle fois. Elle restèrent ainsi quelques secondes avant de s'éteindre. Cinnaeth sentit son cœur se pincer, accompagné d'une forte vague émotionnelle. Elle ne savait dire pourquoi mais elle avait l'impression que cela serait la dernière fois qu'elle verrait sa mère. Après de longues secondes, les deux elfes se séparèrent.

« Tu embrasseras ta sœur pour moi.
- Je ne l'oublierai pas. »

Elle se regardèrent encore quelques instants, puis lui adressant un dernier sourire, sincère celui-ci, Cinnaeth se retourna pour se diriger vers les quartiers de Ma'hëlnoss.

C'était le cœur lourd qu'elle allait à la rencontre de l'aînée de la Peth'Idhren.





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Cinnaeth Kielendar
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MessageSujet: Re: [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir   [Solo] Prévenir vaut mieux que guérir I_icon_minitimeMer 24 Jan 2018 - 23:45



Jamais sans surprise

An 10 du XIe Cycle
Deuxième ennéade de Favriüs

Arkuisa



Mä'helnoss, le visage sérieux, était assise en tailleur au centre de sa tente. Abri dont les tissus étaient tendus entre les racines des arbres donnant lieu à un enchevêtrement original de matières fabriquées et organiques. Oubliant quelques instants l'atmosphère lourde et grave installée dans cet espace, Cinnaeth se demanda si une telle construction pouvait être étendue à l'échelle d'une ville entière... Interrogation offrant des jeux intellectuels et imaginatifs intéressants, mais qui attendrait. Si la Lëandrine avait appris quelque chose dans ses relations avec les Noss c'était bien de dédier toute son attention à son interlocuteur.

« Mä'helnoss, vous avez demandé à me voir » Dit-elle en inclinant respectueusement la tête vers son aînée.
« En effet, assis-toi. » La sage lui indiqua de s'installer face à elle et Cinnaeth s'exécuta. Elle remarqua que deux godets remplis d'un liquide rougeâtre étaient disposés entre elles deux. Peut-être l'aînée avait remarqué la fugace expression interrogatrice sur le visage de la citadine, elle ajouta : « Ceci est une infusion d'Indils rouges poussant au pied de Nísalda. » Cinnaeth cru avoir mal entendu.
« Je ne voudrais pas vous manquer de respect Mä'helnoss, mais ceci n'est-il pas du Ysaldil, boisson réservée aux membres de ce clan ? »
« En effet. J'observe que prêtes attention aux paroles que nous t'adressons. »

Boisson apparaissant comme sacré aux yeux de la citadine. Et, également un alcool fort pensa-t-elle. Ceci n'était pas nécessairement le meilleur choix de boisson avant de prendre la route au sein de la forêt d'Anaëh. Outre cela, la Lëandrine trouvait le geste des plus étranges et elle avait l'intime conviction qu'une volonté certaine se cachait derrière cela. Est-ce que cela avait un quelconque lien avec la révélation que les trois dirigeantes de la Noss lui avait livré la veille ? Ou bien Mä'helnoss souhaitait-elle obtenir quelque chose par ce geste ? Comprenant soudainement qu'elle n'était pas en terrain totalement amical, Cinnaeth reprit sa contenance et les codes qu'elle utilisait en sa qualité de diplomate. Elle pèserait avec attention chacun de ces mots.

« Il serait des plus irrévérencieux de ma part de ne pas prêter sincèrement attention aux traditions de la Peth'Idhren que vous et les autres membres de la Noss partagez avec moi, Mä'helnoss. Il va sans dire que vous me faites un réel honneur si ce verre m'est destiné » La Parole de la Peth'Idhren ne l'avait pas quitté du regard, elle répondit.
« Serait-ce réellement un honneur ? »
« Comme tout geste bienveillant envers un étranger de la Noss, qui plus est si celui-ci est originaire des Cités. »

Un silence s'installa. Après quelques instants, Mä'helnoss détourna son regard vers le récipient contenant le précieux liquide, le prit et le souleva.

« Alors savourons ce breuvage Cinnaeth. » L'interpellée imita son aînée qui prit quelques gorgées avant de reposer le godet au sol. Le liquide avait un goût parfumé aux notes acidulées. « Et je ne peux qu'espérer que ces marques de respect soit réciproque. »

Nous y voilà... déjà ? Cinnaeth, reposant son godet, releva le visage vers Mä'helnoss, lui affichant un sourire radieux, bien qu'au fond elle trouvait la tactique à la limite du haïssable. Elle sentait un filet aux mailles grossières se refermer sur elle, et ne sachant ce qui lui allait être demandé, elle n'avait de choix que de jouer le jeu de son aînée. Utiliser un tel breuvage pour l'amadouer et flatter son égo... Il y avait de quoi la mettre hors d'elle. Sentiments qui ne transparaissait nullement dans son attitude, et encore moins dans sa voix :

« Il va sans dire que ce respect est mutuel. » Elle n'ajouta rien, attendant que son interlocutrice s'expose.
« Alors, si cela est réellement, je suppose que je peux te solliciter pour un quelconque besoin du clan ? »
« Vous le pouvez. » Cela ne signifiait pas qu'elle répondrait à la sollicitation. Voyant que la Lëandrine ne comptait offrir aucune brèche dans laquelle s'engouffrer, la Parole reprit :
« Alors écoute cela, une demande de la Parole elle-même au nom de la Peth'Idhren. Un de ses membres souhaite aller vivre dans votre capitale de pierre blanche, centre de votre monde Taledhel. Je souhaite que tu veilles sur ce membre. »

Cela était... inattendu. Surprise toute naturelle dont Cinnaeth joua. Relevant légèrement ses sourcils et agrandissant ses yeux, elle fit mine de ne pas avoir réellement compris la requête de Mä'helnoss.

« Je vous demande pardon, Parole, mais me demandez-vous d'accompagner ce membre de la Peth'idhren pour une quelconque mission dans la capitale ? »
« Non, suivre l'un des nôtres dans ses emplettes à Alëandir n'aurait pas beaucoup de sens. Je parle bien d'y vivre. » Elle insista particulièrement sur ce dernier mot. « Un engagement bien plus important que celui d'une journée. Il pourrait être celui d'une vie. » Cinnaeth retint un sourire victorieux. S'apercevant trop tard de l'erreur qu'elle avait pu commettre, Mä'helnoss se raidit imperceptiblement. Savourant ce moment, Cinnaeth laissa planer un silence, choisissant avec soins les mots qu'elle allait prononcer par la suite. Elle avait une occasion de mettre quelque chose au clair, qui lui tarauderait l'esprit sinon.
« Ce serait avec plaisir que j'assisterai toute personne de la Peth'Idhren dans ses affaires dans la capitale. Ceci dit, chaperonner un individu est une toute autre charge, qui me sera difficile d'assumer en vue de mon poste dans la capitale, point auquel vous avez sans nul doute pensé avant de formuler cette demande. Pourtant, en vue de la bienveillance que vous me portez, ainsi qu'à ma mère, je peux tout aussi difficilement rejeter votre souhait. Me voici donc dans une position bien délicate, déchirée entre le profond respect que je porte à la Peth'Idhren et la réalité de mon quotidien... Par conséquent, j'aimerais également formuler une demande. » Gardant un visage neutre et grave, la Parole répondit :
« Je t'écoute. » La Lëandrine marqua un temps de pause, un doute la saisissant. Sa demande allait-elle être considérée comme déplacée ? Elle chassa cette incertitude et dit avec résolution, regardant droit dans les yeux son aînée :
« Vous m'avez appris les responsables de la blessure de ma mère. Un clan qui prend soin de ne laisse de trace et qui n'a que très peu d'attache avec les autres clans, pour ne dire aucune... Si j'accepte de prendre sous mon aile un membre du clan de la Peth'Idhren alors je demande le droit de savoir comment me rendre auprès de la Min'Nolwë. » Mä'helnoss lâcha une exclamation où une pointe de dédain était perceptible. Elle répondit froidement.
« Il est regrettable que malgré la proximité que tu as pu entretenir avec certain membre de ce clan tu n’aies rien appris à son propos, car si tu l'avais, alors tu saurais qu'il m'est impossible de répondre à ta requête. »
« Alors je crains que je ne puisse répondre favorablement à la votre. »

Ces derniers mots étaient sorties touts seuls, peut être même un peu trop vite. Même si elle ne voulait l'avouer, apprendre la vérité, savoir la raison de l'attaque de sa mère, savoir qui avait décoché la flèche, lui tenait à cœur. Paradoxalement, elle craignait aussi ce que cette vérité pouvait révéler. Mais l'idée de rester dans le noir pour l'éternité lui était encore plus insupportable.  

Un lourd silence s'était installé entre les deux elfes. Il était rare que Cinnaeth s'opposait aussi ouvertement à Mä'helnoss. Non. En réalité c'était la première fois qu'elle lui refusait quelque chose pleinement et simplement. Toutes deux s'évaluaient. Se faisant, la Lëandrine réalisa que Mä'helnoss avait toujours été d'une grande bienveillance envers elle et l'avait même protégée mainte fois par le passé, notamment lors des épisodes de commerce avec les autres clans du protectorat. Jamais la Parole ne l'avait scrutée avec autant d'intensité, examinée de la même façon que tout autre interlocuteur externe à la Peth'Idhren. Cinnaeth se sentait-elle blessée de la chose ? Pas le moins du monde. Au contraire, elle en tirait une certaine fierté : Mä'helnoss la considérait sérieusement et non plus comme une enfant perdue de la Cité. Pourtant cette reconnaissance de maturité pouvait avoir deux tranchants. Le tout était de savoir lequel s’abattrait aujourd'hui. Cet affrontement silencieux se prolongea de longues minutes. Mä'helnoss fut celle qui le brisa, répétant d'une voix dont la dureté était érodée par la lassitude :

« Je te le répète Cinnaeth, je ne peux accéder à ta demande. Pour ton propre bien. »
« Je vous remercie de vous souciez de mon bien-être. »
« As-tu pensé à la façon dont tu serais accueillie si tu te rendais auprès de la Min'Nolwë ? »
« Je pencherai en premier lieu pour une salve de flèche, qu'en pensez-vous ? » Un long soupir agacé fut la première réponse qu'elle reçut.
« Je peux te promettre que cela serait le plus doux des châtiments qui t'attendrait. Je te prie de renoncer à ton désir de rencontre cette Noss. »
« Je n'étais pas consciente du soucis que vous vous faisiez pour moi. » Elle remarqua l'espace de quelques secondes une expression troublée sur le visage de son aînée. Avait-elle touché une corde sensible ? « Il est donc étonnant que, par le passé, vous m'ayez laissé lier d'amitié avec un membre d'une Noss si dangereuse. »
« Je me rappelle t'avoir mise en garde, tu étais libre de l'écouter ou non. » Le regard perçant de la vieille elfe se posa sur Cinnaeth. « Est-ce donc seulement à cause de lui ? » Elle continua face à la sincère expression de surprise s'étant dessiné sur le visage de la Lëandrine qui ne s'attendait pas à ce que Iolrath soit aussi expressément sous-entendu. « Bon sang Cinnaeth ! Crois-tu que l'âge m'ait fait devenir aveugle ? Nombre de choses sont évidentes à qui sait observer. » Il était inutile de jouer les faux-semblants.
« Alors si vous avez une réponse, peut être accepteriez-vous de la partager. »
« La flèche aurait pu être décochée par Iolrath comme par tout autre membre de la Noss. Et elle aurait été décochée que ce soit ta mère ou tout autre elfe, qu'importe son origine. Et tu subiras le même sort sans qu'il bouge le petit doigt si tu t’aventures trop prêt de la Noss. »

Cinnaeth se sentit abattu à l'écoute de ces paroles revêtant une dure vérité. Mä'helnoss avait raison. Qu'aurait-elle fait une fois près de la Min'Nolwë ? La Lëandrine se mordait l'intérieur de la joue, mise face à sa propre naïveté frôlant la naïveté. Mais ce qui créait une encore plus grande détresse en elle était le fait de ne pas comprendre la raison d'un tel geste. Brisée, elle murmura en un souffle regardant vaguement le liquide rouge restant au fond de son godet.

« Pourquoi ? »
« Il n'est pas de mon ressort de t'éclairer là-dessus. »

Cinnaeth fronça les sourcil et releva brusquement la tête vers son aînée, qui crut l'espace d'un instant que la Taledhel allait perdre toute contenance et exploser. Ce fut le contraire, ou presque. La colère de l'elfe aux cheveux d'argent était perceptible dans sa voix, mais aucun de ses mots furent plus haut l'un que l'autre :

« Très bien, si le mot d'ordre de toute Noss est le secret, qu'il en soit ainsi. En se cloîtrant ainsi dans ses croyances pour les uns ou dans ses murs pour les autres, qu'il ne soit pas étonnant de voir éclore ci et là des tensions avec les Cités. Mais qu'importe, je ne m'arrêterai pas à cette façon de voir et vivre le monde. Je porterai même toujours la démarche inverse pour démontrer que l'échange entre ces mondes différents ne peut être que bénéfique. L'un de la Peth'Idhren souhaite venir à Alëandir ? Qu'il soit le bienvenu. En ma qualité de Conseillère en charge des relations entre Noss et Cité, je me veillerai à ce que ses besoins soient satisfaits. »

N'attendant même pas de réponses de la part de Mä'helnoss, Cinnaeth se releva d'un bond gracieux et salua respectueusement son aînée avant de faire volte-face pour se diriger vers la sortie de la tente. Elle était prête à franchir la tenture lorsque la voix de la Parole s'éleva et la retint.

« Cinnaeth, je te remercie sincèrement. Tu oublies une chose pour autant avant de partir. »

La plus jeune se retourna vers la vieille elfe qui s'était levée à son tour et s'approchait d'elle, les deux godets à la main. Elle lui tendit le sien :

« Toujours finir le don offert par son hôte. »

Interdite, Cinnaeth prit tout de même le gobelet en main, le porta à ses lèvres quelque peu incertaine et finit par vider le contenu. Elle fut surprise que le goût de l'Ysaldil était étrangement amère, bien différent de celui qu'elle avait eu en bouche quelques instant auparavant. Étonnement qui n'échappa pas à la vieille elfe :

« L'Ysaldil n'a pas un goût unique, il en revêt une multitude infini, reflet des émotions et du souffle de chacun. Il évolue à chaque gorgée. »
« Et je vous remercie pour m'avoir permise de savourer cette boisson unique dans toute l'Anaëh. » Elle s'apprêtait de nouveau à sortir lorsque Mä'helnoss la coupa de nouveau dans son élan.
« Iola est celle qui viendra avec toi à Alëandir. Elle t'attend auprès de Saeweth. » Cinnaeth serra la mâchoire tout en étudiant de son regard céruléen la Parole. Elle avait l'intuition que cette dernière n'en avait pas terminé. Intuition qui se révéla juste. « Je t'ai dis que je ne pouvais te révéler comment aller auprès de la Min'Nolwë. Ceci dit, je peux leur transmettre un message si tel est ton souhait. »

Cinnaeth lâcha la tenture en entendant cela, sa colère s'apaisant. Elle ne s'attendait pas à cette proposition, et elle ne savait réellement quoi répondre. Elle venait tout juste de tirer un trait sur cette histoire. Préférant rester sur un terrain neutre, elle répondit :

« Si cela peut porter préjudice à la Peth'Idhren, il est préférable de ne rien faire. »
Contre toute attente, Mä'helnoss lui répondit avec un sourire. Chose rare, extrêmement rare.
« Il est louable de ta part de te soucier du sort de la Peth'Idhren et j'en prend note. Mais ici, c'est de toi dont il faut te soucier. »
« Ne souhaitiez-vous pas il y a de ça quelques instants que j'abandonne cela, que je le mette de côté et l'oubli ? »
« L'oubli n'a jamais rien apporté de bon au Vieux Peuple, souviens-toi de cela. Ton désir de vérité est légitime. Je te déconseille la façon dont tu souhaitais initialement le poursuivre. Je t'offre cependant un autre moyen dont je ne peux garantir les résultats. Alors, veux-tu transmettre un message à la Min'Nolwë ? »

Cinnaeth réfléchit quelques instants. Si elle décidait de ne pas donner suite à la proposition de la Parole, alors ne s'enfermerait-elle pas elle-même dans son propre prisme de ressenti ? Chose qu'elle abhorrait particulièrement chez ses concitoyens lorsqu'ils en venaient à par les des Noss... Un message était mieux que rien...

« Informez la Min'Nolwë que la capitale a eu vent de l'incident s'étant produit sur l'un de leur ressortissant, qui n'était pas armé et qui, à priori, n'avait aucune intention belliqueuse. Dites leurs que nous souhaitons comprendre la raison de cet acte et que la Conseillère Cinnaeth Kielendar, en charge de veiller aux bonnes relations avec les Noss du protectorat, se tient prête à ouvrir un dialogue constructif à ce sujet. »
« J'enverrai tel quel ton message alors. Je te souhaite un bon voyage de retour dans ta cité de pierre. »
« Aurevoir Mä'helnoss. »









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