| | On n'oublie pas d'où l'on vient [RP solo à deux] | |
| | Auteur | Message |
---|
Arnaud de Stern
Humain
Nombre de messages : 12 Âge : 33 Date d'inscription : 26/02/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 25 ans Taille : 1m82 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: On n'oublie pas d'où l'on vient [RP solo à deux] Mar 15 Mai 2018 - 10:21 | |
|
En la dixième année du onzième cycle, Troisième ennéade de Verimios - premier mois d'été, Le huitième jour,
« Alors c’était vrai ! Sacré bon sang d’une sacrée pute, je crois que plus rien ne m’étonnera jamais », tonna Arnaud en pénétrant dans la salle.
Comme la plupart des pièces du Palais des Dômes, la salle où se tenait le Grand Chancelier du Royaume – et accessoirement le comte d’Arétria, pour peu qu’il s’en souciât encore – était vide de mobilier. Roderik de Wenden, le mort le moins mort qu’Arnaud ait jamais vu, se tenait là, debout, entre deux chevaliers qu’il congédia d’un geste. Arnaud en fit autant de sa propre escorte ; l’échange serait informel et intime. C’était mieux pour la franchise de la conversation, et Arnaud adorait la franchise ; il avait entendu dire que Roderik également, mais après un an passé dans le sud, qui pouvait se targuer de connaître encore le fils de la malelande ?
« Il faut qu’on parle, lança simplement Roderik, sibyllin, lorsqu’ils furent seuls. - Oui, ricana Arnaud. Oui, je crois bien. En même temps c’est pour ça que vous m’avez envoyé chercher, hein ? Bah je suis là. - Et je suis content de vous voir. J’avais peur que vous soyez déjà reparti dans le Nord. - Ah, ça, ça s’est joué à peu de choses ! Cette… enfin, votre sœur, là, elle nous a laissé en plan depuis le début, et je me suis retrouvé à faire le pet à Diantra, pensant qu’elle nous y rejoindrait, mais elle n’est jamais venue. Et là, alors que les hommes commençaient vraiment à en avoir plein les bottes – et je reste poli - et qu'on allait regagner nos pénates, qui réapparaît tout à coup ? Vous, Roderik. Vous que l’on croyait englouti dans les eaux, servant de nourriture aux poissons. Vous qui avez laissé votre femme se faire embastiller par Ewald de Karlsburg ; vous qui nous avez laissé mener vos guerres à votre place, et qui n’avez même pas pris la peine de nous informer que vous étiez en vie. - Je sais tout cela, Arnaud. J’ai conscience des malentendus qui… - Des malentendus ! Ah, celle-là, je l’aurais pas tentée. - Maîtrisez-vous, Arnaud. Vous oubliez à qui vous parlez. - Oh, je sais très bien à qui je parle, moi ; je crois plutôt que c’est vous, Roderik, qui avez oublié qui vous étiez. »
Le ton d’Arnaud était chargé d’une rancune trop longtemps contenue. Il avait enduré les humiliations d’Aliénor, la sœur de Roderik, qu’il était censé épouser ; la garce avait profité de la disparition du grand frère pour n’en faire qu’à sa tête, et traiter Arnaud comme un imbécile, faisant fi des projets d’alliance de son aîné. Pire, elle avait fait du charme à Louis de Saint-Aimé, sans la moindre discrétion, se fichant bien de faire passer Arnaud pour le dernier des demeurés. Où était Roderik pendant tout ce temps, puisqu’il n’était pas mort ? Pourquoi n’avait-il pas pris les choses en main, pourquoi n’avait-il pas empêché Aliénor de faire le mal qu’elle s’était causée à elle-même ?
|
| | | Roderik de Wenden
Ancien
Nombre de messages : 1133 Âge : 33 Date d'inscription : 25/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 27 ans (né en 982) Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: On n'oublie pas d'où l'on vient [RP solo à deux] Lun 28 Mai 2018 - 17:31 | |
|
« Je n’oublie rien, avança Roderik. J’ai eu vent des griefs que vous portez contre ma sœur. On peut en parler, mais gardez-vous surtout de me manquer de respect. » Le ton était ferme, mais il restait calme. « Au cas où la mémoire vous ferait défaut, je suis toujours le comte. - Je respecte les hommes d’honneur, comte, répliqua Arnaud avec une pointe d’ironie. Et si quelqu’un a fait injure à votre honneur, ce n’est certainement pas moi ; cherchez une rousse un peu foldingue, et vous aurez votre coupable. »
Roderik avança d’un pas, le visage sévère. Arnaud ne broncha pas, et demeura planté là, droit comme un i, faisant face au comte et soutenant son regard.
« Quelle que soient vos différends, c’est la dernière fois que vous insultez Aliénor devant moi, Arnaud. » Il serra la mâchoire, fronça les sourcils, et ajouta d’une voix dure : « et ce jour où vous avez levé la main sur elle fut également le dernier. - Je devrais vous lécher les bottes en même temps que les siennes, avaler l’insulte et fermer ma gueule, hein ? Vous fréquentez trop les suderons, Roderik. Si elle n’avait pas été votre sœur, je ne l’aurais pas simplement giflée lorsque je l’ai vue conter fleurette à un autre ; je lui aurais fait passer le goût du pain, croyez m’en, mais sans toutefois abîmer son joli minois, je vous rassure. » Il esquissa un sourire carnassier. « Il paraît que vous aviez la main un peu lourde vous aussi avec votre première épouse, celle d’avant Iselda ; comment qu’elle s’appelait, déjà ? Attendez, ça me revient… »
D’un geste brusque, Roderik empoigna Arnaud qui se retrouva en un rien de temps dos au mur. Le sang lui était monté aux tempes, et n’eut été la pénombre, le visage du comte serait apparu couleur pourpre ; ses lèvres tremblaient de rage, ses yeux débordaient de haine. Arnaud ne cilla pas, ne détourna pas les yeux, mais y perdit malgré tout de sa superbe.
« Ne me parlez jamais plus d’elle, et ne prononcez même pas son nom », l’avertit Roderik. « C’est compris ? - Sinon vous me tueriez, Roderik ? Même si vous en aviez le cran, vous n’en auriez pas la bêtise. Vous êtes plus fin que ça. - Et qu’ai-je à y perdre ? Ne suis-je pas déjà mort ? Si la déesse noire m’a rendu au monde des vivants, elle ne se formalisera pas de ce que je lui cède une ou deux âmes en retour. - C’est de la forfanterie, votre canular ; je n’en crois rien. » Le ton était hésitant, toutefois. « Personne ne revient des eaux noires de la Voilée, personne. - Je pourrais pourtant vous parler de ce que j’ai vu, Arnaud. » Roderik lâcha le Sternois, et se mit à conter son épopée mystique : « la lame de fond qui fit chavirer le navire, la morsure glacée de l’eau de mer en plein hiver, l’eau qui emplit mes poumons et me fit endurer les affres de la noyade ; le néant au fond des mers, jusqu’à ce que surgisse cette nef d’un noir plus noir que la plus sombre des ténèbres. Il n’y avait nulle lumière, nulle couleur, si bien que je me suis cru aveugle, et pourtant, j’ai vu cette main décharnée me tirer des eaux pour me hisser à bord du vaisseau. J’ai vécu entre les deux mondes, Arnaud, attendant l’arrêt de la déesse indécise. Je sentais contre moi le souffle des disparus avec autant d’acuité que vous me soufflez votre haleine dégueulasse dans le nez, figurez-vous. » Arnaud détourna la tête, un peu gêné. « J’ai souvent senti la présence de ceux que j’ai perdus, mais je ne pouvais ni les voir, ni les entendre, car je n’étais pas tout à fait avec eux. Ma captivité dans le séjour des âmes égarées a duré plusieurs mois, vous savez ; sur le moment, elle m’a paru durer plusieurs éternités. Tout est plus long dans le séjour de la Voilée. »
Arnaud avala sa salive. L’homme n’était jamais le dernier à crâner devant ses semblables, mais ne fanfaronnait pas lorsque l’on évoquait les dieux.
« Comment êtes-vous revenu, Roderik ? Et… pourquoi ? Pardon, mais bordel de pute, pourquoi vous ? - Je ne peux pas répondre à une question pour laquelle je n’ai pas la réponse, Arnaud. Suis-je l’objet d’un marchandage entre la DameDieu et la Voilée ? Je n’aurais pas la prétention de me donner une telle importance », avança-t-il avec une superbe fausse modestie, car s’il se gardait d’affirmer la chose, il se gardait tout autant de l’infirmer. « Peut-être les dieux ont-ils un projet pour moi. Je ne sais ce que je dois faire ; je m’efforce seulement de faire en sorte de pouvoir l’accomplir le moment venu. Bien des épreuves m’attendent, Arnaud, bien des défis seront à relever à l’avenir ; et je n’ai nul besoin de me faire des ennemis parmi ceux qui devraient être mes amis. »
Arnaud acquiesça. Assagi, et plus mesuré, le Sternois reprit dans un registre plus conciliant :
« Je ne vous ai jamais considéré comme un ennemi, Roderik, mais… enfin, elle fait chier, l’autre, là, votre sœur. Tout était supposé bien se passer. Tout avait été arrangé avec mon grand-père. Elle aurait pu faire un effort… - Ma sœur peut se montrer redoutable, et les dieux savent que grandir à ses côtés m’occasionna bien des maux de tête », tempéra Roderik. « Mais c’est un être authentique. Elle est forte, profondément indépendante, et elle a en elle une grande sagesse. » Il haussa les épaules. « Bon, je n’imaginais pas qu’elle s’amouracherait ainsi du jeune faon, cela ne lui ressemblait guère… mais ma disparition l’a sans doute amenée à se sentir très seule. Vous n’avez pas su trouver les mots pour lui offrir votre soutien, Arnaud, si bien qu’elle a été le chercher ailleurs. - L’adultère n’est pas excusable, répliqua Arnaud. - Il n’y a pas eu adultère ; rien ne s’est passé. - Il aurait pu se passer quelque chose, et puis, elle m’a trompée en pensée. »
Mon pauvre ami, songea Roderik, si tu imaginais combien de fois ta future, qui qu’elle soit, te trompera en pensée.
« J’ai donné ma parole au seigneur Arnoul que les maisons de Wenden et de Stern s’uniraient, et je suis toujours lié par ce serment », affirma Roderik. « Allez le cœur léger, et ne gardez pas rancune de cette histoire, Arnaud ; sachez que je vous renouvelle ma confiance. Je vous confie, à vous et Leudaste, la tâche de ramener nos hommes au pays, puisque la guerre du Médian est achevée. J'ai encore des choses à mettre en ordre ici, mais je m'en viendrais bientôt vous retrouver, et parlerai de vive voix avec votre grand-père afin d'apporter à cette affaire la solution qu'il faut. »
|
| | | | On n'oublie pas d'où l'on vient [RP solo à deux] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |