[Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer

Julas de la sixième ennéade de Karfïas
Onzième année du Onzième Cycle
Bordures de l’Aduram

Tes yeux s’ouvrent lentement sur le bois clairsemé des frondaisons de l’Aduram. Ta peau frissonne sous la fraîcheur matinale, particulièrement pesante en ce jour. Geste rituel du lever, tes doigts puisent dans la lourde atmosphère pour l’alléger de ses vapeurs. Une langue aqueuse vient arracher les restes de la nuit de la surface de ta peau, et puis tu la rends à l’air trop pesant. Geste rituel du lever, tu enfiles le métal, le cuir, les fourrures, les peaux, les feuilles, le bois tressé, les bijoux d’or et d’os avec une pensée pour chacune des créatures les ayant porté avant toi. Fusse en tant que peau ou en tant que parure. Geste rituel du lever, tu prends quelques minutes pour t’étirer, à la faveur de l’éternelle complainte de la forêt maudite.

En même temps que les tambours de la Dissonance, ton ventre gronde, et te tire plus profond sous les frondaisons de l’Aduram. Ici autour des frondaisons les créatures sont moins retorses, plus craintives, mais moins réactives. En tant que prédateur toi aussi, il t’est bien aisé de comprendre pourquoi les monstres des profondeurs de la forêt, depuis le Voile, se jettent ainsi sur les habitants des bordures. Sur les bordures, les proies sont plus faciles.
Déjà si tôt le matin, comme en confirmation à tes pensées, tu croises la route de quelques pauvres bûcherons, avançant la peur au ventre vers un travail qui s’il les nourrit, risque de faire d’eux de la nourriture. Et pendant quelques temps, tu les suis. De même font les oiseaux. De même font les rongeurs. Les petits animaux s’amassent autour du convoi avec la même discrétion que celle avec laquelle tu te déplaces, cherchant la sécurité auprès de la menace potentielle que représentent les humanoïdes pour leurs prédateurs.

Mais sans le savoir, ils t’offrent un terrain de choix.
Parce que tu ne fais pas partie des bûcherons.

Les crocs encore plantés dans le gibier, perché sur ta branche, tu attends. Tu manges lentement, prenant le temps de déguster comme tu ne te le permets que rarement. Ils devraient bientôt arriver. Et la nature n’était pas prête à bien les accueillir aujourd’hui. Le soleil est déjà bien monté, mais l’air est de plus en plus lourd, et la lumière ne perce pas. Si ni l’odeur du sous-bois, ni la chaleur remontant de la terre ne te trompent, la pluie devrait bientôt se mettre à tomber.

Nehril quitta la caserne lorsque l'aube pointa son nez par-dessus les baraquements. Il avait dormi seul, méditant sur le voyage qui l'attendait dans les bois hanté de l'Aduram. Le roi et le magicien semblaient loger dans une autre section de la caserne, ce qui leur permettait une plus grande intimité. Quant à l'homme qui répondait au nom de Dante, il n'en avait aucune idée.

Le semi-elfe laissa courir son regard le long des édifices silencieux : les pierres blanches se teintaient d'ocre et une brise légère s'était levé, faisant virevolter sa longue cape sombre. Quelques marchands téméraires titubaient le long des ruelles et, de leur paupière alourdie par la fatigue d'une nuit inachevée, ils installaient leur étal à grand renfort de jurons. Des ivrognes sillonnaient également les rues, tenant des propos incohérents et dégurgitant leur maigre repas à l'ombre des arbres.
Nehril vérifia que la monture que lui avait confiée Glenn était toujours bien harnachée puis il attacha ses provisions sur la selle, qui ne se résumait qu'à quelques fruits charnus ainsi que des céréales, de la viande séchée ainsi que des herbes susceptibles de parfumer l'aigreur de leur future pitance. La forêt étant maudite, le mercenaire se doutait bien qu'elle serait avare en denrées élémentaire, la faune et la flore étant corrompu par la Dissonance.

La veille, Nehril avait prévenu le roi qu'il partirait en avance. Il souhaitait voir la forêt avant que le jour n'est totalement envahi les lieux. Il voulait écouter l'appel plaintif de l'Aduram sans le fracas des sabots et le hennissement des bêtes.

Finalement prêt à partir, il fit jouer une dernière fois son arme dans son fourreau, avant de sauter en selle. La bête que lui avait fournie Glenn était récalcitrante, elle se cabrait, s'ébrouait afin de manifester son mécontentement. Le semi-elfe la calma en lui susurrant des mots elfiques à l'oreille tout en la guidant brièvement des hanches.
Il parvint à prendre la route quelques instants plus tard, talonnant sa monture afin de jauger son endurance. La jument était énergique, le mercenaire le lui accorda. Elle avala les premiers kilomètres avec aisance sous les encouragements de Nehril qui caressait son poil lustré.
Les heures se succédèrent et la forêt apparue progressivement, et avec elle un certain picotement derrière la nuque du mercenaire. Les arbres élancés prirent peu à peu forme, leur tronc noirâtre semblant jurer avec la profondeur bleutée du ciel. Nehril leva alors ses yeux vers le soleil qui se mussait avec indolence dans son écharpe nuageuse.

Il arriva finalement non loin de l'orée du bois, et contempla la canopée verdâtre qui se présentait à lui. Le cœur de l'Aduram était encore loin, mais le semi-elfe distingua certains signes annonciateurs de la maladie qui le rongeait. Le chant des oiseaux laissa place à la lourdeur oppressante de l'air et Nehril ne put s'empêcher de jeter des regards furtifs autour de lui, comme à l’affût d'un quelconque danger. Le ciel était chargé sous le bois et il crut alors être passé d'un monde à l'autre tant l'atmosphère qui entourait l'Aduram dénoté avec la cité de Naélis d'où il venait.
Après quelques minutes seul, le mercenaire rejoignit le point de rendez-vous qu'ils avaient fixé la veille. Il ne fut pas surpris d'y trouver Lœthwil qui irradiait toujours de sa force tranquille. Il était assis, ses yeux fixés sur son repas qu'il enfournait avec une lenteur léthargique. Nehril conduisit sa monture non loin, puis il sauta à terre, ses pieds s'enfonçant dans une boue putride. Il s'en dépêtra rapidement et rejoignit l'elfe. Il lui fit un signe de tête silencieux avant de s'installer face à lui. Puis, il sortit sa longue épée en acier ainsi que deux pierres brunes, et entreprit d'en affûter le fil. Le crissement du métal vint emplir peu à peu l'air, des étincelles venaient parfois jaillir lors du frottement, et Nehril continua sa tâche avec une rigueur méthodique. Il laissait de temps à autre glisser un regard à l'horizon.

- Les autres ne devraient pas tarder, lâcha-t-il placidement en croisant le regard de Loethwil.

Dante est le bon dernier à arriver à la caserne…. trois heures du matin passé. Si on lui demande, il répondra placidement qu'il a dû régler sa note et honorer sa logeuse au prix fort. Malgré l'heure tardive, il a l'air très bien reposé. Et aussi probablement que le bruit d'un mercenaire excentrique, retardataire et borgne est attendu pour une missions suicide dans l'Aduram le lendemain matin s'est répandue, on ne semble lui faire que les misères habituelles sont faites dans une caserne de ce type.

Aussi prépare t'il son équipée. Dans son sac pose t'il cette putain de viande séchée, vous savez, celle qui est toujours dure comme de la semelle de botte et qu'il faut mâcher pendant une heure pour l'attendrir avant d'être capable de la rendre digeste? Ouaip, celle là même et il en prend une bonne quantité. Les protéines c'est vital pour la survie. Avec des fruits séchés et de l'orge, céréales robuste et nutritive, plus résistante que le blé. Après un moment d'hésitation, il se prend un morceau de fromage ainsi qu'un demi quignon de pain pour manger le jour même. Pour le reste, il compte un peu sur la viande de ce qui va leur tomber immanquablement sur la gueule pendant leur promenade dominicale en Aduram. La viande fraîche… de la protéine fraîche… miam!

Second arrêt, l'infirmerie. Il prend le temps de parler avec le responsable de nuit sur les besoin de l'équipée et en ressort avec des antipoisons génériques puissants, quelques potions de soins et des herbes médicinales rajoutées à son inventaire personnel qu'il s'est bien gardé de dévoiler à autrui.

Ensuite, pendant que Nehril arnache son cheval, Dante fait un petit tour à l'armurerie. Il regarde brièvement les lourdes armes d'hast et de jet avant de se diriger vers celles plus légères, épées courtes. Il en prend bien une ou deux, fait quelques passes, soupèse et vérifie leur équilibre avant de les laisser de coté, allant voir les dagues et couteaux règlementaires de l'armée Naelisienne. Il en choisi une, mince droite et de lame sombre, d'acier damassé au motif complexe qui tranche avec sa ligne sobre, qu'il teste rapidement sous l'œil de l'armurier en la faisant tenir en équilibre sur son doigt avant de la faire sauter en l'air pour la rattraper prestement. Il hoche la tête d'un air satisfait et complimente l'armurier

Superbe travail! Je la prend avec ta permission, ca doit pas être facile de laisser aller un chef d'oeuvre… Merci infiniement.... Me faudrait des flèches, tu as des têtes qui s'allument?

Et le mercenaire de bien choisir ses traits, et les têtes, prenant quelques têtes de flèches trempées dans la poix qu'il enveloppe précautionneusement dans un papier ciré. Ca peut être utile si la bestiole a une grosse armure. Il rempli son carquois à ras bord, ne tenant que deux flèches inflammables en stock, et se gardant une bonne réserve de flèches supplémentaires qui se retrouvent dans son bardas. Il examine est soupèse les arcs, mais aucun ne lui plait autant que le sien, donc il le garde. Tout au plus se prend il deux cordes supplémentaires, au cas où la sienne casserait. Un allume feu rejoint prestement la poche de sa ceinture de taille… Il faut de quoi allumer sinon ca sert à rien. Comme on dit, la chance sourit aux préparés.

L'aube trouve donc Dante en train de sceller, d'harnacher et de remplir lui même les fontes de son cheval désigné, un hongre placide gris foncé du nom d'Ombre. Il adore l'humour de caserne. Un léger sourire aux lèvres, il chantonne d'une voix agréable pour laisser la chance au canasson de s'habituer à lui pour le temps de leur courte chevauchée.

Dante préfère les animaux aux hommes… Au moins les intentions des premiers sont toujours sinon claires, du moins explicables. Quand le premier rayon du soleil frappe, il est en train de partager une carotte avec Ombre, attendant l'heure du départ dûement sonnée par le Roi. Faut pas faire de vague…. Faut faire profil bas. Deux dagues, une à chaque hanche, laisse deviner qu'il est peut être ambidextre. Ca peut être aussi le fait que deux dagues du même côté, c'est étrange et ca déséquilibre.

Quand le premier compagnon de voyage de cette quête se pointe, Dante refile le restant de sa carotte à Ombre qui la croque avec délectation, les naseaux frémissants.

L’odeur du sang et de la chair vive est habituellement difficile à étouffer, mais ton repas de ce matin est malgré tout particulièrement fade. À la place, c’est le goût de la glaise et de la bourbe qui domine tes papilles. C’est là le prix que fait payer à vos sens l’extrême humidité de l’air. La délicieuse saveur des matières en décomposition qui font la majorité du sol de cet endroit de malheur.

- Ils sont déjà en retard.

Tu réponds du tac au tac, mâchonnant nonchalamment, et laissant ton oreille se passionner pour le grincement des rochers contre le métal. Tu ne le montres pas, mais ces quelques instants déjà t’auront ôté quelques-uns des doutes que tu nourrissais à l’égard du semi-elfe. Il est adroit. Assez adroit du moins pour s’être perché non loin de toi, et assez adroit pour continuer ses activités depuis le confort des branches basses. Il n’était pas une cause perdue alors. La topographie de l’Aduram au moins ne serait pas un obstacle à ses mouvements.

- La pluie arrivera avant eux.

Tu soupires, jettes par la même occasion les restes de ta proie par-dessus ton épaule, te retenant de la suivre des yeux. Habituellement, Ilweran serait là pour mâchonner le peu de chairs encore accrochées aux os… mais le dragon-fae était loin… alors il te fallait te détacher, et te concentrer sur ta survie. Tu ne le reverrais pas si tu ne survivais pas.

Un rugissement venu du ciel. Un rugissement venu des tréfonds de la forêt. Les bêtes répondent à l’orage comme à n’importe quel adversaire. Elles ne s’effraient pas de la foudre, elles ne s’effraieront pas de vous. C’est autant un handicap qu’un avantage, que tu espères ton voisin déjà connaître. Pour son bien. Pour sa vie.
Une flamme zèbre le ciel. Un second grondement de tonnerre. Et la voûte céleste éclate en sanglots. Une eau que tu aurais pu aisément arrêter s’écrase sur ton crâne, imbibe le peu de vêtements que tu portes, et creuse chaque sillon à la surface de ton épiderme. Et sous le soleil d’été, les pleurs du firmament n’en paraissent que plus froids. Mais tu restes impassible, te contentant de chercher le regard du semi elfe.

- Petit. Ta voix tranche à travers le fracas de gouttes d’eau Je ne connais toujours pas ton nom.

Plus que quelques lettres, c’était l’histoire d’une famille que tu lui demandais de te révéler ici et maintenant. Le nom que choisissait un jeune adulte face aux elfes était toujours fort de signification.

Le temps semblait se dégrader rapidement alors que les deux hommes attendaient patiemment les autres membres de leur troupe. Les lourds nuages qui trônaient au-dessus d'eux grondèrent, faisant écho à la rage sourde et diffuse qui provenait de la forêt. De brefs éclats de lumières vives illuminèrent les ténèbres et de puissantes flèches de pluie brisèrent les cieux, s'écrasant sur la terre morte qui aspirait goulûment les flots. Un vent brutal s'était également levé, véritable souffle mugissant autour d'eux, faisant osciller la branche sur laquelle était perché le mercenaire.
Ce dernier ne détournait pas son regard de sa lame, et lorsque les premières gouttes s'écrasèrent sur sa surface il grimaça. Il rangea son matériel avec un soin qui confinait à l'obsession, enveloppant méticuleusement ses précieux ustensiles et une fois satisfait, il rengaina sa lame. Il la passa dans son dos car les ramures de l'arbre l'empêchèrent d'atteindre sa ceinture pour l'y accrocher. Un filet d'eau salé ruissela le long de son visage, alors que les branches se ployaient sous la trombe de pluie, craquant et protestant contre ce passager indésirable.

Nehril était pourtant peu gêné par ces manifestations climatiques. Les pluies incessantes, la froidure de l'aube, la chaleur étouffante d'un été qui n'en finit pas, le mercenaire avait déjà tout expérimenté. Néanmoins, cela ne l'empêcha pas de grogner lorsqu'il constata le sol bourbeux qui se formait en contrebas, ce qui rendrait la progression au sein de l'Aduram beaucoup plus laborieuse que prévu.
Il prit un air renfrogné et resserra les pans de sa cape noire autour de lui afin de protéger son armure cloutée. Il rejeta en arrière les quelques mèches qui s'écrasaient obstinément sur son front et jeta un regard en direction de Loethwil qui prenait la parole.
L'elfe lui demandait son nom et Nehril eut un petit sourire. Il en avait eu beaucoup durant ses voyages et il passa un moment avant d'en choisir un. « Yeux d'argent » lui parut étrangement approprié de par l'éclat ivoirin de la brume qui commençait peu à peu à se lever autour d'eux. Il soupçonnait l'elfe de ne pas seulement lui demander son nom, mais aussi la façon dont il se considérait lui-même. Yeux d'argent était le fruit de ses années passé en tant que mercenaire, le poids de ses péchés mais également ses espoirs d'un jour meilleur. Ses anciens compagnons d'armes lui avaient juré que son regard était auparavant aussi vif et bleuté qu'un ciel d'été.
D'un autre côté, « Nehril » n'était que le stupide sobriquet dont l'avaient affublé les elfes de l'Anaëh, l'héritage de son félon de père qui s'était évaporé à sa naissance.
Cependant à la manière d'un homme qui tente d'effacer son passé mais qui n'y parvint jamais, Nehril ne pouvait oublier d'où il venait. Il lâcha donc la seule réponse qui lui parut la plus franche.

- Nehril, Yeux-d'argent.

Le mercenaire haussa les épaules comme pour signifier à l'elfe d'en comprendre le sens par lui-même. Il poursuivit sur le même ton : légèrement rauque et d'une voix grinçante.

- Moi en revanche je connais le tien Loethwil. Un nom fort, qui résonne dans la cité de Naélis jusqu'à en pousser son roi d'absoudre les crimes que l'on t'impute. J'ai une question pour toi moi aussi. En quoi t'importe le sort de cette forêt ? Ne me sert pas de couplet moralisateur sur le bien commun, j'en ai suffisamment soupé. Chaque lumière que l'on apporte repends sa propre obscurité. Sauver l'Aduram, en supposant que ce soit possible, n'est pas ton but final n'est-ce pas ?

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 2 Sep 2018 - 12:13

Nehril. Yeux d’argent. Sobriquet dans la langue et l’accent Vaanis. Tu souris discrètement, les yeux tombant légèrement vers le sol avant de retrouver les siens. Tu aurais espéré entendre son nom d’elfe. Tu aurais voulu qu’il te dévoile le nom de sa lignée, et espéré pouvoir y trouver un quelconque indice quant aux raisons l’ayant poussé à presque complètement abandonner l’espoir de trouver une place au sein du peuple elfique. Mais il ne dévoila rien de lui-même, alors tu ne tenterais pas plus de lui tirer les vers du nez. Tout venait à temps à qui savait attendre. Un jour viendrait certainement où il se sentirait prêt à chercher des réponses auprès de toi.

- C’est peut-être difficile pour toi à comprendre, mais j’aime cette forêt, c’est tout.

Tes yeux plongent dans les siens avec une peu commune intensité. Tu agrippes son attention, et tu la retiens presque de force. Des mots sans sens pour d’autres. Des mots plus qu’importants pour toi.

- J’appartiens à l’Anaëh, comme chacune des créatures de l’Aduram. Et chaque seconde que je passe ici, j’entends leurs désirs, leurs souffrances et leurs frustrations. J’ai le pouvoir… non… j’ai le devoir d’alléger leurs fardeaux, alors c’est ce que je compte faire.

Tu devais ce service à ta forêt, et ce service rendu à ta forêt serait par la même occasion un service rendu au monde. Tu n’avais rien à perdre, et le monde avait tout à gagner.

- Je sers ma Mère.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Jeu 6 Sep 2018 - 18:02

Nehril haussa un sourcil interrogateur. Le balancement irrégulier de la branche s'interrompit, le vent se faisant soudainement plus silencieux. La pluie quant à elle, semblait nourrir le dessein pervers de voir chuter les deux hommes car elle redoubla d'intensité.
Le mercenaire s'ébroua, et adressa un signe de tête à Loethwil. Il se doutait bien que sa Mère ne soit pas sa génitrice mais bien la forêt elle-même. À travers son discours, Nehril en vint à la conclusion qu'ils étaient bien trop différents pour réellement se comprendre. Quand bien même avait-il le pouvoir de sauver le monde pourquoi le ferait-il ? Qu'est-ce que le devoir si ce n'est des entraves qui vous empêche de penser par vous-même ?
Le semi-elfe secoua la tête, hésitant à lui poser de telles questions. Il ne souhaitait pas froisser l'elfe. Nehril doutait même des raisons de sa propre venue. Comment accabler les raisons d'autrui lorsque l'on n'était pas certain des siennes ?
Nehril ria doucement, il frotta distraitement ses mains afin d'en repousser l'engourdissement.

- Dis-moi Loethwil, lança finalement Nehril sur un ton plus léger, n'as-tu jamais voulu abandonner tout cela ? Ce devoir qui te lie à l'Anaëh, ce ne sont que des chaînes empêchant ton individualité de s'exprimer. Des entraves que tu as toi-même créer.

Nerhil renifla et tendit en avant son anneau elfique, l'héritage de la famille Faël. Son regard plongea dans la pierre rougeoyante qui sertissait l'anneau argenté.

- Après avoir quitté l'Anaëh j'ai baroudé un moment, lui confia-t-il avec un air faussement détaché. J'ai rencontré des gens : ducs, rois, paysans, putains, et j'ai eu soudainement une révélation.

Il planta son regard dans celui de Loethwil, des yeux brûlants de rage et d'indignation.

- Ce monde ne vaut rien, lâcha-t-il en crachant presque ses mots. Il ne sert à rien de sauver ce qui est pourri. C'est l'âme de ce monde et celle de ses habitants qui est corrompue. Maquiller un visage défiguré ne le guérira pas pour autant.

Nehril balança ses jambes puis haussa les épaules. Il baissa son bras, dissimulant sa main qui arborait sa bague dans les plis de sa cape.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Jeu 6 Sep 2018 - 18:53

- Tu es encore jeune. Tu manques d’expérience, c’est tout.

Tu souris, défies le semi-elfe du regard, avant de bondir nonchalamment sur sa branche. Tes orteils s’accrochent sur les aspérités de l’écorce, et le bois laisse entendre un craquement plaintif. Le rameau s’abaisse légèrement sous ton poids, mais tu ne t’en occupes guère. Tu es assez habitué à ces jeux pour jauger de ce que sont capables de supporter les branches. Pour tout ce qu’elle ploie, celle-ci n’est pas encore prête de se briser.
Tu t’approches de Nehril jusqu’à ce que l’eau roulant sur ton visage lui tombe sur l’épaule, et tu t’autorises à nouveau le contact. Ta main se pose sur son crâne, tes doigts se mêlent à sa crinière, et du bout des phalanges, tu lui masses le cuir chevelu. Comme un parent attentionné, tu lui offres de le soulager des affres de l’anxiété, ne serait-ce que pour un instant. Mais comme la puissante créature que tu es, tu te fais un point d’honneur à ce que ta poigne sur ses os reflète ta force. Peut-être le pourrais-tu vraiment. Peut-être pas. Mais la manière dont ta paume fait pression est aussi soulageante qu’elle laisse entendre que si seulement tu le voulais, il suffirait de peu pour que tu réduises son crâne en bouillie.

- La seule raison pour laquelle tu ne comprends pas pourquoi je me bats, c’est parce que tu n’as pas le pouvoir de changer le monde.

Lorsque l’on se sait ne pas avoir la force d’aller au bout de ses rêves, alors la lutte devient futile. Lorsque l’on avance pas vers un objectif, mais que l’on fuit un ultimatum, alors la lutte devient futile. Lorsque l’on est trop faible pour soulever la surface du lac, alors on se laisse couler sans faire la moindre vague. Nehril était encore trop jeune. Nehril ne portait pas encore le poids d’assez d’expériences pour faire des vagues à lui seul. Comment pourrait-il alors concevoir que n’importe qui d’autre en soit capable ?

- Moi j’ai ce pouvoir. Tu as des pinceaux. J’ai des couteaux, des marteaux, des onguents et des pansements. J’ai les outils nécessaires pour changer le monde, alors je me dois de les utiliser. ta main glisse sur sa tempe, ton pouce vient chercher sa joue Et tu sais ? Mon devoir, on ne me l’a pas imposé. Je l’ai choisi. J’ai eu presque mille ans pour laisser ce que tu appelles mon individualité s’exprimer, mais à vrai dire, je ne me suis jamais autant senti moi-même qu’en me faisant la Voix et le Gardien d’Anaëh.

Tu laisses s’installer un silence. Et pendant ce silence, tu laisses peser ta présence sur lui. Tu laisses peser ton contact sur lui. Tu lui laisses le temps de comprendre, le temps de digérer le fait qu’il n’était et n’est encore qu’un enfant. Tu lui laisses le temps de comprendre qu’il est encore loin d’avoir beaucoup vécu.

- Tu es né de mauvaises gens, au mauvais endroit et au mauvais moment. Tu n’as pas encore eu la chance de voir ce que le monde a de beau. Mais ne t’inquiète pas pour ça. Ton jour viendra bien assez tôt. Le jour où tu trouveras une véritable raison de te battre pour ce monde, ce sera le jour où tu trouveras les outils qui donnent un sens à ton combat. tes pupilles se logent dans le coin de tes yeux, à la recherche des siennes, et c’est avec un sourire mutin que tu lui adresses ces derniers mots Tout ce que je te demande pour l’instant, c’est de survivre jusque là.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Ven 7 Sep 2018 - 21:52

Elle se tenait là, devant lui. Du haut de son piédestal, qui s’avéra être composé de crânes, elle le dévisageait. Si hautaine, si supérieure à lui… Alors elle s’approcha, lentement, tout en sortant deux longues et sombres dagues pointues. Glenn voulut réagir, se lever, dégainer, frapper… Mais il ne pouvait rien faire d’autre que de regarder. Alors, il cria : « ILINSAR ! ».

Il s’était réveillé en sursaut. Sa femme, Glinaina, se tenait auprès de lui. Elle avait entendu son cri et comme à chaque fois, elle faisait tout pour le rassurer. Mais elle n’était pas seule dans la chambre. Raymond y avait fait irruption, accompagné de trois autres chevaliers. Ils portaient tous leur armure de plate, brillante et imposante tenue. Le Roi était en sueur. Il lui fallut quelques minutes pour reprendre ses esprits et comprendre que l’heure était venue. Le soleil va bientôt se lever, c’est le moment de partir à l’aventure. Nakor était déjà prêt et l’attendait patiemment dans les couloirs de l’Oëstkjord. Quand Glenn le retrouva, le mage contemplait le tableau de la bataille de Ruven. Une œuvre grandiose où l’on pouvait retrouver le Roi croisant le fer contre les drows, entouré des bannières d’Alonna et d’Ydril. Les yeux avertis retrouveraient les éclaireurs elfes mais aussi la reine Glinaina, enchaînée parmi les sombres.

- Nakor, mon ami ! Je suis ravi que tu participes à cette aventure à mes côtés. Ensemble, la foudre et le fer sont invincibles. Viens, ne faisons pas attendre les autres. »

Ce ne fut pas moins d’une trentaine de cavaliers qui quittèrent l’Oëstkjord et déambulèrent dans la cité en direction de la caserne. Contrairement à ses chevaliers, Glenn portait un équipement léger. Sachant qu’il partait en forêt pour plusieurs jours, sans aucun soutien, l’ancien mercenaire retrouva sa tenue de centaure, la terreur de Scylla. A la caserne, il retrouvèrent Dante, l’archer énigmatique.

- Bien le bonjour à vous, Dante. Je vois que nos armureries ont su vous combler, tant mieux ! Nous allons avoir besoin de tout l’équipement disponible. Venez, nous avons encore du chemin avant d’atteindre la forêt maudite. »

La petite troupe quitta la cité de Naelis avant de s’élancer au galop à travers les plaines. La pluie commença à tomber au moment où ils dépassèrent la petite ville de Ruven. A l’horizon, l’immense forêt de l’Aduram commençait à apparaître. Pour s’y rendre, ils empruntèrent la route de La Dross. Les pisteurs de Naelis faisaient de leur mieux pour la rendre sûre, mais celui qui l’empruntait n’était pas à l’abri du danger. Si les échanges, réguliers, entre La Dross et Naelis persistaient, c’était au prix de nombreuses vies, emportées par une araignée géante ou autre abomination. Arrivés aux frondaisons à ce qui semblait être le point de rendez-vous fixé avec le reste du groupe, la troupe s’arrêta. Les chevaliers entreprirent aussitôt de monter leur campement. Commandés par Raymond, cette trentaine de soldats allaient rester ici jusqu’au retour de leur Roi. Tactiquement, il s’agissait d’une tête de pont idéale pour le petit groupe d’aventuriers.

- Les chevaux restent-ici. Bien, où est Loethwil? »

Descendu de sa monture, Glenn enfila un manteau à capuche par dessus son armure de cuir pour se couvrir de la pluie. Il accrocha dans son dos une épée courte et une arbalète de taille réduite avant d’empoigner son sac à dos pour terminer par une petite targe. S’il paraissait chargé, le tout n’excédait pas les dix kilos. Il s’avéra être fin prêt en fermant la boucle de sa ceinture qui tenait son épée. J’ai troqué une couronne pour tout ce bardas. Suis-je un méritant ou tout simplement un idiot ? Tout le bruit provoqué par la troupe ne manqua pas d’alerter les deux enfants de l'anaëh, mettant un terme à leur discussion. L’aventure allait pouvoir commencer, autour d’un feu de camp monté dans un abri de fortune par les chevaliers de Naelis, une simple toile qui tenait nos aventuriers à l’écart de la pluie.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Sam 8 Sep 2018 - 8:52

Nakor avait quitté la salle de réunion en compagnie du roi de Naelis. Ils discutèrent de nombreuses choses, tant sur le plan géopolitique que sur les compagnons de cette aventure qui s'apprêtait à démarrer. Ils visitèrent Glinaina, qui était une amie personnelle du vieux magicien. Ils se donnèrent rendez-vous à une heure très matinale.

"Ne vous en faite pas pour moi Glenn, mon corps a dormi plus qu'aucun autre humain ne l'a fait ... j'ai maintenant des besoins différents. Je serai à l'endroit prévu à l'heure nécessaire. Je vous souhaite une nuit ressourçante."

Et Nakor prit congés du couple royal pour se rendre dans une pièce qui fut mise à disposition du vieillard. Elle était de très bonne facture, trop sans doute. Avançant dans la pièce, il se mit en tailleur sur le très confortable tapis, à même le sol et ferma les yeux pour entrer en méditation. Les heures passèrent, et le moment venu, Nakor coupa son flux de magie connecté au monde autour de lui et se releva en s'aidant de son bâton. Il se rendit au lieu de rendez-vous et observa la colossale peinture de la bataille de Ruven. Il y reconnaissait des événements récents pour lui et son étonnante longévité.

"Oui mon ami, allons voir de quel bois, cette forêt se chauffe!"

Nakor se mit à glousser en suivant le roi et en bavardant avec légèreté jusqu'à retrouver Dante que le roi salua en premier. Le vieux fou à sa suite, inclina la tête et prit aussi la parole

"Bien le bonjour jeune homme. Vous semblez déjà bien envieux d'en découdre n'est-ce pas?"

Un petit regard énigmatique, un léger sourire en coin. Que pensait réellement le très vieux magicien sur ce personnage, pour le moment, personne ne le savait. Puis un garde royal lui présenta un cheval.

"Ho par tous les dieux. J'ai toujours détesté monter ces pauvres bêtes. Aidez-moi vous, espèce d'imbécile vous voyez bien que ce cheval est beaucoup plus grand que moi non! Comment voulez-vous que je monte dessus!"

Et le pauvre garde de subir d'abord le courroux du légendaire bougon avant de l'aider à monter sur la bête en poussant sur les jambes et les fesses du vieillard. Assis maladroitement dessus, le sorcier continua de marmonner dans sa barbe. Tout cela était-il réel ou jouait-il la comédie? Absolument personne ne pouvait le dire. Cependant ils finirent par partir. La pluie se fit sentir et l'orage retentir dans l'air. Par pur réflexe, le Magistère du Firmament usait de ses pouvoirs, juste aux abords de sa personne, pour dévier les gouttes de pluie. Ainsi, à y regarder de plus près, Nakor n'était absolument pas mouillé, ni sa barbe, ni sa robe, ni son chapeau. Arrivé aux abords de la forêt, le roi posa une question et Nakor, sautant de son cheval d'un seul bond et sans aucune aide, releva un bras tendu et pointa du doigt une direction.

"Juste là Monseigneur. Accompagné de notre quatrième compagnon à ce qu'il semble. Le temps est venu."

Lorsque, quelques instants plus tard, Loethwil et Nehril les rejoignirent, Nakor terminait là dessus

"Quiconque ressent un éventuel doute est au pied du mur. Cette forêt ne sera pas des plus accueillante et notre mission est parmi les plus dangereuses que nous puissions imaginer. Faite votre choix une bonne fois pour toutes, messieurs."

Puis il alla saluer son camarade archimage en lui attrapant l'avant bras droit en disant dans son elfique parfait

"Mon ami, vous avez mon aide!"

Et se plaça aux côtés de Loethwil en attendant l'ordre de départ qui viendrait forcément de l'un ou de l'autre. Sa magie était au summum de ses capacités, il était rechargé totalement et prêt à se lancer dans une énième bataille.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Sam 8 Sep 2018 - 13:21

L'œil marron détaille en une fraction de seconde le changement d'armure, de posture et le faciès du roi avant de se poser sur celui du vieux qui lui parle.

Pour toute réponse, il hausse les épaules d'un air blasé avant de regarder le ciel menacant. Il n'est même pas certain que le mage veuille absolument une réponse. D'ailleurs, ce dernier est déjà parti monter un autre canasson.

Eh bien dis donc, ils sont de bon poil ce matin…

Pense Dante en détachant les rênes d'Ombre. Si le manège du vieux ne l'émeut pas outre mesure, il n'en demeure pas moins attentif, son œil marron passant sur ses compagnons de chevauchée. Son matériel soigneusement rangé dans ses fontes. Il n'a aucun mal à prendre sa place dans la procession, se plaçant au milieu.

Si le mercenaire accepte sans rechigner le galop effréné dans la plaine, il sort légèrement de la colonne et ralenti la course dès les premières gouttes de pluie, Ménageant par là sa monture. Le roi et Nakor étant en tête de ligne ne galopent pas dans la boue, mais il lui déplait de se casser le cou parce que Ombre aurait trébuché dans la terre meuble.

Remontant sa capuche sur sa tête, il se recroqueville sur lui même. Il peut avoir l'Air misérable du dehors, mais ainsi il reste au sec, son ample vêtement ruisselant de pluie remplissant son office.

Il arrive à peine en retard sur les autres, juste à temps pour voir le vieux sauter en bas de son cheval. D'un air neutre, Dante enregistre l'information pour plus tard. Le magistère semble un sacré acteur. Descendant et prenant le temps d'attacher Ombre avec les autres montures, il finit de bien vider ses fontes et de remplir son paquetage, avant d'aller aider les chevaliers qui montent la toile, la fixant solidement. Une fois seulement l'abris de fortune terminé et le feu commençant à répandre de la chaleur et de la fumée que l'archer du jour rejoint le groupe…

Il faut bien que quelqu'un s'assure que tout soit correct non?

S'ébrouant pour chasser l'eau de son vêtement, Dante attend les ordres. On ne le paye pas …

C'est vrai ca, la question du salaire ne s'est jamais posé. Une chance, le faux message d'El pourra lui servir.

Repoussant sa capuche, l'humain passe une main mouillée dans ses cheveux, avant de commencer à les tresser. Ses tempes rasées par contraste à sa chevelure de jais accentuent l'excentricité de sa coupe. S'il les tresse, c'est pour être certain qu'ils ne lui bloqueront pas la vue en cas de pépin.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 9 Sep 2018 - 9:04

Un craquement de branche, le bruit de pas dans la bourbe, seulement en partie humains. Des sabots. C’étaient des sabots qui faisaient le reste. Des sabots qui annonceraient piques, toiles, tentes, feux et fumées. Le Roi de Naélis assurait ses arrières... dommage qu’il ne soit pas capable d’aussi bien scruter en avant. Les voix te parviennent avec une indiscutable clarté, et malgré l’incessant fracas de gouttes de pluies, même les yeux fermés, tu pourrais aisément retrouver ton Royal accompagnateur. Et heureusement. Parce que depuis ton perchoir, à travers le mur d’eau, Glenn est déjà bel et bien visible. Triste elfe est celui dont la vue porterait plus loin que l’ouïe. Tristes doivent être les hommes, dont l’acuité des sens, malgré l’exercice, est condamnée à rester si peu fiable.

Tu sautes de ton perchoir, invites Nehril à en faire de même, et d’un pas lent tu rejoins le reste de la cavalerie. Les retrouvailles sont sans surprises, chacun d’entre eux allant de l’exact même personnage que celui de la veille. Le vieux mage enjoué à l’excès, le jeune archer nimbé de mystère, le Roi partagé entre devoir, fierté et frayeur, et Nehril dont la colère sourde refusait toujours de se taire.

- Je t’en remercie Nakor. Ton aide sera précieuse.

Tu rends ses salutations au mage avant de te retourner vers tes compagnons d’infortune, les appelant implicitement à se mettre en rang. Tes yeux se baissent sévèrement sur eux, et poitrine gonflée, dos droit, muscles des jambes tous tendus, tu t’adresses à eux comme déjà au combat. Soldats vétérans, archimages, assassins ou mercenaires, aucun d’entre eux ne savait réellement vers quoi il se jetait. Aucun d’entre eux ne réalisait pleinement la tâche vers laquelle vous vous lanciez. Seul toi, seul toi réalisait que des spectres pires que les vents de la Tourmente vous guettaient. Seul ton oreille était capable de déceler la Souffrance que cette forêt était capable d’infliger. Mais si tu voulais la moindre chance de réussir, il fallait qu’ils partent confiants.

- À partir de maintenant, je suis votre guide. Arrangez-vous pour ne jamais me perdre de vue, la forêt est traîtresse. Il vaut mieux que vous ayez à faire confiance à vos yeux qu’à vos oreilles. Ton regard se porte plus particulièrement sur Dante Faites attention à ce que vous cueillez puis sur Nehril Ne mangez rien sans me l’avoir d’abord présenté sur Nakor Ne tuez que si vous n’avez pas d’autre alternative et finalement sur Glenn mais ne reculez devant rien s’il s’agit de survivre.

Et sur ces mots, tu te retournais, et commençait votre voyage sous la pluie battante, et vers les profondeurs d’une forêt prête à vous accueillir tous crocs dehors. Et parce que tes camarades sont dans ton dos, après une poignée de minutes à peine tu t’autorises à sourire. Parce que déjà derrière la pluie se cachent les roucoulements de sentinelles, et que déjà la forêt s’apprêtait à tester tes accompagnateurs. Tu le sens. Quelque chose te dis que ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne trahissent l’une de tes règles.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Mar 11 Sep 2018 - 2:08

L'assassin acceuille de bonne grâce les avertissements de l'elfe. Fiez vous à vos yeux et pas à vos oreilles…

Dante n'a peut-être pas l'habitude de la forêt de l'Aduram, il ne crapahute peut être pas en forêt à l'année longue comme Loethwil, mais il a une certaine aisance. Vous seriez étonnés de savoir combien de proies humaines peuvent se cacher dans les endroits les plus reculés. Les papiers de fond de ruelles et les détritus ne le cèdent en rien aux feuilles mortes et à l'humus.

Détendu, l'arc à la main, la corde bien au sec sous sa cape, il marche, détendu, attentif aux sensations qu'il éprouve dans cet environnement nouveau. Ses oreilles? il ne peut s'en servir, le bruit de la pluie dégoulinante sous son capuchon le lui interdit.

Par contre, l'odeur de cette forêt le perturbe un peu. Ralentissant un peu, le mercenaire passe à la dernière position de la troupe, évasant les narines. Agacé par le bruit de la pluie, il repousse soudainement la capuche de sa pèlerine et enlève son bandeau qui disparait sous le lourd vêtement.

C'est alors que le picotement à la nuque remonte le long de son cuir chevelu. Plissant ses yeux dichotomiques, le regard parcoure intensément les frondaisons, cherchant l'éclair, le mouvement, l'ombre lui indiquant la présence de quelqu'un.

Son pied s'enfonce dans la vase jusqu'à la cheville. Forcant un peu, Dante extrait son membre tout en cherchant instinctivement à se faire le plus petit possible. Suivant le groupe, il regarde souvent par derrière lui, en coup d'œil rapide.

Foutu pluie qui l'empêche de sentir… Foutue pluie qui L'empêche d'entendre. Une chance, un homme a cinq sens primaires et un sixième encore plus important qui s'appelle l'instinct de survie.

Et au diable la fierté, c'est cet instinct qui le fait remonter la courte compagnie et se placer à côté de Nehril. Il est plus grand et plus gros, se tenir dans son entourage augmente le risque de survie.

Dante préfère passer pour un pleutre vivant qu'un homme mort. Il garde une flèche dans la main. Au cas où. L'eau lui ruisselle sur le visage et dans le cou, mais il n'en a cure. Les prunelles incisives se promènent partout, attentives.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Mar 11 Sep 2018 - 9:52

Nehril suivait Loethwil d'un pas vif, écartant d'un geste les ramures qui obstruaient sa route. Les conseils prodiguaient par l'elfe un peu plus tôt semblaient appropriés, mais ne surpris aucunement le mercenaire. Il connaissait la réputation de l'Aduram, et il ne comptait pas brandir de torche en beuglant afin d'en attirer les monstruosités qui se tapissaient derrière les frondaisons luxuriantes.

La pluie tombait toujours en trombe, mais malgré cela, le mercenaire avait rejeté son capuchon en arrière. Il souhaitait avoir la vue dégagée et ce dernier restreignait son champ de vision. Sa longue cape sombre claquait bruyamment, s'agitait sous un vent insistant, se tordant comme si elle était mû d'une volonté propre. Le regard argenté du mercenaire balayait constamment les environs, sa main reposant perpétuellement non loin de son épée. Son visage était impassible mais ses muscles étaient tendus, se préparant à bondir au moindre bruissement inhabituel.

La forêt était calme. Un silence sépulcral investissait les lieux, s'engouffrant insidieusement sous les arbres aux troncs noircis, isolant le groupe dans une bulle oppressante.
Surgissait du sol de rares plantes touffues aux reflets ternes, qui semblait se contorsionner afin d'atteindre une lumière absente. Une fange opiniâtre recouvrait une partie du terrain, qui était devenu spongieux sous l'averse, provoquant des grognements de la part de Nehril.

Le semi-elfe observa Dante qui le rejoignait tout en jetant des regards derrière lui. Nehril lui lâcha un sourire discret, le préférant à ses côtés que derrière lui. Il ne connaissait guère cet homme mais il ne lui faisait pas pleinement confiance.

- Alors Dante, lâcha-t-il d'une voix glacée qui se teintait néanmoins d'une parcelle d'amusement, on ne regrette pas de faire partie du groupe ?

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Mar 11 Sep 2018 - 14:20

Nakor écouta avec attention le grand et colossal elfe prendre la parole avec beaucoup de sévérité avant de s'enfoncer, sous la pluie, dans cette fichue forêt dense et peu engageante. Le magicien, toujours étrangement au sec, se passa la main le long de sa barbe avant de maugréer tout bas

"Il en a de bonnes lui! Ne tuez pas, mais survivez ... haaaa ces elfes!"

Il laissa Nerhil rejoindre Loethwil avec hâte puis invita Glenn du regard à s'engager lui aussi dans la forêt. On pouvait craindre que le vieux fou passe plus de temps, empêtré dans les branches et les feuillages, le chapeau ou la robe coincé, tombant à chaque racine, s'enfonçant dans la boue. Pour redonner tout de même un peu de charme à cette entrée, le magicien ne trouva rien d'autre à dire au roi de Naelis :

"Vous ai-je déjà raconté mon ami? La fois où je me suis rendu dans les cavernes au nord de la porte volcanique de Kirgan? Je chevauchais une chèvre que m'avait prêté l'ancien roi nain Bromar, un ami personnel. Savez-vous ce qu’a fait cette idiote de chèvre Monseigneur? Elle s'est mise à cabrer comme une furie, m'a projeté de son dos et à bondit dans une rivière de lave!"

Nakor se mit à rire avant de continuer

"De lave! Vous rendez-vous compte? Elle a du penser que c'était une rivière de bière naine! Saleté de bestiole."

Et avec un grand sourire sur le coin des lèvres, Nakor glissa un clin d'oeil à Dante qui se rapprochait de la compagnie et termina ainsi

"Cette histoire nous apprend deux choses : il faut rester constamment vigilant et bien regarder où l'on met les pieds! Oui ... oui les pieds oui ... oui ... hé hé oui ..."

Il marmonna les derniers mots dans sa longue et soyeuse pilosité de menton avant de soudainement prendre l'air de quelqu'un qui avait soudain un doute affreux.

"Ha moins que ça ne soit de ne jamais monter sur une chèvre naine?"

Nakor haussa les épaules et avança dans la forêt en surprenant son petit monde : jamais ses bottes de marche ne touchèrent une zone trop boueuse, jamais il ne se prit une racine dans les jambes et jamais son chapeau ni sa robe n'était éventuellement accrochés quelque part. Il n'y avait aucune magie là dessous. Simplement son surentraînement à la marche. Il avait pendant six siècles, arpenté tout Miradelphia à pied. Les montagnes, les abords des lacs, les déserts, les forêts, les villes, les châteaux, les champs. Il savait marcher sur tous les types de terrains et celui d'une forêt dense ne lui faisait pas défaut non plus. Marchant sur les roches, les racines solides, la terre ferme, il avançait sans problème dans l'Aduram. Il ne fallait pas non plus prendre ses propos loufoques pour une absence totale de lucidité. Le magicien était prêt à tout instant à déployer tous les sortilèges qu'il serait nécessaire de convoquer si une attaque avait lieu. Il respectait aussi la vie et ne tuait jamais pour rien. Mais cela ne voulait pas dire qu'il n'était pas prêt à le faire. Il observa alors, dans son dos, Loethwil, son pas sûr et décidé, son train vif. L'elfe était dans son élément et semblait même heureux d'aller à la rencontre de ce qu'il devait penser être son destin. L'archimage allait vite voir de quoi en retournait toute cette affaire. Il continuait d'avancer aux côtés de Glenn.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Ven 14 Sep 2018 - 14:01

Tu accélères, te glsises de plus en plus rapidement entre les entrelacs de racines, de branches et de boue. Quelque chose d’autre que la végétation se referme sur vous, et il faut que tu le distances si tu ne veux pas avoir à prendre de risques. Tu détestes avoir à jouer le rôle de la proie, mais il faut parfois s’y résoudre. Les prédateurs les moins tenaces ne tardent pas à abandonner un gibier qu’ils savent les avoir découverts. Maintenant, restait à savoir si le reste de ta troupe arriverait à suivre le rythme. Nakor comme toujours, affiche une aisance contredisant complètement ce que son physique laisse à penser. Dante a vite fait de trouver le rythme de la danse de bonds, de glissades, de zig et de zag. Nehril s’en sort avec un peu plus de difficultés, moins en finesse que celui qui venait de le rejoindre, mais finalement son approche se trouve presque aussi efficace. C’est de Glenn qu’il faut s’inquiéter. Glenn le soldat humain dont la main et le pied ont été faits sur les champs de batailles. Glenn, qui grand parmi ceux de sa race, avait certainement plus souvent compté sur sa force que sur sa souplesse.

La pluie battante s’affine jusqu’à ne plus être qu’un désagréable crachin vous maintenant dans la même moiteur que l’averse, mais maintenant qu’elle ne bat plus branches feuilles et sol, les grondements deviennent clairement audibles… ou alors n’est-ce que la distance qui vous séparent d’eux qui s’est à ce point réduite ?
Ni temps ni espace ne jouent en votre faveur. Ni terrain ni climat ne sont vos alliés. À moins d’accepter le sacrifice d’un, fuir n’est plus une solution. Il vous faut vous retourner. Il vous faut faire front. Mais vers où exactement ? Les branchages tremblent devant vous. Les feuilles bruissent derrière. À gauche un feulement rauque vous perce les tympans, à droite un grognement retentit comme une sommation. Vous êtes encerclés.

- Ne vous éloignez pas !

Les faïras d’Aduram sont des créatures traîtresses. Agiles, rapides, autant que celles d’Anaëh. Mais là où les grands félins de la belle part de la forêt sont craintifs, ceux de ces bois sont plus agressifs, plus tenaces, plus grands, plus puissants. Ici, même ceux qui habituellement fuient ont vu leur corps se transformer pour avoir une chance lorsque vient l’affrontement.

- Ils sont tout proches.

Et s’ils trouvent le moindre angle d’attaque correct, leur assaut sera terrible.

- S’ils s’approchent, visez les vibrisses.
Faïra d'Aduram:

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Sam 15 Sep 2018 - 1:53

Au fur et à mesure que les grognements et grondements s'intensifient, incitant les autres bruits de la jungle à se taire, Dante évase les narines à plusieurs reprises, cherchant une odeur révélatrice à travers le mince bouclier de bruine qui tombe. Le babillage incessant du vieux ne le perturbe pas outre mesure, des gens qui aiment parler pour s'entendre, il en connait plein. Par contre, on ne peut nier que ca attire l'attention sur eux. Aussi ne dit il rien lorsque la troupe accélère le pas, suivant le rythme de Loethwil sans se plaindre. Un moment passe ainsi…

Chose utile qu'il apprend, c'est que le vieux semble utiliser sa magie comme il respire ou, qu'il porte des objets enchantés pour augmenter sa résistance et son imperméabilité. Et qu'il doit avoir une langue enchantée pour toujours parler comme ca sans avoir la gorge sèche… Bon, on présume que l'humidité ambiante doit aider pas mal.

C'est alors, que du coin de l'oeil, il voit la bête, fine, superbe, élancée… Faite pour la chasse et armée pour, d'une efficacité mortelle. pivotant souplement, il fait face vers l'arrière tout en se placant entre Nehril et un autre, pour couvrir ses deux flancs. Il ne connait pas les Faïras, mais il connait les chats et il peut déduire avec une certaine précision de quoi ils peuvent être capables à voir leur musculature fine et déliée…

Monter dans un arbre serait du suicide, utiliser le terrain à son avantage semble être une option.

L'œil marron et l'œil vert se plisse, aussi mauvais que celui d'un chat de ruelle, se fixe dans les prunelles félines du monstre devant lui. Sans trembler, Dante enfile avec aisance la corde de son arc, encoche une flèche mais ne vise pas le mastodonte pour ne pas le provoquer inutilement. Parce que oui, un minou de 2 mètres de haut au garrot, on peut appeler ca comme ca.

Et bien voilà, le premier test. Nous y sommes donc…

S’ils s’approchent, visez les vibrisses.

Dante retrousse les lèvres, découvrant des dents droites et blanches et feule doucement ne lâchant pas le faïras qui l'a choisi comme cible du regard, les yeux dans les yeux, l'œil vert et marron luisant de concert d'une lueur malveillante.

Allez viens mon gros qu'on danse….

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 16 Sep 2018 - 13:12

Nehril observait attentivement les créatures qui se camouflaient derrière les fourrés brunâtres, lâchant fréquemment des grondements rauques et des sifflements discrets. Les branches craquaient autour d'eux, des bruissements se faisaient entendre parmi la végétation, signe que l'on s'y déplaçaient furtivement.
Le mercenaire surveilla d'un œil Dante qui couvrait son flanc gauche, et il tira doucement son épée, la pointe inclinée vers le bas, prêt à frapper. Dans son dos, il distingua Nakor qui haussait ses sourcils broussailleux avec un air intrigué.

- Vous connaissez pas un sort pour faire flamber ces maudites bestioles ? lui souffla subrepticement le semi-elfe en surveillant les alentours.

Il observa l'assassin qui se saisissait de son arc et Nehril lâcha un claquement de langue réprobateur.

- Vu la vivacité de ces créatures Dante, je ne pense pas que les attendre l'arc au poing soit une bonne chose. Elles nous auront lacéré avant que votre flèche ne vienne caresser leur postérieur.

La main droite du mercenaire se crispa, et il se retint de matérialiser une flamme vermeille.

- Loethwil, Nakor, les appela-t-il sur un ton pressant alors que les grognements se faisaient de plus en plus sonores, vous êtes des mages, faites nous un feu d'artifice et on se chargera de les achever une fois qu'elles seront désorientées.

Il lança un regard interrogatif en direction de Glenn et de Dante afin de jauger leurs réactions.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 16 Sep 2018 - 13:57

De sort qui puisse faire flamber ces bestioles, et une bonne part de l’écorce des arbres alentours, pour sûr, Nakor et toi en connaissiez une infinité et leurs variantes, mais là n’était pas le souci. Il n’était pas question d’inutilement blesser l’Aduram que vous étiez venus apaiser. Tu ne t’emporterais pas de cette manière, et si Nakor le faisait, tu serais le premier à lui barrer le chemin. L’œil réprobateur que tu portas sur Nehril au moment où il prononça ces mots, et la manière dont tes pupilles s’assombrirent lorsqu’il renchérit dessus en disait bien assez.

Dominer sans tuer. Il fallait dominer sans tuer cette fois. Il fallait prendre des risques.

Jet de dés : Agilité:

Jet de dés force:

Tu t’éloignes d’un pas. Tu brises la formation. Et la réaction des félins est imminente.
Une masse de muscles, de poils et de griffes plonge droit vers toi, dans un angle que tu avais peiné à anticiper. Mais quand elle se dévoile, dans le peu de temps qu’il t’est imparti tu lui fais face, tu ouvres les bras, et tu attends le moment fatidique.
Les crocs frôlent ta gorge, les griffes frôlent ton poitrail, laissent derrière elles de légères éraflures, mais pour cette fois, tu as pris le dessus sur la bête. Tu te saisis des immenses vibrisses de la créature au vol, et d’une contraction conjointe de tes bras et de tes jambes, tu tires. Désorienté par le choc sur ses organes sensoriels, son élan coupé net, le félin s’écrase au sol, et t’emporte avec lui sur les quelques mètres de sa chute.

Tu fermes les yeux. Tu écoutes la trame. Autour de toi les éléments s’excitent. Quelques menues étincelles et flocons crépitant comme un avertissement. Et les feulements dans le sous-bois redoublent d’intensité. Le premier tour de force suffira-t-il à dissuader les congénères du premier d’attaquer. La menace de mort que fait peser ta magie sur l’un des membres de leur meute suffira-t-elle à vous replacer en tant que prédateurs, et pas en tant que proies ?

- Nakor ! Dissuasion.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 16 Sep 2018 - 17:53

Glenn salua Loethwil et Nerhil avant d’écouter les dernières recommandations de l’elfe. Leur guide resta sur des instructions très générales, rien de bien spécifique, contrairement aux instructions qu’il laissa à Raymond. Ce dernier fut nommé responsable du campement de chevaliers. Idéalement placé à proximité de la route menant à la Dross, ces derniers allaient participer à sa sécurisation en collaboration avec les guetteurs. Ils étaient en mesure de s’approvisionner régulièrement au bourg de Ruven. En enfourchant son sac à dos, Glenn mettait sa couronne d’or de côté, allant jusqu’à risquer sa propre vie pour la survie de son peuple.

Ils empruntèrent des sentiers étroits. La pluie, qui continuait toujours à tomber, avait placé sur leur chemin de nombreuses flaques boueuses que Glenn s’efforçait à éviter. Il voulait éviter à tout prix d’avoir les pieds mouillés pour le premier jour de leur raid. Il se tenait aux côtés de Nakor, au centre du groupe. Les deux hommes avaient des conversations sérieuses mais il les gardaient pour eux, et eux seuls. De temps en temps, le vieux mage se mettait à hausser le ton, lançant une boutade, sur les chèvres ou les nains. Tu ne fais pas confiance à tout le monde ici et tu as bien raison…

Soudain, en tête du dispositif, Loethwil s’arrêta. Il avait remarqué quelque chose, un son, que Glenn ne perçut que bien plus tard. Dès l’arrêt du groupe, il se saisit de son bouclier et sortit lentement l’épée de son fourreau. Les bêtes étaient tout autour d’eux, elles avançaient pas à pas. Glenn vient appuyer son dos sur celui de Nerhil. Il était temps pour les aventuriers de former un cercle défensif efficace. Le semi elfe proposa alors aux mages d’incanter quelque chose, à commencer par brûler cette forêt.

- Non, le feu ne fera qu’attirer d’autres monstres bien plus dangereux, croyez-moi. »

Les légionnaires aux abords de la Dross avaient eu recours aux flammes pour affronter la horde. Ainsi, ils déclenchèrent une spirale qui ne prit fin que part la chute de leur Roi. Loethwil prit alors l’initiative, faisant quelque pas pour attirer les créatures à lui. Le félin ne se fit pas attendre et bondit droit sur lui. A main nu, le colosse eut raison de la créature. Ce genre d’antenne doit être leur point faible. Mais le faïra était juste immobilisé. Pourquoi fais t-il ça ? Il compte négocier avec les chats ? Drôle de façon de travailler. Glenn restait alerte, prêt à trancher toute vibrisse qui se présenterait à sa portée.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 16 Sep 2018 - 19:34

Ils avançaient avec vigueur dans cette forêt épaisse et hostile, chacun allant de son observation des autres par différents moyens. Le calme, les blagues, le silence, l'éloignement. Assez rapidement le groupe se resserra et ils commencèrent à être pris en chasse. Nakor ressenti des présences après Loethwil, l'archimage colossal bénéficiait de l'ouie plus que développée des elfes. Ils continuèrent à avancer quand un feulement rauque se fait entendre un peu trop près au goût de Nakor. Il marmonna dans sa barbe

"Des faïras!"

Satanée bestioles, elles pouvaient être très grandes, très longues et surtout plus que vigoureuses avec des griffes capables de vous trancher en deux. Heureusement, ces créatures n'étaient absolument pas les plus dangereuses de la forêt et avaient développée une légère crainte des bêtes plus fortes qu'elles. Une meute d'au moins quatre individus. L'archimage n'avait pas le temps de se focaliser sur les petites différences de sensations que chaque faïra pouvait éventuellement émettre. Il fallait se tenir prêt et il assista alors au pire spectacle qu'il lui avait été donné de voir depuis longtemps. Un archer certes excellent mais qui pensait pouvoir couvrir deux côtés en même temps fasse à des félins surpuissants musculairement parlant, un roi épée à la main avec dans son dos un pauvre fou qui commençait à paniquer en demandant qu'on allume un grand feu en pleine forêt et Loethwil qui ne donna qu'une simple indication sur le point faible physique de leur ennemi! Le magicien réunissait déjà ses pouvoirs en réfléchissant à ce qu'il savait sur ces créatures et en regardant très rapidement autour de lui, les sourcils froncés. Il jeta un regard éberlué à Nehril et senti son camarade archimage rompre la formation qui n'en était pas vraiment une. Un des faïras se jeta évidemment sur cette proie affaiblie car sortie du groupe et Loethwil ne put l'éviter que par une musculature hors du commun et des réflexes dignes du meilleur des guerriers. Ces donc les yeux très grands ouverts, tant ouverts qu'ils auraient pu quitter leurs orbites qu'il lâcha un mot en voyant Loethwil passer à ça de griffes tranchantes comme l'acier puis se battant presque à main nu avec un de ces maudits chats. :

"Mais ... "

Il fallait agir sans pour autant dépenser trop de magie contre leur premier adversaire. Il venait de comprendre ce qu'il devait faire et surtout, ce qu'il devrait dire ensuite à cette troupe de fous furieux qui se mettaient tous en danger les uns les autres. D'ailleurs son ami elfe hurla un ordre et le vieillard n'attendit pas longtemps avant de se mettre en branle. Il jeta son bâton sur la droite à ses pieds et forma très vivement un grand cercle avec les mains, à l'horizontale autour de lui. Sa magie fut propulsée sur un cercle de quinze mètres de rayon autour de la troupe.

"Bouchez-vous les oreilles!"

Hurla-t-il. Puis sa magie s'activa. En fermant le cercle invisible, il resserra ses doigts comme les serres d'un aigle. Sa main gauche en haut et descendant vers la main droite, en dessous, qui remontait. Comme s'il essayait d'enfermer une boule d'air dans ses vieilles mains qui vibraient de manière voulue. Il y eut d'abord un bruit rauque, qui se transforma très rapidement en hurlement vibrant et en l'espace de trois secondes seulement, la zone dans laquelle la magie de Nakor compressait et dilatait les masses d'airs fut remplie d'un mugissement ressemblant à celui d'un dragon hurlant. A l'extérieur de ce cercle, aucun bruit qui n'attirait de nouveaux ennemis. A l'intérieur, les faïras croiraient affronter une bête bien trop forte pour eux. D'ailleurs pour accompagner cet effet de dissuasion, au bout de dix secondes d'un bruit de fin des temps, Nakor rassembla tout l'air qu'il avait manipulé et balança un poing d'air en direction d'un des buissons et envoya valdinguer un seul faïra alors qu'il espérait en projeter plusieurs autres. Ces saletés de chats sont craintifs de nature. Ils ne devraient pas revenir si le reste de la bande s'occupait rapidement de celui qui s'en prenait à Loethwil. Le vieil homme resta attentif. Quand l'épisode des faïras serait terminé, Nakor imposerait de prendre la parole avant tous les autres et il n'allait pas mâcher ses mots!

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Dim 16 Sep 2018 - 21:04

Dante ne travaille peut être pas souvent en équipe, mais il pensait bien que Glenn allait couvrir son flanc gauche comme lui couvre celui de Nehril. Plutôt, en reculant, le roi l'exclue du cercle, le mercenaire se retrouve avec son flanc gauche complètement exposé.

Nehril suggère de flamber cette forêt, Glenn le contredisant avec un bon sens démenti par sa position. En lui même l'homme Dos à dos avec le mercenaire, l'excluant implicitement du groupe…. Nakor de l'autre côté suppose t'il et Loethwil qui fait… Qu'est ce qu'il fait au fait? Il y a un bruit de lutte… Et l'assassin n'ose pas lâcher son Faïras du regard, se sentant étrangement vulnérable à sa gauche du coup. Grincant des dents, roi ou pas, il va se rappeler de son nom tantôt s'il ne finit pas en bouffe à chat. L'archer ne peut pas reculer et s'appuyer sur les deux autres pour couvrir ses arrières, sinon il va entraver et bloquer les mouvements de ses "compagnons" qui risquent de l'embrocher, par accident ou pas.

Nakor ! Dissuasion.

Ok, Dante redresse la tête, feintant en même temps que l'animal se met en mouvement, mais ne quittant pas sa position pour le moment. L'animal ne l'attaque pas, mais s'approche tranquillement, millimètre par millimètre. Il est exposé, mais il ne s'éloigne pas du groupe, d'où l'hésitation du félin suppose t'il.

Ca où il aime jouer avec le dîner.

Dans une tentative de dissuasion, l'archer lance une flèche aux pieds de l'animal pour se donner une fenêtre de sortie.

jet de dés agilité:

Mais ca n'arrête pas le félin, au contraire, celui ci rend le trait comme pure provocation. Il agite ses oreilles et balaie la flèche d'un revers monstrueux de patte pour intimider son adversaire.

Mais enfin une aide de groupe somme toute inattendue se présente.

"Bouchez-vous les oreilles!"

Lâchant carrément son arc, Dante se pose sur un genou et couvre ses oreilles, les yeux grands ouverts pour voir l'effet du sort, prêt à prendre ses dagues si nécessaire.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Mar 18 Sep 2018 - 11:18

Nehril haussa les sourcils, remarquant les regards réprobateurs que lui avait valus sa remarque. Les créatures semblaient s'impatienter autour d'eux et une tension impérieuse s'empara progressivement de leur groupe. Ils se resserrèrent instinctivement, leur dos se frôlant dans une tentative de protéger leurs arrières. Glenn était derrière un Nehril impassible, Dante à ses côtés, quant à Nakor, il les dévisageant ostensiblement avec un air furibond. Le mercenaire prit un air détaché. Il observait les choses sous un point de vue pragmatique. User de magie élémentaire canalisé afin de l'orienter sur les bêtes et non sur la forêt ne lui semblait pas être une mauvaise idée.

Loethwil et Nakor étant des mages expérimentés, cela n'aurait pas dû leur poser de problèmes, songeait Nehril en décrivant des cercles dissuasifs de sa lame. Quand bien même, mieux valait prendre le risque de s'attirer les foudres de la forêt que de se retrouver lacéré par ces créatures.

L'elfe se détacha du groupe avant de foncer sur une bête qu'il cloua au sol sans un mot. Le cercle de protection qui unissait les quatre compagnons restant s'en trouva brisé, découvrant leur flanc. Remarquant Dante qui commençait à s'agiter, Nehril claqua sa langue et ordonna d'une voix ferme.

- Resserrez-vous.

Les autres s’exécutèrent sans un mot et Nehril observa avec une moue dubitative la flèche de Dante qui se fichait dans le sol. Sur l'ordre de Loethwil, Nakor se mit à incanter rapidement et leur conseilla de se boucher les oreilles. Le semi-elfe ne se fit pas prier, et un hurlement sonore vrombit soudainement. Un des faïra fut projeté en arrière sous une autre injonction du mage.

Nehril serra son épée si fortement que ses doigts blanchirent. Il se pencha légèrement, se préparant à bondir une fois qu'il aurait constaté l’efficacité du sort de Nakor.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Ven 21 Sep 2018 - 18:57

Jets de dés:

Tu te cramponnes aux soies sensorielles de l’animal sans la moindre délicatesse, l’épaule se creusant une place contre son flanc, pour le transformer en l’outil de sa propre douleur. Le Faïra gémit, grogne, feule doucement, mais il ne bouge plus, forcé à l’immobilité, condamné à dépendre de sa meute pour retrouver la liberté. Sauf qu’entre sa meute et lui, il y a trois guerriers et deux mages.

Les erreurs des premiers, il reste les sortilèges des seconds pour tenter de les corriger. Les sortilèges des seconds, il y a la présence des premiers pour leur permettre de s’exprimer. Dante sera autant le premier à subir qu’à bénéficier de cette réalité. Pris d’assaut par un félin enragé, c’est grâce au vieil homme qu’il trouvera sa délivrance. Le vent gronde, plus fort que les félins et la meute, piégée derrière le mur d’air, recule petit à petit.

Ils sont deux maintenant à être enfermés avec vous.
Ils étaient deux à être enfermés avec vous.

Un couinement, un grand félin en fuite. Et il ne restait plus que celui que tu maîtrisais tant bien que mal. C’était l’occasion ou jamais de tenter l’impossible.

- Ils devraient nous laisser en paix… et maintenant…

Jets de dés:

Tu tires sur les vibrisses de l’animal, le force à se cabrer, et au même moment, tu envoies tes jambes par-dessus son dos. La créature laisse échapper un dernier râle de colère, refuse ta présence sur son dos, et dans un ultime effort, finit par t’envoyer valser. Tu lâches prise, recherche ton équilibre, et comme un chat, d’une torsion, tu replaces ton centre de gravité et atterris sans effort sur tes pieds. Déçu, mais l’honneur sauf, et l’esprit libre d’abandonner l’action pour revenir sur les mots.

- Si seulement tu réalisais ce que c’est que de s’attirer les foudres de l’Aduram, tu réfléchirais sûrement à deux fois avant de dire ce genre de bêtises.

Comme la première fois, c’est avec ce regard sévère et paternaliste que tu reprenais Nehril, seulement contrairement à la première fois, tes pupilles s’échappaient à l’occasion pour chercher le visage de Nakor, qui semblait plus agité qu’à son habitude. Et pas besoin de plus le connaître pour savoir que c’étaient les mots qui lui chatouillaient la langue.

- On continue d’avancer vers le centre.

Le vieil homme pourrait vous parler en chemin.

Sujet: Re: [Le Cœur de l'Aduram ] Plongeon vers l'enfer Sam 22 Sep 2018 - 19:48

Jamais Nakor n'avait vécu une telle chose et pourtant il en avait vécu! Il observa pour couronner le tout, après cette immense cacophonie de comportement, que personne n'avait été aider Loethwil. Un coup d'épée, un coup de pied, une flèche ... il n'y eut qu'une misérable flèche qui ne parcourue qu'un mètre ou deux en venant se planter dans tout sauf dans son adversaire. Le sortilège de l'archimage fonctionna et les vilains chats partirent. Le dernier termina de faire chavirer le protecteur de l'Aduram avant de fuir et comme si de rien n'était, après une petite remontrance, ils entendirent tous qu'il fallait continuer d'avancer vers le centre. Loethwil se tournait déjà pour se mettre en route quand Nakor explosa.

"Pardon? Mais on ne continue rien du tout pauvres fous que vous êtes tous! Est-ce que vous avez assisté à la même scène que moi? Ce n'est absolument pas vers le centre que nous avançons mais vers notre mort à tous!"

Il se tourna alors vers ses camarades les uns après les autres

"Un semi-elfe qui perd pied en demandant qu'on brûle des chats sauvages sans se dire que le temps qu'ils meurent dans d'atroces souffrances, ces chats auront bondis partout dans la forêt et produit un feu d'une amplitude telle que nous aurions en quelques instants tous les esprits de l'Aduram en colère sur le dos. Faut-il vous rappeler que cette forêt a abattue une armée entière Nehril? Et vous Dante, embauché pour vos talents d'archers? Et vous tirez une flèche au pied d'un chat prêt à vous sauter à la gorge? Glenn, Monseigneur, vous avez sous vos yeux, grande épée à la main, un camarade en train de lutter avec une créature prête à le tuer et vous ne bougez pas? Et le pire de tous ... mais c'est vous Loethwil!"

Il se tourna alors vers son camarade, comme un vieux grand père pas content et assena pour finir

"Vous sortez du cercle pour être la cible principale et ne devez votre survie qu'à d'incroyables réflexes et une chance invétérée alors que vous êtes un des éléments les plus importants de cette troupe dans cette quête pour apaiser l'Aduram. Voilà qu'à la première incartade vous offrez votre gorge à des couteaux tranchants! Avez-vous perdu l'esprit Loethwil? Quand nous sommes arrivés aux abords de la forêt, vous avez le premier, sans attendre, marché vers le coeur du problème. Mais à quoi avez-vous donc pensé?"

Nakor souffla longuement en balançant sa tête de gauche à droite, dépité.

"Vous avez considéré que tous ici, étaient des guerriers aguerris ... certes. Mais aucun d'eux n'a jamais fait bataille avec les autres. Aucun ne se connait, ne connait les capacités des autres et aucune n'est rompu à la marche en forêt, les créatures qu'on y rencontre et ce que l'on doit faire au mieux dans chaque situation. Regardez même cette formation ... il n'y en a pas! J'ai promis qu'aucun de vous ne mourrez et je compte bien tenir ma promesse! Personne ne mourra, et encore moins vous Loethwil, sauf qu'en considérant les gens de cette troupe comme au moins aussi talentueuses que vous dans la connaissance de la forêt vous faite la plus grosse des erreurs et vous nous faite tous courir à notre perte! Alors nous allons nous arrêter trois minutes mais nous allons mettre au point une formation efficace et un plan de bataille général lorsque nous rencontrons un ennemi. Et tout le monde le suivra! J'ai vécu des dizaines de guerres et aucune n'a été remportée sans plan préalable, sans formation militaire! Où avez-vous la tête. Quelques instants de plus ne changeront rien aux choses. Je ne suis pas un grand stratège mais voilà ce que je propose : Loethwil devant, vous connaissez le chemin et couvrirez donc le chemin de devant. En retrait de deux pas derrière vous, en ligne et à deux pas de côtés chacun : Dante au centre, protégé sur ses côtés de Glenn et Nehril. Un archer a besoin d'un peu plus de temps que les autres pour cibler son ennemi. Les épées de nos deux combattants pourront donc faire front et lui donner le temps nécessaire. Glenn surveillera l'Ouest de ses yeux et Nehril l'Est. Je resterai à deux pas derrière Dante pour fermer la formation. Mes capacités sensorielles magiques me permettront de sentir si quelque chose arrive par derrière. En cas d'attaque, personne ne rompt la formation et nous tenons nos positions. Si quelqu'un est en difficulté, les autres l'aident immédiatement s'ils le peuvent et chacun écoute les autres. Des ennemis à distance? Loethwil, Dante et moi-même commençons. Des ennemis qui se jettent sur nous, Dante et Glenn interviendront plus vite et nous viendrons en secours ensuite."

Nakor plongea alors son regard sur chacun des hommes de cette troupe et demanda en haussant les épaules.

"Vos avis messieurs? Avant de se remettre en route."

Nakor était un mage de guerre et jamais aucune des batailles qu'il avait vécu n'avait été remportée par un camp en complète débandade.

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