Les rencontres forgent une destiné [Maralina] [Terminé]

An 11 du Cycle 11 Mois de Favriüs, premier mois d'automne, cinquième ennéade, Arcamenel

De lourds nuages couvraient un ciel d'encre alors que les citoyens de Thaar vidaient progressivement la place du marché. Les commerçants remballaient leurs marchandises avec précaution avant de rassembler les fruits de leur labeur dans des coffres scellés qu'ils chargeaient sur de robustes carrioles. D'autres individus regagnaient la tranquillité de leur logis, alors que d'autres préféraient rejoindre l'atmosphère dépravée des tavernes environnantes dans l'idée de passer du bon temps autour d'une chope de bière.

Un individu surgit brusquement de l'obscurité. Sa silhouette sombre semblait glisser sur le sol avant de parvenir en pleine lumière. Nehril rejeta en arrière son capuchon et ébouriffa ses cheveux clairsemés. Sa longue cape noire recouvrait son armure de cuir et sa main restait à proximité de son épaule, sur laquelle gisait nonchalamment son épée. Caché derrière son torse musculeux apparu une jeune fille d'apparence chétive. Ses grands yeux ambrés fixaient avec anxiété le dos du mercenaire tandis qu'elle se contorsionnait, l'air visiblement mal à l'aise. Ses cheveux roux avaient été peignés et son visage lisse arborait une expression inquiète. Une large robe mettait en valeur sa silhouette élancée, faisant ressortir sa poitrine naissante et soulignant ses courbes. Une cape indigo avait été jeté sur ses épaules afin de camoufler ses charmes discrets, et la jeune fille la serrait autour d'elle comme si elle souhaitait disparaître à l'intérieur.

- Nehril...l'appela-t-elle d'une voix douce mais troublée par son ton craintif.

Le mercenaire ne réagit pas et fixa le manoir des Irohivrah avec un air impassible. Il fit finalement un signe à Ceralyn et la conduisit aux portes de la demeure. Les gardes le reconnurent et lui adressèrent un bref hochement de tête avant de lui céder le passage. Le mercenaire avait une entrevue avec la princesse marchande, il monta donc hâtivement les marches du vaste hall aux tapisseries luxuriantes. Lorsqu'il remarqua que la jeune fille restait ébahie par toutes ces richesses, Nehril claqua sa langue avec un air réprobateur. Ceralyn rougit et le rejoint d'un pas chancelant.

- Nous allons rencontrer la princesse Maralina Irohivrah, fit soudainement le semi-elfe en levant un doigt pour retenir l'attention de la fillette. C'est une femme remarquable mais ne lui manque pas de respect ou elle t'exposera nue sur la place publique pour te l'apprendre. Ne soutien pas son regard, appelle-là par son titre et non par son nom, ne sois pas insolente ou je jure de t'abandonner devant la demeure de tes parents.

À ces mots la jeune fille se raidit et son visage prit une teinte sépulcrale. Nehril hocha la tête avec un air satisfait et l’entraîna dans un dédale de couloirs qui lui était désormais familier. Avant de franchir la porte du bureau de la princesse, le semi-elfe se tourna une dernière fois vers la fillette.

- Je t'ai amené ici pour te présenter à la princesse, rien d'autre. Ne fais pas de folie.

Le mercenaire frappa plusieurs coups à la porte avant d'ouvrir. Maralina Irohivrah l'attendait debout près d'une immense fenêtre ouverte. Sa silhouette fine et gracieuse se découpait dans la lumière du soir, offrant à Nehril un spectacle à couper le souffle. Ses cheveux ondulaient sous le vent et sa robe dévoilait et masquait astucieusement ses charmes. Son visage semblait détendu mais Nehril perçut sa grande fatigue malgré le sourire éclatant qu'elle lui décocha. N'importe quel homme se serait jeter à ses pieds dans cette situation, mais le semi-elfe resta comme d'habitude impassible. La seule différence perceptible depuis leur dernière rencontre en ces lieux, était le mince sourire de Nehril et ses yeux incolores qui pétillaient d'une joie contenue.

- Qu'elle est belle ! s'exclama soudainement Ceralyn en détaillant la princesse avec une expression émerveillée.

Nehril lui lança un regard mauvais et elle baissa soudainement les yeux, tout en s’emmitouflant dans sa cape.

- Maralina, fit le mercenaire en la saluant d'un signe de tête plus chaleureux. Je suis venu à votre demande. Voici Ceralyn Soryngar, une jeune fille impétueuse qui feriez mieux de réfléchir avant de laisser librement s'agiter à sa langue.

Il n'osa pas s'approcher de la princesse mais il ajouta avec un air moins réservé.

- Vous semblez exténuée. Quelque chose ne va pas ?

PNJ:

La journée avait été horriblement ennuyante. Aucun problème  et surtout aucune nouvelle arrivait de la péninsule, alors que la princesse marchande s’apprêtait à frapper très fort dans l’Erac et dans le Langehack. La nervosité était à son apogée, au grand dam de la princesse marchande qui voyait ses nuits raccourcies. Qui plus est elle traînait toujours cette curieuse maladie qu’un de Lam’Nir lui avait donnée quelques ennéades plus tôt. Des nausées a tout moment suivi de nombreux mal de crâne hors de l’ordinaire, sans oublier la fatigue continuelle qui affligeait la Vaanie. Mais bon, tout reprendrait son ordre éventuellement, ou du moins l’espérait-elle. Mara se leva de son bureau après la lecture de son énième  rapport sur les ventes d’esclave à Thaar. Un esclave entra rapidement dans le bureau pour déposer une tasse de thé sur son bureau avant de courber légèrement l’échine pour annoncer le prochain visiteur; «Votre Altesse, Nehril vient d’arriver à vos portes, il devrait arriver dans quelques minutes.» Maralina fit un sourire, et congédia le serviteur pour aller chercher la tasse de thé qu’il venait d’apporter. Nehril… Le demi-elfe avait définitivement touché juste en venant quérir du travail hier soir. Sa présence près d’elle l’avait cruellement manqué au cours des dernières ennéades. La princesse avait eu son lot d’ennui sans son terrifiant garde du corps a ses côtés. Maralina retourna près de la fenêtre pour observe la ville qui se dressait devant elles.Jamais elle ne pourrait se lasser d’une telle vue! Des cognements la firent sortir de ses pensées et la princesse se retourna pour découvrir Nehril et une jeune femme qui entrait dans son bureau.


Un sourire vint illuminer son visage et il sembla que même Nehril tenta de réprimander un sourire au travers de son masque impassible. Maralina fit un pas en direction de ses deux invités, mais avant même qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, la jeune humaine s’exclame; «Qu'elle est belle !» Son visage semblait impressionné, même émerveillé. Mais cette dernière se renfrogna et se cacha un peu plus dans sa cape de voyage alors que Nehril lui lançait un regard mauvais. Maralina ne put s’empêcher d’éclater de rire devant la scène. Disons qu’elle n’avait jamais pensé que Nehril jouerait un jour le rôle du grand frère protecteur. Le demi-elfe se retourna finalement vers la princesse et lui adressa finalement la parole; «Maralina, Je suis venu à votre demande. Voici Ceralyn Soryngar, une jeune fille impétueuse qui feriez mieux de réfléchir avant de laisser librement s'agiter à sa langue. » La princesse fit un signe de la main pour signifier que l’impétueuse jeune femme était pardonnez et se rapprocha doucement de ses invités.  «Il n’y a aucune faute, Nehril. » La Vaanie désigna une partie du bureau orné de nombreux fauteuils confortable pour les invités à s’asseoir et alla  elle-même y prendre place. Ce fut Nehril qui engagea la conversation; «  Vous semblez exténuée. Quelque chose ne va pas ?» La princesse leva ses prunelles azurées vers Nehril, et fit un sourire légèrement triste. «C’est le cas mon cher. Mes derniers voyages furent exténuants, et je n’ai malheureusement pas eu le temps encore de prendre quelconque  congé». Ce n’était pas faux, mais ce n’était pas totalement la vérité non plus. Mais la princesse ne connaissait pas Ceralyn, et cette dernière ne semblait pas avoir la langue dans sa poche. Mieux valait éviter de dire trop d’information sensible devant elle. La princesse prit une gorgée de son thé pour s’éclairer la gorge et engagea la conversation; «Je ne vous cacherais pas Nehril, que je suis contente de vous revoir parmi nous. Les temps s’annoncent durs et surtout dangereux. Mes commerces vont s’agrandir drastiquement dans les prochains jours, et je ne vous cacherais pas que je redeviendrais aisément une cible pour quiconque veut prendre ma place.» La princesse se cala légèrement dans son fauteuil et laissa un léger silence s’installer pour ponctuer ses propos. «C’est pour cela que je vous demande aimablement de revenir travailler pour moi pour les prochaines ennéades, pour votre salaire habituelle et disons un bonus supplémentaire pour prendre soin de votre nouvelle amie.» Dit-elle en désignant Ceralyn. Un air amusé éclaira  le visage de la princesse marchande; «D’ailleurs, je suis curieuse. Voudriez-vous m’expliquer les circonstances de votre rencontre?»

Le mercenaire fronça les sourcils et un éclair dangereux dansa dans ses prunelles grisâtres lorsque la princesse marchande lui fit part du danger qui pesait sur sa personne.

- J'accepte à nouveau ce contrat, lâcha Nehril avec un sourire en coin. Il croisa ses doigts avant de reprendre d'une voix glacée. Considérez vos adversaires comme de vulgaire fétu de paille...

Ceralyn s'agita sur son fauteuil, ses yeux écarquillés à la remarque du semi-elfe. Lorsque Maralina l’interrogea sur sa rencontre avec la jeune fille, Nehril se renfrognât. La situation était suffisamment absurde et l'expliquer à la princesse sans laisser éclater sa colère requerrait un effort surhumain.

- Nehril est mon oncle, s'exclama soudainement la jeune fille en levant fièrement la tête, je l'ai accompagné après que des meurtriers aient assassiné ma famille. Au début il ne voulait pas mais...

- Fait silence Ceralyn, l'interrompit brusquement le mercenaire alors que ses yeux lançaient des éclairs.

Se tournant vers la princesse, il eut un bref sourire désolé, comme pour excuser l'impulsivité de la jeune fille.

- Ceralyn n'est pas ma nièce, révéla-t-il tout en jetant un regard meurtrier à la fille qui ouvrait la bouche pour protester. Sa famille, les Soryngar, ont trouvé la mort dans un incendie ayant eu lieu il y a quelques énnéades.

Il hésita à poursuivre mais après quelques instants de silence il reprit d'une voix plus ferme.

- Après quelques investigations sur les ruines de la demeure de ses parents, j'en ai déduit que ces derniers ont été assassinés par un groupe répondant au nom de l'Œil Décharné. Quant à savoir le comment et le pourquoi, cela reste à déterminer.

Nehril haussa les épaules et son visage retrouva son masque d'impassibilité. Il semblait visiblement peu enclin à se livrer davantage sur ses propres motivations qui le poussait à poursuivre ce groupe. D'autant plus que la princesse ne s’intéressait qu'à sa rencontre avec la jeune fille et non à cette funeste organisation.
A la grande surprise du mercenaire, Ceralyn bondit sur ses pieds, sa cape tomba au sol dans un froissement de tissu alors qu'elle pointait du doigt le mercenaire avec un air accusateur.

- Tu mens Nehril, lança-t-elle avec des yeux brillants, grand-mère me l'a dit ! Elle a répété cette histoire à tout le monde, comme quoi dans son enfance un jeune semi-elfe était venu chez elle. Ses yeux étaient gris comme les nuages et ses cheveux noirs clairsemés de mèches blanches. Mais notre arrière-grand-mère n'a pas voulu le recueillir ! Elle disait qu'elle le tenait responsable de la mort de sa sœur ! Tu es un Soryngar toi aussi !

À ces mots, un silence s'abattit dans la pièce. Le visage du mercenaire prit une teinte livide, ses yeux gris étincelèrent d'une rage meurtrière alors qu'il découvrait ses dents dans une grimace sardonique. Ses muscles se contractèrent, ses sourcils se froncèrent.

- Dehors ! rugit-il soudainement alors que visage se décomposait en une expression haineuse effroyable.

Les yeux de la fillette s'emplirent de larmes mais ne bougea pas, son regard rivé sur la princesse marchande comme pour implorer son aide.

PNJ:

Maralina fit un sourire sincère a Nehril, nulle ne pouvait  contredire la joie qui emplissait le cœur de la demie-elfe a l’idée que ce dernier reviennent s’occuper de sa protection. Depuis son départ, et la mort –disons presque tragique- de Rayvan, ses miliciens avaient peinés a la proteger correctement. La princesse porta soudainement son regard vers la jeune fille au yeux ambrés qui semblait énormément inconfortable sur sa chaise, comme si les paoles de Nehril aurait été trop loin pour son jeune esprit innoncent. La pauvre apprendrait bien assez vite qu’elle était la dangerosité de faire partie de l’entourage d’un Prince Marchand. La jeune femme releva fièrement la tête et prit finalement la parole pour expliquer leurs relation; «Nehril est mon oncle, je l'ai accompagné après que des meurtriers aient assassiné ma famille. Au début il ne voulait pas mais...» «Fait silence Ceralyn» Le ton de Nehril avait été sec, presque tranchant, faisant preque sursauter la Vaanie. Non pas qu’elle était habitué aux sautes humeurs incontrolés de son garde du corps, mais c’était bien la première fois qu’il était aussi sec avec quelqu’un devant elle. Maralina prit une gorgée de son thé pendant que Nehril, orné d’ún sourire désolé commenca a expliquer sa version des faits. Mais la jeune femme n’en n,avait pas fini et elle bondit sur ses pies avant de pointer Nehril du doigt pour s’exclamer; «Tu mens Nehril, grand-mère me l'a dit ! Elle a répété cette histoire à tout le monde, comme quoi dans son enfance un jeune semi-elfe était venu chez elle. Ses yeux étaient gris comme les nuages et ses cheveux noirs clairsemés de mèches blanches. Mais notre arrière-grand-mère n'a pas voulu le recueillir ! Elle disait qu'elle le tenait responsable de la mort de sa sœur ! Tu es un Soryngar toi aussi !» Maralina haussa un sourcial, amusée, en regardant la scène.Le visage de Nehril devena plus blanc que les murs de marbre, la princesse le connaissait assez bien pour voir la rage qui apparaissait discrètement dans les  yeux gris du mercenaire. Il allait exploser de rage d’ici quelques secondes…


«Dehors !»


Ah! Voila! Le demi-elfe avait finalement rugit tandis que la jeune fille regardait d’un visage suppliant la princesse pour implorer son aide. Maralina déposa doucement la tasse de thé sur la table basse et croisa les bras avant de se caler dans son fauteuil. Ses prunelles azurés se posèrent alors sur Nehril. «Non elle reste ici. Assis toi Ceralyn.» Cette dernière s’exécuta sans attendre. Au moins Nehril l’avait préparer a ecouter les ordres de la Vaanie. Maralina claqua discrètement des doigts et une petite naine sortit par la porte des employés pour amener une carafe de vin ainsi qu’une coupe et une théiere. Cette dernière placa la coupe et la carafe devant Nehril et déposa rapidement la théiere et la tasse devant Ceralyn. Mieux valait endormir le chaud tempéramment de Nehril pour le reste de cette discussion. La princesse laissa son garde du corps se servir et vider d’un trait la coupe avant de continuer. «Je vais vous reposer la question, Nehril. Vous savez autant que moi quelle sont les sanctions que j’inflige aux menteurs » Voyant que la jeune femme s’apprêtait a intervenir, la princesse leva gracieusement l’index devant elle pour la faire taire. «Tu auras ta chance de parler après jeune fille. Je veux entendre la version de Nehril en premier.» Maralina se redressa en plantant son regard azuré dans celui de Nehril. «Alors je vous le redemande; Quel sont les circonstances de votre rencontre?» Maralina savait très bien qu’il y avait plusieurs versions de ce récit, celui de Nehril et celui de Ceralyn ainsi que la vérité. Elle ferait bien la part des chose en temps et lieu. Mais elle s’attendait a ce que son garde du corps lui raconte en détail qu’es qu’il faisait avec une si jeune fille qui clamait haut et fort qu’elle était son oncle. Non seulement a elle, mais aussi a un groupe d’Oesgardien qu’elle ne connaissait même pas.

Les traits de Nehril s'adoucirent mais ses yeux étincelaient toujours d'une rage insidieuse. Il reprit son air impassible malgré le tic nerveux qui assaillait ses lèvres à intervalles réguliers. Il vida le verre que lui tendait la princesse et tenta de calmer sa colère à mesure que celle-ci l’interrogeait. Il jeta un regard averti à Ceralyn qui se recroquevillait sur l'espace le plus éloigné de son fauteuil et remarqua que ses deux yeux humides fuyaient son regard acéré.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Maudite gamine !

Le semi-elfe arbora son habituelle expression impénétrable et décida de répondre à la princesse.

- La fillette n'a pas à écouter cela Maralina... lâcha-t-il en soupirant. Mais soit, si vous insistez.

À ces mots, Ceralyn se redressa et passa une main sur ses joues fiévreuses. Une étincelle d'espoir illumina son regard. Le semi-elfe n'avait jamais accepté de lui révéler sa véritable identité, ses origines, voire même le travail qu'il exerçait, et ceux malgré les questions incessantes de la fillette.

- Je connaissais les Soryngar, révéla-t-il tout en ignorant le visage ravi de Ceralyn. Lorsque j'ai appris que leur demeure avait brûlé, je suis allé enquêter il y a quelques énnéades. Comme je vous l'ai dit, c'était l’œuvre de l'Œil Décharné, un groupe dans lequel...eh bien, mon père est présent.

Nehril tourna son regard flamboyant sur Ceralyn. Elle semblait ne pas comprendre. Le mercenaire ne daigna pas l'éclairer.

- Effectivement j'étais le semi-elfe qui avait rencontré ton arrière-grand-mère il y a plus de deux siècles. Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent de surprise. Cependant je ne suis plus l'homme que j'étais. Ce pâle reflet de moi-même est mort dans les affres des guerres qui ont suivi.

- Mais alors tu...tu es... ? commença la fillette.

- Nehril, la coupa-t-il afin d'abréger le spectacle pitoyable qu'il offrait à la princesse. Simplement Nehril.

Le mercenaire inclina la tête, évitant de croiser le regard des deux femmes. Il ne se sentait pas capable de répondre aux autres interrogations de la princesse. Comme pourquoi gardait-il Ceralyn ? C'était fort simple. Parce que son père souhaitait la tuer. Et que s'il la conservait auprès de lui, ce n'était pas pour la protéger, mais bien pour tendre un piège à son géniteur.
Nehril n'était pas un sentimentaliste, il se savait froid, insensible, calculateur, et cette partie de lui le rebutait. Au lieu de considérer cette jeune fille comme l'unique survivante de la famille de sa mère, il ne voyait en elle qu'un moyen d'atteindre son père. Une corde sur laquelle encocher sa future flèche.

- Nous en avons fini avec cela Maralina ? lui demanda-t-il en levant sur elle un regard aussi dur que la pierre. Si c'est le cas, nous devrions demander à Ceralyn d'attendre dehors, si vous avez...d'autres préoccupations à me faire part.

Il songeait désormais à Brohan et aux autres Oesgardiens qu'il abhorrait. Pourquoi la princesse avait-elle accepté de passer un accord avec ces hommes esclaves de leur vision étriquée du monde ? Il souhaitait également savoir ce qu'elle attendait de lui. Son visage pâle et fatigué lui soufflait que les Oesgardiens n'était pas sa seul source d'inquiétude.
Alors que ses questions se bousculées sous son crâne, il ne vit pas Ceralyn articuler un « merci » silencieux à Maralina ainsi que le sourire conspirateur qu'elle lui adressa.

PNJ:

Maralina semblait avoir pincé une corde sensible, elle pouvait voir dans le regard meurtrier de son mercenaire que la discussion ne lui plaisait guère. Maralina s’approcha du bout de son fauteuil pour remplir le verre de cristal de Nehril pendant que ce dernier prit finalement la parole; «La fillette n'a pas à écouter cela Maralina... Mais soit, si vous insistez.» Maralina posa son regard sur Nehril pendant que ce dernier commençait à raconter son histoire. «Je connaissais les Soryngar. Lorsque j'ai appris que leur demeure avait brûlé, je suis allé enquêter il y a quelques ennéades. Comme je vous l'ai dit, c'était l’œuvre de l'Œil Décharné, un groupe dans lequel...eh bien, mon père est présent.  Effectivement j'étais le semi-elfe qui avait rencontré ton arrière-grand-mère il y a plus de deux siècles.Cependant je ne suis plus l'homme que j'étais. Ce pâle reflet de moi-même est mort dans les affres des guerres qui ont suivi.» Le visage de la jeune fille sembla s’illuminer; «Mais alors tu...tu es... ?» La réponse ne tarda pas; «Nehril. Simplement Nehril.» Quelle discussion! Le visage de la jeune fille sembla rayonner, tandis que le visage de Nehril était tout le contraire. Maralina le connaissait assez pour savoir que ce dernier cachait quelque chose. Une âpre vérité qui ne semblait pas vouloir partager devant la jeune humaine. « Nous en avons fini avec cela Maralina ? Si c'est le cas, nous devrions demander à Ceralyn d'attendre dehors, si vous avez...d'autres préoccupations à me faire part.» Maralina eut un sourire amusé, elle claqua des doigts avant qu’une esclave naine sorte d’une porte dérobée, prête à entendre les ordres de  la princesse. «Kona, accompagne cette jeune fille aux cuisines et veille à lui servir ce qu’elle désire pendant que moi et Nehril parlons » La naine acquiesçât rapidement avant de faire une révérence et d’attraper la main de la jeune humaine pour l’entraîner hors de la salle.


La princesse se cala dans le fauteuil en jetant un regard pensif au mercenaire. «J’ignorais que vous aviez la fibre paternelle en vous, Nehril»  La demie-elfe se redressa lentement sur son fauteuil en ne le quittant pas des yeux. «Essayez tout de même de ne pas trop lui briser le cœur, lorsque vous en aurez fini avec elle. Un idiot pourrait voir que vous n’avez pas les mêmes intentions.» Au-dehors le fracas des épées qui s'entrechoquent et les cris d'encouragement parviennent jusqu’aux appartements de la Princesse Marchande par sa fenêtre ouverte. Si l'absence des Oesgardiens a été reposante durant le jour, leur retour l'est beaucoup moins. Provoquez un duel d'épée contre un milicien, juste sous les appartements de Maralina, à cette heure, mais quelle idée ? La Vaanie soupira et se releva doucement pour aller elle-même fermer les imposantes fenêtres. La dernière chose qu’elle avait envie était que ses « invités » entendent la conversation qui s’apprêtait à se dérouler. Une fois les grandes fenêtres fermées, Maralina se retourna pour faire face à Nehril. «Vous allez me demandez pourquoi j’ai fait un marché avec ses hommes n’es-ce pas? » Elle n’eut pas besoin de réponse, elle pouvait deviner juste à regarder le mercenaire que cette question lui brûlait les lèvres. «Le  Nord n’est pas très ouvert à ma présence en péninsule. Je me disais que si ces Monsieurs vantaient ma générosité une fois de retour sur leurs terres cela pourrait m’aider à faire une percée. Mais ils ne cessent de tester les limites et j’ai bien peur qu’un de ces jours ils poussent trop loin… » Elle n’avait pas besoin de terminer sa phrase. Nehril savait pertinemment ce qui se passait lorsque l’on testait un peu trop les limites de la princesse marchande. Pour le moment les Oesgardiens pouvaient se considérer chanceux d’être encore en vie…


Maralina vint se rasseoir sur le canapé tout près de Nehril et continua; «Je ne vous mentirai pas Nehril, mon voyage en péninsule m’a  fait découvrir beaucoup d’ennemis. » La princesse soupira; «La tante de la duchesse de Soltariel a des bordels partout dans le sud de la péninsule et dans l’Ithri’Vaan et je m’apprête à lui prendre une majorité de ses bordels ce qu’elle n’aimera pas. Je suis certaine qu’elle enverra ses mercenaires s’occuper de moi. J’ai poussé la guerre un peu plus loin, mais rien ne s’annonce bon». Elle releva ses yeux bleutés vers les prunelles grisâtres de Nehril, comme pour signifier l’importance de ses propos. Il était inutile de lui décrire tous les plans qu’elle avait en tête. Mais s’il savait qu’elle serait les retombés de cette dernière, au moins il pourrait se préparer. Les prochains mois ne seraient pas une partie de plaisir pour la Vaanie. Maralina fronça les sourcils et posa rapidement sa main sur son ventre. Une douleur lancinante venait encore d’apparaître, mais cela ne dura que quelques secondes. Maralina sembla se resaisir tout de suite et pris rapidement la main de Nehril, un geste amical et la serra doucement dans ses mains. «J’ai besoin de toi Nehril » Elle eut un rire nerveux; « Disons que les dernières ennéades sans toi ont été particulièrement difficiles. »

Le visage du mercenaire s'assombrit lorsque la jeune femme lui fit part de ses réflexions sur sa fibre paternelle. Il esquissa un mince sourire quand il comprit que la princesse parvenait à lire ses pensées malgré son expression impénétrable.

- Le monde n'a que faire des enfants rêveurs, se justifia-t-il en haussant simplement les épaules, autant briser ces derniers avant que cela ne leur porte préjudice à l'avenir.

Une fois de plus la perspicacité de Maralina l'étonna. Elle comprit tout de suite où il souhaitait en venir. À ses dires, ses relations avec les Oesgardiens semblaient des plus conflictuelles. Cependant, Nehril savait mieux que quiconque que le tempérament impétueux de la princesse la rendait particulièrement redoutable, et Brohan, bien que légèrement impulsif, restait la plupart du temps passif. Il ne connaissait pas bien l'homme, mais l'on juge autrui par les gens avec lequel il s'entoure, et ses sbires semblaient des plus vindicatifs, brossant un portrait peu reluisant du noble.

Le mercenaire comprit également que son voyage en péninsule ne s'était pas déroulé sans accroc. La duchesse de Soltariel était réputé pour son caractère intransigeant, et Maralina allait bientôt figurer en haut de sa liste de cibles à supprimer. Les difficultés s'amoncelaient sur les frêles épaules de la jeune femme, mais malgré sa mine préoccupée, brillaient dans ses yeux la flamme d'une volonté farouche de prouver au monde que ce dernier lui appartenait de droit.

Face à une telle détermination, Nehril plissa ses lèvres afin de dissimuler le sourire naissant qui illuminerait ses traits. La force de caractère était un trait dont étaient dépourvus bon nombre des employeurs du semi-elfe, et ce dernier appréciait de travailler pour ceux dont les motivations étaient tributaires d'une vision.  

Lorsque Maralina saisit nerveusement la main du mercenaire, celui-ci haussa les sourcils avec un air surpris. La soudaine proximité de la princesse ne lui échappa pas et il tenta de conserver son expression impassible qui vacillait dangereusement. Il n'avait pas manqué la brève grimace de douleur qui avait traversé le visage de la jeune femme, ni sa main qui s'était contracté sur son ventre. Rapidement le semi-elfe fit le lien et la vérité le frappa comme une dague entre les côtes. Ne sachant si ses réflexions étaient juste ou erronées, il hésita à en faire part à la princesse. Il nota également qu'elle avait adopté un ton plus familier, s'autorisant à le tutoyer.

- Mon aide t'est acquise Maralina, répondit-il avec la même franchise dont elle avait fait preuve plus tôt.

Plongeant son regard dans celui de la jeune femme, le mercenaire l’interrogea en désignant son ventre.

- Tout va bien ? fit-il en restant vague afin de ne pas froisser la jeune femme si cette dernière ne souhaitait lui répondre, ou si le mercenaire se fourvoyait complètement.

Les yeux du mercenaire se plissèrent dangereusement.

Bigre que s'est-il passé pendant mon absence ? Des Noss ?

Avant qu'il ne puisse l'interroger davantage, la princesse lui demanda davantage d'informations sur les assassins qu'il avait traqués à Naelis. Il se remémora avec un frisson de plaisir la chasse sauvage qu'il avait menée dans les venelles sinueuses de la cité. Il se souvint des glapissements de terreur de ses victimes lorsqu'il passa leur gorge tressaillante à travers le fil de son épée.

- Ils essayaient de se faire passer pour de vulgaires bandits, révéla-t-il en rajustant machinalement son gant en cuir, désirant simplement s'en prendre à vos possessions. Nehril croisa le regard de la semi-elfe. Mais cela n'était que fumisterie. J'ai démantelé la cellule de Naelis, mais le commanditaire de ton assassinat vit toujours. Tes ennemis sont trop nombreux pour être aisément identifiable Maralina.

Nehril se redressa et posa une main hésitante sur l'épaule de la jeune femme.

- Fais cependant attention à toi. Je ferais ce que je peux pour te protéger, mais je ne peux te protéger de toi-même.

Il retira sa main précipitamment comme si ce contact l'avait brûlé. Son visage prit un air plus serein, satisfait d'avoir mis les choses au clair avec la princesse.

- Bien, reprit sur un ton sarcastique, je crains de devoir me retirer afin de demander à une certaine personne de cesser d'écouter aux portes !

Un cri de surprise étouffé se fit entendre derrière le lourd battant. Le mercenaire adressa un petit sourire à Maralina, fit un bref signe de tête et ouvrit la porte en vociférant.

- Reviens ici petite peste !