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 Soyez généreux et donnez, la garde ne saurait vous retenir.

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Louis de Saint-Aimé
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MessageSujet: Soyez généreux et donnez, la garde ne saurait vous retenir.    Soyez généreux et donnez, la garde ne saurait vous retenir.  I_icon_minitimeMar 9 Jan 2018 - 22:33




Barkios

« Trois fois hourra pour le gros Bertrand! Hourra hourra hourra! » Hurlèrent les soiffards dans un bacchanal des plus étourdissants. C’est qu’à voir les principales artères et autres venelles attenantes illuminées par les flammes dansantes d’une foultitude d’oupilles, on pourrait presque s’attendre à ce qu’une jacquerie sévisse dans les bas quartiers. Il n’en était pourtant rien et pis encore, c’était là tout l’inverse! Voilà une nuitée de ribote, où s’égosillaient presque fraternellement un balluchon d’haridelles et de pétrousquins ! Aussi bien vous dire que le ton ne se portait guère à débagouler poèmes et autres lucides jactances. Non, plutôt, les fûts se firent transpercer de parts et d’autres afin que les boit-sans-soif s’abreuvent à la source! Sur de grandiloquents bûchés rôtissaient à la broche des pourceaux et d’avenantes poulardes –moins avenantes maintenant-. Sur la chaussée, la roture était devenue saltimbanque et danseur. Bien que plus la soirée avançait, plus l’alcool s’écoulait et par conséquent, tôt ces artistes n’en devinrent que de risibles matassins.

Qu’à cela ne tienne! Tant que les petites genses se déridaient et se bidonnaient, tous y trouvaient à peu près leur bonheur. Hélas, certaines âmes malintentionnées se préservaient de toute eau de vie et d’aguichante compagnie, en prévision d’autres desseins. La lune trouva son zénith au fur et à mesure que se desséchait les tonneaux et que s’enivraient les convives. Aussi aisément qu’on grappillerait la sucette à un poupon, le crime pouvait sévir. Les effectifs de la garde amoindries, la vigilance d’iceux altéré par leurs quarts de travail excessif, les escogriffes pouvaient librement laisser s’épanouir leur lubies les plus malhonnêtes et souventefois bien tordues.

Au détour d’une ruelle illuminée de quelques lanternes agonisantes, plusieurs bons vivants cherchaient à tâtons le chemin du retour jusqu’à leur paillasse. À tâtons car la luminosité chichement exposée ne suffisait guère, mais aussi car pour ces quatre paires de yeux, seules deux mires étaient dans le même trou. C’est-à-dire que l’homme tenait à peu près solidement sur ses échasses, tandis que ses trois sac-à-vin menaçaient de s’écrouler à la moindre bourrasque.


« J’entends dans votre giberne quelques pièces qui n’ont pas été bues. Il se trouve que j’ai grand soif, alors, messieurs, faites péter le pactole! » Menaça un homme sorti des ténèbres, encapuchonné comme une faucheuse, la rapière à l’air libre et pointée en leur direction.

« Euh bah eh … C’est que, oui, toute suite … Faut voir … » Balbutia environ le grand gaillard prêt à se défendre s’il le fallait, au vu de ses poings qui s’étaient raffermis. Le spadassin n’entendait pas entamer des négoces plus complexes, puisqu’il embrocha céans l’un des pochards, tandis que deux autres coupe-jarrets se glissèrent derrière les déveinards pour leur sectionner la glotte. Les corps chauds gisaient contre le pavé, qu’il ne fallut aux trois siphonneux que quelques secondes pour leur faire les poches. Iceux appesanties par le blé, s’en allaient dare-dare conquérir une nouvelle ruelle, là où derechef ils pourraient écourter la vie de ceux qui ne désiraient guère faire vœu involontaire de pauvreté.




Dernière édition par Louis de Saint-Aimé le Lun 26 Fév 2018 - 23:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Soyez généreux et donnez, la garde ne saurait vous retenir.    Soyez généreux et donnez, la garde ne saurait vous retenir.  I_icon_minitimeJeu 1 Fév 2018 - 5:52




                       Théodrick


Le crâne planqué dans ses deux paumes de main réunies, Théodrick cherchait désespérément le sentier à emprunter afin de semer pour de bon les soucis qui l’esquintaient. À son départ pour les terres du milieu, le chef de la milice urbaine l’avait nommé comme second. Son mandat, d’une simplicité éloquente, était de préserver la paix dans grandiose Cantharel. Les troupes éloignées de leur nid, les familles dépouillées de leurs père ; voilà une table dressée au banditisme et forte alléchante de surcroît ! Tranquillement mais sûrement, ce rôle d’une importance capitale, commençait à lui glisser au travers les doigts. Les quartiers étaient trop vastes, les ressources disponibles afin d’assurer leur protection, trop faibles et le long hiver n’aidait certes en rien! Restés encabanés pendant deux interminables mois, à pelleter jour et nuit afin d’empêcher leur nid familial de devenir tombeau pour les leurs, pour sûr qu’une fois le beau temps arrivé, tous se donneraient à cœur joie pour la ripaille! La roture avait, de surcroît, une forte proprension à fêter la moindre occasion qui se présentait à elle comme un bon présage. Des giboulées pour leurs légumes nouvellement plantés, un abondant ensoleillement pour le battage des foins, l’engrossement de leur femme, ne non-engrossement de leurs maîtresses … C’est en soupirant profondément et d’une manière abattue, que notre second de la milice se fit interrompre d’une vilaine claque au grand dorsal. Manquant cracher l’un de ses poumons, Théodrick se retourna sitôt remit de ses émotions vers le coupable de cette fustigation gratis.



« Sangdieux! Prévient plutôt que frapper, coquebert! »

« Tu avais les yeux à la renverse, tant tu étais songeur. Quoi, tu pensais à ta jolie Nanette? T’inquiète, tu la reverras à la fin de ton quart de boulot, dans deux jours à peine! »

« Non, non, rien de ça … C’est ces montées de violence qui m’exaspère. Nous perdons le contrôle, mon ami, et je ne dois cela qu’à mon incompétence à gérer la crise. »

« Fol dingo! Crois-tu pouvoir faire des miracles? Par le braquemart d’Arcam, je jure que si nous étions le double, nulle truandraille n’ôserait lever le moindre petit doigt, de crainte de se le voir confisqué et forcé de l’avaler tout rond! Ahhhhh ça oui! » Lança-t-il à la rigolade, tout en prenant place à ses côtés.

« Tu blasphèmes mon ami! Attention à ce que tu … » Son regard changea, du tout au tout, comme si une illumination s’était manifestée devant ses yeux grands ouverts. « Tu as raison, cet échec que nous tâchons d’essuyer ne relève pas de l’incompétence de nos hommes, mais de leur sous-nombre! Nous ne pouvons pas être partout à la fois! J’ai vu tout juste hier, un rapport qui signifiait le retour de l’Ordre des Valeureux de leur voyage au prieuré de Saint-Aimé. Trouves-moi où ils se trouvent, il me faut m’entretenir avec eux séance tenante! »



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