[MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 6 - Les opportuns importuns

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Rp de rassemblement N°6

5e jour de la 9e ennéade de Karfias ~ été
11e année du XIe Cycle
Quelque part entre Hanning et Thaar.

Règles spécifiques à ce RP :
Pas de longueur de poste minimale
Double posts acceptés
Libre à tous ceux qui veulent jouer dans l'évènement "Le Chant du Souffle Prisonnier" (dernier RP d'arrivée pour les nouveaux)
Pas de tour de parole
Seules les informations qui seront partagées dans le RP seront considérées comme connues de la troupe et pourront servir à organiser le reste du voyage

Information à respecter sur la période de RP :
Dernier RP d'arrivé dans l'évènement pour d'éventuels intéressés. Après seuls ceux qui se sont implanté dans l'équipe irons jusqu'au Cercle des Piliers
Tous ceux qui le désirent peuvent avoir un cheval pour voyager
Il y a un petit chariot couvert pour transporter le nécessaire pour le voyages (vivres, toile, eau, bouquins éventuels)
Les personnages ont l'habitude de passer leurs journées et leurs soirées ensemble depuis près d'un mois. Pour marquer cela, un RP Campement est ouvert par >ICI<

Une petite carte de la région:

Les joueurs participant à l'évènement sont priés de ne pas ouvrir de RP se déroulant après la date de ce RP jusqu'à la clôture de celui-ci.

Sujet HRP de l'évènement

Clôture : Dimanche 4 novembre à 23h

Après s'être réapprovisionnés à Hanning, la troupe disparate de mages et leur protecteur à la faux s'étaient à nouveau jetés sur les routes. Cela ne faisait que quatre jours qu'ils usaient les sabots de leurs montures et les roues d'une petite et le matelas de leur dernière auberge leur paraissait déjà bien loin.

Les grandes routes reliant les cités Thaaries étaient soigneusement entretenues. Les marchands du coin devaient estimer qu'il était primordiale de pouvoir faire passer sur la chaussée les convois les plus imposants. Pavée la plupart du temps et toujours aplanie, la terre sèche parvenait tout de même a leur envoyer dans la figure un mince nuage de poussière dès qu'ils s'éloignaient de la côte, ce qui était le cas depuis un bon moment. Le soleil de cette fin d'été non plus n'avait rien à voir avec ce que la plupart des voyageurs connaissaient en péninsule. Énorme, rond et dardant des rayons brulant sur une nature jaunie dépourvue des rivières et autres marres à grenouilles habituelles.

La pause du déjeuné avait été salutaire. A l'ombre d'un groupe de dattiers, ils avaient éviter le plus fort des rayons... Mais ceux qui n'aimaient pas la chaleur souffraient. Même la nuit n'arrivait pas à refaire descendre la température à des moyennes Péninsulaires raisonnables.

Suant à grosse goute sur leurs chevaux vaanis, portant des armures ou des vêtements des quatre coins du monde et ne présentant pas la moindre garde armée reconnaissable, les drôles ne passaient pas inaperçus. Dans les replis de la régions et derrière les arbres rachitiques, des yeux semblaient les suivre sans oser les approchés.

Soudain, au détour d'un imposant buisson disposant encore de quelques fleures blanches faméliques, une sorte de gros rat beige sauta sur la route. Il avait des pattes arrière digne d'un poulet griffu, des oreilles de lapins et une fine queue terminée par un pompon. Sans demander son reste, la mignonne créature difforme leur coupa la route, s'enfuyant par petits bonds tout en couinant d'un air paniqué.

Cécilie fronça le nez en tendant l'oreille.

- Qu'est-ce que c'était ? "

Ainsi s'écoulait la vie trépidante des voyageurs depuis leur départ de l'Aurore.

Dernière édition par Grayle Gardair le Mar 16 Oct 2018 - 17:08, édité 1 fois

- J'ai aucune idée de ce que c'est, mais ça se mange sûrement répondit Grayle avec entrain. Hélas, ce dernier se dissipa vite lorsque le petit animal disparu entre les buissons. Grayle était un paysan, pas un chasseur. Il avait plus de difficultés lorsque son prochain repas bougeait.

- Bon bah on le saura jamais je pense...

Grayle n'était pas spécialement affamé, mais il est clair que leurs rations de voyages ne suffisaient pas à combler l'appétit du jeune garçon. Mettre la main sur un animal et le cuisiner aurait été une bonne rupture dans la monotonie du voyage.

Depuis le début de ce dernier, Grayle s'était lui même désigné comme préposé à la cuisine et à toutes les tâches ô combien ennuyantes mais indispensables de s'occuper également des chevaux ou de prendre les tours de garde. Le paysan d'ordinaire si prompt à obéir s'était montré encore plus borné qu'un âne et refusait de partager ses tâches, et prenait deux tours de garde par nuit.

- Vous êtes des mages, vous êtes importants pour la suite. Alors reposez vous et laissez moi faire. avait-il dit

S'il avait passé la plupart de sa vie sous une maison et au village, sans voyager, Grayle commencait à avoir l'habitude des trajets sur la route depuis son exil, et avait de toute facon rapidement appris, dès son plus jeune âge, comment faire un feu, à manger., ou monter une tente. Ainsi était la vie pour ceux n'ayant pas de serviteurs faisant tout leur boulot !

Et, à en juger par le sourire aux lèvres du seul non-magicien du groupe (si on ne comptait pas les chevaux), Grayle était parfaitement heureux de se sentir utile et d'occuper son esprit. Même si quelques cernes commencaient à apparaître sous ses yeux. Pour le reste, l'écrasante chaleur ne semblait pas particulièrement le déranger. Il faut dire qu'il avait déjà pris ses précautions, vêtu d'une simple chemise de toile blanche et d'un pantalon de lin.

Il était également pieds nus, et, lorsqu'il descendait du cheval, se plaignant de douleurs au dos et au bassin, marchait sans la moindre difficulté sur le sol, la corne épaisse de ses pieds se riant des cailloux. Sa grande et sinistre faux comme bâton de marche, il voyageait ainsi, avec tranquilité.

Ceci dit, il était nostalgique du bon lit qu'il avait eu à l'Aurore.

↞ En direction de Hanning

Loan était mort.

Suri avait encore du mal à le croire et il lui fallait sans cesse regarder le visage fermé et le regard froid de Mika’el pour s’en convaincre. Le sang-mêlé n’avait pratiquement rien dit depuis les tragiques événements de la veille. Pour être totalement honnête avec elle-même, ce n’était pas pour déplaire à la guérisseuse, car à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, c’était pour présager d’événements par trop funestes. « Quand ils nous rattraperont, je vais me servir de toi comme d’un otage, lui avait-il ainsi assuré au milieu de leur folle nuit de cavale, juste assez longtemps pour les convaincre que tu ne nous accompagnais pas de ton plein gré.

— Nous n’aurons pas besoin d’en arriver là, avait-elle répondu avec une obstination qu’elle ne s’expliquait pas totalement. Nous avons réussi à les distancer, il suffit de nous cacher et… »

Il l’avait coupé avec fermeté, sans chercher à la ménager. « Nous cacher où ? Ce foutu pays est plat comme le dos d’une main et nos poursuivants savent très bien ce qu’ils font — s’ils ont réussi à nous rattraper une fois, malgré toutes les précautions que nous avons prises, ils sauront recommencer. » Ils n’avaient pas dormi, cette nuit-là. Une fois encore, c’était un désagrément avec lequel Suri était presque heureuse de composer. Elle savait qu’à l’instant où elle fermerait l’œil, elle vivrait à nouveau la scène terrible qui avait vu le sacrifice de Loan leur permettre de s’enfuir. Finalement, le gladiateur avait eu raison de se méfier de l’elfette, car c’était avec elle que son frère s’était enfui plutôt que lui.

Le soleil atteindrait bientôt son zénith et Mika’el continuait d’imposer un rythme effréné à sa monture ; la pauvre jument, certes taillée pour les longues expéditions, n’avait pas une endurance illimitée et il était certain qu’elle ne tiendrait plus très longtemps.

« Nous devrions nous arrêter, » souffla Suri après un trop long silence. Elle avait la gorge sèche et ses tempes la mettaient au supplice. Elle ne se souvenait pas avoir un jour fait une véritable nuit blanche et c’était une bien mauvaise première expérience.

« Je veux trouver un endroit qui nous permette de nous défendre un minimum, répondit Mika’el avant de pousser un profond soupir. Mais tu as raison, nous ne pouvons pas continuer comme ça. » Il leva les yeux vers le soleil. « Grâce à notre folle chevauchée nocturne, nous avons pu creuser une petite avance, je pense. À moins qu’ils n’aient un sorcier dans leur rang, ils n’ont pas pu progresser à une allure comparable à la nôtre.

— Parce qu’ils devaient s’assurer que nous ne quittions pas la route ?

— Exactement, acquiesça le gladiateur. Si nous parvenons à rallier Hanning, nous aurons peut-être une chance de leur échapper tout à fait. Je connais des gens qui pourront nour y protéger. »

Suri sentit une bouffée d’espoir lui saisir la gorge et elle opina du chef en silence, le cœur battant la chamade. Se pouvait-il que le sang-mêlé commençât à croire en leur chance de succès ?

Malgré tout, ils poussèrent encore un peu la jument une heure supplémentaire, ce qui les conduisit tout droit jusque devant la petite procession péninsulaire. Mika’el, dont l’attention était presque entièrement tournée vers ce qui se passait derrière eux — il continuait de craindre voir leurs poursuivants débouler dans leur dos — ne les remarqua que trop tard ; Suri, elle, avait fini par céder à l’épuisement et était en train de somnoler, si bien qu’elle ne put pas le prévenir.

Il stoppa sa monture avant de les dépasser, attiré peut-être par les odeurs agréables qui provenaient de leur petit groupe. Ils avaient dû abandonner leur provisions de voyage à cause de leur départ précipité la veille et commençait à juger que cette rencontre improbable constituait peut-être une aubaine. Il secoua gentiment l’épaule de sa protégée, avant de démonter souplement et de conduire sa monture par les rennes. Suri, elle, demeura perchée sur la selle et balaya les gens présent du regard.

« Pardonnez notre intrusion, » commença le sang-mêlé en levant ses mains, pommes ouvertes, devant lui. La troupe ne semblait pas lourdement armée — s’en était même louche, en vérité — et il ne voulait pas les effrayer. « Je m’appelle Ismaël et voici Sïnaë, ma compagne. » Il désigna l’elfette d’un coup de tête, qui pour sa part le regardait sans vraiment comprendre son manège. Elle préféra garder le silence et s’inclina plutôt respectueusement. « Quelques mésaventures malheureuses nous ont laissés sans le sous et sans nourriture, continua-t-il avec les accents de la bonne foi. Nous serions à jamais vos obligés si vous acceptiez de partager un peu de votre pain avec nous… »

À ce moment-là, il posa son regard sur un membre de l’étrange compagnie et ne parvint pas à retenir un juron en saisissant la cheville de Suri. La jeune anëdhelle sursauta et suivit son regard ; il s’agissait d’un elfe dont le visage ne lui était pas inconnu, mais dont elle n’aurait pas su dire où ou quand elle l’avait rencontré. Mika’el ne lui en laissa de toute façon pas l’occasion, car il tira vivement sur sa jambe pour la faire descendre. Elle manqua s’étaler au sol et ne dut son salut qu’à la force du sang-mêlé, qui dans un même mouvement la remit sur ses pieds, dégaina sa lame et la posa sur sa gorge.

La pauvrette se figea, avant de poser à nouveau son regard sur Haldren Umbarion.

« Oh non… » souffla-t-elle en écarquillant les yeux. Quelles étaient les chances, vraiment, qu’ils se jetassent ainsi dans les bras du propriétaire légitime de Mika’el quand ils fuyaient si déséspérement une troupe très certainement payées avec ses deniers ? Une troupe armée, peu regardante sur les dommages collatéraux, qui avait par ailleurs peu de chance de connaître le visage de leur employeur ; Umbarion était absent au moment de l’évasion de ses deux gladiateurs, ce devait donc être l’un de ses serviteurs de confiance qui avait pris les choses en main. Et surtout, une troupe qui pouvait débarquer d’une minute à l’autre.

« Salut, patron ! » lança Mika’el à l’archimage qui avait déjà dû reconnaître l’un de ses poulins les plus rentables. Enfin, l’avait-il vraiment ?

Aucun des deux duellistes ne voulaient s'avouer vaincu. Les yeux dans les yeux, front contre front, les mains sur les cornes, la tension était palpable, leur souffle, suspendu. Deux volontés forgées dans l'âpreté du Nord. Le vent s'était tu, le temps s'était figé, l'univers était sur ses gardes, attendant le frisson de la délivrance...
Le bélier releva la tête sans effort. La naine gagna miraculeusement vingt bons centimètres.

"C'pas bien fairplay ça, la Barbaque." marmonna-t-elle.

Pour toute réponse, le ruminant lui souffla au visage. Relevant une narine, Grimeldha lâcha prise et retrouva sa taille initiale. Prenant ses distances avec l'animal, elle fit craquer son dos : si la dominance lui avait (pour l'instant) échappé, du moins faire la naine pendue lui permettait de se débloquer un tantinet les vertèbres.

"Bon, c'bien parce que c'est toi. marmotta la vieille dawi. Mais t'éternise donc pas. Thaar s'rejoint pas en une p'tite soirée, hé !"

D'un reniflement que la naine aurait juré être "amusé", Rurk montra (peut-être ?) son accord, et entrepris de brouter la douce herbe, à l'écart de la grande route. V'la qu'est clair au moins. songea la naine, interprétant à foison la moindre mimique, le moindre son, le moindre grattement de sabot de son "compagnon". C'est que la dernière créature capable d'articuler un mot, elle l'avait quittée à Hanning : la belle-mère, sa bru, son fils et sa chèvre n'allaient pas plus loin. A la bonne heure ! Grimeldha n'en avait pas moins continuer son périple vers le sud. Et se retrouvait à faire la conversation avec son bélier des plaines. Par les Ancêtres... s'apitoya-t-elle une fraction de seconde. C'qu'il lui manque 'peu d'vocabulaire quand même. Dix années d'vie commune et même pas une insulte. C'est que Rurk n'avait pas une tête à dire des mots doux.

Toute songeuse qu'elle était, elle n'en perçut pas moins l'approche d'équidés. Des voix se firent bientôt entendre, Grimeldha en venant même à reconnaître des mots. Qu'elle comprenait, tudieu ! Toujours sur ses gardes mais ne pouvant empêcher l'espoir de naître, la dawi se saisit de son bâton ainsi que des rênes de Rurk, toujours harnaché à la chariote et que les sons avaient aussi alerté, et marcha tranquillement en direction du bruit, se rapprochant ainsi de la grande route. Par delà des buissons, elle devina des tignasses et des allures qui ne criaient pas aux bandits. Quant à si elles le chuchotaient, il lui fallait être plus près pour en juger.

"Dis-donc l'umgi ! s'exclama-t-elle dans un oliyan à l'accent digne d'une avalanche, en continuant de s'approcher. Où donc qu'vous vous rendez ? Iriez pas à Thaar, des f..."

Ses mots s'interrompirent au même titre que son pas quand, s'étant rapprochée, Grimeldha avisa plus particulièrement deux individus (visiblement elfiques) dans une situation communément nommée "prise d'otage". Elgi ! Toujours des problèmes, c'longues oreilles... Rurk gratta du sabot dans son dos. La dawi cru presque sentir son "fumet" (déjà non négligeable, comme il sied à un bélier) se faire davantage sentir. Ou était-ce elle qui avait pris une brusque inspiration ?

"Ah ! J'dérange p't'être." fit-elle, dans l'expectative.

Haldren n'avait jamais été un cavalier émérite, même s'il s'en défendait et affirmait doctement pouvoir chevaucher nuit et jour tel un centaure lorsqu'il le décidait. Sans doute fallait-il trouver dans cet orgueil quelque peu puéril la raison l'ayant poussé à acheter à l'Aurore un superbe étalon d'un noir d'ébène digne d'un duc péninsulaire, malheureusement aussi ombrageux que racé. L'espace d'un instant, l'archimage avait envisagé avec nostalgie de le nommer "Groboubou 3" en mémoire des montures ténébreuses chevauchées à Amblère puis à Abyssea, mais un autre nom s'était vite imposé tant l'étalon rechignait à obéir à un cavalier faisant preuve d'amateurisme.

Arrête de ruer et avance, foutue carne !

"Foutue Carne" était donc devenu le nom officiel de l'étalon, dont Haldren regrettait le choix jour après jour alors que son fessier devenait douloureux et qu'une crise d’hémorroïdes le guettait probablement.Cela n'arrangeait certes en rien son humeur, d'autant plus que l'elfe s'envoyait régulièrement de grandes lampées d'un alcool dawi offert par Nakor avant le départ tant pour passer le temps que pour oublier ses problèmes de postérieur.

Vous le sentez, l'héroïsme de la situation ?

A moitié somnolent à moitié ruminant, Haldren n'avait donc pas immédiatement réagit lorsque Suri et Mika'el apparurent devant eux comme deux diables issus de leur boîte. La surprise de reconnaître un de ses gladiateurs et la soigneuse embauchée quelques ennéades auparavant l'empêcha dans un premier temps de répondre au salut de Mika'el. L'arrivée d'une vieille naine acheva de le troubler et lui donna la sensation de se trouver au beau milieu d'une pièce de théâtre où trop d'acteurs se présenteraient simultanément sur scène afin d'embrouiller le public. Comme souvent dans pareil cas et surtout lorsqu'il avait bu, ce fut une réaction de colère qui l'emporta.

Fermez tous vos gueules ! brailla l'archimage exaspéré.

Péniblement tant les muscles de toute la partie arrière rechignaient à l'effort, Haldren descendit de Foutue Carne et s'approcha de quelques pas raides du duo. L'incompréhension se lisait sur son visage face à cette prise d'otage dont il ne saisissait pas les ressorts. La présence de Suri pouvait à la limite se comprendre car rien n'interdisait à la soigneuse de quitter l'école, mais Mika'el étant un esclave il n'aurait normalement pas du quitter Thaar, à moins que l'un des entraîneurs ne l'emmène pour des combats dans d'autres villes. Toutefois, Haldren ne voyait ni l’entraîneur ni les gardes qui dans ce cas auraient également été présents dans leur groupe.

Suri ? Mika'el ? J'ose espérer que vous avez une sacrément bonne raison pour vous balader ainsi au milieu de nulle part au lieu de bosser à l'Aile Blanche ! Et ranges ce couteau, triple burne !

Puis, en jetant un regard à la vieille naine, il lui demanda d'un ton acerbe :

Vous êtes avec eux ?

"P'tète bien qu'si j'étais avec ces guss, j'rais arrivée du même côté. P'tète bien qu'si c'était l'cas, mon bélier s'rait essouflé comme leur bestiau. P'tète bien qu'si tu t'servais d'ce que t'as entre tes deux oreilles, j'aurais pas à t'expliquer c't'évidence, l'elgi ! répondit avec un soudain agacement la vieille dawi.

Elle était bien bonne ! Se faire dire de la fermer, à plus de deux siècles passés ! Enfin, ce genre d'absurdités, Grimeldha s'y était plus ou moins faite, depuis son départ du Zagazorn. Les Longues-Jambes et les Oreilles-Pointues avaient des conceptions très variées du respect dû aux Ancêtres. Avec un peu de chance, le présent groupe ne comportait pas que ce genre d'individus.

HRP:

La triple burne dardait un regard froid sur Umbarion, à la recherche d’une échappatoire qui lui soit vaguement favorable. Contre lui, le corps par trop frêle de Suri était secoué de tremblements de peur qui lui crevaient le cœur. « Ma mère qui vit à Hanning est mourante, mentit-il en esquissant un maigre sourire. J’ai dû insister un peu — beaucoup, en fait — mais Suri a finalement accepté de m’accompagner. » Il posa le métal froid de sa lame contre la peau pâle de sa « victime » comme pour mieux souligner sa métaphore, mais Suri broncha à peine ; un petit gémissement plaintif aurait pourtant été du meilleur effet. En même temps, elle paraissait complètement tétanisée.

Mika’el balaya du regard l’étrange troupe qui accompagnait son propriétaire, mais rapporta bien vite son attention sur celui qui constituait sa menace la plus immédiate. Le temps pressait ; la naine, pour burlesque que son entrée fût, ne lui avait pas offert l’opportunité d’une sortie. Il devait trouver autre chose.

Et en même temps… Loan était mort.

C’était une vérité qu’il devait encore digérer : il avait tant œuvré pour protéger son frère… qu’il fût mort si bêtement, alors qu’ils étaient presque hors de danger,. Dans le même temps, avait-il vraiment besoin de se battre, si ce n’était pas pour lui ? Seul, il ne doutait pas de parvenir à racheter sa liberté, d’une manière ou d’une autre. Quant à Suri, elle restait une anëdhelle libre ; elle pourrait retourner chez elle quand elle le voudrait.

Il baissa légèrement sa lame, sans quitter Haldren Umbarion du regard. « J’imagine que je ne vais pas échapper à une bonne fessée. » Il rapporta son attention sur une femme un peu en retrait qui n’avait pas eu l’occasion d’intervenir. S’il devait en juger par sa peau pâle et sa crinière rousse, elle devait être une péninsulaire — et ses parures la dénonçaient comme riche, par dessus le marché. Il décida donc de tenter un ultime bluff. Cela lui permettrait de gagner un peu de temps. Si vraiment rien ne se présentait, il finirait par baisser les bras et se faire à l’idée que les dix ou vingt prochaines années de son existence manqueraient singulièrement de liberté. « À moins que… vous, là ? Vous ne voudriez par me racheter par hasard ? » demanda-t-il un brin effrontément à celle qui était — mais cela il l’ignorait — rien de moins qu’une comtesse. En même temps, qu’est-ce qu’elle foutait sur la route de Hanning, vraiment ?

Grayle était descendu de son cheval dès que les deux inconnus étaient arrivés. Il avait dégainé sa faux et, fermement campé sur ses deux épaisses jambes, le paysan regardait le preneur d'otage d'un air hostile, la lame aiguisé de son instrument de ferme dirigé vers lui. Il essayait de faire la tête la plus hostile, méchante et menacante possible, mais, il fallait se rendre à l'évidence : il n'était pas bon à ca.

Ses yeux froncés devinrent rond lorsqu'une naine qu'il qualifia instantanément de "complètement folle" fit d'un seul coup irruption, demandant ce qui se passait. Question à laquelle Grayle n'avait aucune réponse, hélas, et il fut encore plus désemparé lorsque l'archimage Haldren se comporta comme le dernier des piliers de bars en disant à tout le monde de la fermer.

Lorsque l'homme s'adressa à Cécilie, Grayle prit la parole.

" Il prend une femme en otage, la lame près de sa gorge. " dit-il pour lui décrire la scène, mais s'il savait qu'elle pouvait "voir", d'une manière ou d'une autre, à peu près ce qui se passait. Il s'adressa à l'inconnu.

" Baissez votre arme. Si vous lui faites du mal, vous n'aurez aucune raison d'être épargné. " essaya de le raisonner Grayle, dont l'expérience en prise d'otage était proche du néant.

Été, Arkuisa, neuvième ennéade de Karfias, an onze, onzième cycle.

T’sisra guidait sa monture sereinement. Il était loin ce temps où elle pestait et grommelait à plus en finir lorsqu’il fallait monter sur le dos de ces bestioles, elle qui avait toujours préféré les montures puysardes, par habitude sans doute. En Apreplaine, sous l’œil avisé de « Max », elle avait appris à monter les chevaux, de bons souvenirs qui lui arrachaient un sourire à chaque fois qu’elle y repensait.
Elle chevauchait à l’arrière, fermant la marche. Et lorsque l’arrivée de Mika’el et Suri fit stopper le convoi, elle se contenta d’avancer, au pas, jusqu’à l’avant, écoutant et observant la scène surréaliste qui se déroulait sous ses yeux. Elle eut d’ailleurs bien du mal à retenir un rire lorsque la vielle naine revêche répondit sèchement à Haldren. Et quelle ne fut pas sa surprise en voyant Grayle se tenir prêt et l’arme à la main si promptement.

« À moins que… vous, là ? Vous ne voudriez par me racheter par hasard ? »

" Il prend une femme en otage, la lame près de sa gorge. " Expliquait Grayle à Cécilie avant d’embrayer la discussion avec le preneur d’otage.

" Baissez votre arme. Si vous lui faites du mal, vous n'aurez aucune raison d'être épargné. "

T’sisra intervint, toujours aussi calmement qu’à son habitude et prit la parole d'un ton monocorde.

- Il a raison, concéda-t-elle à Grayle à l'adresse du preneur d'otage, si vous lui faites du mal, cette histoire va très mal se terminer. Croyez-moi, je saurais vous le faire regretter. Affirma-t-elle en tournant la tête vers Haldren, s’apprêtant à rebondir sur l’idée de Mika’el. Dites-moi, combien vaut un esclave ? Certes, il est dans la fleur de l’âge, il est fort et semble savoir se battre. Mais quand bien même il serait si talentueux, il cause des problèmes. Après tout, c’est bien dans le cœur des esclaves que le feu de la liberté brûle le plus fort. Argua la daedhel en tirant une très épaisse bourse de son sac, avec une légère grimace, puisqu’elle voyait ses économies acquises en Apreplaine s’envoler très loin. Au prix le plus fort vous en tireriez quoi ? Quatre-vingts souverains ? Plutôt, soixante me diriez-vous, puisqu'il cause des problèmes.

La daedhel jeta sa bourse aux pieds de Suri et Mika’el. Puis elle se pencha un peu vers l’avant, perchée sur son cheval.

- Quelqu’un a perdu une bourse. Fit-elle en la désignant. On dirait bien qu’il y a une centaine de souverains dedans, de quoi largement racheter sa liberté et partir je ne sais où.

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[MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 6 - Les opportuns importuns Peuple10

T'sisra en bikini :

Une arrivée. Deux. Trois.

Dès que le ton des nouveaux monta, Cécilie avait porté la main au médaillon d'or qui coulait dans le décolleté de sa robe de lin blanche. Un battement de cœur et elle se retrouvait au centre des mille mélodies qui lui arrivaient étouffées lorsqu'elle n'y prêtait pas d'attention particulière. Cette forme d'empathie très particulière laissaient s'entrecroiser les musiques issus des esprits et des sentiments des êtres qui l'entouraient. Certaines lui étaient désormais familière et elle en percevait les accents plus simplement. Là, l'étrange et complexe fuite jouée sur une viole aussi stridente que virtuose ne pouvait être qu'Haldren. Ici, le rondo calme de T'sisra et son monotone jeu de à deux tons.

D'autre étaient totalement nouvelles tout en reprenant quelques accents communs à toute forme de de vie pensante. Les siffles stridents de la peur... Une peur maîtrisée mais elle connaissait assez cette émotion pour savoir qu'elle dérapait bien plus facilement qu'il n'y paraissait. D'une certaine façon, elle s'était même noyé dedans et l'avait explorer de la façon la plus complaisante possible. Un discret sourire glissa au coin de ses lèvres, sans qu'elle n'en éprouve la moindre compassion. C'était étrange d'ailleurs. M'enfin pour le moment, elle avait un peu autre chose à penser.

Ce jeune crétin était comme beaucoup d'autre, il menaçait une femme pour sauver sa peau. Qu'il le fasse pour de faux ou non n'avait pas grande importance pour le moment. Il le faisait et c'était déjà trop...

aléas:

Pendant que Grayle lui exposait la situation avec plus de précision et qu'il tentait de dénouer pacifiquement cette situation, elle remonta les notes houleuses qui lui parvenait du faux agresseur et profita du fait que son attention était fixée sur Haldren et Grayle pour passer ses défenses mentales comme un souffle de vent.

Cet énergumène osait la prendre à parti en plus !

- Pardonnez-moi mais dans mon pays, posséder la vie de quelqu'un d'autre est un pêché grave. " répondit-elle d'un ton serein dégageant néanmoins une grande froideur. " Nous pendons les sauvages violents. Nous ne les achetons pas. "

Non mais vraiment... Pour qui se prenait-il ?!

Prenant mentalement possession des lieux et des cordes particulières de l'instrument qu'était l'esprit de l'esclave en fuite, quelques bribes de souvenirs de sa vie à l'Aile Blanche arrivèrent jusqu'à la conscience de l'intruse. Elle n'allait pas attendre de savoir ce que voulait exactement T'sisra. La magicienne commença a fredonner à voix basse une musique lancinante, usant de sa volonté pour intensifier ce sentiment qu'il ravalait et cachait bien au fond derrière un mur de contrôle. Ses doigts pianotaient sur le pommeau de sa selle.

* Ma façon d’être est ce qu’elle est, qu’on l’aime ou pas, j’opposerai l’horreur à la cruauté, je lèverai ma lame pour défendre ceux qui ne le peuvent pas et je tendrai la main à ceux qui en ont besoin. Il faut un mal pour en combattre un autre et c’est ce que j’ai choisi de faire. *

Au dernier moment, le souvenir de la sincérité de ces paroles, laissa filer l’écheveau entre les doigts de la jeune femme. L'hésitation était fatale. Était-ce réellement juste ? Je surréagissait-elle pas ? En arriver à la douleur était extrême. Elle avait penser l'immobiliser avec une souffrance telle qu'il ne pourrait que tomber au sol, mais n'était-ce pas s'abaisser à son niveau ? Cette jeune femme était-elle réellement en danger. En avait-elle vraiment besoin ? Rien ne vint troubler le gladiateur cette fois...

Elle se tint plutôt prête à agir aussi vite que l'éclair au cas ou l'homme ne rengainerait pas son arme dans les secondes suivantes. Une fois découverte, elle serait aussi imposante et gênante qu'un affreux acouphène, mais elle avait encore de précieux instants.

« En posséder un, seulement ? répondit un Mika’el heureux de voir que son piège tendu avait fonctionné. Je croyais que c’était l’esclavage dans son ensemble qui était proscrit. » Il baissa un peu plus son arme, qu’il tenait désormais sous les épaules de Suri. L’esclave n’espérait pas franchement voir la gonzelle se découvrir une cohérence qui pourrait le sauver ; en réalité, il faisait plutôt son baroud d’honneur avant de rendre les armes et de se laisser repasser le collier de fer au cou.

Aussi, quand l’étrange elfe lunaire lança à ses pieds ce qu’elle annonçait être une bourse beaucoup trop pleine, il ne parvint pas à cacher totalement sa surprise. Son regard passa du précieux trésor à ses pieds au visage de sa généreuse bienfaitrice, avant de s’attarder sur celui, sans doute très agacé, du maître de l’Aile Blanche.

Pendant ce temps, Suri luttait elle aussi contre ses démons. La lame menaçante, qu’elle avait un temps ignoré par trop facilement, avait commencé à l’oppresser. Son dos la brûlait, ce qui n’était jamais bon signe, et elle s’était donc réfugiée dans cet état second qui venait avec la méditation. Sans cela, l’agitation ne lui aurait pas permis de déceler les machinations silencieuses de la péninsulaire. Elle ne comprit pas vraiment ce que la sorcière avait cherché à faire, pas plus qu’elle ne devina qu’elle avait reporté à plus tard son plus grand méfait. Tout ce qui s’imposa à elle, c’était que Haldren n’était pas le seul mage dont ils devaient se défaire et que Mika’el n’avait aucune chance de leur résister.

« Pareille générosité est rare, nota-t-il avec une lenteur étudiée. Suri ? Tu veux bien la ramasser ? » Et, d’un geste dramatique pour accompagner ses paroles, il baissa son arme tout à fait. Son otage ne réagit pas tout de suite : ses épaules tremblaient subrepticement et elle serait très fort ses poings. « Haldren refusera sans doute mon offre de rachat, expliqua-t-il à sa riche mécène en prenant le concerné à parti. Si c’est le cas, ça vous va si je lègue ma nouvelle fortune à la petite ? »

Les yeux de la vieille dawi s'étaient tout à tour plissés puis ouverts grands alors qu'elle saisissait de quoi il retournait. Tudieu, ce marmot est un esclave ? Cette simple pensée donna à son faciès des nuances pourpres. Les récriminations contre le preneur d'otage rentrèrent dans l'une de ses oreilles et ressortirent par l'autre, percevoir la modification de la trame - Des MAGES, par Mogar ! - lui picota tout juste l'épiderme, et en ce qui concerne le son d'une centaine de souverains s'entrechoquant dans leur bourse, elle fit tout bonnement la sourde oreille.

Grimeldha avait dû intégrer de nombreux concepts nouveaux en quittant le Zagazorn, montrer une certaine tolérance envers les pratiques des autres races, mais cela elle n'avait pu s'y résoudre. Ce n'était pas faute de se l'être fait martelé à de (très) nombreuses reprises par ses connaissances. Malheureusement (pour les autres), Grimeldha avait la tête particulièrement dure.

Aussi, tandis que le groupe d'hurluberlus se racontaient des douceurs, la vieille dawi s'était brusquement tournée vers son bélier en marmonnant furieusement. La bête fut promptement détachée de la chariotte et la naine n'hésita pas une seconde avant de mettre le pied à l'étrier, Rurk renaclant de satisfaction en sentant la tension monter (interprétation de la dawi, toujours). Les derniers mots du "preneur d'otage" achevèrent de la décider.

C'est ainsi que les supposés aventuriers virent une vieille dawi montée sur un bélier passer au milieu d'eux en pestant copieusement à leur encontre, sa monture n'hésitant pas à jouer de ses cornes (qu'elle avait larges et massives) envers toute opposition physique.

"Liberté ? La racheter ? Posséder quelqu'un ? Mais tudieu c'te bétise ! Naître libre est un don des DIEUX ! D'où qu'donc vous pensez pouvoir la monnayer ?! Et d'où qu'tu compte le pendre, donzelle ?! Vois plus loin qu'le bout d'ton pif ! Va m'dire qu'c'est pas du chiqué pour qu'y veuille donner son butin à la gosse ? ARRÊTEZ D'MARCHER SUR VOS TÊTES ET SERVEZ VOUS EN, FOUTREDIEU !" s'indigna-t-elle.

Chemin faisant, la naine montée s'interposa toute bonnement entre l'esclave, son "otage" et le reste de la troupe, avant de les invectiver tout à tour.

"Vous deux, vous descendez d'vos grands ch'vaux, par Mogar ! fit-elle à l'attention des deux elfes pâles. T'ARRÊTE tes fourberies magiques, la mioche ! dit-elle à l'attention de la fille distante. TOI... Mais qu'est-ce tu comptes faire avec ça, garçon ? s'essoufflant-t-elle une demi seconde à la vue de la faux du guss, avant de reprendre de plus belle. Et toi tu va m'ranger ton couteau à beurre là où j'pense avant d'blesser quelqu'un. sermonna-t-elle l'esclave. Et c'est pas dans ton fondement, s'tu vois c'que j'veux dire." acheva-t-elle, une flamme draconnienne au fond de ses mirettes.

HRP:

Fatigué, Haldren se massait les temps pour faire passer la migraine lancinante qui le menaçait depuis plusieurs minutes. L'espace d'un instant, il se demanda si l'ancienne méthode en usage durant sa vie de drow, à savoir le "on bousille tout et on réfléchit après" (copyright @Uriz) n'aurait pas été un choix fort convenable dans la situation présente pour calmer cette bande de fous qui se braillaient dessus. Les réflexes millénaire du natif de l'Elda jouaient dans cette voie, mais la transformation effectuée par Kÿria lors du Choix n'avait pas impacté que le physique de l'ancien Triumvir. Bien que toujours soupe-au-lait, Haldren évitait maintenant les solutions trop extrêmes, sans pour autant prétendre concourir au titre du diplomate de l'année.

En l’occurrence, il se contenta cette fois-ci de désigner Mika'el du doigt tout en lui ordonnant d'une voix douce :

Viens ici mon garçon.

Jet de dés:

L'ordre n'était pas qu'oral, mais également mental. La magie traversa l’éther pour venir frapper en plein l'esprit du gladiateur avec une facilité presque déconcertante. Sans doute la première tentative effectuée par Cécilie avait-elle laissé largement ouverts les boucliers psychiques dont dispose nativement tout être vivant ? Haldren l'ignorait et franchement l'aurait-il su que cela lui en aurait touché une sans remuer l'autre. Aussi incapable de résister à l'injonction de l'archimage qu'une mouche de voler à contre-vent, Mika'el contourna le bélier de la vieille dawi et s'avança d'un pas lent pour venir en silence se tenir à droite de l'elfe, légèrement en retrait et la tête humblement baissée.

Mettons les choses au point tout de suite : Mika'el est MON esclave, MA propriété. Il a été acheté en toute légalité sur les marchés de Thaar et je ferai faire le tour des plans extérieurs à coup de pompes dans le cul au premier qui oublierait cela. Sachez qu'il est un des gladiateurs de mon école à Thaar et que son sort est de ce fait nettement plus enviable que celui des milliers de miséreux qui s'échinent toute leur vie pour des salaires de misère dans les multiples seigneuries de par le monde.

Se tournant légèrement vers le gladiateur qui entendait tout, voyait tout mais n'osait rien dire pour éviter de se reprendre une salve mentale en pleine poire, l'elfe lui tapota presque affectueusement la joue.

En tout cas mon garçon, tu viens avec nous. Autant que je te garde à l’œil pour t'éviter d'autres... tentations... de voyage, hein ? Et estimes-toi heureux de ma mansuétude, beaucoup d'esclaves à Thaar meurent chaque jour sous le fouet pour moins que ça.

Fondamentalement exact et Mika'el comprenait surement très bien qu'il se sortait finalement à très bon compte d'une évasion ratée, mais Haldren avait comme d'habitude oublié de réfléchir aux réactions éventuelles des autres membres du groupe. Décidément non, il n'obtiendra pas le titre du diplomate de l'année.

Le monde était étrange...

Bercée par les contes de ces êtres à la sagesse infinie, Cécilie avait longtemps pensé qu'il existait par delà les frontières, un lieu ou la bonté faisait force de loi. Elle croyait que les drows étaient des sauvages et les nains des artisans de légendes. En trois ans, elle avait déchanté un peu plus à chaque fois qu'elle avait croisé un étranger et c'était avec une mention toute particulière pour les elfes. Assassins, voleurs, et maintenant esclavagistes.

Si un jour elle avait espéré que ce voyage lui permettrait de toucher du doigt l'idéale qu'elle s'était rêvée en Ithri'Vaan et découvrir une meilleur façon de vivre, une certitude la frappait aujourd'hui: les elfes, les drows, les humains, les nains, il n'y avait aucune différence. Ils étaient tous aussi corrompus et destructeurs les uns que les autres.

Hélas, le dégoût lattant qui aurait du la submerger instantanément n'eut pas le temps d'arriver à sa conscience. En sentant la magie frémir du côté d'Haldren, elle s'était préparé à défendre l'esprit du jeune homme. La volonté tendue, ses doigts s'agitant d'avantage et la mélopée qu'elle murmurait changeant légèrement, elle ne chercha plus à cacher sa présence, envahissant réellement l'esprit de l'esclave, s'y cramponnant pour parer l'assaut frontal qui arrivait à la vitesse d'une pensée...

Et elle ne tint qu'un bref instant.

L'imprécation balaya ses défenses et celles du jeune homme... Mais contrairement au jeune homme dont l'esprit était serré entièrement dans un étau, le sien se retrouva tordu, distendu par le coup. Prise au piège de la conscience qu'elle avait tenté de préserver, elle hurla aussi bien mentalement que physiquement. En une seconde, elle avait porté les mains à son crâne et s'était recroquevillée sur elle-même. Elle resta là, immobile sur sa selle, les paupières serrées et la respiration tremblante, tentant de retrouver les limites de son corps.

Été, Arkuisa, neuvième ennéade de Karfias, an onze, onzième cycle.

La daedhel se passa une main sur le visage après que le cri de la noblionne ait retenti. Il semblait que certains commençaient à user de leur magie avant même de pouvoir trouver autre une solution. Depuis son passage à l’Aurore, tout ce qui arrivait n’avait ni queue ni tête, et pourtant tout semblait tout de même suivre un fil rouge d’une cohérence impeccable. Elle avait attendu sagement la fin de la diatribe de l’ancienne naine avant de tenter d’intervenir. Oui, « tenter » était le mot puisqu’Haldren avait directement continué sur sa lancée. À mesure qu’il avait parlé, l’un de ses sourcil s'était haussé à n’en plus finir. Et maintenant, c'était au tour de Cécilie d'en pâtir. Tout semblait vouloir aller vau-l’eau.

- Est-ce qu'on pourrait éviter de tout de suite faire appel à la magie s'il vous plait ? Les choses vont mal se terminer si quelque chose d’incontrôlable se manifeste... Déclara-t-elle en posant un regard inquiet sur Cécilie.

Elle talonna sa monture pour se placer à l’avant du groupe, non loin de la dawi perché sur son bélier.

- Vous faites ce que vous voulez de votre argent, répondit-elle platement à Mika’el qui s’était sagement planté aux côtés de son propriétaire, ça ne me regarde pas.

Puis T’sisra tourna le regard vers Haldren et leva les épaules et les bras en signe d’incompréhension. Oui, là elle était perdue. Il lui sembla tout à coup que sa transformation en elfe était loin d'être complète.

- Où est passé l’archimage de l’autre jour qui souhaitait prendre des risques pour le monde ? N’est-ce pas vous qui aviez dit tout devoir à Kÿria et que votre amour pour l’Anaëh guiderait vos actes ? Qu’on me corrige si je me trompe, fit-elle à l’attention de tous, mais je doute que l’esclavage soit une chose grandement appréciée par les elfes et leur culture. J’en ai rencontré quelques-uns, et jusque-là tous m’ont semblé chérir la liberté et le bien. Si aujourd’hui votre cœur va Kÿria, tout comme elle, respectez la vie, soyez bienveillant et laissez-le racheter sa liberté. S’il advenait qu’il souhaite prendre part au voyage, ce serait bien à lui et lui seul d’en faire le choix en tant qu’homme libre.

La noiraude secoua la tête, visiblement désemparée.

- Cette troupe est composée d’esprits libres qui ont choisi d’aller au-devant du danger malgré les conséquences qu’ils encourent. Vous ne pouvez pas décemment forcer qui que ce soit à nous accompagner là-bas. C’est du même acabit que mettre le couteau sous la gorge de quelqu’un et de marchander ainsi une aide pour visiter Nisétis. Conclut la drow en rappelant la négociation entre Dunraël, Haldren et Cécilie de l’autre jour.

Il ne faisait aucun doute qu'elle était en train de faire appel aux nouvelles sensibilités d'Haldren, et potentiellement, du moins elle l'espérait, à son inédit sens moral elfique plutôt que l'ancien qui était daedhel.

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T'sisra en bikini :

Dernière édition par Grayle Gardair le Mar 16 Oct 2018 - 17:45, édité 1 fois

Grayle s'était contenté d'ouvrir grand les yeux et la bouche alors que le chaos et l'anarchie continuaient de prendre place autour de lui. La naine l'insultait, l'archimage Haldren -il commencait à le détester- lança apparemment un sort de contrôle mental sur le preneur d'otage, ce qui terrifia complètement Grayle.

Mais ce qui le scandalisa et le choqua le plus, ce fut sûrement l'action de t'sisra Do'ath. Cette dernière jeta une bourse épaisse aux pieds du preneur d'otage.

100 souverains. Grayle poussa un hoquet et un cri sonore et parfaitement audible.

100 souverains. C'était.. pas beaucoup. C'était colossal. Iréel pour quelqu'un comme lui. C'était plus que ce que sa famille entière avait gagnée depuis sa naissance, malgré leur dur labeur quotidien. Il y avait de quoi racheter sûrement plusieurs maisons avec une telle somme. Une somme qu'il n'aurait jamais espéré toucher dans sa vie à moins d'économiser pendant des décennies.

Et cette femme avait jetée une telle somme à un preneur d'otage, à un criminel, à un salaud, comme ca, sans réfléchir, comme si ce n'était qu'une pauvre piécette jetée à un mendiant.

Grayle supportait sa condition. On lui avait répété. La société est ainsi. Nous nourrissons les riches pour qu'eux nous protègent. C'est dur, mais c'est juste. Pour être riche, il fallait travailler dur. Etre honnête. Le mériter.

Et lui, ce Mika quelque chose, ce petit connard, cette sombre face de fiente, en se comportant comme un énorme lâche et en menaçant des mages, des gens sensés être sages, puissants et aux responsabilités énormes, qui étaient en quête de quasiment sauver le monde, en les menaçant, recevait non seulement aucun châtiment, mais en récompense, plus de 20 ANS DE SALAIRE DE GRAYLE ?

Il regarda T'sisra. Son regard n'était pas sombre, ni haineux. Il était meurtrier. Si les regards pouvaient tuer, elle aurait sûrement été anéantie sur le coup ainsi que toute trace de vie à plusieurs kilomètres à la ronde.

Cette femme qu'il estimait et respectait, contre tout ce qui lui avait été enseigné sur les drows, les bâtards et les magiciens, venaient de jeter sans même réfléchir une fortune absolue aux pieds d'un criminel. Avait-elle une quelconque valeur de l'argent ? Ou même une quelconque moralité, si elle n'avait aucun problème à donner autant d'argent à quelqu'un comme ce Mika'el ?

Sans lâcher du regard la femme, il s'avanca vers Suri, faux en main, et, maintenant que Mika'el était neutralisé, du moins, temporairement, il s'interposa entre lui et son ancienne otage. Puis, sans chercher à se cacher, il prit la bourse et, ignorant les pleurs et le regard courroucé de l'ancienne victime qu'il ne pensait pas être dirigés vers lui, le jeune homme de 17 ans pris la bourse et la rangea dans son sac.

Peu importe ce qu'on pourrait lui dire. Si les membres du groupe pouvaient se permettre de jeter sans réfléchir une centaine de souverain à un criminel tout juste rencontré, aucun n'avaient le moindre argument pour protester contre le fait que quelqu'un comme LUI les aient. Pas question que Mika'el décide de quoi faire de cette fortune. Grayle non plus n'en avait besoin. Mais il se jugeait plus légitime qu'une personne n'ayant aucune valeur de l'argent ou qu'un preneur d'otage pour savoir quoi en faire.

- Vous êtes en sécurité. Attendez que ca se termine chuchota t-il à Suri de l'air le plus rassurant qu'il pouvait, même s'il grincait suffisamment des dents pour inquiéter une vieille porte de fer non huilée.

Été, Arkuisa, neuvième ennéade de Karfias, an onze, onzième cycle.

Le regard de T’sisra passait des uns aux autres, finissant irrémédiablement par croiser celui de Grayle. Un tel regard venant de sa part, elle fut très surprise. Elle haussa une fois de plus un sourcil, avant de se mettre sur la défensive en le voyant traverser le terrain et filer droit sur la bourse comme le dernier des vide-goussets. On nageait en plein délire, ça ne faisait plus aucun doute.

- Non mais je rêve… Souffla-t-elle pour elle-même en roulant des yeux, commençant visiblement à être agacée. Je crois qu’il a décidé, commença la drow à l’attention de Grayle en désignant Mika’el, que s’il ne rachetait pas sa liberté, c’était elle, fit-elle en désignant Suri, à qui reviendrait son argent.

Elle le regardait droit dans les yeux, peu importe s’il fallait soutenir un regard meurtrier ou non. Elle en avait croisé d’autres, Aghibba et son coven, Boniface, la Lele, des personnes autrement plus dangereuses et mauvaises. Celui de la daedhel était froid et perçant.

- Vous vous êtes transformé en voleur à la petite ennéade ? En tout cas, je doute fortement que cet argent vous soit très utile là où vous allez, au Puy. Puisque si vous ne mourez pas, vous connaîtrez la même condition d’esclave que la sienne, fit-elle en désignant Mika’el, quoiqu’en bien pire. Et vous n’aurez pas la possibilité de racheter votre liberté là-bas d’ailleurs. Alors rendez-lui ce qui lui appartient. Je donne mon argent à qui je veux, quand je veux, et ils en font ce qu'ils en veulent ensuite. S'il veulent vous le donner, c'est à eux de voir.

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T'sisra en bikini :

Haldren haussa un sourcil et se gratta vigoureusement le front tout en regardant T'si comme s'il ne comprenait pas les paroles que la daedhel venait de prononcer.

Plaisantez-vous ou connaissez-vous si peu les elfes ? Quel rapport entre Kÿria et cet humain ? La blessure d'Aduram n'est pas oubliée et la Dame Sauvage se souvient encore de la douleur de ses enfants lorsque les humains brisèrent l'équilibre. Ne mêlez pas l'Anaëh à la vie quotidienne en l'Ithri'Vaan, ces deux mondes n'ont rien à voir.

L'elfe posa ses doigts effilés sur l'épaule de Mika'el.

Serait-il l'esclave d'un humain qu'il serait férocement fouetté pour s'être évadé. Esclave d'un drow ? Il finirait crucifié, voire pire. Non, Mika'el est et restera mon esclave en remerciant le destin que je sois d'une nature magnanime. Par ses actes à mon service et sa valeur au combat, il gagnera peut-être un jour sa liberté... mais pas aujourd'hui.

L'archimage ne réagit pas lorsque Grayle prit la bourse, ayant apparemment mis l'aspect monétaire en dehors de ses préoccupations immédiates. Par contre il eut un regard sévère envers Cécilie qui se tenait péniblement en selle après avoir encaissé l'attaque mentale ayant visé Mika'el. Ainsi donc c'était elle qui avait enté d'ériger en catastrophe une barrière ? Cela dénotait un don pour la magie qui valait la peine d'être observé de plus près lorsque l'occasion se présenterait... et probablement lui donner une engueulade monumentale sur l'importance de ne jamais bloquer un sort de contrôle mental en dehors de son esprit.

Mais cela devrait attendre.

Été, Arkuisa, neuvième ennéade de Karfias, an onze, onzième cycle.

Son attention retourna à Haldren qui ne démordait pas de ses possessions.

- Le rapport est entre vous et Kÿria, vous et les elfes. Je doute qu’ils aient fait la même généralité à propos des drows concernant votre cas, que celle que vous faites des humains concernant le sien. Déclara-t-elle en désignant Mika’el. Chacun devrait avoir a payé pour ses propres fautes, pas celle de tout un peuple, ce serait injuste. Et je suis prête à prendre le pari sur ce que penseraient les elfes quant à vos possessions humaines. Ça oui.

Évidemment, elle n’appréciait guère l’esclavagisme, ça ne faisait aucun doute. Et cette nouvelle journée la déprimait plus encore. Un elfe dépressif et suicidaire, un elfe esclavagiste qui était près à faire la morale à tout le monde, un humain beaucoup trop vieux qui passe du rire à la colère en l’espace d’une demi-seconde, un paysan qui sautait sur la première pièce venue alors qu’il allait droit à la mort ou à une condition d’esclave… La daedhel était, une fois de plus, désemparée, et comptait désormais sur l'intervention de quelqu'un d'autre.

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T'sisra en bikini :

Il aurait fallu pouvoir jeter un coup d’œil dans la psychée de Suri pour avoir une chance de saisir ce qu’était en train de vivre la jeune anëdhelle.

Elle avait l’impression d’avoir été projetée hors de son corps et de flotter à quelques mètres au dessus de la scène. Elle examinait son propre corps et les tremblements qui l’agitaient. Elle observait Mika’el, tandis qu’il avançait vers Umbarion. Elle fixait la bourse, aussi, mais n’était pas en mesure de l’appréhender. Elle s’était vu tomber à genoux quand le gladiateur l’avait contournée, elle avait ressenti la violence du choc remonter le long de ses jambes ; et dans le même temps, l’information nerveuse lui était parvenue si atténuée qu’elle aurait pu l’avoir seulement imaginée.

Autour d’elle, on s’agitait, on parlait, on se menaçait, on pratiquait avec par trop de légèreté. Un jeune homme s’approchait d’elle. Il était armé, mais à son poing point d’épée : c’était une faux qu’il brandissait. Il se penchait, ramassait la bourse précédement jeté et l’ancienne étudiante ne comprenait pas. Il lui parlait, mais elle ne l’entendait pas. Car il y avait tout autour d’elle cette bulle de vide qui l’asphyxiait, cette lourdeur au ventre qui l’étouffait, mais surtout cette douleur immonde, accablante, terrifiante, mortelle, enivrante aussi, qui l’enfermait et l’écrasait.

Il y avait cette colère, aussi, contre laquelle elle devait lutter sans cesse et qui soudainement déformait son regard. Elle voulait appeler à l’aide, mais en était incapable. Le regard gris acier du porteur de faux avait glissé sur elle, sans vraiment la voir. Tout ce qu’il voulait, c’était l’or que sa bonne fortune lui avait jusqu’ici refusée.

Elle n’avait plus vécu comparable cauchemar depuis le Drame. C’était la peur, c’était la fatigue, c’était la fuite, c’était l’Art d’Umbarion, c’était le sacrifice de Mika’el, c’était son impuissance ; c’était tout cela et d’autres choses aussi qui prenaient forme et fondaient sur elle. Ils lui volaient l’air de ses poumons ; elles lui volaient la force de ses jambes ; ils soufflaient ses pensées comme d’autres une chandelle ; elles les remplaçaient par des idées si sombres, des envies si noires.

Pendant un instant terrible, elle y fut de retour. Au Drame. Au basculement de sa vie. Elle était attachée, à nouveau, à cet autel immonde. Elle était livrée, encore, à leurs pratiques ignobles.

Et son dos. Son dos !

Elle s’imaginait ses côtes lui déchirer ses chairs, s’étendre autour d’elle comme une paire d’ailes immenses. Sa douleur était la vengeance de sa colère ; chaque fois qu’elle lui cédait le moinde pouce, la souffrance reculait, emportée par le jusant de sa malédiction. Elle l’avait compris avec une terrible acuité quand, d’un violent coup de dent, elle avait arraché sa lèvre inférieure au pauvre Job. Il n’y avait plus eu la moindre place pour ses supplices. Seulement un sentiment d’ivresse, de félicité et de contentement ; ce sentiment même qui d’hui la motivait si fortement à ne pas céder.

Elle pouvait encore goûter le sang du damoiseau.

« Ah… ! » gémit-elle enfin comme une délivrance. Et il devait être clair, désormais, à tout à chacun qui prenait la peine de porter son regard sur elle, quel mal elle devait affronter. Elle pleurait, frappait son front contre le sol. « Ah ! » expia-t-elle encore. Et c’était le Drame qui iradiait d’elle.

Sa malédiction la consumait.

Et pendant que tout à chacun s’agitait, c’était-à-dire dans l’indifférence générale, une souris blanche gisait désormais entre les sabots de la monture de Mika’el.

« Ils se sont arrêtés, » annonça Ce’Lyra en ouvrant péniblement les yeux. Elle renversa sa tête en arrière et darda son regard carmin en direction du menton du cavalier contre lequel elle était installée. « Moins d’une lieue devant nous. » Maûne opina lentement du chef. Ses prunelle à lui ne quittait pas l’horizon. Il avait déjà fait cela tellement de fois… « Moins d’une lieue » voulait dire qu’ils auraient rattrapé leurs proies dans dix minutes à peine. À cause des pavés, ils entendraient le grondement sourd des pavés bien avant de les voir. Ce n’était pas très grave, car contrairement à eux, leurs montures étaient raisonnablement fraiches. « Ils ne sont plus seuls, ajouta Ce’Lydra. Ils ont rejoint un petit groupe.

— Hostile ? » demanda calmement le daedhel en baissant pour la première fois en direction de sa protégée.

Elle opina lentement du chef. « Je crois qu’il y a un arcaniste. » Elle ne pouvait pas en être tout à fait certaine, mais c’était la seule hypothèse qui fît sens pour expliquer ce qu’elle avait vu.

Maûne leva sa sénestre et tira sur ses rennes rassemblées de sa dextre. Obéissant sans broncher à son ordre muet, les sept cavaliers qui les accompagnaient se rassemblèrent autour de lui. « Raconte en détails ce que tu as vu, ordanna-t-il à Ce’Lyra.

— Je n’ai pas pu voir autant que tu le voudrais, commença-t-elle. L’esclave et l’anëdhelle ont approché un groupe étrange d’une petite dizaine de têtes. Il y avait un peu de tout. » Les compères de Maûne s’échangèrent quelques commentaires enthousiastes. « Un peu de tout » voulait toujours dire la même chose. La pêche serait variée ; trois races à tout le moins, et des deux sexes. Cette mission pour l’Aile Blanche serait donc définitivement rentable et ce malgré la mort d’une de leurs cibles. « Le gladiateur a essayé de demander leur aide, mais il n’a pas dû aimer leur réponse car il a décidé de se servir de l’elfe comme bouclier. Je suis presque certaine que l’un d’eux au moins est un arcaniste : Mika’el a soudainement renoncé à se battre et s’est rangé à ses côtés en abandonnant la gamine guérisseuse.

— Et alors ? Un éphémère qui se range derrière plus fort que lui, il n’y a pas que la magie pour l’expliquer, protesta l’un des hommes de Maûne. Pourquoi est-ce que…

— Laisse-la parler, l’interrompit Maûne en fronçant les sourcils avant de reporter toute son attention sur sa fille. Continue. »

Ce’Lyra sourit à son père. L’enfant sang-mêlée savait la valeur qu’il attribuait à son avis ; trop, de l’avis de beaucoup de ceux qui les connaissaient. Elle n’avait pas vécu six décennies, mais l’ancien officier du IV se fiait à ses avis depuis plus de dix ans. C’était qu’elle avait un talent rare qu’il savait parfaitement exploiter : elle pouvait prendre possession d’animaux, parfois même sur de longues périodes, ce qui faisait d’elle la meilleure des pisteuses et des éclaireuses. Ils avaient ainsi pu tenir le rythme de l’improbable duo en fuite sans avoir à crainde de les voir quitter le pavé, car si tel avait été le cas, Ce’Lyra l’aurait instantanément vu.

« Je n’ai rien à ajouter, avoua-t-elle. Mon vaisseau est mort quelques instants après. Son cœur n’a pas tenu. » Maûne acquiesça. Il savait que c’était un miracle qu’il eût survécu aussi longtemps. L’esprit de sa monstrueuse progéniture avait tendance à prendre de la place, d’autant qu’elle forçait bien souvent ses poupées à aller contre leur nature — en obligeant une souris à s’accrocher au jaret d’une jument, par exemple.

« Tu as bien agi, » la félicita le daedhel en posant une main sur sa tête. Si ses cordes vocales le lui avaient permis, elle aurait commencé à ronronner. La petite arcaniste ne vivait que pour ces moments-là. Elle savait que sans son don, son géniteur ne l’aurait pas même regardé ; il ne lui avait d’ailleurs pas prêté grande attention les premières années de sa courte vie. « À quoi ressemble l’arcaniste ? » demanda-t-il après avoir réfléchi quelques secondes. Et Ce’Lyra de lui décrire le plus précisément que la vision limitée du rongeur le lui autorisait. « D’accord. Vous avez tous entendus ? » interrogea-t-il à la cantonnade. Ils avaient entendus. « Très bien. On fait comme d’habitude : on vise les montures en premier. » Il retira sa main des cheveux de Ce’Lyra et baissa à nouveau ses yeux vers elle. « Tu penses pouvoir en posséder un et ajouter à leur panique, le moment venu ?

— Je ne suis pas sûre, » avoua-t-elle en rougissant légèrement. Elle avait essayé, une fois, de mentir plutôt que d’avouer sa faiblesse du moment. Il s’en était suivi une cuisante déroute qui avait manqué de lui coûter la vie et la rossée qu’elle avait récolté n’était pas passé loin de se conclure d’une manière similaire. Depuis, elle répondait scrupuleusement à toutes les questions que Maûne lui posait. En l’occurrence, elle souffrait au moins autant que Suri de sa nuit blanche.

« Essaie, mais n’insiste pas trop, ordonna Maûne avant de revenir sur ses hommes. Une fois les montures hors-jeu, on vise l’arcaniste. Tant pis pour lui, je ne veux prendre aucun risque.

— Ayé. Une flèche entre les deux yeux et on en parle plus, abonda celui qui avait voulu contredire Ce’Lyra en agrémentant sa menace d’un geste du pouce dans son dos, où trônait son arc.

— Au début, on essaie de garder la cible en vie. Si ça devient trop difficile, tant pis. Tant qu’on arrive à en capturer cinq ou six, on pourra se passer de la prime de l’Aile. » Ce n’était pas forcément bon pour sa réputation, qu’il cultivait pourtant attentivement par ailleurs, mais il ferait avec le déshonneur passagé qu’engendrerait la mort de Loan et Mika’el. Quant à la petite Suri, l’Aile Blanche s’en moquait comme d’une guigne.

Ils étaient sept cavaliers, sans compter Ce’Lyra qui resterait sur la selle de son père. En combat, elle n’était pas franchement utile… tant que les ennemis de Maûne restait assez éloigné. Quand ils s’approchaient trop, l’anomalie qu’elle était s’accaparait leur esprit. Elle ne savait faire que cela, mais elle le faisait si naturellement, si absolument que c’en était terrifiant et qu’elle constituait en réalité la botte secrète de Maûne et de sa petite compagnie.

En plus du père et de sa progéniture, il y avait deux anciens chevaliers péninsulaires qui n’hésiteraient pas à porter le combat jusqu’au cœur du groupe qu’ils étaient sur le point d’attaquer. Ils pourraient compter sur le soutien de deux arbalétriers montés et un archer, qui sèmeraient une bien utile panique bien avant leurs premiers contacts. Enfin, Maûne avait su s’attacher les services de deux arcanistes qui sauraient soutenir l’action conjuguée du reste de sa troupe. Un peu de soin par-ci, un sort de frénésie par là… Il fallait cependant savamment doser, parce que le but restait d’en capturer le plus possible.

« On y va, » ordonna finalement Maûne après avoir passé en revue sa petite armée.

Ils y allèrent.

Suri était encore en train d’agoniser. Mika’el luttait toujours contre l’asservissement mental que lui avait imposé Umbarion. Cécilie tatonnait pour retrouver ses marques. Grayle ne s’était toujours pas habitué au poids de sa bourse nouvellement acquise. T’sisra cherchait toujours à évaluer la psychée de son compagnon de voyage. Grimeldha devait se demander qui du sabot de son bouc ou de la tête de l’esclavagiste romperait le premier.

Obnubilés qu’ils étaient par leurs propres contradictions et oppositions, ils ne prirent conscience que bien trop tard que les bruits de sabots sourds qui s’approchaient n’étaient pas si neutres qu’ils avaient bien voulu le penser.

Ils avaient vingt — trente, peut-être — secondes pour se préparer au choc qui s’annonçait. Puis, Maûne et sa troupe dérouleraient leur sinistre projet.

Il s’agissait désormais, pour les uns de rester rentables, pour les autres de survivre.

Thaar était loin derrière maintenant... à son plus grand regret. Désormais, ils devaient se manger des lieux à parcourir dans la poussière et la chaleur. Pis que tout, sa gnôle perso l’assoiffait plus qu'autre chose. Il dut se résigner à boire de l'eau... contraint malgré lui. Dès lors, le sergent des chauffeurs était resté un peu en retrait du groupe, préférant se souvenir des putains thaaries qu'il avait baisé plutôt que de sentir la soif poindre.

– Z'yeutez-moi la meute là-bas, lança l'houlier au reste de la compagnie.

Roublard leva les yeux pour tenter d'apercevoir l'horizon. Mais avec cette foutue chaleur et cette luminosité, il crut voir une longue étendue de flotte encore plus claire que de l'eau de roche.

– Pas là-bas, sergent, là ! refit le compaing en pointant du doigt un petit nuage de poussière.

Une main au dessus des yeux et Kurt vit effectivement ce qui semblait être un point de rendez-vous particulièrement mal trouvé. Bien incapable d'évaluer la distance, il fit réduire l'allure de la coterie et parut attentif au moindre bruit ou au moindre mouvement. Ses gars arrivèrent bien vite à ses côtés et tâchèrent à leur tour de distinguer l'action au loin.

– Je saurai pas dire si ça s'enlace où ça s'encule, mais dans le doute, on s'en tient à notre credo habituel, lança-t-il. Embrouille inconnue, mêles-toi de ton cul, reprirent les chauffeurs tous en chœur.

Ils n'étaient pas partis d'un Royaume en guerre pour crever comme des fientes sur une route aride et sans l'ombre d'une putain où se vider. Toujours attentifs à ce qui se déroulait au loin devant eux, ils se firent rejoindre par le reste des voyageurs qui devaient les accompagner jusqu'à Hanning.

– C'est que ça a quand même l'air de puer des panards cette affaire, rajouta Kurt, sceptique. T'façon, de là d'où qu'on est, on sera obligé de passer par là-bas, pas vrai ?

Pour sûr qu'on leur en foutrait plein la gueule si une embuscade avait lieu devant eux.

– Qui sait, Roublard, y aura peut-être moyen de ramasser sur les cadavres.

– Ouais, peut-être bien... Allez ! Haut les cœurs les gars, maintenant ça va chier !
Les chauffeurs s'en mêlent.

Après une petite rasade de tord boyau ramené de péninsule, les chauffeurs et le reste de l'équipée se mirent en branle pour faire route vers le nuage de poussière. Tout d'abord à faible allure, comme pour tâter le terrain. Puis, les gaillards activèrent le pas sur leurs dadas déjà bien épuisés par le trajet. Ces derniers crèveraient d'ailleurs peut-être en les emmenant là-bas.

Foutue idée...
Hrp:

Une fois n'est pas coutume, umgi comme elgi n'entendirent rien à sa parole, les poils de la vieille dawi s'hérissant même lorsque l'esclave fut manipulé mentalement. Fichu gueulard ! Un cri attira son attention. Grimeldha poussa un soupir agacé. V'la t'y pas qu'elle s'en est pris une. J't'avais prévenue la mioche. Piètre consolation, tandis que l'étrange elfe pâle continuait de raconter des sornettes. S'écoute trop. La naine lui eut volontiers rabrouer le caquet si une sensation n'était pas venue brouiller ses émotions, les échanges entre les deux longues-oreilles la renforçant bigrement : il y avait plus en jeu qu'une "simple" histoire d'esclave. Qu'ils évoquent les divinités elfiques ne la laissaient pas non plus indifférente. Leur apparence, leurs propos, leur étrange compagnie... Voilà qui n'était pas commun.

"De quoi qu'y causent ces faces de cul..." souffla la naine.

Tant et si bien qu'elle prêta à peine attention à l'humain qui s'approcha et à l'histoire de bourse. Grimeldha fit mine de l'ouvrir... Avant qu'un gémissement ne se fasse entendre. Faisant volte-face, la dawi découvrit la feu "otage" gémissante au sol. Ses yeux s'arrondirent de stupeur : la vieille naine n'aimait pas qu'les gosses gémissent. Pas comme ça. Pas comme si leur Braise-Vie elle-même s'étiolait dans la tourmente. Elle en oublia même que c'était une elfe.

"Qu'est-ce que... Hé là... dit-elle, descendant de sa monture et bousculant le manieur de faux sans ménagement. Qu'est-ce qui t'prend fillotte ? Qu'est-ce tu nous fais donc ?" fit-elle doucement.

Tandis qu'elle se penchait sur la fille, elle entendit brusquement Rurk bêler nerveusement. Habituée à ne pas sous-estimer les sens du bestiau, Grimeldha se releva... Et vit les assaillants surgirent alors qu'une flèche la frôlait, se fichant dans la toison de l'animal. Ce dernier abaissa la tête et fit front. Putain de bouffe-merde !

"La fille, sur l'bélier et tire toi !" beugla-t-elle à l'intention du guss à la faux.

Sans vérifier s'il obéissait, la vieille dawi se planta, armée de son bâton, face aux.. Face au cavalier qui leur fonçait dessus, emplissant à toute allure son champ de vision, la laissant à peine deviner les autres derrière-lui. La guerre n'était pas la spécialisation du clan Long-Nez, mais Grimeldha n'en restait pas moins une naine pure-souche deux fois centenaires du Zagazorn. C'était pas un cheval avec un longue-jambe sur le dos qui allait la faire suer.

Elle se vit néanmoins dédaigner par le cavalier. Quoi, une fillette dans les pommes et un péquenaud t'tentent plus ?! Ou alors il ne l'avait pas vu... ? Quoiqu'il en soit la naine ne manqua pas de faire tâter de son bâton les guiboles du canasson qui passa bien près. Ses antiques épaules encaissèrent tout juste le choc. L'animal hennit d'une douleur infâme, l'os de sa patte ayant littéralement explosé au contact, et entraina son cavalier dans sa chute.

Effectif des attaquants:

Reflet de malice, ou reflet de désespoir ? Vos yeux sont happés par son regard, par la flamme qui y brûle. Même l’enfant le plus reconnaissant parfois oublie les préceptes de sa Mère. Elle est fine la limite entre le juste reproche et la destructrice revanche. Elle est fine la limite entre indifférence aussi cruelle qu’innocente et haine saupoudrée de fausse mansuétude.

La Mère des elfes n’a que faire de l’humain.
Mais La Mère des elfes chérit la liberté.
La Mère des elfes n’a que faire du devenir de la race imparfaite d’Elenwë.
Mais La Mère des elfes tient à la pureté de la sienne.

Alors même si en son cœur son allégeance n’a pas vacillé, la flamme dans le regard du nouvellement repenti s’est mise à crépiter. Et sa chaleur est un avertissement. Il a cligné des yeux une fois et en place du vert le rouge a brillé. Il a cligné des yeux une seconde fois et les cendres sont retombées.

La flamme est éteinte, mais les braises sont chaudes.
La flamme est éteinte, mais il suffirait d’un souffle pour l’attiser.
Comme il suffirait d’une goutte de pluie pour à jamais l’éteindre

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

Mal. Peur. Liberté. Un autel ensanglanté. L'attention d'une douzaines de personnes vrillées sur sa vulnérable ascension. Une arme qui tombe dans la poussière. Deux yeux rouges dans lesquels brillaient une folie égo-maniaque. Une volonté de fer. L'impression d'être nulle part et partout en même temps. De n'être personne et tout ce qu'elle pouvait vouloir. Et quelque part au milieu de toute ça, il y avait Cécilie de Laval. Ou Numanor ? Ou de Montecale ? Ou de Missède ? Aliénor peut-être ?

Cette sensation, elle l'avait déjà connue, mais son mentor était là pour recoller les morceaux. Littéralement. Trois ennéades rien que pour qu'elle reprenne conscience et un an sans pouvoir retrouver un sommeil normal. C'était la dernière fois qu'elle avait tenté quelque chose d'aussi idiot que de jouer avec les limites de l'espace-temps. ça avait été plus fort à cette époque, mais il y avait quelque chose de semblable.

Elle était à deux doigts de partir à la dérive et se raccrochait des deux mains aux bribes d'idées qu'elle tenait encore pour remettre le reste dans le bon ordre.

Et les autres continuaient de se parler, de s'insulter. Loin.

Il n'y avait que méfiance. Elle était dans un pays étranger. Loin de toute sécurité et encore plus loin de ceux qu'elle aimait. Réduite à une douleur et à une peur dont personne ne s'inquiétait. Le gouffre dans ses tripes se rouvrit au fur et à mesure que son identité et sa conscience revenaient à la normale. Avec un petit plus : Ici, elle n'était rien. On lui avait déjà dit qu'elle était insignifiante. On lui avait fait sentir qu'elle n'aurait pas du être là. Mais ici, c'était un fait. Il fallait seulement l'accepter. Elle ne pouvait plus compter que sur elle-même.

La naine cria. Une flèche siffla. Le hongre sur lequel elle était perché se cabra, terrorisé. Avant même de s'en rendre compte, la Missèdoise était tombée lourdement à terre. A moitié étendue sur sa bien trop longue tresse, elle s'y reprit à deux fois avant de se redresse à genoux. Son cœur s'accéléra alors qu'une tempête s'abattait alentour. Elle se contenta de dégainer le poignard qu'elle gardait toujours dans sa manche.

Que quelqu'un passe trop prêt et il prendrait un coup. Un seul suffirait. Allié ou ennemis, elle ne prendrait pas forcément le temps de vérifier. Ils auraient intérêt à clairement s'identifier...

Été, Arkuisa, neuvième ennéade de Karfias, an onze, onzième cycle.

T’sisra soutenait le regard d’Haldren. L’espace d’un instant, dans un clignement d’yeux, ses braises rougeoyantes se ravivèrent, et une expression de surprise passa sur le visage de T’sisra. Les miracles existaient bel et bien, après tout le Voile était un fait. Alors pourquoi pas cela ?

- Vos yeux. Haldren, vos yeux étaient rouges, comme… Comme avant. Déclara T’sisra en le désignant d’un index hésitant. C’est… Miraculeux ? Demanda-t-elle très peu sûre d’elle avant de reprendre ce faciès sérieux qu’elle gardait en temps normal. Je vous l’avais dit, les elfes ne sont pas des esclavagistes, on ne prive pas les gens le leur lib…

La daedhel s’interrompit, le roulement régulier des sabots qui battaient le pavé se rapprochait à une vitesse folle. Son regard se perdit dans l’horizon, s’accrochant d’abord à des volutes de fumée et de poussières. D’ici très peu de temps le sang allait couler.

- Aux armes ! Aux armes !

T’sisra saisit la poigne de sa lame, dont le fourreau était harnaché à la selle de sa monture, et la dégaina pour la brandir. Et quelle arme, puisqu’elle n’avait pas son pareil. Presque comparable à une lance, un manche de bois de quatre-vingt-onze centimètres enroulé de cuir et orné de bronze, pour une lame, pointue et n'ayant qu'un tranchant, de quatre vint-dix centimètres.
Elle tira sur la bride et talonna son cheval pour s’éloigner vivement du groupe et prendre de la distance.

Dans le même temps, flèches et carreaux furent tirés sur la troupe. Le chaos s’installait au sein du groupe, quand certains essayaient certainement de se préparer au pire, le cheval de Cécilie l’envoya directement au sol dans une impressionnante cabrade. Une poignée de secondes plus tard, le premier impact fut donné. La vieille naine avait brisé la jambe de la monture d’un des assaillants étant un peu trop près. Le bougre avait fait un vol plané sur plusieurs mètres. Alors qu’il peinait à se relever, encore complètement sonné et peut-être gravement blessé, la daedhel revenait au galop derrière lui. Sa lame brandie s’abattit sur le pauvre hère, la vitesse de l’équidé alliée à la force du coup décapitèrent l’ancien chevalier sur le coup. Sa tête alla rouler sur le pavé de la route, le reste du corps ploya les genoux, mais ne s’écroula pas totalement.
T’sisra bifurqua sur la droite, pour ne pas se rapprocher de la mêlée, psalmodiant sans arrêter sa course. Le chevalier sans tête dégaina sa lame en se redressant et fila droit dans la mêlée, non pas pour attaquer leurs assaillants, mais pour attraper l’aveugle pour le colbac. La nécromancienne restait à bonne distance et s’attelait à tenter de sortir l’aveugle de la mêlée.

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T'sisra en bikini :

» [MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 5 - Un nouveau départ
» [MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 1 - Le départ de Diantra
» L’ombre du Drâme | Libre, Souffle prisonnier
» [MdO2019][Souffle prisonnier] Rassemblement 7 - L'espoir fait vivre
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